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À Lyon et dans le Rhône, doit-on s’attendre à d’autres sécheresses dans le futur ?

[Quel climat à Lyon dans le futur 1/3] Comme ailleurs en France, l’année 2022 est marquée à Lyon et dans le Rhône par un fort déficit de pluie et une longue période de sécheresse. Les prévisions pour les années à venir nous préparent-elles à revivre ce scénario ? Voici quelques éléments de réponses.

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parc sécheresse Vernaison Lyon

Vivrons-nous, à un horizon proche, des périodes de sécheresse comme Lyon et la France en connaissent cette année ? C’est probable, à en croire les données des projections climatiques de Météo France pour le futur. À Lyon, la pluie ne serait pas nécessairement moins importante qu’aujourd’hui mais pourrait tomber de façon plus intense. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Une sécheresse importante en 2022 à Lyon et dans le Rhône

Cet été les pelouses des parcs de Lyon sont souvent jaunes voire carrément cramées. Idem pour les zones rurales autour de Lyon. Une situation qui a poussé la préfecture du Rhône a prendre des mesures d’urgence de restriction d’usage de l’eau. Elle a par ailleurs interdit l’accès aux forêts du département jusqu’à la fin du mois d’août.

La situation est en partie la résultante d’un déficit important de pluie. Un manque de précipitations qu’il ne faut pas imputer aux seuls mois d’été, traditionnellement moins pluvieux. Il est en cours depuis la période hivernale et automnale de 2021 et s’est poursuivi au printemps 2022.

Une situation que les données de Météo France concernant le cumul moyen de précipitations depuis 1973 montrent clairement. Depuis le début de l’année, le déficit de précipitations dans le Rhône est important :

Durant les mois d’hiver (janvier à mars), le déficit par rapport à la moyenne 1973-2021 jusqu’ici a été important. -54% de précipitations en janvier 2022, -26% en février et -59% en mars. Pire, les précipitations ont été très faibles en mai 2022 dans le Rhône.

Les données indiquent en outre qu’il s’agit du deuxième mois de l’année le plus pluvieux (en quantité) dans le département. Juste derrière le mois d’octobre. En mai 2022, le déficit de précipitations a été de -79% par rapport à la moyenne jusqu’alors.

En regardant le détail des cumuls de précipitations au mois de mai depuis 1973, on voit d’ailleurs que mai 2022 a connu le plus faible cumul de pluie sur cette période.

Ce graphique permet également de voir que le déficit de pluie était déjà en cours à l’automne 2021. Et même durant les années précédentes.

Octobre 2021 s’est avéré moins pluvieux qu’octobre 2020 et qu’octobre 2019. Pire, il est tombé un cumul de 36mm de précipitations en novembre 2021 dans le Rhône. Un cumul très faible bien que légèrement supérieur à un mois de novembre 2020 au cumul encore plus faible. Il est tombé près de 3 fois moins de précipitations en novembre 2021 qu’en novembre 2019 et près de 2 fois moins qu’en novembre 2018. Un déficit en eau en période automnale qui dure depuis quelques années.

Un hiver et un printemps 2022 particulièrement sec dans la métropole de Lyon

Même constat dans la métropole de Lyon. Le début d’année 2022 a été particulièrement sec et le déficit de précipitations est très important.

Le début d’année 2022 a même été le plus sec depuis 1987. Selon les données des pluviomètres installés et gérés par la Métropole de Lyon, le cumul des précipitations de janvier à mai 2022 était de 12,2 mm d’eau. Soit un déficit de près de 17mm d’eau par rapport à la moyenne depuis 1987 sur la même période de l’année.

Dans le détail, on voit que le mois de mai, traditionnellement pluvieux, a été particulièrement sec en 2022. 18mm de précipitations sont tombés en moyenne selon les relevés des pluviomètres de la Métropole de Lyon. Contre 82mm en moyenne durant la période 1987-2020. Un déficit qui vient s’ajouter à ceux déjà constatés depuis janvier.

Pleuvra-t-il moins dans le futur à Lyon ?

A priori non. Météo France a réalisé des projections climatiques pour tenter de mesurer les conséquences du dérèglement climatique (voir par ailleurs). Concernant les indicateurs de pluviométrie, Lyon ne devrait pas nécessairement voir tomber moins de pluie dans le futur. Du moins en quantité (en cumul).

Sur le graphique ci-dessous, nous avons isolé les projections concernant Lyon dans le cadre d’un scénario dit intermédiaire. Celui où les concentrations de CO2, -principal gaz à effet de serre dont la concentration précipite le changement climatique- sont stabilisées dans le futur. On peut ainsi voir le détail mois par mois. On voit ainsi qu’à un horizon proche (comme moyen), Lyon ne devrait pas connaître de cumul de précipitations moins important. À l’exception peut-être des mois de décembre et de juillet.

Davantage de pluie intense à Lyon ?

Davantage de pluie, serait-ce alors une bonne nouvelle ? Pas nécessairement en prenant en considération d’autres indicateurs. Comme le nombre de jours de pluie. On ne mesure plus ici la quantité mais la répartition du cumul.

On remarque alors que ce nombre de jours du pluie pourrait diminuer en octobre, novembre, décembre et mai (en partie) à un horizon proche comme moyen. Soit des mois d’automne ou de printemps où les précipitations sont traditionnellement les plus importantes.

Cela voudrait donc dire que durant ces mois-là il pourrait tomber autant voire plus de pluie qu’aujourd’hui mais répartie sur un nombre de jours plus faible. Les jours de pluie pourraient donc être plus intenses. Ceux-ci pourront potentiellement conduire à des évènements climatiques problématiques, notamment pour le reste du département.

Par exemple, des pluies plus intenses durant les mois d’été où le sol est sec ne permet pas une bonne absorption de l’eau. Le graphique précédent montrait ainsi qu’il pourrait tomber 10 à 20 mm d’eau supplémentaires en moyenne au mois d’août dans le futur.

C’est ce que les projections de cumul de précipitations les jours de pluie et de part de pluies intenses laissent présager.

Des périodes de sécheresse plus longues à Lyon ?

Là aussi l’évolution, dans la perspective d’un scénario intermédiaire, ne semble pas radicalement différente. Mais ne devrait pas s’améliorer pour autant.

On peut ainsi noter que la durée moyenne des périodes de sécheresse pourrait augmenter à Lyon dans un avenir proche et moyen durant certains mois de l’année. C’est le cas pour les mois d’octobre, novembre à l’automne. Et en partie au printemps au mois d’avril. Des mois où les réserves en eau doivent normalement en partie se reconstituer.

Par ailleurs, dans ce même scénario, l’indice d’humidité des sols devrait rester stable. Toutefois, ces indicateurs de pluviométrie ou d’humidité sont à mettre en parallèle de l’évolution des températures. Comme le rappelle le climatologue de Météo France Christian Viel dans le journal Le Monde, comparant la sécheresse historique de 1976 à celle de 2022 :

« Les températures du printemps 2022 [avril à juillet] étaient supérieures de 1,7 °C en moyenne à celles du printemps 1976, ce qui a amplifié le phénomène d’évaporation »

Et les températures à Lyon, comme ailleurs, ne vont pas baisser dans le futur. Quel que soit le scénario retenu. Ce que nous verrons dans un second volet à venir.


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