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Métropole de Lyon : une guéguerre politique au menu du conseil de lundi ?

En cette rentrée de septembre, l’opposition de la Métropole de Lyon a trouvé son cheval de bataille politique : la gouvernance des écologistes et l’institution métropolitaine, jugée « anti-démocratique ». En face, la majorité râle sur une manœuvre « politicienne ». Un débat sera sûrement au menu du conseil de lundi.

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Bruno Bernard, juste après l'annonce de son élection au poste de président de la Métropole de Lyon, le jeudi 2 juillet 2020 ©Houcine Haddouche/Rue89Lyon

Décidément, il y a des spécialités locales qui n’en finissent pas de faire jaser. A Lyon, la question du fonctionnement de la Métropole en fait partie. Lundi 27 septembre, la gouvernance de ce joujou institutionnel made-in Lyon sera sûrement au menu des débats du conseil métropolitain. Non prévu à l’ordre du jour, il devrait être abordé en amont par les présidents des groupes d’opposition.

Via un communiqué, puis une conférence de presse, les maires (de droite) sonnent depuis la rentrée la charge contre la gouvernance écologiste et le fonctionnement de la Métropole de Lyon. En cause ? La loi Maptam qui a créé cette institution unique en France, où les conseillers métropolitains sont élus au suffrage universel direct.

Gouvernance de la Métropole de Lyon : 22 maires représentés sur 59

Construite par Gérard Collomb et Michel Mercier (UDI), ex-baron du Rhône, dans des conditions qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre, l’institution ne respecterait plus les édiles des communes. Du fait de ce nouveau suffrage, seuls 22 d’entre eux (sur 59) sont représentés au conseil.

Parmi les grands perdants de l’histoire : les petits maires de l’Ouest lyonnais. Ces derniers, qui avaient construit le groupe Synergie autour de Marc Grivel (ex-maire de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or) ou Max Vincent (maire de Limonest), avaient tous un siège au conseil. Ils s’en retrouvent en partie exclus. Ou privés d’un poste. En 2020, Marc Grivel, apparemment conscient de la force de l’institution, avait décidé de briguer le poste de conseiller métropolitain, plutôt que celui de maire.

Sans eux, ces maires reprochent à la majorité de favoriser Lyon et Villeurbanne dans le plan pluriannuel d’investissement du mandat (PPI) et d’oublier les autres communes. En un mot : ils dénoncent un traitement inégalitaire du territoire. Ceux qui avaient fait tomber Gérard Collomb au profit de David Kimelfeld sur la question repartent donc à la charge. Sauf que la réforme est passée, tout comme les élections.

gouvernance des écologistes et l’institution métropolitaine. ©AG/Rue89Lyon
Marc Grivel, Christophe Geourjon et une partie des 65 élus de l’association « Construisons la Métropole pour demain » réunis ce mardi 25 septembre. Ces petits maires s’étaient unis contre Gérard Collomb en 2018.Photo : AG/Rue89Lyon

Gouvernance de la Métropole de Lyon : une certaine « mauvaise foi » pour la majorité

Au point presse de rentrée des groupes de la majorité métropolitaine, ce mardi 21 septembre, l’affaire a tendance à agacer. Il faut dire que le nouvel exécutif, arrivé aux manettes en 2020, n’est pas responsable de la construction de cette nouvelle institution, créée sous les mandats précédents. D’ailleurs, certains élus, aujourd’hui opposés au fonctionnement de la Métropole, l’ont soutenue par le passé.

« Quand les maires travaillent avec les vice-présidents de la Métropole, cela se passe très bien », grince Jean-Michel Longueval, pour le groupe Socialistes, la gauche sociale et écologique. Écologistes, communistes, socialistes, Insoumis… Tous s’échinent sur la « mauvaise foi » des signataires de la tribune.

« Certains ont été arrosés pendant des années, il faut dire la vérité », lâche de son côté l’élu communiste Pierre-Alain Millet, en ciblant les maires de l’Ouest lyonnais.

L’élu rappelle qu’en 2014, l’ancien maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, s’était lui aussi opposé au fonctionnement du Grand Lyon. À l’époque, il penchait, selon lui, un peu trop vers Lyon et pas suffisamment vers l’Est de la métropole. « Et il avait raison », marque Pierre-Alain Millet. Pour lui, il y a bien des faiblesses à la loi Maptam. Mais la majorité essaye d’en tenir compte.

Menace de ne plus signer les permis de construire : « du folklore ! »

« Ils n’ont juste pas encore accepté leur défaite, lâche Benjamin Badouard, co-président du groupe écologiste à la Métropole. Bruno Bernard a rencontré tous les maires. Sauf le maire de Charly [Olivier Araujo (DVD)], qui a refusé. Et il y a eu de nombreuses réunions sur le PLUH ! »

Photo de du candidat à la circonscription Lyon Est, Benjamin Badouard
Benjamin Badouard, élu EELV.

Autrement dit : les maires ont été écoutés. Pour rappel, celui de Charly a également attaqué la toute-puissance de la Métropole de Lyon fin août. En cause ? Le projet de construction d’un cimetière grand de 14 hectares sur son terrain. Depuis, la Métropole a fait savoir que ce projet remontait à 2017. De plus, selon elle, Olivier Araujo (DVD) aurait aussi demandé de déclasser deux hectares pour créer de l’activité économique. Des terres agricoles qu’il disait, par ailleurs, vouloir préserver. « Mauvaise foi encore », râle Benjamin Badouard. 

« Est-ce qu’on menace de quitter la Région parce que Laurent Wauquiez (LR) a remporté la Région ? »

Quant à la menace de certains maires de ne plus signer des permis de construire : « C’est du folklore ! » pour la majorité.

Un sujet à traiter pour le président de la Métropole de Lyon

Pour conclure, la majorité revient sur son leitmotiv : déployer le programme qui l’a fait élire (en discutant). Le tout en respectant le cadre légal. Le reste ne serait que politique « politicienne », estiment les élus de la majorité. « On verra si la droite demande la révision de la loi Maptam à la présidentielle », rigole Pierre-Alain Millet (PCF). 

De son côté, le président de la Métropole, Bruno Bernard (EELV), a admis qu’il y avait un sujet après la parution de la tribune : « 44 maires qui s’expriment, c’est un fait politique. » De là à donner raison aux maires ? Sa prise de position sera, en tout cas, scrutée par les élus lundi. Peut-être moins par les concitoyens. 

Malgré ses pouvoirs importants, les sujets propres à la Métropole de Lyon galvanisent (très) peu les foules. Les « communes » restent plus connues que cette nouvelle structure. Avec cette polémique, les maires réussiront-ils à faire mieux connaître l’institution ? Ce pourrait être le cas pour les fans de débats politiques (ou politiciens). Pour les autres, cependant, il est possible d’en douter. 


#Bruno Bernard

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