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20/03/2024 date de fin
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Craignant un « péril vert », Gérard Collomb part en noces avec la droite

« Ah bon, parce qu’il était de gauche ? ». Les réactions tombent en pluie depuis que Gérard Collomb, maire de Lyon et candidat LREM à la Métropole de Lyon, laisse fuiter une alliance avec la droite, en vue du second tour des élections. Ce jeudi après-midi, le mariage entre ceux qui s’étaient jusque là opposés au sein des différentes assemblées locales est bel et bien célébré, devant la presse alertée « dans l’urgence ».

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Craignant un « péril vert », Gérard Collomb part en noces avec la droite

Comme pour le mercato, les hypothèses et articles écrits au conditionnel, au fil des négociations entre listes et entre partis politiques, vont bon train. Et cela aura cours jusqu’à la date officielle des dépôts de liste fixée au mardi 2 juin. Dans la perspective d’une campagne-express avant le vote du 28 juin, pas de temps à perdre : Gérard Collomb a rencontré ce mercredi Laurent Wauquiez, en tant que patron de la droite en région tirant les ficelles de ces élections locales.

L’accord est scellé, les listes de LREM et celles de LR et assimilés vont fusionner. Ou le « monde d’après » version Gérard Collomb.

La conférence de presse scellant l'accord entre les candidats LREM Gérard Collomb, Yann Cucherat et le duo de la droite François-Noël Buffet et Etienne Blanc. ©AB/Rue89Lyon
La conférence de presse scellant l’accord entre les candidats LREM Gérard Collomb, Yann Cucherat et le duo de la droite François-Noël Buffet et Etienne Blanc. Mais aussi des femmes pour la photo, Myriam Bencharaa pour LREM et Valérie Sarselli pour LR. ©AB/Rue89Lyon

Le pari du maire de Lyon reste risqué. Est-il besoin de le préciser (oui !), la situation locale est unique en France : Lyon et les 58 autres communes de l’agglomération connaissent leurs élections municipales classiques. Mais chaque habitant.e de ces communes doit aussi voter pour des conseiller.e.s de Métropole et faire élire le ou la président.e de la Métropole. Se jouent donc par le même temps des élections inédites, avec des votes dispatchés dans 14 circonscriptions du territoire.

Et chacune des 14 têtes de listes a la possibilité de présenter sans accord collectif. Gérard Collomb, en s’alliant avec la droite, prend le risque de voir certains de ses candidats -qui auraient conservé une sensibilité à gauche- fuir à la suite de cet accord, et pencher pourquoi pas pour une autre alliance (avec, par exemple, le président actuel de la Métropole, David Kimelfeld, dissident LREM).

Confinement et réflexion

Gérard Collomb a d’ailleurs bien essayé de convaincre David Kimelfeld de rejoindre ce « rassemblement », allant même jusqu’à annoncer son renoncement à l’Anneau des sciences, un projet autoroutier qu’il porte depuis des dizaines d’années.

Devant les scores plaçant très haut les candidats écologistes (notamment Grégory Doucet pour la Ville de Lyon), lesquels, eux aussi, sont en cours de négociations avec certains candidat.e.s., la droite et le représentant-phare de LREM n’ont pas tergiversé davantage. Au lendemain du premier tour, Gérard Collomb et son poulain pour la mairie de Lyon, Yann Cucherat, avaient déclaré qu’ils ne signeraient d’accord avec personne.

Entre temps, un certain Covid-19 et une longue période de confinement ont sans doute fait mariner les uns et les autres. La date du 28 juin impliquant de conserver les résultats du premier tour et de ne pas tout rejouer, les esprits se sont échauffés.

La stratégie d’alliance est d’autant moins salutaire que les votes d’un premier tour sur des listes différentes ne s’additionnent pas mathématiquement.

En attendant, les réseaux sociaux se saisissent d’ores-et-déjà de ce faux coming-out politique de Gérard Collomb, ex-socialiste dont les convictions politiques se sont depuis longtemps déplacées sur l’échiquier politique (voir photo ci-après d’un faux compte Twitter ouvert dans la seconde de l’annonce).

Des choix stratégiques qui ne sont pas non plus toujours compris (cf tweet ci-après), avec un jeu de chaises musicales qui pourrait ne pas séduire les électeurs.

« Je me sens trahie et ma déception est immense »

Plusieurs élus et proches, dits du « premier cercle » autour de Gérard Collomb ont décidé de ne pas le suivre sur ce coup-là. Comme Zohra Aït-Maten, élue du 7è arrondissement, qui a toujours clamé qu’elle restait ET socialiste ET collombiste (voir la photo de son sms envoyé ce jour au maire de Lyon).

Zohra Aït-Maten écrit par sms à Gérard Collomb. ©Rue89Lyon
Zohra Aït-Maten écrit par sms à Gérard Collomb. ©Rue89Lyon

Ou encore, Peggy Zelinski, une colistière dans les listes de Gérard Collomb :

« Ce que je pressentais est là : l’union entre Un temps d’avance et LR est scellée, et c’est naturellement (et je pèse mes mots) que je me retire des listes municipale et métropolitaine pour le second tour. Y participer serait contre nature pour moi. Je ne peux pas. La droite qui se dit républicaine, cette droite tout particulièrement qui courtise régulièrement l’électorat RN, est celle que j’exècre. Pactiser avec elle, c’est exposer Lyon et la Métropole à la politique menée en Région et offrir à Wauquiez toutes ses chances pour un nouveau mandat. Clairement, je me sens trahie et ma déception est immense. »

Gérard Collomb a cédé sa place de candidat pour la présidence de la Métropole de Lyon à François-Noël Buffet, sénateur LR (une annonce assez spectaculaire) ; tandis qu’Etienne Blanc (vice-président LR à la Région) laisse sans plus d’émoi sa place de tête de liste pour mener campagne et briguer la mairie de Lyon au jeune candidat Yann Cucherat.

Les instances nationales de LREM ne cachent pas le malaise suscité par l’accord. Le délégué général du parti Stanislas Guérini a déclaré ce jeudi soir souhaiter retirer son investiture à Yann Cucherat -alors même que les alliances avec la droite n’ont jamais été honnies du fonctionnement du parti présidentiel. Mais c’est la figure de Laurent Wauquiez dont l’ombre plane sur cet accord qui est mis en cause par LREM.

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