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Des Azalées à Dardilly : Xavier, le poète des plantes de Lyon

Des Azalées à Dardilly : Xavier, le poète des plantes de Lyon

Le 1er juin, Xavier, passionné des plantes à Lyon, a officiellement fermé sa boutique des Azalées dans le Vieux Lyon, ouverte en 1960. À 84 ans, le « plantiste » n’a pour autant pas pris sa retraite. Portrait d’une figure lyonnaise.

Rien n’a changé, ou presque. Quand on arrive chez Xavier Tabadel à Dardilly, on a l’impression de se retrouver de nouveau au milieu de la « jungle » de la boutique des Azalées. Une vieille voiture recouverte de verdure, des pots de partout, des bambous, des bonsaïs… Le jardin de l’octogénaire n’a rien à envier au magasin emblématique qu’il tenait dans le Vieux Lyon.

« Bon, ne faites pas attention, c’est un peu le bordel », nous accueille le propriétaire des lieux.

Xavier non plus n’a pas changé. Sa capillarité est toujours aussi rebelle que sa « jungle » florale. Ses cheveux blancs hirsutes et sa calvitie lui donnent un petit air de Léo Ferré, qu’il apprécie d’ailleurs beaucoup. À 84 ans, ses yeux alertes brillent encore quand il parle de ses plantes.

« Vous voyez celle-là ? Je l’ai depuis 60 ans. Elle a 200 ans. Mais, elle peut vivre deux millénaires », dit-il en pointant un bonsaï de la maison.

Aidé de sa canne, il fait une petite visite des lieux. À l’arrière de la maison, une petite alcôve avec un air de tropique. Un petit ventilateur permet de garder les lieux à la bonne température. Aloe vera, orchidés, bonsaïs… Toutes ses plantes s’épanouissent dans un joyeux capharnaüm. Idem à l’extérieur où des pots en tout genre cohabitent.

« Ho non, je ne m’ennuie pas. Il faut encore que je range tout ça », lâche-t-il avec un grand sourire, confiant.

Xavier, l'amoureux des plantes du Vieux Lyon
Xavier dit « le plantiste » a quitté le Vieux Lyon pour Dardilly. Crédit : PL/Rue89Lyon.

L’amoureux des plantes de la rue Saint-Jean : l’histoire d’un quartier de Lyon

Le 1er juin, Xavier, connu comme le « plantiste », a rendu les clefs de son commerce, rue Saint-Jean. Celui qui a eu jusqu’à cinq boutiques dans la ville, a mis fin à une histoire mythique du Vieux Lyon, commencée en 1960. À l’époque, le centre-ville historique de Lyon était menacé par les projets routiers du maire, Louis Pradel. A l’heure des 30 glorieuses, le béton avait le vent en poupe. Tout devait être rasé.

« On trouvait la Duchère très belle à l’époque. On voulait faire pareil à Saint-Jean, se souvient-il. Tant qu’on y était, on aurait pu faire de la cathédrale un parking ! »

Le quartier n’avait alors pas le côté bohème qu’on lui connaît aujourd’hui (lire par ailleurs). Il était même « détesté », selon lui. En cause ? Le marché gare sur les quais et ses locaux dans le Vieux Lyon. Les voitures circulaient encore rue Saint-Jean « en double sens ». A ceci s’ajoutaient quelques préjugés. Le visage fin du « plantiste » se tend un peu à ce souvenir.

« Il y avait beaucoup d’Espagnols, d’Italiens, d’Africains… Or, l’étranger est mal vu », regrette cet homme de culture, qui voit dans le racisme un « manque d’éducation ».

De Lyon à Dardilly : l’histoire des plantes pour raconter les hommes

Il souffle. Les plantes, elles, ont plutôt tendance à s’entraider. Celui qui se veut être un docteur des végétaux voit en elles « nos grands-parents et nos grands-mères ». Il se passionne toujours pour la communication qu’elles ont entre elles et pour leur solidarité. Même si toutes ne sont pas comme ça.

« C’est étonnant, mais l’orchidée a les mêmes défauts que l’humain. Faux-jeton, elle a tendance à tout coloniser, s’amuse-t-il. Et elle est aussi arrivée en dernière, comme l’Homme. »

Il arrête là sa réflexion. Rapidement, le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, une jeune femme lui demande si elle pourrait lui commander des mandragores. Il lui demande d’attendre septembre. L’octogénaire n’a pas pris sa retraite, loin de là. Le numéro de téléphone de « Aux Azalées », facilement trouvable sur Internet, est toujours actif. Il permet de le joindre directement. 

« Il y a certaines plantes que je suis un des seuls à faire pousser, comme la mandragore », commente-t-il.

Xavier, l'ex plantiste du Vieux Lyon
Dans le jardin de Xavier, 84 ans, ancien tenant des Azalées dans le Vieux Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.

Le plantiste à Lyon : « Quand on fait un bouquet, on écrit avec les fleurs »

Sa passion pour les plantes, il la tient de sa grand-mère. Cette dernière tenait un kiosque place Bellecour. Bien implantée, elle connaissait personnellement le maire de l’époque, Édouard Herriot, note-t-il. Puis, par la lecture, il a découvert le Japon où il s’est ensuite rendu. De là est né son amour pour les bonsaï, notamment, ces construction florales permettant de représenter des paysages. Un art alors inconnu en France.

« Au début, on m’accusait de torturer des arbres », se remémore-t-il.

En parallèle, il a bien fait le conservatoire pour être chanteur d’opéra, comme sa mère. Mais son truc a toujours été les plantes.

« Quand on fait un bouquet, on écrit avec les fleurs », développe-t-il.

Pour lui, quand on lui fait une commande, on lui demande une histoire

« Les gens ne se rendent pas compte à quel point offrir une plante est symbolique. Les cactus ou les plantes grasses sont résistants et vont survivre jusque dans la sécheresse, illustre-t-il. La recherche d’une feuille ronde ou épaisse ne va pas avoir la même signification. Il y a une dimension psychologique importante. »

Les plantes de Lyon
Dans le jardin de Xavier, des plantes de tous les horizons.Photo : PL/Rue89Lyon.

Les vacances ? « Quand je serai sous terre ! »

Il continue d’apprécier un métier complet : « Il y a toujours des choses à apprendre ! » Le grand-père a seulement vendu son magasin du fait de problèmes de mobilité. Soucis qu’il relativise volontiers. 

« J’ai eu la polio à 18 mois. À la base, mes quatre membres étaient immobilisés. Finalement, j’ai réussi à en faire bouger trois. Je m’en sors bien », philosophe-t-il.

Son réveil ne sonne plus à 3h du matin pour aller acheter des fleurs coupées. N’empêche, sa journée commence toujours à 5h30, histoire d’être tranquille pour abattre une partie du boulot avant l’arrivée de chaleur.

Alors, forcément la retraite, cela ne l’intéresse pas.

« Mon bon monsieur, on sera en vacances quand on sera sous terre », lâche-t-il dans un grand sourire.

Avant d’ajouter : 

« Enfin, s’ils ne font pas exploser la planète quand on sera dedans. »

D’ici là, le poète des plantes aura eu le temps de mettre un peu d’ordre dans sa maison de Dardilly. « J’en ai pour au moins deux-trois ans de travail à ranger tout ça… » Pas dit que sa « jungle » soit réellement « rangée » après cette période. Pas dit non plus, qu’on en ait réellement envie.

Xavier et les plantes de Lyon
Dans le jardin de Xavier, 84 ans, ancien tenant des Azalées, les plantes de Lyon se portent bien. Crédit : PL/Rue89Lyon.

À Lyon et dans le Rhône, doit-on s’attendre à d’autres sécheresses dans le futur ?

À Lyon et dans le Rhône, doit-on s’attendre à d’autres sécheresses dans le futur ?

[Quel climat à Lyon dans le futur 1/3] Comme ailleurs en France, l’année 2022 est marquée à Lyon et dans le Rhône par un fort déficit de pluie et une longue période de sécheresse. Les prévisions pour les années à venir nous préparent-elles à revivre ce scénario ? Voici quelques éléments de réponses.

Vivrons-nous, à un horizon proche, des périodes de sécheresse comme Lyon et la France en connaissent cette année ? C’est probable, à en croire les données des projections climatiques de Météo France pour le futur. À Lyon, la pluie ne serait pas nécessairement moins importante qu’aujourd’hui mais pourrait tomber de façon plus intense. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Une sécheresse importante en 2022 à Lyon et dans le Rhône

Cet été les pelouses des parcs de Lyon sont souvent jaunes voire carrément cramées. Idem pour les zones rurales autour de Lyon. Une situation qui a poussé la préfecture du Rhône a prendre des mesures d’urgence de restriction d’usage de l’eau. Elle a par ailleurs interdit l’accès aux forêts du département jusqu’à la fin du mois d’août.

La situation est en partie la résultante d’un déficit important de pluie. Un manque de précipitations qu’il ne faut pas imputer aux seuls mois d’été, traditionnellement moins pluvieux. Il est en cours depuis la période hivernale et automnale de 2021 et s’est poursuivi au printemps 2022.

Une situation que les données de Météo France concernant le cumul moyen de précipitations depuis 1973 montrent clairement. Depuis le début de l’année, le déficit de précipitations dans le Rhône est important :

Durant les mois d’hiver (janvier à mars), le déficit par rapport à la moyenne 1973-2021 jusqu’ici a été important. -54% de précipitations en janvier 2022, -26% en février et -59% en mars. Pire, les précipitations ont été très faibles en mai 2022 dans le Rhône.

Les données indiquent en outre qu’il s’agit du deuxième mois de l’année le plus pluvieux (en quantité) dans le département. Juste derrière le mois d’octobre. En mai 2022, le déficit de précipitations a été de -79% par rapport à la moyenne jusqu’alors.

En regardant le détail des cumuls de précipitations au mois de mai depuis 1973, on voit d’ailleurs que mai 2022 a connu le plus faible cumul de pluie sur cette période.

Ce graphique permet également de voir que le déficit de pluie était déjà en cours à l’automne 2021. Et même durant les années précédentes.

Octobre 2021 s’est avéré moins pluvieux qu’octobre 2020 et qu’octobre 2019. Pire, il est tombé un cumul de 36mm de précipitations en novembre 2021 dans le Rhône. Un cumul très faible bien que légèrement supérieur à un mois de novembre 2020 au cumul encore plus faible. Il est tombé près de 3 fois moins de précipitations en novembre 2021 qu’en novembre 2019 et près de 2 fois moins qu’en novembre 2018. Un déficit en eau en période automnale qui dure depuis quelques années.

Un hiver et un printemps 2022 particulièrement sec dans la métropole de Lyon

Même constat dans la métropole de Lyon. Le début d’année 2022 a été particulièrement sec et le déficit de précipitations est très important.

Le début d’année 2022 a même été le plus sec depuis 1987. Selon les données des pluviomètres installés et gérés par la Métropole de Lyon, le cumul des précipitations de janvier à mai 2022 était de 12,2 mm d’eau. Soit un déficit de près de 17mm d’eau par rapport à la moyenne depuis 1987 sur la même période de l’année.

Dans le détail, on voit que le mois de mai, traditionnellement pluvieux, a été particulièrement sec en 2022. 18mm de précipitations sont tombés en moyenne selon les relevés des pluviomètres de la Métropole de Lyon. Contre 82mm en moyenne durant la période 1987-2020. Un déficit qui vient s’ajouter à ceux déjà constatés depuis janvier.

Pleuvra-t-il moins dans le futur à Lyon ?

A priori non. Météo France a réalisé des projections climatiques pour tenter de mesurer les conséquences du dérèglement climatique (voir par ailleurs). Concernant les indicateurs de pluviométrie, Lyon ne devrait pas nécessairement voir tomber moins de pluie dans le futur. Du moins en quantité (en cumul).

Sur le graphique ci-dessous, nous avons isolé les projections concernant Lyon dans le cadre d’un scénario dit intermédiaire. Celui où les concentrations de CO2, -principal gaz à effet de serre dont la concentration précipite le changement climatique- sont stabilisées dans le futur. On peut ainsi voir le détail mois par mois. On voit ainsi qu’à un horizon proche (comme moyen), Lyon ne devrait pas connaître de cumul de précipitations moins important. À l’exception peut-être des mois de décembre et de juillet.

Davantage de pluie intense à Lyon ?

Davantage de pluie, serait-ce alors une bonne nouvelle ? Pas nécessairement en prenant en considération d’autres indicateurs. Comme le nombre de jours de pluie. On ne mesure plus ici la quantité mais la répartition du cumul.

On remarque alors que ce nombre de jours du pluie pourrait diminuer en octobre, novembre, décembre et mai (en partie) à un horizon proche comme moyen. Soit des mois d’automne ou de printemps où les précipitations sont traditionnellement les plus importantes.

Cela voudrait donc dire que durant ces mois-là il pourrait tomber autant voire plus de pluie qu’aujourd’hui mais répartie sur un nombre de jours plus faible. Les jours de pluie pourraient donc être plus intenses. Ceux-ci pourront potentiellement conduire à des évènements climatiques problématiques, notamment pour le reste du département.

Par exemple, des pluies plus intenses durant les mois d’été où le sol est sec ne permet pas une bonne absorption de l’eau. Le graphique précédent montrait ainsi qu’il pourrait tomber 10 à 20 mm d’eau supplémentaires en moyenne au mois d’août dans le futur.

C’est ce que les projections de cumul de précipitations les jours de pluie et de part de pluies intenses laissent présager.

Des périodes de sécheresse plus longues à Lyon ?

Là aussi l’évolution, dans la perspective d’un scénario intermédiaire, ne semble pas radicalement différente. Mais ne devrait pas s’améliorer pour autant.

On peut ainsi noter que la durée moyenne des périodes de sécheresse pourrait augmenter à Lyon dans un avenir proche et moyen durant certains mois de l’année. C’est le cas pour les mois d’octobre, novembre à l’automne. Et en partie au printemps au mois d’avril. Des mois où les réserves en eau doivent normalement en partie se reconstituer.

Par ailleurs, dans ce même scénario, l’indice d’humidité des sols devrait rester stable. Toutefois, ces indicateurs de pluviométrie ou d’humidité sont à mettre en parallèle de l’évolution des températures. Comme le rappelle le climatologue de Météo France Christian Viel dans le journal Le Monde, comparant la sécheresse historique de 1976 à celle de 2022 :

« Les températures du printemps 2022 [avril à juillet] étaient supérieures de 1,7 °C en moyenne à celles du printemps 1976, ce qui a amplifié le phénomène d’évaporation »

Et les températures à Lyon, comme ailleurs, ne vont pas baisser dans le futur. Quel que soit le scénario retenu. Ce que nous verrons dans un second volet à venir.

Sécheresse : quelles restrictions à Lyon et dans le Rhône ?

Sécheresse : quelles restrictions à Lyon et dans le Rhône ?

En raison de la sécheresse prolongée qui touche Lyon, la préfecture du Rhône a pris des restrictions qui se sont appliquées dès le mercredi 10 août, sur la majeure partie du département. Initialement prévues jusqu’au 16 août, elles ont été prolongées jusqu’au 4 septembre. Les particuliers comme les collectivités sont concernés.

À compter du mercredi 10 août, la préfecture du Rhône a placé le département en situation de crise en raison de la sécheresse. Les dernières précipitations dignes de ce nom remontent à plus de cinq mois et le débit des cours d’eau ainsi que le niveau des nappes souterraines sont particulièrement préoccupants. Quant aux prévisions météorologiques du Rhône, elles n’affichent pas encore de date de sortie définitive de ce long épisode de sécheresse.

De nouvelles mesures ont été prises par arrêté le 12 août 2022 compte tenu du risque élevé d’incendie : la circulation et le stationnement ont été interdits en dehors des routes aux forêts de la Cantinière, de la Pyramide et des Landes du Beaujolais jusqu’au 16 août 2022 inclus.

La majeure partie du Rhône placée en situation de « crise »

Autant de raisons qui ont motivé la préfecture du Rhône a étendre la situation de crise aux parties du département qui étaient jusque-là moins concernées par la sécheresse, à savoir le Nord et l’Ouest.

Désormais, la zone concernée s’étend de Mornant jusqu’à l’extrémité nord du Rhône, et de l’Est lyonnais jusqu’à la limite ouest du département. La ville de Lyon est bien sûr concernée. Seuls l’extrême Sud et l’Est du Rhône y échappent pour le moment, mais sont tout de même en « alerte renforcée ».

Pas besoin d’aller bien loin pour saisir l’ampleur de cet épisode de sécheresse. Dans la métropole de Lyon, la situation est préoccupante. « On est sur un niveau de sécheresse jamais connu au XXe siècle », alertait Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’environnement, à l’occasion d’un point presse organisé le 8 août dans le parc de Miribel-Jonage. Là-bas, les étendues verdoyantes ne sont plus qu’un lointain souvenir, remplacées par un tapis cassant d’herbe brûlée par le soleil.

Quelles restrictions d’eau à Lyon et dans le Rhône pour lutter contre la sécheresse ?

Dans ce contexte de crise, de nouvelles restrictions d’eau s’appliquent dans le Rhône pour lutter contre la sécheresse. Elles concernent majoritairement les usages domestiques : les particuliers sont concernés, tout comme les collectivités.

Ainsi, il est désormais interdit d’aller récupérer de l’eau dans les cours d’eau ou les nappes souterraines, d’arroser son potager dans la journée (de 9h à 20h), de remplir ou compléter sa piscine, d’arroser les pelouses, les espaces verts et les terrains de sports, de laver sa voiture, sa façade ou sa toiture, et enfin de faire fonctionner des fontaines et brumisateurs en circuit ouvert.

Le parc Buisson Rond, à Chambéry, en plein épisode de sécheresse, le 28 juillet 2022.
Le parc Buisson Rond, à Chambéry, en plein épisode de sécheresse, le 28 juillet 2022.Photo : Florian Pépellin via Wikimedia Commons

Les usages économiques de l’eau, notamment pour l’agriculture et l’industrie, sont également soumis à des restrictions. Les plus consommateurs d’eau, comme l’aspersion (arrosage en pluie très fine), sont désormais interdits.

Sur le site de la préfecture du Rhône, une carte interactive est disponible pour identifier les restrictions d’eau en vigueur dans sa commune, et avoir plus d’informations sur cet épisode de sécheresse particulièrement violent.

Quelles restrictions à Lyon et dans le Rhône pour lutter contre les risques d’incendies ?

Depuis le 12 août 2022, le préfet a pris un nouvel arrêté interdisant l’accès aux forêts de la Cantinière, de la Pyramide et des Landes du Beaujolais. La circulation ainsi que le stationnement des personnes et des véhicules en dehors des routes sont interdites.

D’abord prévues jusqu’au 16 août 2022, ces restrictions ont été étendues par la préfecture jusqu’au 4 septembre « compte tenu du risque élevé dans le département du Rhône, et considérant l’incendie du 13 août 2022 à Vaux-en-Beaujolais ». Ce qui concerne aussi les mesures ci-dessous.

L’usage de feux d’artifice ainsi que de lanternes volantes est proscrit sur tout le département du Rhône. Il est aussi recommandé d’éviter l’usage de tout appareil provoquant des étincelles (disqueuse ou débroussailleuse), d’éviter de fumer dans des zones inflammables, ainsi que de faire des barbecues sauvages.

Lyon, la ville où il ne fait toujours pas bon faire ses études

Lyon, la ville où il ne fait toujours pas bon faire ses études

Pour cette rentrée de septembre 2022, faire ses études à Lyon s’annonce douloureux avec une inflation croissante qui précarise encore un peu plus les étudiants et des aides gouvernementales jugées insuffisantes en retour.

Sans surprise, le coût de la vie étudiante est en augmentation pour cette rentrée universitaire de septembre 2022. D’après l’indicateur du coût de la rentrée calculé chaque année depuis 2011 par le Groupement des associations et élu·es étudiant·es de Lyon (GAELIS), un·e étudiant·e sans bourse qui choisit de faire ses études à Lyon devra débourser très précisément 2516,59 euros, soit 4,42 % de plus que l’année dernière. Loyer, assurance, transports, frais de rentrée, frais de santé… Le constat est sans appel : à Lyon, tous les pôles de dépenses des étudiant·es ont augmenté.

Faire ses études à Lyon coûtera 170 euros de plus qu’il y a trois ans

À Lyon, les prix de l’immobilier suivent une courbe ascendante depuis la crise sanitaire. Pour la rentrée 2022, GAELIS a estimé le loyer moyen d’un T1 ou T2 de moins de 30 m² à environ 630 euros, contre 620 l’année précédente. Dix petits euros de différence, soit une augmentation d’à peine 2 % entre ces deux rentrées universitaires, qui finissent tout de même par représenter une centaine d’euros supplémentaires à débourser par an pour se loger à Lyon. Sans compter les assurances logement, qui ont, elles, augmenté de 25 % d’après GAELIS, ainsi que les abonnements téléphone et internet, indispensables, qui ont pris quasiment 10 % d’augmentation.

Au total, les étudiant·es devront dépenser 2516,59 euros cette année, contre 2410,13 euros l’année dernière, 2470,18 euros en 2020 et 2344,70 euros en 2019. En trois ans, ces dépenses de rentrée auront pris plus de 170 euros. Pour cette rentrée 2022, il sera d’autant plus difficile pour les étudiant·es de joindre les deux bouts à Lyon en raison de l’inflation qui touche l’ensemble du pays. Celle-ci devrait atteindre 7 % en septembre et culminer à 9 % en décembre d’après les données de l’INSEE.

Université Lyon 3 rentrée universitaire études Lyon
La manufacture des tabacs, Université Lyon 3.Photo : LS/Rue89Lyon

Une précarité étudiante alarmante à Lyon

En réaction, le gouvernement a pris des mesures timides à destination des étudiant·es : bourses universitaires et APL augmentées respectivement de 4 % et 3,5 % pour cette rentrée de septembre, et versement de 100 euros pour les bénéficiaires de ces aides.

Des coups de pouce financiers qui ne parviendront pas à suivre le rythme inflationniste, note GAELIS :

« Un.e étudiant.e sur deux est contraint de travailler en plus de ses études pour pouvoir subvenir à ses besoins. Un emploi hebdomadaire supérieur à 15h par semaine double le risque d’échec scolaire. Ces emplois par ailleurs, trop souvent précaires entraînent stress, fatigue et conduisent, dans le pire des cas, à l’abandon des études. »

En novembre 2019, la précarité étudiante avait brutalement été mise en lumière à Lyon suite à la tentative d’immolation d’un étudiant de l’Université Lumière Lyon 2, Anas Kournif, puis de nouveau pendant les confinements, où plusieurs étudiant·es avaient tenté de mettre fin à leurs jours à Lyon. Dans les deux cas, ces événements tragiques avaient été suivis de fortes mobilisations pour dénoncer la précarité étudiante.

À cette précarité étudiante toujours bien présente à Lyon, s’ajoutent les conséquences psychologiques de la crise sanitaire et des confinements successifs. Ainsi, d’après GAELIS, un étudiant·e sur trois a des pensées suicidaires et les dispositifs universitaires sont largement sous-dimensionnés pour les accueillir :

« Les dispositifs d’accompagnement psychologique sont encore beaucoup trop insuffisants dans les universités et quasiment inexistants au sein des établissements d’enseignement supérieur privé : 1 psychologue pour 15 000 étudiant.e.s universitaires soit 15 fois moins que les recommandations de la Haute Autorité de santé. »

Les étudiants ont ouvert le cortège.
Les étudiants ont ouvert le cortège de la manifestation du 4 février 2021- Crédit Pierre LEMERLE/Rue89Lyon.
#inflation

À Villeurbanne, « Zone Libre » tente de sortir les SDF de la rue

À Villeurbanne, « Zone Libre » tente de sortir les SDF de la rue

Dans le quartier Grandclément, à Villeurbanne, l’association Alynea expérimente depuis un an « Zone Libre », un lieu de vie semi-collectif et pérenne pour les personnes à la rue SDF, refusées ou refusant d’autres solutions d’hébergement. Reportage.

« Ici, c’est tranquille, y a personne qui vient t’emmerder, alors qu’à la rue… »

Assis sur son canapé-lit, Bruno, 60 ans, cheveux blancs et fine silhouette flottant dans un t-shirt bleu clair, vient de nous faire visiter son logement. Un chalet de 24m² au faux air de cabane alpine, tout en bois et panneaux d’agglomérés bleu foncé, sobrement meublé et équipé de tout le nécessaire : frigo, kitchenette, lit, salle d’eau.

Pourtant, l’habitation est située loin des cimes. L’emplacement est bien plus urbain : une ancienne entreprise de stockage de caoutchouc du quartier Grandclément, à Villeurbanne, vide et inutilisée depuis des années. Les fenêtres ternies par le temps et les murs décrépis en témoignent. 

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Festival Woodstower 2022 : « On a vendu 1,5 fois plus de places qu’en 2019 »

Festival Woodstower 2022 : « On a vendu 1,5 fois plus de places qu’en 2019 »

[Interview] Depuis la première année Covid, les embûches et les déperditions financières se sont succédées pour les acteurs de la culture et de la fête à Lyon. Cette année marque-t-elle enfin la sortie de crise ? Entretien avec Maxime Noly, directeur et programmateur du festival Woodstower dont l’édition 2022 se déroulera au grand parc de Miribel Jonage, du 24 au 28 août.

Depuis 2005, le festival Woodstower est un des événements qui signe la fin de la saison estivale à Lyon. Maxime Noly a 35 ans. Il en est le directeur et programmateur depuis 8 ans. Alors que le festival s’est adapté tant bien que mal aux restrictions sanitaires et aux difficultés économiques, Maxime Noly promet une 2022 édition garantie sans contrainte.

« On est enfin rassurés pour la suite »

Reste-t-il des contraintes liées à la crise sanitaire ?

Aucune. Pas de masque, tout le monde debout, et on espère que ça va continuer comme ça ! Nous étions très inquiets tout le long de la crise Covid, mais là franchement, ça va mieux, on est enfin rassurés pour la suite. On remet les choses à plat tout en reprenant les succès du festival : un super programme, un camping, des animations variées, un écovillage. On veut vraiment que notre public y trouve son compte.

Photo de l'édition 2021 du festival Woodstower ©Brice ROBERT
Photo de l’édition 2021 du festival WoodstowerPhoto : Brice ROBERT

Cette année, aucun nuage à l’horizon. À tel point que cela pourrait être inquiétant pour les festivaliers de Woodstower. Comment envisagez-vous le risque de canicule ?

On espère que ça se sera calmé d’ici fin août, les dernières années c’était plutôt le cas. De plus, on a la chance d’être dans un espace de verdure : avec un accès au lac de Miribel-Jonage et à une plage dont les festivaliers pourront profiter en journée. Il y a aussi l’accès à l’eau potable gratuite sur tout le site. Dans le pire des cas, on a la possibilité d’asperger les foules avec des systèmes de jets.

« La Région a baissé sa subvention pour Woodstower en 2022 »

Pour l’instant, le festival Woodstower est-il rentré dans ses frais ?

On a une très bonne dynamique de vente. Par rapport à 2019, -notre dernière édition « normale »- on a vendu 1,5 fois plus de places. Certes, nous avons ajouté une soirée au programme, mais c’est quand même un très bon signe.

En revanche, on déplore un gros bémol. Comme de nombreux acteurs du territoire, la Région Auvergne-Rhône-Alpes nous soutient beaucoup moins cette année. Leur enveloppe habituelle finançait la prestation de tri des déchets sur tout le festival et participait aussi aux frais de fonctionnement.

Nous avons dû engager des frais précipitamment quand on a su, il y a quelques mois seulement. Un festival se prépare un an à l’avance. On nous a annoncé que c’était contextuel, et que les choses seraient revues pour la suite, on veut y croire. Pour l’instant, je garantis que ça n’altérera pas la qualité de cette édition. J’ajoute qu’il ne faut pas dramatiser : nous avons aussi accueilli de nouveaux partenaires privés.

« Nous proposons un testing de drogue gratuit et accessible à tous »

Cette année à Lyon, nous avons observé un pic des agressions au GHB, le plus souvent durant des contextes festifs. Quels dispositifs avez-vous prévus pour empêcher les agressions ?

L’année dernière nous avons rédigé une charte, « Woodsafe », que nous avons renforcée cette année en engageant les Catherinettes. Il s’agit d’une association féministe luttant contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif. Avec elles, nous avons décidé d’édifier un espace de tranquillité réservée aux personnes qui se sentent mal, ou menacées. Il y aura aussi un système de maraude que n’importe quel festivalier ou festivalière pourra solliciter si il ou elle se sent menacé.e.

J’ajoute que cela fait déjà plusieurs années que nous travaillons avec des associations de prévention des risques comme Keep Smiling et Pause Diabolo. Depuis l’année dernière nous avons mis en place un testing de drogue gratuit accessible à tous. L’objectif est de limiter les risques en informant les personnes de ce qu’ils et elles ont vraiment pris.

Balade à la découverte des châteaux-forts du Bugey depuis Lyon

Balade à la découverte des châteaux-forts du Bugey depuis Lyon

Une agréable balade à moins d’une demi-heure de Lyon au gré des forteresses du Bugey, témoins du conflit opposant les Dauphins de Viennois et le Comte de Savoie jusqu’en 1355.

Virée dans le Bugey, pour une longue balade en pleine nature, à moins d’une demi-heure de Lyon en train. Forêts, prairies et châteaux forts, vous voilà parti·e pour une journée dépaysante. L’occasion également d’un petit voyage dans le temps, à l’époque du conflit entre la Savoie et la France.

Balade entre les châteaux forts à une demi-heure de Lyon

Cette aventure commence à la gare de Lyon Part-Dieu où vous embarquerez dans un train à destination d’Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain. Le trajet ne dure que 30 minutes environ, à peine le temps d’admirer le paysage par la fenêtre.

Une fois à la gare d’Ambérieu-en-Bugey, une petite marche d’approche d’environ une demi-heure vous mènera jusqu’au joli jardin anglais du château des Échelles. Lors de votre balade entre les frondaisons, vous apercevrez le château lui-même, où vécu au XIXe siècle Amédée Bonnet, chirurgien en chef des hôpitaux de Lyon.

Les vestiges de la forteresse du Mont Luisandre, au terme d'une ballade accessible en train de puis Lyon.
Les vestiges de la forteresse du Mont Luisandre, dans le Bugey (Ain), au terme d’une ballade accessible en train depuis Lyon.Photo : GdeLaB/Wikimedia Commons

Après une petite grimpette, deuxième château de cette escapade : celui de Saint-Germain, qui s’accroche à son promontoire rocheux depuis le XIIe siècle. Passé entre les mains des Dauphins de Viennois et du Comte de Savoie, il fut au cœur d’opérations militaires d’envergure jusqu’à la signature du traité de Paris en 1355, où le roi de France, nouveau maître du Dauphiné, s’accorda avec le comte de Savoie Amédée VI sur de nouvelles frontières délimitées par le Rhône et le Guiers. Aujourd’hui, il ne reste de la forteresse que des ruines.

Visite historique du convoité château des Allymes

Après une petite pause à l’ombre des vieilles pierres, continuons avec un itinéraire particulièrement agréable qui alterne les traversées de forêts et de prairies verdoyantes jusqu’au château des Allymes.

Au début du XIVe siècle, l’endroit, point de passage entre le Bugey et la Bresse, faisait des envieux. A tel point qu’en 1305, deux forteresses ennemies virent le jour, chacune de part et d’autre du col de Brey-de-Vent : l’une, au sommet du mont Luisandre, appartenait au Comte de Savoie ; l’autre, sur la montagne des Allymes, au Dauphiné du Viennois. Chacun s’échina alors à assoir sa position en renforçant et agrandissant sa forteresse, qui virent chacune un bourg se développer.

A une demi-heure en train de Lyon, cette balade vous emmène notamment jusqu'au château d'Allymes, dans l'Ain.
A une demi-heure en train de Lyon, cette balade vous emmène notamment jusqu’au château d’Allymes, dans l’Ain.Photo : Harrie Gielen/Wikimedia Commons

Après des tentatives d’incursion de part et d’autre, le château des Allymes passa sous contrôle savoyard en 1335. Quelques années plus tard, la forteresse perdit tout intérêt stratégique avec la signature du traité de Paris.

Aujourd’hui, le château des Allymes se visite, tous les jours de 10h à 12h30 et de 13h30 à 19h cet été, au tarif de 5 euros par adulte, 2,50 euros par enfant de 4 à 18 ans. Attention, les horaires changent selon les périodes de l’année.

Au-dessus du château des Allymes se trouve toujours la forteresse du mont Luisandre. Après la signature du traité de Paris, elle n’intéressa rapidement plus personne et fut laissée à l’abandon. Pour autant, il serait dommage de ne pas lui rendre une petite visite. Il vous faudra encore un petit effort depuis le château des Allymes pour rejoindre le sommet du mont Luisandre et profiter d’une superbe vue sur la vallée du Rhône et les collines du Bugey.

Le retour se fait par le même itinéraire de balade qu’à l’aller jusqu’à la gare d’Ambérieu, pour sauter dans un TER qui vous ramènera à Lyon.

Itinéraire gare Ambérieu-en-Bugey château Allymes
Itinéraire à pied de la gare d’Ambérieu-en-Bugey jusqu’au château des Allymes, un peu plus de 6km pour environ 1h45 de marche. Capture Portail IGN

Abandons massifs de lapins à Lyon : « On ne s’en sort plus »

Abandons massifs de lapins à Lyon : « On ne s’en sort plus »

À Lyon et ses environs, tous les refuges accueillant des nouveaux animaux de compagnie (NAC) comme les lapins ou les cochons d’inde affichent complet. En cause, la sempiternelle période des départs en vacances, mais pas seulement.

Sur le bien connu site de petites annonces de particuliers LeBonCoin, les annonces se succèdent : des lapins de tous les âges sont vendus à des prix dérisoires allant de 0 à 40 euros. Ils sont tantôt cédés seuls, tantôt en kit, avec leur cage, leur nourriture et leur litière, dans une ambiance de déstockage proche du « tout doit disparaître ».

Certains particuliers prennent la peine d’expliquer brièvement leur choix, comme « Nab », habitante du 7e arrondissement, à Lyon :

« Je donne mon lapin nain âgé de 3 ans car j’adopte un chien. »

Gaëlle, utilisatrice habitant Oullins offre une variante moins laconique :

« Je donne mon lapin de cinq ans contre bon soin, j’avais un grand appartement avant mais je suis passée dans plus petit suite à une grosse perte financière. C’est un lapin très calme qui vit en enclos. Il demande quelques caresses et un peu d’attention chaque jour. »

Un phénomène similaire existe pour les cochons d’inde. Cependant, il s’agit plus souvent de dons de bébés que d’animaux déjà âgés.

On peut trouver des lapins et des rongeurs domestiques à vendre sur LeBonCoin durant toutes les périodes de l’année. Cependant, les dons estampillés « urgents » apparaissent majoritaires en été. Une façon parmi d’autres de se débarrasser de la responsabilité d’un animal en période estivale. À l’évocation de cette tendance, Béatrice Tauvel, cheffe animalière de la SPA de Lyon, soupire, désabusée :

« C’est toujours mieux que les personnes qui abandonnent leur lapin dans les rues ou dans les parcs. »

« Pour la première fois on a dû mettre en place une liste d’attente »

Dernière arrivée en date au refuge de Brignais, un lapin domestique trouvé errant dans le parc de Miribel-Jonage :

« Ce sont des particuliers qui les capturent et nous les ramènent, la plupart du temps, ils arrivent déshydratés et affamés. On ne va pas se mentir, beaucoup se font croquer ou écraser. »

Aujourd’hui, la SPA de Brignais ne peut plus accueillir de lapins, les 20 places réservées aux lagomorphes sont toutes occupées. C’est le cas pour toutes les structures similaires dans la région, comme le refuge de Chloé Machado, « Les grandes oreilles » situé dans le Nord-Isère. Spécialisé dans les NAC, une cinquantaine de lapins a été recueillie les derniers mois, mais ce n’est pas suffisant :

« Pour la première fois on a dû mettre en place une liste d’attente. En presque dix ans, nous n’en avions jamais eu besoin. Là on a une vingtaine de personnes qui attendent de nous confier leur lapin, c’est dingue. »

Caravelle fait partie des lapins abandonnés au refuge des Grandes Oreilles, près de Lyon. Chloé Machado organise régulièrement des shootings pour mettre en avant les animaux à adopter. Photo : Les Grandes Oreilles
Caravelle fait partie des lapins abandonnés au refuge des Grandes Oreilles, près de Lyon. Photo : Les Grandes Oreilles

« On ne s’attendait pas à un tel contre-coup du Covid »

Autre phénomène étonnant, en plus de l’avalanche de lapins, de nombreux particuliers sont venus abandonner leurs cochons d’inde :

« D’habitude on en a deux ou trois. En ce moment, on en a une quinzaine, on a dû réorganiser nos locaux. »

Les cochons d’inde vivent le plus souvent à plusieurs ou en petites colonies. Ils peuvent s’habituer à l’extérieur, même l’hiver. Généralement considérés comme très faciles d’entretien, le phénomène est inédit pour Chloé Machado. Et pourtant, cela fait presque dix ans que « Les grandes oreilles » accueille des NAC sur le territoire :

« On s’attendait un peu au fait qu’il y ait un contre-coup des deux années Covid, mais pas de cette ampleur. »

Chloé Machado a du réorganiser son espace face au pic d'abandon des cochons d'inde. Photo : Les Grandes Oreilles
Chloé Machado a du réorganiser son espace face au pic d’abandons des cochons d’inde. Photo : Les Grandes Oreilles

Un contre-coup de deux ans où les particuliers ont beaucoup moins abandonné leurs petits compagnons à fourrure. Béatrice Tauvel partage ce constat. Elle a remarqué que les périodes Covid ont donné à beaucoup l’envie d’adopter, et que le retour à la vie « normale » a fait perdre le sens des responsabilités à certains. Elle ose une théorie :

« On ne voit pas du tout le même comportement chez les adoptants de NAC que chez les adoptants de chats ou de chiens. Les lapins sont souvent considérés comme des objets de consommation, qu’on achète sur un coup de tête parce que c’est mignon et dont on se débarrasse sans trop se poser de question. »

Béatrice Tauvel rappelle que le lapin fait partie des animaux que l’on retrouve dans nos assiettes, en France, et que cela doit aussi jouer dans l’imaginaire collectif. Elle poursuit :

« Ce sont des animaux loyaux, intelligents et sensibles, je trouve ça dommage qu’ils soient vu comme une distraction, un « truc » dont on peut se séparer quand on a décidé que ça ne fonctionnait plus. »

« À Lyon, beaucoup de parents abandonnent le lapin qu’ils ont acheté pour leur enfant »

Chloé Machado dessine le même constat. La plupart des particuliers qui viennent abandonner des NAC dans son refuge sont des parents, qui ont cédé au caprice « lapin » de leur enfant, oubliant leurs propres obligations :

« Il est souvent dit des cochons d’inde et des lapins que ce sont des bons animaux pour responsabiliser un enfant, et c’est vrai, si les parents donnent un minimum l’exemple et se comportent de façon responsable aussi. »

Autre motif d’abandon : les particuliers oublieraient un peu vite que les lapins se reproduisent très vite. Dépassés par le nombre, leurs portées indésirées envahissent les refuges.

« Les animaleries sont responsables des abandons de lapins »

Jarod Winston est une sommité lyonnaise dans le domaine des lapins. Sa page Facebook « Quoi de neuf docteur » est suivie par plus de 14 000 personnes. Il y documente ses sauvetages de NAC et donne des conseils à sa communauté pour s’occuper de ces derniers correctement. Ancien artisan du bois, il a fabriqué bon nombre de petits fauteuils roulants pour des lapins immobilisés des pattes arrières.

Corona fait partie des lapins abandonnés au refuge des Grandes Oreilles, près de Lyon. Chloé Machado organise régulièrement des shootings pour mettre en avant les animaux à adopter. Photo : Les Grandes Oreilles
Corona fait partie des lapins abandonnés au refuge des Grandes Oreilles, près de Lyon. Chloé Machado organise régulièrement des shootings pour mettre en avant les animaux à adopter. Photo : Les Grandes Oreilles

Pour lui, cela ne fait aucun doute, les premiers responsables des abandons des NAC sont les animaleries qui vendent en gros :

« On parle de magasins qui tablent sur cette stratégie : vous allez acheter une truelle et vous repartez avec un lapin. Au prix auquel ils sont vendus, on ne se pose pas trop de questions avant d’acheter. »

À l’achat en animalerie, un lapin ou un cochon d’inde excède rarement les 40 euros. Ce sont les cages, enclos ou clapiers qui leur servent de logis qui coûtent bien plus cher, ainsi que la nourriture et la litière. Jarod Winston détaille :

« Ça ne rapporte pas grand-chose de vendre l’animal, c’est surtout fidéliser la clientèle à revenir au même magasin toute sa vie pour acheter la même nourriture, la même litière, une nouvelle cage… »

À Lyon, des lapins récupérés dans les parcs, les poubelles, sur les trottoirs

Il tacle au passage les produits vendus en « grandes » animaleries, accusant celles-ci de proposer des aliments qui ne sont pas adaptés aux lapins. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jarod Winston va bientôt ouvrir -avec quelques vétérinaires de la région- Le comptoir des NAC, dans le centre de la Croix-Rousse, qui vendra et conseillera les Lyonnais au sujet de la nourriture à favoriser pour leur animal.

Travaillant très régulièrement avec Chloé Machado du refuge « Les Grandes Oreilles », Jarod Winston lui confie souvent les lapins qu’il a récupérés à Lyon, dans les poubelles, les parcs, sur les trottoirs :

« Ceux qui ne vont pas trop mal je les envoie à Chloé quand elle a de la place, ceux qui sont blessés je m’en occupe le plus longtemps possible. »

Tout comme Chloé Machado, Jarod Winston consacre beaucoup d’argent à sa vocation. Des vétérinaires lyonnais l’aident pour la plupart bénévolement, cependant les lapins qui souffrent de maladies, amputés d’une patte ou de deux, nécessitent des soins (et des moyens) accrus.

« Le futur est trop incertains pour adopter des lapins à Lyon »

Une fois soignés, Jarod Winston propose régulièrement des lapins à l’adoption. Contrairement à l’idée reçue, ce ne sont pas les plus mignons qui partent en premier :

« Il arrive très souvent qu’on me demande d’adopter un vieux lapin ou un handicapé. Il y a des personnes qui ont vraiment envie de faire une bonne action. »

Il dresse le même constat que Chloé Machado ou encore Béatrice Tauvel : non seulement les mois derniers ont été marqués par un pic des abandons, mais aussi et surtout par une baisse massive des adoptions. La page Facebook du refuge « Les Grandes Oreilles » en témoigne : à part une adoption en août, les derniers messages annonçant des prises en charge datent du 2 avril dernier.

Chloé Machado fait coïncider le coup d’arrêt des adoptions avec le début de la guerre en Ukraine :

« Ça peut sembler étonnant, mais je crois que ça a vraiment donné un sentiment d’incertitude face à l’avenir. Nos adoptants sont l’opposé de ceux qui achètent des lapins sur un coup de tête. Ils veulent être sûrs de leur donner une vie agréable. »

Cet été, les associations observent un phénomène d'abandons massif de lapins à Lyon. Une photo Pexels par Riika
Cet été, les associations observent un phénomène d’abandons massifs de lapins à Lyon. Une photo Pexels par Riika

Elle conclut en rappelant que pour beaucoup, la baisse du pouvoir d’achat a eu un impact dévastateur sur leur budget :

« Il y a de plus en plus de personnes qui abandonnent leur compagnon car ils n’ont plus les moyens de s’en occuper. J’imagine que d’autres s’empêchent d’en adopter pour les mêmes raisons. »

#lapins#NAC

Des cafards dans le train Ouigo qui fait Paris – Lyon

Des cafards dans le train Ouigo qui fait Paris – Lyon

Climatisation en panne, WC fermés, nuisibles… La CGT cheminots dénonce des problèmes de maintenance et d’insalubrité sur les trains Ouigo, notamment celui qui circule entre Paris et Lyon.

Dans un communiqué en date du 11 août, la CGT cheminots dénonce « des conditions de voyage et de travail inadmissibles » sur les trains Ouigo. En cause : des « problématiques de maintenance », occasionnant des pannes de climatisation, des WC condamnées mais également des nuisibles sur certaines rames Ouigo – dont celle qui circule entre Paris et Lyon Saint-Exupéry.

« Les rames des trains Ouigo font beaucoup plus de kilomètres que les TGV classiques, explique Abdelkader Bensadoun, secrétaire de la CGT cheminots de Lyon Perrache. Les trains partent de Lyon Saint-Exupéry, monte à Lille Tourcoing, redescendent à Marseille… Avec le modèle Ouigo, chaque kilomètre doit être utilisé au maximum, donc la rame doit circuler non-stop. Il y a des problèmes de maintenance et d’insalubrité qui nécessiteraient que certaines rames soient retirées pendant plus d’une semaine pour faire un travail de fond. »

trains OUIGO gare Lyon Saint-Exupéry
Un des trains Ouigo à quai, à la gare de Lyon Saint-Exupéry.Photo : Benoît Prieur via Wikimedia Commons

Sur les TGV classiques, des rames de secours sont prévues pour remplacer celles qui partent en maintenance. Pas sur le parc Ouigo.

« OUIGO n’a aucune rame de secours. Pour assurer la maintenance, il en faudrait au moins six en réserve : trois pour la partie atlantique et trois pour la partie sud-est. Ainsi que plus de moyens humains, notamment à la maintenance qui est en sous-effectif chronique. »

Dans ce cadre, faut-il s’inquiéter de potentiels futurs accidents de trains OUIGO ?

« La sécurité des trains est assurée, affirme Abdelkader Bensadoun. Mais ils sabrent tout ce qui concerne le confort, la propreté… »

Cafards et asticots dans le Ouigo Paris – Lyon Saint-Exupéry

D’après le cheminot, si les 37 rames Ouigo actuellement en circulation sont concernées, à différentes échelles, l’un des trains qui circulent entre Paris et Lyon Saint-Exupéry illustre particulièrement bien les problèmes d’insalubrité.

« Depuis le début de l’été, on alerte sur la présence de cafards et de larves dans la rame 774, et plus précisément dans la voiture numéro huit, soupire Abdelkader Bensadoun. La rame a été sortie quelques jours, mais pas assez longtemps pour traiter le problème en profondeur, et remise en circulation. »

Or, les cafards sont des insectes particulièrement coriaces, capables de résister sans problème à de nombreux insecticides. Le 3 août, les élus de la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) ont reçu de la part de leur direction des ressources humaines un mail les informant que la rame infestée avait été remise en circulation après avoir subi une opération de maintenance.

Contacté, le service communication de Ouigo confirme que des « nuisibles » ont été signalés en début d’été et affirme que la rame a été traitée à deux reprises :

« La rame a été remise en circulation début août après inspection et elle fait l’objet d’une surveillance quotidienne. Il n’y a plus de nuisibles. »

Des photos et vidéos que Rue89Lyon a pu consulter, en date du lendemain, le 4 août, témoignent de la présence d’asticots et de cafards bien vivants dans la rame 774, cette fois-ci dans la moquette et sur les parois de la voiture 7. Le 4 août, les deux agents SNCF présents dans la rame ont exercé leur droit de retrait, refusant d’embarquer dans ces conditions.

trains OUIGO Paris Lyon cafards asticots
Capture d’écran d’une vidéo filmée le 4 août dans la voiture 7 de la rame 774 d’un train OUIGO qui circule entre Paris et Lyon. DR

« Parfois, on doit faire tout le parcours sans clim. De Marseille à Lille, il y a 4h30 de trajet… »

Au-delà de ces problèmes d’insalubrité, la CGT dénonce les conditions de transport « inadmissibles », tant pour les voyageurs que pour les agents. Ainsi, Abdelkader Bensadoun évoque des toilettes bouchées et donc condamnées, et des climatisations qui tombent régulièrement en panne, particulièrement en cette période de fortes chaleurs où elles sont sur-sollicitées.

« Il faudrait sortir les rames concernées pendant plus d’une semaine pour régler le problème, explique le cheminot. On bricole comme on peut, mais faute de maintenance lourde, la panne revient régulièrement. Parfois, on doit faire tout le parcours sans clim. De Marseille à Lille, il y a 4h30 de trajet… »

Et d’enfoncer le clou :

« Le développement ferroviaire est nécessaire, surtout en ce moment pour des raisons écologiques. Il faut y mettre les moyens financiers et humains ! »

« Le communiqué de la CGT ne fait qu’alimenter une polémique »

Au service communication de Ouigo, on relativise le problème :

« Pour les climatisations, le taux de fiabilité est actuellement de 99 %. Certes, ça laisse 1 %. En cas de panne, on distribue des bouteilles d’eau ou on replace les voyageurs dans une autre voiture. Quant aux WC, dans une rame Ouigo il y en a huit, en haut et en bas donc ça laisse des solutions alternatives si certains sont fermés. Nous avons aussi mis en place trois rames de réserve cet été, face à la forte affluence. »

Pour Ouigo, le communiqué envoyé par la CGT le 11 août est sans fondement :

« On a été étonnés par ce communiqué qui ne fait qu’alimenter une polémique. Les problèmes ont été identifiés, sont déjà résolus ou en cours de résolution. Ce n’est pas aussi noir que ce qui est décrit. »

À l’initiative de la CGT, une réunion devrait avoir lieu la semaine prochaine pour remettre ces dossiers sur la table.

#Gare Lyon Saint-Exupéry#OUIGO

Changement climatique dans le Beaujolais : « On est des pompiers dans une grange en flammes »

Changement climatique dans le Beaujolais : « On est des pompiers dans une grange en flammes »

Face aux sécheresses à répétition, des viticulteurs du Beaujolais tentent d’adapter leurs outils en plantant, notamment, des arbres et haies. Des expérimentations pour tenter de faire face aux conséquences du changement climatique.

Les températures ont (très) légèrement baissé, ce lundi 8 août. À Légny, dans le sud du Beaujolais, la grosse vague de chaleur de la semaine précédente s’est atténuée. Le mercure dépasse pourtant toujours facilement les 35°.

Dans ses vignes, Julien Merle montre les conséquences des « coups de chaud » sur son vignoble. Au bas des pieds, des feuilles sont littéralement « brûlées » par la chaleur. Plus résistantes que beaucoup de cultures, les vignes souffrent tout de même aussi de la sécheresse. Or, après mai et juin, elles vivent leur troisième épisode caniculaire de l’année. De quoi en achever.

« La météo donne toujours les températures à l’abri, remarque Julien Merle. Mais, dans les champs, les températures montent. On a pu facilement arriver à 46 ou 47°. »

Julien Merle dans ses vignes
Le vigneron Julien Merle montre les conséquences de la sécheresse sur ses vignes dans le Beaujolais. Crédit : PL/Rue89Lyon.

D’octobre à août : les vendanges se décalent dans le Beaujolais

Entre deux vignes, il remue du pied une terre terriblement sèche. Outre les chaleurs, l’eau manque cruellement. Sur Lyon, il est tombé 0,6 mm d’eau sur tout le mois de juillet, un record depuis 1921. Suite logique de cela, le Rhône a été placé en situation de « crise » par la préfecture et les restrictions d’eau ont commencé.

« S’il ne pleut pas d’ici les vendanges, ça va être très problématique », s’inquiète le vigneron.

Installé sur ses terres familiales depuis 19 ans, il a vu très directement les conséquences du changement climatique dans le Beaujolais. Lors de la grande canicule de 2003, les vendanges avaient eu lieu le 25 août du fait des chaleurs importantes. Unique il y a 20 ans, cet événement tend à devenir la règle. Cette année aussi, les saisonniers devraient commencer à travailler tôt, dès la fin août.

« Dans le calendrier républicain [fait durant la révolution française], le « vendémiaire » correspondait à la saison des vendanges, rappelle Nathalie Banes, une vigneronne installée à Oingt, juste à côté. Ce mois commençait fin septembre, début octobre. On en est loin. »

Depuis 2015, le manque d’eau tend à devenir chronique. La faute à des étés chauds, mais aussi à un manque de pluie dès l’hiver (lire par ailleurs).

Les vignes du Beaujolais
Des plans de vigne dans le sud Beaujolais. Crédit : PL/Rue89Lyon.

Changement climatique dans le Beaujolais : « La moitié de la grange est déjà en train de cramer »

Face à cette situation, les vignerons tentent de s’organiser.

« On est des pompiers dans une grange en flammes. Sauf que la moitié de la grange est déjà en train de cramer », soupire Julien Merle.

Pour préserver l’eau, les techniques sont nombreuses. Une partie des cuves à vin ont été transformées pour accueillir jusqu’à 30 m³ d’eau. Le vigneron a également changé ses horaires de travail.

« Aller soulever les feuilles de la vigne en pleine chaleur, c’est prendre le risque qu’elles brûlent », commente-t-il. 

Pour éviter cela, il travaille très tôt le matin, de 4h30 à 9 h dans les champs durant l’été. Il reprend le travail en extérieur le soir après une grande pause dans la journée. Comme dans le Sud de la France, il évite de cisailler les vignes, de manière à ce que le raisin reste protégé de la lumière du soleil.

Sous l’impulsion de Nathalie Banes, les deux viticulteurs bio ont commencé à travailler avec des chevaux de trait. Moins polluants que les tracteurs, ces deux chevaux ont aussi pour avantage de moins tasser la terre. De ce fait, celle-ci est plus performante pour absorber l’eau.

Des feuilles séchées dans le Beaujolais
Certaines feuilles ont été brûlées par le soleil dans le Beaujolais. Crédit : PL/Rue89Lyon.

Dans le Beaujolais, des haies contre le changement climatique

Un peu plus au nord du Beaujolais, Marine Bonnet et Pierre Cotton ont investi pour tenter de s’adapter aux conséquences du changement climatique. Situés sur la face sud de la colline du Brouilly, ces autres producteurs de vin naturel ont été confrontés rapidement aux problématiques liées au soleil.

« Historiquement, nous avons depuis longtemps une parcelle qui s’appelle « Les Grillés » », rappelle Pierre Cotton.

2015, 2017, 2018, 2019… Il énumère les derniers été qui ont été particulièrement chauds. En 2020, il a perdu jusqu’à 50 % de sa récolte sur certains secteurs. 

La logique est simple : sans eau, le raisin sèche et la production ne suit pas. « Faire du vin avec de la peau de raisin, c’est sûr que c’est pas pareil… », ironise le vigneron.

Pour tenter de s’adapter, les deux viticulteurs se sont lancés dans la plantation d’arbres et de haies. Objectif ? Faire de l’ombre pour protéger les vignes.

Des haies pour faire de l’ombre : « Ca fait beaucoup de boulot »

Une idée simple mais une mise en place complexe. Pour recueillir le savoir technique nécessaire à de telles cultures, les vignerons se rassemblent. Récemment, ils ont monté l’association « Les vigneron.nes du vivant en Beaujolais », dont la première assemblée générale a eu lieu cette année. Partis à cinq professionnels lors du lancement, ils sont aujourd’hui 23.

« Ça fait beaucoup de boulot, on se retrouve tous les mois pour échanger », commente Pierre Cotton.

Quand Pierre et Marine tentent de planter 70 arbres par hectare, un collègue vise carrément les 250 arbres. Et en bordure de parcelles ? Les paysans replantent des haies. Arbustier, haute-tige, églantier, prunier, pommier sauvage, cormier… Pour eux, le tout est de trouver des arbres compatibles avec la vigne et venant du coin.

« L’idée, c’est aussi de prendre des arbres avec lesquels il est possible de faire des « trognes ». Cela signifie qu’on peut leur couper la tête, développe Pierre Cotton. On va gérer l’ombre comme ça. »

Avantage de cette végétation, les racines de ces arbres se multiplient lors des coupes. Leur bourgeonnement s’intensifie également.

L’agroforesterie : une manière de sortir de la monoculture ?

Outre la création d’ombre lors des grandes chaleurs, les haies peuvent également servir à protéger de la grêle et à diversifier la production. Pourquoi ne pas faire du Cormé (du cidre) avec les fruits du cormier ?

Un discours qui résonne aux oreilles de Julien Merle. Pour lui, la faiblesse actuelle du modèle économique de la vigne tient à cette monoculture relativement nouvelle. 

Du temps de son grand-père, les vignerons se rattachaient à une autre culture lors d’aléas climatiques trop importants, ou faisaient valoir un autre métier (pépiniériste, vendeur de matériel, etc.).

« Un plus, d’autant que la monoculture affaiblit les sols, reprend-t-il. Tout est imbriqué. »

Contre le changement climatique : des investissements énormes

Sur le papier, ces projets sont séduisants. Mais le chemin pour les réaliser est long pour des viticulteurs se formant sur le tas à l’arboriculture. Avec des arbres dont les prix oscillent entre 1 et 6 euros, l’achat d’un tuteur, le paillage ou encore la main d’œuvre à mettre en place, le coût en temps et en investissement devient vite conséquent. Au domaine Bonnet-Cotton, celui-ci est bien supérieur à 10 000 euros pour planter 1000 arbres sur l’année. Sans compter que ces derniers ont aussi besoin d’eau.

« Lors de mon moment off de la semaine, je me retrouve à aller arroser mes arbres », commente Julien Merle, qui a planté une quinzaine d’arbres, dans cette même logique.

Les cinq premières années, ces nouvelles plantations ont besoin, elles aussi, d’être alimentées en eau pour ne pas dépérir. Après cela, les arbres ont des racines assez profondes pour se débrouiller.

« Ils vont être capables de forer en profondeur, reprend Julien Merle. Ensuite, les plantes s’entraident pour se nourrir d’eau. Elles peuvent donc aider les vignes à leur développement. »

Des arbres pour recréer un écosystème complet

Autre avantage indéniable de cet outil : les grands arbres perdent leurs feuilles à l’automne. Ces dernières vont permettre de recréer de la matière organique et de nourrir les sols. Ces bois peuvent aussi être de nouveaux lieux de vie pour les rapaces, les écureuils, etc. Ils participent ainsi à recréer un écosystème complet.

Bref, tout semble parfait a priori. Sauf que les vignerons risquent de ne jamais voir les fruits de leur travail. Certains arbres mettront 15 ans pour arriver à la taille voulue.

« On travaille pour ceux qui viennent après », constate Julien Merle.

Plus avancé sur ce sujet, Pierre Cotton assume une part d’expérimentation indispensable.

« On est obligés de s’adapter. Alors on cherche, on tâtonne… Mais ça va le faire », sourit le vigneron.

Changement climatique dans le Beaujolais : vers la fin du Gamay ?

Reste que, pour Julien Merle, faire avec le changement climatique implique aussi d’accepter les bouleversements qu’il amène. Du fait des fortes chaleurs, le profil des vins du Beaujolais change. Plus marqué, moins léger, moins fruité…. Avec le manque d’eau, la composition chimique du vin évolue et son goût avec.

De même, pour lui, la question de garder un cépage non adapté à de telles températures se pose.

« Est-ce que ce ne serait pas la fin du Gamay en Beaujolais ? Le cépage peut-il résister ? »

Comme de nombreux agriculteurs de l’Ouest lyonnais, il a conscience qu’il faudra sûrement repenser les lieux. Si l’on suit les différents rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le climat de l’Ouest lyonnais devrait être équivalent à celui de Montélimar d’ici 30 ans. A ce rythme, il n’est pas dit que les plantations actuelles tiennent le coup. D’autant que ces prévisions pourraient se détériorer dans les prochaines années.