L’Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev) – basée à Bordeaux et également présente à Lyon – dysfonctionne. Et ça ne date pas d’hier.
Ces problèmes ont notamment été relevés dans deux rapports de la Cour des comptes de 2014 et 2018 qui notaient une « méconnaissance des principes de la gestion désintéressée » et de « graves défaillances dans la gestion de l’association ». Le parquet de Bordeaux a ouvert une information judiciaire sur des soupçons d’« abus de confiance » et d’ « extorsions ».
Aujourd’hui, l’association nationale fondée à Bordeaux fait face à des dissensions au sein de son conseil d’administration et une fronde contre son président. L’Unadev qui récolte entre 25 et 30 millions de don chaque année est sur le point d’imploser.
D’une structure locale, l’association dont la principale mission est d’accompagner les personnes aveugles et déficientes visuelles, a acquis une dimension nationale après son implantation à Roubaix, Pau, Lyon (en 2010), Boulogne-Billancourt, Perpignan, et Marseille.
Nos cousins bordelais ont enquêté sur les dérives de cette association nationale.
Habitante de Vaise (Lyon 9e) depuis 20 ans, Rachel Linossier a inscrit son fils dans le collège public du quartier malgré sa mauvaise réputation. Elle dénonce les stratégies des parents qui cherchent à l’éviter à tout prix. Nous publions son témoignage.
« Je suis une parent d’élèves de Vaise, par ailleurs enseignante-chercheuse à l’Université Lyon 2. Ça fait 20 ans que j’habite à Vaise. J’ai grandi à Saint-Rambert, un autre quartier du 9e arrondissement de Lyon et le père de mes enfants est de Rochecardon, encore un autre quartier du 9e. Parce que nous assumons pleinement notre choix de vivre à Vaise, nous avons inscrit notre fils au collège Jean de Verrazane, place Ferber. Notre fille suivra très probablement le même chemin dans deux ans, à sa sortie de l’école élémentaire.
La mairie de Vaise (Lyon 9e), se situe à deux pas du collège public Jean de Verrazane. Photo par Alorange / Public domain via Wikicommons
« Ce qui m’exaspère, c’est tous ces gens qui s’installent à Vaise mais qui n’assument pas le quartier »
Il y a une sorte de légende urbaine sur les établissements scolaires à fuir.
Mon compagnon a fait sa scolarité au collège Jean de Verrazane, à l’époque collège Ferber puisqu’il est situé place Ferber, il y a 30 ans. Ce collège a depuis longtemps une réputation de collège mal fréquenté, peut-être parce que les jeunes squattent sur la place Ferber à la sortie du collège.
Il y a 20 ou 30 ans, Vaise était un vieux quartier industriel considéré comme mal famé en raison de sa population ouvrière et largement immigrée. Aujourd’hui, comme quasiment l’ensemble du 9e arrondissement de Lyon, Vaise affiche un profil de catégories socio-professionnelles (CSP) dominé par les cadres et professions intermédiaires, ainsi que les retraités, typique des secteurs urbains gentrifiés.
En clair, si tous ces ménages des classes moyennes et supérieures de Lyon Vaise faisaient le choix, comme leurs voisins moins aisés, de scolariser leurs enfants dans le collège et le lycée public de secteur, ceux-ci reflèteraient cette réalité socioéconomique mixte et il n’y aurait plus de débat concernant le caractère plus ou moins mal famé de tel ou tel établissement…
Ce qui m’exaspère, c’est toutes ces classes moyennes et supérieures qui viennent s’installer à Vaise mais n’assument pas le quartier dans lequel elles ont choisi de vivre. Elles profitent des avantages économiques et immobiliers mais ne jouent pas le jeu jusqu’au bout en quelque sorte.
(pour compléter le propos de Rachel Linossier, voir différentes cartes des indicateurs socio-économiques du quartier de Vaise et du secteur d’affectation du collège Jean de Verrazane :
« Il faut arrêter de faire son marché, l’Éducation n’en est pas un ! »
Les stratégies d’évitement de certains parents de la classe moyenne pourrissent la mixité sociale.
J’ai discuté avec des parents qui ne veulent pas « gâcher leur enfant » et qui l’inscrivent dans le privé ou qui demandent des dérogations pour éviter le collège public de secteur, Jean de Verrazane.
Après, les gens viennent couiner que l’Éducation nationale n’est pas assez bien dotée en moyens. Se tourner vers le privé, c’est se tromper de colère, car c’est aussi envoyer un signal politique pour que toujours moins d’argent soit investi dans le public par nos gouvernants.
Pour moi, il faut arrêter de faire son marché, car l’Éducation n’en est pas un !
Et quid du bien-être de l’enfant ? Je connais des gamins à qui on a forcé telle ou telle option (musique notamment), qu’on envoie loin chaque matin et qui n’ont donc pas de vie sociale dans le quartier… Chez ces enfants, ça peut aussi créer une forme de mal-être car ils se rendent compte de ces stratégies. Des copains de mon fils sont partis chez les Maristes dès le CE2 pour être sûrs d’avoir une place au collège. Ce qui a suscité des débats incongrus entre des gamins de huit ans confrontés à des choix qui les dépassent et qui perturbent des amitiés nouées parfois depuis la maternelle !
Inscrire ses enfants dans le privé, c’est aussi prendre le risque de les enfermer dans un entre-soi social qui est néfaste. Les dommages, on peut les observer pour partie actuellement dans certaines thématiques abordées dans les débats liés à l’élection présidentielle. La question, c’est plus largement de savoir si on est prêts à faire société tous ensemble ou pas.
Peu importe où est scolarisé l’enfant, si vous n’êtes pas derrière en tant que parent. Ce n’est pas parce que vous le mettrez dans le privé qu’il bossera forcément mieux. Il faut se faire confiance en tant que parent.
« Au collège public Jean de Verrazane à Vaise, ça se passe bien »
C’est triste que les gens ne cherchent pas à se faire une idée par eux-mêmes. Une fois entrés au collège Jean de Verrazane, je ne connais pas ou peu d’élèves qui en soient partis, parce que ça se passe globalement bien, comme dans la plupart des établissements ! En revanche, je connais plusieurs enfants qui sont retournés dans le public après avoir été inscrits dans le privé.
Mon fils a fini sa 3e l’année dernière au collège Jean de Verrazane. Ça s’est très bien passé pour lui, l’équipe éducative est super et il y a à peine 400 élèves : chaque enseignant connaît pratiquement tous les élèves…
Dans ces collèges publics que certains parents cherchent à éviter, il existe aussi des projets intéressants, qui ne sont pas connus.
Au collège Jean de Verrazane, par exemple, il y a un projet musique depuis des années, avec un professeur exceptionnel. Mon fils y a appris à jouer de la batterie gratuitement pendant quatre ans ! Pourtant, ils n’ont jamais obtenu le CHAM (classes à horaires aménagées musicales, ndlr), au motif que cette option existait déjà dans le 5e arrondissement de Lyon d’après le rectorat.
Il y avait aussi une forte demande des parents d’élèves et des professeurs pour une classe bilingue espagnol. Le rectorat a refusé, en disant que ça existait déjà au collège voisin Jean Perrin.
Enfin, ils viennent d’obtenir l’ouverture d’une option football pour les filles, résultat d’une mobilisation acharnée et conjointe des enseignants porteurs du projet, de l’équipe de direction et des parents d’élèves auprès du rectorat.
« Les élus de la Métropole de Lyon auront-ils le courage de retracer les périmètres de la carte scolaire des collèges ? »
Dans la métropole de Lyon, il manque des collèges. Ce sont des choix politiques.
Quant à la carte scolaire, les élus font aussi ce qu’attendent leurs concitoyens. À Écully par exemple, il y a un niveau moyen des ménages qui est très haut alors que dans le quartier de la Duchère, voisin, c’est l’inverse. Or, les enfants d’Écully et de la Duchère ne sont pas affectés dans les mêmes collèges, ce qui est sans doute le reflet des intérêts portés par les élus écullois lors du traçage de la carte scolaire. Les élus de la Métropole de Lyon auront-ils le courage de retracer les périmètres de la carte scolaire des collèges ?
Peut-être que ça va bouger, maintenant que la Métropole de Lyon a été élue au suffrage universel. J’ai constaté que les nouvelles équipes de la Ville et de la Métropole de Lyon étaient présentes aux conseils d’administration du collège de mon fils. Je les sens plus concernées par le sujet que leurs prédécesseurs, ce qui est plutôt de bonne augure. »
Dansle cadre de l’événement « À corps et à cris » proposé par le réseau de la Bibliothèque municipale de Lyon, L’Influx, le magazine de la bibliothèque, a souhaité mettre à l’honneur des femmes du milieu de la musique à Lyon en publiant leurs portraits.
À travers cette série de portraits, l’Influx souhaite « contribuer à la visibilité de leur parcours, de leurs réalisations et montrer la multiplicité des métiers qu’elles occupent ».
Suite aux portraits de Sophie Broyer et de Flore, celui-ci porte sur Marion Bondaz. Tout d’abord bibliothécaire d’orchestre à l’Auditorium de Lyon pendant cinq ans, Marion a choisit de se reconvertir professionnellement. Elle s’est formée en atelier au sein de Transmusic-Concert, où depuis elle répare, accorde et entretient des pianos.
« L’appel du piano et mon rêve d’apprendre à accorder les pianos résonnaient en moi »
Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours, et comment vous a-t-il menée à votre activité actuelle ?
Passionnée par la musique et plus particulièrement par le piano, j’ai toujours su que le milieu musical était celui dans lequel je souhaitais m’épanouir professionnellement. Après avoir obtenu mon baccalauréat […] j’hésitais déjà énormément à m’orienter vers la formation d’accordeur de pianos, mais j’ai préféré partir à la découverte des autres métiers du spectacle vivant en me tournant vers des études de gestion spécialisées dans le spectacle vivant […].
À la suite de ce diplôme, je me suis perfectionnée dans la gestion culturelle […] ce qui m’a permis d’intégrer l’Auditorium-Orchestre national de Lyon pour un stage de fin d’études au service de la Production et de la Bibliothèque d’orchestre. J’ai alors découvert le beau métier de bibliothécaire d’orchestre […]. C’était une chance et un plaisir immense de pouvoir travailler au sein d’un orchestre national pendant près de 5 ans. Mais l’appel du piano et mon rêve d’apprendre à accorder les pianos résonnaient en moi de plus en plus fort. J’ai donc décidé de sauter le pas et de me reconvertir dans le métier d’accordeuse/réparatrice/restauratrice de pianos. J’ai depuis plus de deux ans, la chance de me former au métier avec le chef d’atelier et les accordeurs.
Ganses de marteaux – Crédits : Transmusic-Concert
« Il n’y a jamais de routine dans ce métier »
Vous êtes aujourd’hui accordeuse de piano, pouvez-vous nous décrire votre métier ? […]
Je pourrais dire que mon métier se dessine sous plusieurs aspects. D’abord dans le cadre de notre atelier où l’on accueille des pianos « malades » que nous réparons pour des clients. Ou bien pour notre showroom où nous exposons et vendons uniquement des pianos d’occasions sélectionnés et réparés par nos soins. Nous sommes un des derniers ateliers de réparation de la région. En tant que réparatrice de pianos, ma mission principale est d’accueillir un instrument. L’instrument n’émet parfois plus de son, je dois donc le remettre en état de forme et de fonctionnement. […] Ce qui me fascine toujours est que plus l’on avance dans ces réglages, […] plus le piano retrouve son timbre et sa voix d’origine. C’est pour moi tout ce qui fait la beauté de ce métier.
Je suis également amenée à restaurer des pianos. Il est question ici de pianos anciens où nous changeons l’intégralité des pièces d’usure, comme une nouvelle vie pour l’instrument. […] C’est très passionnant de découvrir les mécanismes et le son de l’époque en fonction de l’année d’un piano, de sa fabrication. Il n’y a jamais de routine dans ce métier. Chaque piano que je rencontre est unique, je ne sais jamais réellement à quoi m’attendre en démontant l’instrument.
Marion Bondaz accorde un piano – Crédits : Transmusic-Concert
Le deuxième aspect de mon métier s’organise plus au niveau de l’accord pur du piano, pour les concerts et pour les particuliers ou les écoles de musique. Pour les concerts, il s’agit de préparer l’instrument en l’amenant au maximum de ses possibilités. Qu’elles soient techniques ou sonores, il s’agit réellement de se mettre au service de l’exigence du pianiste. Ce afin de lui offrir un instrument très haut de gamme, au maximum de ses capacités techniques et sonores. […]
« Ce métier demande une grande sensibilité tactile, musicale et auditive »
On imagine que ce milieu est plutôt masculin : est-ce difficile de s’y faire une place ? Comme d’autres métiers techniques et physiques (ingénierie son et lumière par exemple), ça peut être une dimension qui peut faire peur aux aspirantes à ces carrières. Quelle est votre expérience à ce sujet? Et quels conseils donneriez-vous à des femmes qui aimeraient se diriger vers ce métier ?
[…] J’encourage réellement toutes les femmes qui peuvent être intéressées par ce métier à ne pas s’arrêter à l’image qu’elles peuvent en avoir. Car il est important aussi de souligner que ce métier demande une grande sensibilité tactile, musicale, auditive. Tout cela a autant son importance que les aspects physiques du métier. Le centre de formation qu’est l’ITEMM (Institut technologique Européen des Métiers de la Musique) organise des journées portes. Elles présentent le métier d’accordeur/réparateur de pianos. La formation initiale dure deux ans. Mais on peut également la réaliser en accéléré avec une formation très intensive pendant un an. […]
Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaiterait s’orienter vers ce métier ?
Je pense que même si l’aspect colossal de l’instrument (avec ses 500 kgs et la tension des 220 cordes pouvant parfois atteindre 28 tonnes sur les grands pianos à queue) peut être impressionnant, cela ne doit pas être un frein dans l’envie d’exercer ce métier. C’est un métier de passion qui, outre la compétence, demande beaucoup plus de savoir-être. Comme la patience, la minutie, la curiosité, la persévérance, que la force. Même le transport de piano qui peut être quelque chose d’effrayant est de nos jours réellement facilité. Grâce à des méthodes et des machines/chenillettes permettant de ne pas s’abîmer le dos, ce qui n’existait pas il y a encore quelques années.
Courrier de 45 maires « frondeurs », menaces de départ de la collectivité… Voilà la Métropole de Lyon en crise ? Depuis quelques mois, les relations entre l’exécutif de la Métropole de Lyon et les communes achoppent sur la place de ces dernières au sein de cette nouvelle et puissante collectivité locale.
Ce vendredi soir, des maires et conseillers métropolitains, de la majorité et de l’opposition, ont pu en (re)discuter publiquement à l’initiative d’un groupe de réflexion dans un cadre différent de l’assemblée métropolitaine.
La Métropole de Lyon est-elle en pleine crise de croissance ? Les récentes bisbilles politiques au sein de l’assemblée métropolitaine le laissent en effet penser. L’enjeu concerne la place des communes dans cette structure ancienne mais toute nouvelle collectivité locale.
L’ancienne intercommunalité du Grand Lyon a laissé la place à la Métropole de Lyon depuis le 1er janvier 2015 dotée d’un statut de collectivité locale à statut particulier.
La Métropole de Lyon ferait-elle l’expérience de la démocratie ?
Ce changement institutionnel ainsi que la mise en place d’un nouveau mode de scrutin portaient certainement en eux les germes des tensions actuelles. D’une super assemblée des maires des communes de l’agglomération, le Grand Lyon est devenu une assemblée nationale locale qui n’est plus exclusivement composé d’élus municipaux. Avec le transfert des compétences du département du Rhône, voici donc la mise en place d’une sorte de chambre parlementaire locale et d’un gouvernement central sur son territoire.
Certaines communes accusent alors l’exécutif métropolitain de gouverner sans les communes. Elles se disent moins consultées et associées aux décisions. Au-delà des postures politiciennes, la tension actuelle pose au moins la question de la place de l’échelon communal et de son rôle au sein de cette nouvelle collectivité locale, pour l’heure unique en France.
Vendredi 19 novembre, le groupe de réflexion Nouvelles Rives, lancé notamment par des proches de David Kimelfeld, ancien président LREM de la Métropole de Lyon, avait convié plusieurs élus à en parler. Dans un cadre moins propice aux jeux de rôle de l’hémicycle métropolitain. Béatrice Vessiller (EELV) et Renaud Payre (Gauche Unie), respectivement vice-présidents à l’urbanisme et au logement ont échangé avec les conseillers métropolitains d’opposition Marc Grivel (Synergies), ancien 1er vice-président et ex-maire divers-droite de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et Alexandre Vincendet (LR), maire de Rillieux-la-Pape.
Débat sur les relations entre communes et Métropole de Lyon avec Renaud Payre, Béatrice Vessiller, Marc Grivel, Alexandre Vincendet et Stéphane Cadiou organisé par le think tank Nouvelles Rives le 19 novembre 2021.Photo : BE/Rue89Lyon
« La Métropole de Lyon a en elle un pouvoir auto-destructeur »
« Ce que vous allez faire ne sera qu’une expérimentation, faite d’allers-retours et de bricolage. Dans le monde, les exemples de métropoles montrent qu’il n’y a pas de modèle. La règle serait plutôt que ce sont des organisations faibles », a rappelé Stéphane Cadiou, professeur et spécialiste des collectivités locales à l’université Jean Monnet (Saint-Étienne), invité sur scène avec les élus.
Un point semble faire consensus : la mise en place d’une élection des élus métropolitains au suffrage universel direct crée une situation de double légitimité au sein du conseil de la Métropole. Constitué de maires, élus dans leurs communes et de simples conseillers métropolitains, tous dans cette assemblée se prévalent d’une légitimité issue des urnes.
Pour Marc Grivel, cette situation menace directement l’existence de la Métropole de Lyon :
« C’est un pouvoir autodestructeur ».
« Maintenant on n’a plus besoin de faire plaisir au Val-de-Saône pour avoir une majorité »
Mais il est difficile désormais de revenir en arrière maintenant que les citoyens ont pu élire directement leurs élus de la Métropole de Lyon.
« Ce mode de scrutin change le rapport aux élus métropolitains. Auparavant, nous étions des élus au 3e degré, issus ou fléchés des et sur des listes aux élections municipales. Et ceux parmi nous qui allaient siéger par exemple au Sytral (organisme de gestion des transports en commun, ndlr) étaient des élus au 3e degré », a prolongé Béatrice Vessiller.
Un changement institutionnel qui permet notamment de dégager une majorité forte. Finie donc la situation des précédentes majorités plutôt baroques autour de Gérard Collomb ou David Kimelfeld.
« On n’a pas besoin d’aller faire plaisir au Val-de-Saône pour avoir une majorité. On répartit plus équitablement notre budget de proximité», a lancé Béatrice Vessiller à Marc Grivel, dont le groupe de maires de droite et centre-droit de petites communes du secteur et qu’il présidait assurait la majorité…à la gauche.
La Métropole de Lyon, un « pouvoir central » à décentraliser dans les communes ?
Pour Renaud Payre, la mise en place de la Métropole de Lyon en tant que collectivité locale rappelle celle des régions dans les années 1980. Une mise en place accompagné de questionnements et craintes des échelons inférieurs face à l’arrivée d’un nouvel échelon. Toutefois, dans la relation avec les communes comme avec ses habitants, la Métropole doit descendre encore plus à hauteur d’engueulade :
« Il faut décentraliser l’exercice du pouvoir sur le territoire ».
Le vice-président à l’habitat, au logement et à la politique de la ville a insisté sur le travail de concertation et d’échange « quotidien » avec les communes. Rejoignant ainsi Marc Grivel sur ce point, pour qui la Métropole de Lyon serait trop autoritaire dans son fonctionnement :
« La Métropole de Lyon est un pouvoir central et il faut l’analyser en tant que tel. C’est un pouvoir fort, parce qu’elle a notamment l’argent. C’est aussi un pouvoir vertical dans l’exercice du pouvoir et cela crée les crispations qu’on connaît.»
Une façon peut-être, et sans le dire, de critiquer le style de l’actuel président Bruno Bernard (EELV). Une critique qui pourrait toutefois s’appliquer également à celui de Gérard Collomb puis de David Kimelfeld dont il a été le premier vice-président à la Métropole de Lyon. Mais à l’époque les équilibres politiques étaient plus fragiles et plus à son avantage.
Les communes, un paradis perdu dans l’enfer de la Métropole de Lyon ?
Marc Grivel a alors défendu l’existence des communes et leur utilité. Sur l’air parfois du paradis perdu ou en voie de disparition. Bien qu’elle se soit faite par la loi, la Métropole de Lyon n’existe selon lui que parce que les communes ont accepté sa création et un transfert de compétences. Des communes progressivement dépouillées de leurs compétences ou de leurs ressources comme la taxe d’habitation. À qui il ne reste quasiment que le pouvoir et la maîtrise des permis de construire :
« Surtout nous ne l’enlevait pas, ainsi que la clause de compétence générale, sinon il y aura des gens dans la rue ».
Pour Renaud Payre, l’existence de l’échelon communal n’est pas menacée. Mais dans une sorte de fin de non-recevoir institutionnelle, il a rappelé à plusieurs reprises que la loi consacre la non subordination d’une collectivité locale sur une autre. En clair, les communes ne peuvent pas imposer leurs choix à la Métropole de Lyon. Et inversement. La question du pouvoir d’attribution des permis de construire pourrait alors s’avérer centrale.
« Les menaces de maires de ne pas délivrer des permis de construire pour la construction de logements sociaux alors qu’il y a actuellement une demande satisfaite sur dix, c’est irresponsable.».
Pour Marc Grivel, la commune est un échelon essentiel à la Métropole. Notamment car cette dernière « ne pourra jamais faire le dernier kilomètre ». Pour la mise en place des politiques publiques, les communes sont indispensables à ses yeux pour les mettre en place.
Alexandre Vincendet, maire LR de Rillieux-la-Pape et conseiller métropolitain d’opposition lui a emboîté le pas.
« L’échelon communal c’est le plus souple, le plus rapide et le plus « démerde ». On le voit depuis la crise du Covid.»
Pour Alexandre Vincendet, il faut fondre les communes ou revenir à une intercommunalité
Alors dans quelle direction faire grandir cet enfant ou adolescent que serait la Métropole de Lyon ? Tous plaident pour davantage de proximité avec le terrain et les habitants. Du côté des « frondeurs » on insiste toutefois sur un « retour des communes dans la Métropole de Lyon ».
Pour Marc Grivel, la conférence des maires, n’est qu’un pouvoir consultatif des communes, «un lot de consolation » de la loi Maptam organisant notamment le périmètre de la Métropole de Lyon.
Pour Alexandre Vincendet, la direction à prendre est celle d’un retour à l’intercommunalité renforcée qu’était le Grand Lyon. Demandant à l’assistance qui pouvait citer plusieurs conseillers métropolitains de son secteur en comparaison aux maires, le maire de Rillieux-la-Pape a déroulé son argumentaire :
« Nous les maires sommes plus légitimes que les conseillers métropolitains. On est plus identifiés. On ne va pas se raconter des histoires, la Métropole de Lyon a été voulue par un homme, Gérard Collomb, qui voulait la représider après s’être partagé le gâteau avec Michel Mercier (ancien président du conseil général du Rhône, ndlr). Il faut avoir l’honnêteté de se dire que la Métropole est au service de ses territoires et qu’elle reste une intercommunalité. On a réduit le pouvoir des communes mais il n’y a pas de Métropole de Lyon sans communes.»
Se faisant plus explicite, il a dressé les deux évolutions possible à ses yeux pour le futur de la Métropole :
« Soit un donne un pouvoir total à la Métropole, on fusionne toutes les communes pour n’en faire qu’une seule. Soit les maires reviennent dans l’assemblée métropolitaine», laissant clairement comprendre qu’il penchait pour un retour à l’intercommunalité.
Il ne perd pas de vue les campagnes électorales à venir et notamment la prochaine élection métropolitaine de 2026.
« Pour l’instant ça fonctionne parce que les majorités à la Ville de Lyon et à la Métropole sont alignées. Mais techniquement les règles électorales permettent d’avoir des majorités différentes. On peut très bien se retrouver avec une opposition entre Lyon-Villeurbanne et le reste de la métropole. Imaginez une majorité différente en 2026, le président de la Métropole pourra très facilement pourrir la vie du maire de Lyon et par exemple faire du tout bagnole», a t-il avancé avec un sourire narquois.
Et pourquoi pas « expérimenter la démocratie » ?
Et pour lui, les prochaines élections législatives pourraient être l’occasion de reparler du cadre institutionnel et de compétences de la Métropole. Promettant même, pour lui, futur candidat de son camp, de futures propositions en ce sens durant la campagne.
À défaut d’avoir passionné avec ses propres élections, la Métropole de Lyon pourrait s’inviter dans la campagne législatives. C’est ce que veut croire le maire de Rillieux-la-Pape et patron de la fédération LR du Rhône. D’ici là, tous les acteurs se retrouveront dans l’hémicycle métropolitain pour faire grandir le bébé.
Pour Stéphane Cadiou, la Métropole de Lyon serait, comme d’autres collectivités locales, symbolique de la décentralisation imparfaite à la française. Soit une institution où se recrée un pouvoir présidentiel autour de l’exécutif et de son chef.
« On a dupliqué le présidentialisme mais pas la démocratie. Pourquoi pas expérimenter un bicamérisme (l’existence de deux chambres représentant les citoyens et les territoires, comme l’Assemblée Nationale et le Sénat, ndlr) pour représenter les habitants et les villes ? L’écueil actuel réside aussi dans le fait que la société civile n’est pas encore organisée à l’échelle de la métropole. Alors la démocratie se développe seulement dans les mains des élus. »
La leçon sur le validisme a été dispensée publiquement et de manière remarquée ce jeudi en conseil municipal à Lyon, par la première adjointe Audrey Hénocque, face à une élue d’opposition (LR) qui venait d’utiliser sur le ton de la plaisanterie les termes « pied bot » et « cul-de-jatte ».
Donnons sans attendre la définition parce qu’elle est importante. Le validisme est un biais répandu qui tend à considérer les personnes valides comme la norme et, par conséquent, à faire subir à celles porteuses d’une incapacité ou d’un handicap des violences, du mépris, de la condescendance.
Dans les recherches sur les réseaux sociaux ce vendredi, son nom apparaît comme « populaire ». Audrey Hénocque, première adjointe du maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, a fait preuve d’un aplomb remarqué durant le conseil municipal de Lyon de jeudi, en réagissant aux propos tenus par une élue d’opposition.
Françoise Blanc (Les Républicains) y réalisait ses premières prises de parole en tant que nouvelle présidente du groupe « Droite, Centre et Indépendants ». Et elle a, entre autres traits d’humour, moqué l’obsession des écologistes pour les pistes cyclables, inclues cette fois dans un rapport relatif à l’accessibilité des personnes handicapées dans la ville.
« Je n’avais pas saisi qu’on allait pouvoir faire pédaler un pied bot ou un cul-de-jatte. »
Françoise Blanc, élue LR à Lyon.
Malaise dans l’assemblée. Françoise Blanc parvient à le discerner. La doyenne du groupe d’opposition précise alors immédiatement qu’elle plaisante, accompagnant sa remarque d’un petit rire forcé. Mais persiste par un « ne vous en déplaise, il me convient de l’exprimer ».
Audrey Hénocque en pleine réflexion au cours du conseil municipal du 10 juillet 2020Photo : HoucineHaddouche/Rue89Lyon
« Aussi grave que d’utiliser ‘nègre’ pour parler d’une personne de couleur »
Face à Françoise Blanc se trouve notamment Audrey Hénocque, entrée en politique en 2020 avec l’avènement des écologistes à Lyon, propulsée première adjointe en charge des finances de la Ville. Cette technicienne qui avait officié jusque là en « backoffice », dans des administrations publiques, est par ailleurs tétraplégique et se déplace en fauteuil roulant. Mais il lui arrive aussi de pratiquer le vélo -ce que beaucoup ne savent pas et ce que Françoise Blanc ne semble pas envisager, qui va à l’encontre de ses a priori.
Sa propre situation de handicap la rend sans doute particulièrement sensible aux termes employés. Mais Audrey Hénocque est en fait plus qu’investie et informée sur la question de la place sociale et politique donnée aux personnes handicapées. Le trait d’humour -raté- de l’élue LR lui aura ainsi permis ce jeudi de dispenser une leçon d’autant plus remarquable qu’elle a été conduite de façon spontanée :
« Tout ce que vous avez dit Madame Blanc relève de l’oppression des personnes handicapées par les personnes valides. On appelle ça le validisme. […] Les propos comme « cul-de-jatte », pour parler d’une personne amputée en haut des cuisses, c’est aussi grave que d’utiliser le terme par exemple de ‘nègre’ pour parler d’une personne de couleur. Or vous n’oseriez pas dans cette instance avoir des propos aussi racistes que ceux-là. »
Audrey Hénocque, première adjointe à la mairie de Lyon, lors du conseil municipal du 18 novembre 2021.
« On n’est pas encore sorti de l’auberge pour la partie acceptation de la société »
Françoise Blanc au conseil municipal de Lyon le 18 novembre 2021. Capture d’écran de la retransmission télé. DR
L’adjointe est émue et va même en fin de prise de parole verser quelques larmes. Mais elle tient à achever sa démonstration en donnant une définition de ce qu’est le handicap, à savoir « une déficience physique, sensorielle ou intellectuelle, mêlée à une non-acceptabilité de la société et à des difficultés d’accessibilité ».
Une vidéo (en lien, dont le montage réalisé par des sympathisants de l’élue coupe par pudeur les larmes d’Audrey Hénocque) a tourné de manière particulièrement virale, sur les réseaux sociaux d’élu·es écologistes mais aussi bien au-delà de ce champ politique.
« On voit à vos propos qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge pour la partie acceptation de la société. »
Audrey Hénocque, première adjointe à la mairie de Lyon, lors du conseil municipal du 18 novembre 2021.
Pour Audrey Hénocque, les mots sont insultants et symptomatiques de ce que fait « la droite actuellement, à savoir objectiver les gens, (« les mineurs isolés sont des voleurs ou des violeurs, etc. »). L’adjointe au maire va finalement réduire son intervention en s’excusant quasi d’avoir pris la parole, assurant n’avoir pas « une réflexion aboutie sur ces sujets-là » et ne représenter qu’elle-même. Elle est toutefois applaudie par des élu·es, debout.
Françoise Blanc s’est illustrée lors de sa première prise de position en tant que présidente du groupe « Droite, Centre et Indépendants ». Elle en assure l’interim depuis ce jeudi, désignée parce que doyenne, après qu’Etienne Blanc (non, ils ne sont pas de la même famille) l’a quitté suite à des propos nébuleux visant à soutenir Eric Zemmour.
L’intervention d’Audrey Hénocque à partir de 3:23:00.
Les Gilets jaunes fêtent les trois ans de leur mouvement, notamment avec une manifestation annoncée ce samedi 20 novembre à Lyon. Retour sur trois ans de mobilisation suivis par Rue89Lyon.
Ce samedi 20 novembre, à Lyon, les Gilets jaunes appellent à un rassemblement pour fêter les trois ans du mouvement. Dès novembre 2018, en effet, des premiers groupes vêtus de gilets jaunes procèdent à des actions de blocage ici et là, des occupations de ronds-points et des opérations « péage gratuit » sur l’autoroute.
Le 17 novembre, un large appel au blocage de ce nouveau mouvement naissant des Gilets jaunes rassemble des centaines de milliers de manifestants sur plusieurs sites du pays, dont Lyon et sa périphérie.
La première manifestation des Gilets jaunes à Lyon a lieu ce même samedi 17 novembre, et ne rassemble que 400 personnes sur la place Bellecour. En quelques mois, leur nombre n’a cessé de grossir et les rues de Lyon ont vu presque chaque samedi se succéder de nouveaux « actes » des gilets jaunes – jusqu’à ce que la crise sanitaire calme fortement les ardeurs.
Manifestation ce samedi à Lyon pour fêter les trois ans des gilets jaunes
Pour fêter les trois ans du mouvement, l’Assemblée des Gilets jaunes de Lyon et environs donne rendez-vous ce samedi 20 novembre à partir de 14h devant le Palais de justice des 24 colonnes (Lyon 5e) pour une manifestation déclarée en préfecture.
Pour cet acte 158 d’après le calendrier des Gilets jaunes, le cortège suivra le quai Rolland en direction du Nord avant de traverser la Saône, la place des Terreaux et le Rhône pour descendre le quai Sarrail en direction du Sud, retraverser le Rhône et rejoindre, bien sûr, la place Bellecour.
Geoffroy, « gilet jaune » à Lyon le 23 mars 2019, place Bellecour.Photo : LB/Rue89Lyon
Cet anniversaire devrait être placé sous le signe de la convergence des luttes qui se sont succédé et parfois complétées sur ces trois ans, à en croire le communiqué de l’Assemblée :
« Nous invitons à nous rejoindre militants écologistes, antifascistes, féministes, soignants pressurisés ou mis à pied, salariés de toutes les corporations, intermittents, chômeurs, retraités et collectifs contre les violences policières. Le système qui détruit la planète, qui démantèle les services publics, qui attaque les droits des travailleurs, qui ponctionne allocations chômage et pensions, qui militarise sa police, qui maintient la discrimination et les inégalités hommes/femmes, c’est ce système que nous combattons depuis 3 ans. Ce système c’est celui défendu par Emmanuel Macron. Et ce n’est que tous ensemble que nous parviendrons à le faire tomber. »
Trois ans de couverture médiatique des Gilets jaunes à Lyon
Du côté des médias comme des politiques, à l’hiver 2018 on ne sait par quel bout prendre ce mouvement spontané et hétéroclite. Pendant ces trois années de mobilisations, Rue89Lyon a tenté de rendre compte de la réalité d’un mouvement inédit, de ses évolutions et de la répression dont il fait l’objet.
A (re)lire, trois années d’une couverture médiatique pas comme les autres :
À peine un peu plus d’un an après les résultats des premières élections à la Métropole de Lyon en 2020, certaines communes menacent de quitter la collectivité. Retour sur une campagne électorale et des modifications institutionnelles qui, au-delà des polémiques, préfigurent de nouveaux rapports entre la nouvelle collectivité et son territoire.
C’est par là le bureau pour les élections pour la Métropole de Lyon… Les quoi ?Photo : DD/Rue89Lyon
Les élections métropolitaines 2020 resteront en tout point extraordinaires. La Métropole de Lyon, collectivité territoriale à statut particulier, a été la première du genre à voir le jour en 2015 en France. Son assemblée était jusque-là l’émanation des conseils municipaux des communes qui la composent. En 2020, pour la première fois, les élus métropolitains ont été élus au scrutin universel direct.
Par ailleurs, ces élections se sont déroulées dans un contexte très particulier, marqué notamment par la crise sanitaire naissante du Covid. Le premier confinement a ainsi été annoncé le 14 mars 2020, veille du premier tour. Le second tour, prévu une semaine plus tard, s’est finalement tenu en juin.
Au-delà de ce baptême, ces élections métropolitaines présentaient de nombreux enjeux :
allaient-elles mobiliser à la hauteur des compétences et du pouvoir de la collectivité sur son territoire ? favoriseraient-elles l’émergence d’une réelle campagne électorale sur des enjeux métropolitains ?le rapport de force politique et la gouvernance de la Métropole de Lyon allaient-ils s’en trouver modifiés ?
Les résultats de ces élections, marquées par une large victoire des écologistes de Bruno Bernard et de leurs alliés de gauche, ont constitué une véritable transition dans la vie politique métropolitaine. Par ailleurs, les différentes candidatures, notamment les dissidences au sein de la majorité sortante LREM (Gérard Collomb et David Kimelfeld), puis les alliances dans l’entre-deux tous, avec celle inattendue entre la droite de François-Noël Buffet et Gérard Collomb, ont peut-être paradoxalement quelque peu clarifié le paysage politique local.
Résultats des élections métropolitaines 2020 : une victoire nette des écologistes
Bruno Bernard, nouveau président de la Métropole avec Grégory Doucet (masqué), nouveau maire de LyonPhoto : Houcine Haddouche/Rue89Lyon
À l’issue du second tour des élections à la Métropole de Lyon 2020, la liste menée par l’écologiste Bruno Bernard l’a largement emporté. À la tête d’une liste d’union de la gauche autour des écologistes, il a été élu président de la Métropole de de Lyon pour le mandat 2020-2026. Sa majorité compte 84 élus sur les 150 sièges du conseil de la Métropole de Lyon.
Résultats du premier tour des élections à la Métropole de Lyon 2020
Le 15 mars 2020, au soir du premier tour, les résultats pouvaient laisser augurer d’un second tour relativement serré. À l’échelle de la métropole, les résultats voyaient les écologistes, menés par Bruno Bernard, en tête :
Résultats des principaux candidats :
Bruno Bernard (Europe Écologie Les Verts) : 22,6 % des suffrages exprimés.François-Noël Buffet (Les Républicains et divers droite) : 17,7 %David Kimelfeld (La République en marche dissident) : 17 %Gérard Collomb (La République en Marche – Modem) : 15,7 %Renault Payre (Parti Socialiste, PCF et alliés) : 8,05%Andrea Kotarac (Rassemblement National) : 7,6%Abstention : 64,13 % des inscrits.
Ce premier tour a représenté une gifle pour Gérard Collomb. Concepteur et premier président de la Métropole de Lyon, il a laissé la présidence à son départ au ministère de l’Intérieur en 2017 dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron à laquelle il avait activement participé. Il se voyait alors reprendre « son bien ». Il arrive finalement en quatrième position. Pire, il est devancé par son successeur et dauphin, David Kimelfeld, finalement candidat dissident LREM face à lui.
Second tour des élections à la Métropole de Lyon : une large majorité pour les écologistes
Au second tour, le 28 juin 2020, la victoire des écologistes s’est confirmée. Entre temps, ils ont fait alliance avec les listes menées par Renaud Payre (PS-PCF) et celles de Nathalie Perrin-Gilbert (LFI-Gram) uniquement présentes dans les circonscriptions de Lyon. David Kimelfeld (LREM dissident) s’est maintenu sans faire d’alliance. Quant à Gérard Collomb, il a noué une alliance inattendue avec la droite au profit de laquelle il s’est désisté laissant François-Noël Buffet briguer la présidence de la Métropole de Lyon.
La victoire des écologistes est très large :
Bruno Bernard (Europe Écologie Les Verts – PS – PCF – LFI) : 42,4 % des suffrages exprimés.François-Noël Buffet (Les Républicains – divers droite – LREM) : 24,25 %David Kimelfeld (LREM dissident) : 20,15 %Andrea Kotarac (Rassemblement National) : 2,25 % (les listes ne s’étaient pas maintenues dans toutes les circonscriptions)Abstention : 68,46 % des inscrits.
Les résultats du second tour, grâce au scrutin de listes avec prime au vainqueur, assurent ainsi une très large majorité à l’union de la gauche. Et particulièrement aux élus écologistes, principal groupe au sein de la majorité métropolitaine (58 élus sur les 84 de la majorité). Forts de leurs résultats au premier tour, les écologistes n’avaient laissé que des miettes à leurs alliés de gauche (socialistes, communistes et Insoumis).
Voici les résultats détaillés du second tour des élections métropolitaines 2020 dans toutes les circonscriptions de la métropole de Lyon :
De ce point de vue, il n’est donc pas surprenant que le projet de l’Anneau des sciences soit un des rares sujets, si ce n’est le seul, à avoir rythmé tout du long la campagne électorale. Ce projet de bouclage du périphérique lyonnais à l’ouest de l’agglomération, essentiellement sous tunnel, a été un fil rouge de la campagne des élections métropolitaines. Obligeant chaque candidat à se prononcer en faveur ou non de sa réalisation.
Un découpage de la métropole de Lyon en circonscriptions qui complexifie l’émergence des enjeux
Le mode de scrutin choisi pour ces élections métropolitaines de 2020 correspondait globalement à celui des élections municipales (pour les communes de plus de 1000 habitants). A savoir : un scrutin de listes avec prime majoritaire pour la liste gagnante. La particularité tenait au fait que la métropole de Lyon était divisée en quatorze circonscriptions.
Les circonscriptions ont été découpées de façon à respecter un relatif équilibre démographique. Mais aussi géographique, en reprenant en partie le découpage des conférences métropolitaines des maires (une des instances consultatives de la Métropole de Lyon).
Portes du sud, Ouest, Lônes et coteaux, Rhône-Amont, Plateau-Nord… Les noms de ces nouvelles circonscriptions ne reflètent pas une unité géographique ou historique clairement identifiée aux yeux des électeurs. Elles ont bien souvent comme seule unité de regrouper des communes limitrophes.
Ce découpage en circonscriptions a aussi poussé certaines formations politiques à s’appuyer sur leurs élus locaux et leur notoriété. Et notamment les maires. Difficile alors de faire émerger une campagne métropolitaine quand elle est portée par des candidats concernés aussi ou avant tout par leur réélection dans leur commune.
Frais de campagne : les élections municipales mieux dotées que les élections métropolitaines
Les règles électorales en matière de remboursement des frais de campagne n’encouragent pas à l’émergence de ces nouvelles élections métropolitaines. En effet, les niveaux de frais de campagne autorisés pour les élections métropolitaines (équivalents à ceux pour les élections départementales) sont bien inférieurs à ceux permis pour une campagne municipale. Ce qui, au regard des compétences de la Métropole de Lyon par rapport à celles des communes, est au mieux une incongruité, au pire un paradoxe.
Ainsi, certaines formations politiques ont bien souvent couplé les deux élections dans leurs tracts et propagande électorale pour réaliser des économies. Les élections métropolitaines ont bien souvent été insérées dans la propagande pour les élections municipales. De ce point de vue, la tenue des élections métropolitaines en même temps que les municipales a pu contribuer à invisibiliser quelque peu les premières.
Les rapports de force politiques à l’issue de ces élections métropolitaines 2020
Les alliances ont fait (ré)apparaître un clivage droite-gauche presque traditionnel
Avant le premier tour, le paysage politique de la collectivité était particulièrement morcelé. La majorité sortante au conseil de la Métropole de Lyon était très hétéroclite. Constituée notamment de socialistes, d’anciens socialistes passés à LREM, d’écologistes « Collomb compatibles », de certains communistes et d’élus de centre-droit.
Dans un premier temps, le retour de Gérard Collomb fin 2018 après son passage au gouvernement d’Edouard Philippe, a semblé rajouter de la confusion. Il n’a pu retrouver son fauteuil de président de la Métropole de Lyon faute de soutien. Son passage au ministère de l’Intérieur a terminé d’achever son image « droitière » aux yeux de certains partenaires politiques, acquise au fil des ans et que son soutien à Emmanuel Macron avait déjà largement dessinée.
Enfin, l’alliance de circonstance de Gérard Collomb avec la droite dans l’entre-deux tours pouvait brouiller totalement la lecture du paysage politique. Ce retour manqué de Gérard Collomb et son alliance inattendue avec la droite dans l’entre-deux tours ont peut-être finalement permis d’éclaircir le paysage politique. Face au bloc de gauche autour des écologistes et ressemblant à une « gauche plurielle », cet attelage entre Gérard Collomb et la droite lyonnaise a en quelque sorte constitué une sorte un bloc de droite et centre-droit.
De ce point de vue, les élections métropolitaines de 2020 ont permis de « répartir » plus clairement les élus sortants de la majorité. Avec un bloc centriste autour de David Kimelfeld (LREM dissident), un bloc de droite et centre-droit autour de Gérard Collomb et un bloc de gauche autour des écologistes.
Les coudées franches pour la majorité au conseil de la Métropole de Lyon et une nouvelle règle du jeu dans l’exercice du pouvoir et des relations avec les communes ?
Le nouveau mode de scrutin a également joué un rôle important dans la composition du nouvel hémicycle métropolitain. Calqué sur les élections municipales, ce scrutin de listes avec prime majoritaire au vainqueur dans chaque circonscription a fait passer la Métropole de Lyon dans une nouvelle ère des rapports de forces politiques.
Le mode de scrutin permet désormais de dégager une majorité claire. Les écologistes et leurs alliés bénéficient d’une majorité conséquente : 84 élus sur 150. Il n’est pas sans conséquence également sur le mode de gouvernance. Il permet, d’une certaine manière, de « gouverner sans les maires » des communes de la Métropole.
Même s’il existe des instances de consultation des maires de la métropole de Lyon, l’exécutif métropolitain s’appuie désormais sur une majorité politique plus homogène qui lui permet de mettre en œuvre sa politique. Surtout, en déconnectant les élections municipales et métropolitaines, les nouveaux élu·es de la Métropole de Lyon ne sont plus nécessairement des maires ou conseillers municipaux.
Auparavant, les élu·es de la Métropole étaient issu·es par fléchage des listes aux élections municipales. Si on compte quelques doubles mandats (municipal et métropolitain) dans le nouvel hémicycle métropolitain, cette nouvelle Métropole de Lyon n’est plus qu’une grande assemblée élargie des maires du territoire.
Ces crispations sont en partie le fruit de postures politiques. À la tête de ces « frondeurs » se trouvent notamment des maires issus de l’opposition comme Alexandre Vincendet, maire LR de Rillieux-la-Pape ou Philippe Cochet, maire LR de Caluire-et-Cuire. À leurs yeux, les écologistes se montreraient bien souvent « sectaires » ou « dogmatiques » notamment dans leur exercice du pouvoir. Les communes contre la Métropole est donc aussi un moyen d’entonner ce refrain pour l’opposition.
Toutefois, ces rapports conflictuels sont peut-être aussi peut-être le signe de changements institutionnels plus profonds et durables. Si c’est le style des écologistes dans leur exercice du pouvoir qui est critiqué, la place des communes dans cette nouvelle Métropole de Lyon reste sous-jacente. Et un véritable enjeu pour la collectivité dans son rapport avec son territoire. À l’heure où elle est dotée de compétences encore plus larges qu’auparavant.
La Métropole de Lyon, est la première collectivité de ce type à voir le jour en France. Elle est censée préfigurer le visage des futures grandes agglomérations françaises. Pas certain pour l’instant que le modèle de la Métropole de Lyon donne envie d’être dupliqué.
L’importance de Lyon et Villeurbanne dans le rapport de force entre territoires
La ville centre, Lyon, ainsi que Villeurbanne, concentrent plus d’un tiers des sièges de la nouvelle assemblée. Alors qu’elles représentent environ la moitié de la population. Mais en réalité leur poids est crucial.
Ainsi, 52 des 84 élus écologistes et de gauche de la nouvelle majorité sont issus des circonscriptions de Lyon et de celle de Villeurbanne. Ces sept circonscriptions représentent un peu plus du tiers des sièges du conseil de la Métropole. Elles ont assuré aux vainqueurs quasiment les deux tiers de leurs élus.
Par ailleurs, le découpage des circonscriptions devient primordial. Malgré le relatif équilibre démographique, il accentue le poids des grandes villes. Un exemple constaté dans la circonscription Lônes-et-Côteaux. Là, la courte victoire de la liste d’union de la gauche a été en grande partie acquise grâce au résultat à Oullins et Givors, les deux communes les plus peuplées. Elle a terminé en deuxième position dans toutes les autres communes de la circonscription.
Faut-il déjà modifier le mode de scrutin des élections à la Métropole de Lyon ?
Des élections qui encouragent au cumul des mandats ?
Ce nouveau mode de scrutin a montré pour l’heure davantage de conséquences négatives en ce qui concerne notamment le renouvellement des pratiques politiques.
Nous avons évoqué les plafonds de dépenses plus faibles pour les élections métropolitaines que pour les élections municipales. Cela a donc favorisé des doubles candidatures en tête de liste aux deux élections. Une situation qui pourrait ne pas aider au renouvellement des élus et qui oblige les partis comptant le moins de personnel politique à procéder à ces doubles candidatures.
Le découpage du territoire en circonscriptions a aussi eu des effets pervers. La constitution des listes a parfois donné lieu à des « parachutages ». L’échelle ou l’ampleur ne sont évidemment pas les mêmes qu’au plan national. Toutefois, le découpage territorial incite au maintien de ces pratiques d’appareils politiques, pour trouver des points de chute favorables ou faire de la place à tous les partenaires.
Organiser les élections à la Métropole de Lyon à un autre moment que les élections municipales ?
Par ailleurs, l’organisation des élections métropolitaines en parallèle des élections municipales n’est peut-être pas un service rendu aux premières. La campagne électorale a montré, notamment pour les candidats aux municipales à Lyon, qu’il était assez difficile de séparer les enjeux municipaux et métropolitains. Par nécessité ou par choix politique délibéré. Les isoler dans le calendrier électoral obligerait sûrement à une véritable campagne métropolitaine.
Dans certains territoires, le comportement électoral n’a pas été identique aux deux élections. À Villeurbanne ou dans le Val-de-Saône notamment. Preuve peut-être que les électeurs ont déjà su percevoir les enjeux des deux scrutins malgré leur concomitance.
Ce samedi, une manifestation pour protester contre la non-prise en charge de familles à la rue est organisée par le collectif Jamais sans toit. Rue89Lyon est allé à la rencontre d’une famille qui occupe, appuyée par ce même collectif, un logement de fonction de l’école Philibert Delorme, à Grand-Trou (Lyon 8e).
C’est par un portail dérobé que l’on entre dans le logement occupé par Samir*, Sarah* et leurs trois enfants (les noms ont été changés pour préserver l’anonymat de la famille). Derrière une cour intérieure, après avoir gravi une volée de marches en pierres, s’ouvre la porte d’un petit appartement un peu vétuste. Une petite kitchenette, une salle de bain et deux chambres jouxtent le salon. L’une des chambres est remplie de piles de cartons, allant jusqu’au plafond.
La famille nous accueille dans une pièce qui sert aussi de chambre, leurs trois enfants sagement assis sur un matelas. Samir se remémore leur arrivée :
« On a dormi ici pour la première fois jeudi 21 octobre. Cela faisait longtemps que le logement n’était plus utilisé. Il servait surtout de débarras. Elles ont tout enlevé pour qu’on puisse venir. »
« Elles », c’est le groupe de mamans, qui ont récemment rejoint le collectif Jamais sans toit, et qui ont pris à bras le corps la situation de Sarah, Samir et de leurs trois enfants. Les enfants de Sarah et Samir sont respectivement en CM2 pour l’aîné, en CE2 pour son petit frère et la petite dernière est en petite section de maternelle.
Celles qui aident la famille de Samir et Sarah sont des habitantes du quartier et des mamans qui ont leurs enfants scolarisés à l’école primaire Philibert Delorme (Lyon 8ème). Le groupe scolaire n’avait jamais, jusque là « hébergé » de famille sans-abri.
Sandra est graphiste et maman d’un petit garçon en petite section, elle se souvient du début de la mobilisation :
« On a été mises au courant le lundi par l’association de parents d’élèves qu’une famille allait se retrouver à la rue, et le jeudi on aidait à déménager les affaires de la famille dans le logement de fonction. »
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En 1975, l’église Saint-Nizier (Lyon 2ème) était occupée par une centaine de prostituées. Pour la première fois à cette échelle-là, elles dénonçaient une répression policière subie quotidiennement à Lyon. C’était le début d’un mouvement national et international de revendications menées par les personnes prostituées elles-mêmes. A travers une exposition et une table ronde, la Bibliothèque municipale retrace cette lutte historique.
Ce mouvement initié par les prostituées lyonnaise est le premier à être médiatisé, à l’échelle nationale et internationale. Le 2 juin, au premier jour de l’occupation, elles sont moins de 100. Elles atteignent les 200 le quatrième jour. En une semaine, plusieurs églises sont occupées dans toute la France et ailleurs en Europe, notamment à Londres. Au total, c’est 25 villes qui connaissent une mobilisation inédite.
A Lyon, les prostituées sont soutenues par le Mouvement du Nid, une association catholique de réinsertion. Grâce à son réseau, le Mouvement fait en sorte que les prêtres de différentes villes acceptent l’occupation de leurs églises par les prostituées.
Dans l’église Saint-Nizier, durant huit jours, elles dorment sur place, et bénéficient de la solidarité des riverains et des mouvements féministes qui organisent collectes d’argent et distribution de tracts. Durant l’occupation, les prostituées tentent de trouver un soutien auprès du gouvernement, notamment Simone Veil. Le 10 juin 1975, l’ordre d’expulsion est donné.
A 5 heures du matin, c’est dans la violence que les forces de l’ordre évacuent les prostituées de l’église.
A la suite de ce mouvement social, le 2 juin deviendra à partir de 1976 « Journée internationale des luttes des travailleuses·eurs du sexe ».
Table ronde et expo sur la « révolte des prostituées de Lyon »
Dans le cadre de l’évènement « A corps et à cris », la Bibliothèque municipale de Lyon organise, à propos de ce mouvement social, une table ronde avec plusieurs personnes impliquées dans l’occupation de l’église Saint-Nizier. Elle sera animée par Laurent Burlet, journaliste à Rue89Lyon. En résonance, une exposition a également été montée à la Part-Dieu autour du numéro de la revue Les Rues de Lyon consacrée à la « révolte des postituées ».
Table ronde « Un mouvement improbable à Lyon : la révolte des prostituées de 1975 »
> Samedi 20 novembre, 14h, dans l’auditorium de la BM Part-Dieu. Entrée libre.
Intervenant·es :
Danièle Authier – Sociologue – coordinatrice de Frisse Danièle Authier s’engage au sein de l’antenne lyonnaise du MLAC, Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception, au début des années 70. A partir des années 90, elle développe un programme de réduction des risques liés au VIH et aux IST tenant compte des effets du sexisme, de l’homophobie et de la transphobie. Sociologue, elle est actuellement coordinatrice de l’association Frisse — Femmes, Réduction des rISques et Sexualité. Elle est notamment co-autrice de La promotion de la santé au prisme du genre (Presses de l’EHESP, 2019).
Christiane Ray – Membre de VIFFIL et de FilActions Christiane Ray a participé aux activités du mouvement des femmes à Lyon dès son apparition, d’abord au sein d’un groupe de quartier, puis d’un comité MLF du 6ème arrondissement. En 1973, avec quelques amies, elle participe à la création du Cercle Flora Tristan qui marquera le mouvement féministe lyonnais pendant une dizaine d’années. Actuellement, elle prend toujours part aux activités de VIFFIL et de FilActions qui prennent en charge les femmes victimes de violences et en font la prévention auprès d’un large public.
Christian Delorme – Prêtre – Président Hospitalité d’Abraham Christian Delorme est un prêtre catholique lyonnais défendant une conception libérale du catholicisme, envers toute discrimination. Très impliqué socialement, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, notamment sur les mobilisations contre le racisme. Parmi ses derniers ouvrages : L’histoire de la non-violence à Lyon (Mémoire active, 2020) et La République, l’Église et l’Islam (avec Rachid Benzine, Bayard, 2016). Christian Delorme est chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, et officier de l’Ordre du Mérite.
Lilian Mathieu – Sociologue et politiste Lilian Mathieu est directeur de recherche au CNRS (Centre Max Weber, Ecole normale supérieure de Lyon). Il enseigne à Sciences Po Paris et à Lyon 2. Sociologue et politiste, il mène des recherches sur les mouvements sociaux et sur la prostitution. Il est l’auteur de nombreux livres dont Mobilisations de prostituées (Belin, 2001), La Double peine. Histoire d’une lutte inachevée (La Dispute, 2006), La Démocratie protestataire (Presses de Sciences Po, 2011), L’Espace des mouvements sociaux (Le Croquant, 2012) et, plus récemment, La Fin du tapin. Sociologie de la croisade pour l’abolition de la prostitution (François Bourin, 2014).
Exposition « 1975 : La révolte des prostituées à Lyon »
> Du mardi 2 novembre à 10h00 au vendredi 31 décembre à 16h00 – bibliothèque de la Part-Dieu
L’expo présente le numéro de la revue/bande dessinée Les Rues de Lyon consacré l’occupation de l’église Saint-Nizier titré « 1975 : la révolte des prostituées ». Les planches et le story-board exposés permettent de se rendre compte de la conception de la BD. Le tout agrémenté d’une interview de Nicolas Fayeux, l’auteur de la BD de ce numéro. Des archives de presse (Le Progrès, Libération), des textes écrits dans le moment de la mobilisation ainsi que le film documentaire « Les prostituées de Lyon parlent » sont également présentés.
> Lire l’article de la revue de la BM de Lyon L’Influx rédigé par Iliana Ferrant-Bouchau, doctorante en histoire et sociologie à l’Université de Rouen-Normandie et Paris 8, sur le Fonds d’archives du Père Louis Blanc, prêtre et militant à la section locale du Mouvement du Nid ayant participé à la préparation de la mobilisation de 1975.
Condamné à 5 ans de prison pour des actes de pédocriminalité dans le diocèse de Lyon, l’ex-prêtre Bernard Preynat a été arrêté ce mercredi 17 novembre pour être conduit en prison.
Bernard Preynat, l’ex-prêtre condamné pour pédocriminalité, a été arrêté ce mercredi 17 novembre au domicile de sa sœur, dans la Loire, d’après Le Figaro. En mars 2020, il avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir agressé sexuellement plusieurs jeunes scouts du diocèse de Lyon, entre 1971 et 1991.
En raison de problèmes de santé, Bernard Preynat avait jusque-là évité l’incarcération et vivait chez sa sœur. Âgé de 76 ans désormais, il a été présenté au tribunal cet après-midi, rapporte le quotidien. Ce soir, il devrait dormir à la maison d’arrêt de Lyon Corbas.
La Basilique Notre-Dame de Fourvière à Lyon.Photo : Romain Chevalier/Rue89Lyon
Cette affaire de pédocriminalité dans l’Église catholique, loin d’être unique, avait en outre été tue par le cardinal Barbarin, ex-archevêque de Lyon. Ce dernier avait toutefois été relaxé en appel.
Pendant quatre ans, Rue89Lyon a suivi cette affaire « Preynat-Barbarin » hors-norme. Ce travail a abouti à une frise chronologique agrémentée d’articles détaillés pour comprendre les tenants de ce feuilleton judiciaire.
Le cardinal Philippe BarbarinPhoto : Pierre Maier/Rue89Lyon
Suite à cette affaire, l’Église catholique a été secouée par un véritable séisme. Ici et là, des victimes d’agressions sexuelles commises par des membres du clergé, ont commencé à témoigner.
Pendant deux ans et demi, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), présidée par Jean-Marc Sauvé, a recueilli leurs paroles. Son rapport, rendu début octobre, aboutit à un chiffre alarmant : entre 1950 et 2020, au moins 300 000 personnes ont été victimes d’agressions sexuelles dans le cadre de l’Église catholique.