Une partie des nouveaux habitants de l’habitat coopératif le Chabada, à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.
En septembre 2026, le Chabada, un nouvel habitat coopératif va ouvrir à Lyon 8ᵉ. Objectif : vieillir en collectif. Bien que toujours rares, ce type d’initiatives tend à se développer de plus en plus sur le territoire de la métropole. Récit d’une mise en place (un peu) moins compliquée qu’il y a dix ans.
Ils ont le sourire et ils peuvent l’avoir. Ce mardi soir de fin d’été, ils sont sept des neuf coopérateurs de “Chabada” à se retrouver dans le 8e arrondissement. En cette rentrée, la première pierre de leur futur habitat coopératif et collectif vient d’être posée, en présence d’élus de la Métropole et de la Ville de Lyon. Si tout va bien, dans un an, ils pourront vivre ensemble dans une bâtisse refaite, avec des appartements particuliers et de grands espaces communs.
Objectif : vivre ensemble, “vieux et mieux”, plutôt que tous seuls dans leurs appartements respectifs. Avec un espace vert et, potentiellement, un appartement pour accueillir leurs enfants. « À mon avis, ils doivent être rassurés de nous savoir entourés, plutôt que seul », sourit Roger Dumont.
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Pour « Bloquons tout », les forces de l’ordre ont fait l’usage de beaucoup de lacrymo à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.
Le 10 septembre, près de 1300 policiers ont été mobilisés pour encadrer le mouvement “Bloquons tout” à Lyon. Visiblement tendues, les forces de l’ordre ont agi vite et parfois (très) fort. Jusqu’à faire fermer un bar, dans les Pentes de la Croix-Rousse.
Charles Baysset n’en revient toujours pas. Le patron d’Auprès de mon arbre, bar bien connu des Pentes de la Croix-Rousse, a vécu une fin de soirée étrange mercredi 10 septembre au soir. Alors qu’il était derrière son comptoir, rue Burdeau (Lyon 1er), il a vu débarquer un groupe de policiers “en armure” dans son bar. “On était complet, mais c’était assez calme”, se rappelle-t-il. Une entrée « virulente » qui a scotché tout le monde.
“Ils étaient dans un état dément”, se rappelle-t-il. Selon lui, les mots du “commissaire” à la tête du groupe ont été clairs : “Soit vous me trouvez la personne qui vient de crier Acab [All cops are bastards, tous les policiers sont des batards, ndlr], soit je ferme l’établissement”.
Le patron reste sans voix. Derrière son comptoir, il a la tête dans ses verres et n’a pas entendu ce qui se passait dehors, mis à part une détonation. “C’est délirant”, grommelle un client qui était en terrasse. Lui, a bien entendu le “Acab” crié dehors. Mais il assure que Charles ne pouvait pas l’entendre.
Tant pis, la décision du commissaire est sans équivoque : tous les clients sont priés de quitter les lieux. Les policiers sont restés le temps nécessaire pour vérifier que le bistrot baissait bien rideau. “Je ne fais pas de politique, je fais du lien social !”, s’alarme le patron.
Dépité, il dit avoir perdu 300 euros de chiffres d’affaires. “Victime collatérale” d’un événement auquel il ne participait pas. Contactée au sujet de la fermeture, la préfecture du Rhône n’a pas répondu en détail à nos sollicitations mais a expliqué que ce genre de décisions sont généralement prise pour des raisons de « protection » de l’établissement.
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La mobilisation du 10 septembre à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon
Sébastien, musicien syndiqué à la CGT, a été interpellé le 9 septembre au soir et placé 48h en garde-à-vue en amont de la journée de mobilisation du 10 septembre à Lyon. Le motif et le timing de son interpellation interrogent.
« Ils tentent de museler le mouvement social ! ». Devant le tribunal judiciaire de Lyon, jeudi 11 septembre en début d’après midi, un militant cégétiste s’indigne. Avec une centaine de personnes, il est venu à un rassemblement de soutien pour deux syndicalistes en garde-à-vue, censés passer devant le tribunal dans l’après-midi. L’un est membre de la CGT Spectacle et l’autre d’ASSO-Solidaires
Tartes, café, drapeaux et chasubles syndicaux… tous les sympathisant·es sont bien décidé·es à ne pas partir sans avoir eu de nouvelles de leurs camarades. Sauf que, les informations sont floues et arrivent au compte-goutte.
Un message du syndicaliste d’ASSO-Solidaires finit par arriver sur le téléphone d’une sympathisante. Interpellé la veille au matin, alors qu’il se rendait à un point de rassemblement avec son drapeau syndical, il est ressorti libre et sans poursuites, après une nuit en garde-à-vue au commissariat Bataille (Lyon 8e).
Un syndicaliste accusé d’un dépôt de bouteille… qu’il n’a pas déposée
Son voisin de cellule, Sébastien, syndicaliste à la CGT Spectacle et militant actif de gauche à Lyon, n’a pas eu la même chance. Interpellé et perquisitionné mardi 9 septembre au soir à son domicile, il a passé 48 heures en garde-à vue. Celle-ci a commencé avant même le début du mouvement « Bloquons tout ». Son syndicat a dénoncé une procédure dont « le seul motif était de l’empêcher de participer aux mobilisations du 10 et d’intimider les militant·es et les organisations syndicales ».
Accusé « d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit », il ressort finalement libre du tribunal en fin de journée. Seul chef d’accusation retenu à son encontre : son refus de communiquer le mot de passe de son ordinateur. Après une nuit de sommeil, il n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’il vient de passer.
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À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Camille, 29 ans, témoigne avoir subi plusieurs coups de matraque lors des blocages organisés le 10 septembre, à Lyon.Photo : JR/Rue89Lyon
À 29 ans, Camille, manifestante, témoigne avoir été victime de violences policières lors d’un blocage organisé le 10 septembre, autour de la place des Archives (Lyon 2e). Bilan de plusieurs coups de matraque : un coude cassé, un crâne ouvert et au moins un mois d’arrêt de travail.
Il est 6 h 35, mercredi 10 septembre, lorsque Camille (prénom modifié) dépose son vélo place Carnot (Lyon 2e). Là-bas, elle retrouve son amie Marie (prénom modifié). Ensemble, comme de nombreux Lyonnais·es en cette journée de mobilisation, les deux jeunes femmes se rendent place des Archives (Lyon 2e) pour participer au blocage qui a débuté quelques minutes plus tôt, dans le cadre du mouvement « Bloquons tout ».
Le lendemain, assise à la terrasse d’un café, encore confuse et sous le choc des coups de matraque dont elle dit avoir été victime, elle retrace le fil des événements de la veille.
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Les rues autour de la place Guichard et près de la Guillotière sont noyés sous les gazs lacrymogènes pour disperser les manifestant·es.Photo : PL/Rue89Lyon
La journée de mobilisation du 10 septembre, aux multiples revendications, a mis Lyon en effervescence. Rue89Lyon vous propose de revivre cette journée de mobilisation avant, potentiellement, de prochains événements. Si vous apprenez quelque chose, n’hésitez pas à nous alerter !
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10 septembre, 19 h 07 min
Des rassemblements en cours dans Lyon, avant une suite demain ?
Il peut être étonnant de faire un tour de vélo dans Lyon, un soir de 10 septembre comme celui-ci.
Vers 17 h 30, il restait toujours au moins une centaine de manifestants sur la place Guichard (Lyon 3e), pour danser au son d’un sound system laissé là. Puis, en remontant vers l’Hôtel de Ville, nous avons pu constater la présence d’importants dispositifs de forces de l’ordre à Cordeliers et place de la Comédie (Lyon 1er).
Vers 18 h 15, un tir de lacrymo est arrivé au centre de la place, devant l’Hôtel de Ville, sous le nez de manifestants et de curieux, arrêtés là. À côté, certains militants ont entonné le fameux slogan Siamo tutti antifascisti quand d’autres ont commencé à exprimer leur animosité vis-à-vis de membres des forces de l’ordre, toujours en place. Depuis, la situation semble assez crispée à côté de l’opéra. Il est possible qu’une manifestation sauvage ait lieu dans les Pentes, à l’image de ce qui a pu se passer lundi soir.
« Tout le monde à la Guillotière ! » Une sorte de cri de ralliement s’est aussi fait entendre. Une nouvelle assemblée générale devrait avoir lieu ce soir pour connaître la suite du mouvement. On vous tiendra au courant quand on sera plus.
Sauf événement exceptionnel, nous arrêtons ici ce direct. Nous vous souhaitons une bonne soirée en vous disant à très vite.
Sur les coups de 18h, un tir de lacrymo a vidé la place de la Comédie de ses occupants, manifestants et autres. Difficile de savoir la raison exacte de ce tir.Photo : PL/Rue89Lyon.
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10 septembre, 17 h 34 min
1300 policiers et gendarmes mobilisés sur la journée
On en a vu toute la journée et de partout. S’il y aura sûrement, comme toujours, des débats sur le nombre de manifestants à Lyon, il n’y en aura moins sur les effectifs des forces de l’ordre déployés. 1300 policiers et gendarmes ont visiblement été mobilisés sur Lyon (avec des roulements).
Dans la cohue, certains ont tiré, notamment sur le Cours Lafayette, des lacrymos sans sommation. Des choses observées à plusieurs reprises par des manifestants, des confrères et nous-mêmes.
En attendant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, on entend toujours un peu de « boum-boum » du côté de la place Guichard, mais la plupart des manifestants semblent s’être dispersés. Un rendez-vous est prévu ce soir, côté Guillotière.
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10 septembre, 16 h 19 min
Quelques slogans et pancartes aperçus lors du rassemblement place Guichard.
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10 septembre, 16 h 09 min
Des cortèges dispersés
Selon la préfecture du Rhône, trois groupes de manifestant·es seraient en train de circuler dans Lyon dans le secteur de la Part-Dieu, de la Presqu’île et du Vieux-Lyon. Les services de l’État disent avoir procédé à 13 interpellations dans la journée.
Deux points de rendez-vous ont été donnés ce soir pour les personnes mobilisées : à 19 h, sur la place du marché alimentaire des États-Unis (Lyon 8e) pour un rassemblement et à 20h sur les quais du Rhône au niveau de Guillotière, pour une assemblée générale.
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10 septembre, 15 h 32 min
La place Guichard sous les gaz
Dans la brasserie de la Bourse du travail, on regarde la place Guichard plongée dans les lacrymos.Photo : PL/Rue89Lyon
Dans la Brasserie de la Bourse du travail, salariés et clients n’en reviennent toujours pas du gazage de la place. « Ils ont poivré à mort », glisse un serveur qui s’est retranché à l’intérieur.
À côté, deux dames regardent la scène avec désarroi. « Quand on manifestait nous, il y avait des résultats, alors qu’aujourd’hui… », souffle l’une d’elle. Elles disent « comprendre les jeunes » qui manifestent. « Il faut bien qu’ils se trouvent une place », commentent-elles.
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10 septembre, 15 h 27 min
Rassemblement devant le commissariat Bataille (Lyon 8e)
Alors que la préfecture annonce avoir interpellé dix personnes à Lyon durant la journée, la caisse de Solidarité organise un rassemblement à 17h devant le commissariat Bataille, dans le 8e arrondissement. Plusieurs des interpellé·es y seraient détenus.
Le syndicat des musicien·nes CGT du Rhône a aussi dénoncé l’arrestation d’un de leur syndiqué, mardi 9 septembre, qui serait également encore détenu dans le commissariat. « Il a été interpellé devant chez lui, hier en début de soirée. On lui reproche sa participation active aux Assemblées générales de préparation du 10 septembre, sachant que c’est un camarade présent depuis longtemps dans le milieu militant lyonnais », détaille un membre de la CGT Spectacle 69 joint par Rue89Lyon.
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10 septembre, 15 h 08 min
La place Guichard vidée par les lacrymos
La place Guichard, épicentre de la mobilisation du 10 septembre à Lyon, sous les gaz lacrymogènes.Photo : PL/Rue89Lyon La place Guichard, vidée de manifestant·es.Photo : PL/Rue89Lyon
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) avait annoncé 80 000 policiers mobilisés sur l’ensemble de la France. À Lyon, cette très forte présence des forces de l’ordre se fait bien ressentir. Après une répression systématique des cortèges sauvages qui ont tenté de se constituer autour de la place Guichard, c’est la place elle-même qui s’est vidée suite à une charge de CRS et des gaz lacrymogène, selon nos journalistes sur place.
Selon la préfecture, ce n’est pas la place en elle-même qui était visée mais « les rues adjacentes et à proximité au regard des jets de projectiles envers les forces de l’ordre ».
Les manifestant·es se dispersent à présent en cortèges dans les rues adjacentes, certains montent des barricades de fortune, comme devant la rue Dunoir.
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10 septembre, 14 h 58 min
Matraquage d’un cortège sauvage cours de la Liberté
Alors qu’une manifestation sauvage progressait cours de la Liberté, en direction de la Guillotière, les manifestant·es ont été chargés par un cordon de CRS. En plus de gazs lacrymogènes, nous avons pu assister au matraquage de plusieurs manifestant·es de dos, en train de s’enfuir rue Chaponnay ou plus loin sur le cours de la Liberté.
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10 septembre, 14 h 45 min
Un échauffement avant la journée de grève du 18 septembre ?
Sébastien Douillé, secrétaire de la CGT des agents de la ville de Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon
Sous le porche la Bourse du travail, place Guichard, ils sont cinq six cégétistes à regarder le rassemblement. Parmi eux, Sébastien Douillé, secrétaire de la CGT des agents de la ville de Lyon. « Ça fait des années que les territoriaux subissent les baisses de l’État, lâche-t-il. Il n’y a plus de remplacements nulle part, c’est un vrai bordel. »
Pour lui, cette journée sonne comme un échauffement avant le 18 septembre, journée d’appel à la grève nationale par les syndicats. « On a déposé un préavis de grève allant du 10 au 30, on espère que ça va suivre », ajoute-t-il. Il se satisfait de la forte mobilisation dans les crèches de la ville, « alors que ce n’est vraiment pas facile pour les agentes de se mobiliser. Ça montre qu’il y a un ras-le-bol »
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10 septembre, 14 h 15 min
Au moins 8000 manifestants à Lyon
Le décompte n’est pas aisé, entre le rassemblement place Guichard et les différents cortèges qui se sont composés dans les rues alentours. La préfecture du Rhône estime le nombre de manifestant·es à 8000. Une forte mobilisation, qui n’atteint cependant pas le niveau de la réforme des retraites de 2023 ou les manifestations anti-RN de juin 2024.
La plupart des cortèges partis en manifestation sauvage ont fini par revenir place Guichard, vu la manifeste impossibilité de sortir du quartier, complètement bouclé par les forces de l’ordre. La préfecture évoque une situation « globalement sous contrôle ». Un cortège persiste du côté de la place Aristide Briand (Lyon 7e).
Les manifestant·es de nouveau réunis place Guichard (Lyon 7e) après avoir tenté de partir en manifestation sauvage.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
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10 septembre, 14 h 12 min
« Ils font des élections, mais ne respectent même pas ce qu’on vote »
Clémentine est toujours en colère après les législatives 2024, qui avaient vu le Nouveau Front Populaire devenir le bloc majoritaire.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
Clémentine, 30 ans, conseillère en insertion professionnelle, a fini par retourner place Guichard après avoir tenté de déambuler avec un cortège. Elle danse avec son amie, bière à la main, dans une ambiance plus douce que dans les rues adjacentes. Elle profite du rassemblement pour cracher sa colère.
« Ça fait des mois que les gouvernements et le système politique n’en ont rien à foutre de l’opinion publique. Ils font des élections, mais ils ne respectent même pas ce qu’on vote », s’indigne-t-elle, en référence aux résultats des élections législatives 2024, où le bloc de gauche est arrivé en tête.
« Pire, ils font porter leur mauvaise gestion et leurs erreurs sur nous et pas sur eux-mêmes ou leurs copains », renchérit-elle. Avec son travail, la conseillère voit aussi les difficultés que peuvent rencontrer les plus pauvres, et est venue manifester pour les défendre.
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10 septembre, 13 h 50 min
Des cortèges qui tournent en rond
Les rues autour de la place Guichard et près de la Guillotière sont noyés sous les gazs lacrymogènes pour disperser les manifestant·es.Photo : PL/Rue89Lyon
Des cortèges tous azimuts et des gazs lacrymogènes dans tous les sens. La police tente de disperser les différents cortèges qui se sont formés dans la partie ouest du 3e arrondissement. Elle a gazé des manifestant·es près du cours Lafayette, mais aussi près de la Guillotière, sur le cours de le Liberté et dans la rue Dunoir. « Ça n’arrête pas de gazer. Honnêtement, je n’arrive pas à voir pourquoi », témoigne l’un de nos journalistes sur le terrain. Les manifestants sont piégés entre les ponts du Rhône bloqués, la Part-Dieu et le périmètre d’interdiction de manifester près de la préfecture.
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10 septembre, 13 h 42 min
« On n’a pas assez d’argent pour vivre décemment, mais trop pour avoir des aides »
Giulia espère faire changer les choses en se mobilisant, pour l’avenir de son fils de un an.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
Giulia, a 32 ans et est enseignante en REP+ en école primaire. Elle est venue avec son compagnon et a fait garder son fils de un an pour pouvoir venir manifester. « Je suis activiste et je suis habituée à râler, mais là, je ne sais plus quoi faire, lance-t-elle, désabusée. Je ne savais même plus quoi mettre sur ma pancarte.»
Elle se dit membre d’une « classe sociale oubliée », qui « n’a assez d’argent pour vivre décemment, mais trop pour avoir des aides ». L’enseignante pointe du doigt la crise du logement à Lyon, et l’impossibilité pour elle et son compagnon d’acheter un appartement pour leur famille.
« Si on est là, c’est aussi à cause de nos parents, peste-t-elle. Ceux qui sont nés dans les années 60, qui ne se sont jamais battus. Je ne veux pas que mon fils vive pire que ça. Je me bats pour lui »
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10 septembre, 13 h 28 min
Une manifestation en direction des quais du Rhône
Le rassemblement se transforme en manifestation. La place déborde tant que les manifestant·es partent en cortège dans plusieurs directions, par la rue de la Part-Dieu (dont une partie est interdite à la manifestation) et par la rue Chaponnay, en direction des quais du Rhône. La circulation sur le cours de la Liberté est coupée. « Macron démission », scandent les manifestant·es, tandis que quelques commerçants rangent précipitamment leurs terrasses.
« Pourquoi ils ne montrent que les images de violences aux infos ? Pourquoi ils ne montrent pas ça ? », s’indigne une jeune quinqua dans le cortège. Le cortège rue Part-Dieu avance au son d’un sound-system et d’une fanfare. Le cortège tourne à gauche, rue André Philip. Les ponts sur le Rhône sont bloqués par les forces de l’ordre.
Le cortège parti rue Chaponnay.Photo : Rue89Lyon Le cortège parti rue de la Part-Dieu.Photo : PL/Rue89Lyon
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10 septembre, 13 h 01 min
Plus de 2000 personnes place Guichard
La place Guichard s’est vite remplie pour le rassemblement prévu à 12h, à l’occasion de la journée de mobilisation « Bloquons tout ».Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
Peu après midi, la place Guichard déborde déjà. Environ 2000 personnes s’y sont réunies, selon les chiffres de la préfecture du Rhône, et d’autres affluent encore. Si seul un rassemblement a été déposé en préfecture, celui-ci pourrait se muer en manifestation. Quelques rues proches de la préfecture, à quelques centaines de mètres de la place, font cependant l’objet d’un périmètre d’interdiction de manifester.
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10 septembre, 12 h 56 min
En attendant le début de la manifestation, quelques photos des barrages installés ce matin, tôt, près de Perrache. Merci au lecteur qui nous les a envoyées !
Dès le petit matin, les manifestants ont bloqué les axes routiers autour de Perrache.Photo : Pike/Rue89Lyon Un peu plus d’une centaine de personnes se sont réunies vers Perrache (Lyon 2e), le 10 septembre au matin.Photo : Pike/Rue89Lyon Rapidement, les forces de l’ordre ont délogé les manifestants qui avaient établi des barrages.Photo : Pike/Rue89Lyon La circulation a pu reprendre environ une heure après le début des blocages et quelques feux de poubelle ont subsisté.Photo : Pike/Rue89Lyon
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10 septembre, 11 h 52 min
La place Guichard commence à se remplir
Les manifestant·es commencent à affluer place Guichard.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
Venus des différents points de blocages et piquets de grève, les manifestant·es commencent à converger vers la place Guichard, rejoint par d’autres personnes venues uniquement pour la manifestation prévue à 12h. Pour l’heure, environ 300 à 400 personnes sont présentes, une quinzaine de minutes avant l’heure de rendez-vous. Le rassemblement a été déposé en préfecture par l’union locale de la CGT.
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10 septembre, 11 h 45 min
« À chaque fois, on se dit que ça ne peut pas être pire et Macron nous prouve le contraire »
Avec sa pancarte satirique et son gilet jaune, Ben tenait à participer à cette journée de mobilisation.Photo : Pierre Lemerle/Rue89Lyon
Ben 25 ans, venu du nord du Rhône, ne voulait absolument pas manquer cette journée de mobilisation massive du 10 septembre. « Des opportunités comme ça, ce n’est pas le genre de choses qui arrivent souvent », lâche le jeune homme, présent à la kermesse organisée à Charpennes (Villeurbanne).
Il peste contre le choix de nommer un ancien ministre des Armées, Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, comme Premier ministre. « À chaque fois, on se dit que ça ne peut pas être pire et à chaque fois, Macron nous prouve le contraire. »
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10 septembre, 11 h 28 min
Une « kermesse militante » à Charpennes
À la kermesse militante de Charpennes, des initiatives diverses ont fleuri, dont la distribution de livres gratuits.Photo : Pierre Lemerle/Rue89Lyon Les manifestant·es mobilisé·es à la kermesse de Charpennes comptent rejoindre la manifestation prévue à 12h.Photo : Pierre Lemerle/Rue89Lyon
À Charpennes, autour de 250 personnes se sont réunies pour une « kermesse ». Dans la foule, on se demande si on va pouvoir aller place Guichard, lieu de la manifestation prévue à midi, du fait du dispositif de sécurité mis en place par la préfecture.
Plusieurs dizaines de camions de police et de gendarmerie sont en effet positionnés dans le secteur de la préfecture, notamment sur les quais du Rhône et le pont de la Guillotière.
Des camions de police sur les quais du Rhône, mercredi 10 septembre.Photo : Pierre Lemerle/Rue89Lyon
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10 septembre, 11 h 16 min
Comme un air de Gilets jaune…
Sylvie Lefevre a remis son Gilet jaune pour rejoindre la mobilisation du 10 septembre.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
Si la mobilisation du 10 septembre a peu à voir avec les Gilets jaunes, dans sa composition et son inclinaison claire à gauche, ces derniers font tout de même partie des rangs. Sylvie Lefevre, 62 ans, s’est rendue au rond-point de la Feyssine ce matin, avant de rejoindre le piquet de grève de l’hôpital Édouard-Herriot.
En invalidité handicapée, elle a voulu soutenir les travailleurs face au retrait des deux jours feriés voulu par l’ex-Premier ministre François Bayrou. « J’ai ressorti mon gilet jaune il y a quelques mois et je suis là parce que je suis solidaire avec les autres, déroule-t-elle. J’aurais pu rester chez moi, mais ce n’est pas ma nature. Si personne ne se bat, on n’avancera jamais. »
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10 septembre, 11 h 09 min
Opération « parking gratuit » et piquet de grève à l’hôpital Édouard-Herriot
Raja Hachemi, aide-soignante à l’hôpital Edouard-Herriot et secrétaire de la CGT, est mobilisée pour le mouvement « Bloquons tout ».Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon Le piquet de grève devant l’hôpital Edouard-Herriot.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
Barrières levées, banderoles et café. Un piquet de grève s’est installé devant l’hôpital Édouard-Herriot (Lyon 3e) ce matin, vite rejoint par des sympathisants. Les mobilisé·es ont mis en place une opération « parking gratuit » pour les patient·es de l’hôpital.
« Nous avons rejoint la mobilisation du 10 septembre, car lorsqu’on voyait les revendications du mouvement, on s’est dit que ce n’était pas normal de ne pas s’y associer », résume Raja Hachemi secrétaire de la CGT Edouard-Herriot. La syndicaliste est aide-soignante depuis 2002 à Lyon.
« Il nous faut plus de personnel et plus de moyens pour la santé, plaide-t-elle. Sinon, les patients vont aller vers le privé et on va se retrouver avec une santé à deux vitesses : les riches se soigneront et pas les pauvres. » Elle alerte aussi sur les conséquences de ces manques de moyen sur le personnel de l’hôpital, qui n’est « plus en sécurité ».
Jeudi 11 septembre, un rassemblement est organisé devant l’Agence régionale de santé à Lyon, à l’initiative des syndicats de la santé. Ceux-ci ont aussi appeler à la grève le 18 septembre.
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10 septembre, 10 h 32 min
Drones et périmètre d’interdiction de manifester à Lyon
Cela devient presque habituel lors des journées de forte mobilisation à Lyon : la préfecture du Rhône va déployer des drones pour surveiller les manifestant·es. De premiers arrêtés pris en ce sens, le 5 septembre, avaient été attaqués au tribunal administratif de Lyon par le Syndicat des avocats de France et des associations de défense des libertés, ce qui avait amené à leur retrait.
Mais de nouveaux arrêtés ont été publiés mardi 9 septembre, en limitant leur usage dans le temps, et l’utilisation de drones sera donc bien possible pour la préfecture ce mercredi.
Dans un autre arrêté publié le mardi 9 septembre, les services de l’État ont également défini un périmètre d’interdiction de manifester autour de la préfecture de 10h à 00h, dans les rues suivantes : rue Rabelais, quai Victor-Augagneur, rue de la Part-Dieu et avenue Maréchal de Saxe. De quoi empêcher la manifestation prévue place Guichard de s’approcher de la préfecture. Les manifestant·es arrêté·es dans ces secteurs risquent une amende.
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10 septembre, 10 h 02 min
« Réponse systématique et ferme » de la préfecture du Rhône
Peu avant 10 heures, la préfecture du Rhône annonce avoir dispersé l’ensemble des groupes et des blocages de l’agglomération lyonnaise sur la voie publique. « La réponse systématique et ferme des forces de l’ordre a permis d’empêcher les blocages », se félicitent les services de l’État, usant d’un vocabulaire presque martial en annonçant avoir « repris » les barrages un à un au cours de la matinée. La préfecture du Rhône annonce avoir interpellé cinq personnes.
Si les mobilisations du matin n’ont pas réuni énormément de manifestants (quelques centaines sur chaque point de blocage tout au plus), la journée n’est pour autant pas terminée. Une manifestation est attendue à 12h, place Guichard (Lyon 3e), et pourrait réunir bien plus de personnes.
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10 septembre, 9 h 57 min
« Essayer de faire quelque chose de démocratique et d’humain »
Clara, étudiante en master de sciences sociales et politiques, a anticipé et avait rejoint le blocage de la Feyssine en trottinette. Le tram T1 ne circulait pas jusqu’à son terminus. « On bloque tout », souhaite celle qui s’est mobilisée surtout pour la Palestine. Elle exprime un ras-le-bol face à la situation démocratique française et les drames internationaux.
« On arrête, on se pose, on discute et on essaye de faire quelque chose de démocratique et d’humain », espère-t-elle.
Clara a tenu à se mobiliser sur le rond-point de la Feyssine, le 10 septembre.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
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10 septembre, 9 h 23 min
« Une démocratie représentative qui ne représente plus personne »
Aussi croisé sur le blocage du rond-point de la Feyssine, Jérôme (prénom modifié), 37 ans et travailleur de l’art, veut une refonte de la démocratie française.
« On est là pour répondre à une colère face à l’invisibilisation des revendications populaires », assène-t-il. Il donne pour exemple la mobilisation massive contre la réforme des retraites, qui n’avait pas fait reculer le gouvernement, et les cahiers de doléances des Gilets Jaunes, restés lettre morte.
« Il y a un vrai déni de démocratie, estime-t-il. Notre démocratie représentative ne représente plus personne ». Il appelle les Français à rejoindre le mouvement « Bloquons tout », « pour qu’on décide ici et plus ailleurs ».
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10 septembre, 9 h 18 min
« Les gouvernements se foutent de notre gueule »
Mobilisé·es tôt ce matin sur le rond-point de la Fessyne, Di et Louise (prénoms modifiés) n’ont pourtant pas l’habitude des manifestations. « Je suis content·e d’être là, il y a une vraie énergie militante », explique Di, tout en suivant le cortège, avant de renchérir : “Il y a tout qui se casse la gueule et les gouvernements se foutent de notre gueule. On est plus en démocratie ».
À côté, Louise énumère les raisons de sa colère, multiples, et en particulier centrés sur le manque de moyens pour les universités. « Il y a des filières qui ferment, déplore-t-elle. À Lyon 1, ils ont choisi d’augmenter les frais d’inscription pour tous mais encore plus pour les étudiants internationaux ». Elle s’indigne aussi du manque d’action de l’Etat français face « au génocide en Palestine ».
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10 septembre, 9 h 09 min
De petits groupes dispersés un peu partout dans la ville
Si chaque rassemblement n’est pas massif, les mobilisé·es du 10 septembre semble avoir choisi une stratégie de multiplication des points de mobilisation. En plus des blocages près de Perrache et du rond-point de la Feyssine, rapidement délogés par la police, de petits groupes se sont mobilisés dans la ville.
Une petite centaine de personnes ont par exemple descendu le cours de la Liberté, avant de rejoindre la place Gabriel Péri, puis la station de métro Garibaldi, poursuivis par les forces de l’ordre et les gazs lacrymogènes. Ils pourraient se diriger vers la Part-Dieu car plusieurs appels à perturber les activités du centre-commercial ont circulé sur les boucles Telegram dédiés à la préparation du 10 septembre.
De son côté, la préfecture de police annonce des dégâts « limités » en centre-ville, avec surtout « des tentatives de barricade, des poubelles brûlées, et recherche de projectiles pour viser les forces de l’ordre ».
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10 septembre, 9 h 01 min
Le rond-point de la Feyssine bloqué, les manifestants délogés
Réunis dès 7h30 ce matin, une centaine de manifestants ont installé un barrage filtrant sur le périphérique au niveau du rond-point de la Feyssine. « Je suis arrivée dès 7h et j’étais plutôt étonnée de voir que les gens qui circulaient nous soutenaient », se félicite une syndiquée, qui veut rester anonyme. D’anciens Gilets jaunes mobilisés avaient commencé à installer un barbecue sur le rond-point.
Mais les manifestants ont vite été délogés par les forces de l’ordre, qui ont annoncé avoir « repris » le rond-point de la Feyssine dès 8h30, à coup de gaz lacrymogène. « En l’espace de 30 secondes, on est passé de la première à la troisième sommation, on a pas eu le temps de faire quoi que ce soit », se plaint la syndiquée auprès de Rue89Lyon.
Dispersés, les manifestants se sont reformés en cortège. Ils avancent à présent sur l’avenue Albert Einstein qu’ils bloquent par l’installation de barricades lors de leur progression.
Les manifestants délogés du rond-point de la Feyssine par les forces de l’ordre.Photo : Juliette Rigaud/Rue89Lyon
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10 septembre, 8 h 50 min
Des lycées bloqués, les universités ferment préventivement
Une trentaine de lycéen·nes de l’établissement Charles Mérieux (Lyon 7e) ont bloqué l’accès au lycée tôt ce matin. Leurs principales revendications sont « la fin des inégalités engendrées par Parcoursup », « un meilleur investissement dans l’Education Nationale » et « la réhabilitation du pass culture ».
Le lycée Saint-Just (Lyon 5e) est également bloqué, comme régulièrement lors des mobilisations de professeurs ou la réforme des retraites de 2023.
Du côté des universités, Lyon 2 et Lyon 3 avaient déjà annoncé préventivement fermer leurs portes ce 10 septembre pour couper l’herbe sous le pied aux potentiels blocus et mobilisations étudiantes. Quelques dizaines d’étudiant·es se sont malgré tout réuni·es quai Claude Bernard ce matin, et avaient bloqué temporairement la circulation, avant d’être délogés par la police un peu avant 9h.
Le lycée Charles Mérieux bloqué lors de la journée de mobilisation du 10 septembre à Lyon. DR
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10 septembre, 7 h 49 min
Le récap’ des mobilisations du 10 septembre à Lyon
De nombreux points de rassemblement sont prévus à Lyon et dans l’agglomération aujourd’hui, Rue89Lyon en a fait un récapitulatif pour vous y retrouver.
La mobilisation a débuté dès 6h30, avec un point de rendez-vous donné place des Archives, près de Perrache (Lyon 2e). Environ 200 à 300 personnes s’y sont retrouvées, selon la préfecture. Malgré des tentatives pour les disperser, par l’usage de gaz lacrymogènes, deux groupes se sont formés pour bloquer le pont Gallieni ainsi que la M7 à hauteur de Perrache. La circulation est compliquée dans le secteur.
Au tribunal de Lyon, rue Servient, le droit du travail ne parvient pas à trouver sa place.Photo : PL/Rue89Lyon
Ce mercredi 9 septembre, un policier, accusé de violences policières par un jeune Vaudais en 2020, était jugé à Lyon. Derrière son procès, c’est la cellule de déontologie de la police (une IGPN locale) qui est en cause. Celle-ci avait conclu à la non-culpabilité du fonctionnaire, après une enquête dont l’impartialité interroge.
Comme souvent dans les affaires de violences policières, deux récits se sont affrontés au tribunal de Lyon, ce mercredi 9 septembre. Face à la juge, deux visages, stressés et baissés, voisins de seulement quelques pas dans la sixième chambre. D’un côté, Abelkader B., 19 ans aujourd’hui, accusant son voisin, le gardien de la paix, Denis B.
Le premier, un ado, âgé de 14 ans au moment des faits, reproche au deuxième, un grand gaillard à la carrure de mastodonte, de lui avoir brisé la mâchoire avec une gazeuse. Le policier, lui, assure que le jeune homme se serait cassé les dents seul, en tombant à terre, après avoir “caillassé” ses collègues.
Des éléments auraient pourtant pu être apportés par une enquête pour comprendre le déroulé des faits, et sortir de la parole contre parole. Mais l’investigation demandée à la cellule déontologie, sorte de “police des polices” locale, n’a, semble-t-il, pas été menée jusqu’au bout.
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Le pot de départ de Bayrou a réuni plusieurs centaines de participants, place des Terreaux (Lyon 1e).Photo : JR/Rue89Lyon
De nombreux rassemblements sont prévus le 10 septembre, un peu partout à Lyon. Pour vous y retrouver, Rue89Lyon vous en fait un récapitulatif (non exhaustif).
« C’est un entraînement pour le 10 ! ». Voici des paroles scandées lundi 8 septembre, en début de soirée, place des Terreaux (Lyon 1e). Environ 300 personnes se sont réunies pour le pot de départ de François Bayrou, Premier ministre contraint à la démission après avoir échoué au vote de confiance auprès de l’Assemblée.
Alors à quoi les Lyonnais·es doivent-ils s’attendre, avec le mouvement « Bloquons tout », mercredi 10 septembre ?
À Lyon, les rassemblements essaiment dans le centre-ville et en périphérie
Sur le site Internet du mouvement « Indignons nous, bloquons tout ! », une carte recense les différents points de rassemblement dans tout le pays. Dans la capitale des Gaules, le coup d’envoi sera lancé place des Archives, à 6h30 (Lyon 2e). Trente minutes plus tard, au nord-est de Lyon, le rassemblement pourrait prendre des allures des Gilets Jaunes avec une mobilisation prévue sur le rond-point de la Feyssine.
Plusieurs piquets de grève sont également attendus autour de sites industriels au sud de l’agglomération : à la raffinerie de Feyzin, dès 9h, et à l’usine Arkema (Pierre-Bénite), à 10h. À Villeurbanne, ce sont des rassemblements plus originaux qui se dérouleront. Un « rendez-vous vélo » aura lieu à 10h, rue Terracher, et une « kermesse militante » est prévue dès 11h, place Charpennes.
Si la matinée s’annonce plutôt chargée dans le centre-ville de Lyon, les mobilisations se poursuivront toute la journée. À midi, une manifestation débutera place Guichard (Lyon 3e). Et si « Bloquons tout » reste « un mouvement citoyen qui ne représente aucune organisation », l’union locale de la CGT des 3e et 6e arrondissement de Lyon, appelle à « un rassemblement », même lieu, même heure. L’occasion pour elle de rappeler que « le 10 septembre n’est qu’un début ! ».
Dans la soirée, se poursuivra également un rassemblement « festif » à partir de 19 heures, sur la place du marché alimentaire des États-Unis (Lyon 8e). La journée de mobilisation devrait se clôturer par une « assemblée populaire », à 20 heures, sur les quais du Rhône, au niveau de la Guillotière.
Lors d’une assemblée générale publique pour organiser le mouvement Bloquons tout du 10 septembre 2025, à la Bourse du Travail.Photo : SG/Rue89Lyon
En marge des « lieux officiels », d’autres rassemblements pourraient voir le jour
Si le mouvement affiche clairement les points de rassemblements mentionnés plus haut, d’autres mobilisations pourraient voir le jour. Devant l’hôpital Edouard Herriot (Lyon 3e) ou au centre hospitalier Saint-Jean de Dieu (Lyon 8e), pour dénoncer les coupes budgétaires dans le domaine de la santé.
Difficile donc de connaître l’ampleur que prendront l’ensemble de ces initiatives. D’autant que dans les boucles de discussions d’organisation du 10 septembre, plusieurs propositions essaiment, notamment de bloquer les axes autoroutiers à proximité de la ville, le périphérique, l’aéroport ou encore le centre-commercial Part-Dieu (Lyon 3e).
Derrière tous ces rassemblements, une volonté de se faire entendre autour de plusieurs revendications : lutte contre les inégalités, garantie du droit au logement, augmentation du SMIC, opposition à la guerre et aux génocides ou encore fin de la Ve République. Et évidemment, l’opposition au budget d’austérité prévu par François Bayrou avant sa chute.
À Lyon, le pot de départ de Bayrou sonne comme un avant-goût du 10 septembre
Son « pot de départ », célébré ce lundi 8 septembre à 19 heures sur la place des Terreaux, a déjà donné un avant-goût des mobilisations prévues le 10 septembre. Le slogan « on n’en peut plus de Macron », a résonné sur la place autour de pancartes « Bye bye-rou ».
Pendant deux heures, les manifestant·es se sont approprié les lieux pour échanger, manger, boire quelques verres et surtout chanter. Mais vers 21 heures, la soirée a pris une autre tournure avec une manifestation sauvage en direction des Pentes de la Croix-Rousse.
Depuis leurs fenêtres entrouvertes, les résident·es du quartier des pentes ont assisté aux affrontements entre forces de l’ordre (CRS et les CRS 83) et manifestant·es. La fumée des gazs lacrymogènes s’est mêlée aux odeurs des poubelles brûlées. Difficile de savoir qui a déclenché les heurts. En quelques minutes, la foule s’est dispersée dans un nuage de fumée.
« Bye Bye-rou », dans les Pentes de la Croix-Rousse à Lyon, le 8 septembre.Photo : Andréa Blanchin
« Je m’attendais vraiment à une manifestation sans violence », a lâché auprès de Rue89Lyon un groupe de jeunes, entre 17 et 19 ans, un peu déboussolé. « On ne peut pas rester là-dessus », estimait l’un d’entre eux. Déterminés, ils comptent bien se retrouver dès 6h30 place des Archives, le 10 septembre.
Clément, 18 ans, a été roué de coup par des militants d’extrême droite dans le Vieux Lyon. DR
[Info Rue89Lyon] Un Feyzinois de 25 ans a été condamné ce vendredi 5 septembre pour avoir participé au tabassage d’un militant de la France insoumise qui tractait contre l’extrême droite devant l’entrée du métro Vieux-Lyon, fin 2022. Mais les principaux auteurs n’ont pas été confondus.
Il est apparu propre sur lui, en doudoune sans manches, au tribunal judiciaire de Lyon. Anthony S., jeune coach sportif de 25 ans, a été condamné ce vendredi 5 septembre à quatre mois de prison avec sursis, assortis de l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté, pour avoir participé au tabassage d’un groupe de militants de la France insoumise en décembre 2022. Ceux-ci tractaient au métro Vieux-Lyon (Lyon 5ᵉ), pour demander la fermeture des locaux fascistes du quartier.
Le jeune homme, poursuivi pour « violence dans un accès à un moyen de transport sans incapacité » a bénéficié d’une procédure simplifiée de plaider-coupable, réservée aux délits mineurs. Pourtant, la violence de la descente ce 5 décembre 2022 avait de quoi impressionner.
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Originaire de Lorraine, je suis arrivé à Lyon en 2020, après plusieurs années à Paris. J’ai rejoint Rue89Lyon en 2023, avec le projet de reprise en coopérative. Désormais associé et rédacteur en chef adjoint du média, je suis plutôt branché justice et mobilités. J’aime bien titiller la Région aussi, quand l’occasion se présente. Si vous avez une info ou que vous souhaitez me joindre, c’est par là : edelacote@rue89lyon.fr
Depuis 2021, la vie de Myriam est perturbée par la présence de cafards dans son appartement.Photo : MA/Rue89Lyon
Myriam (prénom modifié) vit depuis quatre ans dans un logement social infesté de cafards à Vénissieux. Atteinte d’un cancer, elle demande à son bailleur, CDC Habitat, de la reloger dans un logement décent. Son histoire témoigne de la difficulté d’accéder à un logement digne lorsque l’on est précaire et handicapé.
Au premier coup d’œil, l’appartement de Myriam (prénom modifié) paraît être un logement comme les autres. Mais lorsque l’on regarde un peu plus attentivement la cuisine, difficile de ne pas être dégoûté. Derrière le frigo, sous les meubles, dans les tiroirs et même dans le frigo, on retrouve des cadavres de cafards. Il ne faut pas longtemps pour en voir un s’enfuir derrière le pied d’un meuble.
« On ne peut même plus laisser de pain sur la table de peur que ça soit contaminé. La nuit, c’est pire, la cuisine devient leur terrain de jeu », souffle la mère de famille, qui vit dans l’appartement avec son mari et ses enfants. La salle de bain, les toilettes et parfois même les chambres sont colonisées par ces insectes nuisibles. Myriam se réfugie alors dans le salon, pour l’instant épargné.
Avec difficulté, la presque quinquagénaire s’installe dans son canapé. « J’ai le moral à zéro, c’est en train de me traumatiser », reprend-elle. Atteinte d’un premier cancer en 2017, qui lui a causé un handicap lié à des pertes d’équilibre, elle fait face à une récidive agressive depuis début 2025.
Un état de santé incompatible avec son maintien dans un logement infesté de nuisibles, selon les attestations de plusieurs médecins que nous avons pu consulter. Infestation qui pourrait aussi être à l’origine de son asthme.
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À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Après avoir écopé de quatre obligations de quitter le territoire français (OQTF), Kélétigui Sylla, arrivé en France il y a onze ans, souffle un peu. D’ici la fin du mois, il devrait obtenir un titre de séjour d’un an renouvelable. Une grande victoire pour ses soutiens après des années de combat.
La fin du long combat de Kélétigui Sylla, que ses soutiens surnomment « Kélé », semble enfin pointer le bout de son nez. La préfecture n’a pas fait appel de la décision du tribunal administratif, en date du 24 juin dernier, d’annuler l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui le visait depuis mi-avril. La quatrième en onze ans.
« Ce jugement donne l’obligation à la préfecture de délivrer à Kélé un titre de séjour d’un an renouvelable : une carte de séjour « vie privée et familiale », lui donnant en elle-même l’autorisation de travailler », déclare dans son communiqué le Collectif de soutien au jeune Guinéen. Aujourd’hui, le rendez-vous pour récupérer ce précieux sésame est fixé. Le CDI, lui, est déjà signé : un poste à temps plein rendu possible grâce à l’autorisation provisoire de séjour. Pour Kélé et ceux qui l’accompagnent depuis toutes ces années, cette décision a le goût d’une victoire. Fragile encore, mais réelle. Car une procédure est toujours en cours.
Une première OQTF, moins d’un an après son arrivée à Lyon
Retour au cœur de l’hiver 2014. À l’âge de 14 ans, celui que son entourage présente comme un « modèle d’intégration » pose les pieds sur les quais de la Gare Part Dieu. En quelques mois, il parvient à entrer à l’École de production à Gorge de Loup (Lyon 9ᵉ) pour préparer un CAP mécanique. Mais, cette même année, convoqué par les forces de l’ordre, il doit recourir à des examens osseux pour attester de sa minorité. Et le verdict tombe : il est considéré comme majeur. Au même moment, la police aux frontières (PAF) assure avoir découvert qu’il est entré sur le territoire avec un faux passeport. C’est cet élément qui va entrainer une confrontation avec les services de l’État.
Il est visé par une première OQTF en 2014, quelque temps après avoir été condamné, en comparution immédiate, pour l’usage de ce faux document. Cette décision préfectorale est annulée une première fois par le tribunal administratif de Lyon. Soutenu par le collectif Réseau éducation sans frontières, il reprend sa vie, obtient son CAP et poursuit un bac professionnel qu’il décroche en 2018. Mais cette même année, c’est le second coup de massue.
À Lyon, les soutiens de Kélé, visé par une OQTF, se rassemblent régulièrement devant le « TA ».Photo : PL/Rue89Lyon
Pour Kélé, une première victoire, mais un combat pas encore terminé face aux OQTF
Il est visé par une deuxième OQTF et une nouvelle bataille judiciaire s’engage. Accompagné de son avocat, il dépose un recours et le tribunal administratif lui donne raison. Mais la trêve est de courte durée.
En mars 2024, sa demande de titre de séjour est à nouveau rejetée. La préfecture du Rhône émet alors une troisième OQTF (avant d’en poser une quatrième en avril), cette fois assortie d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) d’une durée de 24 mois. Ses soutiens, eux, y voient un « acharnement incompréhensible ».
En décembre, le tribunal administratif de Lyon annule une fois encore la décision préfectorale. Mais la préfecture ne s’avoue pas vaincue : elle fait appel en mars. À l’heure où ces lignes sont écrites, la procédure suit toujours son cours. Pour simplifier : disons que la quatrième OQTF est annulée, mais pas la troisième.
Armand Creus, membre du Collectif de Soutien à Kélé, se montre donc « content » de l’obtention de cette carte de séjour d’un an, mais préfère rester prudent sur la suite des évènements. « C’est positif. On espère qu’il va pouvoir faire sa vie tranquillement. Après, ce n’est qu’une carte d’un an. Il va falloir faire les demandes de renouvellement et surtout, en finir avec l’OQTF de mars 2024 », poursuit-il. Une trêve d’un an donc, mais un combat qui est encore loin d’être fini.