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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

La culture se met en branle à Lyon dès cette semaine

La culture se met en branle à Lyon dès cette semaine

L’ouverture des lieux culturels dès ce mercredi 19 mai nous permet de vous proposer de nouveau une sélection d’expos et de spectacles à découvrir, non exhaustive et renouvelable. Tous les lieux ne seront pas de la partie dans cette « première phase de déconfinement ». Certains ont décidé d’attendre de meilleures conditions d’accueil à offrir au public, ou n’étant pas en capacité d’assurer une programmation dans les délais.

Toujours dans ce contexte, il faut relever que le TNP à Villeurbanne qui rouvre ses portes au public avec, notamment, trois spectacles de la Biennale de la Danse, continuera à être occupé par des intermittents et précaires de la culture, nombreux encore sur le bas côté. Et cela, en accord avec la direction du théâtre. Contrairement à l’Opéra de Lyon, où l’atmosphère est plus tendue et où le bras de fer se poursuit car la direction demande la fin de l’occupation.

Réouverture pour quelques uns, donc, mais avec des jauges réduites et donc des places rares. Sans toutes les salles de concert ni aucune boîte de nuit, toujours closes. Mais ne soyons pas amers. Dans le lot des possibles, on a mis la lumière pour le mois de mai sur quelques mastodontes. N’hésitez pas à suggérer via les commentaires vos propres repérages et ce que vous avez envie de faire à partir de mercredi (boire des coups ?).

Dans les cinémas, quelle organisation ?

On communiera dans les salles obscures mais de loin. Distanciation, masques, toutes les règles qui régissent les sorties et les rassemblements de population seront de mise dans les lieux culturels.

Au cinéma, deux sièges doivent être laissés vides entre les personnes ou groupes de personnes venues ensemble, car la jauge maximale autorisée est de 35% jusqu’au 9 juin. Elle pourrait évoluer à 65% à partir de cette date, puis revenir à une possibilité de plein régime à partir du 30 juin.

Mais d’ici là, masque obligatoire et interdiction de grignoter des confiseries dans la salle (s’il y a bien quelque chose dont on ne se plaindra pas c’est l’arrêt net des scrountch-scrountch horripilants).

Après quasi sept mois de fermeture et une capacité d’accueil qui ne « permettra pas la rentabilité », l’ensemble des cinémas de l’agglo de Lyon ont toutefois décidé d’ouvrir leurs portes.

« Comme un parfum d’aventure », expo d’après confinement au MAC

Directement inspirée des confinements que des millions de personnes ont traversés à travers le monde, l’expo sera visible dès ce mercredi au Musée d’art contemporain de Lyon. Très justement,

« elle explore plus particulièrement la question du déplacement, empêché ou imposé, volontaire ou suscité, individuel ou en groupe, et ses conséquences sur l’individu. »

Cette expo collective se donne pour objectif d’interroger le déplacement, l’empêchement, la trajectoire… Les œuvres proviennent en partie des fonds du MACLyon et du Musée des Beaux Arts de Lyon et sont mises en dialogue avec d’autres oeuvres spécialement réalisées pour l’occasion, par des dizaines d’artistes résidant en France et plus spécialement en région Auvergne-Rhône-Alpes.

 La réservation de billet d’entrée n’est pas obligatoire mais elle est fortement conseillée car la jauge des salles est réduite. En revanche elle est conseillée pour les visites commentées et ateliers.

Au Musée d’art contemporain de Lyon, à partir du 19 mai. Les tarifs sont baissés sur la période.

Aux Subsistances : une tornade sur les quais

C’est aux Subsistances (Lyon 1er, quai Saint-Vincent) que la « saison » estivale semble au moins en partie démarrer à Lyon. En plus d’ouvrir dès ce mercredi 19 mai une grande terrasse-bar dans l’enceinte de l’ancien couvent, ce sont les performances et spectacles qui s’ouvrent de nouveau jusqu’en juin.

Et le cadre pour les accueillir sera tout à fait original : soit une œuvre monumentale de papier intitulée La Tornade, installée sous la verrière et imaginée par les plasticien·nes Alexis Mérat et Domitille Martin.

Du jeudi 20 mai au samedi 22 mai, on aimerait beaucoup trouver une petite place pour aller voir la performance de Rébecca Chaillon et Mélanie Martinez, intitulée « Dépressions« . À prendre dans tous les sens du terme, psycho-sanitaire et météorologique. Elles n’hésitent pas à mettre leurs corps à rude épreuve pour se défaire des jougs -et merci pour l’exemple.

Rébecca Chaillon et Mélanie Martinez Llense proposent une performance météorologique aux Subsistances, "Dépressions". DR
Rébecca Chaillon et Mélanie Martinez Llense proposent une performance météorologique aux Subsistances, « Dépressions ». DR

Au Musée des Confluences, le retour des ateliers enfants

C’est la ré-ouverture des expos au Musée des Confluences, qui n’aura pas même été ouvert de façon restricitve et uniquement pour les « scolaires », malgré les demandes faites par les élus à la ministre de la Culture. À partir de ce 19 mai, comme les autres structures d’exposition de l’agglo, les réservations en ligne ou par téléphone sont conseillées au regard des jauges réduites.

Dans les offres au public, on relève donc que les ateliers et les visites dédiées au public jeune. Ou la visite exploratoire des oiseaux du musée. Tout est passé en revue, leur taille, la forme de leur bec ou la couleur de leur plumage, les fonctions de leurs chants et de leurs parades… Le port du masque pour les enfants est obligatoire à partir de 11 ans.

La grande expo temporaire enfin visible s’intitule « La Terre en héritage, du Néolithique à nous ». Pas de tergiversation, le sujet est d’actualité et concerne l’environnement. Il s’agit de comprendre les défis de sa préservation, à l’aune de la période charnière qu’est le Néolithique. C’est le début de l’exploitation de la nature par l’être humain, des nouvelles relations entre les êtres vivants -et donc celui de l’anthropocène.

Toutes les infos sur les réservations et les expos sur le site du musée.

À la Villa Gillet, on ne reste pas assis

Les « Assises internationales du roman » proposées chaque année par la Villa Gillet se transforment en Littérature Live Festival. Le chemin, la programmation ont une nouvelle couleur mais l’objectif reste le même : rendre compte de la vitalité des écritures contemporaines. Pour cela, les rencontres prévues ont l’allure des grands soirs.

On a hâte d’entendre l’échange monté entre l’écrivaine Fatima Daas et l’essayiste américain Thomas Chatterton Williams autour de la question des identités et des origines.

Fatima Daas à la Villa Gillet en mai 2021.
Fatima Daas à la Villa Gillet en mai 2021.

Le vendredi 28 mai, un dialogue qui s’annonce particulièrement intéressant se donne pour objectif de regarder ce qu’on a appelé les « Printemps arabes », dix ans après qu’ils ont eu lieu. Il réunit l’écrivain si ancré sur la Méditerranée François Beaune, et Camille Ammoun, urbaniste qui sera audible en duplex depuis Beyrouth au Liban.

Beaucoup de « lectures en plein air » sont prévues, des rencontres dans différents lieux comme des librairies…

Les auteur·es invité·es (dont certain·es seront donc à distance) vont s’exprimer dans leur langue d’origine et les échanges seront traduits ou sous-titrés.

Du 25 mai au 30 mai, toutes les infos sur le site de la Villa Gillet.

Musique hypnotique au Périscope

Pas de concert en mai ? Si, mais à certaines conditions, que remplit le Périscope en ouvrant sa salle dès ce vendredi 28 mai. La salle accueillera CHROMB!, un groupe qui propose des récitals hypnotiques et planants, mêlant électro, jazz, rock. Une manière de produire un chant venu d’ailleurs, terrifiant et drolatique tout à la fois. Le mieux est encore de s’en donner une idée en regardant la vidéo ci-après. Avant d’aller les voir sur scène et d’entendre de la musique live, enfin !

Terrasses, culture, sport : ce qui change à Lyon ce mercredi 19 mai

Terrasses, culture, sport : ce qui change à Lyon ce mercredi 19 mai

Ce mercredi 19 mai marque une nouvelle étape de déconfinement à Lyon avec la réouverture des terrasses mais aussi des lieux de culture et de loisirs. Rue89Lyon fait le point sur les réouvertures.

Terreaux à Lyon / Photo CC by Bonnaf via Flickr
Les terrasses des cafés de la place des Terreaux à Lyon / Photo CC by Bonnaf via Flickr

Couvre-feu, terrasses, salles de sport… Après plus d’un an d’annonces télévisées, de mesures restrictives et de chiffres en pagaille, difficile de s’y retrouver. Malgré ça, tout le monde a bien retenu une chose : ce mercredi 19 mai, il sera de nouveau possible de siroter une petite bière sur une des nombreuses terrasses que compte Lyon. Mais avec combien d’amis ? Et jusqu’à quelle heure ? Pourra-t-on aller aux toilettes ? Rue89Lyon fait le point sur ce qui va changer à Lyon à partir de ce mercredi, deuxième étape du déconfinement progressif annoncé par le gouvernement.

1. Terrasses, capacité et toilettes

Les terrasses rouvrent bel et bien ce mercredi 19 mai à Lyon, pour les bars et les restaurants, au prix d’un protocole sanitaire strict.

    Seules les terrasses extérieures réouvrent. Il sera donc possible d’aller boire un coup ou de dîner dehors, mais toujours pas à l’intérieur des bars et restaurants.Les terrasses pourront accueillir les convives à 50 % de leurs capacités. Cette jauge ne concerne pas les « petites terrasses », sans véritable précision sur ce que le gouvernement entend par là. Alain Griset, ministre délégué aux PME a expliqué au Parisien que « il n’y a pas de règle absolue, c’est la raison qui va prédominer, mais on considère qu’un restaurateur qui a 7 ou 8 tables en temps normal, a une petite terrasse ».Chaque table pourra accueillir au maximum six personnes.Une question essentielle revient régulièrement : si seules les terrasses extérieures sont ouvertes, pourra-t-on aller aux toilettes entre deux bières ? La réponse est oui, assure Libération, les clients pourront entrer dans le bar ou le restaurent pour aller aux WC ou accéder à la terrasse.Face à l’afflux de personnes attendu, nos confrères de Lyon Capitale rapportent que Le Petit Paumé a lancé une application pour savoir où il reste des places. Lyon CityCrunch est aussi allé pêcher plusieurs astuces pour être sûr·e de profiter des terrasses ce mercredi 19 mai, en se rabattant sur un bar PMU par exemple.

2. Couvre-feu à 21h

Le couvre-feu, lui, sera décalé à 21h dès ce mercredi 19 mai. Deux heures supplémentaires pour apprécier l’arrivée des beaux jours, et pourquoi pas depuis l’une des terrasses de Lyon.

3. Réouverture des commerces « non essentiels »

Les commerces et les marchés couverts seront également ouverts, en respectant un espace de 8 m² par client. Le nombre maximum de personnes autorisées dépendra donc de la surface du commerce.

4. Grand retour des cinémas, des théâtres et des musées

Au-delà des terrasses, ce mercredi 19 mai marque aussi un retour partiel de la culture et des loisirs à Lyon. Il sera de nouveau possible d’aller au cinéma ou au musée en respectant certaines contraintes sanitaires.

    Les salles de cinéma et de théâtre, les salles des fêtes et les chapiteaux pourront accueillir 35 % de leur capacité et jusqu’à 800 personnes par salle.De leur côté, les musées devront observer un espace de 8 m² par visiteur.Les règles seront un peu plus souples pour les zoos en plein air qui pourront accueillir 50 % de leur capacité.Il sera aussi possible d’aller à la bibliothèque, en laissant un siège de libre sur deux.Les casinos rouvrent, également à 35 % de leur capacité.Les festivals de plein air auront bien lieu, mais assis, dans la limite de 35 % de leur capacité habituelle et une jauge de 1000 personnes maximum.Les discothèques restent fermées jusqu’à nouvel ordre. Les modalités de réouverture devraient être décidées à la mi-juin, selon l’évolution de la situation sanitaire. Un coup dur pour le secteur, plus que fragilisé depuis le début de l’épidémie (lire notre série d’articles ici).

5. Du sport mais toujours pas de piscine

Le sport fait aussi son retour ce mercredi 19 mai ! Mais pas pour toutes les activités. Certaines, comme les sports de contact, représentent un risque encore trop élevé de contamination au coronavirus. Avant d’aller s’installer en terrasse, il sera malgré tout possible de s’octroyer une séance de yoga au parc de Gerland, dans le 7ème arrondissement de Lyon, par exemple.

    Les activités sportives de plein air seront autorisées, sans contact et avec une limite de 10 personnes maximum.Les compétitions sportives en plein air reprennent aussi pour les amateurs, avec une limite de 50 participants et toujours sans contact.Les mineurs pourront reprendre leurs cours de danse à compter de ce mercredi 19 mai. Les établissements sportifs couverts ou non (stades, piscines…) sont ouverts pour les publics prioritaires uniquement (scolaires, sportifs de haut niveau ou sur prescription médicale). Concernant les spectateurs, ils seront à nouveau les bienvenus, avec une limite de 35 % de la capacité des établissements sportifs et un maximum de 1000 personnes assises.Les établissements thermaux rouvrent aussi, avec une limite de 50 % de leur capacité.

6. Cérémonies civiles et religieuses

Concernant les événements nécessitant le rassemblement de plusieurs personnes, de foyers différents, les règles s’assouplissent mais restent contraignantes.

    Dans l’espace public, les rassemblements de plus de 10 personnes restent interdits, sauf pour les visites guidées.Pour les cérémonies religieuses ou civiles (mariages, PACS) et les lieux de culte, il faudra que les convives n’occupent qu’une place sur trois, et en quinconce.

7. Un léger assouplissement pour les étudiant·es

Les établissements d’enseignement ont leur calendrier propre.

    A Lyon comme ailleurs, les écoliers ont fait leur rentrée le 26 avril dernier, suivi par les collégiens de 6ème et de 5ème le 3 mai en présentiel. Pour le moment, les élèves de 4ème, de 3ème et les lycéens restent en demi-jauge, alternant des cours en présentiel et des cours en distanciel. Un équilibre pas toujours facile à gérer pour les enseignant·es.L’enseignement supérieur, grand oublié de cette crise sanitaire, pourra accueillir un peu plus d’étudiant·es à compter de ce mercredi 19 mai, à savoir la moitié des effectifs habituels des établissements. Ce qui ne devrait pas poser de problèmes d’organisation, étant donné que la plupart des étudiant·es auront fini leurs examens. Aucun nouvel assouplissement n’est prévu avant la prochaine rentrée de septembre 2021.

Pour le moment, le principe du télétravail est maintenu dans les entreprises.

> Prochaine étape du déconfinement : le 9 juin

Le gouvernement a fixé la prochaine et avant dernière étape du déconfinement au 9 juin.

A cette date, le couvre-feu devrait être à nouveau repoussé et les terrasses, les bars, les restaurants et lieux de culture et de loisirs ouverts plus largement à Lyon comme ailleurs.

Un pass sanitaire (certificat de vaccination, attestation d’immunité acquise suite à une contamination au covid de moins de trois mois ou un test PCR négatif récent) sera mis en place à compter du 30 juin pour les événements intérieurs et extérieurs de plus de 1000 personnes.

Lyon et Saint-Étienne affichent leur union pour un développement économique plus équilibré

Lyon et Saint-Étienne affichent leur union pour un développement économique plus équilibré

Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard (EELV), et le président de la Métropole de Saint-Étienne, Gaël Perdriau (LR), ont annoncé ce lundi 17 mai la création d’un fonds commun pour donner un coup de pouce aux jeunes entreprises écolos. Une solution pour rééquilibrer le développement économique entre les deux villes.

Lyon Saint-Etienne
Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et Gaël Perdriau, président de la Métropole de Saint-Etienne, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon

« Le développement de Lyon passe par Saint-Étienne« . Nous écrivions ce titre il y a un peu plus d’un an, en pleine campagne pour les élections métropolitaines. Aujourd’hui, il semble toujours d’actualité.

Depuis 2008, l’Aderly (Agence pour le développement économique de la région lyonnaise) vante via la marque « Only Lyon » l’image de la région lyonnaise à l’étranger, et la métropole stéphanoise est comprise dans le lot. La recette a fait ses preuves depuis. D’après le bilan de l’Aderly présenté en février 2020, 114 entreprises ont choisi de s’implanter dans la région lyonnaise sur l’année 2019. Autant qu’en 2018. Soit un potentiel de 2427 emplois en trois ans. Mais sur ces 114 entreprises, seules 8 ont décidé de s’établir à Saint-Étienne…

Or, l’agglomération lyonnaise commence à voir le revers de la médaille de cette attractivité : des logements inaccessibles, des pics de pollution à répétition, des infrastructures publiques insuffisantes

Un fonds pour les jeunes entreprises les plus écolos

Pendant la campagne des élections municipales et métropolitaines de 2020, l’actuel président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, à l’époque candidat, affirmait que « l’attractivité à tout prix n’est pas la solution ». Les écologistes d’EELV misaient davantage sur des partenariats économiques entre les différentes villes de la région : Villefranche-sur-Saône, Mâcon, Roanne ou encore Saint-Étienne bien sûr.

Un an après avoir pris les rênes de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard poursuit cette idée. Ce lundi 17 mai, il recevait le président de la Métropole de Saint-Étienne, Gaël Perdriau (LR), pour annoncer la création d’un fonds commun aux deux métropoles, le « fonds d’amorçage industriel à impact environnemental et social ».

Lyon Saint-Etienne
Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon

L’objectif est d’aider les entreprises balbutiantes à se développer, à condition qu’elles soient respectueuses de l’environnement et qu’elles restent sur le territoire, a expliqué Bruno Bernard :

« L’idée est d’intervenir quand il y a des trous dans la raquette. Il est encore trop tôt pour dire quelles entreprises pourront bénéficier de ce fonds, mais l’objectif est d’aider les industries qui respectent l’environnement et qui s’installent sur le territoire à passer à l’étape production. »

Pour l’occasion, l’entreprise lyonnaise Inovaya qui travaille sur la filtration de l’eau du Rhône pour la rendre potable, et l’entreprise stéphanoise Lactips, qui a mis au point un plastique sans plastique, étaient présentes pour illustrer le potentiel de chaque métropole.

Des emplois pour Saint-Étienne et une meilleure qualité de vie pour Lyon

A Sainté comme à Lyon, chaque Métropole y trouve son compte. Du côté stéphanois, Gaël Perdriau a mis en avant les perspectives de créations d’emplois et plus d’attractivité pour sa ville :

« Saint-Étienne est surnommée la ville aux 1000 brevets, et elle le demeure. Elle est troisième au niveau national en terme de dépôt de brevets. Il faut un investisseur bienveillant pour accompagner les jeunes entreprises, que les idées qui naissent dans nos universités restent sur notre territoire et amènent des emplois. »

Lyon Saint-Etienne
La président de la Métropole de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon

Bruno Bernard, pour sa part, insiste sur la nécessité de sortir de la course à l’attractivité lyonnaise initiée par Gérard Collomb, au détriment des villes voisines et de la qualité de vie à Lyon même :

« Il y a toujours une volonté de développement économique sur le territoire, mais elle n’est pas forcément la même qu’autrefois. La Métropole de Lyon doit collaborer avec tout le monde pour mieux répartir les richesses du territoire et les habitants. »

A grand renfort de sourires amicaux, de politesses et de tutoiement, les deux présidents de Métropole ont affiché une union certaine entre Lyon et Saint-Étienne.

Concrètement, les détails de ce fonds présentés ce lundi sont encore vagues. D’après le dossier de presse, son montant total sera de 80 millions d’euros, destinés à soutenir 80 à 100 jeunes entreprises sur 12 à 14 ans. Sur ces 80 millions, la Métropole de Saint-Étienne en avance 5, la Métropole de Lyon 17 et la Banque des territoires 7. Restent encore plus de 50 millions d’euros à trouver, auprès d’acteurs privés.

Rendez-vous en préfecture pour les étrangers à Lyon : deux recours contre la dématérialisation

Rendez-vous en préfecture pour les étrangers à Lyon : deux recours contre la dématérialisation

[Droit de suite] Le 30 mars puis le 30 avril, deux recours ont été déposés contre le nouveau système de prise de rendez-vous pour les étrangers mis en place par la préfecture du Rhône. Ce mardi 18 mai doit se tenir une première audience devant le tribunal administratif de Lyon. Un rassemblement est organisé à 13h30 devant le TA par le barreau de Lyon et la Cimade, à l’origine des recours.

Depuis un an, la préfecture du Rhône, comme d’autres en France, a mis en place la dématérialisation totale de la prise de rendez-vous pour les étrangers.
Dans notre enquête, nous avons largement documenté les difficultés rencontrées par les usagers étrangers pour accéder au service public, contraints d’attendre de très longs mois pour accéder au guichet et déposer leur demande de titre de séjour.

Accueil des étrangers : deux recours contre la préfecture du Rhône

Le 30 mars, l’association d’aide aux étrangers la Cimade (avec le GISTI, le SAF (syndicat des avocats de France), la Ligue des Droits de l’Homme et l’ADDE) déposait un premier recours sur le fond contre ce système de prise de rendez-vous. Puis le 30 avril, c’était un recours en urgence, un référé-suspension, contre ce même système totalement dématérialisé.

Dans la foulée, le barreau de Lyon a décidé de se joindre à ces deux recours. L’ordre des avocats est donc intervenant volontaire, comme on dit dans le jargon de la justice administrative.

Dans un communiqué de presse, le barreau de Lyon justifie cette démarche, peu habituelle, contre la préfecture du Rhône :

« Depuis cette nouvelle organisation [la prise de rendez-vous totalement dématérialisée, ndlr], la préfecture du Rhône ne permet pas à l’ensemble des usagers, du fait de la barrière de la langue, de la complexité des procédures à mettre en oeuvre, du dysfonctionnement majeur de ce service (délai de rendez-vous, désactivation des numéros AGDREF des usagers…) d’avoir un accès effectif et égal au service public de la préfecture et de pouvoir utilement effectuer leurs démarches, leur faisant ainsi perdre pour certains l’ensemble de leurs droits économiques et sociaux ».

Le barreau de Lyon et la Cimade demandent au juge d’imposer à la préfecture du Rhône de mettre en place un moyen alternatif à la plateforme mal nommée « démarches-simplifiées » pour que les étrangers puissent prendre leur rendez-vous.

Par ailleurs, les avocats lyonnais et l’association d’aide aux étrangers réclament que soient débloqués des « moyens humains destinés à orienter et aider les usagers du service public dans leurs démarches de prise de rendez-vous ». Tout ça pour que la convocation à des rendez-vous puissent se faire dans un « délai raisonnable ».

Dans le mémoire en « intervention volontaire », le barreau de Lyon revient sur les conséquences pour les avocats de ce nouveau système de prises de rendez-vous dématérialisée.

« Il a été relaté par la majorité des praticiens en droit des étrangers du barreau de Lyon une réelle souffrance dans l’exercice de leur activité professionnelle, ce qui se justifie aisément : Les cabinets d’avocats apparaissent désormais aux yeux des usagers ou de leurs clients comme étant le seul réel point d’accès au service public ».

Tribunal administratif Lyon étrangers préfecture
Le tribunal administratif de LyonPhoto : Rue89Lyon
#Barreau de Lyon

A Lyon, le réseau Intermed à la rencontre de « la précarité dans les murs »

A Lyon, le réseau Intermed à la rencontre de « la précarité dans les murs »

Depuis plus de dix ans, à Lyon et dans sa région, le réseau Intermed accompagne les « invisibles » de la société, ces personnes isolées, souvent précaires, confinées dans des logements sociaux depuis de nombreuses années. « On voit des gens en bout de ligne. La marge de la société, la pauvreté qu’on ne voit pas mais qui est là. On franchit des portes que seuls les pompiers ou la police ouvrent ». Reportage.

A quelques kilomètres au sud de Lyon, à Oullins, se dresse un vieil ensemble d’habitations de Lyon Métropole habitat. Même le beau temps de cette matinée d’avril ne parvient pas à donner un air engageant aux façades décrépies. Marine Bellut est habituée. Infirmière du réseau Intermed, elle vient régulièrement rendre visite à Sergeï*.

D’un pas assuré, elle enjambe les quelques marches du porche couvertes de fientes de pigeons et toque à une porte du rez-de-chaussée. Le visage ridé de Sergeï* apparaît dans l’entrebâillement, barré d’un grand sourire. A 70 ans, le vieil homme est suivi depuis deux ans par l’association. Isolé, en situation de grande précarité, Sergeï* ne recevait plus sa retraite depuis plusieurs mois quand le réseau Intermed a été interpellé par le bailleur social.

Aujourd’hui, son dossier a été régularisé et le septuagénaire a repris un suivi médical. Mais le chemin est encore long, et la pandémie de coronavirus n’a pas arrangé les choses. Au prétexte de jeter un œil sur ses poignets, fracturés il y a quelques jours, Marine espère faire prendre conscience au vieil homme de la situation délicate dans laquelle il se trouve. Sergeï* est le dernier occupant du vieil immeuble. D’ici peu, des travaux de rénovation vont démarrer pour assainir le bâtiment, infesté de punaises de lit. Mais Sergeï* refuse de déménager.

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Le Barrio Club à Lyon : « Il faut abattre les clichés sur la fête »

Le Barrio Club à Lyon : « Il faut abattre les clichés sur la fête »

[Série 4/4] Les boîtes, les clubs et autres dancings sont fermés depuis un an. La nuit lyonnaise est éteinte et on n’entend plus guère parler de ces lieux de sociabilité, de musique et de fête. On a rencontré quelques uns de ces patrons et gérants de boîtes de nuit pour faire le point sur le moral, les finances… Ici Bertrand Dalle, patron du Barrio Club à Lyon.

Le Barrio Club est situé à l’intérieur de la gare des Brotteaux dans le 6è arrondissement de Lyon, près d’autres lieux de sorties nocturnes. Il s’agit d’un club latino. Comme on peut s’y attendre, caïpirinhas et mojitos y sont habituellement servis au son des cajons et des bongos, remixés par des DJ locaux. Avant la pandémie de Covid-19, la boîte de nuit était ouverte du mardi au samedi et accueillait des soirées à thèmes, et proposait des initiations à la danse (latine, évidemment).

Bertrand Dalle est le propriétaire du Barrio Club depuis 1999. Il est aussi propriétaire d’un bar restaurant : le You, anciennement le Voyou, lui aussi situé dans l’ancienne gare des Brotteaux. Il possède un bar concept sur le thème de la réalité virtuelle à Saint-Bonnet-de-Mure, qui s’appelle “l’IVRS”.

Bertrand Dalle est syndiqué à l’UMIH soit l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), secteur particulièrement touché par la crise. Le Barrio Club est la « plus vieille affaire » de Bertrand Dalle. Estampillée boîte de nuit, elle est fermée depuis plus d’un an :

« J’avais treize personnes qui travaillaient au Barrio, mais ils n’étaient pas tous des salariés, seulement sept sont payés par le chômage partiel. »

« Certains se sont reconvertis dans la peinture en bâtiment »

Pour les six autres, le patron se désole :

« Les autres étaient engagés contractuels, notamment mes gars de sécurité et mes DJs, c’est très compliqué pour eux. »

Certains agents de sécurité du Barrio se sont même reconvertis à regret dans la peinture en bâtiment, ou comme ouvriers.

Le Prêt Garanti par l’Etat (PGE) ainsi que le chômage partiel ont rapidement désamorcé la tension pour le propriétaire.

« J’ai eu mon prêt sans difficulté pour le Barrio, c’est une affaire qui a beaucoup d’ancienneté. »

Bertrand Dalle, syndiqué à l’UMIH et propriétaire du Barrio Club, du You et de l’IVRS

Bertrand Dalle a pu emprunter 300 000 euros, en deux prêts. Le premier en avril 2019, l’autre en février 2021. A titre de comparaison, pour le You, le patron a obtenu un prêt moins important car il s’agit d’un établissement plus récent, « moins solide ». Il a reçu 100 000 euros puis 85 000 euros de PGE.

« Pour le Barrio, j’avais 200 000 euros de trésorerie, pour le You, 40 000 euros. J’ai tout bouffé et je me suis endetté. »

Pour l’IVRS, qui avait été inauguré quelques mois avant le confinement, aucun PGE n’a été accordé. L’établissement était trop récent. La Région a débloqué 30 000 euros dans son effort de solidarité.

« Je plombe la société juste pour me payer moi »

Depuis novembre dernier, l’Etat verse au Barrio 20% de son chiffre d’affaires :

« Ça fait 26 000 euros par mois, c’est suffisant pour payer les charges fixes. C’est de mars à novembre qu’on a dépensé, qu’on s’est beaucoup endetté. »

Bertrand Dalle, propriétaire du Barrio Club

Pour le You en revanche, le forfait du fonds d’aide est fixé à hauteur de 12 000 euros, le propriétaire dépense 14 000 euros par mois. Bertrand Dalle pose un regard critique sur les conditions d’octroi du fonds d’aide :

« C’est un forfait mal fichu. Une affaire qui serait située à Vaise avec un petit loyer va gagner de l’argent si elle touche 20% de son chiffre d’affaires, mais dans le quartier des Brotteaux, le loyer est vraiment important. »

Bertrand Dalle tente de se soustraire à des dettes qui s’amoncellent. En novembre par exemple, il réussit à défiscaliser 50% du loyer dû au You. Mais la situation reste difficile selon lui :

« Pour les bars c’est plus compliqué que pour les boîtes de nuit. La loi ne m’a pas permis de défiscaliser mon loyer sur les autres mois. Ils considèrent que comme c’est un bar je peux proposer mes services à emporter. Tous les établissements ne proposent pas des choses qui peuvent être vendues à emporter. »

Au début de la crise, le patron ne se paye pas. Au bout de quelques mois, ce n’est plus tenable :

« J’ai une maison, une femme, des enfants : il a bien fallu que je me paye. On n’a plus du tout de trésorerie, mais les aides me permettent de me donner un petit salaire. »

Bertrand Dalle, propriétaire du Barrio Club

Le gérant doit toujours cotiser aux charges sociales et patronales et culpabilise presque :

« Je plombe la société juste pour me payer moi. »

Le Barrio Club à Lyon, radié par son assurance

A cela, il faut ajouter que la boîte de nuit de Bertrand s’est fait radier par son assurance.

« C’est très cher les assurances pour les discothèques, je ne pouvais plus payer la mienne. En décembre dernier j’ai reçu un courrier m’annonçant que j’étais radié. Ce qui n’était pas très solidaire, pas très classe. »

Bertrand Dalle, propriétaire du Barrio Club

Le patron s’endette une fois de plus pour ré-assurer sa boîte en urgence :

« Je leur avais demandé de réduire leur prix, ils ont refusé, alors qu’ils assuraient une boîte vide et ils le savaient. Comme je n’avais pas de quoi payer j’ai pris du retard dans mes paiements. »

Bertrand Dalle, propriétaire du Barrio Club
Barrio Club Lyon
Une fête au Barrio Club, dans la gare des Brotteaux, avant le Covid.Photo : BertrandDalle

Il conclut :

« Dans notre milieu, tout le monde a eu des problèmes avec les assurances, c’est des enfoirés. »

Après avoir trouvé une solution d’assurances plus confortable, Bertrand Dalle note avoir épuisé la trésorerie amassée sur une vie, soit 500 000 euros, en seulement une année.

« On n’est pas dans Scarface, on est des chefs d’entreprises »

Bertrand Dalle reste un infatigable optimiste :

« Il y a du positif. Dans les pays anglo-saxons, la nuit fait partie de la vie, au même titre que les magasins ou les restaurants. En France, c’est comme si elle était faite pour les marginaux. Cette crise contredit cela parce que je crois qu’on manque à tout le monde, aux habitués comme aux clubbers occasionnels. »

Il illustre :

« Au premier discours d’Olivier Véran [ministre de la Santé, ndl] à l’assemblée, quand il a parlé du sort des boîtes de nuit, des députés ont ri. Nous ne sommes pas considérés, alors que nous sommes nécessaires à la vie sociale et la vie culturelle. »

Pour le patron, cette idée est issue de vieux stéréotypes sur le monde de la nuit :

« Il y a un fantasme du patron de club mafieux qui a la peau dure. Cela pouvait être vrai dans les années 1970-80, quand la profession était plus rémunératrice, mais on n’est pas dans Scarface, en tout cas on ne l’est plus, on est des chefs d’entreprises. »

Il dit lui aussi avoir mis à profit ce temps de pause forcée pour penser à plein de nouveaux projets :

« On a fait des supers travaux pour offrir une chouette réouverture ! »

Il prévient, le retour sera spectaculaire :

« On a prévu des supers shows, comme amener les mojitos avec du spectacle. J’aime que les gens viennent chez moi pour oublier leur mauvaise journée, là c’est leur mauvaise année qu’il va falloir leur faire oublier. »

« La situation sanitaire a rendu les gens fous »

Malgré cet entrain, comme tous les patrons d’établissements de nuit, Bertrand Dalle est inquiet :

« On ne va plus être aidés, on va nous demander de rembourser, mais l’argent va rentrer à moitié parce qu’ils vont nous mettre des jauges. »

Ses présages sont pour le moins sinistres :

« La deuxième vague de fermeture de boîtes de nuit, elle va être à la réouverture. »

En sus, il redoute que le mauvais climat social global ait un impact sur son travail. Il en a eu un avant-goût en ouvrant la terrasse de son bar restaurant, le You, l’été dernier :

« Je n’ai jamais eu de bagarre, et j’en ai eu trois l’été dernier. Je ne sais pas si c’était la période ou les règles imposées par la situation sanitaire mais ça a rendu les gens fous. »

#Barrio Club#Boîte de nuit#nuit éteinte

Procédure d’expulsion à la Duchère : « Grand Lyon Habitat n’a qu’une hâte, me virer »

Procédure d’expulsion à la Duchère : « Grand Lyon Habitat n’a qu’une hâte, me virer »

Faten habite depuis dix ans la Duchère avec ses trois enfants, dans le secteur de la Sauvegarde. Cette locataire a été assignée au tribunal par son bailleur, Grand Lyon Habitat, pour quelque 500 euros de loyers impayés. Témoignage.

A 41 ans, Faten élève seule ses trois enfants de 8, 7 et 3 ans. Cela fait quatre ans que le père a disparu du tableau et six ans qu’elle ne peut plus travailler. Auparavant, elle était employée en grande surface. Aujourd’hui, elle souffre de multiples problèmes de santé : rétention d’eau, syndrome du canal carpien. C’est en partie ce qui l’a contrainte à arrêter de travailler.

Faten touche le RSA et certaines aides de l’État versées par la CAF.

Cette mère célibataire habite un appartement doté d’une seule chambre, au cinquième étage d’une des barres de la Duchère, secteur de la Sauvegarde, de celles qui devront être réhabilitées à partir de l’année prochaine. Ces logements sociaux appartiennent à Grand Lyon Habitat.

Pour l’instant, elle vit toujours avec les pigeons, l’humidité et les infiltrations d’eau.

Duchere expulsion Sauvegarde
Faten, dans son petit appartement de la Sauvegarde, à la DuchèrePhoto : LS/Rue89Lyon

Jusqu’à récemment, chez Faten, quand il pleuvait à l’extérieur de l’appartement, il pleuvait aussi à l’intérieur, à cause de ces « fenêtres à trous » dont tous les habitants de cette partie de la Sauvegarde se plaignent.

A la Duchère, fuite dans la cuisine et dans le porte-monnaie

Une fuite d’eau non prise en charge par le bailleur Grand Lyon Habitat. Voilà, pour Faten, ce qui l’a plongée dans d’encore plus grandes difficultés.

La mère célibataire raconte payer des factures d’eau aux montants anormalement élevés depuis deux ans.

Dès la première facture étonnante, elle signale à son bailleur la possibilité d’une fuite d’eau dans sa cuisine.

« Plusieurs fois, j’ai rapporté à mon bailleur qu’il y avait quelque chose qui coulait, que ce n’était pas normal que je paye autant par rapport à mes voisins. Grand Lyon Habitat m’a toujours dit qu’ils viendraient. »

En septembre 2020, son voisin du dessous lui signale un dégât des eaux. Le sol est irrécupérable et la cuisine du voisin a essuyé de lourds dégâts. Grand Lyon Habitat lui envoie alors un réparateur.

« Ils ont dit que j’avais perdu 136 m³ d’eau avec cette fuite. J’avais posé un sol par-dessus celui d’origine en 2011. Il était fichu. J’ai dû l’enlever ainsi que celui d’origine par mes propres moyens. Je savais qu’une catastrophe pareille allait arriver. »

En octobre dernier, elle reçoit une facture d’Eau du Grand Lyon. 2000 euros, affirme Faten, à cause des arriérés qui s’accumulent et qu’elle est incapable de payer.

Les traces restantes du dégât des eaux de septembre dernier ©LS/Rue89Lyon
Les traces restantes du dégât des eaux de septembre dernierPhoto : LS/Rue89Lyon

Au début de l’hiver, Faten n’a pas un sou de côté. Outre ses difficultés quotidiennes, la crise du Covid lui a particulièrement coûté avec la fermeture des cantines.

Par ailleurs, elle doit se chauffer tout l’hiver avec un chauffage électrique d’appoint, toujours à cause de ces mêmes « fenêtres à trous ». Pour parfaire la situation, de septembre 2020 au printemps, le chauffe-eau de Faten ne fonctionne plus. Elle chauffe l’eau pour le bain de ses enfants à la casserole.

Elle nous dit que sa facture d’électricité seule atteint plus d’une centaine d’euros par mois.

« Je déteste mon appartement, c’est un taudis. Il n’y a rien qui fonctionne bien ou qui est en bon état. »

Une procédure d’expulsion sans accompagnement à la Duchère

Pour tenter de rembourser ses factures d’eau, elle creuse alors une autre dette, cette fois-ci auprès de son bailleur, Grand Lyon Habitat :

« Normalement ce que je dois payer de mon loyer est à hauteur de 257 euros par mois, avec un peu plus d’une centaine d’euros de charges. »

Faten ne paye donc plus l’entièreté de son loyer à partir de l’été 2020.

L’habitante de la Duchère sait qu’elle s’expose à des difficultés, mais ne voit pas d’autre issue.

« J’avais peur qu’on me coupe l’eau. »

Dès son premier mois d’impayé, Faten reçoit une lettre du bailleur, exigeant qu’elle paye ses dettes.

« C’était des petits impayés. Je mettais ce que je pouvais. Comme je n’avais pas d’eau chaude, que le chauffe-eau n’était pas réparé et que je recevais des grosses factures d’eau, je me disais que ça ferait peut-être comprendre à Grand Lyon Habitat que j’étais dans une situation horrible. »

Au début du mois de janvier, elle s’étonne de ne pas voir certaines aides de la CAF être versées sur son compte en banque, notamment son Aide Personnelle au Logement (APL).

« Je me suis dit qu’il y a un problème qui vient de la CAF. J’ai pensé qu’ils étaient en retard, c’est déjà arrivé. »

Faten assure ne pas avoir reçu de proposition d’accompagnement par une assistante sociale de la part de son bailleur. En revanche, elle raconte avoir reçu un coup de fil menaçant de Grand Lyon Habitat :

« Ils ne m’ont pas demandé pourquoi je ne payais pas, ils ne m’ont pas proposé d’aide, ils ont dit “il va falloir nous rendre les clés si vous ne pouvez pas payer.” »

Faten, en procédure d'expulsion, souffre deu syndrôme du canal Carpien ©LS/Rue89Lyon
Faten, en procédure d’expulsion, souffre du syndrome du canal carpienPhoto : LS/Rue89Lyon

Faten, habitante de la Duchère : « Je ne peux pas me retrouver à la rue avec mes trois enfants »

Faten reçoit trois lettres de rappel de Grand Lyon Habitat. Toujours incapable de rembourser tout ce qu’elle doit, elle envoie « chaque mois » ce qu’elle peut. Sa dette est alors de 522,85 euros.

Le 14 janvier 2021, le couperet tombe. Elle reçoit un courrier recommandé d’un huissier : “Assignation en paiement et résiliation de bail devant le juge des contentieux de la protection” que nous avons pu consulter. En clair, Faten doit se présenter devant un juge dans le cadre d’une procédure d’expulsion.

expulsion Grand Lyon Habitat Duchère
Lettre de l’huissier reçue par Faten

« Je me suis dit que ce n’était pas possible, que je devais rêver. Je ne peux pas me retrouver à la rue avec mes trois enfants. À ce moment-là j’ai très peur. »

Elle ajoute :

« 500 euros c’est beaucoup pour moi, mais pas pour eux. C’est un bailleur social, ils sont censés nous accompagner, mais non. À Grand Lyon Habitat, 500 euros d’impayés et c’est une procédure d’expulsion ! »

Faten a honte de parler, de faire connaître sa situation.

« Je n’en dormais pas la nuit, je ne savais pas quoi faire. »

La mère célibataire comprend aussi que c’est pour ça qu’elle ne touche aucune des aides qui lui permettent habituellement de vivre. Elle appelle la CAF qui se désole de ne pas pouvoir l’aider, mais qui lui explique ne pas être autorisé à continuer à lui verser d’argent. Faten se retrouve donc sans revenus.

« Ça n’a pas été des mois faciles, en plus, évidemment, ma dette a empiré. C’était la descente aux enfers. »

À propos de Grand Lyon Habitat : « ils n’ont qu’une hâte, me virer »

Elle ressent un profond sentiment d’injustice :

« Je n’ai pas eu d’eau chaude pendant six mois, j’ai dû payer du chauffage électrique et des mètres cubes d’eau en plus à cause de l’appartement qui était dans un très mauvais état. Ça fait dix ans que je vis dans des conditions vraiment terribles. Je rencontre un problème pour la première fois et Grand Lyon Habitat n’a qu’une hâte, me virer. »

Le montant de sa dette ne lui semble pourtant pas mirobolant. En sus, elle découvre qu’elle va devoir payer les frais de la procédure en justice. Elle n’en revient pas :

« Les frais de procédure s’élèvent à 123,95 euros… ça rajoute une somme à ma dette quand même. »

Faten ignore comment se sortir de cette situation. Elle se confie à Jean-Pierre Ottaviani (président de la Confédération Syndicale des Familles (CSF) de Lyon qui accompagne notamment les familles de la Duchère.

Le militant associatif l’aide à préparer sa comparution devant la juge et l’oriente vers deux structures d’aide : le Centre Social de la Sauvegarde ainsi que la Maison de la Métropole. Elle rencontre plusieurs assistantes sociales.

« On a obtenu que Grand Lyon Habitat me rembourse 500 euros sur ma facture d’eau. »

Avec une assistante sociale, Faten convient d’un plan d’apurement de sa dette à hauteur de 75 euros par mois jusqu’à ce que celle-ci soit résorbée.

Duchère Sauvergarde rénovation urbaine
En mars 2021, de nouvelles fenêtres attendent d’être posées à la Duchère, dans le secteur de la SauvegardePhoto : LS/Rue89Lyon

Une comparution express dans le cadre d’une procédure d’expulsion

Le 26 mars, à 10h30, elle se rend au tribunal judiciaire de Lyon. Elle entre dans la salle d’audience. Elle a imprimé sa défense en trois exemplaires : une feuille pour elle, une autre pour la juge et une dernière pour la représentante de Grand Lyon Habitat qui ne l’a prend pas.

« Elle avait l’air surprise qu’une personne comme moi ne soit pas venue les mains dans les poches. De toute façon, elle n’a fait qu’une chose : répéter que je ne payais pas mon loyer. »

D’après Faten :

« La juge a parcouru les feuillets rapidement, elle a eu l’air étonnée, peut-être par le montant ? »

En effet, la mère célibataire a comparu après des personnes qui se trouvaient dans des situations d’endettement plus préoccupantes.

« La personne qui est passée avant moi devait 10 000 euros. »

La séance dure moins de cinq minutes. La juge convoque Faten à revenir fin mai, en lui accordant des « délais de paiements suspensifs de la clause résolutoire ». Autrement dit, tant que Faten respecte le plan d’apurement, elle peut rester dans les lieux et son bail n’est pas résilié.

Elle se dit « abasourdie » par le caractère expéditif de son audience avec la juge :

« Je me suis rongé les sangs, je n’ai plus touché aucune des aides qui m’aident à vivre, je n’en dormais pas la nuit. En trois minutes la juge a expédié mon dossier. Étrangement, ça m’a frustrée. »

Faten est en procédure d'expulsion, dans son petit appartement de la Duchère, les soirées sont longues. ©LS/Rue89Lyon
Faten est en procédure d’expulsion, dans son petit appartement de la Duchère, les soirées sont longues.Photo : LS/Rue89Lyon

« À cause de la procédure d’expulsion, ma dette a doublé »

Au fond, Faten s’avoue très soulagée, même si pour l’instant, elle n’est pas encore sortie d’affaire :

« Ma dette a doublé, et je dois encore beaucoup d’argent à Eau du Grand Lyon. »

Aujourd’hui, la mère célibataire a retrouvé une par une ses aides sociales de la CAF et elle a pu toucher celles qui ne lui ont pas été versées les mois précédents. Elle garde quand même un sentiment de rancœur contre Grand Lyon Habitat :

« C’est un bailleur social de Lyon qui n’a rien de social. Ils savent que je suis une femme seule, avec trois enfants à charge et sans revenus. Ils voulaient me virer et ils pensaient que je ne me défendrai pas. »

Faten est meurtrie par ces mois d’angoisse. Pour elle, les conditions de vie dans son logement et cette procédure d’expulsion qu’elle juge « asphyxiante » témoignent du mépris de Grand Lyon Habitat pour ses locataires :

« Pour eux, on n’est rien. On ne vaut rien. »

« L’objectif de Grand Lyon Habitat n’est pas l’expulsion »

Grand Lyon Habitat a refusé de répondre aux questions de Rue89Lyon sur le cas précis de Faten. En revanche la direction du bailleur nous ont détaillé par mail la procédure “habituelle” :

« Une première lettre de relance est adressée au locataire, dès qu’un retard de 10 jours est constaté dans le paiement du loyer […] Une deuxième lettre de relance est adressée 15 jours plus tard (ou un SMS) avec transmission des mêmes coordonnées du gestionnaire des recouvrements. »

Les services de Grand Lyon Habitat assurent proposer à leurs locataires un accompagnement social avant de lancer la moindre procédure d’expulsion, notamment pendant la “phase amiable” qui peut durer plusieurs mois :

« Les gestionnaires de recouvrement de Grand Lyon Habitat ont à leur disposition tout un panel d’outils qu’ils choisissent et utilisent en fonction de l’avancée du dossier : mail, téléphone, décompte, courrier, avis avant huissier, passage à domicile (hors période COVID), plan d’apurement (si reprise de règlements, mêmes partiels). »

Et d’ajouter :

« Le relais peut être passé à un conseiller social de Grand Lyon Habitat pour travailler plus en profondeur des questions d’ouvertures de droits sociaux, d’analyse budgétaire, de sollicitations d’aides financières. »

La procédure d’expulsion serait le dernier recours et non pas « l’objectif » de Grand Lyon Habitat :

« Si rien ne fonctionne, le dossier est transmis au service contentieux pour engagement d’une procédure d’expulsion. »

Faten assure pourtant que son bailleur ne lui a pas proposé d’aide. Elle affirme qu’elle a été trouver par elle-même des assistantes sociales avec lesquelles elle a monté le plan d’apurement de sa dette.

Quant à Jean-Pierre Ottaviani (président de la Confédération Syndicale des Familles (CSF) de Lyon, et conseiller d’arrondissement (PCF) du 9ème, il considère que Grand Lyon Habitat s’illustre par son manque de considération à l’égard des locataires. Il cite les conditions de logement à la Sauvegarde et dans un autre quartier du 9ème. Il pointe également les procédures d’expulsions locatives :

« Grand Lyon Habitat lance des procédures d’expulsions contre des femmes seules avec enfants pour des montants dérisoires ».

Au Sucre à Lyon : « Il y a un rôle énorme à jouer d’éducation à la fête »

Au Sucre à Lyon : « Il y a un rôle énorme à jouer d’éducation à la fête »

[Série 3/4] Les boîtes, les clubs et autres dancings sont fermés depuis un an. La nuit lyonnaise est éteinte et on n’entend plus guère parler de ces lieux de sociabilité, de musique et de fête. On a rencontré quelques uns de ces patrons et gérants de boîtes de nuit pour faire le point sur le moral, les finances, l’avenir… Ici, Cédric Dujardin et Pierre Zeimet, respectivement directeur et programmateur du Sucre à Lyon.

Le Sucre est le nom de la boîte perchée car située en rooftop, au dessus de la Sucrière, à Confluence (2e arrondissement de Lyon). L’établissement qui peut accueillir jusqu’à 600 personnes s’est rapidement fait une solide réputation avec une programmation éclectique (plus souvent électro) et des soirées éditorialisées, présentées comme inclusives, comme par exemple la fameuse “Garçon sauvage” et ses drag queens en guest stars.

Cédric Dujardin en est le directeur depuis 2013. Lors de notre rencontre, il est accompagné de Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et en partie de Nuits Sonores, le festival lyonnais de musiques électroniques et indépendantes qui doit se tenir en juillet prochain.

Pour Cédric Dujardin, le fait que le Sucre soit une structure appartenant à un ensemble plus vaste, les a aidés à traverser la crise :

« On a la chance d’être un gros groupe, on a une structure administrative assez forte. On a rapidement pu suivre les annonces quotidiennes. On a mis en place une cellule de veille des aides et on a fait un PGE [prêt garanti par l’Etat, ndlr] et instauré le chômage partiel. »

Pour lui, il n’était pas question d’immobiliser brutalement toute la machine :

« On a gardé du travail pour l’équipe administrative. On a aussi continué à faire travailler les équipes de communication, pour entretenir le lien avec le public et effectuer le remboursement des places. »

« C’est une grande fierté de n’avoir licencié personne »

Les semaines étaient épuisantes :

« Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie. Culture Next c’est 41 personnes. Elles me demandaient : ‘qu’est-ce qu’on va faire?’. C’est une grande fierté de n’avoir licencié personne. »

Cédric Dujardin, directeur du Sucre

L’argent ne rentre plus dans les caisses du Sucre, mais il continue de sortir :

« Très vite, on a bloqué les charges. On a dit à notre bailleur qu’on ne pouvait pas payer notre loyer, et on a essayé de stopper nos dépenses. Les dépenses fixes n’ont jamais été prises en charge par l’Etat. On a eu l’espoir avec les assurances, mais c’est une grosse bataille qu’on n’a pas gagnée. La pandémie n’est pas considérée comme un cas de force majeure. »

Cédric Dujardin, directeur du Sucre

Pour Cédric Dujardin, la fuite de capitaux est énorme :

« On a eu 98% de pertes. Nos leviers financiers, c’est notre billetterie, notre deuxième ressource c’est le bar, la troisième c’est la privatisation du lieu, la quatrième ce sont les partenariats. Tout ça a dû être mis à l’arrêt. »

Il détaille :

« Les charges fixes de la structure sont aux alentours de 25 000 euros par semaine. On a eu un petit peu d’argent qui est rentré du fait du décalage de certains paiements mais on a quand même dû faire un prêt très important. On est en cours de négociation sur les loyers, l’Etat a proposé une défiscalisation si nos propriétaires font don des loyers. »

Cédric Dujardin, directeur du Sucre
Sucre lyon boite nuite
Pierre Zeimet à gauche, Cédric Dujardin à droite, sur le rooftop du Sucre.Photo : LS/Rue89Lyon

« On est sous perfusion, après on sera en rééducation »

Le Sucre a reçu des aides financières, mais le gouffre est profond :

« On a reçu quelques fonds de soutien, les premières subventions de la structure depuis ses débuts. Honnêtement, il s’agit surtout d’une multitude de petites sommes qui ne sont pas déterminantes dans la survie de l’entreprise. »

Cédric Dujardin, directeur du Sucre

Ce qui permet au Sucre d’espérer des jours meilleurs c’est surtout le fonds de soutien de l’Etat, le chômage partiel et le PGE.

« On est sous perfusion, après on sera en rééducation, et ça mettra du temps. La structure s’est endettée. Il va falloir être vigilant à la reprise et rembourser les prêts. La gestion devra être au cordeau et si on n’arrive pas à négocier les loyers il faudra les payer. »

Cédric Dujardin, directeur du Sucre
Sucre Lyon boite nuit
Le Sucre, vidé de ses visiteurs et de toute fête depuis un anPhoto : LS/Rue89Lyon

Cédric Dujardin a eu des doutes sur la survie du Sucre mais n’a jamais perdu espoir :

« J’étais assez confiant sur notre capacité à rebondir. C’est le chômage partiel qui m’a rassuré tout de suite. Du barman au technicien tout le monde a pu le toucher, mais parce que tout le monde est en CDI : il n’y a aucun contrat précaire chez moi. »

C’est pour ses artistes qu’il s’inquiète :

« La grosse difficulté pour nous c’est les artistes. Pour tous ceux qui avaient le statut d’intermittent ça a été, mais pour les autres… »

« Ne pas déclarer les DJs, c’est ne pas leur permettre l’intermittence »

Cédric Dujardin pointe un doigt accusateur sur les structures qui n’embauchent pas les artistes, qui les payent sans déclaration en somme :

« Ici on embauche les artistes, alors que beaucoup de clubs ne font pas de cachets. Travailler de manière non déclarée, c’est ne pas leur permettre l’intermittence. »

Pour le gestionnaire ce n’est pas maintenant que les boîtes vont fermer massivement :

« Le prêt est garanti par l’Etat va demander les remboursements au moment où on va rouvrir. C’est là que des établissements vont sans doute fermer. Il va falloir qu’on soit très vite « sold out » [complet] sur nos soirées. On aura beaucoup moins le droit à l’erreur. »

Pierre Zeimet qui accompagne Cédric Dujardin travaille pour Arty Farty et programme les artistes et DJs du Sucre. Le confinement de mars 2020 l’a abasourdi :

« Psychologiquement ça a été très difficile au début, surtout dans la première période qui consistait à annuler presque un an de travail : le festival Nuits Sonores et huit mois de programmation au Sucre. »

Le quotidien est alors difficile pour le jeune programmateur :

« C’était un gros choc de devoir contacter les agents de chaque artiste. On a tout reprogrammé une première fois pour quelques mois après. Tout ce qu’on a reprogrammé a dû être annulé à nouveau. »

Mangabey, Pamela Badjogo, Obi, Labat en résidence au Sucre

Après la seconde vague d’annulation, Pierre Zeimet ne reprogramme plus. Il attend :

« Ça a été une grosse période de vide. Il a alors fallu assumer qu’il fallait attendre, que notre métier était en pause à durée indéterminée. Pour certains on a eu du mal. »

Le Sucre a donc imaginé une autre continuité à la structure, en organisant sept concerts virtuels :

« On s’est inspiré de ce qui avait été fait en Chine. Dans un premier temps, l’idée était de réaliser ça avec des artistes locaux. On rémunérait les techniciens mais pas les artistes. »

Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et des Nuits Sonores

Au bout de quelques temps, l’offre de concerts en ligne est trop importante. Qui plus est, le public se lasse. Le Sucre met alors son espace et son matériel de pointe à disposition des artistes qui souhaitent en profiter. Chaque résidence dure en général une semaine : Mangabey, Pamela Badjogo, Obi, Labat défilent derrière les portes du Sucre.

La nuit militante ou les cours de mix pour femmes

La structure décide aussi de jouer un rôle actif dans la féminisation des DJs :

« On est globalement mauvais. Il y a très peu de femmes qui produisent et qui font de la musique électronique, il s’agit d’un milieu très difficile d’accès pour une femme. »

Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et des Nuits Sonores

Alors, le Sucre offre des cours de mix aux femmes ainsi qu’à toutes les personnes qui se sentent marginalisées dans la musique.

« Tous les samedis, on reçoit des participantes. Les cours sont gratuits. Ce n’est pas une initiation, c’est un accompagnement, il y a quatre cours offerts par participante. »

Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et des Nuits Sonores
Sucre Lyon boite nuit
Un cours de mix pour les femmes, un samedi au Sucre.Photo : ArtyFarty

Ce sont des DJs locaux qui tiennent les rôles des professeurs : Bernadette, Mush, Pedro Bertho…

« On doit essayer de casser ce plafond de verre ; aller chercher des gens qu’on connaît par la main. On a voulu que des filles de notre équipe s’y essayent. Monter notre communauté de DJs et leur donner du pouvoir, pour les programmer sur le Sucre ou à Nuits Sonores. »

Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et des Nuits Sonores

« On ne veut pas rouvrir à tout prix »

Le Sucre a été violemment touché par la crise, pourtant, Pierre Zeimet et Cédric Dujardin ne courrent pas après la réouverture. Ils s’inquiètent beaucoup des conditions de reprise, qu’ils imaginent déjà décidées à l’emporte-pièce. En vue de celle-ci, les deux hommes appréhendent ce que va impliquer leur statut de boîte de nuit, alors qu’ils considèrent être plus proches des salles de concerts :

« Pour rouvrir les boîtes, l’UMIH [UMIH – Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, le syndicat des restaurants et des boîtes de nuit] a proposé que les boîtes rouvrent et que chacun se mette dans son carré VIP. Nous, on ne peut pas être ça, ce n’est pas du tout notre esprit. »

Cédric Dujardin, directeur du Sucre

Il ajoute :

« On ne veut pas rouvrir à tout prix, on veut ouvrir dans de bonnes conditions. Je préfère qu’on soit fermés plutôt qu’on perde ce qui fait l’intérêt de notre structure. »

Cette réflexion amorcée simultanément par plusieurs boîtes de nuit en France a soufflé un vent nouveau sur le monde de la nuit. Pour Pierre Zeimet, il est devenu primordial de faire reconnaître la dimension culturelle de certaines discothèques :

« Au Sucre, on passe majoritairement des artistes locaux. On présente aussi beaucoup d’artistes internationaux du fait des conditions adéquates en termes de son et d’accueil. L’équipe a à cœur de défendre des esthétiques musicales variées. »

Les platines Sucre boite nuit
Les platines du SucrePhoto : LS/Rue89Lyon

Dans une démarche militante, le Sucre a intégré un projet national qui regroupe une trentaine de boîtes :

« On a appelé ça “Culture Club”, pour l’instant on en a seulement discuté par visioconférences. On aimerait revendiquer la dimension culturelle de nos soirées. »

Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et des Nuits Sonores

Au Sucre à Lyon, « on cadre la fête »

Pierre Zeimet explique que les travailleurs du Sucre se sont sentis méprisés par les décideurs, que le Covid a été un révélateur de ce qu’ils ont interprété comme du dédain :

« Les clubs sont souvent et malheureusement considérés comme des lieux de fête, de tourisme, plus que comme des lieux de culture. »

Dans le collectif “Culture Club” se trouvent notamment le Warehouse de Nantes ou le Kalt à Strasbourg :

« Nous revendiquons tous à peu près la même chose : On fait venir nos artistes, donc on fait aussi venir de la culture dans la ville. Il faut une reconnaissance juridique de l’aspect culturel de certaines boîtes de nuit. Aujourd’hui on n’est pas subventionnés, pourtant on joue le même rôle que Le Transbordeur [Salle de concert située à Villeurbanne]. »

Pierre Zeimet, programmateur du Sucre et des Nuits Sonores

Pierre Zeimet ajoute que le Sucre et les établissements comparables, « amis, remplissent d’autres fonctions nécessaires à l’épanouissement de la jeunesse : 

« Il y a un rôle énorme d’éducation à jouer auprès de la jeunesse par exemple, d’éducation culturelle mais aussi d’éducation à la fête. »

Pierre Zeimet, devant les loges du Sucre. ©LS/Rue89Lyon
Pierre Zeimet, devant les loges du Sucre.Photo : LS/Rue89Lyon

L’ »éducation à la fête » ? Pour le programmateur, il s’agit de poser un regard bienveillant mais attentif sur public qui se rend au Sucre. Cédric Dujardin complète :

« On a une charte très claire sur ce qui est acceptable ou non dans notre établissement, notamment les excès mais aussi le sexisme, l’homophobie, la transphobie… On cadre la fête. »

#Boîte de nuit

TER à Lyon et dans la région : le bilan de Laurent Wauquiez en 10 points

TER à Lyon et dans la région : le bilan de Laurent Wauquiez en 10 points

Laurent Wauquiez a-t-il été un bon chef de gare ? Candidat à sa propre succession à la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le président multiplie les annonces pour se présenter comme un champion du TER à Lyon et dans la région. Rue89Lyon s’est replongé dans les six ans de mandat. Retour en chiffres et en batailles politiques.

« C’est bien une organisation digne de la SNCF ! » Le 22 mars, lors d’un point presse en visio consacré au nœud ferroviaire lyonnais (rebaptisé Étoile ferroviaire), Laurent Wauquiez s’est permis une petite attaque, en marge de sa prise de parole. Une humeur révélatrice de l’attitude le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes vis-à-vis de la SNCF.

À la veille des élections régionales prévues en juin, beaucoup d’opposants dénoncent un mandat « raté » sur le sujet.

Malgré les annonces de la Région notamment sur la commande de trains à l’hydrogène, ou sur des études lancées pour sauver les petites lignes, les associations d’usagers font la moue.

En réponse, Martine Guibert (LR), vice-présidente en charge des Transports, des aménagement du territoire et infrastructures met en avant les investissements consentis par la Région sur des domaines où elle n’est pas nécessairement compétente. Pouvait-elle faire plus pour un réseau sur lequel se réalisent 200 000 voyages chaque jour ? Son opposition répond un « oui » catégorique.

Dans ce dossier complexe où les compétences de la Région se croisent avec celles de l’État, voici un bilan ferroviaire de Laurent Wauquiez en dix points.

Laurent Wauquiez TER Lyon et région
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne- Rhône-Alpes, en charge de la gestion des TER à Lyon et dans la région.Photo : MG/Rue89Lyon

1. Des trains supprimés sur plusieurs lignes TER de la région de Lyon

Pour les associations d’usagers autour de Lyon pas de doute : il manque des trains en gare.

Basé à Saint-Étienne, Nicolas Peyrard, administrateur de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports dans la région (FNAUT) constate cette réalité sur sa ligne : Lyon/Saint-Étienne. Selon lui, la circulation a baissé de 15% sur cette dernière. 

« C’est la suppression de trains qui faisaient le Puy-en-Velay/Saint-Étienne et Saint-Étienne/Lyon », regrette-t-il. De même, la fin des « petits Givors », ces trains qui permettaient de faire Lyon/Givors toutes les demi-heures en période de pointe (en desservant Pierre-Bénite, Irigny, etc.) est soulignée.

Dans sa liste, l’administrateur de la FNAUT constate aussi des difficultés liées au renouvellement du matériel roulant sur plusieurs lignes. Les lignes Tarare/Roanne, Vienne/Valence, Lyon/Villefranche ou encore Lyon/Bourg-en-Bresse sont concernées. Sur cette ligne et celle d’Ambérieu, les usagers ont régulièrement dénoncé les problèmes connus aux heures de fortes influences. La suppression de certains trains ou la mise en place de plus petites rames entraine régulièrement des perturbations.

Même constat pour Patrice Belvegue, de l’ADUT (association dauphinoise des usagers du train). Les travaux menés par la SNCF en gare de Lyon Part-Dieu ont eu un impact (trop) important sur la ligne en « Y » Lyon/Grenoble/Chambéry. Des bus ont remplacé des trains entre Lyon et Saint-André-le-Gaz, à la jonction de cette ligne. Si la décision a été prise par la SNCF, la Région a laissé faire.

« On devrait avoir un retour à la normal en 2021, concède-t-il. Mais on n’était pas censé tant ressentir l’impact des travaux. » 

« Nous regrettons de ne toujours pas être dans une logique de RER, note Nicolas Peyrard, de la FNAUT. Nous sommes toujours en attente. »

Si certains problèmes, notamment liés au cadencement (lire par ailleurs), ne sont pas nouveau, les usagers ont le sentiment d’avoir été des victimes collatérales « d’économies d’exploitation ».

Interrogée sur ce sujet, Martine Guibert (LR) s’agace. Sur la ligne Lyon/Saint-Étienne, elle annonce le retour d’un train allez-retour pour 2021. Elle rappelle également les difficultés connues par le réseau notamment du fait des travaux en gare Part-Dieu (lire par ailleurs). Côté « petits Givors », elle justifie cette décision par des raisons techniques, ces derniers « encombrant » le réseau. Une contre-vérité totale pour l’opposition au conseil régional (lire par ailleurs).

2. Un manque d’investissements dans le train ?

Face aux accusations de baisse des moyens sur le rail lancées par l’opposition, la VP Martine Guibert sort les chiffres. Rapidement, elle évoque les 52 millions dédiés à l’hydrogène, les 130 millions mis dans le nœud ferroviaire lyonnais et le renouvellement du matériel, compétence forte de la Région. En 2019 et 2020, des investissements de 315 millions et 176 millions ont été consentis sur ce sujet.

À cela s’ajoute les investissements prévus dans le plan de relance. En octobre et janvier, la Région a signé deux pactes ferroviaires de 280 et 380 millions d’euros avec l’État, sur les deux prochaines années. Dans le plan voté à Clermont-Ferrand, 130 millions sont prévus pour sauver des petites lignes (Aurillac/Brive, Aurillac/Arvant, et Clermont-Ferrand/Thiers notamment).

« En gros, c’est 1,2 milliards d’investissement ces cinq dernières années, et un milliard à venir », résume Martine Guibert, sans détailler entièrement ces chiffres. Pour l’heure, La Région va mettre la moitié de la somme nécessaire au plan de relance (le reste revenant à l’État). Dans ce cadre, elle doit aussi mettre 100 millions d’euros dans des alternatives (notamment ferroviaires) à l’A45.

En face, l’opposition s’étouffe. « Pardon, mais d’où ils sortent ces chiffres ? », s’étrangle Jean-Charles Kohlhaas (EELV). « Franchement, si on arrive à 500 millions d’investissement sur ce mandat, c’est le bout du monde », peste-t-il. Conseiller régional d’opposition jusqu’à l’été 2020, le vice-président de la Métropole de Lyon estime que la Région a fait des économies sur ce mandat. Pas des investissements.

Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine ©HH/Rue89Lyon
Jean-Charles Kohlhaas (EELV), conseiller régionale et 5ème vice-président de la Métropole de Lyon, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbainePhoto : HH/Rue89Lyon

L’ancienne tête de liste écolo pour la Région évite d’abord de faire la morale. « On n’a pas non plus été très bon sur le deuxième mandat de Jean-Jack Queyranne (PS) », glisse-t-il. Il reconnaît également la difficulté de la tâche : « Il y a beaucoup d’investissements à faire notamment en Auvergne que ni la SNCF, ni l’État, ne veulent faire », remarque-t-il.

Cependant, pour lui, Laurent Wauquiez a choisi la route plutôt que le train. Conséquence : mis à part le projet de Léman Express (lire ci-dessous), on ne note pas de projets phares depuis 2015. En comparaison, les mandats de Jean-Jack Queyranne (PS) avaient vu la mise en place du tram-train de l’Ouest lyonnais, du cadencement, ou encore des travaux de la ligne du sillon alpin réalisés sous les deux mandats de l’ancienne exécutif.

Pour étayer son propos, l’élu fait référence à la convention TER signée entre la SNCF et la Région. En son temps, les négociations au forceps entre Laurent Wauquiez et la SNCF avaient retardé la signature de cet accord de fonctionnement. L’action du président de Région avait même été saluée par son principal opposant, Jean-François Debat (PS). En cause, notamment, les demandes toujours plus importantes de la SNCF. Inflation, vieillissement du matériel… L’entreprise augmentait chaque année ses exigences financières sur ce sujet (lire ci-dessous). Dans ce bras de fer, la Région n’a pas cédé, certes. « Sauf que, pour rentrer dans ses frais, la SNCF a dû baisser son niveau de service », analyse Jean-Charles Kohlhaas. 

3. Le choix d’investir dans la route

À l’heure du bilan, un léger retour au début du mandat s’impose. Pour le faire, Rue89Lyon s’est procuré un avenant au contrat de plan entre l’État et la Région (CPER), signé par Laurent Wauquiez. Dans celui-ci, l’importance de la route est mise en avant, par rapport au train.

Conscient (en 2016) des difficultés connues par les petites lignes, l’exécutif régional avait décidé d’ajouter 25 millions d’euros pour sauvegarder ces dernières. 85 millions avaient également été fléchés pour augmenter la sécurité des TER, promesse de campagne de Laurent Wauquiez. 1,5 million était investi dans des études.

Un bon point ferroviaire, certes, mais bien loin des 154 millions d’euros investis en plus par la Région sur le volet routier (contre un apport de 15 millions de l’Etat). 

« Quand vous mettez 226 millions d’euros sur des routes, un domaine qui ne relève pas de vos compétences, c’est de l’argent que vous ne mettez pas ailleurs, avait argué à Rue89Lyon Fabienne Grébert (EELV), tête de liste des écologistes aux élections régionales. Et après, il clame que la Région sera décarbonée en 2050… »

Dans la ligne de mire de la candidate : les travaux de la Région sur la RN 88. Les investissements prévus dans le CPER ont augmenté pour le doublement de cette route à Yssingeaux (qui passe en 2×2 voies) et pour la déviation de Saint-Hostien/Le Pertuis. Si Fabienne Grébert s’embrouille légèrement dans les chiffres (lire par ailleurs), il s’agit en vérité de 234 millions d’euros que la Région investit dans ce projet, sur un total de 263 millions.

Idem, le projet d’A45, qui ne verra jamais le jour, irrite les opposants. « Ils se sont arc-boutés sur ce sujet », s’agace un proche de l’opposition PS. En 2016, le président de Région avait promis de mettre 140 millions d’euros sur cette infrastructure. Un pari politique raté qui a fait perdre du temps sur d’autres projets pour ses opposants.

Interrogée sur le sujet des investissements routiers, Martine Guibert (LR) sort vite de ses gonds : 

« Derrière ce projet de route [RN88], il y a un objectif de désenclavement et de sécurité. Nous ne sommes pas sur la même échelle en terme de dépenses ! »  

En toile de fond, elle rappelle la démarche : montrer que la Région est capable de prendre plus de compétences. De plus, elle note un lissage de l’investissement sur la RN 88 sur huit ans. Pour elle, ces investissements sont minimes par rapport aux 550 millions d’euros mis chaque année dans le fonctionnement des TER. Pour l’opposition, l’investissement routier est déjà de trop.

4. Un travail sur les technicentres

Côté positif, la FNAUT souligne un travail sur les aspects techniques importants. Selon la fédération d’associations d’usagers, le chantier pour décentraliser les technicentres mené par la Région avec la SNCF a avancé sous ce mandat. 

« Des projets ont été lancés à Grenoble et Saint-Étienne, complète Nicolas Peyrard. La centralisation à Lyon [à Vaise et Vénissieux, ndlr] créait des difficultés. » 

Trop petits, les locaux lyonnais avaient du mal à accueillir l’ensemble des trains. Résultat, des équipes de nuit ont dû être mises en place pour gérer ces problèmes de maintenance, relève la FNAUT.

« Peu visible pour l’électorat », selon la fédération d’associations, cette mesure permet de renouveler plus rapidement les trains et d’améliorer leur circulation.

5. La ponctualité : la « victoire » de Laurent Wauquiez ?

Ce travail doit aussi permettre une meilleure ponctualité des trains. Un axe sur lequel Laurent Wauquiez aime appuyer. En début de mandat, lors des négociations avec la SNCF pour établir une nouvelle convention, il avait instauré un système de pénalités pour sanctionner la SNCF pour les TER en retard.

Mi-mars, il indiquait que la ponctualité des trains était passée de 78% en 2018 à 86% en 2020 en gare de la Part-Dieu grâce, notamment, aux travaux menés sur l’Étoile ferroviaire lyonnaise (82% à 88% pour Perrache) et financé en partie par la Région.

Pour rappel, la « ponctualité » des trains faisait parti des axes forts de la précédente campagne régionale menée par Laurent Wauquiez.

« Et il va principalement appuyer la dessus pour la campagne, constate-t-on dans l’entourage de l’opposition socialiste. Sauf que c’est facile d’être plus ponctuel, quand on supprime des trains. »

À la FNAUT, on fait un constat similaire. Une amélioration de la ponctualité est constatée :

« Mais difficile de faire un état des lieux alors que des trains sont supprimés du fait des travaux en garde de la Part-Dieu ».

Selon l’association d’usagers, la ponctualité des trains « au départ de la gare » s’est améliorée. Elle ne dispose cependant pas de données sur les trains « à l’arrivée ».

6. Suspensions de petites lignes : un point noir

Par contre, les suspensions ou fermetures de « petites lignes » sous l’ère Laurent Wauquiez (LR) sont, elles, bien visibles.

trains lyon TER région Auvergne-Rhône-Alpes
Les trains à l’arrêt pour cause de confinement au technicentre de Lyon-GerlandPhoto : LB/Rue89Lyon

Ces six dernières années, les lignes voyageurs Oyonnax/Saint-Claude, Volvic/Mont-Dore et Saint-Etienne/Clermont ont été suspendues.

Concernant la première ligne, Martine Guibert indique que cette décision a été prise en concertation avec les élus locaux. « Si on n’avait rien fait, ce ne sont pas trois lignes qui auraient été suspendues, mais une trentaine », estime-t-elle.

« Laurent Wauquiez n’a pas toutes les cartes en main, concède Nicolas Peyrard de la FNAUT. Sur les infrastructures, l’État est compétent. Mais la Région peut faire pression sur celui-ci. » 

Il prend l’exemple de la Région Occitanie qui a travaillé pour réouvrir la ligne sur la rive droite du Rhône entre Nîmes et Pont-Saint-Esprit aux voyageurs. Les données chiffrées sur le sujet sont difficilement accessibles, selon elle.

7. Des études « pré-électorales » bienvenues sur les lignes TER

Espérée, la réouverture de la rive droite permettrait de ramener des trains en Ardèche, seul département de France à ne pas plus voir circuler de voyageurs. Pour l’heure, les seuls wagons à circuler sont destinés au fret. Sur ce sujet, la Région a annoncé le lancement d’une étude en janvier 2020. Une avancée alors que Condrieu n’a pas vu passer de trains voyageurs depuis 1973.

Contente de l’intérêt témoigné à ce sujet, la FNAUT aimerait voir celle-ci se concrétiser. D’autant que des trains devraient passer près de Montélimar. Les trains de la Région Occitanie rejoignant Pont-Saint-Esprit vont devoir aller jusqu’au Teil pour se retourner et repartir vers Nîmes. Pourquoi ne pas les remplir de voyageurs ? Pour l’instant, ces derniers devraient reprendre la route du sud à vide.

Autre bon point : les études pour le tram-train entre Givors et Brignais, annoncées en octobre 2020. De son siège de vice-président de la Métropole de Lyon, Jean-Charles Kohlhaas (EELV) apprécie la nouvelle même si, selon lui, « ces études ont déjà été faites. » Enfin, le président LR s’est voulu « offensif » annonçant une étude technique de 300 000 euros pour la ligne Thiers/Boën entre le Puy-de-Dômes et la Loire, il y a deux mois. 

Bref, il y a du mieux même si, côté opposition, on dénonce la proximité de ces études avec l’échéance électorale. Qu’est-ce qu’attendait le président de région pour les lancer ? « On a perdu un mandat », soupire-t-on du côté des écologistes. Lancées à un an du scrutin, ces études ressemblent plus à de l’opportunisme électoral qu’autre chose, pour ces derniers.

« Le sujet, c’est répondre à un besoin. Pas à une échéance électorale », s’énerve Martine Guibert (LR).

Dans un entretien au Progrès, Laurent Wauquiez a ainsi souligné « l’ouverture » de la portion Monbrison/Boën (sur la ligne Lyon/Clermont-Ferrand). Une ouverture qui est en réalité une « réouverture », la ligne Lyon/Clermont ayant été fermée en 2016.

Qu’importe, côté association, on veut y croire. 

« On ne va pas cracher dans la soupe, abonde de son côté Nicolas Peyrard de la FNAUT. C’est plus que bon à prendre. » 

De même, le plan de relance, signé avec le Premier ministre Jean Castex (LR) à Clermont-Ferrand, puis Lyon, va permettre de préserver plusieurs petites lignes dites « capillaires fret ». Des accords ont ainsi été trouvés pour sauver les lignes Saint-Pierre-d’Albigny/Bourg-Saint-Maurice et Ambérieu-Lagnieu notamment.

En Rhône-Alpes, la ligne la Brevenne/Courzieu devrait cependant rester à l’arrêt. La Région s’était engagé à mettre 5 millions d’euros pour cette ligne. Une promesse qui n’a pas suffit à entrainer l’État sur ce dossier.

8. Une réussite du mandat : le Léman express

Gros point positif du mandat pour la FNAUT : le succès de Léman Express. 

« Il permet d’avoir une offre de qualité qui arrive aux portes de Genève, abonde, Nicolas Peyrard, administrateur de la FNAUT. C’est un vrai succès. »

Inauguré en 2019, le « Lex » permet de desservir Genève et son agglomération transfrontalière avec six lignes. Il dessert 45 gares pour 230 kilomètres de voies. Côté Haute-Savoie, il permet de relier Genève à Evian-les-Bains, Annecy, Saint-Gervais-les-Bains-Le-Fayet et Annemasse. Dans l’Ain, la ville suisse est reliée au niveau de Bellegarde.

Côté FNAUT, on s’impatiente simplement de le voir fonctionner à pleine capacité, avec la fin de la crise du Covid-19.

« Un succès qui était sur le bureau de Jean-Jack Queyranne lors du mandat précédent », grince-t-on côté socialiste. 

Le début des travaux nécessaires à la liaison entre les gares de Cornavin, Genève et Annemasse remontent en effet à 2011. Difficile dans ce contexte de donner à Laurent Wauquiez la paternité du projet.

9. Malgré la loi LOM et NOTRE, la persistance d’une concurrence TER – car

Avec la mise en place de la loi NOTRE (nouvelle organisation territoriale de la République) en 2015 puis de la loi d’organisation des mobilités (LOM) en 2019, la Région a récupéré de nouvelles compétences dont les cars gérés par les conseils départementaux.

« On aurait imaginé une restructuration pour ne pas mettre ces moyens de transports en concurrence, commente Nicolas Peyrad de la FNAUT. Or, nous avons un problème d’homogénéisation des tarifs et de certaines voies en doublon. »

Entre Grenoble et Voiron, un car passe ainsi toutes les cinq minutes alors qu’un train fait le même chemin. Un doublon qu’on retrouve aussi entre Monbrison et Saint-Etienne, selon lui. Dans cette logique, le train, plus chère, est difficilement rentable. 

« Les associations demandent ça et, en même temps, veulent conserver le cabotage des cars », remarque Martine Guibert (LR).

Pour elle, un travail de fond est en cours pour délimiter les réels besoins des usagers. Sur ce sujet, la compétence a été transmise à la Région petit à petit (lire par ailleurs).

10. La fin des comités de ligne et des interrogations sur l’hydrogène

Mis en place sous le mandat de Jean-Jack Queyranne (PS), les comités de ligne ont pris fin avec Laurent Wauquiez. À la place, l’exécutif a instauré des comités autour de bassins de vie.

Avantage : les usagers peuvent observer les problématiques avec une focale plus large en prenant toutes les questions de mobilités d’un territoire (voiture, parkings relais, cars, trains, etc.).

Inconvénient : difficile de suivre correctement les dossiers, d’autant que la SNCF communique de moins en moins ses chiffres-clés (fréquentation des lignes notamment). Un constat qui recoupent les déclarations récurrentes de l’opposition, s’attaquant à la gouvernance « opaque » du président de Région.

« Ce que l’on faisait en 40 réunions de trois heures, on le fait en une seule réunion de trois heures, souffle Nicolas Peyrard. Trois heures pour parler des problématiques de 10 – 15 lignes, c’est peu. » 

Pour la Région, continuer sur cette voie n’était pas réaliste en terme de temps, et d’investissement. Sur ce point, la fusion des collectivités Auvergne et Rhône-Alpes a nécessairement amené des évolutions, selon elle.

En parallèle, le lancement d’un grand plan hydrogène étonne la FNAUT. « C’est un vrai pari, alors que le train est déjà un moyen moins émetteur de gaz à effet de serre », constate Nicolas Peyrard. 

Ce n’est pas nouveau : le président de Région affiche depuis plusieurs années son appétence pour cette nouvelle technologie. Cependant, alors que le réseau ferroviaire connaît des difficultés, cette décision peut laisser coi. « Et puis, ces trains ne vont pas rajouter du matériel. Ils vont servir à remplacer d’autres trains », s’inquiète l’administrateur de la FNAUT. Pas certain que cet investissement ne vienne au secours des usagers. Par contre, celui-ci contribue largement à l’objectif de Laurent Wauquiez de faire de sa Région une pionnière dans l’hydrogène.

#FNAUT

Chantal Gomez, candidate Lutte Ouvrière aux régionales comme en 2015

Chantal Gomez, candidate Lutte Ouvrière aux régionales comme en 2015

[Série] Chantal Gomez sera la candidate de Lutte Ouvrière aux élections régionales d’Auvergne-Rhône-Alpes. Comme en 2015. Avec le même slogan et programme : « faire entendre le camp des travailleurs ».

 

Le parcours de Chantal Gomez

Chantal Gomez a mené une carrière de dessinatrice technique. D’abord dans le secteur privé puis durant 30 ans à l’Équipement, comme elle le précisait lors de sa présentation aux élections européennes. Habitante d’Échirolles dans la banlieue de Grenoble (Isère), la candidate de Lutte Ouvrière milite au sein de la CGT dans le secteur du nettoyage.

Sous la bannière de Lutte Ouvrière, elle s’est récemment présentée aux élections européennes de 2009. C’est déjà elle qui était la candidate LO aux élections régionales de 2015 en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle avait recueilli 1,25% des suffrages exprimés au premier tour.

Les élections régionales comme tribune pour Chantal Gomez et Lutte Ouvrière

Chantal Gomez
Chantal Gomez, candidate Lutte Ouvrière aux élections régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes. Photo Raph38130, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Comme toujours aux élections locales et nationales, Lutte Ouvrière veut « faire entendre la voix des travailleurs ». Sans nécessairement proposer un programme pour la collectivité. Ces régionales ne dérogent pas à cette règle.

« Je n’ai pas un programme spécial pour la région. Moi, je veux surtout m’adresser aux travailleurs et travailleuses »

indique-t-elle à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes

Elle défendra donc, comme Nathalie Arthaud candidate du parti à la prochaine présidentielle de 2022, les métiers mis en première ligne dans la crise sanitaire actuelle. L’occasion pour Chantal Gomez et LO de dénoncer des coupes dans les budgets de certains services publics, notamment dans le domaine de la santé. Ou bien l’argent octroyé à des groupes privés.

Une crise sanitaire et économique qui montre à ses yeux la faillite d’une économie capitaliste. Face au chômage qui risque de continuer à s’aggraver dans le contexte actuel, il faut selon elle investir massivement dans les services publics. Notamment ceux où la Région est compétente comme les transports ou la formation. Et répartir plus largement le travail.

Programme de Chantal Gomez et de Lutte Ouvrière pour les régionales 2021

    Répartition du travail entre tous sans baisse des salaires pour lutter contre le chômage Augmentation des salaires, retraites et allocations indexée sur le coût de la vie Contrôle des entreprises par les travailleurs et travailleuses

Têtes de liste Lutte Ouvrière pour les régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes

    Ain : Vincent GoutagnyAllier : Jean-Marc CollotArdèche : Christophe MarchisioCantal : Claude DufourDrôme : Adèle KopffIsère : Chantal GomezLoire : Romain BrossardHaute-Loire : Franck TruchonPuy-de-Dôme : Marie SavreRhône : Chantal HellyMétropole de Lyon : Olivier MinouxSavoie : Marie DucruetHaute-Savoie : Naci Yildirim