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Accordeuse de piano à Lyon : « J’encourage les femmes à ne pas s’arrêter à l’image de ce métier »

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accordeuse piano lyon

le cadre de l’événement « À corps et à cris » proposé par le réseau de la Bibliothèque municipale de Lyon, L’Influx, le magazine de la bibliothèque, a souhaité mettre à l’honneur des femmes du milieu de la musique à Lyon en publiant leurs portraits.

À travers cette série de portraits, l’Influx souhaite « contribuer à la visibilité de leur parcours, de leurs réalisations et montrer la multiplicité des métiers qu’elles occupent ».

Suite aux portraits de Sophie Broyer et de Flore, celui-ci porte sur Marion Bondaz. Tout d’abord bibliothécaire d’orchestre à l’Auditorium de Lyon pendant cinq ans, Marion a choisit de se reconvertir professionnellement. Elle s’est formée en atelier au sein de Transmusic-Concert, où depuis elle répare, accorde et entretient des pianos. 

« L’appel du piano et mon rêve d’apprendre à accorder les pianos résonnaient en moi »

Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours, et comment vous a-t-il menée à votre activité actuelle ?  

Passionnée par la musique et plus particulièrement par le piano, j’ai toujours su que le milieu musical était celui dans lequel je souhaitais m’épanouir professionnellement. Après avoir obtenu mon baccalauréat […] j’hésitais déjà énormément à m’orienter vers la formation d’accordeur de pianos, mais j’ai préféré partir à la découverte des autres métiers du spectacle vivant en me tournant vers des études de gestion spécialisées dans le spectacle vivant […].

À la suite de ce diplôme, je me suis perfectionnée dans la gestion culturelle […] ce qui m’a permis d’intégrer l’Auditorium-Orchestre national de Lyon pour un stage de fin d’études au service de la Production et de la Bibliothèque d’orchestre. J’ai alors découvert le beau métier de bibliothécaire d’orchestre […]. C’était une chance et un plaisir immense de pouvoir travailler au sein d’un orchestre national pendant près de 5 ans. Mais l’appel du piano et mon rêve d’apprendre à accorder les pianos résonnaient en moi de plus en plus fort. J’ai donc décidé de sauter le pas et de me reconvertir dans le métier d’accordeuse/réparatrice/restauratrice de pianos. J’ai depuis plus de deux ans, la chance de me former au métier avec le chef d’atelier et les accordeurs.

Ganses de marteaux
Ganses de marteaux – Crédits : Transmusic-Concert

« Il n’y a jamais de routine dans ce métier »

Vous êtes aujourd’hui accordeuse de piano, pouvez-vous nous décrire votre métier ? […]

Je pourrais dire que mon métier se dessine sous plusieurs aspects. D’abord dans le cadre de notre atelier où l’on accueille des pianos « malades » que nous réparons pour des clients. Ou bien pour notre showroom où nous exposons et vendons uniquement des pianos d’occasions sélectionnés et réparés par nos soins. Nous sommes un des derniers ateliers de réparation de la région. En tant que réparatrice de pianos, ma mission principale est d’accueillir un instrument. L’instrument n’émet parfois plus de son, je dois donc le remettre en état de forme et de fonctionnement. […] Ce qui me fascine toujours est que plus l’on avance dans ces réglages, […] plus le piano retrouve son timbre et sa voix d’origine. C’est pour moi tout ce qui fait la beauté de ce métier.

Je suis également amenée à restaurer des pianos. Il est question ici de pianos anciens où nous changeons l’intégralité des pièces d’usure, comme une nouvelle vie pour l’instrument. […] C’est très passionnant de découvrir les mécanismes et le son de l’époque en fonction de l’année d’un piano, de sa fabrication. Il n’y a jamais de routine dans ce métier. Chaque piano que je rencontre est unique, je ne sais jamais réellement à quoi m’attendre en démontant l’instrument.

Marion Bondaz accord piano
Marion Bondaz accorde un piano – Crédits : Transmusic-Concert

Le deuxième aspect de mon métier s’organise plus au niveau de l’accord pur du piano, pour les concerts et pour les particuliers ou les écoles de musique. Pour les concerts, il s’agit de préparer l’instrument en l’amenant au maximum de ses possibilités. Qu’elles soient techniques ou sonores, il s’agit réellement de se mettre au service de l’exigence du pianiste. Ce afin de lui offrir un instrument très haut de gamme, au maximum de ses capacités techniques et sonores. […]

« Ce métier demande une grande sensibilité tactile, musicale et auditive »

On imagine que ce milieu est plutôt masculin : est-ce difficile de s’y faire une place ? Comme d’autres métiers techniques et physiques (ingénierie son et lumière par exemple), ça peut être une dimension qui peut faire peur aux aspirantes à ces carrières. Quelle est votre expérience à ce sujet? Et quels conseils donneriez-vous à des femmes qui aimeraient se diriger vers ce métier ?

[…] J’encourage réellement toutes les femmes qui peuvent être intéressées par ce métier à ne pas s’arrêter à l’image qu’elles peuvent en avoir. Car il est important aussi de souligner que ce métier demande une grande sensibilité tactile, musicale, auditive. Tout cela a autant son importance que les aspects physiques du métier. Le centre de formation qu’est l’ITEMM (Institut technologique Européen des Métiers de la Musique) organise des journées portes. Elles présentent le métier d’accordeur/réparateur de pianos. La formation initiale dure deux ans. Mais on peut également la réaliser en accéléré avec une formation très intensive pendant un an. […]

Piano Marion Bondaz
Réparations terminées – Crédits : Transmusic-Concert

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaiterait s’orienter vers ce métier ?

Je pense que même si l’aspect colossal de l’instrument (avec ses 500 kgs et la tension des 220 cordes pouvant parfois atteindre 28 tonnes sur les grands pianos à queue) peut être impressionnant, cela ne doit pas être un frein dans l’envie d’exercer ce métier. C’est un métier de passion qui, outre la compétence, demande beaucoup plus de savoir-être. Comme la patience, la minutie, la curiosité, la persévérance, que la force. Même le transport de piano qui peut être quelque chose d’effrayant est de nos jours réellement facilité. Grâce à des méthodes et des machines/chenillettes permettant de ne pas s’abîmer le dos, ce qui n’existait pas il y a encore quelques années.

Lire la suite sur le site de l’Influx.


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