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Mohamed Tria, figure de La Duchère, quitte le Sporting Club de Lyon

Mohamed Tria, figure de La Duchère, quitte le Sporting Club de Lyon

Mohamed Tria, président du club de football de l’AS Duchère devenu Sporting club de Lyon, passe la main. Président du club depuis 2008, il n’en était déjà plus l’actionnaire majoritaire depuis l’an dernier. Sa présidence a marqué le développement du club et son identité sociale liée au quartier de La Duchère (Lyon 9e).

Vendredi 7 mai, Mohamed Tria a annoncé quitter la présidence du Sporting Club de Lyon. Une page se tourne pour le club de foot qui s’appelait l’AS Duchère jusqu’à l’été dernier. L’entrepreneur qui a grandi dans le quartier, dirigeait le club depuis 2008.

Quand Mohamed Tria prend les rênes du club, il vient alors d’accéder en CFA (actuel National 2). Il laisse aujourd’hui le club en National, l’échelon supérieur et premier du foot professionnel, où il évolue depuis 2016.

« J’ai pris une start-up avec une devanture CFA2 et rien derrière. La vie d’un club, c’est sa jeunesse surtout. On a lancé un programme de formation d’éducateurs diplômés, une dizaine par an. »

déclarait-il au journal l’Équipe en 2018

Avec l’AS Duchère Mohamed Tria veut « établir des ponts »

Au-delà de la réussite sportive de l’équipe première, la présidence de Mohamed Tria restera marquée par la dimension sociale du club. Cette ambition, il l’a décrite et racontée depuis son arrivée à la tête du club, lui le fils d’un père cantonnier devenu gardien d’immeuble dans le quartier de La Duchère. Sa réussite sociale et professionnelle installées, Mohamed Tria regrette « l’entre-soi » qui s’est installé dans le quartier d’enfance.

Alors, il structure l’AS Duchère, un club créé par les pieds-noirs et harkis, et qui compte très peu de licenciés à son arrivée. Il en fait le club de La Duchère, à défaut d’être celui du reste de Lyon, un club formateur dans l’ombre de l’inatteignable Olympique lyonnais. Et plaçant l’utilité sociale au-delà de la réussite sportive.

Le club se dote et forme des éducateurs. Un poste clé. Ceux par qui se transmettent les valeurs que le club souhaite inculquer aux jeunes, en plus des compétences techniques ou tactiques sur le terrain. Les éducateurs font des retours réguliers aux parents sur l’évolution de leurs enfants. Des rendez-vous que le club rend obligatoires.

L’AS Duchère développe aussi des partenariats avec différents acteurs institutionnels ou économiques de la ville et de la région. En plus de l’école de football, le club propose des activités et sorties culturelles aux enfants ou des rencontres dans des entreprises. L’objectif est de permettre « d’établir des ponts ».

Le club devient un pilier de La Duchère

L’AS Duchère devient un pilier du quartier. Un créateur de lien social. En mettant sur pied une section sport-études au collège Victor Schoelcher, le club s’immisce également dans la sphère scolaire. Il assiste même à des conseils de classes des écoles du quartier où sont scolarisés les jeunes du clubs. Le comportement scolaire est, en cas de manquement, sanctionné également au club.

Dans ce projet social, le club ambitionne d’encadrer et d’aider à émanciper les jeunes. L’AS Duchère se dote d’une section féminine. Il propose alors des stages et des activités notamment pendant les vacances quand les enfants ne vont plus à l’école.

Des stages souvent à un prix modique pour les familles de ce quartier populaire. Le club fournit petit-déjeuner et déjeuner. L’occasion d’éduquer aussi à l’alimentation et à la santé. Comme lors des stages « Énergie foot ». Après des matinées passées sur le terrain, le reste de la journée des activités culturelles ou citoyennes sont proposées. Comme de l’éducation aux médias par exemple (Rue89Lyon avait d’ailleurs passé une semaine avec les jeunes du club en 2018 avant de revenir les voir en 2019 pour la création de l’hymne de l’AS Duchère).

Les jeunes licenciés de l'AS Duchère qui ont créé l'hymne officiel du club
Les jeunes licenciés de l’AS Duchère qui ont créé l’hymne officiel du club. Photo BE/Rue89Lyon

Le club oriente un tiers de son budget vers des actions sociales. Une politique qui infuse jusqu’à l’équipe professionnelle :

« Si un joueur n’a pas envie d’entrer dans le modèle d’entraide, il n’a pas sa place avec nous. »

Mohamed Tria, à l’Equipe en 2018

L’ambition sportive de Mohamed Tria pour l’autre club de Lyon

Dans la crise sanitaire actuelle, notamment durant les périodes de confinement, le club a apporter un soutien à certaines familles du quartier. Notamment à travers des distributions d’aides alimentaires.

La réussite sportive n’est pas oubliée pour autant. L’objectif de Mohamed Tria est de hisser l’AS Duchère en Ligue 2, la deuxième division du football pro en France. Pour financer son action sociale mais aussi les ambitions sportives ils fait venir des sponsors et acteurs économiques comme Kéolis, Serfim ou récemment 6e Sens. Dès la première saison en National, il caresse un temps l’espoir d’une accession en Ligue 2. Depuis, le club se maintient en National.

La dimension sociale du club n’a jamais fait courir Mohamed Tria derrière le prestige sportif ou économique de l’Olympique Lyonnais.

« Je crois que l’AS Duchère est un club complémentaire de l’Olympique lyonnais, qui repose sur d’autres valeurs. Je n’ai jamais eu en ligne de mire l’OL. C’est une étoile inaccessible. Ce n’est pas un modèle dans l’environnement où je me trouve. »

déclarait-il à Lyon Capitale

La politique pour servir les intérêts du club

Toutefois, être dans l’ombre peut avoir des inconvénients. Comme lorsqu’il lui a fallu batailler pour obtenir l’accès à des terrains de la Plaine des Jeux de Gerland pour les entraînements de l’équipe pro, sur lesquels l’OL lorgnait pour ses équipes de jeunes. Ou quand en 2016 il avait dû ferrailler pour obtenir de Gérard Collomb alors maire de Lyon, une augmentation de la subvention de la Ville de Lyon. Le club venant alors d’accéder en National et dans le monde professionnel.

Sa présidence a coïncidé avec le deuxième et troisième mandat de Gérard Collomb. Il s’est parfois affiché avec l’ancien maire de Lyon. Mais n’a jamais figuré sur les listes de celui qui fût aussi maire du 9e arrondissement de Lyon où se trouve le quartier de la Duchère. Il porte d’ailleurs aujourd’hui un regard critique sur la politique sportive de l’ancien maire. S’il s’est tenu relativement éloigné de la politique, au-delà des intérêts pour son club, il n’en demeurait pas moins une figure emblématique courtisée.

Benjamin Griveaux échange avec Mohamed Tria, président de l'AS Duchère après leur réunion dans les locaux du stade.
Toutes les visites de politiques à la Duchère devaient faire un crochet par son club et son président. Ici, Benjamin Griveaux (au centre), alors porte-parole du gouvernement, en visite à La Duchère sur le thème de la rénovation urbaine en juin 2018. Mohamed Tria (à sa gauche, tourné vers lui), devant le stade de Balmont.Photo : PP/Rue89Lyon

Pour relancer l’ambition de montée en Ligue 2 et ses rêves de Ligue 1, il a fait entrer au capital du club en 2020 le promoteur immobilier 6e Sens. Ce dernier est alors devenu actionnaire majoritaire. Son arrivée se fait notamment par l’entremise de Jean-Christophe Vincent qui lui succède aujourd’hui à la présidence du Sporting Club de Lyon. Ancienne éminence grise du Parti Socialiste à Lyon et dans la région, investi dans le quartier de La Duchère, il était en charge des affaires institutionnelles et publiques pour le groupe de BTP Serfim, alors sponsor principal du club. Avant de partir pour le groupe 6e Sens où il occupe le poste de directeur général délégué à la stratégie et aux relations publiques.

De l’AS Duchère au Sporting Club de Lyon

Cette arrivée est déjà un tournant dans l’histoire du club. L’AS Duchère devient le Sporting Club de Lyon. Exit la mention de la Duchère. Le club ambitionne de devenir l’autre club de la ville et de la métropole. En plus du changement de nom, le club pourrait changer de stade. Il quitterait alors celui de Balmont à la Duchère pour s’installer dans l’ancien stade du LOU rugby à Vénissieux. Inoccupé depuis le départ du club de rugby vers le stade de Gerland.

Mohamed Tria a expliqué sa décision par une certaine « lassitude ». Climat et résultats sportifs sont plutôt négatifs de surcroît. La saison dernière, un courrier anonyme émanant du « joueurs abusés » avait été envoyé à la DNCG, le gendarme financier du sport professionnel. Il évoque des pressions sur certains joueurs des paiements joueurs via des moyens détournés (contrats aidés ou frais kilométriques). Mohamed Tria et le club avaient porté plainte.

La « lassitude » de Mohamed Tria

La saison en cours, sur le plan sportif est sombre. Le club est actuellement dernier du championnat à quelques journées de la fin du championnat. Il ne sait pas encore s’il évoluera toujours en National la saison prochaine.

En plaçant Jean-Christophe Vincent à sa tête, 6e Sens est donc seul maître à bord du Sporting Club de Lyon. Mohamed Tria le juge désormais « entre de bonnes mains ».

#Sporting Club de Lyon

Le Loft Club à Lyon : « On a géré la jeunesse tous les soirs et sans la gazer ! »

Le Loft Club à Lyon : « On a géré la jeunesse tous les soirs et sans la gazer ! »

[Série 2/4] Les boîtes, les clubs et autres dancings sont fermés depuis un an. La nuit lyonnaise est éteinte et on n’entend plus guère parler de ces lieux de sociabilité, de musique et de fête. On a rencontré quelques uns de ces patrons et gérants de boîtes de nuit pour faire le point. Ici, Thierry Fontaine, patron du Loft (Lyon 7ème) et par ailleurs président de l’UMIH nuit et de l’UMIH Rhône.

Thierry Fontaine est un incontournable de la nuit lyonnaise. Il est propriétaire de la discothèque le Loft Club à Lyon depuis 1997. Il est aussi propriétaire du bar club l’Enjoy depuis 2019. Les deux établissements sont situés dans le 7è arrondissement de Lyon, près de l’arrêt de métro Jean Macé. Il possède aussi le Maze, un autre restaurant festif situé à Limonest et, depuis 2016, la brasserie Gabriel, située place Saint-Jean, dans le 5è arrondissement de Lyon.

Thierry Fontaine est président de l’UMIH Rhône (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), syndicat français de la restauration, des bars ainsi que des boîtes de nuit. Il est aussi président de l’UMIH Nuit France, qui se concentre sur les établissements festifs.

Durant toute la crise, et encore maintenant, il tente de faire valoir les intérêts des travailleurs du monde de la nuit, particulièrement sinistrés par la crise sanitaire. Parallèlement, il essaye de sauver les meubles dans ses propres établissements.

« On a réfléchi aux protocoles, aux conditions de réouverture »

En mars 2020, Thierry Fontaine est abasourdi comme d’autres par les annonces relatives à la Covid-19. Il se tourne aussitôt vers les autres membres de son syndicat qui sont aussi stupéfaits que lui.

« On a été un peu choqués, le 14 mars. Mais on s’est dit que ça allait être très provisoire. »

Thierry Fontaine supporte difficilement l’inactivité. Il décide donc se mettre à travailler sur des protocoles de réouverture.

« En tant que responsables syndicaux, on ne s’est pas ménagé. On a réfléchi aux protocoles, on a notamment participé à l’écriture des conditions de réouverture qui ont été celles du 2 juin 2020. »

Le 2 juin 2020, ce sont les restaurants qui ont pu ouvrir à nouveau leurs portes. Le 22 juin 2020, c’est au tour des cinémas, musées, zoos… d’accueillir du public. Les boîtes de nuit attendent patiemment leur tour :

« Avec les autres syndiqués, on se disait qu’à ce compte-là, le 10 juillet, ce serait au tour des boîtes de nuit. Ça coïncidait avec la fin de l’état d’urgence sanitaire. »

Il ponctue :

« C’était sans compter le remaniement du ministère. »

Le 6 juillet 2020 c’est trente et un nouveaux ministres qui entrent à Bercy. Le premier ministre Édouard Philippe est remplacé par Jean Castex, l’ancien maire de Prades.

« Le protocole que nous avions élaboré avec le ministère de la santé est jeté à la poubelle et une nouvelle équipe décide de repartir de zéro. »

« On a même proposé de supprimer les pistes de danse… »

Thierry Fontaine comprend alors que la reprise pour les boîtes de nuit, ce ne serait pas pour tout de suite.

« Ça a vraiment été une période difficile. On a regardé passer l’été, impuissants. On a vu tous ces restaurants, notamment sur la Côte d’Azur, se transformer en boîtes de nuit par opportunisme, et sans aucune surveillance. »

« On a entamé des négociations pour débloquer un fonds d’aide pour payer les charges fixes en juillet 2020. Certains ont pu le toucher dès octobre, d’autres n’ont eu leur premier versement que ce mois-ci. »

Même s’ il doit abandonner à contrecœur l’idée d’une reprise rapide, Thierry Fontaine ne chôme pas.

Pour Thierry Fontaine, ce n’est pas seulement par solidarité que le gouvernement se décide à aider les patrons de boîtes, mais aussi par crainte :

« Ils avaient peur qu’on ouvre de force, comme dans certains pays voisins. »

Il a reconnu avoir été attentivement écouté par Alain Griset, Ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des Petites et Moyennes Entreprises :

« Il nous a écoutés mais il n’avait pas la main sur grand-chose. »

Thierry et les syndiqués de l’UMIH proposent deux protocoles sanitaires au nouveau gouvernement :

« On a proposé de supprimer la piste de danse, que les gens dansent entre eux autour des tables. On aurait vérifié que les clients mettent leur masque, qu’ils mettent du gel, on aurait réduit le nombre de personnes au mètre carré… »

« Il faut éviter d’achever une profession qui est à terre »

L’UMIH n’a pas eu de nouvelles de ses propositions au ministère depuis juillet dernier. Thierry Fontaine pense que ce sera pourtant ce genre de formule qui sera proposée à la réouverture :

« Ils ne mettent pas assez la gomme du côté des vaccinations, donc c’est sûr qu’on aura les masques, les jauges… »

Comme de nombreux patrons, ce qui inquiète Thierry Fontaine, c’est qu’on leur impose des jauges non rentables.

« Si on nous demande une jauge où on baisse de 20% le nombre de personnes qui viennent dans une boîte, on peut l’accepter. Si c’est une jauge à 50% ça va être dur. »

D’une part, d’après le président de l’UMIH, cela rendrait déficitaire la réouverture pour de nombreux clubs, surtout les plus petits. D’autre part, cela risquerait d’altérer la fonction première des boîtes de nuit :

« À un moment il ne faut pas complètement dénaturer nos métiers, sinon c’est achever une profession qui est à terre : comment créer une ambiance avec une personne tous les trois mètres ? »

Thierry Fontaine milite pour permettre à certaines structures de retarder leur ouverture tout en gardant les aides si les conditions de reprise sont déficitaires :

« Quand les coûts de fonctionnement sont supérieurs à la rentabilité, ce n’est pas possible d’imaginer une réouverture. Cependant il ne faut pas oublier qu’en même temps, il y a des personnes qui n’ont reçu aucune aide depuis le début de la crise, et ceux-là ont absolument besoin d’ouvrir. »

Les conditions de réouverture angoissent le patron à plusieurs égards : le grand nombre de congés payés qu’il devra distribuer à la réouverture est aussi un sujet d’inquiétude. Thierry Fontaine est remonté contre Elisabeth Borne, Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.

La majorité de ses employés sont au chômage partiel mais cumulent tout de même des jours de congés payés auxquels ils auront droit à la réouverture des clubs. La ministre a tout de même accordé aux patrons de mettre leurs salariés 10 jours en congés payés entre le 1er et le 20 janvier 2021.

« Pour elle 10 jours c’est suffisant. On n’a pas fait un euro depuis un an et un mois et on paye quand même nos taxes, nos mutuelles… »

A Lyon, querelle entre le Loft Club et son ancien assureur

Il poursuit :

« Quand je vais rouvrir le Loft je vais devoir envoyer mes employés en vacances. On marche sur la tête, c’est à se demander si il y a quelqu’un dans l’avion. »

Comme la plupart des patrons d’établissements de nuit interviewés, Thierry Fontaine atteste du manque de solidarité de son assurance. Celle-ci, comme toutes les autres, a refusé de reconnaître que la crise sanitaire était un cas de force majeure, ce qui l’aurait obligée à indemniser ses adhérents. Elle a aussi écarté la possibilité de baisser le prix des cotisations :

« Ils m’ont ri au nez, et surtout, ils ont menacé de me faire payer plus cher. Ils ont dit que des bâtiments vides représentent un risque aggravant car on est plus facilement cambriolé, le bâtiment peut prendre feu. »

La piste du Loft Club, vue d'en haut ©LoftClub
La piste du Loft Club, vue d’en hautPhoto : LoftClub

Thierry Fontaine s’est senti prisonnier de son assurance, qu’il a jugée peu scrupuleuse. Il a donc souhaité se tourner vers une autre assurance, de préférence française car la plupart des discothèques sont assurées avec des assurances étrangères. Il n’en a pas trouvé. Il déclare en avoir monté une plus avantageuse avec la MAPA [Un assureur normalement dédié aux professionnels de l’alimentaire], et considère cette initiative comme une victoire personnelle.

« On gère la jeunesse tous les soirs, et sans la gazer ! »

Thierry Fontaine souligne un autre problème. La classe politique méconnaîtrait milieu de la nuit :

« On sent qu’au gouvernement ce ne sont pas des grands consommateurs de nos métiers. Sauf peut-être Castaner. Pour eux on est des OVNIS, on n’est pas utiles, on ne fait pas partie de la vie du pays. »

Loft Club Lyon
Une soirée au Loft Club, avant la pandémiePhoto : LoftClub

Thierry Fontaine considère que la classe politique refuse de reconnaître le caractère essentiel des boîtes de nuit, qui éduquent la jeunesse et cadrent la fête :

« Par exemple, prenons l’épisode qui a eu lieu cet été aux Invalides, quand les CRS ont gazé les jeunes. En comparaison, nous, on gère la jeunesse tous les soirs, et sans la gazer ! »

L’apprentissage de l’alcool raisonnable, le contrôle des drogues, c’est aussi le rôle que remplissent les boîtes de nuit. En guise d’exemple, il affirme réprimer sévèrement l’usage de la drogue dans son club. Thierry Fontaine va même jusqu’à évoquer un rôle de “nounou” pour les jeunes entre 18 et 20 ans qui explorent leurs limites :

« On n’empêche pas tout, on est là pour accompagner, pour aider. Un jeune qui veut vraiment boire de manière inconsidérée, il le fera. Chez lui, dans un parc, dans des conditions souvent dangereuses. »

Pour Thierry Fontaine, l’ambiance de la réouverture du Loft ne sera sûrement pas qu’à la fête et il craint que le préfet abuse des fermetures administratives :

« Les gens sont usés et fatigués. On va ouvrir dans un contexte d’agressivité énorme. On va gérer ça du mieux qu’on peut, mais ça va être dur. Les boîtes de nuit ne provoquent pas les bagarres, par contre elles servent de catalyseur, et tout le monde ne sait pas lâcher prise correctement. »

Au Loft Club, à Lyon : « Toute ma trésorerie est partie en poussière »

Aujourd’hui la plus ancienne boîte de Thierry Fontaine (le Loft) subsiste grâce au Prêt Garanti par l’Etat :

« On passe d’un bénéfice de 150 000 euros, à une dette de 400 000. Toute ma trésorerie est partie en poussière et j’ai écopé d’une énorme dette. »

La boîte de nuit de Thierry Fontaine est grande : Le Loft pouvait accueillir 500 à 600 personnes avant la crise. L’entrepreneur a donc dû emprunter 300 000 euros une première fois, puis 100 000 euros en février dernier, confronté à la durabilité de la crise et le montant de ses charges.

« On va mettre quatre ans pour rembourser 400 000 euros. C’est déjà dur de tenir le cap de rembourser 100 000 euros par an. À partir de juin 2022, si les boîtes n’ont pas rouvert, personne ne sera en capacité de rembourser, on devra trop. »

Seul point positif : Thierry Fontaine a pu mettre les seize employés du Loft en chômage partiel, car ils étaient tous salariés : les barmans comme le service de sécurité et les disc-jockeys.

Le président de l’UMIH n’a pas eu le droit de bénéficier d’un Prêt Garanti par l’Etat pour son établissement le plus récent, l’Enjoy :

« Cette boîte a surtout tenu grâce au fonds de solidarité, mais j’ai une dette de loyer de 50 000 euros. »

La propriétaire des locaux de L’Enjoy est conciliante, elle accepte que Thierry prenne du retard dans le paiement de ses loyers.

« C’est sûr que quand la boîte va reprendre, c’est une affaire qui va vivoter pendant deux à trois ans. J’ai le droit à 10 000 euros d’aide par mois mais les charges sont plus importantes, donc je me suis aussi endetté. »

Thierry Fontaine est chef d’entreprise, il ne peut pas bénéficier du chômage partiel. Il se paye donc grâce au Prêt Garanti par l’Etat.

« Au début je ne me suis pas payé, mais il faut bien que je nourrisse ma famille, que je paye mon crédit immobilier. »

Il se verse un petit salaire et compense en vendant des biens immobiliers :

« J’ai dû vendre des biens immobiliers pour subsister, deux appartements. D’une certaine façon, ils constituaient ma retraite, car la retraite d’un commerçant c’est deux francs six sous. »

#nuit éteinte

[Podcast] Plaidoyer pour une architecture de la réparation

[Podcast] Plaidoyer pour une architecture de la réparation

Réparer l’architecture. Un leitmotiv toujours plus d’actualité à l’heure de l’Anthropocène qui menace les conditions d’habitabilité sur notre planète. Architecturer la réparation. Une urgence sur la façon de conduire cette réflexion pour la rendre opératoire. Questionner la place de ce motif de la réparation dans les arts et les techniques au cours de l’histoire, enfin, pour porter attention à nos espaces de vie. De passionnantes questions posées au cours de la table ronde proposée par l’École urbaine de Lyon, dont Rue89Lyon est partenaire.

Ci-après, le propos introductif signé par l’un des intervenants invités ce mercredi 12 mai, Paul Landauer, architecte, docteur et HDR, professeur à l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est.

La notion de réparation est ambiguë. Elle désigne, dans le langage courant, aussi bien la remise en état d’un bien abîmé que le dédommagement d’un préjudice. Toutes ces acceptions, qu’elles soient technique ou juridique, matérielle ou symbolique, intéressent aujourd’hui l’architecture.

Car une des conséquences de la découverte de l’Anthropocène est bien la nécessité dans laquelle nous nous trouvons désormais de maintenir autant qu’il est possible l’état du monde tout en compensant les dégâts générés par deux siècles de révolutions industrielles.

Il ne suffit donc pas, pour répondre à l’impératif écologique qui en découle, de s’interdire d’étancher de nouveaux sols, de privilégier les cycles courts et de construire avec des matériaux biosourcés, recyclés ou recyclables ; il convient d’envisager l’acte même de bâtir comme un acte de réparation.

Gare Saint-Jean Bordeaux
Réparation de la gare Saint-Jean à Bordeaux, 2005. Photographie de Paul Landauer

L’architecture en était venue à ignorer l’énergie de la maintenance

Plongée dans l’idéologie de la destruction créatrice, l’architecture en était venue à ignorer l’énergie de la maintenance. Cette énergie avait été réinvestie dans la puissance d’émergence de constructions flambant neuves, comme si l’éclat de leur surgissement pouvait suffire à effacer la conscience de l’entropie. Une telle performance de l’œuvre architecturale, détachée des contingences de la réparation, a pu se déployer tout le temps où les besoins en mètres carrés excédaient l’offre existante.

Or la situation a changé, du moins en Occident : non seulement les constructions et les infrastructures abandonnées dépassent aujourd’hui les besoins en constructions neuves mais celles qui restent en usage, souvent, menacent ruine. L’état d’usure dans lequel se trouvent les nombreuses infrastructures de transport et d’énergie dont nous héritons appelle d’ores et déjà des moyens très importants.

L’effondrement du viaduc de l’autoroute de Gênes, le 14 août 2018, a réveillé les consciences sur la fragilité matérielle du réseau routier et le manque de moyens consacrés à leur entretien. Les explorations actuelles de la smart-city, lesquelles portent notamment sur le développement de routes augmentées et intelligentes, adaptées à l’optimisation des flux et à la voiture sans conducteur, capables tout à la fois de produire de l’énergie et de s’auto-diagnostiquer pour prévenir les pathologies, paraissent bien dérisoires au regard des besoins en entretien et en réparation qu’appellent les ponts et les chaussées existants.

Investir des positions plutôt que préserver la totalité

Dans les années 1980, une jeune génération d’architectes avait déjà déployé une forme de réparation, laquelle consistait à préserver au maximum les bâtiments existants des quartiers faubouriens. Leurs projets ne relevaient pas seulement d’un refus de la démolition et d’une volonté de préserver la mémoire des quartiers existants ; ils avaient aussi le goût de la revanche après les grandes opérations destructrices des Trente Glorieuses.

Les interstices de la ville dense et historique leur offraient l’occasion de réduire au maximum les unités de la ville, de la désagréger en une multitude de fragments, chacun érigés en un système indépendant du tout.

Confrontés à l’ampleur de l’abandon – consécutive à la désindustrialisation massive qu’a connu l’Occident à partir de la fin du XX e siècle – les architectes sont aujourd’hui amenés, de plus en plus, à intervenir dans des sites trop grands. Pour beaucoup, leurs projets ne consistent plus tant à préserver la totalité du site qu’à investir des positions, laissant le majeure partie du site aux forces alliées de la destruction du temps.

Il s’ensuit une nouvelle forme de réparation, laquelle consiste à consolider quelques édifices tout en sublimant la ruine de certains autres, à préparer certains sols tout en laissant la nature bonifier quelques autres.

Quérir la vie dans les ruines de l’ancien

La réparation se distingue de toute rédemption. Elle ne répond à aucun agenda de remplacement d’une doctrine par une autre. Elle ne cherche pas non plus à réconcilier plusieurs doctrines, comme celle de la conservation et celle de la création – ainsi que le proposait la Charte de Venise en 1966.

La réparation n’est pas patrimoniale. Elle n’impose pas de retour à une origine ou à un état initial. D’autant que, le plus souvent, cet état initial est contaminé. Sa décontamination prend du temps, ouvrant ainsi la voie à des agencements et des temporalités incertaines.

Au terme des révolutions industrielles, l’architecture avait fini par s’incarner dans la destruction, la dépense improductive et la foi dans l’innovation. Devenue réparatrice, elle requiert à présent la frugalité, l’adaptation aux héritages et le choix sans gloire du maintien de tout ce qui peut encore vivre.

Alors que la modernité prométhéenne s’attachait à combattre ce qu’elle considérait comme une entrave à la liberté, la réparation fait sa part à l’imperfection, à l’incertitude. La première, emphatique, voulait hâter l’avènement d’un nouveau monde. La seconde, ironique, se contente de quérir la vie dans les ruines de l’ancien.

« Réparer. Arts et architectures à l’heure de l’Anthropocène »

En direct ce mercredi 12 mai de 18h30 à 19h30.

Avec :

    Norbert Hillaire. Essayiste, chercheur, artiste, et professeur émérite de l’université de Nice Côte-d’Azur (Département des Sciences de la communication et Art numérique). Il préside l’association Les murs ont des idées, dédiée à l’étude de l’habitat et de la ville de demain. Il est notamment l’auteur de La Réparation dans l’art (Scala, 2019). Paul Landauer, architecte, docteur et HDR, professeur à l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est, responsable de la filière de master Transformation, directeur de l’OCS-AUSser (UMR CNRS 3329) et fondateur de ABC Architects Building for Capacity. Ses derniers travaux de recherche portent sur le thème des architectures de la réparation, à propos duquel il prépare un ouvrage.

Animation :

François De Gasperi. Doctorant au sein de l’Ecole urbaine de Lyon et rattaché au laboratoire Environnement Ville et Société à l’ENS de Lyon. Ses travaux portent sur la notion de « care » en urbanisme à travers une démarche ethnographique conduite à Lyon et Madrid.

Podcast à écouter à partir du 12 mai ci-après :



Marche pour le climat à Lyon : écolos et syndicats tentent de converger

Marche pour le climat à Lyon : écolos et syndicats tentent de converger

Grande première à Lyon : la marche pour le climat, qui a réuni 7000 personnes selon les organisateurs (4500 selon la police) ce 9 mai, était co-organisée par des organisations syndicales. Une initiative qui donne de nouvelles perspectives à la lutte écologique, mais qui est encore loin d’être suivie massivement par le mouvement social.

Il est 14h20 lorsque la tête de la marche pour le climat quitte la place Bellecour. Une jeune femme empoigne alors le micro :

« Même si la Convention citoyenne pour le climat a été un échec, il faut rappeler que c’est grâce aux Gilets jaunes qu’elle a été mise en place. Alors, pour commencer la manif, on va leur rendre hommage. »

Du cortège, s’élève tout naturellement le célèbre chant « on est là, même si Macron ne veut pas », bien connu des ténors des ronds-points. 

Véhicule musical ambiançant la « Marche pour le climat » du 9 mai 2021.Photo : GB/Rue89Lyon.

« Ça montre que le mouvement des Gilets jaunes est un mouvement reconnu ! », estime une manifestante en gilet fluo qui prend immédiatement la tête du cortège.

Ce dernier est un peu moins fourni que lors de la manifestation du 28 mars puisqu’il compte 7000 participants contre 10 000 ce jour-là (chiffres organisateurs). La marche pour le climat reste pourtant une des plus grosses manifestations de la période. Avec son parcours ambitieux : une boucle passant par les quais de Saône, les quais du Rhône, pour un retour et une arrivée place Bellecour, elle a duré près de 3 heures.

Marche pour le climat à Lyon : pas de justice climatique sans justice sociale

Pour les organisations écologistes à l’initiative de cette journée du 9 mai, l’hommage au mouvement des Gilets jaunes, né du refus de la taxe carbone, est lourd de sens.

« J’ai senti une évolution chez Greenpeace au moment des Gilets jaunes. Avec ce refus massif de la taxe carbone, l’idée que l’on ne pouvait pas demander aux plus pauvres de faire les mêmes efforts que les plus riches en termes d’écologie s’est affirmée », explique Nicolas Burret, porte-parole de Greenpeace Rhône.

Nicolas Burret, porte-parole de Greenpeace Rhône –Photo : GB/Rue89Lyon

« Je ne sais pas si on peut parler de prise de conscience pour Alternatiba, mais la séquence Gilets jaunes a clairement été l’occasion pour nous de clarifier notre position : non, la justice climatique ne va pas sans justice sociale. Ce sont les plus riches qui polluent le plus et c’est eux qu’il faut avant tout taxer », juge Charles de Lacombe, porte-parole d’Alternatiba Rhône.

Aujourd’hui, les manifestations estampillées « Gilets jaunes », ne sont plus aussi fournies qu’à l’époque et, si l’on trouve quelques gilets fluos dans les rangs des manifestations écolos, ils ne sont plus assez nombreux pour constituer un véritable cortège. Ils ont pourtant laissé des traces : la question sociale est devenue un incontournable de la marche climat.

Plus Jamais Ça : jonction entre écolos et syndicats

La jonction entre question sociale et question écologique est justement au cœur de cette marche pour le climat à Lyon. Ainsi, derrière le maire de Lyon et les cortèges verts de Greenpeace, Youth for Climate ou des Amis de la terre, les drapeaux rouges de la CGT pointent le bout de leur nez.

« Ce n’est pas la première fois que les syndicats appellent à venir à la marche pour le climat, mais c’est la première fois que le collectif Plus Jamais Ça en est le co-organisateur », rappelle Laure Tomczyk, enseignante syndiquée au SNES-FSU et membre de ce collectif. 

Né en janvier 2020, « Plus Jamais Ça » a pour ambition de rassembler syndicats dits de « transformation sociale » (FSU, CGT et Solidaires) et organisations écologistes : Greenpeace, les Amis de la terre ou, plus récemment, Alternatiba.

Marche pour le climat Lyon
Pancarte, marche pour le climat 9 Mai Lyon.Photo : GB/Rue89Lyon.

« Avec les syndicats, on gagne une nouvelle légitimité et une plus grande force de mobilisation », affirme Charles de Lacombe d’Alternatiba. Côté syndicats c’est aussi l’occasion de rencontrer des salariés dans un cadre nouveau. « Des stands seront tenus place Bellecour en fin de manif pour que les participants puissent venir nous voir », explique Laure Tomczyk.

Un accord gagnant-gagnant, en somme, qui fait la fierté des organisateurs historiques de la marche. « A la suite de la création de Plus Jamais Ça, je me suis syndiqué », souligne Charles de Lacombe.

Marche pour le climat à Lyon : syndicats et écolos alliance contre nature ?

Sur le papier, tout se tient. « La réflexion écologique doit s’intéresser à la question de la production et donc au monde du travail », résume Nicolas Burret de Greenpeace.

Et les organisateurs de la manifestation ne se privent pas de communiquer à propos de cette nouvelle convergence. Pourtant, dans les faits, les militants syndicaux sont loin de constituer le gros des troupes. 

Corinne Duviquet de la CGT du Rhône –Photo : GB/Rue89Lyon

« Il y a déjà tellement de luttes dans lesquelles s’engager… », fait remarquer une cheminote syndiquée CGT et présente à la manifestation. 

« Rien que le fait de manifester un dimanche, ce n’est pas dans les habitudes de la CGT. Pour nous une manifestation est souvent reliée à une grève », explique Corinne Duviquet salariée de la poste et impliquée dans l’union départementale (UD) CGT du Rhône et dans le collectif Plus Jamais Ça.

Pas de journée de grève, pas de construction du mouvement dans les entreprises, comme y sont habitués les militants CGT, les cégétistes présents ce 9 mai ont rejoint la marche pour le climat avant tout parce qu’ils étaient déjà sensibilisés à la question écologique.

« Avant j’allais aux marches climat mais sans mon gilet CGT », confirme notre cheminote.

« Pas d’emploi sur une planète morte »

Pourtant, à la CGT, on sent que la question intéresse.

« Au dernier congrès de l’UD, nous avons créé une commission environnement industrie-service public, pour que les salariés de ces secteurs réfléchissent à des solutions communes. Ce n’est pas toujours simple de concilier la question de l’emploi et celle de l’écologie. Bien-sûr qu’il n’est pas question de dire aux salariés de secteurs polluants que leurs emplois vont disparaître et qu’ils vont se retrouver sans rien. En même temps il faut se poser la question : de l’emploi oui, mais pour faire quoi ? », assure Corinne Duviquet.

Conscient que la question de l’emploi est au cœur de la jonction entre verts et rouge, le collectif Plus Jamais Ça a  publié, ce 7 mai, un dossier cherchant à les concilier. Il s’intitule : « Pas d’emploi sur une planète morte ».

Sandrine, agricultrice dans les coteaux du lyonnais et syndiquée à la Confédération Paysanne.Photo : GB/Rue89Lyon.

En banlieue parisienne, Plus Jamais Ça s’est récemment illustré en contraignant le ministère de l’Economie et des Finances à assurer la survie de la papeterie de la Chapelle Darblay, usine de papier 100% recyclé menacée de fermeture. Dans le Rhône, il s’est positionné contre l’implantation d’un nouvel entrepôt Amazon à proximité de l’aéroport Saint-Exupéry. « C’est ce genre d’initiative qu’il faut multiplier à l’avenir », affirme Corinne Duviquet. 

> Vidéo de Tao Gassin sur la manifestation de ce dimanche 9 mai

Cortège de tête et syndicats : un divorce houleux à Lyon après le 1er Mai

Cortège de tête et syndicats : un divorce houleux à Lyon après le 1er Mai

Des heurts ont éclaté lors de la manifestation du 1er Mai à Lyon entre les membres du service d’ordre de la CGT et le cortège de tête. Il s’en est suivi des échanges d’amabilités par communiqué et messages sur les réseaux sociaux. C’est le point d’orgue de tensions récurrentes entre deux visions différentes des mobilisations.

Il est presque 11h ce samedi 1er mai lorsque la traditionnelle manifestation s’élance de la place Jean Macé, dans le 7ème arrondissement de Lyon. Ni la pluie, ni le coronavirus n’ont dissuadé les Lyonnais·es de prendre part à cette mobilisation emblématique qui marque également le retour d’un semblant de vie militante, confinée depuis plus d’un an. Plusieurs milliers de personnes (3000 selon la Préfecture et 5000 selon l’intersyndicale) ont répondu présentes à l’appel de l’intersyndicale CGT, FSU, Solidaires, CNT, CNT-SO et UNEF pour fouler les pavés mouillés jusqu’à la place Bellecour.

En tête de cortège, 200 à 300 manifestant·es se sont postées devant la banderole intersyndicale. A l’avant, des militant·es antifascistes, des Gilets jaunes mais aussi des personnes lambdas – dites « autonomes » ou « totos » – qui ont répondu à l’appel à former un black bloc. Tout ce petit monde s’engage sur le parcours délimité, le cortège de tête tentant de rester soudé au gros de la manifestation, derrière la banderole intersyndicale.

Soudain, celle-ci s’arrête alors que le cortège de tête continue d’avancer. Il n’en faut pas plus aux forces de l’ordre pour s’engouffrer dans la brèche, encerclant aussitôt le cortège de tête et le chargeant violemment à plusieurs reprises. Dans les rangs des k-ways noirs, c’est la colère. Les reproches pleuvent sur le service d’ordre de la CGT, accusé de s’être arrêté. Le ton monte, et des coups seront échangés à plusieurs reprises entre certain·es membres du black bloc et des militant·es de la CGT.

1er Mai Lyon cortège de tête
Les banderoles renforcées du cortège de tête le 1er Mai 2021 à Lyon.Photo : GB

Invectives, coups et communiqués incendiaires entre la CGT et les antifas

Depuis, les deux camps semblent irréconciliables. Si la situation s’est envenimée ce 1er mai 2021, les tensions sont bien plus anciennes entre les partisan·es d’un mode d’action, plus direct et souvent violent, et ceux et celles qui défendent des formes de mobilisations plus traditionnelles.

Depuis le 1er Mai, l’Union Départementale (UD) CGT du Rhône et les antifascistes qui se trouvaient dans le cortège de tête s’invectivent par communiqués interposés.

Pour la première fois par écrit, l’UD CGT dénonce la stratégie du black bloc sur un ton très offensif, reprochant aux k-ways noirs d’avoir voulu regagner le cortège syndical sitôt le bloc défait par les forces de l’ordre :

« Les groupuscules qui utilisent les manifestations syndicales pour affronter les forces de l’ordre ne servent en rien la cause des travailleurs. Bien au contraire ! S’attaquer aux messages et aux revendications de justice sociale, de paix, de progrès ne peut que profiter au patronat et aux forces d’extrême-droite. […] La CGT ne se laissera pas impressionner par ces pratiques fascisantes. Depuis toujours la lutte contre l’extrême droite fait partie de notre ADN. »

Autre grief à l’encontre du black bloc : la présence dans le cortège syndical de livreurs sans-papiers syndiqués à la CGT UberEats/Deliveroo, qui risquaient gros dans le cas d’une nouvelle nasse et de contrôles d’identité. Dans un communiqué, le syndicat de livreurs accuse certain·es manifestant·es d’avoir tenu des propos racistes :

« Notre syndicat regrette que des manifestants cagoulés […] aient interpellé des militants CGT qui leur demandaient de ne pas jeter de projectiles à proximité du cortège, ou sur la police, compte-tenu que notre syndicat n’aurait rien à gagner d’une charge policière massive. Lorsque des militants du syndicat ont fait part de la situation irrégulière de certains collègues et des risques encourus en cas d’intervention policière, les propos suivants ont été prononcés par certains des individus cagoulés : « rien à foutre de tes collègues sans-papiers ». »

Les antifascistes du Groupe lyonnais Lyon et environs (dit la « Gale »), aux premières loges dans le black bloc, racontent dans un communiqué un déroulé des événements différents.

Quant aux propos racistes, ces antifas affirment qu’il s’agit d’une réflexion déformée et amplifiée par le syndicat CGT UberEats/Deliveroo :

«Un militant Jeune communiste de la CGT deliveroo vient agresser un militant du bloc. Il leur reproche de mettre en danger des travailleur-es sans papiers de deliveroo venu-es manifester, en attaquant la police. Les militant-e-s tentent de lui expliquer pourquoi ils et elles ont du remonter le cortège, que c’est à cause du SO de la CGT etc. Mais il ne laisse pas les militant-es du bloc s’exprimer, alors ceux-ci décident de s’éloigner en finissant par lui dire « tu veux pas nous laisser parler, alors nous aussi on s’en fout de ce que tu dis ». Le militant jeune communiste a alors transformé ces propos dans un communiqué sur des pseudos insultes racistes de la part du bloc. »

Les autres organisations qui gravitent parfois autour du cortège de tête telles que l’Union communiste libertaire (UCL) et les antifascistes de la Jeune Garde, se sont rangés du côté de la CGT, condamnant les violences commises envers le syndicat et reprenant une rhétorique similaire.

Des tensions récurrentes entre cortège de tête et cortège syndical

Pour comprendre d’où viennent ces tensions entre les syndicats et le cortège de tête, il faut au moins remonter quelques années en arrière, au printemps 2016. A l’époque, c’est la loi El Khomri, dite « loi Travail », qui cristallise mobilise dans la rue.

Ce qui distingue ce mouvement social des précédents, c’est la banderole de l’intersyndicale qui disparaît derrière plusieurs dizaines de k-ways noirs qui prennent la tête du cortège. Leurs modes d’actions plus directs – black bloc, casse et affrontement avec la police, déjà remarquée en 2014, marque une rupture nette avec les mobilisations classiques syndicales. Au fil des jours, ces manifestant·es d’un nouveau genre se munissent de banderoles dont le dos est renforcé pour parer les charges policières. Le bien nommé « cortège de tête » est né et s’impose depuis comme une composante des manifestations.

Maxime, syndiqué à la CGT, se souvient de ce réarrangement soudain des cortèges :

« Je manifeste depuis 20 ans. Traditionnellement, ça chauffait à l’arrière avec la police. C’est là qu’il y avait les manifestants aux opinions politiques les plus radicales. Depuis 2016, je ne sais pas si c’est l’inspiration de black bloc à l’étranger ou un désir de radicalité, mais il y a de nouvelles formes d’action qui consistent à être devant. En conséquence, la police charge la tête du cortège. Ce n’est donc plus possible pour l’intersyndicale d’ignorer ça. »

L’intersyndicale a du mal se positionner vis-à-vis de ces nouveaux et nouvelles manifestant·es, souvent plus jeunes et porté·es par un désir d’actions directes, au contact des forces de l’ordre. Isaac, militant antifasciste à la Gale, se souvient d’une cohabitation difficile entre ce « cortège de tête », et les syndicats qui se retrouvent derrière :

« Depuis 2016, il y a d’énormes tensions entre le cortège de tête et la CGT. A cette époque, le cortège c’était nouveau donc ce n’était pas si grave. Les tensions sont retombées grâce à un travail des membres des syndicats et du cortège de tête. En 2017 et 2018, il y a eu des manifs où ça se passait très bien entre le cortège de tête et le cortège syndical, avec des discussions en amont. »

Les deux banderoles du cortège de tête du 15 septembre. ©LB/Rue89Lyon
Les deux banderoles du cortège de tête du 15 septembre 2016, lors de la 17ème manifestation contre la loi travail.Photo : LB/Rue89Lyon

Pour Isaac, cette rupture avec les syndicats n’implique pas que le cortège de tête. Le mouvement des Gilets jaunes se montre également critique à leur égard, en particulier envers les hautes sphères syndicales.

« Les Gilets jaunes aussi se sont sentis abandonnés par les centrales syndicales. Au départ, il y avait aussi un mépris évident de leur part. Ça a créé du ressentiment. Les centrales syndicales n’ont pas apprécié de voir cette insurrection hors syndicat s’exprimer et faire parfois trembler le pouvoir. »

Pendant le mouvement contre les retraites, à l’automne 2019, un important cortège de tête ouvrait les manifestations, mêlant k-ways noirs, Gilets jaunes et sweat-shirts d’étudiant·es.

cortège tête black bloc Lyon
Black bloc de la manifestation contre la réforme des retraites du 5 décembre 2019, LyonPhoto : OM/Rue89Lyon

Enfin, l’opposition à la loi dite « de sécurité globale » a relancé cette dynamique de convergence entre ces militant·es d’horizons bien différents.

Accusations de « collaboration » des syndicats avec la police

Dès les manifestations contre la loi Travail de 2016, des premières accusations de « collaboration » des syndicats avec la police avaient été lancées. Celles-ci ont été réitérées ce 1er Mai 2021, à Lyon comme à Paris.

Ces accusations sont également alimentées par la mise en place d’une nouvelle stratégie de la part du ministère de l’Intérieur qui a en décidé de communiquer davantage avec les organisateurs des manifestations. A cette fin, le nouveau schéma national du maintien de l’ordre, publié en septembre 2020, prévoit la création d’« équipes de liaison et d’information » (ELI) au sein de la police nationale. Ces ELI auront pour rôle de réduire les tensions entre manifestant·es et forces de l’ordre en prévenant les premiers en cas d’incidents sur le parcours ou de mouvements des policiers notamment, d’après le dossier de presse du ministère de l’Intérieur :

« La mission première des forces de l’ordre est de garantir le bon déroulement des manifestations et d’apaiser les éventuelles tensions. À cette fin, il est mis en place un dispositif de liaison et d’information lors des manifestations, afin que la communication avec les organisateurs et les manifestants constitue désormais une priorité dans la gestion de l’ordre public. »

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Black bloc de la manifestation contre la réforme des retraites du 5 décembre 2019, LyonPhoto : OM/Rue89Lyon

Des modes d’action incompatibles ?

Le 1er mai, le cégétiste Maxime a été témoin des noms d’oiseaux et coups échangés entre certain·es manifestant·es du cortège de tête et le service d’ordre de la CGT. Pour lui, il y a deux points de vue qui s’opposent entre le cortège de tête et les syndicats quant à la place et au rôle de chacun en manifestation :

« Après les affrontements, j’ai vu des gens du cortège de tête attaquer le cortège syndical par colère. Certains membres du black bloc se sont sentis abandonnés. Ils auraient voulu que le service d’ordre les protège quand les forces de l’ordre ont chargé, mais dans le même temps ils n’aiment pas les syndicats. Du côté des syndicats, il y a la responsabilité des gens derrière le service d’ordre et qui sont mis en danger. Du côté du cortège de tête, il y a la remise en question d’un mode d’action, la manif traditionnelle, jugée inefficace. »

Isaac de la Gale estime qu’il y a « un réel renouveau du cortège de tête », de plus en plus de manifestant·es s’insérant volontiers devant la banderole de l’intersyndicale qui, derrière elle, regroupe toujours la grande majorité des personnes mobilisées :

« Ce n’est plus un simple entre-soi de militant·es d’ultra-gauche comme en 2016. Il y a aussi des colleuses féministes, des habitant·es de quartiers populaires, des parents, des retraité·es, des Gilets jaunes de campagne et du centre-ville, les habitué·es de l’ultra-gauche, des jeunes, des moins jeunes… Pour moi, ce cortège de tête représente une société qui n’en peut plus. »

Le cortège de tête et le cortège intersyndical seraient-ils devenus incompatibles ?

Syndiqué à la CGT mais habitué au cortège de tête, Maxime espère vivement que les deux camps arriveront à dialoguer, autrement que par communiqués incendiaires :

« Je vois le travail de mes camarades de la CGT tous les jours sur le terrain et j’ai des amis dans le cortège de tête et le black bloc. Je suis proche des deux côtés. Pour moi, depuis le 1er Mai, c’est comme voir des potes se taper sur la gueule en soirée. La question essentielle, c’est : « la manif, c’est quoi ? » Pour les gens du cortège de tête, c’est une insurrection alors que pour les syndicats c’est un moment de démonstration. Ces deux visions sont assez incompatibles et peut-être irréconciliables. Mais on a tous le même objectif, j’espère qu’on va bien trouver un moyen de s’entendre ! »

#black bloc

Témoignage d’un policier sur les rodéos à Lyon  : « Qu’on nous laisse faire notre travail ! »

Témoignage d’un policier sur les rodéos à Lyon  : « Qu’on nous laisse faire notre travail ! »

Les rodéos semblent se multiplier dans le centre de Lyon. Sur le terrain, un policier de la banlieue lyonnaise témoigne de consignes qui lui interdisent d’agir.

Depuis la mi-avril, des rodéos se succèdent dans le centre-ville de Lyon, au beau milieu d’une place Bellecour déserte et même jusque sous les fenêtres du maire. Ce mercredi 5 avril, les moto-cross ont à nouveau fait leur show place Bellecour.

De nombreux titres de la presse lyonnaise ont chroniqué ces « rodéos urbains », interrogeant l’exécutif municipal écolo sur les mesures visant à empêcher ce phénomène. Autre grief relayé : l’impunité dont semblent bénéficier les jeunes motards qui, à chaque fois, ont pu repartir librement, leurs moteurs encore fumants. Mais que fait la police ?  

« Il n’y a pas d’impunité » selon le maire de Lyon

Face à cette grogne largement médiatisée, le procureur de la République de Lyon, Nicolas Jacquet, s’est fendu d’un communiqué de presse pour faire le point sur l’action de la justice en matière de rodéos. Il annonce qu’au premier trimestre 2021, 32 enquêtes ont été ouvertes suite à des rodéos, dont 18 ont permis d’identifier les responsables, jugés dans la foulée en comparution immédiate dans la plupart des cas.

En septembre 2020 déjà, l’adjoint à la ville de Lyon en charge de la sécurité, de la sûreté et de la tranquillité avait annoncé la création d’une cellule anti-rodéo. Ce jeudi 6 mai, le maire de Lyon lui-même, Grégory Doucet, a affirmé lors d’une conférence de presse que l’exécutif prenait le problème des rodéos très au sérieux :

« Il est évidemment insupportable qu’on ait autant de rodéos dans la ville. Lyon n’est pas la seule ville qui souffre de ces nouvelles pratiques. Pour autant, c’est devenu une activité assez récurrente. […] Il n’y a pas d’impunité pour ce genre de pratique, on doit réagir et c’est ce qu’on fait. Pour autant, en accord avec la préfecture, dans la quasi totalité des cas, il n’y a pas d’interventions en direct quand le rodéo a lieu pour des questions de sécurité. Pour ne pas générer d’accidents, on filme, on mène l’enquête, on les arrête, et quand c’est nécessaire on les emprisonne. »

La police interdite de suivre les rodéos depuis 1999

Dylan*, policier à police-secours depuis une dizaine d’années en banlieue lyonnaise, rit jaune devant ces déclarations. Une note du directeur central de la sécurité publique (DCSP), Jean-Marie Salanova, enjoint les forces de l’ordre à limiter les poursuites des auteurs de rodéo, en voiture et surtout en deux roues :

« Les poursuites de véhicules ne doivent être liées qu’à des faits d’une grande gravité tels que :
– fuite ou évasion d’un individu armé ayant l’intention d’attenter à la vie d’un tiers
– auteurs, armés ou non, d’un crime de sang
– auteurs non identifiés d’autres crimes ou de délits aggravés entraînant un préjudice corporel
Les autres situations pénales sont exclues de toute poursuite systématique et notamment en cas de refus d’obtempérer. »

rodéos Lyon
Un wheeling près de LyonPhoto : Leo

Datant de 1999, cette note est appliquée strictement à Lyon depuis un peu plus d’un an, détaille Dylan*. A chaque annonce d’un suivi de véhicule, elle est rappelée aux policiers.

« Pour les deux-roues, on a même pas le temps d’annoncer la plaque qu’on nous dit immédiatement de cesser le suivi, en vertu de la note 89. Les consignes sur les rodéos de deux-roues sont : vous vous montrez mais en aucun cas vous ne procédez au suivi. »

Cette semaine encore, il affirme avoir croisé « des motos dans tous les sens » pendant son travail. « Comme d’habitude », lâche le flic, laconique :

« Les rodéos sont passés à la télé parce que c’était place Bellecour et devant l’Hôtel de ville. Là, on en parle parce que c’est sur la Presqu’île alors les gens se disent « oh mon Dieu, mais qu’ils restent dans leurs banlieues ! » alors que dans les banlieues, ça existe depuis toujours. On les regarde, ils nous insultent, nous font des doigts d’honneur, nous tournent autour quand on est sur une intervention… Et on ne peut rien faire. »

« S’en prendre au porte-monnaie des jeunes »

Motard également, le policier a du mal à comprendre ce qui peut pousser ces jeunes – et moins jeunes – adultes à sillonner Lyon à une allure beaucoup trop élevée, parfois même sur la roue arrière.

« Les banlieues lyonnaises sont entourées de chemins de terre et de champs. Moi aussi, je suis motard, je ne roule pas à 250 km/h sur la route parce qu’il n’y a pas de circuit dans ma commune. Ils ont envie de provoquer c’est tout. Enfin, pas que de nous provoquer parce qu’on n’est pas tout le temps là. Mais pour eux c’est normal de faire ça. Ils aiment la transgression. »

Pour lui, le problème de fond est du ressort des parents. Le cas échéant, il estime que le plus efficace pour mettre fin aux rodéos ne serait pas davantage d’effectifs de police, comme annoncé récemment par Gérald Darmanin, mais de « s’en prendre au porte-monnaie des jeunes » :

« Qu’on nous laisse faire notre travail. Le citoyen lambda qui roule sans ceinture ou qui roule à 56 au lieu de 50 km/h est sanctionné immédiatement et paye. Pourquoi un auteur de rodéo se mettant en danger et mettant en danger les autres devrait-il être exempté de règles ? Déjà en nous laissant les interpeller et en saisissant systématiquement les motos ça en refroidirait la plupart. »

#rodéos

Rodéos à Lyon : rencontre avec de jeunes passionnés de moto-cross

Rodéos à Lyon : rencontre avec de jeunes passionnés de moto-cross

Depuis le mois d’avril, les rodéos débarquent dans le centre-ville de Lyon, faisant couler beaucoup d’encre. Le phénomène semble se multiplier, à la grande exaspération des habitant·es. Rue89Lyon est allé à la rencontre de ces jeunes passionnés de moto-cross. 

Place Bellecour, à Lyon, les moteurs d’une poignée de moto-cross rugissent, troublant le calme d’un samedi après-midi confiné. A toute allure, les pilotes font se cabrer leurs engins et sillonnent la place sur une seule roue, laissant des marques sans équivoque sur le gravier. Depuis leurs balcons, les riverain·es filment la scène, exaspéré·es par ces « rodéos » à motos qui se répètent depuis la mi-avril dans le centre-ville de Lyon.

Le phénomène a fait couler beaucoup d’encre dans la presse locale. Sur les réseaux sociaux, on évoque l’insécurité du centre-ville ou les nuisances sonores. Comme Rue89Strasbourg l’été dernier, Rue89Lyon est allé à la rencontre de ces jeunes adeptes des rodéos et wheelings en ville. Pourquoi font-ils ça ? Souhaitent-ils se mettre les Lyonnais·es du centre-ville à dos ?

rodéos Lyon
Un wheeling à moto-cross près de Lyon.Photo : Leo

« La bécane, c’est un autre monde. »

« Mais pas du tout ! On ne va pas se faire chier à acheter des bécanes pour faire chier les gens ! » rétorque Adam*, un adolescent de 17 ans habitué des virées en moto-cross sur le périphérique lyonnais.

Le garçon parle d’une véritable passion, d’un investissement financier non négligeable et surtout de sensations grisantes qui le poussent à rouler toujours plus vite sur sa moto : 

« La bécane, c’est plus qu’un amusement, c’est un autre monde. On va où on veut, c’est la liberté ! »

Dès qu’il a un moment de libre et que le temps le permet, l’adolescent sort sa moto-cross et rejoint des copains et d’autres motards pour des rodéos sur le périphérique de Lyon. De quelques années plus âgé, Fabien, 23 ans, a fait ses premières roues arrières à 17 ans, à l’âge d’Adam*. Depuis, il vit par et pour la moto-cross, entouré d’un groupe de motards dont il est devenu très proche et qu’il qualifie de « famille » :

« C’est une passion qui rassemble, de simple rencontres sont devenues de très bons amis. Je vois ça comme la possibilité de rencontrer des gens supers qui partagent la même passion, avec qui on peut s’améliorer, rigoler… Vivre, quoi. J’ai même initié ma copine. »

C’est grâce à la moto que Fabien a croisé la route de Leo, 24 ans. Depuis, les deux jeunes hommes roulent régulièrement ensemble, avec une bande d’amis. Au-delà des amitiés qui se sont créées sur le bitume, Leo estime que la moto peut aussi être un bon échappatoire pour les jeunes :

« Les gens font ça pour l’adrénaline, pour s’amuser, mais aussi pour s’échapper. J’ai certains amis qui préfèrent faire ça pour passer le temps et éviter de tomber dans le trafic de drogue par exemple. »

Leo fait de la moto-cross depuis ses 16 ans. Huit ans plus tard, sa passion prend beaucoup de place dans sa vie :

« Je travaille beaucoup, je suis gestionnaire de stock en CDI dans un très grand groupe. Je bosse 2 semaines de nuit par mois, j’en profite pour faire de la moto la journée. Le reste du temps, je travaille de 6h à 18h et je sors vers 19h, quand je rentre. C’est très important pour moi, des fois je me dispute avec ma copine car je sors trop selon elle. »

Les roues arrières : prouesse technique et délit

Comme Adam*, Fabien et Leo s’exercent régulièrement à rouler en équilibre sur la roue arrière de leur moto. Un exercice difficile appelé « wheeling », précise Fabien, pédagogue :

« L’intérêt, ce sont les sensations quand on arrive au point d’équilibre, c’est-à-dire la hauteur à partir de laquelle si on ne freine pas on tombe en arrière. C’est la même sensation que sur un gros manège où l’on sent ses fesses se décoller du siège. La moto devient toute légère, c’est une sensation incroyable. »

Le jeune homme constate que les roues arrières sont en train de devenir une véritable mode chez les motards :

« On voit de plus en plus de monde faire des wheelings, que ce soit les chaînes YouTube qui s’ouvrent ou le monde présent lors des rassemblement. C’est un phénomène en plein expansion. Il est de plus en plus en vogue, donc forcément plus de gens font ça mais ce n’est pas nouveau. C’est juste qu’on en parle plus maintenant. »

Pourtant, la prouesse est largement critiquée, particulièrement ces derniers jours où de jeunes motards ont cru bon de venir s’exercer sur la place Bellecour, en plein centre de Lyon. Leo se désole que tous les motards soient mis dans le même sac :

« Les personnes qui sont allées à Bellecour, je sais qui c’est, et c’est pour provoquer la police. Je ne cautionne pas ce genre de choses. Surtout qu’ils ne se feront jamais choper, et que derrière c’est nous qui allons prendre, ce qui pousse certains à rouler sans plaques. A cause de ça, une simple roue arrière est considérée comme un rodéo maintenant. » 

rodéos Lyon
Virée à moto dans les rues de LyonPhoto : Leo

Pratiquer la moto-cross à Lyon, « le jeu du chat et de la souris »

En quête de cette sensation de liberté et d’adrénaline, ou pour travailler ses wheelings en paix, chacun a sa technique. Du côté d’Adam*, un groupe hétéroclite d’adolescents et jeunes adultes des quartiers de la banlieue lyonnaise se donnent rendez-vous pour une sortie à moto très encadrée, sans en avoir l’air :

« On se rejoint en bécane n’importe où mais pas en ville. Il y a de tout, des motos-cross, des grosses motos, des scooters et des motards de tous âges aussi. Il y a des gamins de 13 ans, des hommes de 30 ans. Ils viennent de Vénissieux, Vaulx, Gerland, Saint-Priest, Rillieux-la-Pape… On peut être 5 comme 20, ça varie. Un gars choisit le meilleur itinéraire sur les grosses routes comme le périphérique ou l’autoroute. Ensuite, chacun fait ce qu’il veut en vrai. Il faut juste faire attention aux decks [policiers, ndlr] et aux autres voitures. Généralement, on a un grand qui suit le groupe en voiture avec des bidons d’essence au cas où. Ensuite, on rentre chacun de notre côté. »

Fabien, Leo et leurs amis ont longtemps roulé aux abords du stade de Gerland, quand ils ne sillonnent pas les bois et campagnes environnantes. Pour s’exercer, ils ont investi depuis peu une piste d’auto-école désaffectée, non loin de l’aéroport de Bron, explique Fabien :

« C’est le seul endroit à 30 kilomètres à la ronde où on est à peu près tranquilles. Quand la police vient, en général on a droit au contrôle de nos papiers. Certains policiers nous comprennent et nous disent que tant que l’on reste ici, ça va. Dès que l’on se fait chasser, on retourne presque tous sur la voie publique. C’est le jeu du chat et de la souris. »

« C’est extrêmement compliqué de pratiquer la moto-cross à Lyon »

Les deux motards se montrent très critiques vis-à-vis des rodéos sur la place Bellecour. Pour eux, ce genre de démonstration entretient la mauvaise image qui colle à leur discipline. Le problème, c’est que pour pratiquer la moto-cross à Lyon, ce n’est pas si simple, explique Leo après un instant de réflexion :

« C’est extrêmement compliqué, il n’y a pas ou très peu de terrain. J’en connais un à Lyon, et il faut une licence qui est chère. Avec des amis, on va dans les bois. Les gamins qui roulent en ville, c’est souvent sur des moto-cross non homologuées qui n’ont pas le droit d’aller sur la route. Pour aller en faire à la campagne ou en forêt, il leur faudrait un véhicule. » 

Leo utilise aussi sa moto comme moyen de transport au quotidien, dès que le temps le permet. Il en a donc acheté une déjà homologuée, pour la modique somme de 4000 euros, « une bonne affaire » selon le jeune homme. Une moto-cross classique coûte environ 2000 euros pour les premiers prix. Mais la faire homologuer n’est pas à la portée de tout le monde : il faut débourser l’équivalent d’un SMIC.

Pour Leo, si les pouvoirs publics veulent mettre fin à ce phénomène de rodéos en ville, il va falloir mettre la main à la poche :

« En fait, d’un côté l’Etat se plaint de la situation mais rien n’est fait pour l’améliorer. Pour s’entraîner à faire des roues arrières, par exemple, il n’existe aucune structure en France. Mettre en place des structures légales serait bien plus efficace que d’envoyer la police, dont plus personne n’a peur aujourd’hui.  »

Depuis son dernier rodéo, Adam* compte tout de même faire profil bas quelque temps avant de ressortir sa bécane. Fabien, Leo et leurs amis, eux, attendent avec impatience le prochain rayon de soleil pour filer dans les bois. Malgré les risques, aucun d’entre eux ne compte se mettre à respecter le Code de la route, ni troquer sa moto contre un vélo ou la remiser au garage.

#moto#rodéos

A Lyon ce dimanche, nouvelle marche pour « une vraie loi climat »

A Lyon ce dimanche, nouvelle marche pour « une vraie loi climat »

A Lyon, ce dimanche 9 mai à 14h au départ de la place Bellecour, débutera une nouvelle marche pour dénoncer « le manque d’ambition de la loi climat face à l’urgence écologique ».

Le 28 mars dernier, 10 000 personnes (selon les organisateurs) avaient manifesté pour réclamer “une vraie loi climat” à Lyon.
Pour ce dimanche 9 mai, quelques jours après le vote en première lecture de cette « loi climat » par l’Assemblée nationale, un nouvel appel national à manifester a été lancé.

A Lyon, le rendez-vous a été donné place Bellecour à 14h. Le parcours déposé et – jusque là – accepté par la préfecture du Rhône fera une boucle, en passant par les quais de Saône, la place des Terreaux, les quais du Rhône, pour un retour et une arrivée place Bellecour.

A Lyon, une Marche pour le climat « d’après le vote de la loi » 

A Lyon, l’appel national à manifester a été relayé par deux collectifs organisateurs, « Lyon Climat » et « Plus Jamais Ça! Rhône ».

Le premier collectif est une coalition de seize associations et citoyens (dont Alternatiba, Extinction Rebellion, Youth for climate, La Ville à Vélo ou encore des Gilets jaunes). Ce collectif qui existe depuis 2018 a vocation « à co-organiser les marches pour le climat à Lyon ». 

Créé en octobre 2020, « Plus Jamais Ça! Rhône » regroupe la plupart des associations écologiques réunies dans le premier collectif ainsi que des associations altermondialistes (dont ATTAC), et des syndicats (CGT, Solidaires, FSU) pour « travailler à des alliances entre luttes sociales et écologiques ».

Dans leur texte local pour appeler à cette « marche d’après », les organisateurs dénoncent, une fois de plus, cette « loi climat » pour son manque d’ambition.

« Affaibli par le gouvernement et la majorité, le dernier texte environnemental du quinquennat d’Emmanuel Macron est, en l’état, un échec climatique et social ».

>> Reportage à suivre ce dimanche 9 mai sur Rue89Lyon.

marche climat Lyon
De nombreuses affiches pour la Marche pour le climat de ce dimanche 9 mai ont été collées à Lyon et alentours.Photo : OM/Rue89Lyon

Laurent Wauquiez : les régionales de 2021 avant un retour au national ?

Laurent Wauquiez : les régionales de 2021 avant un retour au national ?

[Série] Laurent Wauquiez (LR), président sortant d’Auvergne-Rhône-Alpes, n’est pas encore officiellement candidat à sa propre succession à la présidence de la Région. D’ici là, il sillonne la région en président, des sondages l’annonçant victorieux et haut la main. Réussir à gagner ces élections régionales de ce mois de juin 2021 pourrait remettre en selle son destin qu’il veut toujours national.

 

Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne- Rhône-Alpes lors de ses voeux 2019. Le 28 janvier 2019 au musée des Tissus et des Arts Décoratifs. ©MG/Rue89Lyon
Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes lors de ses voeux 2019. Le 28 janvier 2019 au musée des Tissus et des Arts Décoratifs.Photo : MG/Rue89Lyon

Le parcours de Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez vit pour et de la politique depuis toujours ou presque. Sorti de l’ENA en 2001 et maître des requêtes au Conseil d’État, il devient suppléant du député centriste (UDI) de la Haute-Loire, Jacques Barrot. En 2004, ce dernier est nommé vice-président de la Commission européenne et lui laisse son siège. Depuis, Laurent Wauquiez s’est éloigné politiquement de son mentor, enchaînant les mandats et occupant même différents postes de ministre (emploi, affaires européennes, enseignement supérieur) durant la présidence de Nicolas Sarkozy.

Un cheminement plutôt ascendant mais parfois acrobatique sur le plan idéologique. La trajectoire politique de Laurent Wauquiez débute dans un centrisme classique. En 2005, benjamin de l’Assemblée nationale, il se dépeint encore comme un « catho tendance sociale » qui regarderait plus à la gauche qu’à la droite de son parti. Ses préoccupations à l’époque : laïcité, pauvreté, égalité des chances.

Laurent Wauquiez, une campagne permanente dans la région

Il apparaît d’ailleurs à cette époque-là comme un des élus à rebours de la droite sarkozyste qui commence à bien définir ses contours. Ce virage sarkozyste, il l’a finalement pris. Tenant d’une « droite décomplexée » et poursuivant sa trajectoire idéologique dans les bras de l’idéologue de la droite dure, Patrick Buisson.

À la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2015, il n’a pas manqué d’appuyé sur certains marqueurs de droite. Vêtu de sa très visible parka rouge, il a sillonné le territoire régional et mis les fameux panneaux bleus de la Région à l’entrée de toutes les villes -ou presque. Y compris devant les centres de vaccination, même quand l’apport de la Région y a été faible. S’il n’a pas toujours fait aussi vite qu’il avait promis, il a largement « arrosé » les territoires qui lui sont favorables et des catégories de son électorat. Ceux-là, parfois très rapidement.

Il a également lancé un vaste plan d’économies. Pour bien montrer qu’il sait gérer la Région en bon père de famille, avant de s’occuper, peut-être, du pays. De quoi s’offrir des plans de com’ sur la « Région la mieux gérée de France« . Une collectivité qui a pourtant vu son budget retoqué deux fois en cinq ans par la Chambre régionale des comptes. Et une gestion douloureuse pour certains agents de la Région.

En 2021, bis repetita aux régionales pour Laurent Wauquiez ?

L’élection présidentielle de 2022, il y pense. Peut-être arrive-t-elle bizarrement trop tôt pour celui qui a eu jusqu’ici un parcours fulgurant. Ou presque. En effet, de 2017 à 2019, il est à la tête de son parti, Les Républicains. Après la présidentielle de 2017 ratée avec la candidature de François Fillon, il doit préparer les élections européennes de 2019. Qui prend l’allure d’un fiasco pour son parti. Il reste, au national, sur un échec et des relations compliquées avec Les Républicains.

Avant éventuellement de se présenter en 2022, il lui faudra montrer qu’il est prophète en ses terres. Sa réélection, selon les sondages, ne semble pas compromise pour l’heure. Il est donné largement vainqueur. Alors qu’il n’est pas encore officiellement candidat. L’annonce devrait être faite le 11 mai 2021 selon France Inter. Le dernier sondage le prédit en tête à 31% des intentions de vote au premier tour, soit son score au soir du premier tour de 2015. Bonne nouvelle pour lui, les thèmes de la sécurité et de l’immigration semblent préoccuper les électeurs pour ces élections régionales. Malgré l’absence de compétences de la collectivité en la matière.

De quoi faire le plein de voix dans les terres favorables à la droite ? Certainement. Mêmes si les dernières élections locales de 2020 ont vu quelques grandes villes de la région élire des majorités écologistes et/ou socialistes, il pourra toutefois compter sur les bastions de la droite : la Savoie, la Haute-Savoie, la Loire, l’Ain, le Nouveau Rhône et la Haute-Loire.

Tous ces départements ne sont pas les plus peuplés de la région. Mais en 2015, il avait aussi réalisé des scores relativement élevés dans des départements plus peuplés, comme l’Isère, qui ne l’avaient pas forcément placé en tête (voire les résultats du premier tour des élections régionales ci-dessous). Grâce au système de prime majoritaire du scrutin, cela permet de s’assurer une majorité à l’assemblée régionale.

Pour Laurent Wauquiez, ne pas trébucher sur les régionales avant la scène présidentielle

En 2015, il avait emmené avec lui une frange du Modem. Au sein de ce parti, l’alliance avec un des tenants de la droite dure avait créé des remous parmi les élus centristes de la Région. En 2021, une liste LREM-Modem menée par Bruno Bonnell sera face à lui. A en croire les sondages, cela ne semble pas lui prendre de voix.

Le score prévu du Rassemblement National, placé relativement haut, non plus. Le parti de Marine Le Pen serait même en retrait par rapport à son score du premier tour de 2015.

Avec l’échec de l’union de la gauche pour le premier tour, son vrai duel ne sera finalement pas régional. Malgré la présence de la médiatique Najat Vallaud-Belkacem. Laurent Wauquiez se place déjà sur le plan national, en s’opposant à d’autres prétendants de son parti à l’élection présidentielle de 2022. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse remettent en effet eux aussi leur présidence régionale en jeu, respectivement dans les Hauts-de-France et l’Île-de-France. Aucun des trois ne doit perdre et même plutôt gagner largement s’il ou elle veut continuer de rêver.

Les têtes de listes de Laurent Wauquiez par département d’Auvergne-Rhône-Alpes

    Ain : Stéphanie Pernaud-BeaudonAllier : Frédéric AguileraArdèche : Isabelle MassebeufCantal : Bruno FaureDrôme : Nicolas DaragonIsère : Yannick NeuderLoire : Jean-Pierre TaiteHaute-Loire : Caroline Di VincenzoPuy-de-Dôme : Léa DespratMétropole de Lyon : Jérémie BréaudRhône : Renaud PfefferSavoie : Émilie BonnivardHaute-Savoie : Sylviane Noel

Programme pour les régionales 2021

Sécurité

    Brigade de sécurité dans les lycées et leurs abords Augmentation de 50% des effectifs de la police ferroviaire 10 000 nouvelles caméras de vidéosurveillance Expérimentation de la reconnaissance faciale pour lutter contre le terrorisme Bus scolaires équipés en caméras de vidéosurveillance Boîtiers d’alerte discrets pour les femmes victimes de violence Doublement des places d’hébergement financées par la Région pour les victimes de violences intrafamiliales Offre de travail d’intérêt général pour une « réelle application des peines » Suppression des aides de la Région aux jeunes (Pass’Région, bourses, aide au permis de conduire…) pour les délinquants sur demande des maires

Emploi

    Aider les entreprises qui « ramènent des emplois sur le territoire régional » avec un plan d’1 milliard d’euros Fonds souverain régional, ouverts aux particuliers, pour monter au capital d’entreprises de la région Charte de la préférence régionale signée avec les communes aidées par la Région pour qu’elles appliquent le recours à des entreprises locales pour leurs achats ou marchés publics Développement de la marque « Ma région, ses terroirs » pour aider au développement des circuits-courts et augmenter la part de produits régionaux dans les restaurants scolaires des lycées Plateforme d’achat en ligne « Ma région, ses produits » pour cataloguer les produits régionaux Soutien aux stations de ski et à la montagne

Santé

    Recruter des médecins là où il en manque Aider à la création de maisons de santé Plan d’investissement pour la rénovation et la modernisation des hôpitaux Campagne de sensibilisation aux papillomavirus pour promouvoir la vaccination et lutter contre les cancers

Environnement

    Lutter pour améliorer la qualité de l’air Réduction de 50% des déchets alimentaires dans les lycées Réduction de 50% des déchets enfouis et objectif zéro déchet enfoui en 2030 Développer les grandes voies vertes, nouveaux itinéraires autour de cinq grands lacs alpins, Soutien à l’achat de vélos par les communes et construction de véloparcs Soutien à la méthanisation et développement de l’hydrogène vert (commande de trains à hydrogène notamment) Aide à la rénovation des refuges pour animaux de la SPA et aides à l’installation de vétérinaires

Transports

    Durcir encore les sanctions contre la SNCF en cas de retard de trains Développer des lignes de « RER métropolitains » Construction de routes pour désenclaver des territoires Développer le maillage des cars scolaires Lancement d’un bus à haut niveau de service entre Lyon et Trévoux (Ain) et entre Lyon et le Nord-Isère Achèvement de la ligne LGV Lyon-Turin

Éducation

    Réalisation de 6 nouveaux lycées Équipement numérique des lycées Soutien aux CFA pour développer l’apprentissage Bourse de 4000 euros pour 6 mois de formation aux jeunes qui se forment à des métiers en tension

Social

    Mise en accessibilité de tous les lycées et des gares Soutien aux initiatives en direction des personnes handicapées Création d’une mutuelle régionale pour les jeunes et les retraités accessible sur les Pass’Région (jeunes) et Pass’Région Séniors Création du Pass’Région Séniors sur le modèle du Pass’Région pour les jeunes (réduction pour des activités culturelles, sportives, transports…)

Aménagement du territoire

    Accès à des offres satellites pour internet haut-débit dans l’attente des infrastructures terrestres, aide de 600 euros par foyer

Culture

    Soutien à de « grands projets culturels » comme le Musée des Tissus, le musée du Petit Prince dans l’Ain, la Région des Lumières

Citoyenneté

    Charte des principes de la République : conditionnement des aides de la Région aux communes, associations et clubs signataires de cette charte

Fiscalité

    Aucune hausse de la fiscalité régionale durant le mandat (taxe régionale sur les cartes grises, TICPE sur les carburants) Engagement d’un non recours à l’endettement de la Région

 

 

 

 

Jeunes étrangers à Lyon : la Métropole écolo sous le feu des critiques jusque dans sa majorité

Jeunes étrangers à Lyon : la Métropole écolo sous le feu des critiques jusque dans sa majorité

[Info Rue89Lyon] Depuis quelques jours, face à la hausse des arrivées, la Métropole de Lyon remet des jeunes étrangers à la rue. Malgré des efforts inédits durant l’hiver de la part de la collectivité, travailleurs sociaux et militants dénoncent toujours le manque de moyens et la controversée évaluation de minorité. L’exécutif écologiste inquiète également certains de ses alliés de gauche. État des lieux.

Après une accalmie en 2020, le nombre de jeunes étrangers demandant la protection de l’Enfance à Lyon est reparti en forte hausse. Laissant craindre une nouvelle crise de l’accueil des mineurs non-accompagnés (MNA).

Au Centre de mise à l’abri et d’évaluation (CMAE), 406 jeunes se sont présentés au seul premier trimestre 2021, contre 768 pour l’ensemble de l’année 2020, selon les chiffres de l’association Forum réfugiés, à qui la Métropole a délégué depuis 2018 l’évaluation de leur minorité.

Conséquence de cette augmentation des arrivées, le système de mise à l’abri et d’évaluation sature de nouveau. Après des mois où elles hébergeait ces jeunes de manière systématique, la Métropole est en train de fait marche-arrière.

Six jeunes étrangers remis à la rue ce mardi

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