Des témoignages et des documents obtenus par Rue89Lyon retracent les événements ayant conduit à une rupture entre la direction de Sup’Écolidaire – école d’enseignement supérieure privée dédiée à l’écologie, la solidarité et la citoyenneté – et une majorité d’étudiants et d’intervenants, en 2019. Ces faits continuent d’agiter le milieu associatif écolo lyonnais.Une nouvelle école pourrait voir le jour et concurrencer Sup’Écolidaireà la rentrée 2023.
En 2017, l’école d’enseignement supérieure Sup’Écolidaire ouvrait ses portes.
La promesse de ce nouvel établissement privé post-bac lyonnais tenait en trois mots : écologie, solidarité et citoyenneté. Clémence Leblanc, membre de la première promotion, se souvient d’une opportunité unique en France à l’époque :
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Diplômé d’une brillante école d’ingénieur, Stéphane a pourtant décidé de devenir prof contractuel dans un collège REP de Saint-Étienne. Témoignage.
Stéphane (le prénom a été modifié) a 26 ans. Fils de mareyeur – commerçant grossiste de pêche – il est resté fidèle à l’océan toute son enfance. De North Prendergast, un port gallois, à Lorient, en Bretagne, il a grandi au son du ressac. Après cela, il a suivi l’itinéraire (presque) parfait.
Issu d’un milieu aisé, Stéphane a sauté une classe en primaire. Passionné par la physique-chimie, il a été admis à la sortie du lycée en classe préparatoire au lycée Georges-Clémenceau, un établissement nantais réputé. Après non pas deux mais trois ans sur les bancs de la prépa, il est entré en école d’ingénieur à Strasbourg. Alors que tout le destinait à l’honorable (et non moins lucrative) profession d’ingénieur, Stéphane a bifurqué pour devenir prof contractuel de physique-chimie dans un collège classé REP à Saint-Étienne. Témoignage.
Stéphane a bifurqué de l’école d’ingénieur à prof en REP à Saint-Étienne. Une photo Pixabay, sur Pexels.
« En prépa, certains élèves auraient pu sacrifier leur vie pour obtenir la meilleure école d’ingénieur. Ce n’était pas mon cas. »
« J’ai grandi avec de l’argent, dans un milieu assez aisé, grâce à mon père. Il est ingénieur agronome. Une fois qu’il a eu son diplôme, il a monté les échelons un à un dans des grands groupes de pêche européens. Aujourd’hui, il a sa propre boîte qui fonctionne très bien.
Il s’est toujours tué au travail et ça me semblait normal à l’époque. Ma petite sœur et moi l’avons toujours entendu tenir des discours sur la méritocratie. Avant lui, notre famille était très pauvre, il incarne notre mythe familial de réussite.
J’ai donc tout naturellement suivi son exemple. J’étais bon en physique-chimie, alors je suis allé en classe préparatoire physique, chimie et sciences de l’ingénieur. Mes professeurs de lycée m’avaient eux aussi poussé dans cette direction.
La prépa s’est bien passée au début. J’ai aussi découvert la liberté et la fête, donc j’ai travaillé un peu moins, et bu un peu plus. Il y avait toujours des amis qui passaient à mon appartement. J’adorais ça. Des fois, on faisait la fête jusqu’à deux heures du matin et je me réveillais à quatre heures pour faire un devoir maison. On menait une drôle de vie.
J’ai fait une cinq demie [redoublement de la deuxième année de prépa, ndlr], je n’étais pas satisfait des écoles d’ingénieur que j’avais eues. Ce n’était pas beaucoup mieux la seconde fois, mais bon, j’avais quand même eu quelques écoles de plus. J’étais déçu. Mais, en même temps, j’ai senti que ça m’atteignait moins que ce que j’aurais pensé.
Je crois que j’étais déjà moins dans le « truc » des écoles d’ingénieur. Certains élèves de ma classe donnaient l’impression qu’ils auraient pu sacrifier leur vie pour obtenir la meilleure école. Ce n’était pas mon cas.
« Ce qu’on faisait à l’école d’ingénieur était si abstrait que c’était presque comme si ça n’existait pas. »
Je suis quand même allé à l’école avec de l’espoir. En prépa, c’était parfois dur, mais très stimulant intellectuellement. En école d’ingénieur, ça a été la douche froide. On avait énormément d’informatique. On passait des heures sur des ordinateurs à chercher la petite bête, le petit détail technique qui faisait qu’un système bugue. C’était très ennuyeux.
Au bout d’un mois j’en ai eu marre. J’ai complètement rejeté les enseignements de l’école. Il y avait des étudiants qui disaient que ce n’était pas trop mal, mais après avoir discuté avec eux, j’ai réalisé qu’ils essayaient surtout de tenir bon en espérant que le monde du travail serait plus excitant.
Je manquais d’interlocuteurs sur la même longueur d’onde que moi, j’avais l’impression d’être complètement en marge. Pour moi, ce qu’on faisait était si abstrait que c’était presque comme si ça n’existait pas. J’avais l’impression que je n’existais pas. On disparaît si on n’a aucun impact sur son environnement.
L’été, je travaillais comme ouvrier sur le port de pêche de Lorient, dans la boîte de mon père. Là, je me sentais pleinement en vie : quand tu déplaces des barquettes de poissons toute la journée, tu vois le résultat de tes efforts. Après chaque jour de travail, on se partageait les sardines, les maquereaux et les bars. Ces quelques poissons incarnaient le temps converti en quelque chose de concret. Je repartais avec le fruit de mon travail.
« À l’école d’ingénieur, je suffoquais durant l’année et j’attendais l’été pour respirer. »
Et puis, pendant que je faisais ce travail physique, j’avais des cheminements d’idées, des pensées créatives. En comparaison, à l’école d’ingénieur je passais ma journée devant un écran, ça fatigue mentalement.
J’ai redoublé ma première année à l’école d’ingénieur. Je suis allé aux rattrapages chaque année. Je suffoquais durant l’année et j’attendais l’été pour respirer au port de pêche. J’ai aussi commencé à lire pas mal, pour m’évader. Il y a eu ça et la fête.
Ça ne m’était pas arrivé de lire des bouquins depuis le lycée. J’ai été happé par Walden ou la vie dans les bois, un ouvrage de Henry David Thoreau. Ce n’est pas très original. Il raconte l’histoire d’un mec diplômé d’Harvard qui décide de tout plaquer pour vivre dans sa maison dans les bois. Ça m’a touché, ça a fait sens pour moi.
L’Éloge du carburateur de Matthew Crawford a vraiment marqué un tournant dans ma vie. L’auteur est anthropologue, il raconte comment il a monté un atelier de moto. C’est une apologie du travail manuel, du concret, de l’accomplissement de soi par de petites actions du quotidien. Le problème, c’est que ça a quand même renforcé mon sentiment de solitude. J’ai réalisé que je m’identifiais souvent à des ermites.
« On cherchait tous une échappatoire (…) Des fois, quand j’étais bourré, je pleurais. »
J’ai toujours aimé la musique, alors je me suis lancé dans le mix. J’ai commencé aux soirées avec mes potes de l’école. Je mixais tout seul pendant parfois cinq ou six heures. J’avais l’impression de faire quelque chose de vrai, de palpable, ça m’absorbait totalement. Plusieurs copains de l’école ont commencé à mixer avec moi.
Je crois qu’au fond, on cherchait tous une échappatoire, on était tous déprimés. Faire la fête était un moyen de s’échapper collectivement. Des fois, quand j’étais bourré, je pleurais.
Je savais déjà qu’être ingénieur ne me plairait jamais mais je n’essayais pas de me projeter pour autant, j’étais seulement en souffrance. Je le voyais comme une fatalité, celle de devoir me soumettre aux exigences d’un boulot que je détesterai toute ma vie. On est un peu formatés à ça depuis la maternelle.
J’ai passé un deal avec mon père : il fallait au moins que je finisse l’école, que j’obtienne mon diplôme. Le problème c’est que pour avoir le diplôme, il fallait faire un stage de fin d’études.
J’ai donc réalisé mon stage de fin d’études à Lyon, pour une entreprise de logiciel dans le ferroviaire. Je devais tester le fonctionnement des caméras qui vérifient la fermeture des portes de la ligne du métro B. J’étais derrière un ordinateur à essayer de corriger des lignes de code toute la journée, c’était ennuyeux au possible.
« J’ai des potes de l’école d’ingénieur qui sont partis dans l’armement. Je ne pense pas que gagner plein d’argent justifie de faire des métiers pareils. »
Les relations au bureau étaient ridicules. Les employés faisait semblant d’être débordés alors qu’ils passaient la journée à la machine à café. Je voyais bien que les gars étaient coincés dans un mode de pensée de zombies. Certains avaient pris un appartement avec un prêt sur 20 ans, ils n’allaient pas changer de job. Ce genre d’existence, c’est l’angoisse totale pour moi, je vois ça comme une privation de liberté.
Aujourd’hui, je relativise. Au moins, mon travail servait au plus grand nombre. Quand j’y pense, j’ai des potes qui sont partis dans l’industrie d’armement, un autre bosse sur une option de voiture de luxe qui va servir à dix personnes. Je ne pourrais pas. Je culpabiliserais trop. Je ne pense pas que gagner plein d’argent justifie de faire des métiers pareils.
Quand j’ai fini mon stage, ils ne m’ont pas proposé de me garder. C’était tacite, je voulais me barrer. Je ne suis même pas allé à la remise de diplômes de mon école.
Après, je ne savais pas trop quoi faire. Un copain m’a dit qu’avec mon diplôme d’ingénieur je pouvais bosser comme professeur de physique-chimie contractuel. J’ai envoyé mon CV à l’académie de Lyon et je suis parti passer l’été en Bretagne.
« Le rectorat m’a appelé en catastrophe, la semaine du 26 septembre. Je n’ai même pas passé d’entretien et je me suis engagé pour l’année. »
Le rectorat m’a appelé en catastrophe, la semaine du 26 septembre. Je n’ai même pas passé d’entretien et je me suis engagé pour l’année.
Sur le coup, j’ai flippé. J’y allais avec une mentalité d’élève, je n’y croyais pas trop. Il n’y avait pourtant aucun doute dans le regard des ados : j’étais leur prof. Très vite, je me suis senti à ma place.
Après je suis un prof à la cool, je n’aime pas faire le flic. J’étais très angoissé avec une de mes classes de 5e, elle était terrible, j’allais leur faire cours la boule au ventre. À part celle-là, ça s’est plutôt bien passé.
Une rue de Saint-Etienne, à une heure de Lyon. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
J’ai vite compris qu’il fallait que je prépare bien mes cours, pour tenir les jeunes en haleine. Je me suis pointé un jour, je n’avais rien préparé. En dix minutes c’était le bazar, je les avais perdus.
Je prenais un vrai plaisir à réfléchir à mes cours : je choisissais de creuser tel ou tel sujet avec des supports visuels, des vidéos. Je laissais toujours les élèves me poser des questions. Des fois je n’avais pas la réponse, alors je cherchais des explications pour le cours d’après et je commençais l’heure par ça. J’ai appris plein de trucs sur le système solaire comme ça.
C’est génial la physique-chimie, j’ai abordé plein de domaines différents. De l’histoire des sciences, à l’explication de phénomènes, j’ai vraiment eu l’impression d’être un « nain sur les épaules d’un géant » comme disait Bernard de Chartres : je m’appuyais sur les travaux des grands penseurs du passé pour former ceux de demain.
«Quand je compare mes années d’école d’ingénieur avec celle passée en tant que prof à Saint-Étienne, c’est le jour et la nuit. »
Quand je finissais ma journée, j’avais un sentiment d’accomplissement. Surtout le jeudi, quand j’avais mes classes préférées, ils étaient tellement curieux, ça me donnait la banane. Il y en a un qui aimait la culture du graffiti comme moi, il designait des stickers. Il m’en donnait souvent, comme ça, juste parce qu’il m’aimait bien.
Quand je compare mes années d’école d’ingénieur avec celle passée en tant que prof à Saint-Étienne, c’est le jour et la nuit. Changer de voie, ça m’a sauvé : je me sens utile, épanoui, je fais des choses concrètes. Pourtant, je ne me serai jamais imaginé prof. Je ne m’intéresse pas trop à la politique non plus, je ne suis pas militant.
Même aujourd’hui, alors que je ne suis pas sûr d’avoir un poste à la rentrée, je prépare quand même des cours. Quand j’ai des idées, j’essaye de les mettre à l’écrit le plus vite possible, c’est stimulant.
« Je n’ai pas eu à perdre mes idéaux en devenant prof à Saint-Étienne. »
Je suis heureux d’avoir compris que je n’étais pas obligé d’entrer dans une case pour vivre, que je n’étais pas obligé de subir la perte de mes idéaux. J’ai beaucoup d’amis qui font un travail nul et qui y restent par confort financier. Je crois que la plupart du temps, ils ne réalisent pas qu’ils gâchent leur temps. Ils le découvriront peut être plus tard.
Ils comprendront alors qu’ils n’aiment pas leur travail, que leur vie manque de sens. Ceux qui disent qu’ils feront autre chose de plus utile, de plus stimulant plus tard, ne le font souvent jamais. C’est pour se donner bonne conscience, ou pour avoir une bonne raison de se lever le matin.
Aujourd’hui, je ne me vois pas du tout chercher un emploi en lien avec mon diplôme d’ingénieur. Pour la rentrée de septembre, j’ai postulé dans l’académie de Rennes, en Bretagne. J’envisage de passer le CAPES [concours de l’Éducation nationale pour devenir professeur en collège ou en lycée général, ndlr] pour solidifier mes acquis mais j’ai peur de devoir aller enseigner en région parisienne, loin de ma famille et de mes amis. »
Ce jeudi, de nouvelles mesure entrent en vigueur dans la zone à faibles émissions (ZFE) de la métropole de Lyon. Des premières voitures de particuliers n’auront plus le droit de circuler à Lyon, Villeurbanne et une partie de Bron et Vénissieux. Le point.
La rentrée est là. Et, avec elle, Lyon retrouve son flot de voitures habituel. En partie du moins. À partir de ce jeudi 1er septembre, une partie des véhicules de particuliers seront interdits dans le périmètre de la zone à faibles émissions, la fameuse « ZFE » de la métropole de Lyon.
Une marche importante (et difficile) à passer pour beaucoup de Lyonnais et Grands Lyonnais. Jusqu’à présent, les restrictions de circulation touchaient les professionnels utilitaires et poids lourds. Elles vont concerner à présent les conducteurs lambdas.
Exit donc les autos Crit’air 5 et non classées. Les diesels, construits avant 2001, et les essences, datant d’avant 1997, deviennent persona non grata. Une réalité que connaissaient déjà les professionnels. Depuis janvier 2021, les véhicules destinés au transport de marchandises n’ayant pas de vignettes Crit’air 2 (ou mieux) ne peuvent ni circuler, ni stationner à l’intérieur de la zone. La prochaine interdiction pour eux est prévue en 2026. Pour rappel, la mise en place officielle de la ZFE à Lyon remonte au 1er janvier 2020.
Le périmètre de la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon tel qu’il est établi au 1er septembre 2022.
A Lyon, une interdiction mais pas encore de contravention
Et si cette règle n’est pas respectée ? Pour l’instant, les usagers ne risquent rien. La Métropole de Lyon évoque un temps « pédagogique », sans verbalisation, pendant quatre mois. Elle compte sur une forte communication pour faire comprendre aux propriétaires de ces véhicules la nécessité d’en changer, ou de moyen de transport.
Puis, les verbalisations commenceront le 1er janvier 2023. L’amende forfaitaire sera alors de 68 euros pour un véhicule léger, de 135 euros pour un véhicule lourd.
Les moyens pour appliquer la loi resteront, cependant, minimes. Les forces de police pourront être mobilisées à la marge.
« Compte tenu de la disponibilité très faible des agents concernés, cette option restera limitée », précisait la Métropole dans Le Progrès.
La collectivité attend avec impatience les radars LAPI (lecture automatisée des plaques d’immatriculation) pour faire appliquer cette réglementation. Problème ? Ces derniers ne sont pas attendus avant 2024. Ils devront être auparavant homologués par l’Etat.
A Lyon : des aides pour un calendrier ZFE serré
En attendant, l’État et la Métropole mettent en avant des aides pour changer de véhicules. En janvier 2022, la collectivité a mis en place de nouveaux dispositifs pour aider au renouvellement du parc automobile.
Seront-elles suffisantes ? Lors des débats consacrés à cette question début 2022, l’opposition métropolitaine s’était inquiétée d’un calendrier trop rapide.
« Avec ce calendrier, 251 000 véhicules devraient être changés d’ici 2026. Vous imposez un renouvellement. Des véhicules achetés aujourd’hui devraient être changés dans quatre ans alors qu’on sait que la durée de vie moyenne est de neuf à dix ans. C’est de l’obsolescence programmée », s’était irrité Christophe Geourjon (UDI) du groupe centriste autour de Gérard Collomb.
Ce planning sera-t-il appliqué à la lettre ? Par rapport à son objectif de 2021, la majorité écologiste a accumulé un peu de retard. À voir si celui-ci se répercute sur les prochaines étapes. Cependant, la ZFE devra se faire. Comme le rappelle l’exécutif, elle correspond à une obligation légale décidée à l’échelle nationale.
Strasbourg, Rouen, Toulouse… Les grandes villes de France appliquent ainsi, de différentes façons et à leur allure cette nouvelle disposition. Cette rentrée, Marseille a rejoint le « club » : la cité phocéenne va interdire les véhicules Crit’air 5 et non classés dans son hypercentre.
La concertation doit permettre de déterminer de nouveaux périmètres où les voitures seront peu à peu exclues.Photo : Capture d’écran/Métropole de Lyon
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
À Lyon, plusieurs consultants font état d’un réel mal-être au travail. Désillusionnés, ces jeunes actifs, issus de grandes écoles, considèrent leur travail comme insensé, voire nuisible. Récits croisés d’histoires où l’absurdité du métier pousse à la démission.
C’était censé être la « voie royale » devant ouvrir grand toutes les portes après des études supérieures. Raté. Ils sont plusieurs à Lyon à revenir dépités de leur expérience dans le conseil.
« Un consultant, c’est une tique. Il suce le sang de ses clients », lâche l’un d’eux.
À Lyon, des consultants au bord du départ, ou ayant déjà quitté leur emploi, font état d’un réel mal-être dans leur profession.
Parmi eux, Mathieu (le prénom a été modifié) a quitté son cabinet de conseil cet été. Originaire du sud de Lyon, il est arrivé dans le milieu après une formation dans un Sciences Po de province et un passage dans le secteur public. Ses mots, pour décrire son utilité au travail, sont particulièrement violents :
« J’ai été vendu très cher, mais je n’ai jamais su ce qu’était ma plus-value. »
Autre profil, mais même problématique, Bruno a travaillé durant trois ans dans une entreprise de services numériques, basée à Vaise. Comme Mathieu, il a quitté sa boite cet été, totalement désabusé. Comme lui, il évoque un véritable « bullshit job », selon la définition de l’anthropologue David Graeber.
« Pour moi, travailler pour ce type de boite, c’est de l’avilissement. »
Les consultants à Lyon : quand la forme prime sur le fond
Pour expliquer ce désenchantement, les deux, à différents niveaux, décrivent un secteur où la présentation, et, plus généralement, la forme prime sur le fond.
« Je n’ai jamais vu des PowerPoints aussi beaux que dans le conseil. Franchement, c’est magnifique ! », ironise Mathieu.
Durant ses missions, celui-ci était en charge de conseiller des collectivités publiques. Des missions « externalisées » afin d’éviter des recrutements dans l’administration, selon lui.
Il fait d’abord un point sur les prix. Pour le client, le coût d’une mission d’un consultant « junior » revient à 700 – 1100 euros par jour. Un prix qui monte à 1300 – 1500 euros pour un consultant classique.
Objectif pour la collectivité : avoir une « expertise », un avis éclairé sur son budget, les types de contrats à choisir, les orientations à prendre, etc. Le hic ? La plupart du temps, le consultant n’a pas le temps de traiter le dossier en profondeur, selon Mathieu. D’ailleurs, il estime n’avoir même pas les compétences requises pour ça. Présenté comme un « expert », il n’est, en réalité, expert en rien. Résultat : dans son cabinet, les dossiers en attente s’empilaient. « Et pendant ce temps, nous, on facturait », se souvient le jeune homme.
« Dans le conseil, il est plus rentable d’envoyer un dossier « à peu près terminé ». Dans le meilleur des cas, on se dit « ça va passer ». Au pire, on a un retour avec le client », détaille-t-il.
A Lyon : « Les consultants sont une machine à banalités »
Pour cela, tout est bon pour épater le client. Les employés font leur l’expression anglo-saxonne « Fake it until you make it »(fais semblant jusqu’à ce que tu arrives à le faire, en français). Optimiser ses revenus, diversifier ses actifs, avoir un budget équilibré… Quelques grands principes économiques appris en école de commerce ou à Sciences Po permettent d’enrober de beaux discours. Mais, derrière, la rigueur, la précision et plus généralement le fond ne suivent pas.
« Le consultant est une machine à banalités », grince Mathieu.
Photo d’illustration.Photo : gillicious/Flickr
Il enchaîne :
« Le conseil, c’est aller chez des clients en chemise bien repassée et montrer que tu sais tenir une fourchette au restaurant. C’est un milieu de mâles alpha où tu ne dois pas montrer à ton client quand tu te plantes, pour ne pas paraître faible. »
Il souligne l’importance de prendre une position de supériorité sur son client, voire de le « mépriser ». Une façade pour conserver un ascendant fragile.
« Difficile de voir la différence entre quelqu’un qui travaille et un qui ne travaille pas »
Pour parfaire cette impression de connaissance, les équipes sont invitées à s’exprimer à grand renfort d’anglicismes ou de néologismes. « Adresser » une problématique (de l’anglais « to adress »), faire un « process »… Cette logique, appliquée au client, se retrouve, selon Bruno, jusque dans le fonctionnement des entreprises.
Diplômé d’une école de commerce à Bordeaux, ce dernier est arrivé plutôt confiant dans sa boite installée à Vaise. Grands bureaux, « grands sièges en cuir », équipe « très sympathique »… Tout semblait présager d’un futur rayonnant où il pourrait avoir des « responsabilités ».
Au boulot, il voyait ses collègues derrière leurs ordinateurs, qui semblaient travailler. Près de trois ans plus tard, il se pose plus de questions.
« En réalité, difficile de voir la différence entre quelqu’un qui est au travail et quelqu’un qui ne l’est pas », grince-t-il.
Dans le conseil à Lyon : 2300 euros par mois pour trier des badges
Après deux missions, sa boîte lui confie un poste de « service level manager ». Le titre semble présager d’un poste où il est nécessaire de coordonner une équipe ou encore de diriger des projets. Il va vite le trouver très ronflant. Pour pas grand-chose.
« Je gérais l’accès à l’open space des gens qui venaient travailler », résume-t-il.
Rapidement, pour lui, le tout vire à l’absurde. Un jour, sa supérieure lui demande de venir au bureau pour ouvrir la porte à un employé venu réparer la machine à café. Il se retrouve en charge de distribuer les badges à l’entrée. Dépité, il observe ses collègues qui semblent se prêter au jeu.
« On arrivait à faire des réunions à quatre ou cinq pour parler du nombre de badges à distribuer dans le local », se souvient-il.
Aberrant. Pendant un an, il va se demander comment des personnes diplômés de divers masters pouvaient se retrouver à faire ça. Il retourne la question dans son crâne : pourquoi il n’y a-t-il pas de « vraies » choses à faire ?
« Franchement, ça sert à quoi de payer quelqu’un 2300 euros nets par mois pour trier des badges ? », s’énerve-t-il.
« Le travail de consultant est quelque chose de nuisible »
Un an après le début de cette mission, il démissionne de son poste en juin 2022. Comme Mathieu, il en sort cassé et profondément changé. Ancré sociologiquement et politiquement à droite, le trentenaire raconte s’être mis à lire Le Capital de Karl Marx. Et s’y retrouver. Classe préparatoire, école de commerce… Il avait toujours suivi la « bonne voie » jusqu’à présent et « sacralisé » le travail. Aujourd’hui, il s’interroge sur son sens.
« Qu’est-ce que ça veut dire le travail ? Comment ça se fait que des personnes qui ne créent pas de valeur puissent être considérées comme de grands travailleurs ? J’avoue qu’après ça, cette notion me perturbe. »
Mathieu va plus loin :
« Je pense que le travail de consultant peut-être quelque chose de nuisible. »
Il inscrit sa réflexion dans une démarche globale, dans le rapport avec les collectivités publiques. Ces dernières prennent le risque de perdre de l’argent sur des recherches qu’elles pourraient faire en interne, si les embauches suivaient, selon lui. « C’est une facilité de l’esprit d’imaginer qu’un cabinet est indépendant parce qu’extérieur », renâcle-t-il.
Selon son expérience, les consultants travaillent souvent plus de 60 heures par semaine, en empilant dossier sur dossier. A chaque fois, ils sont présentés comme des « experts » dans des domaines qui peut leur être inconnus. Alors, forcément, difficile d’abattre un travail de qualité dans ces conditions. Logiquement, le tout pousse à aller dans le sens de demandes politiques.
Syndrome de l’imposteur chez les consultants à Lyon
Aujourd’hui, le « syndrome de l’imposteur » le poursuit comme l’impression d’avoir, quelque part, perdu.
« Tu ne peux pas t’empêcher de te dire que tu n’es pas « un gagnant » quand tu quittes ce métier. »
A la recherche d’une nouvelle voie, il songe à se réorienter vers l’enseignement. Au moins, il se dit qu’il pourra « transmettre » un savoir rigoureux. Bruno, de son côté, commence à faire des expériences à droite, à gauche dans des travaux plus manuels comme la plomberie ou la boucherie.
« Je veux revenir à un métier qui sert les gens plutôt que les intérêts d’une entreprise », estime-t-il.
En attendant, il a quitté son entreprise actuelle pour aller chez la concurrence, également spécialisée dans le conseil, près de Lyon.
Ils ne sont pas les seuls à être dans cette problématique. En février 2020, des géants du conseil, Mazars et EY, se sont lancés dans des opérations séduction pour garder leurs jeunes talents. En cause ? Ces entreprises connaissaient alors un turn-over de 20 % de leurs effectifs chaque année. Deux ans après le premier confinement et les réflexions nées de la crise sanitaire, pas certain que ce chiffre se soit réellement amélioré.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Né à Lyon, et plus particulièrement à Vaulx-en-Velin, le collectif Jamais sans toit participe régulièrement aux occupations des écoles pour héberger des élèves à la rue et leurs familles. Ce mardi 30 août, Jamais sans toit, la FCPE et le Collectif des Associations Unies lancent un réseau national d’ »aide aux enfants sans toit ».
111. C’est le nombre d’enfants qui se trouvent à la rue dans l’agglomération de Lyon, à deux jours de la rentrée scolaire, d’après les données du collectif Jamais sans toit.
« Un chiffre à multiplier par trois ou quatre », prévient Anne-Sophie Huchard, enseignante et membre de Jamais sans toit.
Depuis qu’il s’est structuré en 2014, ce collectif lyonnais constitué d’enseignants, de parents d’élèves et de riverains a mis à l’abri plus de 450 enfants en occupant les établissements scolaires ou, plus rarement, en leur payant des nuits d’hôtel. L’année dernière, 106 enfants ont ainsi été hébergés dans 23 écoles et collèges de la métropole de Lyon.
À deux jours de la rentrée scolaire, la situation pourrait encore s’aggraver. D’après Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), plus de 50 000 enfants dormaient dans la rue avec leurs familles en février dernier, au niveau national. Quant aux appels au 115, qui gère l’hébergement d’urgence, il a doublé en l’espace de six mois, passant de 890 enfants SDF en janvier 2022 à 1658 en juin dernier, toujours selon la même source.
Réunis à Paris ce mardi 30 août, le collectif lyonnais Jamais sans toit, la FCPE et le Collectif des Associations Unies (qui regroupe 39 associations) annoncent la création d’un réseau national d’ »aide aux élèves sans toit ». Un grand pas en avant depuis les premières occupations d’écoles à Lyon et Vaulx-en-Velin, il y a près de dix ans.
Le collectif Jamais sans toit, experts de l’occupation d’écoles dans la métropole de Lyon depuis 2014
« Jamais sans toit, c’est un peu la diaspora d’enseignants vaudais », plaisante Raphaël Vulliez, enseignant à l’école Michel Servet (Lyon 1er), qui fait partie du collectif depuis ses premières occupations d’écoles, à l’automne 2014.
En 2003 à Vaulx-en-Velin, un groupe d’enseignants et de parents d’élèves se réunit à plusieurs reprises dans le cadre de grandes grèves de l’Éducation nationale. Ils sont ensuite restés en relation via un collectif baptisé « On vaulx mieux que ça », qui existe toujours.
En 2012, 2013 et 2014, ces enseignants de Vaulx-en-Velin découvrent que certains de leurs élèves sont à la rue. À l’automne 2014, six établissements scolaires sont occupés pour la première fois pour héberger ces familles, parmi lesquels l’école Youri Gagarine, où enseignait Raphaël Vulliez à l’époque, et le collège Barbusse à Vaulx-en-Velin, ou encore l’école Gilbert Dru, dans le 7e arrondissement de Lyon.
En décembre 2014, les parents d’élèves et des enseignants, membres du collectif Jamais sans toit, ont occupé l’école Gilbert Dru, dans le 7e arrondissement de Lyon, pendant quatre moisPhoto : LB/Rue89Lyon
À la rentrée scolaire suivante, de nombreux enseignants vaudais se retrouvent dans d’autres écoles et collèges, comme Raphaël Vulliez qui atterri à Michel Servet, dans le 1er arrondissement de Lyon. Le mouvement essaime rapidement. En novembre 2018, Raphaël Vulliez se souvient d’un stage intersyndical organisé sur le sujet qui a réuni 180 enseignants de l’agglomération lyonnaise.
La stratégie du collectif est simple : alerter les pouvoirs publics sur la situation d’élèves SDF et de leurs familles et, en dernier recours, occuper l’école des enfants le temps que la famille soit prise en charge et accède à une solution d’hébergement. Simple, et efficace, d’après l’enseignante lyonnaise Anne-Sophie Huchard :
« Sur les 179 familles mises à l’abri l’année dernière, 134 ont été hébergées. »
Le 10 février 2022, le collectif Jamais sans toit a célébré sa 100e occupation d’école.
En décembre 2019, le collectif Jamais sans toit a dû occuper l’école Michel Servet (Lyon 1er) pour mettre à l’abri Fatima, Abdel et leurs enfants.Photo : OM/Rue89Lyon
Un réseau national d’aide aux élèves sans toit à compter du 1er septembre
En l’espace d’une petite dizaine d’années, la technique de Jamais sans toit a essaimé dans plusieurs autres grandes villes françaises comme Grenoble ou Strasbourg. À partir du 1er septembre, à l’initiative du collectif lyonnais, de la FCPE et du Collectif des Associations Unies, un réseau national d’aide aux élèves SDF devrait permettre de coordonner les différentes actions et de proposer des formations aux citoyen·nes désireux·ses de s’investir.
« La question de la pauvreté rentre de plus en plus au sein de l’école publique, explique Carla Dugault, présidente de la FCPE. Aujourd’hui, les parents veulent aider. Ce réseau national proposera des formations à destination des parents et des équipes éducatives, en plus du Toitoriel, un recueil d’informations et de coordonnées utiles, destiné aux personnes qui souhaitent soutenir les élèves sans toit et leur famille. »
Dans l’agglomération lyonnaise, Jamais sans toit dénombre aujourd’hui 111 enfants SDF
À Lyon par exemple, les enseignants et parents d’élève nouvellement formés pourront mettre leur connaissance en pratique dès cet automne, à en croire Anne-Sophie Huchard :
« Pour cette rentrée scolaire de septembre 2022, 45 familles dont 111 enfants sont SDF sur l’agglomération de Lyon. »
Pour Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, « la tendance 2022 est inquiétante » au niveau national :
« Nous avons l’impression que le nombre d’expulsions locatives, de bidonvilles et de squats est revenu au même niveau qu’avant la crise sanitaire. Nous dénombrons aussi des remises à la rue récentes de familles avec enfants et de mineurs. À Toulouse par exemple, une centaine de mineurs non accompagnés ont été expulsés du CCAS où ils étaient hébergés. Dans le Nord, trois bidonvilles ont été évacuées et deux autres sont menacés à Lille. Des centaines de familles risquent de se retrouver prochainement à la rue. »
L’école Marc Bloch (Lyon 7e) a été occupée à la fin de l’année scolaire 2017-2018 pour héberger des élèves sans toit et leurs familles.Photo : LB/Rue89Lyon
À cela s’ajoute l’inflation qui touche l’ensemble de la France, et qui pourrait se stabiliser autour de 7% sur la fin de l’année 2022, laissant présager une précarisation croissante de ménages déjà en difficulté.
« La revalorisation des APL et des prestations sociales est bien inférieure à l’inflation, reprend Manuel Domergue. Les ressources des personnes qui sont tout en bas de l’échelle vont baisser encore davantage. Sans compter la baisse historique de la production de logements sociaux en France. Actuellement, 2,3 millions de ménages sont en attente d’un logement social. »
Au-delà des mises à l’abri d’élèves et de leurs familles via l’occupation d’écoles, les collectifs et associations membres de ce réseau national d’aide aux « élèves sans toit » invoquent la nécessité d’une politique du logement digne de ce nom.
« La solution, ce n’est pas d’ouvrir des places d’hébergement d’urgence mais de permettre à ces familles d’accéder à des logements pérennes, insiste Manuel Domergue. En théorie, il y a une politique du logement d’abord en France ! »
Il ajoute :
« De nombreuses familles sont maintenues dans la précarité administrative. Sans papiers, elles n’ont droit ni à un logement, ni à des minimas sociaux ».
En attendant que ces changements de politiques, les enfants à la rue et leurs familles peuvent compter sur un investissement croissant des parents d’élèves et des riverains. Sur l’agglomération lyonnaise, Raphaël Vulliez estime que 400 à 500 personnes prennent part aux occupations d’école chaque année.
Parent d’élèves de l’école Berthelot, dans le 7e arrondissement de Lyon, Nadia a participé à la première occupation de l’établissement scolaire, à l’hiver 2013. Depuis, de nombreuses familles originaires d’Europe de l’Est et d’Afrique ont trouvé refuge dans l’école. Cette intervenante en arts plastiques d’une quarantaine d’année témoigne.
« Je m’appelle Nadia, je suis maman de trois enfants qui ont été scolarisés à l’école Berthelot, à Lyon 7e. La première occupation de cette école a eu lieu à l’hiver 2013.
« Quand c’est un camarade d’école de ses propres enfants qui dort dehors, c’est toujours un choc »
C’était juste avant Noël, je me souviens qu’il faisais très froid. À l’époque, ma fille était en CP. Des personnes qui avaient ouvert un squat pour mettre à l’abri des enfants de l’école étaient venus distribuer des tracts pour alerter sur l’expulsion prochaine du bâtiment. Je savais qu’il y avait des enfants à la rue, mais quand c’est un camarade de classe de ses propres enfants qui dort dehors, c’est toujours un choc.
J’en ai parlé à la FCPE de l’école et nous sommes allés rencontrer les familles qui vivaient dans ce squat. C’était des familles roumaines, qui avaient des papiers mais pas de logement.
Au début, nous avons fait les démarches classiques : le 115, la MVS, la mairie… Comme ça ne donnait rien, nous nous sommes décidés à occuper l’école, comme ça se faisait déjà à Gilbert Dru, une autre école du 7e arrondissement de Lyon.
Nous avons ramené des matelas et nous avons hébergé les familles dans l’école pendant une dizaine de jours. Plus les vacances de Noël approchaient, et avec elles la fermeture de l’école, plus nous étions angoissés. Finalement, la pression a fonctionné puisque les familles ont été hébergées à l’hôtel la veille de Noël.
« Occuper une école à Lyon, c’est un symbole fort pour les institutions »
Occuper l’école nous a paru logique. C’est là que les parents se rencontrent et se retrouvent, et c’est un symbole fort pour les institutions. Le soir, en allant dormir à l’école, nous avions un peu l’impression de rentrer dans un sanctuaire.
Tous les gens qui participent à ces occupations d’école vous le diront : ce sont des expériences humaines formidables, de belles rencontres avec des familles avec lesquelles nous avons gardé contact.
Par la suite, j’ai continué à prendre part aux occupations de l’école Berthelot à chaque fois que ça a été nécessaire. À l’époque, le collectif Jamais sans toit n’existait pas. Je suis entrée en contact avec eux en 2015, via des mobilisations qui avaient souvent lieu à l’école Gilbert Dru.
À l’automne 2018, nous avons à nouveau occupé l’école Berthelot pour héberger cinq familles originaires d’Albanie et de Macédoine. Nous savions qu’il fallait agir au moment du plan froid, en novembre, pour qu’elles soient prises en charge avant qu’il n’y ait plus de place.
Occuper des écoles, c’est très prenant, surtout s’il y a souvent des familles à la rue, ce qui est le cas à Lyon. C’est éprouvant de venir le soir, la nuit… Mes enfants sont parfois venus dormir à l’école avec moi. Je voulais les sensibiliser à cette question. Voir nos enfants jouer ensemble permettait aussi de dédramatiser la situation et de rendre l’occupation plus légères pour les familles.
L’école Berthelot à Lyon 7ePhoto : LB/Rue89Lyon
« Ces dernières années, à Lyon, nous avons dû occuper l’école surtout pour des familles africaines, dont beaucoup de femmes seules avec des enfants »
Notre dernière occupation de l’école Berthelot date de février 2021, pour mettre à l’abri une famille géorgienne avec un bébé et une petite de 3 ans. Grâce aux goûters et aux cagnottes solidaires que nous organisons, nous avons des fonds qui nous ont permis de les loger à l’hôtel pendant trois semaines. À la rentrée des vacances de février, la famille n’avait toujours pas été prise en charge. Nous n’avons occupé l’école que quatre jours avant qu’ils soient hébergés dans un foyer.
Quand nous n’avons pas de famille à la rue, nous essayons d’aider les autres. Aujourd’hui, huit familles de l’école ont été prises en charge mais restent dans des situations précaires. Nous les aidons dans leurs démarches administratives et financièrement, notamment pour la rentrée scolaire.
Ces dernières années, nous avons surtout des familles africaines, dont beaucoup de femmes seules avec des enfants. Actuellement, il y a par exemple une mère d’élève, africaine, qui a été déboutée de sa demande d’asile et qui a fait un recours. Si c’est négatif, elle devra quitter le centre (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile – CADA, ndlr) où elle est hébergée.
La mairie précédente nous menaçait toujours de nous envoyer la police, ce qui était extrêmement stressant pour nous et pour les familles. Depuis que les écolos sont à la mairie de Lyon, nous nous sentons plus écoutés. Nous informons la maire du 7e de la situation et s’il n’y a pas de solution, elle sait que nous allons devoir occuper l’école.
En 2014/2015, des parents d’élèves et des enseignants, membres du collectif Jamais sans toit, ont occupé l’école Gilbert Dru, dans le 7e arrondissement de Lyon, pendant quatre moisPhoto : LB/Rue89Lyon
« Il y aura toujours des familles SDF à cause des guerres et de la précarité, auxquelles vont s’ajouter de plus en plus de réfugiés climatiques »
Héberger des enfants à la rue, ça touche forcément tout le monde. Surtout en hiver, parce qu’il fait froid, mais l’été est dangereux aussi. Sans parler de l’insécurité toute l’année pour les femmes seules avec enfants. L’été, quand les écoles sont fermées, nous essayons de garder contact avec les familles. Si elles se retrouvent à la rue, nous essayons de leur payer des nuits d’hôtel. On préférerait louer un appartement parce qu’une semaine d’hôtel coûte à peu près autant d’argent qu’un mois de loyer. Mais il faudrait pouvoir le louer au dernier moment, pendant une durée indéterminée…
Il y aura toujours des familles SDF à cause des guerres et de la précarité, auxquelles vont s’ajouter de plus en plus de réfugiés climatiques. Il faut trouver des solutions pérennes : utiliser les logements vacantes, le dispositif de squats conventionnés…
Chaque année, de nouveaux parents d’élèves de l’école rejoignent le collectif Jamais sans toit, en plus des enseignants et des riverains. Le mouvement prend de l’ampleur, c’est indéniable. Nous aimerions maintenant prendre de l’ampleur au niveau national, nous assembler pour nous entraider et avoir plus de poids au niveau politique. »
Depuis deux ans, des travailleurs sociaux s’inquiètent de la consommation abusive de médicaments par des jeunes migrants à la rue, à la Guillotière. En tête de liste : les benzodiazépines et la prégabaline, des substances connues pour leurs graves effets secondaires et la dépendance qu’elles entraînent. Il semble que le phénomène, bien connu au Maghreb, s’installe désormais à Lyon.
« Marlboro ! Marlboro ! » Ce cri est bien connu des Lyonnais·es habitué·es de la Guillotière, un quartier du 7e arrondissement de Lyon. Depuis le début de la crise sanitaire, de nouvelles têtes sont apparues sur la place Gabriel-Péri aux côtés des habituels vendeurs de cigarettes à la sauvette.
Des visages basanés plus jeunes, presque enfantins, aux traits creusés et aux yeux cernés. Des silhouettes adolescentes engoncées dans des hoodies et des survêtements qui font le pied de grue de jour comme de nuit sur la place, à l’arrêt de tram, devant le Casino, devant les boutiques de téléphonie mobile et celles de fringues bon marché.
Régulièrement, des altercations éclatent qui font la Une des journaux nationaux, notamment l’agression de trois policiers sur la place Gabriel Péri le 20 juillet dernier. Autant de faits divers qui ont motivé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à envoyer deux unités de CRS dans le quartier début août.
Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€. Contribuez à consolider un média indépendant à Lyon, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.
Ce dimanche, suivez la jolie rivière de l’Yzeron le temps d’une balade facile et découvrez un riche patrimoine naturel et historique aux portes de Lyon.
Pour cette dernière balade de l’été, Rue89Lyon vous emmène à Yzeron, une petite commune verdoyante qui se situe à une trentaine de kilomètres de Lyon. Là-bas, partez pour une promenade rafraîchissante le long de l’Yzeron, au rythme du doux clapotis de cette petite rivière pleine de charme. Le tout sans voiture, comme d’habitude.
Découvrez le sentier de l’Yzeron, à moins de 20 minutes de Lyon
Comme pour (presque) toutes nos balades sans voiture au départ de Lyon, celle-ci commence par un itinéraire en transports en commun. Ici, nous vous conseillons de prendre le C24 qui permet de rejoindre le Val d’Yzeron en moins de 20 minutes depuis Gorge de Loup, en passant par Tassin-la-Demi-Lune, Francheville et Craponne.
Il est aussi possible d’emprunter le bus numéro 73, qui suit l’itinéraire du C24 et poursuit ensuite jusqu’à Brindas. Dans un cas comme dans l’autre, ne manquez pas l’arrêt « La Tourette ». Une fois descendu du bus, remontez la rue Marcel Plasse jusqu’au début du sentier, qui se trouve à gauche juste avant le pont de l’Yzeron.
Une balade facile et agréable le long de l’Yzeron, accessible en moins de 20 minutes de bus depuis Lyon. Wikimedia Commons
S’il n’y a ni C24, ni 73, près de chez vous, vous pouvez opter pour le C20E qui vous emmènera à bon port depuis la place Bellecour, via Sainte-Foy-lès-Lyon et Francheville. Impossible de louper l’arrêt : il s’agit du terminus de la ligne : « Fort du Bruissin ». De là, suivez les chemins du Fort et du Nord, traversez le pont de l’Yzeron et vous retrouverez le même sentier, cette fois-ci sur votre droite.
Aux portes de Lyon, une balade bucolique et historique le long de l’Yzeron
Une fois sur le sentier, au bord de l’Yzeron, profitez de l’atmosphère paisible des lieux. La fraîcheur des sous-bois, le bruissement de l’eau, les rayons du soleil qui peinent à percer les lourds feuillages au-dessus de votre tête… Cet itinéraire plat et sans difficulté est facilement accessible aux enfants, qui se feront une joie de découvrir la grande clairière croisée sur le chemin.
La balade complète fait environ six kilomètres aller-retour le long de l’Yzeron : comptez une bonne heure de marche, en y allant tranquillement, et une longue pause pique-nique pour profiter de cette parenthèse bucolique aux portes de Lyon.
Les arbres centenaires au bord de l’Yzeron, à vingt minutes de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon
Tout au long du chemin, des panneaux témoignent de l’histoire des lieux et des activités humaines qui ont façonné le paysage. Saviez-vous par exemple que Craponne était connue pour ses blanchisseries ? En 1911, la ville en comptait déjà 256 ! D’où la présence de nombreux lavoirs aménagés sur l’Yzeron. On trouve également des moulins, utilisés autrefois pour broyer le chanvre. La commune voisine, Francheville, s’était quant à elle spécialisée dès l’époque gallo-romaine dans la poterie, la tuile et la brique.
[Interview] Alessandra Moura est DJ depuis deux ans à Lyon. Appréciée pour son set aux sonorités afro-brésiliennes, elle a notamment été à l’affiche des Nuits Sonores 2022. Elle revient sur sa vision du monde de la nuit.
Dès les premiers morceaux de son set, Alessandra Moura est capable d’embarquer le public de Lyon dans un voyage au croisement entre les cultures africaines et brésiliennes. Passionnée d’art, elle est aussi à l’origine des soirées « Érotika » où l’art érotique est mis en avant sous toutes ces formes. Reconnaissable à ses cheveux bruns, ses lunettes dorées et son sourire, l’artiste d’origine brésilienne se confie sur sa pratique du monde de la nuit.
Alessandra Mourra est DJ depuis quatre ans à Lyon.Photo : Silviu Pal 2019
Rue89Lyon : Qui est Alessandra Moura ?
Alessandra Moura : J’ai 30 ans. Je suis née et j’ai grandi à São Paulo (Brésil) dans une banlieue qui s’appelle Capão Redondo. C’est un des lieux où le rap a émergé au Brésil. Néanmoins, mes influences musicales ne sont pas forcément issues du rap, car j’ai grandi à l’Église. J’ai donc écouté pas mal de musiques religieuses, mais aussi de la musique brésilienne comme de la samba et beaucoup de groove brésilien. En 2016, je suis venue en France pour apprendre le français.
« Je suis encore un « bébé DJ » à Lyon et je suis en constant apprentissage »
Pendant la pandémie, j’ai appris à mixer avec Pedro Bertho à Lyon.J’ai ensuite rejoint le collectif FURIE. Ainsi, je suis encore un « bébé DJ » à Lyon et je suis en constant apprentissage à leurs côtés.
Quelle relation entretenez-vous avec Lyon ?
Quand je suis arrivée en France, j’étais jeune fille au pair dans une famille qui habitait à Lyon. Depuis, je n’ai jamais bougé. Je viens d’une très grande ville (São Paulo) et à Lyon, j’apprécie de trouver un compromis entre qualité de vie et diversité. Que cela soit pour la musique, les sorties ou les gens… Il y a beaucoup de chose à faire. J’ai fait mes premières soirées de DJ à Lyon et j’ai joué pour la première fois dans la ville lors d’une fête de la musique.
Comment le passage de la nuit du Brésil à la nuit lyonnaise a-t-il forgé votre style musical ?
Ce que je propose au public est lié à mes expériences avec le monde de la nuit. En effet, je me souviens que ma première soirée à Lyon était sur une péniche, très mainstream, avec des copines du cours de français. Il y avait des codes différents du Brésil, mais c’était festif, avec de bonnes ondes.
« L’énergie de São Paulo est complètement différente de celle de Lyon. Je valorise les deux énergies et je m’en inspire »
L’énergie de São Paulo est complètement différente de celle de Lyon. Je valorise les deux énergies et je m’en inspire. Ensuite, j’ai connu un peu la communauté brésilienne et leurs soirées à Lyon. Enfin, je me suis fait des amis qui avaient un goût musical plus élargi et allaient dans des soirées électro’. Tout ça, c’est assez éclectique et cela correspond justement à mon profil musical dans lequel je ramène beaucoup de musique d’Afrique, mais pas seulement.
Quels sont les facteurs qui promettent une soirée réussie ?
D’abord, pour que je kiff une soirée, il faut que je me sente connectée au public. Ça me met tout de suite dans une bonne énergie. Par ailleurs, les valeurs défendues par le lieu comptent beaucoup pour moi. J’ai besoin de jouer dans des « safe-places » [lieu sûr], et, pour que je considère un lieu comme sécurisé, il faut des femmes.
Alessandra Moura a joué aux Nuits Sonores dans les anciennes usines Fagor-Brand (Lyon 7ème arrondissement) le 28 mai 2022.
Enfin, ce que j’aime dans les soirées où je joue, c’est la dynamique de FURIE et les défis qu’ils proposent, comme ce fut le cas avec les Nuits Sonores. J’ai énormément stressé avant de jouer à ce festival. Pour ainsi dire, j’ai pensé quelques semaines avant que je ne serai pas capable de le faire. Mes amis m’ont encouragé et soutenu. Finalement, je l’ai fait et c’était une super expérience d’être sur cette scène et de voir le public danser.
En quoi la musique que vous proposez est-elle liée à vos origines ?
J’ai un répertoire éclectique avec une dominante marquée par beaucoup de musiques aux sonorités africaines et brésiliennes. Je m’identifie assez au baile funk, la funk brésilienne. C’est une musique qui est née à la fin des années 1980, à Rio de Janeiro, à peu près quand je suis née. Elle était majoritairement jouée par une communauté noire et pauvre. En ce sens, cette musique peut être considérée comme une contre-culture.
« La funk a un pouvoir et un potentiel tellement fou, c’est une musique qui donne tout de suite envie de danser »
C’est comme le jazz et la samba qui étaient méprisés autrefois. Ils ont fini par être acceptés. Cela montre comment le racisme traverse tout, jusqu’à l’acceptation d’une musique. La funk a un pouvoir et un potentiel tellement fou, c’est une musique qui donne tout de suite envie de danser. Elle se diffuse dans le monde entier et arrive en France, où ce style n’est pas encore très popularisé.
Qu’est-ce que la nuit signifie pour vous ?
Quand on demande aux gens ce qu’ils aiment bien à São Paulo (Brésil), la ville d’où je viens, ils répondent assez souvent la nuit. C’est vraiment une des choses que j’adore dans ma ville. Elle est diversifiée, très puissante et on y danse beaucoup. Pour moi, c’est ça la nuit.
Parfois, cette énergie me manque un peu à Lyon, mais je n’essaye pas de la retrouver. Au contraire, je profite de l’énergie de l’espace qu’il y a à Lyon pour le style que je propose.
DJ à Lyon : « Je suis une femme, une femme noire, donc je suis exposée au sexisme et au racisme »
Vous avez abordé plus tôt la notion de « safe-place », pour vous la nuit c’est dangereux ?
Pour commencer, je n’ai pas eu de mauvaise expérience directement, mais j’ai déjà vu des copines être victimes d’agressions. Je n’ai pas forcément réussi à les défendre et il n’y avait pas assez de gens pour les aider. Ensuite, dans la société d’aujourd’hui, faire partie de minorités peut représenter un danger. Je suis une femme, une femme noire, donc je suis exposée au sexisme et au racisme. Enfin, je considère important d’être dans un endroit où je me sens bienvenue. En cas de problème, je sais que je serai bien entourée.
La DJ Alessandra Mourra aux Nuits Sonores dans les anciennes usines Fagor-Brand (Lyon 7ème arrondissement) le 28 mai 2022Photo : GaetanClément
« En tant qu’artiste, on peut ramener ces discussions auprès du public pour changer les mentalités »
Vous organisez des soirées, quelles sont les valeurs que vous cherchez à défendre pendant ces évènements ?
Lors des soirées Érotika, on essaye de lutter contre les problématiques fréquentes de notre société, à savoir, le racisme ou encore l’homophobie. Parmi nos valeurs, il y a également sortir de l’européocentrisme et proposer des soirées non-hétéronormées.
Je crois ensuite que beaucoup de lieux indiquent dans leurs discours défendre des valeurs. En revanche, dans la pratique, il y a encore du travail à faire. Effectivement, il manque un travail de communication des clubs avec le public pour changer les mentalités et accepter les différents corps, personnes et cultures. C’est donc ce qu’on essaye de faire avec Érotika.
Enfin, en tant qu’artiste, on peut aussi ramener ces discussions auprès du public pour changer les mentalités. Les gens qui pratiquent le racisme, l’homophobie, etc. sont à côté de nous et partagent les mêmes lieux.
Être une femme DJ à Lyon : « Le monde est fait pour des hommes et par des hommes »
Qu’est-ce que cela implique pour vous d’être une artiste femme dans le monde de la nuit ?
Le monde de la nuit est une représentation de la société telle qu’elle est. Donc, malheureusement, le monde est fait pour des hommes et par des hommes. Ainsi, quand on est une femme et qu’on sort dans un club ou dehors, il y a ce sentiment d’insécurité, de peur. Le rapport de force que les hommes exercent est finalement réel et intimidant. Maintenant, on a tendance à relativiser parce qu’on est habitués à ça.
Qu’est-ce que vous pensez de l’usage des stupéfiants en contextes festifs ?
C’est un fait avéré. Tous les être humains ont besoin de transcendance parce que la vie terre-à-terre est trop dure. Chacun cherche cette transcendance de manière différente. Je comprends pourquoi les gens cherchent cela à travers la drogue. Il faut ramener des débats sur la drogue d’une manière qui ne soit pas moralisatrice pour créer des atmosphères et des lieux sécurisés et propices à l’usage de la drogue.
Les endroits où sortir à Lyon la nuit, selon Alessandra Moura :
Tout d’abord, j’aime beaucoup le concept de « Jam sessions » [séances d’improvisation musicale auxquelles peuvent se joindre des volontaires] dans des lieux comme le Sirius. J’y vais en tant que public, car j’ai toujours aimé le jazz. Je recommande ces soirées parce que ce sont des espaces ouverts, où chacun joue un ou plusieurs morceaux. Pour les musiciens, ça doit être intéressant de jouer avec des gens qu’ils ne connaissent pas et dans le public, on ressent l’échange.
Ensuite, j’ai déjà mixé dans des soirées Drag Queen, mais j’y vais surtout en tant que public et je conseille cette expérience. L’univers LGBT me parait plus disruptif que l’univers hétérosexuel. Toutes les questions autour des « safe-place » et des valeurs sont beaucoup plus travaillées dans ces soirées. Par exemple, les soirées intitulées « La chaudière » ont lieu au Sonic et sont intéressantes parce qu’elles sont riches en diversité de styles, d’origines et de musiques. En plus, ce sont les Drag Queens qui font les performances. Dans ces soirées, beaucoup de filles composent le public. Pour moi, cela montre qu’on est dans un safe-place.
J’adore aussi le Sucre. Toutes les fois où j’ai pu jouer, j’ai eu une connexion très rapide avec le public.
Enfin, pour la journée, le Café Rosa parce qu’il y a beaucoup de femmes, il y a cette ambiance de discussion. On se sent dans un lieu accueillant et sécurisé avec des expositions et des évènements assez chouettes.
Si vous ne possédez pas de voiture, le taxi peut être un solution à Lyon. 1 415 ADS (Autorisations de stationnement, également appelée licences) sont actives dans la métropole de Lyon.
En concurrence avec les chauffeurs de VTC, seuls les chauffeurs de taxis peuvent « marauder », autrement dit, stationner sur la place publique et prendre les couloirs de bus.
Titulaires ou locataires d’une licence, les chauffeurs de taxis sont artisans indépendants, locataires ou salariés. Le prix des trajets dépend d’une grille tarifaire établie par la préfecture.
Souvent garés dans l’une des 87 stations de la Métropole, les taxis peuvent se prendre sans réservation. Afin d’être plus tranquille, il est aussi possible de les réserver à l’avance. Pour trouver les taxis qui correspondent le plus à vos besoins, Rue89Lyon vous propose un panorama des taxis à Lyon.
1/ Réserver un taxi à Lyon via des centrales de réservation
Pour vous permettre de réserver un taxi à tout instant, des centrales de réservations sont disponibles à Lyon 24/24h et 7/7j :
2/ Des taxis pour aller et revenir de l’aéroport de Lyon
Trajet : Lyon – Aéroport Tarifs : Entre 55 et 70 euros, selon l’adresse de départ Où les trouver ? Sur l’une des 56 stations de la ville de Lyon, ou à votre domicile après réservation. Comment réserver ? Par une centrale de réservation, Internet ou au téléphone.
3/ Trouver un taxi à proximité d’une gare lyonnaise
Où les trouver ? Il est possible de les retrouver aux stations suivantes :
À la Part Dieu, les taxis se trouvent à la sortie côté Villette-Villeurbanne, à la station côté Vivier Merle ou au dépose-minute. Comment réserver ? Par une centrale de réservation, Internet ou au téléphone.
4/ Des taxis pour un transport médical à Lyon
Il peut parfois être nécessaire d’utiliser un taxi dans le cadre de soins ou d’examens médicaux.
Où les trouver ? Les taxis conventionnés sont identifiables au logo bleu collé sur leur vitre arrière droite.
Comment réserver ? Une liste des taxis conventionnés pratiquant le transport de patients à mobilité réduite (TPMR) dans le Rhône est disponible sur le site de l’Assurance Maladie. Dans cette liste, 744 taxis exercent à Lyon.
Vous êtes taxi, vous occupez d’une centrale de réservation de taxis à Lyon ou vous êtes utilisateur·trice, vous pouvez nous écrire un commentaire sous l’article ou envoyer un message à hello@rue89lyon.fr.