[Quel climat à Lyon dans le futur 3/3] L’été 2022, particulièrement chaud à Lyon, pourrait être un été presque ordinaire dans un futur pas si lointain, où la température moyenne sera plus élevée. Voici les projections de Météo France concernant la température à Lyon pour les années à venir.
Quel climat pour 2030, 2050 ou 2100 à Lyon ? Météo France et le Centre national de recherches météorologiques (CNRM) ont établi des projections pour le futur proche et lointain. Les deux organismes se sont appuyés sur différents scénarios d’évolution de la concentration de gaz à effet de serre, issus des travaux du GIEC (voir plus bas).
Ils dessinent trois scénarios (optimiste, intermédiaire et pessimiste), et trois horizons : proche, moyen, lointain (plus de détail en fin d’article).
À Lyon, +1°C en moyenne d’ici 20 ans et +2,10°C à l’horizon 2100 ?
Les projections, même dans une perspective optimiste, ne dessinent aucune amélioration. Concernant les températures à Lyon, elles nous promettent au mieux un réchauffement relativement contenu. Cela signifie que des actions prises pour réduire la concentration des gazs à effet de serre pourront permettre d’infléchir la hausse des températures. À l’inverse, les températures augmenteront fortement si rien n’est fait.
De 1976 à 2005, période dite « de référence » dans les projections de Météo France, la température annuelle moyenne à Lyon était de 12,25°C.
D’ici 30 ans, à un horizon proche, elle pourrait être supérieure d’1°C environ, quel que soit l’évolution de la concentration de gaz à effet de serre. Ensuite, à horizon plus lointain, elle pourrait augmenter de +1,25°C à +3,9°C selon le scénario.
Dans la perspective du scénario intermédiaire, celui où les politiques climatiques permettent de contenir la concentration de gaz à effet de serre, la température annuelle moyenne à Lyon passerait de 12,25°C à 13,21°C à l’horizon 2050, à près de 14°C à l’horizon 2070 et à 14,35°C à l’horizon 2100. Soit une augmentation potentielle de près de plus de 2°C.
Des températures en hausse toute l’année et des étés de plus en plus chauds à Lyon
Comment cette hausse de la température moyenne se répartirait mois par mois à Lyon ?
Les projections de Météo France et du Centre national de recherches météorologiques (CNRM) sont détaillées pour chaque mois de l’année. On peut ainsi observer la possible augmentation des températures au fil de l’année à Lyon. Si les mois d’été, où les températures grimpent haut focalisent l’attention, c’est durant les mois d’hiver et de printemps qu’elles pourraient augmenter davantage.
Ainsi, quel que soit le scénario retenu, à un horizon proche, les mois de janvier, mai ou novembre pourraient connaître une augmentation de la température moyenne égale ou supérieure à celle de certains mois d’été.
L’été 2022 à Lyon conforme à un été moyen en 2050 ?
Les mois d’été, où la hausse des températures est plus difficile à vivre, connaîtront également une hausse de la température moyenne. Elle devrait être de +1°C en moyenne à Lyon à un horizon proche selon le scénario intermédiaire. Légèrement plus dans le cas d’un scénario pessimiste.
L’été 2022 à Lyon pourrait-il nous donner un aperçu des étés dans le futur ? C’est possible. Météo France prévoit qu’à horizon 2050, l’été 2022 soit un été dans la moyenne en France.
Au milieu du 21e siècle, Météo-France "s'attend à ce qu'à peu près la moitié des étés soient d'un niveau de températures comparable voire supérieur à celui de l'été 2022", a déclaré Samuel Morin, directeur du Centre national de recherches météorologiques (CNRM) #AFPpic.twitter.com/wJeAQjQcWq
En reprenant les projections mensuelles d’augmentation de la température moyenne à Lyon, c’est bien ce qu’on observe.
Pour l’horizon moyen (2040-2070), et dans le cadre du scénario intermédiaire dans la maîtrise des concentrations de gaz à effet de serre, voilà ce qui pourrait se passer en été à Lyon :
Juin : augmentation de +2,6°C de la température moyenne par rapport à la moyenne 1976-2005 qui était de 19,02°CJuillet : +2,6°C de la température moyenne par rapport à la moyenne 1976-2005 qui était de 21,68°CAoût : +1,6°C de la température moyenne par rapport à la moyenne 1976-2005 qui était de 22,21°C
Durant l’été 2022 à Lyon, voici les températures journalières moyennes constatées par Météo France :
Juin 2022 : température moyenne de 22,08°C (soit +3,06°C par rapport à la moyenne 1976-2005)Juillet 2022 : température moyenne de 24,06°C (soit +2,38°C)Août 2022 : température moyenne de 24,6°C (soit +2,4°C).
L’été 2022 à Lyon pourrait donc être un été plutôt courant à horizon de 20 ou 30 ans. L’augmentation de la température moyenne en juillet colle aux projections de Météo France. Celles constatées en juin et août sont même plus importantes que le pire des scénarios. Ce qui pourrait faire de cet été 2022 à Lyon un été dans la moyenne haute à horizon relativement proche.
Une accélération de l’augmentation des températures à Lyon depuis la fin des années 1980
Évolution de la température moyenne annuelle à Lyon depuis 1900. Graphique EDJN
Voilà pour le possible futur du climat à Lyon. Nous avons aussi inspecté le passé à partir des données du programme d’observation européen Copernicus et ECMWF. Les données sur la température annuelle moyenne à Lyon montre une augmentation continue depuis la seconde moitié des années 1980.
À partir de 1986, jamais la température annuelle moyenne n’a été inférieure à la période 1960-1970 précédent l’étude. Depuis l’an 2000 et jusqu’à 2018, on constate les plus fortes variations. En 2018 par exemple, la température annuelle moyenne à Lyon a été supérieure de +3°C par rapport à la moyenne pour la période 1960-1970.
Voici ce que cela donne pour l’ensemble des communes du Rhône :
C’est la rentrée pour la sélection sorties à Lyon de la rédaction. Spectacle vivant, concerts, expos, dorénavant chaque semaine nous vous proposons nos choix culture. N’hésitez pas à ajouter vos bons plans en commentaires.
Où la bass music rayonne
C’est pas parce que Jarring Effects, emblématique (le mot est faible) label lyonnais porté sur le dub et toutes ces sortes de choses à grosses basses, n’a pas d’anniversaire en forme de compte rond à fêter qu’il se laisse abattre. C’est donc ses 27 ans d’existence que fête le label avec cette édition du Jarring Fest’, un temps empêché, comme tout ce qui émet un son via un ampli, par le Covid. Revoilà donc le Fest’, événement créatif répandu sur trois jours, à la Rayonne du côté de Villeurbanne. Avec en guise de programmation bien fraîche Schvédranne, James Stewart, Flore en B2B avec Glitter 55 ou encore une création de French 79 et Fred Nevché baptisée The Unreal story of Lou Reed.
Jarring Fest’, les 9, 10 et 11 septembre à la Rayonne.
La rentrée sonique de Jess’
Ne vous y trompez pas, sous ce blase Tinder de zouze de Seine-Saint-Denis, se cache en réalité un type mal rasé (ce qui arrive probablement plus souvent qu’on ne le croit sur Tinder). Le dénommé Geoffroy Laporte (du genre fermée, la porte) semble tout droit téléporté de l’ère grunge avec son allure et ses guitares débraillées qu’il emploie à défourailler du grunge donc, du garage, du shoegaze, tous ces genres musicaux qui se jouent très fort en regardant ses pompes. Vous vouliez une rentrée en force ? La voilà.
Si ce n’est déjà fait, il est encore temps d’aller admirer l’exposition Depardon. A savoir « Errance », série de photos que le photographe et cinéaste accompagna d’un essai sur la genèse de son art dans lequel il cherche la bonne distance entre l’homme et le monde (quête louable mais pas dénuée de difficulté, on en conviendra).
« L’errance n’est ni le voyage ni la promenade mais cette expérience du monde qui renvoie à une question essentielle : qu’est-ce que je fais là ? », écrit-il alors tout simplement.
Les photos ? Des cadres verticaux de paysages ou de villes qui marquent des lignes de fuite et nous emportent, nous aspirent, comme mus par une force invisible, qui seraient, selon Depardon, comme exorcisme à notre peur du monde.
Errance de Raymond Depardon, jusqu’au 25 septembre à la Galerie Cinéma (Lyon 1er)
Errance. Photo : Raymond Depardon
Sciarroni se tape sur les cuisses
Explorer les variations de formes de danses traditionnelles c’est un peu l’un des credos d’Alessandro Sciarroni. En 2016, le chorégraphe avait déjà présenté à l’Opéra de Lyon, TURNING_Motion sickness basé sur les mouvements des derviches tourneurs. Avec The Collection, il reprend l’argument développé dans FOLK-S qui s’inspirait du Schuhplatter, cette danse bavaroise folklorique consistant à se taper sur les chaussures et les mollets. Et en fait, contre toute attente, avec le concours des danseurs du ballet de l’Opéra de Lyon, un spectacle sexy et organique, hypnotique jusqu’à envoûtement.
The Collection d’Alessandro Sciarroni , du 7 au 13 septembre à l’Opéra de Lyon,
[Info Rue89Lyon] Un nouveau dispositif à destination des jeunes migrants qui errent à la Guillotière doit voir le jour le 1er octobre. Explications.
Le 1er octobre prochain marquera le lancement d’un dispositif inédit baptisé « Ligne 37 ». Porté par l’association lyonnaise Le Mas, il doit permettre de prendre en charge les jeunes migrants qui errent à la Guillotière.
Nombre de ces jeunes sont des adolescents non reconnus mineurs par la Métropole de Lyon ou des jeunes adultes en provenance de pays du Maghreb. Sans solution d’hébergement ni de travail, ils échouent souvent à la Guillotière et cumulent des problématiques de précarité, d’addiction, de santé mentale et diverses pathologies physiques.
« Ligne 37 » doit permettre une prise en charge globale, matérialisée d’ici début 2023 par l’ouverture d’un lieu de répit.
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Visites, concerts, expos, conférences… La Halle Tony Garnier ouvre grand les portes de son immense salle à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre. Cet événement appelé « Flux » marque la relance d’un des lieux les plus emblématiques de Lyon par le nouveau directeur Thierry Pilat.
Depuis son arrivée début 2021 à la tête de la Halle Tony Garnier, Thierry Pilat avait dû ronger son frein pour cause de Covid. Avec cette rentrée 2022, le nouveau directeur de la Halle peut imprimer pleinement sa marque.
Son leitmotiv : faire de la plus grande salle de spectacles de Lyon intra-muros « un lieu de vie et de rencontres ». Et pour la rentrée, Thierry Pilat commence pied au plancher.
Munie d’une nouvelle identité visuelle, la Halle Tony Garnier va ouvrir gratuitement ses portes pour les Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre prochain, à l’occasion de « Flux ».
Cet événement va permettre de décliner les trois axes du nouveau projet culturel : outre un lieu de diffusion de concerts, la Halle entend devenir un carrefour de « coopérations artistiques » avec d’autres acteurs culturels lyonnais et se veut un « lieu de vie » qui appartient à tous les habitants.
Une expo et des visites guidées pour découvrir riche histoire
Pour réaffirmer la dimension patrimoniale de la Halle, une exposition a été montée avec visites guidées « à la découverte de l’histoire et du patrimoine ». Les 17 et 18 septembre à 10h, 13h et 15h30. Un espace dédié à l’histoire de la Halle est également accessible.
La Halle Tony Garnier (Lyon 7e) a servi de fabrique d’armement pendant la première guerre mondiale. Photo d’archive.
Des concerts gratuits proposés par les acteurs culturels lyonnais
Samedi et dimanche, vous pourrez assister gratuitement à six concerts programmés par des salles de concerts, festivals ou des labels locaux (Transbordeur, CCO ou Woodstower). Voici le programme :
samedi 17 septembre 12h : Paul Boutique (hip-hop) 14h30 : Electric Mamba (world) 17h : Irnini Mons (rock)
Les concerts seront filmés et diffusés sur les réseaux. Le public pourra aussi suivre l’installation des artistes. Dans la même idée de découverte des métiers du spectacle, des visites « pass-coulisses » (lancées en 2021) seront proposées durant ce week-end.
Un forum des acteurs culturels
Le projet « Flux » démarre également les rencontres entre les acteurs culturels locaux. Grand Bureau (réseau des musiques actuelles en Auvergne-Rhône-Alpes) animera trois conférences le samedi. Le média web Gambetta TV animera également des conférences le dimanche
Voici le programme :
samedi 17 septembre 10h30 : A la découverte des producteurs 13h : A la découverte des salles 15h30 : A la découverte des artistes
dimanche 18 septembre 10h30 : breaking capital 13h : la crème du rap 15h30 : Lyon c’est nous
Des enseignants de l’INSA Lyon, fameuse école d’ingénieurs, choisissent de remettre au goût du jour le modèle low-tech (comprendre : technologie sobre ou douce) pour questionner les missions de l’ingénierie et ses exécutants. Une démarche d’ensemble qui pourrait réconcilier la technique et la planète.
Vous avez peut-être vu passer sur Internet des tutoriels d’un nouveau genre ces derniers temps. Comment construire soi-même son propre four solaire. Des toilettes sèches amovibles. Une éolienne. Un extracteur de jus de pomme, voire carrément une petite maison autonome en énergie. Ces exemples se rangent dans la catégorie des low-tech. Enfin, pour peu que leur fabrication et leur fonctionnement respectent quelques règles : être peu gourmand en ressources, être réalisable par le plus grand nombre et, surtout, être utile.
« Je remarque qu’il y a une sorte de buzz autour des low-tech, mais c’est avant tout un retour aux sources. Cela a toujours existé. Simplement, après avoir longtemps été écarté de l’enseignement technique, on redécouvre les bénéfices de ce modèle. »
Le retour des low-tech à l’INSA Lyon
Lui-même use de ce terme dans ses cours. Il pourrait en parler pendant des heures, sans pour autant en faire une matière en soi. Il est d’ailleurs de plus en plus sollicité à l’extérieur des murs de l’INSA Lyon, pour des conférences et des débats sur le sujet.
Je le rencontre un lundi de juillet, alors que l’enceinte de l’école est déjà vidée de l’agitation estudiantine. Lui et son collègue Romain Delpoux, maître de conférences en automatique et génie électrique, promènent un prototype low-tech dans les couloirs.
Ce prototype de vélo-générateur est étudié dans plusieurs cours à l’INSA Lyon.Photo : LMB/Rue89Lyon
Il s’agit d’un vélo-générateur, capable de produire de l’énergie électrique. En mode mobile, le système se déplace facilement grâce au vélo. Il faut une bonne minute de manutention pour l’installer et il n’y a plus qu’à pédaler et à se brancher. Romain Delpoux s’explique :
« Lorsque le système sera terminé, il devrait être capable de recharger quatre ou cinq téléphones portables en même temps, soit une puissance de 80 W. L’idée, c’est de sensibiliser les étudiants à la production d’énergie. »
« Le vélo est souvent assimilé à la low-tech, mais c’est plus compliqué que ça »
Un projet étudié dans le cadre de la thèse d’Adrien Prévost, doctorant de Romain Delpoux. Et c’est un autre étudiant de l’INSA, Étienne Durante, qui l’a fabriqué. Ce dernier a travaillé avec l’Atelier du Zéphyr, une association de la région lyonnaise organisant des stages d’autoconstruction. Le vélo est naturellement d’occasion.
« Le vélo est souvent assimilé à la low-tech, mais c’est plus compliqué que ça. Aujourd’hui, la plupart des vélos qu’on trouve en France ne peuvent pas être rangés dans cette catégorie. Les pièces viennent du monde entier, les réparations sont complexes », illustre Romain Delpoux.
Romain Colon de Carvajal a travaillé sur plusieurs prototypes de vélo cargo à assistance électrique au sein du département FIMI, la formation initiale aux métiers d’ingénieur, lors des deux premières années du cursus à l’INSA Lyon. Cette fois, le vélo a été construit par les étudiants, même s’il a encore fallu récupérer la selle et les roues. L’enseignant détaille :
« Cela permet de montrer qu’il y a une distance entre ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils peuvent faire. La démarche est intéressante d’un point de vue pédagogique. Ce vélo cargo peut transporter une charge de 400 kilos par exemple. »
À l’INSA Lyon, la sensibilisation des étudiants aux low-tech passe par la conception d’un vélo cargo à assistance électrique. Photo DR
Les ingénieurs en herbe disposent de plusieurs outils pour mener leurs travaux. Dans l’atelier de construction métallique, il y a de quoi travailler la tôle en acier ou en aluminium, souder, découper…
« Derrière la low-tech, il y a un côté bricolage assumé. Cela rappelle une démarche essai-erreur typique des sciences expérimentales, mais ça ne veut pas dire bas de gamme ou low-cost », précise Romain Colon de Carvajal.
La démarche low-tech, un héritage des années 70
Ce concept est plutôt utilisé pour critiquer son antonyme, la high-tech, dont les produits abreuvent aujourd’hui notre quotidien. Sans trop savoir, parfois, s’ils viennent répondre à un réel besoin. Dans les années 70, des philosophes comme Ivan Illich ou Jacques Ellul, penseurs de la technique, ont questionné ce futur qu’ils voyaient déjà poindre. Un futur à base d’intelligence artificielle et de maison autonome. La low-tech est remise au goût du jour depuis quelques années, à la faveur d’une meilleure connaissance du désastre écologique en cours et de l’épuisement des ressources naturelles.
« Il faut repolitiser ce que nous avons dépolitisé. Pendant longtemps, nous avons agi comme si l’idée de progrès allait de soi. Nous, professeurs, en sommes aussi responsables », souligne Romain Colon de Carvajal.
L’enseignant a des tonnes d’exemples en tête :
« Je remarque qu’en début de cursus, les étudiants ne savent même plus penser. Exemple, lorsqu’on leur propose de travailler sur un projet, tous veulent faire un LEGO hi-tech. Il y a systématiquement une connexion téléphone. Or, en conception, la première règle est de supprimer un besoin, pas d’en créer un. Si jamais, c’est impossible, alors on travaille sur les verrous, la créativité, l’innovation. Il s’agit de redévelopper une éthique de l’ingénierie. »
Le souci, c’est que ce type de réflexion amène bien souvent à produire moins. Et donc vendre moins, remarque le maître de conférences Romain Delpoux :
« C’est plus difficile de financer une recherche s’il n’y a pas des industriels derrière. La thèse dont j’ai parlé a été financée par l’enjeu énergie de l’INSA Lyon. Mais ça n’arrivera pas tous les jours. »
À Lyon, repenser l’ingénierie à l’aune du désastre écologique grâce aux low-tech
Il faut donc avancer « en mode pirate », pour reprendre les mots de Romain Colon de Carvajal. Avec d’autres enseignants, il profite de tous les espaces de liberté qu’on lui offre. Par exemple, il donne depuis peu un cours avec sa collègue Diana Martin de Argenta, sortie de l’INSA Lyon vingt ans plus tôt, sur la « conception sobre des mécanismes ».
Diana Martin de Argenta le définit ainsi : « un enseignement de la conception mécanique avec une prise en compte des impacts environnementaux. Cela passe par l’analyse du cycle de vie et le questionnement du besoin, pour une ingénierie consciente de ses enjeux. »
Romain Colon de Carvajal conclut avec une question que devrait se poser tout bon ingénieur à la sortie de l’école, selon lui :
« Est-ce qu’avec mon système, je rends libre mon usager ou je le fais se sentir bête dès qu’il y a une petite panne ? »
Chaque année à la rentrée, la plus grande salle de Lyon, la Halle Tony Garnier, révèle ses nouveaux projets et sa programmation de l’année. Du marché aux bestiaux à Peter Gabriel, en passant par une période militaire, retour sur l’histoire d’un bâtiment marquant du XXe siècle.
« Toutes les architectures dites « de style » comportent une ornementation : cette ornementation n’est qu’une mode et ne répond à aucun besoin (…) Pour être vraie, une architecture doit n’avoir besoin d’aucun ornement et se suffire à elle-même. »
Quand on passe devant la Halle Tony Garnier, cette maxime de son concepteur semble totalement à propos. Sobre, efficace, carrée (ou du moins rectangulaire), ce bâtiment impressionne par son aspect monumental avec sa toiture à redans (en forme d’escalier).
Longue de 210 mètres, haute de 24 et large de 80, « la halle » est capable d’accueillir de 3 000 à 17 000 personnes. Cela n’a pas toujours été le cas. En plus d’un siècle d’existence, la halle a accueilli des carcasses d’animaux, des blessés et des obus.
A l’origine de la Halle Tony Garnier : la construction d’un abattoir géant pour Lyon
Pour comprendre cette drôle d’histoire, il faut revenir au début du XXe siècle. Depuis le milieu du XIXe siècle, traîne à Lyon l’idée de faire un véritable abattoir « moderne » où l’abattage des bêtes se ferait de façon centralisée. Fut un temps où l’abattage des animaux s’effectuait dans des « tueries », dans les arrière-cours des étals de bouchers ou dans de grandes boucheries.
En 1887, il y a encore 80 « tueries privées » dans le 3e arrondissement de Lyon de l’époque, qui englobe le 7e arrondissement d’aujourd’hui. Pour les limiter, Lyon va compter deux premiers abattoirs à Perrache et à Vaise. Mais la ville a besoin de voir plus gros et d’éloigner les carcasses de viande du centre-ville.
Pour ce projet mastodonte, plusieurs secteurs sont envisagés comme Perrache, Vaise, ou encore la Villette. La municipalité choisit finalement Gerland et le quartier « de la Mouche » pour centraliser les abattoirs. Le secteur dispose à l’époque de bâtiments réservés aux services militaires, d’un entrepôt d’habillement ou encore d’un hôpital complémentaire. C’est là que seront posées les premières pierres de la Halle Tony Garnier.
Plus excentrés, les lieux ont l’avantage d’être éloignés du cœur de ville. Une nécessité à l’époque où les questions d’hygiène deviennent primordiales.
Tony Garnier, un architecte prodige attaché à Lyon
Le 15 juin 1904, Victor Augagneur, alors maire de Lyon, fait appel à Tony Garnier. Le jeune homme, vainqueur du prestigieux Prix de Rome, voit dans ce projet une manière de rester auprès de sa famille.
Avec le successeur d’Augagneur, Édouard Herriot, il participera fortement à l’évolution de sa ville natale. Élu en 1905, Herriot se charge de finaliser la commande. Le devis est alors chiffré à 13 428 400 de francs anciens.
C’est sous son très long règne que Garnier va entreprendre des travaux s’étendant également sur une (très) longue période. Le gros œuvre commence en 1909. La grande halle du marché est la plus impressionnante par ses dimensions (80 m x 210 m) et par son système de construction. C’est elle qui est toujours en place aujourd’hui.
Initialement, les bâtiments devaient être entièrement faits en béton. Mais, soumis à des difficultés techniques, Tony Garnier dut recourir à l’acier. Qu’importe. Après quelques retards liés à des inondations, les lieux ouvrent en 1914. Après son inauguration, la halle accueille l’exposition universelle. Il faudra attendre la fin des années 1920 pour que les lieux servent d’abattoir.
La Halle Tony Garnier (Lyon 7e) pendant l’exposition universelle de 1914. Photo d’archive/Halle Tony Garnier.
La Halle Tony Garnier : une usine d’armement avant d’être un abattoir
À l’heure de la Première Guerre mondiale, les lieux sont réquisitionnés pour servir d’usine d’armement. Puis, une fois la guerre terminée, ils accueilleront des blessés. La halle est alors une sorte « d’hôpital » temporaire. Une histoire qui se répétera. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands s’en serviront également comme fabrique d’armements.
La Halle Tony Garnier (Lyon 7e) a servi de fabrique d’armement pendant la première guerre mondiale. Photo d’archive/Halle Tony Garnier.
En 1920, des travaux de rénovation et une mise aux normes sont entrepris. La « cité de la viande » est officiellement inaugurée en 1928, presque 20 ans après le début du chantier. Les lieux sont alors beaucoup plus grand que la halle actuelle.
Le terrain réservé pour cette mini-ville est limité, au nord, par le prolongement de l’avenue Debourg, à l’est, par le chemin des Culattes et, à l’ouest, par le chemin de la Vitriolerie, à Saint-Fons. L’ensemble mesure approximativement 20 hectares.
Outre la halle, grande d’1,7 ha, les lieux comptent également des porcheries, écuries, et d’autres types de bâtiments. Interdits de tuer dans leur magasin, les bouchers devaient amener leurs bêtes aux halles. En 1955, les « Abattoirs de La Mouche », du nom du quartier, traitent annuellement 34 000 tonnes de viande. Bon appétit.
L’évolution du quartier de Gerland sonne la fin des abattoirs
Leur activité va commencer à décroître courant des années 60. En 1967, la décision est prise de les fermer. Plus aux normes, la cité de la viande souffre également du développement de la ville. Installée loin du centre-ville pour des raisons d’hygiène, elle se trouve désormais englobée par l’agglomération lyonnaise qui n’a cessé de grandir.
Il est décidé de transférer cette question plus loin, à Corbas. Encore aujourd’hui, le « pôle agroalimentaire » de Cibevial traite 18 500 tonnes de viande de façon annuelle. Il reste l’un des plus grands abattoirs de France.
La Halle Tony Garnier (Lyon 7e) a aussi servi de marché aux bestiaux. Photo d’archive/halle Tony Garnier.
La Halle tony Garnier sauvée par Régis Neyret
Sous le mandat de Louis Pradel, la fin des abattoirs de la Mouche est actée. Le maire, surnommé « zizi béton » par ses détracteurs, habitué aux grands projets et aux démolitions, s’attaque aux bâtiments des abattoirs, puis au marché aux bestiaux, situé dans la halle. Certains bâtiments sont conservés dont ceux, à gauche de la halle, qui abritent les laboratoires Mérieux. Pour le reste, les cheminées disparaissent, explosées à la dynamite.
En 1975, les terrains aux alentours de la halle sont libérés. Elle ne doit sa survie qu’à l’action vigoureuse du journaliste Régis Neyret, très actif également dans le classement du Vieux Lyon au patrimoine mondial de l’Unesco.
Grâce à une intense campagne de presse, ce dernier parvient à sauver le bâtiment de la halle, les deux portes des lieux au nord et l’arche au sud. Elle est classée au titre des monuments historiques le 16 mai 1975.
Quand la halle est devenue « La Halle Tony Garnier »
Et après ? La « halle » devra attendre dix ans pour prendre le nom de « Halle Tony Garnier ». La ville de Lyon va investir 104 millions de francs pour réhabiliter les lieux.
Parmi les travaux réalisés : la disposition d’un « décor » architectural, de ventilation, d’équipements de sécurité, d’éclairage… Tout est mis en place pour accueillir de potentiels exposants sur 17 000 m² de surface. Des sanitaires sont aussi installées en sous-sol pour des visiteurs. L’acoustique des lieux est traitée pour accueillir des événements.
Le maire de l’époque, Francisque Collomb (aucun rapport avec Gérard) inaugure les lieux le 8 décembre 1988 pour respecter la tradition lyonnaise et bien tomber dans le calendrier des élections municipales, prévues en 1989. Le 5 novembre 1989, sir Paul MacCartney monte sur sa scène.
C’est le début du fonctionnement de la halle telle que nous la connaissons aujourd’hui. Cette dernière accueille, comme en 1914, des expositions, mais aussi des concerts, des salons, des spectacles, des conventions d’entreprises, des colloques, etc.
2000 : une dernière rénovation pour rentrer dans le XXIe siècle
Pour parfaire ce fonctionnement, une nouvelle rénovation est entrepris en 1999-2000 par l’architecte lyonnais Albert Constantin. Il convainc le maire de l’époque, Raymond Barre, qu’une structure est nécessaire pour pouvoir plonger dans le noir la halle, les soirs de spectacle.
Il révolutionne également le fonctionnement des immenses gradins. Finis le système du « montage-démontage », des structures mobiles de 210 m2 peuvent être déplacées grâce à une machine de levage hydraulique et au fonctionnement d’un rail. Grâce à cela, les lieux peuvent s’adapter suivant le nombre de personnes accueillies. L’acoustique est encore renforcée.
Rescapée, symbole des constructions de l’architecte Tony Garnier, la halle voit défiler les têtes d’affiche. Pour ses 100 ans, elle accueille en 2014 les Black Keys, Shaka Ponk ou encore Peter Gabriel. Au cœur du marché aux bestiaux, où jusqu’à 34 000 « tonnes » de bêtes étaient abattues chaque jour en 1965, près de 17 000 spectateurs, peuvent à présent se presser.
Une reconversion singulière qui n’étonnera certainement pas nos voisins berjalliens. Leur salle de concert a gardé un nom bien plus explicite : Les Abattoirs.
Le 9 juin, des militaires stationnent devant la Halle Tony Garnier pour le concert d’Ariana Grande à Lyon.Photo : LB/Rue89Lyon
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Alice pensait faire sa carrière en tant qu’ingénieure en génie civil dans les ponts à Lyon. Cette Lyonnaise, qui adorait son métier, a décidé de bifurquer dans le domaine de l’écologie après une prise de conscience. Actuellement baroudeuse, elle aimerait trouver, à terme, un métier en lien avec ses convictions.
Pour capter Alice, il faut avoir un peu de patience. Toujours en vadrouille, entre trek, sorties à vélo, engagement associatif et chantiers participatifs, la jeune femme de 25 ans profite de sa nouvelle liberté et laisse de côté son téléphone. En avril 2022, l’ingénieure a posé un congé sans solde d’un an, poussée par l’envie de s’engager dans la lutte contre le changement climatique.
Malgré son emploi du temps chargé, on finit par s’y faire une place et fixer un rendez-vous. Affublée de son vélo, ses cheveux blonds attachés et son sac à dos sur les épaules, Alice nous raconte son parcours atypique, d’ingénieure investie devenue baroudeuse en quête d’écologie.
Une ingénieure passionnée que rien ne destinait à bifurquer vers l’écologie
Fille d’une secrétaire comptable et d’un directeur de production, Alice a grandi près de Chambéry et a « toujours été une élève modèle », intéressée par tout et soucieuse de « s’ouvrir le plus de portes possibles ».
Après son lycée, elle se dirige vers une grande école d’ingénieur lyonnaise, qui comble ses attentes, malgré des débuts un peu difficiles.
« Je suis allée en génie civil et franchement j’adorais ce que j’apprenais. On avait beaucoup de cours variés et derrière chaque matière, je comprenais son utilité, ce n’était pas bête et méchant. Ce qu’on faisait était toujours assez concret : on avait des cours d’usinage, des cours sur des machines, des cours de robotique, des cours plus manuels, des travaux de groupe, et ça me plaisait bien. »
À l’issue de l’école, elle réalise un stage dans un bureau d’études qui construit et répare des ponts. Un domaine qu’elle convoitait. Elle finit par y être embauchée au début de la crise du covid en 2020.
« Les ponts, j’ai toujours trouvé ça impressionnant : ça relie, c’est esthétique, utile et ça dure dans le temps. Dans les villes, il y a souvent un pont qui est emblématique. J’y voyais aussi le côté technique et le challenge. »
Avec enthousiasme et presque un fond de nostalgie, Alice parle de ses débuts dans le métier, « agréables » et « stimulants ». Elle apprend au contact de ses collègues et est séduite par la diversité des projets qui lui sont proposés. Jusqu’ici, l’ingénieure n’a rien du profil traditionnel de la « bifurcatrice » : celle qui plaque tout, minée par un travail usant ou peu intéressant, dans lequel elle ne trouve plus de sens. Bien dans son travail, rien ne laissait présager qu’Alice voudrait changer de vie.
Le télétravail en confinement : un déclic vers l’écologie pour cette ingénieure à Lyon
Ses premières interrogations arrivent lors du troisième confinement, en avril 2021. Pour la première fois, elle se retrouve en télétravail continu. La randonneuse, éprise de grands espaces et de contact social, se retrouve enfermée dans son appartement.
« Pendant deux mois je suis restée toute seule dans mon salon, sur mon ordi toute la journée, et là j’ai commencé à avoir un déclic. J’avais beaucoup de temps pour penser et réfléchir. Je me sentais très très concernée par l’urgence écologique et le changement climatique. J’ai commencé à lire des articles et regarder des vidéos sur le sujet pendant toutes mes pauses et j’ai eu une prise de conscience. »
Alice est une ingénieure lyonnaise en reconversion. Passionnée de nature et de grands espaces, elle est toujours flanquée de son vélo et de son sac à dos.Photo : Marie Allenou/Rue89Lyon
Son intérêt boulimique pour l’environnement ne sort pas de nulle part. La jeune femme se décrit, adolescente et jeune adulte, déjà sensible à l’écologie, à la nature et aux animaux. Ce confinement a pour elle été un tournant. Face à la quantité d’informations qu’elle emmagasine sur le changement climatique, Alice se retrouve démunie devant l’inaction d’une partie de la population et des dirigeants politiques.
« Cette espèce de prise de conscience, ça m’a plombée. J’avais l’impression de me rendre compte de choses si graves et qu’on était si peu à en avoir conscience. Je me suis dit ‘c’est horrible, il faut faire quelque chose’. Je me suis rendue compte que mon travail était cool mais que j’avais envie de mettre mon énergie au profit d’une cause qui me tient plus à cœur. »
« Je me demandais pourquoi j’adorais mon boulot et tout d’un coup ça me convient plus »
Alice rentre alors dans une longue période de solitude. Elle se confie peu à ses proches et garde ses questionnements au fond de sa tête pendant presque une année. L’ingénieure est surtout rongée par une culpabilité lancinante.
« J’avais l’impression d’être une princesse qui avait tout, un CDI, un salaire correct, un appart avec son copain dans une ville cool, et de dire « non c’est pas ça que je veux ». Je me disais que j’ai fait cinq ans d’étude et que je les mettais à la poubelle. Je me demandais pourquoi ça n’arrive qu’à moi, pourquoi, alors que j’adorais mon boulot, tout d’un coup ça me convient plus. »
« Je veux un futur social, écologique et démocratique ». Quartier de la Guillotière.Photo : DR
Pour calmer cette culpabilité, mais surtout par véritablement engagement, Alice tente d’aménager le reste de sa vie pour être le plus écolo possible. Elle entame une démarche zéro déchet, consomme moins de viande et s’engage dans une association d’éducation populaire.
« Je suis entrée aux « Éclaireurs de la nature ». C’est un mouvement du scoutisme français, laïc d’inspiration bouddhiste. Je me retrouve à 100 % dans ces valeurs, parce que c’est basé sur trois piliers : la vie dans la nature, l’écologie et le bouddhisme, plus comme une philosophie de vie que comme une religion. On essaye d’enseigner ces valeurs à des jeunes. »
Au travail, rien ne la pousse vraiment à partir et elle y reste plutôt épanouie. Même si la construction de ponts en béton et en acier pour faire de nouvelles autoroutes ne l’enchante guère, ce genre de projets reste marginal. Ses tâches consistent plutôt à réparer des ponts existants, une mission qui n’interfère pas avec ses principes écologiques.
Un an de congé pour bifurquer dans l’écologie ou redevenir ingénieure à Lyon
Pendant un temps, Alice se contente de ses engagements sur son temps libre, mais ses doutes reviennent et l’envie de changement se fait de plus en plus sentir. Son esprit consciencieux et organisé lui enjoint de trouver un autre métier, plus axé sur l’écologie, avant de quitter son bureau d’études. L’ingénieure doit se rendre compte au bout de quelques mois qu’elle n’arrive pas à s’y pencher et « prend [son] courage à deux mains ».
« J’étais dans une remise en question d’une telle ampleur et j’étais tellement impliquée dans mon travail que le soir je n’arrivais pas à faire des recherches. Je me suis dit que je devais faire un break, que ça ne servait à rien de se rendre malade. La solution c’était d’arrêter de travailler et de prendre du temps pour réfléchir, me poser, rencontrer des gens, tester des choses. »
Elle pense alors à démissionner, puis revient sur ses pas, et part plutôt sur un congé sans solde d’un an. Avec un peu d’appréhension, elle le demande à son employeur et revient soulagée lorsque celui-ci accepte sans difficulté.
« Prendre un congé sans solde d’un an, ça me laisse le temps de trouver ce que j’ai envie de faire ou alors de me dire que je n’étais pas si mal et rester dans ce travail tout en continuant de m’investir dans l’associatif sur mon temps libre. »
« Les chantiers participatifs me permettent de découvrir des techniques de construction écologique »
Aujourd’hui, la jeune femme reste encore indécise, et tâtonne pour trouver son futur chemin professionnel. Pour l’heure, elle explore le monde des chantiers participatifs, où des particuliers se retrouvent ensemble autour d’un projet de construction et y participent bénévolement. Ces chantiers lui permettent d’apprendre de nouvelles choses et de toucher de plus près le monde de la transition écologique.
« Les chantiers participatifs me permettent de découvrir des techniques d’éco-construction avec des matériaux biosourcés et géosourcés comme le bois, la terre, la paille, la pierre. Ce qu’on apprend pas du tout quand on fait du bâtiment traditionnel. »
À l’avenir, Alice veut employer son temps et son énergie dans la lutte contre le déréglement climatique.Photo : Marie Allenou/Rue89Lyon
L’occasion aussi de rompre avec la solitude, pour celle qui est maintenant devenue une interlocutrice privilégiée de ceux qui souhaitent bifurquer dans ses cercles d’amis.
« Sur les chantiers, je rencontre plein de gens très inspirants, avec des parcours assez originaux et enrichissants. Je rencontre beaucoup de personnes qui ont bifurqué comme moi, ça permet de se sentir moins seule. »
Travailler dans l’écologie : un objectif professionnel
À côté des chantiers et de ses journées de baroudeuse, Alice passe l’essentiel de son temps à chercher des formations ou des métiers qui pourraient lui plaire, en lien avec la transition écologique. Elle reste concentrée sur l’idée de trouver une nouvelle voie professionnelle.
L’ingénieur est aussi accompagnée par une conseillère de l’APEC (L’Association pour l’emploi des cadres) qui lui fait passer des tests mais bute souvent sur la multiplicité des centres d’intérêts de la jeune femme.
« Je me demande si j’ai envie de me lancer dans l’agriculture, dans le recyclage des déchets, dans la lutte contre le plastique, dans la préservation de la biodiversité, dans la gestion de l’eau et des forêts… Tout m’intéresse et je vois une raison pour lutter dans tous ces domaines. Je ne sais pas comment choisir. »
Prochaine étape pour Alice : faire des mises en situation professionnelle. Elle espère que ces sortes de stages de découverte lui permettront de connaître plus en profondeur les métiers écologiques qu’elle idéalise encore. Pour enfin, lui permettre d’être en paix avec son choix.
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Des témoignages et des documents obtenus par Rue89Lyon retracent les événements ayant conduit à une rupture entre la direction de Sup’Écolidaire – école d’enseignement supérieure privée dédiée à l’écologie, la solidarité et la citoyenneté – et une majorité d’étudiants et d’intervenants, en 2019. Ces faits continuent d’agiter le milieu associatif écolo lyonnais.Une nouvelle école pourrait voir le jour et concurrencer Sup’Écolidaireà la rentrée 2023.
En 2017, l’école d’enseignement supérieure Sup’Écolidaire ouvrait ses portes.
La promesse de ce nouvel établissement privé post-bac lyonnais tenait en trois mots : écologie, solidarité et citoyenneté. Clémence Leblanc, membre de la première promotion, se souvient d’une opportunité unique en France à l’époque :
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Diplômé d’une brillante école d’ingénieur, Stéphane a pourtant décidé de devenir prof contractuel dans un collège REP de Saint-Étienne. Témoignage.
Stéphane (le prénom a été modifié) a 26 ans. Fils de mareyeur – commerçant grossiste de pêche – il est resté fidèle à l’océan toute son enfance. De North Prendergast, un port gallois, à Lorient, en Bretagne, il a grandi au son du ressac. Après cela, il a suivi l’itinéraire (presque) parfait.
Issu d’un milieu aisé, Stéphane a sauté une classe en primaire. Passionné par la physique-chimie, il a été admis à la sortie du lycée en classe préparatoire au lycée Georges-Clémenceau, un établissement nantais réputé. Après non pas deux mais trois ans sur les bancs de la prépa, il est entré en école d’ingénieur à Strasbourg. Alors que tout le destinait à l’honorable (et non moins lucrative) profession d’ingénieur, Stéphane a bifurqué pour devenir prof contractuel de physique-chimie dans un collège classé REP à Saint-Étienne. Témoignage.
Stéphane a bifurqué de l’école d’ingénieur à prof en REP à Saint-Étienne. Une photo Pixabay, sur Pexels.
« En prépa, certains élèves auraient pu sacrifier leur vie pour obtenir la meilleure école d’ingénieur. Ce n’était pas mon cas. »
« J’ai grandi avec de l’argent, dans un milieu assez aisé, grâce à mon père. Il est ingénieur agronome. Une fois qu’il a eu son diplôme, il a monté les échelons un à un dans des grands groupes de pêche européens. Aujourd’hui, il a sa propre boîte qui fonctionne très bien.
Il s’est toujours tué au travail et ça me semblait normal à l’époque. Ma petite sœur et moi l’avons toujours entendu tenir des discours sur la méritocratie. Avant lui, notre famille était très pauvre, il incarne notre mythe familial de réussite.
J’ai donc tout naturellement suivi son exemple. J’étais bon en physique-chimie, alors je suis allé en classe préparatoire physique, chimie et sciences de l’ingénieur. Mes professeurs de lycée m’avaient eux aussi poussé dans cette direction.
La prépa s’est bien passée au début. J’ai aussi découvert la liberté et la fête, donc j’ai travaillé un peu moins, et bu un peu plus. Il y avait toujours des amis qui passaient à mon appartement. J’adorais ça. Des fois, on faisait la fête jusqu’à deux heures du matin et je me réveillais à quatre heures pour faire un devoir maison. On menait une drôle de vie.
J’ai fait une cinq demie [redoublement de la deuxième année de prépa, ndlr], je n’étais pas satisfait des écoles d’ingénieur que j’avais eues. Ce n’était pas beaucoup mieux la seconde fois, mais bon, j’avais quand même eu quelques écoles de plus. J’étais déçu. Mais, en même temps, j’ai senti que ça m’atteignait moins que ce que j’aurais pensé.
Je crois que j’étais déjà moins dans le « truc » des écoles d’ingénieur. Certains élèves de ma classe donnaient l’impression qu’ils auraient pu sacrifier leur vie pour obtenir la meilleure école. Ce n’était pas mon cas.
« Ce qu’on faisait à l’école d’ingénieur était si abstrait que c’était presque comme si ça n’existait pas. »
Je suis quand même allé à l’école avec de l’espoir. En prépa, c’était parfois dur, mais très stimulant intellectuellement. En école d’ingénieur, ça a été la douche froide. On avait énormément d’informatique. On passait des heures sur des ordinateurs à chercher la petite bête, le petit détail technique qui faisait qu’un système bugue. C’était très ennuyeux.
Au bout d’un mois j’en ai eu marre. J’ai complètement rejeté les enseignements de l’école. Il y avait des étudiants qui disaient que ce n’était pas trop mal, mais après avoir discuté avec eux, j’ai réalisé qu’ils essayaient surtout de tenir bon en espérant que le monde du travail serait plus excitant.
Je manquais d’interlocuteurs sur la même longueur d’onde que moi, j’avais l’impression d’être complètement en marge. Pour moi, ce qu’on faisait était si abstrait que c’était presque comme si ça n’existait pas. J’avais l’impression que je n’existais pas. On disparaît si on n’a aucun impact sur son environnement.
L’été, je travaillais comme ouvrier sur le port de pêche de Lorient, dans la boîte de mon père. Là, je me sentais pleinement en vie : quand tu déplaces des barquettes de poissons toute la journée, tu vois le résultat de tes efforts. Après chaque jour de travail, on se partageait les sardines, les maquereaux et les bars. Ces quelques poissons incarnaient le temps converti en quelque chose de concret. Je repartais avec le fruit de mon travail.
« À l’école d’ingénieur, je suffoquais durant l’année et j’attendais l’été pour respirer. »
Et puis, pendant que je faisais ce travail physique, j’avais des cheminements d’idées, des pensées créatives. En comparaison, à l’école d’ingénieur je passais ma journée devant un écran, ça fatigue mentalement.
J’ai redoublé ma première année à l’école d’ingénieur. Je suis allé aux rattrapages chaque année. Je suffoquais durant l’année et j’attendais l’été pour respirer au port de pêche. J’ai aussi commencé à lire pas mal, pour m’évader. Il y a eu ça et la fête.
Ça ne m’était pas arrivé de lire des bouquins depuis le lycée. J’ai été happé par Walden ou la vie dans les bois, un ouvrage de Henry David Thoreau. Ce n’est pas très original. Il raconte l’histoire d’un mec diplômé d’Harvard qui décide de tout plaquer pour vivre dans sa maison dans les bois. Ça m’a touché, ça a fait sens pour moi.
L’Éloge du carburateur de Matthew Crawford a vraiment marqué un tournant dans ma vie. L’auteur est anthropologue, il raconte comment il a monté un atelier de moto. C’est une apologie du travail manuel, du concret, de l’accomplissement de soi par de petites actions du quotidien. Le problème, c’est que ça a quand même renforcé mon sentiment de solitude. J’ai réalisé que je m’identifiais souvent à des ermites.
« On cherchait tous une échappatoire (…) Des fois, quand j’étais bourré, je pleurais. »
J’ai toujours aimé la musique, alors je me suis lancé dans le mix. J’ai commencé aux soirées avec mes potes de l’école. Je mixais tout seul pendant parfois cinq ou six heures. J’avais l’impression de faire quelque chose de vrai, de palpable, ça m’absorbait totalement. Plusieurs copains de l’école ont commencé à mixer avec moi.
Je crois qu’au fond, on cherchait tous une échappatoire, on était tous déprimés. Faire la fête était un moyen de s’échapper collectivement. Des fois, quand j’étais bourré, je pleurais.
Je savais déjà qu’être ingénieur ne me plairait jamais mais je n’essayais pas de me projeter pour autant, j’étais seulement en souffrance. Je le voyais comme une fatalité, celle de devoir me soumettre aux exigences d’un boulot que je détesterai toute ma vie. On est un peu formatés à ça depuis la maternelle.
J’ai passé un deal avec mon père : il fallait au moins que je finisse l’école, que j’obtienne mon diplôme. Le problème c’est que pour avoir le diplôme, il fallait faire un stage de fin d’études.
J’ai donc réalisé mon stage de fin d’études à Lyon, pour une entreprise de logiciel dans le ferroviaire. Je devais tester le fonctionnement des caméras qui vérifient la fermeture des portes de la ligne du métro B. J’étais derrière un ordinateur à essayer de corriger des lignes de code toute la journée, c’était ennuyeux au possible.
« J’ai des potes de l’école d’ingénieur qui sont partis dans l’armement. Je ne pense pas que gagner plein d’argent justifie de faire des métiers pareils. »
Les relations au bureau étaient ridicules. Les employés faisait semblant d’être débordés alors qu’ils passaient la journée à la machine à café. Je voyais bien que les gars étaient coincés dans un mode de pensée de zombies. Certains avaient pris un appartement avec un prêt sur 20 ans, ils n’allaient pas changer de job. Ce genre d’existence, c’est l’angoisse totale pour moi, je vois ça comme une privation de liberté.
Aujourd’hui, je relativise. Au moins, mon travail servait au plus grand nombre. Quand j’y pense, j’ai des potes qui sont partis dans l’industrie d’armement, un autre bosse sur une option de voiture de luxe qui va servir à dix personnes. Je ne pourrais pas. Je culpabiliserais trop. Je ne pense pas que gagner plein d’argent justifie de faire des métiers pareils.
Quand j’ai fini mon stage, ils ne m’ont pas proposé de me garder. C’était tacite, je voulais me barrer. Je ne suis même pas allé à la remise de diplômes de mon école.
Après, je ne savais pas trop quoi faire. Un copain m’a dit qu’avec mon diplôme d’ingénieur je pouvais bosser comme professeur de physique-chimie contractuel. J’ai envoyé mon CV à l’académie de Lyon et je suis parti passer l’été en Bretagne.
« Le rectorat m’a appelé en catastrophe, la semaine du 26 septembre. Je n’ai même pas passé d’entretien et je me suis engagé pour l’année. »
Le rectorat m’a appelé en catastrophe, la semaine du 26 septembre. Je n’ai même pas passé d’entretien et je me suis engagé pour l’année.
Sur le coup, j’ai flippé. J’y allais avec une mentalité d’élève, je n’y croyais pas trop. Il n’y avait pourtant aucun doute dans le regard des ados : j’étais leur prof. Très vite, je me suis senti à ma place.
Après je suis un prof à la cool, je n’aime pas faire le flic. J’étais très angoissé avec une de mes classes de 5e, elle était terrible, j’allais leur faire cours la boule au ventre. À part celle-là, ça s’est plutôt bien passé.
Une rue de Saint-Etienne, à une heure de Lyon. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
J’ai vite compris qu’il fallait que je prépare bien mes cours, pour tenir les jeunes en haleine. Je me suis pointé un jour, je n’avais rien préparé. En dix minutes c’était le bazar, je les avais perdus.
Je prenais un vrai plaisir à réfléchir à mes cours : je choisissais de creuser tel ou tel sujet avec des supports visuels, des vidéos. Je laissais toujours les élèves me poser des questions. Des fois je n’avais pas la réponse, alors je cherchais des explications pour le cours d’après et je commençais l’heure par ça. J’ai appris plein de trucs sur le système solaire comme ça.
C’est génial la physique-chimie, j’ai abordé plein de domaines différents. De l’histoire des sciences, à l’explication de phénomènes, j’ai vraiment eu l’impression d’être un « nain sur les épaules d’un géant » comme disait Bernard de Chartres : je m’appuyais sur les travaux des grands penseurs du passé pour former ceux de demain.
«Quand je compare mes années d’école d’ingénieur avec celle passée en tant que prof à Saint-Étienne, c’est le jour et la nuit. »
Quand je finissais ma journée, j’avais un sentiment d’accomplissement. Surtout le jeudi, quand j’avais mes classes préférées, ils étaient tellement curieux, ça me donnait la banane. Il y en a un qui aimait la culture du graffiti comme moi, il designait des stickers. Il m’en donnait souvent, comme ça, juste parce qu’il m’aimait bien.
Quand je compare mes années d’école d’ingénieur avec celle passée en tant que prof à Saint-Étienne, c’est le jour et la nuit. Changer de voie, ça m’a sauvé : je me sens utile, épanoui, je fais des choses concrètes. Pourtant, je ne me serai jamais imaginé prof. Je ne m’intéresse pas trop à la politique non plus, je ne suis pas militant.
Même aujourd’hui, alors que je ne suis pas sûr d’avoir un poste à la rentrée, je prépare quand même des cours. Quand j’ai des idées, j’essaye de les mettre à l’écrit le plus vite possible, c’est stimulant.
« Je n’ai pas eu à perdre mes idéaux en devenant prof à Saint-Étienne. »
Je suis heureux d’avoir compris que je n’étais pas obligé d’entrer dans une case pour vivre, que je n’étais pas obligé de subir la perte de mes idéaux. J’ai beaucoup d’amis qui font un travail nul et qui y restent par confort financier. Je crois que la plupart du temps, ils ne réalisent pas qu’ils gâchent leur temps. Ils le découvriront peut être plus tard.
Ils comprendront alors qu’ils n’aiment pas leur travail, que leur vie manque de sens. Ceux qui disent qu’ils feront autre chose de plus utile, de plus stimulant plus tard, ne le font souvent jamais. C’est pour se donner bonne conscience, ou pour avoir une bonne raison de se lever le matin.
Aujourd’hui, je ne me vois pas du tout chercher un emploi en lien avec mon diplôme d’ingénieur. Pour la rentrée de septembre, j’ai postulé dans l’académie de Rennes, en Bretagne. J’envisage de passer le CAPES [concours de l’Éducation nationale pour devenir professeur en collège ou en lycée général, ndlr] pour solidifier mes acquis mais j’ai peur de devoir aller enseigner en région parisienne, loin de ma famille et de mes amis. »
Ce jeudi, de nouvelles mesure entrent en vigueur dans la zone à faibles émissions (ZFE) de la métropole de Lyon. Des premières voitures de particuliers n’auront plus le droit de circuler à Lyon, Villeurbanne et une partie de Bron et Vénissieux. Le point.
La rentrée est là. Et, avec elle, Lyon retrouve son flot de voitures habituel. En partie du moins. À partir de ce jeudi 1er septembre, une partie des véhicules de particuliers seront interdits dans le périmètre de la zone à faibles émissions, la fameuse « ZFE » de la métropole de Lyon.
Une marche importante (et difficile) à passer pour beaucoup de Lyonnais et Grands Lyonnais. Jusqu’à présent, les restrictions de circulation touchaient les professionnels utilitaires et poids lourds. Elles vont concerner à présent les conducteurs lambdas.
Exit donc les autos Crit’air 5 et non classées. Les diesels, construits avant 2001, et les essences, datant d’avant 1997, deviennent persona non grata. Une réalité que connaissaient déjà les professionnels. Depuis janvier 2021, les véhicules destinés au transport de marchandises n’ayant pas de vignettes Crit’air 2 (ou mieux) ne peuvent ni circuler, ni stationner à l’intérieur de la zone. La prochaine interdiction pour eux est prévue en 2026. Pour rappel, la mise en place officielle de la ZFE à Lyon remonte au 1er janvier 2020.
Le périmètre de la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon tel qu’il est établi au 1er septembre 2022.
A Lyon, une interdiction mais pas encore de contravention
Et si cette règle n’est pas respectée ? Pour l’instant, les usagers ne risquent rien. La Métropole de Lyon évoque un temps « pédagogique », sans verbalisation, pendant quatre mois. Elle compte sur une forte communication pour faire comprendre aux propriétaires de ces véhicules la nécessité d’en changer, ou de moyen de transport.
Puis, les verbalisations commenceront le 1er janvier 2023. L’amende forfaitaire sera alors de 68 euros pour un véhicule léger, de 135 euros pour un véhicule lourd.
Les moyens pour appliquer la loi resteront, cependant, minimes. Les forces de police pourront être mobilisées à la marge.
« Compte tenu de la disponibilité très faible des agents concernés, cette option restera limitée », précisait la Métropole dans Le Progrès.
La collectivité attend avec impatience les radars LAPI (lecture automatisée des plaques d’immatriculation) pour faire appliquer cette réglementation. Problème ? Ces derniers ne sont pas attendus avant 2024. Ils devront être auparavant homologués par l’Etat.
A Lyon : des aides pour un calendrier ZFE serré
En attendant, l’État et la Métropole mettent en avant des aides pour changer de véhicules. En janvier 2022, la collectivité a mis en place de nouveaux dispositifs pour aider au renouvellement du parc automobile.
Seront-elles suffisantes ? Lors des débats consacrés à cette question début 2022, l’opposition métropolitaine s’était inquiétée d’un calendrier trop rapide.
« Avec ce calendrier, 251 000 véhicules devraient être changés d’ici 2026. Vous imposez un renouvellement. Des véhicules achetés aujourd’hui devraient être changés dans quatre ans alors qu’on sait que la durée de vie moyenne est de neuf à dix ans. C’est de l’obsolescence programmée », s’était irrité Christophe Geourjon (UDI) du groupe centriste autour de Gérard Collomb.
Ce planning sera-t-il appliqué à la lettre ? Par rapport à son objectif de 2021, la majorité écologiste a accumulé un peu de retard. À voir si celui-ci se répercute sur les prochaines étapes. Cependant, la ZFE devra se faire. Comme le rappelle l’exécutif, elle correspond à une obligation légale décidée à l’échelle nationale.
Strasbourg, Rouen, Toulouse… Les grandes villes de France appliquent ainsi, de différentes façons et à leur allure cette nouvelle disposition. Cette rentrée, Marseille a rejoint le « club » : la cité phocéenne va interdire les véhicules Crit’air 5 et non classés dans son hypercentre.
La concertation doit permettre de déterminer de nouveaux périmètres où les voitures seront peu à peu exclues.Photo : Capture d’écran/Métropole de Lyon
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.