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À Lyon, jusqu’où pourraient grimper les températures dans le futur ?

À Lyon, jusqu’où pourraient grimper les températures dans le futur ?

[Quel climat à Lyon dans le futur 2/3] L’été 2022 est particulièrement chaud à Lyon comme ailleurs en France. Les températures à Lyon ont été régulièrement très chaudes en juillet et la première moitié du mois d’août a été encore pire. Que nous réserve l’avenir ? Voici quelques projections du futur du climat à Lyon en données.

Après une accalmie la semaine du 15 août, la chaleur s’est de nouveau installée à Lyon et dans le Rhône. Épilogue d’un été infernal ? Pas si sûr. L’été se terminant fin septembre, le mercure peut encore grimper. Alors, même s’il n’est pas encore terminé, où situer cet été 2022 caniculaire ? Ressemblera-t-il à un été banal à Lyon dans le futur ?

Été 2022 à Lyon, trois mois « d’enfer » ?

À Lyon, en 2022, les premières périodes de chaleur ont commencé dès le mois de mai. Depuis ? Les Lyonnais ont l’impression d’avoir traversé un four durant près de trois mois.

En juin 2022 à Lyon, les jours d’été (jours où la température maximale en journée a dépassé 25°C) ont été nombreux. 25 sur les 30 que compte le mois. C’est 2,5 fois plus que la moyenne durant la période 1976-2005. La température moyenne journalière a été supérieure à 25°C sept jours au cours du mois.

En juillet, ce furent carrément 30 jours sur 31 où la température maximale a dépassé 25°C dont 6 jours de forte chaleur (+ 35°C). Là aussi, ce sont des chiffres plus de deux fois supérieurs à la normale. La température moyenne journalière a été supérieure à 25°C douze jours au cours du mois.

En août, quand nous avons relevé les compteurs, on comptait déjà 17 jours d’été dont 5 de forte chaleur en seulement 18 jours. Une première quinzaine d’août encore pire à elle seule que le mois de juillet. Depuis, il a plu un peu. Mais la chaleur est revenue cette dernière dizaine d’août.

parc sécheresse Vernaison Lyon
Le parc Bernard Clavel, à Vernaison, au sud de Lyon en août 2022Photo : OM/Rue89Lyon

L’été 2022, un avant-goût des températures du futur à Lyon ?

Ce type d’été va-t-il devenir la norme à Lyon ? En partie, sûrement, au regard de ces premiers indicateurs climatiques.

Nous avons ici reporté les données pour les mois de juin et juillet 2022 à Lyon. Ainsi que les projections moyennes à un horizon proche et moyen, selon le scénario intermédiaire d’évolution du changement climatique.

Le mois de juin 2022 a été particulièrement chaud à Lyon. La ville a vécu plus de jours d’été et de jours de forte chaleur que le prévoit le scénario intermédiaire d’évolution des politiques climatiques. Pour ces indicateurs, le mois de juin 2022 se rapprocherait d’un mois de juin à Lyon dans le futur dans le cadre du scénario pessimiste où les concentrations de gaz à effet de serre continueraient d’augmenter.

Même chose pour le mois de juillet 2022 à Lyon. Du point de vue de ces indicateurs il risque de se situer dans les étés particulièrement chauds à court terme. Mais il pourrait ressembler, encore une fois au regard de ces premiers indicateurs, à un été plus classique dans le scénario du pire concernant l’évolution du dérèglement climatique.

De nombreux « jours d’été » supplémentaires dans le futur à Lyon

Comment pourrait se passer le reste de l’année à Lyon dans le futur ? Il devrait être plus chaud également.

Ainsi, dans la perspective d’un scénario où les concentrations de gaz à effet de serre sont contenues, le nombre de jours anormalement chauds devrait augmenter. Ils pourraient ainsi doubler d’avril à juin. Ce nombre pourrait être encore supérieur durant l’automne, de septembre à décembre.

Par ailleurs, les nuits chaudes devraient être plus nombreuses elles aussi. Là aussi, on voit que le dérèglement climatique se matérialisera, du point de vue des températures, bien au-delà de l’été.

Regarder les projections mensuelles de Météo France, selon le scénario intermédiaire de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, pour le futur proche à Lyon :

À l’échelle annuelle, et selon les trois scénarios de politiques climatiques sur la maîtrise des concentrations de gaz à effet de serre, voici ce que donnerait l’évolution de ces indicateurs de températures à Lyon :

On voit donc que même dans le cas du scénario « optimiste », de réduction des concentrations de CO2, on pourrait connaître certains extrêmes déjà visibles aujourd’hui.

Aurons-nous encore des températures basses à Lyon dans le futur ?

Le dérèglement climatique ne se résume pas au seul réchauffement des températures. On l’a vu, il concerne aussi le cycle de l’eau. Lyon pourrait d’ailleurs connaître dans le futur des précipitations plus importantes mais davantage resserrées dans le temps. Toutefois, la montée des températures est un des effets les plus visibles.

Ainsi, les projections des « indicateurs de froid » pour le futur à Lyon confirment ce réchauffement en cours. Le nombre de jours de gel pendant l’année pourrait diminuer de 8 à 13 jours en moyenne, selon les scénarios, dans un avenir proche par rapport à la période de référence (1976-2005). Le nombre de jours anormalement froids pourraient aussi diminuer de 5 à 10 jours pendant l’année.

Ainsi, dans la perspective d’un scénario d’émissions de CO2 contenues, il pourrait très bientôt ne plus avoir de jour sans dégel en janvier à Lyon par exemple. Idem pour les jours anormalement froids.

Dark kitchens à Lyon et Villeurbanne : « ce modèle vide nos cœurs de ville de ce qui fait leur singularité »

Dark kitchens à Lyon et Villeurbanne : «  ce modèle vide nos cœurs de ville de ce qui fait leur singularité »

Les dark kitchens comme les dark stores se multiplient à Lyon depuis les confinements de 2020 qui ont joué le rôle d’accélérateur de la demande de livraison à domicile. Les exécutifs de Lyon et Villeurbanne redoutent des villes fantômes mais disposent de peu d’outils pour s’opposer à ce phénomène.

De l’ombre, les dark kitchens et les dark stores sont revenues dans la lumière médiatique. Un projet d’arrêté ministériel pourrait permettre de faciliter leur installation dans les villes. Une dizaine d’élus de plusieurs grandes villes, dont Lyon et Villeurbanne, sont montés au créneau. Dans une lettre adressée à la Première ministre, ils font part de leurs craintes :

« Le risque est de voir se démultiplier sur nos territoires ces établissements qui, même dotés d’un comptoir d’accueil, n’en resteraient pas moins des entrepôts ou des cuisines opaques ».

Lettre du 19 août 2022 signée par une dizaine d’élus dont les maires de Lyon et Villeurbanne, destinée à la première Ministre, Élisabeth Borne

Le maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, avait refusé en février 2022 l’installation d’une grande dark kitchen Deliveroo sur son territoire. Cette dernière aurait pu avoisiner les 4 000 livraisons journalières, selon le maire de la ville :

« Quand j’ai fait ce coup d’arrêt, tous les restaurateurs m’ont dit merci. En venant concurrencer le commerce et les services de proximité, ce modèle vide nos cœurs de ville de ce qui fait leur attractivité, leur qualité de vie et leur singularité ».

Les dark stores et les dark kitchens se sont multipliés dans le centre de la métropole, à Lyon et Villeurbanne.

La ville de Villeurbanne recense 8 dark kitchens en activité.

dark kitchen Villeurbanne
Dark kitchen du restaurant Fuzi, située dans le quartier de Charpennes à VilleurbannePhoto : Marine Delrue/Rue89Lyon 2022.

Du côté de Lyon, les dark kitchens sont beaucoup plus nombreuses que les dark stores, mais la Ville de Lyon a dû mal à les dénombrer (lire encadré) et estime qu’il y en aurait plusieurs dizaines dont sept « labos », c’est à dire des entrepôts qui hébergent plusieurs dark kitchens.

On peut dater le début de ces implantations à grande échelle de ces locaux commerciaux borgnes aux confinements de 2020, période durant laquelle la demande de livraison de repas à domicile a fortement augmenté.

La convivialité mise à l’épreuve par les dark kitchens ?

En créant des entrepôts et des cuisines uniquement réservés à la vente en ligne et à la livraison, les élus redoutent des villes fantôme. Si Grégory Doucet, maire EELV de Lyon, n’a pour le moment, refusé aucune dark kitchens sur le territoire de la ville, il considèrent que ces locaux sont « un danger majeur pour la convivialité et la qualité de vie urbaine ».

Outre une « convivialité » des centres urbains menacée, les élus pointent également les « nuisances » engendrées par la multiplication des dark stores et dark kitchens : la pollution et le bruit.

Camille Augey, adjointe EELV en charge du commerce, explique :

« On est passé d’un modèle où les livreurs étaient à vélo, à des scooters parce qu’il faut livrer toujours plus vite. On a donc vu la hausse du nombre de scooters en ville, ce qui engendre de la pollution, des nuisances sonores et des risques pour la sécurité routière ». 

Les élus mettent également en avant l’occupation de l’espace public, puisque des livreurs stationnent près des dark kitchens en attendant de récupérer les commandes.

Dans le 8ème arrondissement de Lyon, Rue Audibert et Lavirotte, la dark kitchen Out Fry est installée juste derrière les tables du Pizza Hut. Les livreurs attendent en face les commandes.Photo : Marine Delrue/Rue89Lyon 2022.

Restaurants à Lyon, une présence qui rassure dans la rue

Dans le premier arrondissement de Lyon, à l’angle des rues du Garet, Giuseppe Verdi et de l’Arbre Sec, pas de livraison, pas de chauffeurs qui attendent devant les portes, seulement des plats servis sur place.

Le souvenir des rues vidées par les confinements semble bien loin. Les tables des restaurants se remplissent, même en pleine semaine d’août.

Dark kitchens Lyon Café 203 en début d'après midi ©Marine Delrue/Rue89Lyon 2022.
Café 203 en début d’après midiPhoto : Marine Delrue/Rue89Lyon 2022.

Grâce à sa terrasse qu’il paye « 8 000 euros l’année », Christophe Cédat, gérant du Café 203, au cœur de l’Arbre Sec, donne de la vie au quartier. D’après lui, « les lieux qui souffrent des dark kitchens sont les lieux où la convivialité est appauvrie ».

Il ajoute, en taclant les élus écologistes comme cette figure de la restauration lyonnaise en à l’habitude :

« Les dark kitchens existeront de plus en plus, car on ne fait rien pour nous aider à entretenir la convivialité. Réduire l’amplitude des terrasses pour développer des voies piétonnes et les terrasses des autres commerces ne va pas dans le sens d’une politique contre les dark kitchens ».

Au-delà de la convivialité qui se dégage de ces terrasses, parmi les restaurateurs du quartier de l’Arbre Sec, l’avis est unanime : la présence de restaurants rassure. Et afin d’assurer cette sécurité, le Café 203 et l’Ultimo, positionnés l’un en face de l’autre, ont pris également l’initiative d’employer une personne pour assurer la sécurité de leurs terrasses les week-ends.

Des investissements limités avec la dark kitchen

Pour s’installer à cet emplacement dans l’hypercentre de Lyon, Cyril, chef et gérant de l’Ultimo, a dépensé 500 000 euros de fonds de commerce. À cela, il a dû ajouter 200 000 euros de travaux. Un investissement bien plus important que celui des dark kitchens qui répondent à une autre logique d’entrepreneuriat.

« Avec le secteur de la restauration qui peine à trouver du personnel, il n’est pas étonnant que des restaurateurs se tournent vers ce modèle qui coûte moins cher en termes d’installation et de personnel ».

A contrario, Raphael Roques, co-fondateur du « Food’Lab », entreprise proposant la location de cuisines destinées à devenir des dark kitchens, explique la philosophie des dark kitchens :

« Cela permet de commencer vite, à moindres frais et sur une courte durée d’engagement ».

Intégrer « Food’Lab » ne nécessite pas de fonds de commerce à acheter. Il est demandé un engagement sur seulement un an, le tout pour un investissement minimal de départ de 5 000 euros. Et quasiment tous les travaux faits.

Dark kitchens Lyon
Couloir du Food’Lab Lyon 9 à 9h53, réunissant 17 dark kitchens.Photo : Marine Delrue/Rue89Lyon 02/08/2022.

Pour les livraisons, les dark kitchens s’inscrivent sur des plateformes en ligne comme Deliveroo, Uber Eats ou Just Eat. Une logique très différente de celle des restaurants de la rue de l’Arbre Sec :

« le système Uber me dégoûte à cause des mauvaises conditions de travail et de l’injonction à la performance », déclare Cyril, gérant de l’Ultimo.

Dark kitchens à Lyon : un système dépendant des plateformes de livraisons

Camille Augey, adjointe à la ville de Lyon en charge de l’emploi et de l’économie durable, invoque également « l’ubérisation » pour également s’opposer à ce phénomène des darks kitchens :

« Ces plateformes reposent sur une rémunération basse, pas de protection sociale et une grande précarité parmi les livreurs. Ce système ne sécurise personne et se base sur la pression de la rentabilité ».

S’il assure qu’il n’a rien contre le principe de livraison à domicile, le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael s’interroge :

« Les dark kitchens pourraient nous mener à des villes fantôme, avec des vitrines factices qui dissimulent une armée de personnes plus ou moins bien payées et sécurisées par le droit du travail. Dans cette soif de l’immédiateté qu’on a tous, quelle ville construisons-nous ? »

« Dans l’idée, la dark kitchen ne vient pas en contradiction avec les restaurants »

Raphael Roques, co-fondateur du Food’Lab, défend le modèle des dark kitchens. Pour lui, « la dark kitchen ne vient pas en contradiction avec les restaurants, ce sont deux logiques différentes ».

« C’est comme Uber et les taxis, si les dark kitchens existent, c’est qu’elles répondent à une demande. Les habitudes de consommation ont évolué et les plateformes aussi. Les gens ont envie de se nourrir autrement et il faut en prendre conscience ».

Il ajoute :

« Cela n’empêche pas les restaurants de faire de la livraison. En plus, on propose à des restaurants de se lancer, ce qui diversifie l’offre de restauration grâce à des typologies différentes et qualitatives ».

L’une des explications à la large gamme de choix réside dans le fait qu’une dark kitchen peut héberger plusieurs marques, assurant une réduction des coûts et une livraison plus rapide.

Dark kitchens Lyon Dans la dark kitchen 17 du Food'Lab Lyon 9, les marques Kinoko, Kino'Bowl, Krispy Koï, Umami Ramen et Gua Bao Shop sont préparées au même endroit. ©Marine Delrue/Rue89Lyon 2022.
Dans la dark kitchen 17 du Food’Lab du 9ème arrondissement de Lyon, les plats des « restaurants » Kinoko, Kino’Bowl, Krispy Koï, Umami Ramen et Gua Bao Shop sont préparées au même endroit.Photo : Marine Delrue/Rue89Lyon 2022.

Le Food’Lab de Lyon 9 génère entre 500 et 1 000 livraisons quotidiennes, grâce aux 17 cuisines de l’ombre et à leurs 51 employés.

#Dark stores

Fin du squat officiel de la Métropole à Lyon 3e : les habitants dans l’impasse

Fin du squat officiel de la Métropole à Lyon 3e : les habitants dans l’impasse

Sur le cours Lafayette, dans le 3e arrondissement de Lyon, se trouve un squat « officiel ». En 2021, les habitants du squat ont signé une convention avec la Métropole de Lyon pour y rester de manière temporaire légalement. Un dispositif inédit à Lyon. Au 15 septembre, ils devront quitter les lieux et n’ont pour l’heure pas de solution de relogement. Un « retour à la case départ » pour les militants et habitants.

Devant les grandes portes en bois du squat Lafayette, on peine à imaginer un squat. Une fois entrée, la nature du lieu ne fait pas de doutes. De petites chambres fermées à clé s’ouvrent à intervalle régulier, et alors que l’on passe dans les couloirs dénués de meubles, on discerne des matelas et couvertures posés à même le sol.

Dans ce lieu vivent une cinquantaine de personnes migrantes venues d’Afrique subsaharienne. Il s’agit pour la plupart d’hommes seuls âgés d’une vingtaine ou trentaine d’années, en cours de demande d’asile ou sans papiers.

Au squat Lafayette, conventionné par la Métropole de Lyon, les conditions de vie sont précaires.Photo : MA/Rue89Lyon

Installés là depuis octobre 2019, avec l’aide du collectif Intersquat qui a ouvert le lieu, les habitants avaient obtenu un répit en 2021. La Métropole de Lyon, propriétaire du bâtiment, avait signé une convention les autorisant à rester dans la bâtiment pour une année et demi.

Une signature qui s’ancrait dans une politique « accueillante » et « hospitalière » mise en avant par la majorité de gauche arrivée à la tête de la Métropole en 2020, menée par les écologistes.

Mais dans moins d’un mois, la convention va prendre fin, et les habitants n’ont aucune solution de relogement.

Au squat Lafayette à Lyon, pas de solution de relogement

Alors qu’ils devaient quitter le bâtiment en juin 2022, les habitants ont d’abord obtenu un sursis jusqu’au 15 septembre.

Au mois de mai, les exilés avaient sollicité la Métropole pour en savoir plus sur leur sort. Deux réunions se sont tenues entre les habitants et la collectivité, où Renaud Payre, vice-président chargé de l’Habitat à la Métropole de Lyon leur a fait part du délai supplémentaire jusqu’au 15 septembre. Ensuite, la Métropole souhaite récupérer le bâtiment pour réaliser des travaux de réhabilitation.

Aujourd’hui, l’élu reconnait que pour le squat Lafayette, « il n’y a pas de solution de relogement ». À contrario, au squat Arloing à Vaise, dont le conventionnement arrive aussi à son terme, des solutions sont en train d’être trouvées entre la Métropole et les habitants.

Renaud Payre
Renaud Payre, vice-président délégué à l’Habitat, au Logement et à la Politique de la ville à la Métropole de Lyon.Photo : HH/Rue89Lyon

Une réunion doit avoir lieu le 26 août entre la Métropole et les habitants, soutenus par l’Intersquat, Médecins du monde et le Droit au logement (DAL).

Djibril, venu de Guinée et habitant des lieux reste dubitatif sur l’issue de cette réunion :

« Entre le 26 aout et le 15 septembre, il y a combien de jours d’intervalle ? On est déjà dans la galère »

Un squat conventionné moins « fonctionnel »

Renaud Payre tire le bilan et explique cette différence entre ces les deux squats conventionnés. Sans vouloir « rejeter la faute sur les occupants » de Lafayette, il explique que le squat d’Arloing était beaucoup plus organisé, avec un collectif d’habitants défini et des référents investis :

« Les deux conventionnements sont incomparables, Arloing est une vraie réussite, on a un vrai collectif, très soudé avant le conventionnement. (…) C’est beaucoup plus compliqué sur Lafayette, on le savait dès le début. Il n’y a jamais eu de collectif. Les personnes ont des trajectoires très différentes les unes des autres, avec des situations de souffrance et le collectif ne fonctionnait pas. »

Colette, militante de l’Intersquat et soutien des habitants, fait un constat quasi similaire. À Lafayette, « il n’y avait pas de groupe constitué comme à Arloing, avec une organisation entre les occupants et des liens de solidarité ». Une situation qui s’explique car les occupants n’avaient pas créé de liens avant d’habiter ensemble. Djibril regrette :

« La Métropole n’a pas accepté qu’on puisse être aidés par l’Intersquat lors de la signature. »

Renaud Payre l’explique :

« Les premières relations avec l’Intersquat n’étaient pas hyper bonnes, mais ça peut évoluer. Je pense qu’il y avait une forme de défiance par rapport à la Métropole mais je pense qu’on avance depuis juillet 2020 et qu’on fait bouger les lignes. »

Un manque d’accompagnement social au squat Lafayette

Surtout, les habitants et les militants auraient souhaité un accompagnement social plus poussé. L’association « Action pour l’insertion par le logement (Alpil) est venue dans le squat en juin et juillet 2022 seulement, missionnée par la Métropole. L’objectif était de tenir des permanences et d’informer les habitants sur leurs droits et l’accès au logement.

La convention signée entre les habitants et la Métropole mentionne outre l’Alpil, le passage d’un travailleur social, et de la maraude mixte de la Métropole de Lyon, sans précision sur la fréquence de cet accompagnement.

Les habitants disent avoir eu seulement une amorce d’accompagnement social vers le travail en début de conventionnement, sans suites. Seul un médiateur de la Métropole entretenait des liens avec les habitants.

Dans la convention signée entre les parties, des réunions devaient également aussi avoir lieu « au moins toutes les six semaines », composées des habitants, des service de la Métropole de Lyon, du médiateur et des intervenants sociaux. Colette, une militante de l’Intersquat tranche :

« Ces réunions qui devaient se tenir avec la Métropole n’ont pas eu lieu. Les habitants se sont retrouvés sans structuration. »

Selon Renaud Payre, la réalité est tout autre. Il défend l’accompagnement réalisé à Lafayette :

« L’engagement du médiateur a été entier. Il est venu régulièrement et a fait un travail considérable. (…) Il y a eu du passage très régulier des services et de l’amélioration des situations matérielles. »

« J’aimerai que la Métropole de Lyon essaie d’évaluer nos situations individuellement, et nous trouve une solution de logement »

Signataire de la convention, Paul (le nom a été changé), un Camerounais de 30 ans, se disait « plutôt content » du conventionnement en juin 2021, même s’il aurait aimé être accompagné des militants de l’Intersquat lors de la signature pour mieux comprendre les enjeux. Aujourd’hui, il se considère « à la rue » et se montre pessimiste. Il formule quelques demandes :

« On vit dans la précarité et des fois les gens deviennent fous. On a des droits comme tout le monde. Il faut qu’on se loge d’abord. On peut pas nous dire ‘la convention est finie, allez dehors’. On a signé parce qu’on avait besoin d’un endroit pour dormir. J’aimerai que la Métropole essaie d’évaluer nos situations individuellement, et nous trouve une solution de logement. »

Métropole de Lyon squat Lafayette
La cuisine du squat Lafayette, infestée de cafards, sert pour la cinquantaine d’habitants.Photo : MA/Rue89Lyon

Alors que Paul nous amène dans la cuisine et se poste à la fenêtre, Colette nous met en garde : « attention à ne pas ramener de cafards chez vous ». Sur le plan de travail, une dizaine de blattes s’enfuient à peine à notre approche. Malgré une désinsectisation menée par la Métropole au début du conventionnement, les nuisibles sont revenus. Dans le coin opposé de la pièce, un lit de fortune et deux tapis ont été installés, signe de la présence de nouveaux arrivants.

Vélos et trottinettes électriques encombrent les couloirs, accompagnés de sacs floqués Deliveroo ou Uber Eats, autre signes de la précarité de ces hommes pour la plupart sans papiers. Une douche, réalisée par la Métropole de Lyon, suite à des travaux convenus dans la convention, est à l’abandon, inutilisée parce que l’eau fuit de partout, selon les habitants.

Tout comme les factures d’électricité, l’eau a été payée par la Métropole de Lyon sur toute la durée du conventionnement.

Métropole de Lyon squat Lafayette
Sans papiers ou en situation administrative compliqué, les habitants du squat Lafayette se retrouvent à travailler illégalement pour des plateformes de livraison.Photo : MA/Rue89Lyon

« On butte sur des questions qui dépassent nos compétences »

Avec la convention, les habitants espéraient une amélioration de leurs conditions de vie au quotidien et un temps de répit pour pouvoir régler leur situation administrative et ainsi s’insérer dans la société. C’est là toute la limite que peut avoir le conventionnement de squat. La Métropole de Lyon s’est engagé sur une compétence – l’hébergement de personnes demandeuses d’asiles ou sans papiers – qui n’est pas la sienne. Le conventionnement de squat était un dispositif inédit à Lyon, même s’il ne l’était pas dans d’autres villes, comme Toulouse.

Et fournir un accompagnement social représente un engagement supplémentaire comparé à la simple mise à disposition d’un bâtiment.

Renaud Payre défend la politique de la Métropole :

« Ce n’est pas parce qu’on fait de l’occupation temporaire, qu’on est dans l’obligation de reloger. On ne peut pas prendre cet engagement, parce que ce n’est pas dans nos compétences. Il faut se demander comment, sur le temps de répit de la convention, on arrive à améliorer leur situation. On butte sur des questions qui dépassent nos compétences : notamment l’accès au travail, qui dépend de la compétence de l’État. »

Des habitants du squat sans perspectives

En théorie, les demandeurs d’asile devraient être hébergés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Quant aux personnes sans papiers, elles devraient bénéficier l’hébergement d’urgence, compétence de la préfecture. Ce sont aussi les services de l’Etat qui délivrent les titres de séjour et permis de travail.

Leur situation administrative compliquée plonge les habitants de Lafayette dans un grand désespoir et une certaine colère. Mamadou Sherif témoigne :

« Quand ça fait cinq ans que tu es dans un pays, que tu n’as pas le droit de travailler, aucune aide sociale, avec des menaces de quitter le territoire tous les jours, ça casse la tête. J’ai un récépissé, j’ai le droit à un logement et je n’en ai pas »

Rodrigue, Guinéen d’une trentaine d’années, renchérit :

« Il faut une politique pour les immigrés et pour les squats. (…) Ça fait deux ans que ma famille n’a pas de nouvelles parce que je ne sais même pas quoi leur dire si je les appelle. Je ne peux pas les aider. »

« Aujourd’hui, mettre fin à cette expérience sans solution aucune, ça donne l’impression de revenir à la case départ »

Puisqu’elle affiche une politique « hospitalière », dans le sens de l’accueil des migrants et sans-abri, la Métropole de Lyon est devenue un des interlocuteurs privilégiés des militants du droit au logement. Ces derniers attendent beaucoup de la collectivité, et se montrent déçus par l’issue du squat de Lafayette.

Colette, de l’Intersquat, garde espoir :

« Avec les conventions, la Métropole avait fait une ouverture. C’était une reconnaissance que tout le monde avait le droit à avoir un toit sur la tête. Aujourd’hui, mettre fin à cette expérience sans solution aucune, ça donne l’impression de revenir à la case départ. On y croit encore, car la Métropole a fait beaucoup de déclarations par le passé. »

Les militants demandent à la collectivité de mettre à disposition d’autres bâtiments vides de son patrimoine pour loger les habitants du squat de Lafayette, mais aussi tous ceux des squats non conventionnés, menacés d’expulsion dans les semaines à venir.

Du côté de la Métropole, on ne va pas dans cette direction. Renaud Payre tente plutôt de tirer les enseignements de cette tentative de conventionnement :

« À l’avenir il faut repenser le conventionnement. Il faudra avoir un suivi avec une association, avec une équipe mobile et du passage régulier. Le bilan de Lafayette, c’est qu’on a permis 18 mois de mise à l’abri et de répit, ce qui était le minimum mais au-delà de ça je n’ai pas l’impression qu’on ait créé une dynamique auprès des habitants. Ce sujet est tellement complexe, il ne faut pas baisser les bras. »  

Le vice-président espère pouvoir conventionner de nouveaux squats dans les prochains mois. Peut-être y retrouvera-t-on des habitants de Lafayette.

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Guerre en Ukraine : une marche de solidarité à Lyon ce mercredi 24 août

Guerre en Ukraine : une marche de solidarité à Lyon ce mercredi 24 août

Une marche de solidarité avec le peuple ukrainien est organisée ce mercredi 24 août à Lyon, six mois après le début de l’offensive russe.

Plusieurs associations ukrainiennes de Lyon (Association Lyon-Ukraine et Comité Ukraine 33) organisent mercredi 24 août à 18h une marche de solidarité avec le peuple ukrainien. La marche débutera place des Terreaux pour rejoindre la place Bellecour.

Le Collectif 69 de solidarité avec l’Ukraine (qui rassemble des associations, syndicats et partis politiques de gauche comme la LDH, Attac, EELV, le NPA ou Solidaires) appelle à se joindre à cette initiative :

« Plus que jamais  la résistance du peuple ukrainien a besoin de notre solidarité politique et matérielle. (…) Le collectif 69 réaffirme que la conquête d’une paix juste et durable exige de rétablir la souveraineté du peuple ukrainien sur l’ensemble de son territoire. Cela passe notamment  par le retrait des troupes russes d’Ukraine ».

Lyon Ukraine marche solidarité
Manifestation en soutien au peuple Ukrainien le 6 mars 2022, place BellecourPhoto : Marine Delrue/Rue89Lyon.

Une marche à Lyon pour l’Ukraine, six mois après le début de l’offensive russe

Cette marche survient exactement 6 mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, en février 2022. Selon les derniers chiffres de l’ONU, la guerre a au moins fait 13 212 victimes civiles, dont 5 514 décès.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), estime que plus de 8,7 millions de personnes ont fui l’Ukraine. Le HCR recense également plus de 8 millions d’Ukrainiens déplacés à l’intérieur du pays. Ce déplacement forcé de population est considéré comme le plus rapide depuis la Seconde guerre mondiale.

Lyon dans le top 10 des villes les plus chères de France pour les étudiants

Lyon dans le top 10 des villes les plus chères de France pour les étudiants

D’après le classement annuel de l’UNEF dévoilé ce lundi 22 août, Lyon est la 9e ville la plus chère de France pour les étudiants.

Pour beaucoup d’étudiants et étudiantes lyonnais·es, ce n’est pas vraiment une surprise. Ce lundi 22 août, Lyon a fait son entrée dans le top 10 des villes étudiantes les plus chères de France, d’après le classement réalisé chaque année par le syndicat étudiant UNEF et dans lequel figurent les 47 plus importantes villes universitaires de France métropolitaine.

Cette année, Lyon s’est classée à la 9e place, juste devant Champs-sur-Marne, en région Île-de-France.

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020.Photo : LS/Rue89Lyon

Ce sont justement des villes de la banlieue parisienne qui occupent toujours le haut du classement, à l’exception de Nice, en 7e position. En tête de liste, on trouve bien évidemment Paris même. Ce top 10 pourrait donc se résumer à un top 3, avec l’Île-de-France sur le haut de podium, suivie par Nice et Lyon.

Lyon, une ville de plus en plus chère pour les étudiants

Au niveau local, le Groupement des associations et élu·es étudiant·es de Lyon (GAELIS) alertait déjà la semaine dernière sur une hausse du coût de la rentrée cette année. D’après leur indicateur annuel, un·e étudiant·e sans bourse qui choisit de faire ses études à Lyon devra débourser très précisément 2516,59 euros cette année, contre 2410,13 euros l’année dernière, 2470,18 euros en 2020 et 2344,70 euros en 2019. En trois ans, ces dépenses de rentrée auront pris plus de 170 euros.

Cette tendance à la hausse, qui se vérifie depuis un certain nombre d’années à Lyon, pourrait encore s’aggraver avec l’inflation qui touche l’ensemble du pays. Celle-ci devrait atteindre 7 % en septembre et culminer à 9 % en décembre d’après les données de l’INSEE.

Des mesures gouvernementales insuffisantes pour les étudiants de Lyon

En réaction, le gouvernement a pris des mesures timides à destination des étudiant·es : bourses universitaires et APL augmentées respectivement de 4 % et 3,5 % pour cette rentrée de septembre, et versement de 100 euros pour les bénéficiaires de ces aides.

Des coups de pouce financiers qui ne parviendront pas à suivre le rythme inflationniste, prévient GAELIS :

« Un.e étudiant.e sur deux est contraint de travailler en plus de ses études pour pouvoir subvenir à ses besoins. Un emploi hebdomadaire supérieur à 15h par semaine double le risque d’échec scolaire. Ces emplois par ailleurs, trop souvent précaires entraînent stress, fatigue et conduisent, dans le pire des cas, à l’abandon des études. »

En novembre 2019, la précarité étudiante avait brutalement été mise en lumière à Lyon suite à la tentative d’immolation d’un étudiant de l’Université Lumière Lyon 2, Anas Kournif, puis de nouveau pendant les confinements, où plusieurs étudiant·es avaient tenté de mettre fin à leurs jours à Lyon. Dans les deux cas, ces événements tragiques avaient été suivis de fortes mobilisations pour dénoncer la précarité étudiante.

« On est à la limite des températures supportables par les poissons du Rhône »

« On est à la limite des températures supportables par les poissons du Rhône »

Aujourd’hui, entre la dérogation accordée mi-juillet à la centrale nucléaire du Bugey pour rejeter de l’eau plus chaude qu’à l’ordinaire et le réchauffement climatique qui impacte la température du Rhône, les poissons comme les autres espèces aquatiques sont en difficulté dans le fleuve. Certaines pourraient carrément disparaître, comme ce fut le cas de nombreux mollusques durant la canicule de 2003.

Rue89Lyon a interviewé Martin Daufresne, directeur de recherche à l’Institut nationale de recherche pour l’alimentation, l’agriculture et l’environnement (INRAE) et directeur adjoint de l’unité RECOVER, qui travaille sur les risques environnementaux sur les écosystèmes aquatiques et forestiers. En 2004, il a soutenu sa thèse à Lyon, qui portait sur l’évolution des structures de communautés de poissons du fleuve Rhône autour de la centrale du Bugey.

Le fleuve Rhône et ses poissons n'échappent pas aux impacts du réchauffement climatique.
Le fleuve Rhône et ses poissons n’échappent pas aux impacts du réchauffement climatique. Wikimedia Commons

Rue89Lyon : En 2004, vous avez fait votre thèse sur le Rhône. Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?

Martin Daufresne : Je travaille sur l’écologie thermique, c’est-à-dire les liens entre écologie et température, l’impact du réchauffement climatique sur les organismes aquatiques, principalement d’eau douce : de leur écosystème jusqu’à leur physiologie. Par exemple, quel impact la température de l’eau peut-elle avoir sur des organismes à sang-froid et en particulier sur le fonctionnement de la mitochondrie qui permet de produire de l’énergie ?

La centrale nucléaire du Bugey a obtenu une dérogation mi-juillet pour rejeter dans le Rhône de l’eau plus chaude que d’habitude, malgré la canicule. Quelles peuvent être les conséquences sur les poissons du Rhône ?

C’est difficile de vous répondre car on touche aux limites de nos connaissances. L’écologie, ce n’est pas vieux, et l’écologie thermique encore moins. Aujourd’hui, on arrive à des niveaux de température qu’on avait jamais vus ou très rarement sous nos latitudes. Quand on approche de 30°C ou plus, c’est quand même assez rare. Les études sont basées sur une eau qui est plutôt entre 10°C et 20°C. On est aux frontières des limites de température supportables par les poissons du Rhône.

Au niveau de la centrale du Bugey, il y a une trentaine d’espèces. Une dizaine d’entre elles comme le goujon ou la bouvière vont supporter mais pas trop longtemps. Toutes les autres seront en zone de résistance autour de 30°C : leur physiologie va se dégrader, elles vont arrêter de se nourrir, moins se déplacer… Les plus faibles vont mourir quand même. Les poissons peuvent à la rigueur s’échapper. Si le rejet de la centrale du Bugey se refroidit au niveau de la confluence avec l’Ain, ça fait quand même une grosse distance. Le problème, c’est les mollusques, les invertébrés et les plantes qui eux ne vont pas pouvoir y échapper.

poissons Rhône
La vandoise est un des poissons menacé par le réchauffement de l’eau du Rhône. Wikimedia Commons / Akos Harka

Rejet de la centrale nucléaire du Bugey dans le Rhône : « Les poissons peuvent à la rigueur s’échapper (…). Le problème, c’est les mollusques, les invertébrés et les plantes qui eux ne vont pas pouvoir y échapper ».

Au-delà des poissons, quelles seront les conséquences sur les mollusques du Rhône ?

La canicule actuelle aura certainement des effets similaires à celle de 2003. Pendant la canicule de 2003, l’eau de la Saône était à plus de 25°C pendant 75 jours, entre juin et août. Les espèces de mollusques ont été divisées de moitié, et certaines ont complètement disparu. Celles qui restaient avaient une densité bien moindre. Malgré quelques étés un peu plus frais dans les années 2010, les mollusques de la Saône n’ont jamais pu retrouver leur état d’avant 2003. Les mollusques servent de substrat à certaines espèces, de nourriture, ils filtrent l’eau. Les cadavres de mollusques favorisent l’eau turbide, et le développement de bactéries, dont les cyanobactéries qui sont toxiques.

En dehors de ces dérogations ou des périodes de canicule, avez-vous constaté une modification des espèces de poissons du Rhône à cause du réchauffement climatique ?

Nous avons des données sur les conséquences du réchauffement climatique pour le Rhône sur les 40 dernières années. Il y a eu des modifications au niveau de la structure des communautés d’espèces. Les méridionales se sont développées, au détriment des septentrionales qui ont disparu ou presque, comme la vandoise.

Il en résulte une diminution de l’équitabilité, c’est-à-dire la manière dont est partagée l’abondance entre les espèces. Avant, toutes avaient une part plus ou moins égale, aujourd’hui seules deux ou trois espèces ont les plus grosses parts. Ça signifie une baisse de la biodiversité. Pour les espèces méridionales qui se développent bien, la taille moyenne des poissons a été divisée par deux depuis les années 70-80. Les grosses espèces rapetissent aussi, ou investissent beaucoup dans la reproduction. Ce sont des stratégies de défense.

Le silure, lui, s’en sort bien pour l’instant même si on sait que théoriquement il devrait entrer en zone de résistance au-delà de 30°C.

C’est compliqué de quantifier les conséquences du réchauffement de l’eau du Rhône sur les poissons car on ne peut pas expérimenter les extrêmes pour des raisons éthiques et légales. On est aidés en partie pour ça par EDF qui finance un programme pour connaître la capacité d’adaptation des poissons aux fortes températures de l’eau. Les recherches auront lieu autour des centrales du Bugey et de Tricastin. Elles devraient durer trois ou quatre ans et déboucher sur une thèse.

« On ne pourra pas échapper au réchauffement, mais on peut mieux gérer les liens entre climat terrestre et aquatique »

Quelles seraient les solutions pour protéger les poissons du Rhône contre ce réchauffement ?

Il faut déjà accroître nos connaissances sur l’écologie thermique en général. Ça signifie qu’il faut plus de moyens, plus de postes dans la recherche et qu’on lui laisse plus de liberté pour qu’elle soit proactive. Le réchauffement, on ne pourra pas y échapper mais on peut mieux gérer les liens entre climat terrestre et aquatique. Par exemple, on pourrait favoriser l’ombrage et éviter de nettoyer les berges. Sur le Rhône ça ne va pas changer grand-chose mais ça peut avoir un impact sur les petits cours d’eau. On pourrait aussi travailler sur la gestion des débits : quand on relâche l’eau d’un barrage, on peut utiliser les vannes en profondeur, où l’eau est plus fraîche…

Déjà au début des années 2000, quand vous travailliez sur le Rhône, vous alertiez sur l’impact du réchauffement climatique. Que pensez-vous de la prise de conscience qu’il semble y avoir depuis cet été ?

Quand je faisais ma thèse sur le Rhône, entre 1999 et 2003, les gens me demandaient si le réchauffement climatique ça existait vraiment. Vingt ans plus tard, j’ai l’impression de répéter le même message d’alerte. Aujourd’hui, il y a eu des prises de conscience mais la vitesse de prise de conscience est bien moins rapide que la vitesse des changements que j’observe depuis vingt ans. La canicule de 2003 a été un premier cap, et l’année 2022 aura marqué les consciences. Le problème, c’est qu’on oublie assez vite. Je suis surpris qu’on soit surpris par ce réchauffement, ces tempêtes… On alerte dessus depuis les années 70. Les dérogations octroyées aux centrales nucléaires sont un bon exemple. Il y a toujours une bonne raison à ça, mais est-ce qu’on favorise le court ou le long terme ? A quel point est-on prêts à prendre des décisions qui détruisent notre environnement ? Est-on prêts à avoir de l’eau verte, qui sent mauvais et pleine de cyanobactéries aux portes de Lyon ?

#Poisson

Agressions en série de travailleuses du sexe transgenres à Lyon

Agressions en série de travailleuses du sexe transgenres à Lyon

Depuis mai, au moins six travailleuses du sexe transgenres ont été visées par des tirs de paintball, de LBD ou d’arme à feu à Lyon. Trois ont porté plainte. L’une d’entre elles, Alba, s’est fait tirer dessus à 12 reprises avec un fusil de paintball. Elle témoigne de ces agressions devenues habituelles et de la difficulté de se faire entendre.

« On nous tire dessus avec des armes ! »

Le constat est alarmant. Depuis mai 2022, six travailleuses du sexe transgenres (personnes dont l’expression de genre s’écarte des attentes traditionnelles reposant sur le sexe assigné à la naissance) ont été agressées à Lyon, selon l’association Cabiria. Parmi elles, Alba (pseudonyme) a accepté de revenir sur ce qui s’est passé. Elle n’avait pas particulièrement envie d’être « médiatisée », précise-t-elle. Elle a accepté l’exercice pour faire entendre la parole de sa communauté, souvent inaudible. 

« Est-ce qu’il faut que je m’immole devant un commissariat pour ça ? », lâche-t-elle.

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Une balade de Lyon à Miribel : tentez (ou pas) le triathlon urbain

Une balade de Lyon à Miribel : tentez (ou pas) le triathlon urbain

De Lyon, il est souvent nécessaire de prendre les transports en commun pour partir en balade. Pour éviter cela, nous avons expérimenté une randonnée en trois temps, marche, vélo et natation pour profiter du lac de Miribel-Jonage. L’idée est-elle judicieuse ? À voir…

Il y a des matins où l’envie de vert et d’aventure vous chatouille les narines. Fauché, et moyennement motivé, je recherchais une escapade alliant flemme, goût pour l’aventure et économie. De ces moments, naissent les idées géniales (ou désastreuses) comme celle du triathlon urbain. « Une épreuve qui se partage, ou qui ne se vit pas », comme dirait un de mes camarades de jeux du jour. Pour cette raison, nous nous lançons à trois dans cette expédition.

La balade commence au niveau de l’Hôtel de ville de Lyon, sur le pont Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. En ces jours de forte chaleur, l’envie d’aller piquer une tête dans le lac de Miribel-Jonage est tentante. Plutôt que de prendre les transports en commun, nous optons pour la marche. Celle-ci commence le long des quais du Rhône. Nous prenons la direction du parc de la Feyssine, un sandwich dans le sac.

Désireux de profiter de la verdure, nous choisissons de passer par la partie sauvage des quais. Sans les quelques détritus et mégots laissés sur les chemins, l’impression d’être en pleine nature est presque réussie. L’un d’entre nous arrive même à se prendre une branche en pleine figure. Ça fait rêver.

Après un ou deux kilomètres, nous parvenons au parc de la Feyssine. Longtemps délaissé par les Lyonnais, ce dernier a l’avantage d’être moins fréquenté que le Parc de la Tête d’Or. Nous parvenons à trouver une place au bord du Rhône sur des galets durs pour manger nos sandwiches. Le point de vue est sympathique et nos premiers voisins sont au moins à 15 mètres. En somme : la solitude de la vie sauvage à quelques kilomètres du centre-ville.

De Lyon à Miribel : une balade entre marche et vélo

Puis, la route reprend ses droits. Après une traversée du parc, nous allons vers le nord où notre objectif est indiqué : le parc de Miribel-Jonage. Sur notre gauche, la balade garde son air bucolique. Le canal de Jonage nous accompagne jusqu’au niveau des Puces du (même) canal. Sur la droite, le fan de gestion de l’eau métropolitaine reconnaîtra le spectre gris de la station d’épuration de la Feyssine. Bref, regardez sur la gauche.

Au niveau des Puces, l’air de la campagne a disparu. Déçus, nous choisissions l’option Vélo’v pour terminer ce voyage moins champêtre. Un chemin nous permet de passer sous le périph lyonnais. L’odeur des pots d’échappement nous ravit. Une fois le Vélo’v enfourché, un léger coup de GPS nous permet de retrouver la piste cyclable. Nous voilà à nouveau en direction de Miribel.

Nonobstant quelques passages près de la route, la piste est plutôt agréable. C’est là, dans ces grandes lignes droites, que les épreuves intermédiaires du triathlon peuvent avoir lieu. Dans ces courses sans merci, le choix de la monture, en amont, peut être fatal au concurrent trop pressé de partir. Pneus sous-gonflés, dérailleur dysfonctionnel… Ces petits détails vous permettront, ou non, de profiter pleinement des quelques kilomètres amenant au lac. Du reste, dans les côtes à 3 % menant au parc, nos mollets d’acier nous permettent de rouler les six kilomètres reliant notre objectif sans encombre.

Vélo'v à Gerland, avenue Jean-Jaurès (Lyon 7e) ©LB/Rue89Lyon
Pour un triathlon urbain réussi, le vélo’v est votre ami.Photo : LB/Rue89Lyon

Du vélo à l’eau : le moment calme de la balade avant le retour à Lyon

Quelques coups de pédales plus tard, le parc nous ouvre les bras. L’odeur des abords de la ZFE laisse place à celle des barbecues en tout genre. Sur la grande plage de Miribel, beaucoup viennent pour la journée avec tente, réchaud, tables, etc. Pour ceux, comme nous, n’ayant rien prévu, il est toujours possible de s’enfoncer dans la verdure du parc. Là, de petits détours permettent d’entrer dans des paysages plus sauvages.

Un peu moins confortables, des petites plages caillouteuses nous attendent près de l’eau, un brin vaseuse. Ni une ni deux : nous sautons dans un lac encore assez frais. Dans cette zone non surveillée par les maîtres nageurs, il est cependant conseillé de faire attention. Chaque année, des noyades et autres accidents arrivent au parc.

En marchant dans l’eau, l’un de nous manque de se blesser le pied sur un hameçon, abandonné par un pêcheur. Ces derniers sont à l’affut aux alentours du lac. Rappel aux compétiteurs : le street fishing, autre expérience à tenter, n’a pas sa place dans ce triathlon urbain.

Lac Miribel Jonage © Emma Delaunay
Le lac de Miribel JonagePhoto : Emma Delaunay

La baignade terminée, nous attaquons la fin de l’épreuve. Pour des raisons d’efficacité, nous effectuons la quinzaine de kilomètres retour intégralement en Vélo’V. La balade s’arrête à la station située en face du tunnel de la Croix-Rousse, juste après le pont Marcéhal-de-Lattre-de-Tassigny. Au total, nous aurons parcouru : sept kilomètres à pied, une vingtaine en vélo et quelques centaines de mètres dans l’eau. Un triathlon urbain de haut vol, pour 20 euros de location de Vélo’v.

Gage aux futurs concurrents de faire mieux.

Bernadette, DJ électro à Lyon : « Je me sens chez moi dans un club »

Bernadette, DJ électro à Lyon : « Je me sens chez moi dans un club »

[Interview] Bernadette a débuté sa carrière de DJ électro entre Lyon et Grenoble. Figure de la nuit lyonnaise, elle est passée des petits clubs de la ville à l’affiche de gros festivals français. Aujourd’hui engagée contre la sous-représentation des femmes dans le milieu électro, l’artiste de 28 ans revient sur ses expériences et nous raconte sa pratique de la nuit.

Derrière ce nom qui rappelle une autre génération, se cache une jeune femme souriante. Ses tenues bigarrées sont à l’image de ses expérimentations musicales, chatoyantes et un brin saugrenues. À la fois DJ, productrice et harpiste, Chloé de son vrai nom, propose un mix aux résonances électroniques. Dans ses soirées, la DJ originaire de Grenoble explore un univers allant de la techno à de l’électro brut. Rencontre.

Rue89Lyon : Qui est Bernadette et pourquoi ce nom de scène ? 

Bernadette : C’est un nom en hommage à ma grand-mère. Il s’agit d’une figure qui a été importante tout au long de ma vie. Avec ce nom, je mets en avant une autre génération. C’est aussi assez marrant et décalé. J’aime bien incarner ce personnage qui ne se prend pas au sérieux et partage avant tout sa passion à travers sa musique.

Quelle relation entretenez-vous avec Lyon ? 

Je suis venue m’installer à Lyon après mes études. C’est dans cette ville que j’ai véritablement commencé à mixer dans des clubs et des bars. Je considère que Lyon incarne une ville à taille humaine qui permet quand même une diversité musicale importante. Pour débuter un projet musical, c’est super d’être dans ce microcosme.

Quand je sors à Lyon, je vois de l’échange entre les univers musicaux. Je pense qu’il y en a plus qu’à Paris, où il y a beaucoup d’évènements et donc moins de communication. Par exemple, les différents style de musiques ne sont pas dans les mêmes lieux et les mêmes évènements.

électro Lyon DJ Bernadette
Bernadette. Photo : Gaetan Clément

« Je vibrais à travers le son à Lyon, c’est ça qui m’a donné envie d’apprendre à mixer »

Comment êtes vous passée de la harpe au monde de la nuit ? 

J’ai débuté la harpe quand j’avais 7 ans, en école de musique. Je jouais plutôt des morceaux baroques ou classiques. Les musiques électroniques sont arrivées après, quand j’ai commencé à sortir avec des potes pendant mes études.

On est allés dans pas mal de soirées électro’. J’ai découvert ce milieu et je me suis énormément épanouie en tant que public. Je passais des moments incroyables et je vibrais à travers le son. C’est ce qui m’a donné l’envie d’apprendre à mixer. Je passais des moments tellement fous que j’ai rapidement désiré comprendre ce qu’il se passait derrière les platines. 

Quels sont les facteurs qui promettent une soirée réussie ?

C’est surtout l’expérience avec le public. Ça change tout si celui-ci est réceptif, s’il a envie de partager des choses avec moi, si je peux être proche de lui. Les organisateurs me font aussi apprécier (ou non) une soirée. Je passe beaucoup de temps avec eux quand je mixe. Les valeurs que défendent le lieu et les organisateurs sont aussi importantes à mes yeux.

D’ailleurs, je travaille le plus souvent avec des lieux qui mettent en avant l’une ou l’autre minorité de genre, qui se préoccupent de l’environnement ou qui se questionnent au sujet de problèmes de société.

Bernadette aux festival des Nuits Sonores à Lyon, le 25 mai 2022

J’aime aussi jouer dans des gros festivals comme le Delta (Marseille) ou Nuits Sonores (Lyon). À côté de ça, je veux continuer à jouer dans des salles beaucoup plus petites où j’ai un contact avec le public qui est très différent. Il y a une proximité que je trouve géniale dans ces petits environnements là.

« La nuit à Lyon est un terrain de jeu tellement fou. Les gens se transforment »

Qu’est-ce que la nuit signifie pour vous ? 

La nuit est avant tout mon lieu de travail. D’années en années, je m’y suis fait des contacts. Cela m’a permis de donner de la force aux femmes que j’accompagne dans la musique, de former des groupes de solidarité.

La nuit est un terrain de jeu tellement fou. Les gens se transforment. Quand il fait jour, on reste assis, on discute, on boit un verre, on est posé. En revanche, une fois que la nuit arrive, on se lève pour danser. C’est comme si les personnes étaient plus à-même de se lâcher, comme si elles avaient moins honte de libérer leurs énergies.

Avec qui sortez-vous la nuit ?

Je sors avec des amis ou il m’arrive parfois de sortir toute seule et d’aller dans un club pour écouter des artistes qui me donnent envie. Le fait d’être seule donne une dimension super différente à la fête.

Peut-être que je me le permets car du fait de mon travail, je suis hyper à l’aise dans un club, même si je ne le connais pas. Je me sens chez moi dans un club. En plus, cela permet vraiment d’être concentrée sur la musique.

« Notre sexe ne doit pas avoir d’impact sur notre légitimité à pratiquer la nuit »

Qu’est-ce ça implique pour vous d’être une artiste femme dans le monde de la nuit ? 

Comme il y a très peu de femme, on devient forcément un modèle, ou du moins, un point d’attention. Cela peut être très positif parce que ça va motiver d’autres femmes à se lancer.

Mais en conséquence, je dois aussi faire plus attention à ce que je représente, ce que je renvoie. La nuit est un endroit où de base, on est moins nombreuses. On peut donc douter de notre légitimité à être là. Il faut donc le marteler : Notre sexe n’a aucun impact sur notre légitimité à pratiquer le monde de la nuit en tant qu’artiste et en tant que public.

Comment le monde de la nuit a-t-il évolué selon vous ? 

J’ai le sentiment que depuis ces dernières années, les questionnements du monde de la nuit se sont portés sur la place des femmes, ainsi que sur celle des minorités de genre. Ça fait plaisir, car on en a marre qu’il y ait presque toujours des hommes blancs et hétérosexuels dans les clubs. On veut rééquilibrer cela.

On parle bien plus de préservation de l’environnement et on s’interroge aussi au sujet de la sécurité au sein des clubs. C’est de plus en plus possible de proposer des « safe places », des endroits où la prévention aux risques sur la drogue et les relations sexuelles sont abordés. On met également en place des médiateurs dans les clubs. Tout ça est assez nouveau et je trouve ça bienveillant, cool et tellement important.

« Interdire la drogue n’est pas une bonne solution »

Qu’est-ce que vous pensez de l’usage des stupéfiants en contextes festifs ? 

Je n’ai jamais pris de drogue. Je ne dis pas que ce n’est pas bien et je ne juge pas les personnes qui en consomment. L’interdire n’est pas la solution parce que les gens vont continuer d’en consommer sans savoir ce qu’ils prennent, sans être avertis des risques. C’est important d’avoir sur place des gens qui vont accompagner dans cette prise de drogue et responsabiliser au maximum les personnes.

Par ailleurs, le problème n’est pas seulement la prise de drogue, il faut aussi mieux réagir contre ceux qui profitent de l’état des personnes sous drogue.

La drogue est très liée au monde de la nuit et qu’on le veuille ou non, c’est depuis toujours. Ce n’est pas que dans les musiques électroniques qu’on en trouve, celles-ci pâtissent parfois de cette image de musique pro drogue qui m’agace. Les jazz men de l’époque étaient drogués. Pourtant, maintenant, on va parler du jazz comme d’une musique noble.

Les endroits où sortir à Lyon la nuit, selon Bernadette :

Bernadette : Tout d’abord, je recommande le Sucre où je suis résidente. Le Heat est également super cool. C’est plus un lieu d’après-midi. Dans les endroits où j’aime sortir, le Live Station est un petit bar cool pour boire un verre.

Par ailleurs, j’ai évolué dans certains clubs que je recommande comme la péniche Loupika et la Maison M, où je suis venue en tant que public. J’aime bien le format de la Maison M où c’est gratuit et on peut danser jusqu’à 4h du matin.

Enfin, J’aime aussi le Super 5. C’est un bar où on peut écouter de la musique de puriste, assez pointue. Il y a des bornes d’arcades à l’ancienne. Ils font toujours venir des DJ géniaux et leur programmation est bien chinée. C’est de tout type et il y a une excellente ambiance tout le temps. Finalement, le Terminal n’est pas mal non plus. L’établissement m’a permis de découvrir des artistes électro qui sont peu connus. L’avantage est que ce club demeure en plein centre. Il faut garder ces lieux dans une ville comme Lyon, c’est une bonne alternative aux gros clubs comme le Sucre, le Transbordeur ou le Ninkasi.

Retrait de la rame du Ouigo Paris-Lyon infestée de cafards

Retrait de la rame du Ouigo Paris-Lyon infestée de cafards

[Droit de suite] La rame Ouigo numéro 774, qui circule entre Paris et Lyon, a dû être retirée en raison de la présence d’asticots et de cafards à bord.

Le 11 août, la CGT cheminots alertait sur la présence de cafards et d’asticots dans un train Ouigo qui circule notamment entre Paris et Lyon Saint-Exupéry. Contacté par Rue89Lyon, le service communication Ouigo assurait que la rame concernée avait été traitée à deux reprises, et que les nuisibles avaient été éradiqués.

Deux autres rames Ouigo concernées par l’invasion de cafards ?

Or, Rue89Lyon avait pu voir des photos et vidéos de ces nuisibles faites par des cheminots à bord de la rame 774, le lendemain de sa remise en circulation. D’après ces employés de la SNCF, c’est la voiture 8 de la rame qui a été touchée en premier, puis la 7 quand les cafards et les asticots s’y sont sentis à l’étroit. Les cheminots avaient par ailleurs fait valoir leur droit de retrait le 4 août, refusant d’embarquer dans ces conditions.

Le dimanche 14 août, soit dix jours plus tard, la CGT cheminots a déposé « un droit d’alerte santé publique et environnementale » suite à « des remontées de terrain signalant la présence de nuisibles sur 3 rames ».

Une réunion organisée dans la foulée, mardi 16 août, a abouti au retrait de la rame 774.

trains OUIGO Paris Lyon cafards asticots
Capture d’écran d’une vidéo filmée le 4 août dans la voiture 7 de la rame 774 d’un train Ouigo qui circule entre Paris et Lyon. DR

« La rame 774 a été immobilisée afin d’approfondir le traitement dans le cadre des protocoles normés interne, précise le service communication Ouigo à Rue89Lyon. Ce n’est pas le droit d’alerte qui a conduit au retrait. »

« Les problèmes perdurent, les conditions de voyage restent indécentes et toujours inacceptables »

Pour la CGT cheminots, malgré ces mesures « les problèmes perdurent, les conditions de voyage restent indécentes et toujours inacceptables pour les cheminots concernés et pour les usagers ».

Le cas de cette infestation de nuisibles ne semble être qu’un problème d’insalubrité parmi d’autres à bord des trains Ouigo. Interrogé par Rue89Lyon, Abdelkader Bensadoun, secrétaire de la CGT cheminots de Lyon-Perrache, évoquait également des climatisations qui ne fonctionnent pas, parfois pendant plusieurs heures, et des toilettes bouchées et donc condamnées :

« Avec le modèle Ouigo, chaque kilomètre doit être utilisé au maximum, donc la rame doit circuler non-stop, nous expliquait Abdelkader Bensadoun. Il y a des problèmes de maintenance et d’insalubrité qui nécessiteraient que certaines rames soient retirées pendant plus d’une semaine pour faire un travail de fond. »

trains OUIGO gare Lyon Saint-Exupéry
Un des trains OUIGO à quai, à la gare de Lyon Saint-Exupéry.Photo : Benoît Prieur via Wikimedia Commons

Sur les TGV classiques, des rames de secours sont prévues pour remplacer celles qui partent en maintenance. Pas sur le parc Ouigo.

« Ouigo n’a aucune rame de secours, poursuit le secrétaire de la CGT cheminots de Lyon-Perrache. Pour assurer la maintenance, il en faudrait au moins six en réserve : trois pour la partie atlantique et trois pour la partie sud-est. Ainsi que plus de moyens humains, notamment à la maintenance qui est en sous-effectif chronique. »

#OUIGO