Rue89Lyon s’est penché sur la question de la contraception masculine à Lyon. État des lieux d’une pratique en plein développement, mais qui reste très marginale, à la veille d’une conférence intitulée « contraception : où sont les hommes ? », et organisée ce mardi 30 novembre à la bibliothèque de la Part-Dieu.
Quand on parle de contraception, on pense féminisme, mouvements pour les droits des femmes, pilule, stérilet… Et les hommes dans tout ça ? Hormis le préservatif, la charge contraceptive pèse essentiellement sur les femmes.
Pourtant, de nombreux moyens de contraceptions, pour certains très efficaces et peu incommodants, existent pour ces messieurs : contraception hormonale, thermique, vasectomie… À Lyon, malgré une forte hausse des demandes ces dernières années, le phénomène reste marginal et peu connu, comme dans presque tout le pays. L’organisation d’une conférence sur le sujet ce mardi 30 novembre à 18h30 à la bibliothèque municipale de la Part-Dieu, est une occasion de corriger un peu le tir.
Un anneau contraceptif masculin Androswitch.Photo : DR
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Peu de propriétaires de chiens savent qu’ils ont la possibilité de prendre les transports en commun de Lyon (TCL) avec eux depuis la mi-juin. Pas étonnant au vu de la communication quasi inexistante au sujet de cette expérimentation qui se termine ce 30 mardi novembre.
Les chiens de plus de 6 kg -qui concernent beaucoup de races, des Beagles aux bergers australiens – ont été au fil des années tantôt autorisés sous certaines conditions, tantôt totalement interdits à prendre les métros, les tramways, les bus ou les funiculaires de Lyon. Jusqu’au démarrage de cette expérimentation, il leur était interdit de poser une patte dans les TCL depuis janvier 2020.
Pour vivre à Lyon avec son chien, faut-il troquer son labrador de 30 kg contre un chihuahua ?
A 9 mois, le chien de Victor et Marie, Occi, a largement dépassé les 6 kg. Il était donc interdit dans les transports en commun de Lyon jusqu’à l’expérimentation lancée en juin dernier.Photo : OM/Rue89Lyon
« Si c’était possible de prendre les TCL avec notre chien, on le ferait souvent »
Face à cette incertitude récurrente quant à la possibilité de prendre ou non son chien dans les transports en commun de Lyon (TCL), de nombreux propriétaires n’essaient même plus de se tenir au courant de la réglementation en vigueur. Quand iels veulent aller promener leur chien hors de Lyon ou qu’iels doivent l’emmener chez le vétérinaire, iels le font en voiture. Une hérésie, à une époque où les préoccupations concernant le changement climatique sont particulièrement fortes.
C’est entre autres ce qui a motivé les écologistes, une fois arrivés à la tête de la Ville et de la Métropole de Lyon (et par extension du Sytral qui gère les TCL), à lancer cette expérimentation. Mais la communication à ce sujet a été plus que succincte. Ainsi, à Lyon, peu de gens savent qu’ils peuvent prendre les TCL avec leur chien depuis près de six mois.
Marie et Victor ont une vingtaine d’années. Iels ont récemment dû investir dans une nouvelle voiture puisque leur ancienne auto était trop polluante pour continuer à circuler dans la ZFE. S’iels font la quasi-totalité de leur déplacement à vélo ou en TCL, iels ont besoin de leur voiture pour emmener leur jeune chien Occi se balader plus loin que le parc de Gerland (Lyon 7e). Iels ne savaient absolument pas qu’iels peuvent prendre les TCL avec lui depuis juin.
« On va souvent au parc de Miribel-Jonage en voiture, explique Victor. On sait que ce n’est pas possible d’y aller en transport avec Occi alors on n’essaie même pas. Si c’était possible, on le ferait souvent. La dernière fois par exemple, j’ai dû aller chercher mon beau-père à la gare. Je voulais y aller à pied, en profiter pour balader mon chien et peut-être aller pique-niquer dans un parc ensuite… Mais il faut une heure de marche pour aller à la gare depuis chez moi. Je ne peux y aller ni en TCL, ni en vélo avec mon chien. En voiture, c’est impossible de se garer. Finalement, je suis allé à la gare sans mon chien. C’est dommage. »
« Le Sytral ne voulait pas faire la promotion de cette expérimentation pour ne pas effrayer la clientèle »
Cette expérimentation concernant la réintroduction des chiens dans les transports en commun de Lyon a débuté en même temps que la possibilité, là aussi expérimentale, d’embarquer son vélo à bord des TCL. Cette dernière a été bien mieux relayée et est bien visible aux arrêts de transports par des affiches et des logos peints à même le sol des quais.
« Le Sytral ne voulait pas faire la promotion de cette expérimentation pour ne pas effrayer la clientèle, explique Baptiste Jacquet, fondateur du collectif Bien-être animal à Lyon (Bicalyon). Ils voulaient que nous nous en chargions. Keolis [en charge de l’exploitation des TCL, ndlr] nous a fourni des fascicules que nous avons distribué aux vétérinaires. »
Et encore. Tous les cabinets vétérinaires n’ont pu être fournis en flyers par les quelques bénévoles de Bicalyon. Dans ce cabinet du quartier de la Guillotière, par exemple, dans le 7e arrondissement de Lyon, les vétérinaires ne sont pas au courant qu’il est à nouveau possible de prendre les TCL avec son chien.
A Lyon 7e également, Victor estime qu’il serait tout à fait possible d’autoriser les chiens dans les TCL sans que cela n’effraie qui que ce soit.
« Je peux comprendre que des gens aient peur des chiens, concède-t-il. Mais on pourrait prévoir un espace où il peut y avoir des chiens dans les rames, ou à l’arrière des bus par exemple. Un chien bien éduqué peut même prendre le métro sans problème. »
Du côté de la Métropole de Lyon, on salue le succès de cette expérimentation.
« C’est une réussite, se félicite Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la protection animale. En six mois d’expérimentation, il n’y a pas eu un seul incident. »
Une « réussite » qui est peut-être à nuancer, si de nombreux propriétaires de chiens n’étaient pas au courant de cette expérimentation. Reste à savoir si la présence des chiens dans les transports en commun de Lyon (TCL) sera pérennisée. Après le 30 novembre, date de fin de l’expérimentation en question, ils seront à nouveau interdits dans les TCL.
La vague épidémique de Covid en cours depuis la mi-octobre dans le Rhône, comme à l’échelle nationale, s’est intensifiée. L’épidémie progresse dans toutes les tranches d’âge et les hospitalisations, encore relativement faibles, augmentent plus rapidement elles aussi.
L’épidémie de Covid continue sa progression dans le Rhône. Le niveau de certains indicateurs se rapprochent désormais de ceux enregistrés lors de la dernière vague de l’été 2021.
Le taux d’incidence a doublé en une semaine dans le Rhône
La semaine dernière nous observions une forte progression de l’épidémie dans le Rhône. Elle se traduisait notamment par une augmentation du taux d’incidence (un des indicateurs de la dynamique de l’épidémie) qui avait doublé en l’espace de quinze jours début novembre.
Au 21 novembre, les derniers chiffres de Santé Publique France montrent qu’il a une nouvelle fois doublé mais en l’espace d’une semaine seulement cette fois. Il s’établissait à 247 cas pour 100 000 habitants contre 115 cas environ au 13 novembre (sur une semaine). Dans le même temps, le niveau de dépistage a lui aussi augmenté (+50% en une semaine).
Le taux d’incidence dans le Rhône est actuellement à un niveau relativement proche du pic de la précédente vague de l’été 2021 où il avait atteint un peu plus de 300 cas pour 100 000 habitants à son maximum. Le dépistage était bien plus massif à l’époque, près du double du volume actuel à son maximum. Un niveau déjà supérieur à celui de l’été 2021 dans le Rhône lors de la vague engendrée par le variant delta à la contagiosité supérieures aux précédents variants.
Dans la métropole de Lyon, l’évolution du rythme de l’épidémie semble identique. Au 19 novembre, le taux d’incidence avait quasiment doublé sur une semaine par rapport à la semaine précédente.
Autre signe que l’épidémie progresse rapidement en ce moment, le taux de positivité augmente lui aussi. Au 21 novembre sur une semaine, 5,4% des tests en laboratoire étaient revenus positifs.
L’épidémie semble circuler dans quasiment toutes les tranches d’âge de la population. A ce jour, dans le Rhône, les moins touchés sont les plus âgés, au-delà de 90 ans (taux d’incidence de 128 cas pour 100 000 habitants sur une semaine au 21 novembre). Mais l’épidémie semble toutefois progresser également dans cette catégorie d’âge.
Dans le Rhône, ces derniers jours l’accélération de l’épidémie semble particulièrement soutenue chez les plus jeunes. Au 21 novembre, le taux d’incidence indiquait 235 cas positifs pour 100 000 sur une semaine. Ils n’étaient que 98 une semaine plus tôt, soit une augmentation de 140%. Un niveau à nuancer toutefois par l’évolution du dépistage qui a lui aussi fortement augmenté dans le même temps.
Le taux d’incidence actuel chez les plus jeunes dans le Rhône n’est plus si éloigné de son maximum jamais enregistré. C’était lors de la vague du printemps 2021 et il avait atteint 295 cas pour 100 000 habitants sur une semaine à son maximum au 1er avril.
Les hospitalisations et réanimation en hausse dans le Rhône
Le rythme des entrées à l’hôpital s’est lui aussi accéléré au fur et à mesure de la progression de l’épidémie. Au 24 novembre, 219 patients Covid avaient été hospitalisés en moyenne dans les hôpitaux du Rhône durant la semaine. Soit une augmentation de 40% par rapport à notre dernier point hebdomadaire la semaine passée. A cette date-là, le niveau des hospitalisations avaient augmenté de 15% environ sur une semaine.
Les hospitalisations en réanimation dans le Rhône ont progressé de près de 40% elles aussi depuis notre dernier point. Près de 45 patients Covid avaient été hospitalisés en réanimation sur une semaine dans le Rhône. Ils étaient 32 lors de notre dernier point de situation. A cette date-là, l’évolution hebdomadaire était quasiment nulle selon les chiffres de Santé Publique France.
À titre de comparaison, le volume des hospitalisations hebdomadaires et pour l’heure encore inférieur au pic de la précédente vague. Le rythme est désormais toutefois soutenu et semble au moins aussi rapide que celui rencontré l’été dernier.
À l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’évolution est également à la hausse. Au 24 novembre, près de 805 patients Covid avaient été hospitalisés en moyenne sur la semaine. Soit une augmentation de 26% environ depuis notre dernier point la semaine passée. Le rythme est donc soutenu. Y compris dans les services de réanimation où l’augmentation du volume de patients Covid est sensiblement la même (+24%) sur la même période.
Avec cette accélération, les indicateurs hospitaliers sont désormais à des niveaux proches de ceux du pic de la précédente vague. À l’échelle régionale, le taux d’occupation des services de réanimation par des patients progresse. Au 24 novembre il était de 26% environ (cela signifie que 26% de la capacité initiale des lits de réanimation de la région étaient occupés par des patients Covid).
Les personnes non vaccinées davantage hospitalisées en Auvergne-Rhône-Alpes
Depuis le mois de juin, le ministère de la Santé publie des statistiques concernant la typologie des personnes hospitalisées pour cas de Covid. Il agrège ainsi les chiffres des trois bases de données concernant : les indicateurs hospitaliers, le dépistage et la couverture vaccinale.
Ce travail permet donc de mettre en relation statut vaccinal et entrée à l’hôpital des patients Covid. Surtout, en suivant l’évolution de la taille de différents groupes (personnes vaccinées, non vaccinées, primo vaccinées, etc.), il permet de mesurer l’impact du statut vaccinal. Selon les données de la Drees, le service statistique du ministère de la Santé, la proportion de personnes non vaccinées entrant en hospitalisation et en réanimation est bien plus importante que celle des non vaccinées.
Ainsi, sur la période de 11 octobre au 7 novembre 2021, les proportions sont les suivantes pour la région Auvergne-Rhône-Alpes :
Hospitalisations avec test PCR positif : 205 patients non-vaccinés pour un million contre 42 patients vaccinés pour un millionHospitalisations en réanimation avec test PCR positif : 62,7 patients non-vaccinés pour un million contre 9,7 patients vaccinés pour un million
Près de la moitié des plus de 75 ans ont déjà reçu la dose de rappel en Auvergne-Rhône-Alpes
Au 23 novembre 2021, près de trois mois après, le rappel vaccinal ne concerne pas encore la moitié de cette population. Certaines tranches d’âge ont toutefois atteint le seuil des 50% de personnes « triplement vaccinées » dans la région. Ainsi, cela concernait 45% des plus de 80 ans, près de 54% des 75-79 ans, 33% des 70-74 ans et 18% des 65-69 ans.
En Auvergne-Rhône-Alpes, près de 76% de la population a reçu deux doses de vaccin contre un peu plus de 80% dans le Rhône.
Le Collectif Droits des Femmes 69 appelle à manifester « contre les violences sexistes et sexuelles » ce samedi à Lyon, dans la foulée de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes du 25 novembre.
L’appel à manifester a été lancé par le Collectif Droits des Femme 69, composé notamment du Planning Familial, Osez Le Féminisme, Nous Toutes Rhône, Collectif Me Too, Filactions, Femmes Solidaires du Rhône, VIFFIL et LDH du Rhône. L’appel à manifester a aussi été partagé par des syndicats et partis politiques comme Solidaires Rhône, UD CGT 69, FSU, PG, Ensemble, FRAP/UCL, le PCF du Rhône, le NPA et le PS Fédération du Rhône.
La manifestation déposée en préfecture débutera à 14 heures place Bellecour (Lyon 2ème) et s’achèvera au même endroit après avoir effectué une boucle par le quai Romain-Rolland (Lyon 5ème). En 2020, la France était confinée, mais en 2019, elles étaient 5500 au départ de la place Bellecour selon la police.
Le Collectif Droits des Femmes 69 débutera le rassemblement notamment par le traditionnel « happening » des femmes en blanc de Filactions. Une des intervenantes de ce samedi raconte un peu en avance :
« C’est quelque chose qu’on fait depuis 17 ans. On met en scène les féminicides conjugaux qui ont eu lieu au cours de l’année précédente, au rythme des « Femmes battantes », un groupe de percussions de l’association. »
Les bénévoles de l’association Resist rapporteront les voix des victimes du dispositif de contraception Essure. Il s’agit d’un contraceptif semi permanent en nickel et en titane placé dans les trompes de fallope et qui s’est notamment rendu responsable d’effets secondaires dangereux.
Ensuite, les femmes du collectif Grand Lyon for Uyghurs sensibiliseront au sort des femmes Ouïghours. C’est un collectif de femmes sans papiers qui conclura les prises de paroles, avant le départ de la manif.
« Des moyens pour celles qui luttent contre toute forme de violence sexiste »
Le manifeste unitaire du collectif fait état d’aggravations des violences sexistes, surtout dans les milieux les plus précaires. Il est donc demandé des moyens supplémentaires pour les associations et les institutions publiques au contact de celles-ci :
« Nous voulons des moyens réels pour les associations qui accompagnent les femmes victimes de toutes violences, comme par exemple renforcer les moyens dédiés pour le 3919, la ligne d’écoute pour les femmes victimes de violences ouverte 24h sur 24 et 7 jours sur 7. »
Elles énoncent aussi la nécessité d’augmenter le nombre de places dans les hébergements d’urgence, d’instituer des campagnes de prévention et de sensibilisation dans les écoles et que celles-ci soient réalisées par des structures qualifiées et féministes.
Manifestation du 23 novembre 2019 à Lyon contre les violences faites aux femmes. Photo Collage Féminicide Lyon
Une enquête a été menée en mai dernier auprès des étudiants de l’Université Lyon 2 pour évaluer leur perception des violences sexistes et sexuelles. Les résultats ont été dévoilés ce mercredi 24 novembre, veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
« Soyons à l’écoute », « Ne fermons pas les yeux » ou encore « Libérons la parole » peut-on lire sur les posters affichés dans les couloirs de l’Université Lumière Lyon 2. Ces affiches colorées barrées d’un gros « Non » sont signées de la « cellule discrimination, harcèlement, violence » qui a été mise en place il y a quelques mois, en mars 2021.
Pour cette année universitaire 2021-2022, l’Université Lumière Lyon 2 a décidé de mettre en place une large campagne d’information et de sensibilisation à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à travers plusieurs activités, conférences et expositions tout au long de l’année.
Le point d’orgue en est la restitution d’une enquête sur la perception des situations de violences sexistes et sexuelles réalisée sur demande de la fac par l’observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur (OVSSES), qui avait déjà publié en octobre 2020 une enquête similaire à l’échelle nationale. Les conclusions de l’enquête réalisée auprès des étudiant·es de Lyon 2 ont été dévoilées ce mercredi 24 novembre, à la veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Affiches de la campagne contre les violences sexistes et sexuelles de l’Université Lyon 2Photo : OM/Rue89Lyon
« Ne pas laisser passer » les violences sexistes et sexuelles à l’Université Lyon 2
Venues assister aux conclusions de ladite enquête, une trentaine d’étudiantes de l’université et quelques personnels. Pour la présenter, deux étudiantes de l’OVSSES autrices de l’enquête accompagnées de Christine Morin-Messabel, professeure de psychologie sociale à Lyon 2 et vice-présidente Égalité et lutte contre les discriminations, et bien sûr de la présidente de l’université, Nathalie Dompnier, qui introduit ainsi le sujet :
« Ne pas laisser passer. C’est notre devoir au sein de la société, de contribuer à ce mouvement de libération de la parole, de prise au sérieux de ces sujets de violences sexistes et sexuelles. »
C’est dans cette optique que la fac s’est dotée en mars dernier de cette cellule anti-discrimination, harcèlement et violences sexistes et sexuelles à destination des étudiant·es.
Du 7 au 26 mai, les étudiant·es de Lyon 2 étaient donc invité·es à répondre à un questionnaire sur leur réaction face à différentes situations de violences sexistes et sexuelles et sur leur connaissance des dispositifs universitaires existants dans ces cas-là – dont la cellule.
912 étudiant·es ont répondu, en grande majorité des femmes (78%).
Dans les situations qui leur étaient soumises, on retrouve notamment le cas où un directeur de recherche insiste pour discuter de manière informelle des travaux d’un·e étudiant·e et lui fait des avances. Des circonstances qui font écho à ce qu’ont vécu il y a 15 ans Louise Hémon et Marianne Palesse, deux ex-étudiante de cinéma de Lyon 2 qui ont témoigné auprès de Rue89Lyon.
« 40% des étudiant·es de l’Université Lyon 2 ne connaissent pas la différence entre agression et harcèlement sexuel »
Les violences présentées ont été identifiées par la quasi-totalité des étudiant·es. En revanche, la possibilité de porter plainte n’est pas évidente pour un tiers des étudiant·es. De même, les motifs de plainte sont moins bien identifiées : les trois-quarts des étudiant·es se sont trompé·es pour au moins une des situations.
« 40% des étudiant·es ne connaissent pas la différence entre agression et harcèlement sexuel », commente Margot, de l’OVSSES.
D’une manière générale, les étudiant·es qui ont répondu au questionnaire identifient la responsabilité de l’agresseur. Mais cette affirmation est moins vraie dans le cas où ce dernier aurait consommé de l’alcool ou des stupéfiants.
D’après les résultats de l’enquête, 1 étudiant·e sur 20 pense qu’une personne sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants est moins responsable de ses actes. Moins de la moitié des étudiant·es savent qu’il s’agit au contraire d’une circonstance aggravante en cas de procédure pénale.
« Il y a un travail à faire sur la confiance en l’institution »
Concernant la possibilité de déclencher une procédure au sein de l’université, les trois-quarts des étudiant·es mentionnent cette possibilité pour les situations de violences commises par des enseignant·es sur des étudiant·es. Un peu plus de la moitié des répondant·es l’identifient aussi pour les situations impliquant uniquement des étudiant·es. 39% des répondant·es disent se tourner vers la cellule de Lyon 2 tandis que 14% déclarent ne pas savoir à qui s’adresser.
« Si les femmes sont les plus touchées, elles sont moins enclines à se tourner vers un dispositif universitaire », observe Margot.
« Il y a un travail à faire sur la confiance en l’institution, reconnaît Nathalie Dompnier. C’est une chose de connaître les dispositifs, c’en est une autre de s’adresser à eux. »
Emilie Tardieu, médecin et directrice du service de santé universitaire (SSU) de Lyon 2, en profite pour rappeler le fonctionnement de la cellule.
« La cellule reçoit tous les témoignages, que ça se passe à l’université ou non, développe-t-elle. Un rendez-vous sera proposé avec un professionnel de santé, puis avec une assistante sociale si besoin est. Un accompagnement médico-psychologique est systématiquement proposé. Il n’y a aucune obligation d’entamer des démarches ensuite. Si l’étudiant le souhaite, il peut entamer des démarches auprès de l’université, si c’est dans son champ d’action. Sinon il sera orienté vers des associations extérieures. »
Depuis la mise en place de cette cellule il y a environ neuf mois, Emilie Tardieu a pu remarquer un réel besoin d’écoute des étudiant.es.
« Nous avons beaucoup de situations extérieures à l’université, parfois très anciennes, relate-t-elle. Les étudiants portaient des choses parfois très lourdes sans avoir un lieu d’écoute. »
L’Université Lyon 2, campus de Bron.Photo : OM/Rue89Lyon
« On avance toujours avec les personnes concernées, précise Nathalie Dompnier. L’université ne fera pas de démarches au pénal, sauf en cas de signalement au Procureur de la République quand les faits le justifient. On est très fragiles et parfois démunis. Par exemple, pour engager une procédure disciplinaire, ma position c’est d’en engager une si on est sûrs qu’elle aboutisse. »
Au printemps dernier, contactée par Rue89Lyon dans le cadre de notre enquête sur Jacques Gertenkorn, Nathalie Dompnier évoquait déjà cette nécessité selon elle de constituer un dossier suffisamment solide pour qu’il ne puisse être contesté. Début septembre, au terme d’une enquête de plusieurs mois du service juridique de la fac, la présidente de l’université avait décidé de suspendre l’enseignant de cinéma et de lancer une procédure disciplinaire à son encontre. Celle-ci, toujours en cours, touche à sa fin.
Des pistes pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles à l’Université Lyon 2
L’OVSSES conclut sa présentation par quelques préconisations pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles à l’université. Parmi celles-là, la distribution d’un guide des dispositifs existant aux nouveaux et nouvelles étudiant.es, la création d’un MOOC [module de cours en ligne, ndlr] de formation aux violences sexistes et sexuelles obligatoire pour l’ensemble des étudiant.es et des personnel·les de la fac ou encore la possibilité d’imposer aux associations organisatrices des soirées et week-end d’intégration la mise en place de campagnes de sensibilisation.
Et les étudiantes présentes, que pensent-elles de cette cellule ? Et de la campagne de sensibilisation mise en place par leur fac ?
Une jeune femme en pull-over rouge, au fond de la salle, prend la parole d’une voix assurée :
« J’ai l’impression que cette campagne contre les violences sexistes et sexuelles est faite pour déculpabiliser les victimes, ce qui est très bien, mais y aura-t-il des actions pour une prise de conscience de la part de potentiels agresseurs ? Plutôt que de se tourner toujours vers les victimes… »
« Une difficulté, c’est qu’on touche les personnes qui sont déjà sensibilisées, reconnaît la présidente de l’université. L’enjeu, c’est de donner à voir que ces comportements ne sont pas admissibles. Ce qui nous porte préjudice, c’est cette normalisation. »
« Il ne faut pas penser qu’aux première année, réagit un des rares étudiants présents. Beaucoup d’étudiants arrivent en première année de master et ils ne savent pas du tout ce qui existe. »
Une autre étudiante, en chemise mauve, propose une piste :
« Au Canada, ils organisent des réunions d’entrée pour parler de consentement à des promos entières. C’est une bonne petite piqûre de rappel à la rentrée. »
Plusieurs des étudiantes présentes ont justement pour objectif de former un groupe de travail sur la question du consentement. Ce mercredi 24 novembre, toutes semblent déterminées à ce que leur lieu d’études deviennent un espace un peu plus safe qu’il y a 15 ans, à l’époque où Julie Siboni, Louise Hémon et Marianne Palesse tentaient d’échapper tant bien que mal à leur enseignant de cinéma.
Alors que le journaliste de Cnews, Jean-Marc Morandini, et le président du Rassemblement national Jordan Bardella ont occupé la place Gabriel Péri dans le quartier de La Guillotière durant toute la matinée de mercredi, Rue89Lyon est allé rendre visite aux commerçants de la place pour les interroger sur leurs difficultés, mais sans scénario établi.
Plusieurs centaines de personnes de (200 personnes selon la police) ont accueilli le tournage de l’émission « Face à la Rue » de Jean-Marc Morandini.
Un comité d’accueil composé de militants mais aussi de riverains attendaient l’émission de Jean-Marc Morandini de pied ferme, sur la place Gabriel Péri, à La Guillotière. Entre les chansons bien connues telles que « La jeunesse emmerde le Front National », par les Béruriers noirs et les slogans fleuris allant de « Bardella casse-toi » à des références explicites aux affaires de corruption de mineur qui inquiètent Jean-Marc Morandini, les deux protagonistes de l’émission ont pâli heure après heure.Photo : LS/Rue89Lyon
À plus d’une dizaine de mètres des manifestants, sous protection policière, le duo Bardella/Morandini a pu réaliser l’émission « live » en abordant généreusement les sujets d’immigration, de réémigration et de « zones de non droit » en rencontrant des riverains et hommes politiques sélectionnés à l’avance.
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
En ce mois de novembre, on parle du quartier de la Guillotière à Lyon dans beaucoup de médias locaux mais aussi nationaux. Des « débats » sont organisés sur des chaînes d’information en continu pour évoquer les problèmes de la place Gabriel Péri où son cas est souvent réglé : c’est une «zone de non-droit».
Ce mercredi 24 novembre, la Guillotière a encore eu l’attention des médias nationaux. En l’occurence Cnews, la chaîne d’info en continue de Vincent Bolloré. Jean-Marc Morandini a tenté de déambuler dans le quartier avec Jordan Bardella, patron intérimaire du Rassemblement national le temps de la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Dans le cadre de son émission « Face à la rue», l’animateur a donc souhaité trimballer le patron du parti d’extrême droite dans une « zone de non-droit» comme il l’annonce. De quoi ajouter un peu plus d’huile sur le feu.
Durant le direct de l’émission, de 10h30 à 11h45, sous haute protection policière, Jean-Marc Morandini et le numéro 1 du RN ont marché quelques mètres, du cours Gambetta au Casino de la place Gabriel Péri.
Sans que le journaliste de Cnews ne porte la contradiction, Jordan Bardella a pu répéter :
« La vérité est que ce quartier est devenu une zone de non-droit ».
Puis il a déroulé le programme présidentiel du parti d’extrême droite, composé de « charters » et de « dissolution des milices antifas », à quelques mètres de manifestants qui leur réclamaient de « dégager ».
Capture d’écran de l’émission « Face à la rue » de Cnews à la Guillotière, devant le McDo de la Gabriel Péri, le 24 novembre
La Guillotière a gagné Paris au mois de novembre
En ce mois de novembre, les problèmes que rencontre la place Gabriel péri, ont régulièrement attiré l’attention des médias nationaux. Très largement évoqués dans la presse locale, leur traitement médiatique s’est intensifié ces dernières semaines au plan national. Une multiplication des occurrences dans la presse qui a suivi notamment celle des interventions de police sur la place Gabriel Péri depuis la fin octobre. Dans un mécanisme qui semble désormais presque circulaire : le bruit médiatique accélérant une réponse sécuritaire sur le terrain qui elle même engendre de nouvelles occurrences dans les médias. Aujourd’hui, la Guillotière semble donc se résumer à la place Gabriel Péri, à Lyon comme depuis Paris.
En un peu plus d’un mois, Le Figaro a par exemple consacré au moins six articles au sujet depuis mi-octobre. Le journal évoque un « quartier livré aux trafiquants », « gangréné par la délinquance », « livré aux trafics » et une « zone de tous les droits». Le 17 novembre, la chaîne CNews a évoqué le sujet lors de son émission phare « L’heure des Pros » : « La Guillotière, zone de non-droit à Lyon ». Même chose ou presque sur BFM TV.
Mi-octobre, certains commerçants du quartier ont manifesté leur colère face aux problématiques d’insécurité de la place Gabriel Péri. Suite à la mobilisation de nouveaux effectifs de force de police, les descentes se sont multipliées. À la mi-novembre, la décision de deux enseignes de la place, le Casino et le McDonald’s, de modifier leurs horaires d’ouverture a continué d’alimenter le traitement médiatique du quartier.
Le Progrès, qui couvre largement le sujet, a même regroupé l’ensemble de ses articles dans un dossier sur son site « Guillotière : un quartier sous tension ». Comme si les problématiques, bien réelles, de la place avaient gagné l’ensemble du quartier, beaucoup plus vaste.
Un intérêt médiatique depuis les groupes «en colère»
Si l’intérêt national pour le sujet s’est amplifié ces derniers temps, il est chez certains plus ancien. Le Figaro évoquait déjà le sujet depuis au moins la fin de l’année 2020. À travers les collectifs ou comptes très actifs sur les réseaux sociaux relayant les problématiques de la place, il évoquait un ras-le-bol grandissant chez les habitants du quartier.
L’histoire de cette présence abondante aujourd’hui dans différents médias, est aussi en partie celle de ces collectifs. Dans le sillage du groupe la « Presqu’île en colère», relatant les rodéos urbains dans le 2e arrondissement notamment, s’est créé celui de « La Guillotière en colère ». Nous en parlions d’ailleurs fin 2019 dans un contexte d’évolution du quartier et de cohabitation d’aspirations différentes pour son futur, dans le sillage d’autres médias locaux.
La création de ces collectifs s’inscrit également dans un agenda particulier à cette époque : la perspective des élections municipales et métropolitaines de 2020. Leur objectif est donc d’interpeller les autorités, précédentes comme actuelles, sur les nuisances de leur quartier à l’approche des élections. Leur mobilisation a d’ailleurs entraîné des premières mesures avant même les élections. L’ancienne municipalité de Gérard Collomb a par exemple instauré la fermeture au trafic automobile de la rue Édouard Herriot certains soirs de la semaine avant même les élections. Une mesure poursuivie et étendue par la suite dans l’hypercentre.
Ces collectifs, objets de critiques sur leur représentativité ou accointance politique, ont multiplié les interventions médiatiques. Constituant ainsi des points d’accroche et un visage pour les médias, locaux comme nationaux. Tout cela s’effectuant dans un contexte politique particulier avec l’arrivée des écologistes à la tête de deux exécutifs locaux importants, attirant encore davantage l’intérêt de médias nationaux. Récemment encore, le journal Le Monde, dans sa série « Fragments de France », consacré un épisode à Lyon. Le thème était celui de la Presqu’île et de ces nuisances sous l’angle de l’opposition entre deux mondes qui s’opposent et cohabitent dans la ville et sa métropole. Les intervenants principaux étaient les fondatrices du groupe «Presqu’île en colère» et « Guillotière en colère ».
Des candidats à la présidentielle s’expriment sur la Guillotière
Ce thème de l’insécurité, avec des problématiques bien réelles place Gabriel Péri, s’inscrit dans un contexte politique et électoral particulier. Depuis l’apparition de ces initiatives favorisant l’émergence de ces thèmes dans le débat, se sont succédé les élections municipales, métropolitaines puis régionales et se prépare désormais la campagne présidentielle. Ainsi, la présence régulière dans les médias de la Guillotière amène des candidats déclarés ou putatifs à l’élection présidentielle à évoquer le sujet.
Xavier Bertrand, candidat à la primaire de la droite, a notamment évoqué le sujet le 17 novembre dernier. Suite à l’annonce de la modification des horaires d’ouverture du Casino de place Gabriel Péri, il a évoqué un « couvre-feu imposé par les caïds » sur place.
Ce contexte politique, favorisé par le traitement médiatique abondant, s’invite en conseil municipal de Lyon. Lors de la dernière séance du 18 novembre, maire Grégory Doucet a réfuté le terme de «zone de non-droit» pour qualifier la Guillotière, avançant notamment comme argument la présence quotidienne de la police municipale sur la place Gabriel Péri et régulière de celle nationale. Il a poursuivi en estimant que ceux qui l’employaient ne faisaient ainsi que «relayer les thèses de l’extrême droite».
Il est sûrement heureux que les problématiques que rencontre une partie du quartier soient autant débattues. Le traitement médiatique et politique qui lui est réservé la plupart du temps n’est toutefois pas à même de permettre d’éclairer sur les réponses, souvent complexes, à apporter.
Depuis cette semaine, après une énième descente de police et une visite du trio préfet/procureur/maire sous l’œil des caméras, des CRS sont stationnés en permanence sur la place Gabriel Péri qui a été vidé du marché à la sauvette et de la plupart des vendeurs de cigarettes de contrebande. Mais beaucoup craignent le moment où les policiers partiront, leur présence n’étant pour l’heure prévue que pour un mois environ.
[Série 1/5] Comment se déplacer avec un chien à Lyon ? Peut-on se passer de voiture ? Pas évident d’autant que les chiens sont épisodiquement autorisés puis interdits dans les transports en commun de Lyon (TCL).
Aujourd’hui, Sky doit aller passer des examens médicaux. Sky n’est plus tout jeune, et il lui a fortement été recommandé de faire un bilan de santé. L’occasion pour lui d’expérimenter les transports en commun de Lyon, qui lui étaient refusés depuis janvier 2020.
Car Sky est un chien, plus précisément un border collie d’une dizaine d’années. Et le quotidien de Sky n’est pas toujours facile à Lyon.
Son maître, Martin, 28 ans, habite à Lyon depuis une petite dizaine d’années. Il ne compte plus les fois où il a pris les TCL avec Sky en fraude, quand il fallait l’emmener chez le vétérinaire notamment. Une fois, il se souvient que le métro a catégoriquement refusé de démarrer avec un chien à bord. Il a dû marcher une heure avec Sky, malade, pour se rendre chez le vétérinaire.
A Lyon, les chiens de taille moyenne (plus de 6 kg) ont été autorisés par intermittence à prendre les TCL. En janvier 2020, ils ont été de nouveau interdits. Dans ce contexte, la plupart des propriétaires de chien se sont reportés sur leur voiture. A l’heure où la diminution de la place de la voiture en ville est un des gros sujets du moment, comment s’en passer quand on a un chien ?
Sky attend le tramway pour aller chez le vétérinaire. Une expérimentation est encours jusqu’au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon
Comment se déplacer à Lyon avec un chien et sans voiture ?
Victor et Marie, la vingtaine, sont les maîtres d’un jeune berger de quelques mois nommé Occi, du nom de la région où ils l’ont récupéré. Un rêve de longue date, que le contexte du confinement leur a permis de réaliser.
Régulièrement, le jeune couple s’entraîne à la course à pieds, et Occi est bien entendu de la partie. Pour changer du parc de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon, ils aimeraient pouvoir aller courir de temps en temps avec leur chien au Grand parc de Miribel-Jonage. Mais voilà, jusqu’à il y a quelques mois, il était interdit de prendre un chien de plus de 6kg dans les TCL. Pour leurs déplacements quotidiens, Victor et Marie font tout à vélo, mais pour aller courir avec leur chien, ils ont dû se résigner à utiliser leur voiture. Celle-ci étant trop âgée et trop polluante pour être autorisée à circuler dans la ZFE, il a fallu investir dans une nouvelle auto.
« On pourrait aller jusqu’à Miribel à vélo, il y en a pour une heure, mais Occi est trop jeune pour suivre, détaille Victor en lançant la balle à son chien. Le soir, quand je rentre, je n’ai pas le motivation de prendre la voiture pour l’y emmener et d’affronter les bouchons. Dès qu’on peut, on fait tout pour sortir de Lyon pour aller le balader. »
Anaëlle, elle, n’a pas de voiture. A 25 ans, elle habite à Grenoble avec son chien Jumper, un jeune griffon ébouriffé de deux ans récupéré il y a quelques mois à la SPA. Elle revient régulièrement sur Lyon pour rendre visite à sa sœur. Au printemps 2020, habituée à prendre les transports en commun grenoblois avec son chien, et gratuitement, elle ne s’était pas attendue à ne pas pouvoir prendre les TCL avec lui. Venue en train, elle a finalement dû se résoudre à faire une heure de marche avec son chien depuis la gare de Lyon Part-Dieu pour aller jusqu’au domicile de sa sœur.
« A Grenoble, je prends régulièrement les transports en commun avec Jumper pour aller faire de la randonnée avec lui, raconte-t-elle. C’est gratuit pour les chiens. Je paie 1,60 euros l’aller pour moi et je peux aller randonner avec mon chien sans prendre la voiture. Je dois revenir à Lyon pour Noël, je vais encore devoir marcher une heure depuis la gare… »
Anaëlle a adopté son chien de Jumper à la SPA entre deux confinements.Photo : OM/Rue89Lyon
Les chiens autorisés dans les transports de Lyon jusque fin novembre
En janvier 2020, peu avant que les écologistes n’arrivent aux manettes de la Ville et de la Métropole de Lyon, les chiens ont été interdits de circuler sur le réseau TCL. Baptiste Jacquet, propriétaire d’un chien depuis 5 ans à Lyon, a décidé de saisir cette occasion pour sensibiliser les candidat·es à la question. Il a alors fondé le collectif Bien-être canin Lyon (Bicalyon) et fait la tournée des candidat·es en leur soumettant une convention « pour une meilleure place du chien dans la ville », comprenant notamment leur autorisation dans les TCL, des opérations de sensibilisation des maîtres et des habitant·es à la cohabitation avec des chiens et de meilleurs espaces canins.
« Grégory Doucet et Bruno Bernard ont signé tous les deux », se rappelle-t-il.
De fait, une expérimentation menée par le Sytral est en cours depuis le mois de juin et jusqu’au 30 novembre pour réautoriser les chiens à prendre les transports en commun de Lyon. Alors que celle-ci touche à sa fin, Pierre Athanaze, vice-président en charge de la protection animale à la Métropole de Lyon, dresse un premier bilan encourageant.
« C’est une réussite, se félicite-t-il. En six mois d’expérimentation, il n’y a pas eu un seul incident. Le fait que les chiens soient interdits sur le réseau posait plusieurs problèmes. On avait des maîtres qui devaient prendre leur voiture pour emmener leur chien chez le vétérinaire, ce qui est illogique. Mais aussi des personnes SDF qui étaient acceptées dans des centres d’hébergement autorisant les chiens, ce qui n’est déjà pas courant, ne pouvaient pas se déplacer avec leur chien pour y aller. »
Une communication discrète sur l’autorisation d’emmener son chien dans les transports de Lyon
Ni Anaëlle, ni Victor et Marie n’étaient au courant de cette expérimentation. Martin, lui, l’a découverte début novembre.
Il faut dire que l’introduction des chiens sur le réseau TCL s’est fait de manière très discrète. Pas d’affiches aux arrêts de métro ou de bus, pas de logos inscrits sur l’asphalte des arrêts de tram. Pourtant, cette expérimentation a débuté parallèlement à l’introduction, là aussi expérimentale, des vélos sur le réseau qui, elle, a été bien relayée.
Pour embarquer son chien à bord des TCL, il faut déjà se munir d’une laisse, d’une muselière et d’un ticket « Waf ». Ce dernier est loin d’être aussi simple à acheter et à utiliser qu’un ticket TCL standard. Inutile de chercher à l’acheter sur les bornes habituelles, par exemple. Il faut le faire en ligne ou se rendre dans l’une des agences TCL. Sur internet, une fois l’onglet correspondant identifié, plusieurs conditions sont à respecter : pour obtenir l’attestation canine (ou ticket « Waf ») autorisant le chien à prendre les TCL, il faut obligatoirement inscrire le nom de l’animal, son numéro d’identification et le nom de la personne qui l’accompagnera.
Impossible donc, pour un couple par exemple, que l’un emmène le chien chez le vétérinaire, et que l’autre le récupère ensuite. Impossible également de prendre les TCL avec un chien le matin, puis un autre l’après-midi sur le même ticket. Celui-ci est pourtant valable au minimum une journée, sur l’ensemble du réseau, pour la somme de 1 euro. Des attestations existent aussi pour une semaine (5 euros) et pour un mois (10 euros).
« Le Sytral ne voulait pas faire la promotion de cette expérimentation pour ne pas effrayer la clientèle, explique Baptiste Jacquet. Ils voulaient que nous nous en chargions. Keolis [en charge de l’exploitation des TCL, ndlr] nous a fourni des fascicules que nous avons distribué aux vétérinaires. »
« Les élus voient le chien comme une menace pour la nature, comme l’être humain »
Baptiste Jacquet ne compte pas s’arrêter aux TCL. S’il a fondé Bicalyon, c’est pour obliger les élus à se pencher sur la question de la place du chien dans la ville. Mais il pointe du doigt certaines réticences.
« A la Métropole de Lyon, ils traînent un peu des pieds, regrette-t-il. A la Ville de Lyon, ils refusent de nous rencontrer. Avec Bicalyon, mon but est d’arriver à ce que les élus nous présentent leur politique canine. Chez EELV, il y a beaucoup de naturalistes mais pas d’animalistes. Ils protègent d’abord les végétaux et voient le chien comme une menace pour la nature, comme l’être humain. »
De son côté, Pierre Athanaze affirme que la Métropole de Lyon est bien sur le coup :
« La mission sur la condition animale que la Métropole de Lyon a confié à Nathalie Dehan, conseillère métropolitaine, a pris fin. Le rapport est en cours. Je souhaite organiser des Assises de la condition animale qui puissent se dérouler en présentiel. Leur organisation a pris un peu de retard à cause du Covid-19 mais elles auront bien lieu, après la restitution du rapport. »
Une expérimentation est encours jusqu’au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon
Des habitants de la Croix-Rousse (Lyon 1er et 4ème) ont investi le 15 novembre dernier un nouveau bâtiment pour loger de jeunes migrants qui campaient Montée de la Grande Côte, depuis la fin de l’été.
En 2018, des habitants de la Croix-Rousse, 1er et 4e arrondissement de Lyon, avaient investi l’ancien collège Maurice-Scève pour y loger de jeunes migrants – majeurs et mineurs – sans solution d’hébergement. Le bâtiment a accueilli jusqu’à 300 personnes avant son évacuation et avant le relogement de la plupart de ses occupants.
Pendant la crise sanitaire, les jeunes migrants arrivés à Lyon avaient été systématiquement mis à l’abri, sans considération du fait qu’ils aient été majeurs ou mineurs. une « exception » liée au contexte socio-sanitaire. Mais depuis le mois de mai dernier, les jeunes évalués majeurs sont remis à la rue.
Cet été, un nouveau squat, baptisé le Chemineur, a dû être ouvert à la Croix-Rousse. Il accueille aujourd’hui une quarantaine d’adolescents et il affiche complet. Toutefois, de jeunes migrants continuent à arriver chaque jour à Lyon.
Alors que les températures froides deviennent difficilement supportables la nuit, des habitant.es des Pentes de la Croix-Rousse ont décidé d’investir un nouveau bâtiment du quartier.
https://www.chu-lyon.fr/Ce bâtiment de la place Chardonnet (Lyon 4e), propriété des HCL, accueille depuis désormais les jeunes migrants qui campaient Montée de la Grande Côte. DR
De squat en squat, le quotidien incertain des jeunes migrants à Lyon
Cette nuit, il a fait 5 degrés à Lyon. Et depuis la fin de l’été, une trentaine de jeunes migrants campent dans le jardin de la Montée de la Grande-Côte, à la Croix-Rousse (Lyon 1er). Plus haut dans le quartier, le Chemineur, un bâtiment vide voué à être détruit pour construire des logements sociaux, en accueille depuis fin juin une quarantaine. Ceux-là ont eu la chance d’être les premiers à y mettre les pieds. Les derniers arrivés, eux, doivent se contenter d’une tente et d’un duvet que leur remettent, la mort dans l’âme, les Lyonnais.es qui s’occupent bénévolement de ces jeunes depuis le début.
L’immense majorité de ces adolescents disent être mineurs et avoir entre 14 et 17 ans. Au terme de l’évaluation de leur âge qu’a fait l’association Forum Réfugiés, la Métropole de Lyon a pourtant conclu à leur majorité, et n’a donc aucune obligation légale de prendre en charge ces jeunes. Pour les services de l’État, ils ne sont pas majeurs non plus.
Pris dans cet interminable match de ping-pong, la plupart des jeunes migrants ont déjà fait un recours auprès du juge des enfants, ou sont en train de faire les démarches. Dans la majorité des cas, le juge reconnaîtra leur minorité d’ici quelques mois.
Contactée par Rue89Lyon, la Métropole de Lyon assure travailler à de nouvelles solutions pour ces jeunes bloqués dans un flou juridique, ni majeurs ni mineurs et donc qui ne dépendent ni des services de l’Etat ni de ceux de la protection de l’enfance :
« Nous avons déjà inventé des choses avec la création de La Station, qui peut accueillir 52 jeunes. Nous travaillons actuellement avec la préfecture pour ouvrir un nouveau site. Nous attendons une réponse de l’Etat. Nous ne nous renvoyons pas la balle, nous travaillons ensemble. »
En attendant, ces jeunes doivent se contenter d’un bout de trottoir ou d’un squat ouvert par des habitant.es solidaires.
C’est ce qu’il s’est passé à la fin du mois de juin, quand des Lyonnais.es ont décidé d’investir le Chemineur. L’idée était de loger plusieurs dizaines de jeunes migrants qui campaient depuis début mai dans un jardin public du 4e arrondissement de Lyon, sur le plateau de la Croix-Rousse. Les autres ont pu être accueillis dans un autre bâtiment, mis à disposition par la Ville de Lyon qui a quelque peu outrepassé ses compétences pour l’occasion.
« Une situation qui n’a plus rien d’exceptionnel » dans la métropole de Lyon
Cinq mois plus tard, retour à la case départ, avec en prime des températures de plus en plus basses la nuit. Des habitant·es des Pentes de la Croix-Rousse ont décidé d’ouvrir un nouveau squat pour donner aux jeunes migrants de la Montée de la Grande-Côte un abri un peu plus solide qu’une toile de tente. Ce nouveau bâtiment se situe place Chardonnet ; il est la propriété des Hospices civils de Lyon (HCL). Il a été investi dès ce lundi 15 novembre pour héberger les personnes à la rue. Ils et elles écrivent :
« Nous, habitants du quartier, sommes révoltés par cette situation qui n’a malheureusement plus rien d’exceptionnel. Le squat n’est pas une solution pour des mineurs isolés mais face à l’inaction des pouvoirs publics, c’est la moins mauvaise que nous ayons trouvée. »
Pour le moment, seuls quelques jeunes sont hébergés dans le bâtiment, sous la surveillance des habitant.es mobilisé.es. Le bâtiment pourrait accueillir jusqu’à 27 jeunes. Une capacité non négligeable, mais qui ne suffira pas à héberger cet hiver tous les jeunes qui campent sous des tentes Montée de la Grande Côte.
Ce samedi 20 novembre, les nouveaux occupants du bâtiment et leurs soutiens ont déployé sur la façade de l’immeuble une banderole colorée pour alerter sur le sort des jeunes migrants qui arrivent à Lyon. Devant, une dizaine d’entre eux ont pris la pose, emmitouflés dans des couvertures de survie.
Ce samedi 20 novembre marquait aussi le 32e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant. A cette occasion, le collectif Jamais sans toit organisait l’après-midi même une manifestation pour alerter sur la situation de familles à la rue, dont certaines sont actuellement hébergées dans l’école de leurs enfants. D’après les chiffres du collectif, 130 enfants étaient concernés à la date du 22 novembre.
Une situation, là aussi, qui n’a plus rien d’exceptionnel à l’approche de l’hiver dans la métropole de Lyon.
Les jeunes migrants du Chemineur, eux, ont obtenu un léger répit. Le tribunal a décidé de leur accorder un an avant la destruction du bâtiment. A ce moment-là, on ne sait pas encore ce qu’il adviendra de ces adolescents, ni des nombreux autres jeunes migrants qui auront eux aussi rejoint Lyon entre temps.
Rue89Lyon est partenaire de l’Ecole urbaine de Lyon qui, dans le cadre de sa série de conférences intitulée « les Mercredis de l’Anthropocène » (saison 6), programme tables rondes et conférences qu’il est aussi possible d’écouter en podcast.
Sensibiliser et informer sur les perturbations climatiques et leurs effets emprunte plusieurs régimes d’expression : partir de la recherche scientifique qui documente les bouleversements à l’œuvre, les diffuser ; enseigner pour engager les savoirs ; militer avec une diversité de tactiques. Il s’agit de « faire feu de tout bois » dans le but d’alerter sur la crise de l’habitabilité que nous vivons et de réorienter nos politiques et modes de vies, afin d’y faire face.
Le texte qui suit est signé par Margo, militante chez Youth For Climate Lyon, un mouvement international de jeunes personnes qui, depuis le 15 mars 2019, ont organisé de multiples mobilisations pour « la justice climatique et sociale, la protection de l’environnement et de la biodiversité ».
Notre vision de l’écologie radicale
Pour Youth for Climate, l’écologie est un projet de société. Ce projet ne peut être crédible que s’il s’attaque aux racines des désastres écologiques et de l’injustice sociale et propose une alternative viable au système actuel.
Nous sommes anticapitalistes et nous luttons contre les oppressions patriarcales et racistes. Nous ne croyons pas en la croissance verte ni aux progrès technologiques pour contrecarrer les destructions écologiques. Nous nous organisons en autogestion et de manière horizontale, nous refusons les hiérarchies et faisons confiance aux autres. Chacun.e a sa place, chacun.e apporte ses idées, chacun.e compte car nous avons besoin de tout le monde pour construire le monde de demain.
Nous ne considérons pas les autres êtres vivants seulement à travers le prisme utilitariste : la science nous a appris que les abeilles et les arbres nous sont indispensables par leurs fonctions dans les écosystèmes, mais nous les admirons aussi pour leur beauté, leur harmonie. En quelques siècles, l’humain est devenu insensible et a cru se soustraire aux réseaux qui nous unissent au reste de la biodiversité.
Nous souhaitons retisser les liens qui nous unissent avec le reste du Vivant : nous faisons partie des écosystèmes que nous avons bouleversé, et sommes déjà victimes des changements profonds que notre action a générés.
Photo par Vianney/YFC Lyon. DR
« Notre colère est immense, notre espoir l’est aussi »
Nous proposons une autre vision du monde, une autre manière d’être en relation avec les humain.es et les non humain.es. Face aux injustices nous sommes solidaires, face aux séparatismes, nous restons uni.es, face à la peur nous tentons d’être optimistes, face aux destructions nous légitimons la désobéissance, le sabotage et la résistance.
Les extrémistes, ce n’est pas nous : c’est celles et ceux qui croient encore dans le système capitaliste, c’est celles et ceux qui l’alimentent et le défendent : les multinationales, voilà qui sont les entités les plus dangereuses, avides et cruelles.
Notre écologie est radicale, notre écologie est politique, notre écologie est inclusive.
Nous construisons le monde de demain en nous inspirant des expériences passées, et nous nous construisons en tant que personnes, conscient.es de nos privilèges, de nos failles, en puisant dans toute la colère qui nous anime quand nous voyons le Vivant s’effondrer, l’Europe se barricader, les riches s’empiffrer, les personnes sexisées être systématiquement violentées.
Notre colère est immense, notre espoir l’est aussi. Notre force vient de l’action collective, des réseaux que nous créons entre militant·es et entre les luttes, grâce à la prise de conscience de notre puissance. Et c’est tous·tes ensemble que nous faisons, chaque jour un peu plus, trembler les bases du système qui nous écrase tous·tes.
– Chloé Maréchal-Chenevier : maîtresse de conférences à l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Lyon de l’Université Claude Bernard Lyon 1, elle est responsable d’un cycle grand public sur le climat dans le cadre de l’Université Ouverte de Lyon 1 depuis 2012. En 2020, son ouvrage Climats : Passé, présent, futur, co-signé avec Marie-Antoinette Mélières, est réédité aux Éditions Belin.
– Margo, militante chez Youth For Climate Lyon, mouvement international de jeunes gens qui, depuis le 15 mars 2019, se mobilisent pour la justice climatique et sociale, la protection de l’environnement et de la biodiversité.
Animation : Valérie Disdier, directrice adjointe de l’Ecole urbaine de Lyon, chargée de la programmation et de la diffusion.