La séance du conseil municipal de Lyon de ce 27 mai 2021 ne sera pas la plus passionnée de l’histoire politique locale. Peu de nouveaux sujets sur lesquels ont pu débattre les élu·es de la Ville de Lyon. L’opposition (centre et droite) au maire écologiste Grégory Doucet a donc remis le couvert, sur les rodéos ou des peurs de voir les finances de la Ville fondre comme neige au soleil.
L’opposition municipale, de droite ou plus précisément collombiste (issue du sérail de Gérard Collomb), commencerait-elle à donner dans la rengaine ? Lors de cette séance du conseil municipal, elle avait il est vrai peu de nouveaux points d’accroche. Alors, elle s’est quelque peu répétée sur les thèmes médiatisés ces dernières semaines.
Lors de la précédente séance en mars dernier, elle avait fait part de ses inquiétudes quant à la programmation pluriannuelle d’investissements de la majorité écologiste. Autrement dit, grosse crainte vis-à-vis du plan de mandat de la majorité de Grégory Doucet, maire EELV de Lyon. Ce jeudi a permis à pour l’opposition d’affirmer tout le mal qu’elle en pensait. Irréalisable, dangereux pour les finances de la Ville ou défaillant sur la sécurité notamment.
Pour l’opposition s’ouvre peut-être désormais une période transitoire. Après la présentation du plan de mandat et dans l’attente de son exécution, comment et sur quoi s’opposer ? Sur l’actualité par exemple. Et les rodéos notamment. Pierre Oliver, maire Les Républicains du 2e arrondissement de Lyon, a ainsi profité des questions des arrondissements pour remettre le sujet sur la table.
Sur la sécurité, « je vous repose les mêmes questions »
Pierre Oliver, tête de liste d’Etienne Blanc (LR) dans le 2e arrondissement de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon
Rien de nouveau, il le dit lui-même -« je vous repose les mêmes questions »- estimant n’avoir toujours pas reçu de réponse. Quelles sont-elles ? Comment la mairie compte-t-elle lutter contre la délinquance ? Où en sont les recrutements dans la police municipale ? Que compte faire la Ville de Lyon avec la vidéosurveillance ? Les réponses, le maire d’arrondissement les connaît mais elles sont autant de prétextes pour coincer la majorité écologistes sur la sécurité. Un point estimé faible. Et qui paye médiatiquement.
L’adjoint au maire en charge de la sécurité, Mohamed Chihi, a avancé des chiffres, comme le recrutement en cours de policiers municipaux (25 en 2021 à ce jour, portant les effectifs à 365 au total). Mais aussi « l’amplification de la vidéoverbalisation notamment sur la Presqu’île » pour laquelle il a d’ailleurs remercié la collaboration et le concours du maire du 2e arrondissement. Quant aux rodéos, la ligne de conduite est connue : pas d’interpellation lors des faits (ordre du ministère de l’Intérieur) et interpellation par la suite si possible, notamment avec les caméras de vidéosurveillance de la ville.
Le matin, Pierre Oliver accusait donc la mairie de Lyon de ne rien faire ou presque. Une inaction qui permettrait aux rodéos de se tenir sans difficulté. Dans l’après-midi, sur l’antenne de BFM-TV, l’élu du 2e arrondissement estimait pourtant que le problème venait de la nature ou encore du manque d’application des peines prononcées quand les auteurs étaient retrouvés.
Au conseil municipal de Lyon, la droite en mode cigale et fourmi
Etienne Blanc lors du débat culture le mardi 18 février 2020.Photo : Houcine Haddouche
Deux autres sujets ont suscité quelques débats de principe. Le premier a concerné la mise en place d’un « Pacte social ». Une sorte de document-cadre listant des actions en matière de gestion des ressources humaines de la Ville de Lyon, et donc de ses agents.
La municipalité entend « allier amélioration des services publics de proximité et conditions de travail des agents », notamment dans le cadre du télétravail. Pour elle, cela passe notamment par l’embauche. La Ville de Lyon souhaite créer 150 postes d’ici fin 2022. Et en prévoit d’autres jusqu’à la fin du mandat.
De quoi susciter une opposition de fond. Entre une majorité qui assume son recours à l’emprunt et l’embauche d’agents malgré le contexte de crise, et une opposition de droite qui prévoit le pire au vu des dépenses engendrées. Pour Yann Cucherat, élu LREM et candidat collombiste aux élections municipales de 2020, une telle entreprise, c’est l’effet ciseaux garanti. Vouloir augmenter les dépenses de fonctionnement de la Ville de Lyon au moment où d’autres augmentent et certaines recettes baissent, en partie liées à la crise sanitaire ? C’est le « dérapage budgétaire » assuré qui « fait craindre le pire pour les années à venir ».
Pour Étienne Blanc, qui fut aussi candidat pour LR à la mairie de Lyon, même discours ou presque. Le patron de l’opposition de droite aurait voulu en savoir plus sur l’application des 35 heures par les agents de la Ville de Lyon ou sur la mise en place d’un service public minimum.
Gérard Collomb en boucle sur l’air de « ne cassez pas mon œuvre »
L’ancien maire et doyen des conseillers municipaux Gérard Collomb transmet à Grégory Doucet, nouvellement élu, l’écharpe de maire de Lyon. Samedi 4 juillet 2020. Photo : Muriel Chaulet/Ville de Lyon
Il a pu enfoncer le clou (ou la redite) lors de l’examen du compte d’exploitation 2020 de la Ville de Lyon. Soit le document qui recense les dépenses et recettes réellement opérées par la Ville. Pour lui, la majorité écologiste fait courir Lyon à sa perte encore plus vite qu’il ne l’aurait imaginé.
« Vous avez réussi le tour de force d’augmenter les dépenses de fonctionnement sur les seuls trois derniers mois de 2020. Alors que toutes les recommandations devaient vous inciter à les réduire. Il fallait les concentrer sur des actions bien définies »
La majorité écologiste et de gauche s’est de nouveau défendue. Avec les mêmes arguments forcément : la crise sanitaire qui a engendré des dépenses importantes et non prévues et l’affirmation d’une politique d’investissement malgré le contexte, profitant notamment de taux d’intérêts bas pour emprunter.
Gérard Collomb, ex-maire de Lyon, enfin, a pris la parole pour mettre en garde les écologistes « de ne pas tout casser » de ce qu’il avait fait. Comme il le faisait dès la campagne des municipales 2020 quand pointait « le péril vert ». Une autre forme de rengaine.
Alors que la trêve hivernale doit expirer le 31 mai prochain, un week-end de mobilisation est organisé à Lyon pour obtenir des solutions de logement et d’hébergement, dans un contexte de crise sanitaire qui perdure.
Dans la métropole de Lyon comme ailleurs en France, la trêve hivernale prendra fin le 31 mai prochain. Cette période hivernale, qui s’étend normalement du 1er novembre jusqu’au 31 mars, avait été prolongée en raison de la crise sanitaire jusqu’au 31 mai. Pendant cette période, les expulsions locatives sont interdites et l’Etat met en place un plan froid pour augmenter temporairement les places d’hébergement d’urgence. Le 31 mai peut être donc synonyme de remises à la rue.
Week-end de mobilisation pour le droit au logement à Lyon
A l’initiative de la Coordination d’actions pour le logement Lyon et environs (CALLE) qui regroupe des professionnels et différents collectifs de défense du droit au logement, ce samedi 29 mai sera une journée de mobilisation pour réclamer « un logement digne pour toutes et tous, sans conditions, sans attendre ».
Le matin, un rassemblement est organisé à partir de 10h place de Francfort, dans le 3ème arrondissement de Lyon. Après des prises de parole, une manifestation partira sur les coups de 11h pour rejoindre la place Mazagran, dans le 7ème, pour un nouveau rassemblement et une cantine solidaire.
Le lendemain, dimanche 30 mai, les militant·es organisent également une formation sur le droit au logement, à l’hébergement et en squat.
Tout le week-end, d’autres actions pour soutenir les personnes sans-abri sont prévues.
Une politique de non-remise à la rue ratée dans la métropole de Lyon ?
Durant l’automne et l’hiver, les associations ont noté un réel effort de la Ville et de la Métropole de Lyon, ainsi que de la préfecture du Rhône, avec une augmentation importante des places d’hébergement (lire ici et là).
A la fin de ce mois de mai, malgré les récentes annonces du gouvernement de maintenir ouvertes les places du plan froid, les associations et collectifs militants soulignent tout d’abord les centaines de personnes qui n’ont pas trouvé de places dans le dispositif d’hébergement. Jamais sans toit qui s’occupe des enfants SDF a fait ses comptes dans un communiqué publié ce 27 mai :
« Aucune solution d’urgence n’est prévue pour les dizaines de familles sans abri. (…) Au sein de la métropole de Lyon, cela concerne 92 familles suivies par le collectif Jamais sans toit (soit 289 enfants) ».
De son côté, les collectifs créés autour des mineurs isolés et de l’ancien squat Maurice Scève interpellent la Métropole au sujet des jeunes étrangers isolés, ces « mijeurs » dont la minorité fait débat. Depuis début mai, ceux-ci sont remis à la rue, s’ils sont considérés comme majeurs. Alors que depuis fin octobre la Métropole les hébergeaient à l’hôtel le temps de leur recours devant le juge des enfants (lire notre enquête). Comme au plus fort de la crise des mineurs non accompagnés (MNA), à l’été 2018, ces jeunes se retrouvent hébergés par des habitants. Dans un communiqué, ces collectifs demandent des solutions :
« Depuis le 3 mai, des mineurs isolés demandant protection sont laissés à la rue. Nous appelons nos élu·es métropolitain·es à ne pas renoncer à la politique d’expérimentation. Préfecture et Métropole peuvent et doivent coopérer pour développer le plan « zéro remise à la rue », dans le cadre du plan de relance ».
Globalement, les appels au 115 ont augmenté, les places d’hébergement également. Mais cela reste insuffisant. Et il y a encore trop de personnes sans solution d’hébergement.
[Mise à jour le 29 mai à 12h] Ce vendredi en fin d’après-midi, dans le square Gustave Ferrié (Lyon 4ème), une vingtaine de tentes ont été installées pour mettre à l’abri 17 jeunes migrants qui n’ont pas été reconnus mineurs après le passage par l’évaluation de Forum réfugiés. Cette action, revendiquée par le collectif de soutien aux migrants de la Croix-Rousse, est amenée à durer jusqu’à ce que la Métropole mais aussi la préfecture trouvent des solutions pour ces jeunes actuellement à la rue.
Plus de logements et de places d’hébergement à Lyon
Dans ce contexte, les revendications sont simples : un logement décent et pérenne pour toutes et tous, immédiatement. A plus long terme, l’effacement des dettes de loyer au regard de la crise sanitaire et économique et un encadrement plus poussé des loyers dans la métropole de Lyon, en nette augmentation ces dernières années.
Sur le mur du collège Maurice Scève, une banderole « pas d’expulsion sans relogement ». Cette ancien établissement scolaire de de la Croix-Rousse était le plus gros squat de la métropole de Lyon jusqu’à son expulsion en octobre 2020Photo : DR
66 000 personnes menacées d’expulsion cette année
D’après les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, 30 000 ménages, soit près de 66 000 personnes sont menacées d’expulsion cette année en France. Dans la métropole de Lyon aussi, les militant·es de la CALLE s’attendent à une vague d’expulsions locatives sitôt la trêve hivernale levée.
Dans son communiqué d’appel à la manifestation, la CALLE demande donc à ce que cette trêve soit prolongée aussi longtemps que l’épidémie de coronavirus sévira. Cette dernière a en outre fait basculer dans la précarité davantage de personnes en raison de ses conséquences socio-économiques, soulignent-ils :
« De larges pans de la population, les étudiant·es, les habitant·es des quartiers populaires, les personnes exilées, les habitant·es des lieux de vie informels (squats, bidonvilles, campements), et pleins d’autres ont vu leur situation se précariser, leur isolement s’accentuer, leurs conditions de vie se détériorer. Les chiffres du chômage et le nombre de bénéficiaires du RSA ne cessent d’augmenter. »
Le nombre de chômeurs a par exemple augmenté de 10% dans le Rhône sur l’année 2020. Sur la métropole de Lyon, l’évolution est similaire. A Lyon même, la situation est même pire avec une augmentation de 13%.
Le théâtre des Célestins (Lyon 2ème) a donc décidé d’ouvrir « le monde d’après », avec LA pièce documentaire du monde d’avant, « Je m’en vais mais l’État demeure » de, par et avec Hugues Duchène et sa valeureuse troupe de comédien·ne·s rencontrés comme stagiaires à la Comédie Française.
Spectacle fleuve de 5 fois 1 heure (sans compter les entractes), ce feuilleton théâtral mettant en scène – grosso modo – les années Macron, sera visible en intégralité ce samedi 26 mai et on peut conseiller cette sortie comme retour au théâtre.
Voilà un spectacle très bien fichu, l’équipe est virtuose dans ces changements de rôles et de costumes, le tuilage entre les séquences est virevoltant, empruntant au cinéma des effets de fondu enchaîné, d’accélération, de ralenti etc. Le tout avec deux portants, quelques chaises moches, l’inévitable batterie et l’orgue des familles.
On évitera pas le sweat-shirt adidas, marque de tout spectacle jeune qui se respecte -mais comme c’est pour jouer François Ruffin, on supporte. Toute cette adresse dans l’adresse (au public) va bien et justifie l’engouement pour cette production.
Spectacle au théâtre des Célestins.Photo : S.Gosselin
Des profils artistiques qui viennent de Sciences Po
Sans douter une seule seconde de la sincérité du chef de troupe du Royal Velours, à y regarder de plus près, l’ensemble se révèle plutôt conventionnel. Par le choix d’articuler le spectacle sur la relation entre l’auteur et son neveu, né au début de la période évoquée, la pirouette de scénario éculée donne à voir ce que le bébé puis l’enfant ne peut voir ni comprendre. Par la naïveté à la Tintin (référence assumée) de Hugues Duchêne qui met à plat ou plus exactement à l’horizontale, un fatras d’évènements – extrêmement graves – qui amènent le délitement de la gauche et de la société française.
Passionné de la chose publique, photographe à ses heures, l’auteur vient -aussi- de Sciences Po (en l’occurrence Lille), à l’instar de nombre de profils artistiques qui traversent nos territoires théâtraux. On est d’abord séduit par cette leçon de politique contemporaine. Quelques rappels bien documentés sur Eric Dupont-Moretti (actuel ministre de la Justice), laissent entrevoir des informations de première main au sein du barreau parisien ou encore une lecture assidue de pages politiques.
Mais, sympathie à part, quelque chose reste fondamentalement surplombant chez cet Alexis Michalik de l’assemblée nationale.
A l’évidence, il a pris quelque chose d’Emmanuel Macron (tiens, un autre Sciences Po ?), dont il retrace l’ascension. En a-t-il un peu conscience quand il profère en fin de 3ème partie, « des fois il vaut mieux se taire » ? On passera sur les 4ème et 5ème épisodes qui tirent un peu à la ligne et se perdent dans l’autobiographie et la géopolitique (une séquence « Liban » relève néanmoins le propos).
Hugues Duchêne est-il un militant déçu et sans parti ?
Alors qu’est-ce qui coince ? Il y a quelques semaines, Olivier Neveux, le brillant intellectuel de l’ENS, tenait conférence sous les arcades de l’Opéra de Lyon face à une bonne troupe d’occupants de l’institution. Le thème ? Le théâtre politique certes, c’est son sujet, mais aussi l’émanation contemporaine du sujet, le théâtre documentaire, dont il s’est fait une spécialité.
Conseillant la lecture de l’ouvrage éponyme d’Erwin Piscator, il constatait qu’aujourd’hui, sur toutes nos scènes, aucun spectacle ne pouvait être chose que politique sous peine de disqualification esthétique. Évidemment, ce « tout politique » lui apparait surtout politiquement correct. Nous y sommes. Un théâtre documentaire sans doctrine ? Hugues Duchène revenu des jeunesses socialistes, mettant dos à dos les « écolos-fachos » et le cercle vicieux des extrêmes n’est-il qu’un militant déçu, un militant sans parti ?
Le Brecht des dernières années s’est posé cette question dans « Turandot ou le congrès des blanchisseurs » : dans cette œuvre inachevée, les TUI (contraction de Tellect-uel-in), sont réunis pour justifier, « blanchir » la disparition du coton, étoffe indispensable à l’économie d’une Chime (c’est ainsi que Bertold Brecht désigne la Chine) imaginaire.
A l’école des TUIs (voir la définition plus haut), comme dans les exercices de HEC, on s’emploie à justifier un avis et son inverse. Au Congrès réuni, les intellectuels rivalisent d’intelligence pour expliquer la disparition du précieux tissu, dissimulé en fait par l’empereur pour s’assurer d’une confortable plus-value à la revente. Il ne reste plus qu’au tyran d’opérette Gogher Gog qu’à se saisir de cette controverse stérile (les véritables raisons de la crise restant inconnues), pour prendre le pouvoir et plonger le pays dans le chaos.
La position des intellectuels de Brecht relève donc soit de « l’accompagnement » en passant par-dessus toute morale pour accomplir leur mission (défendre des idées), soit de la « collaboration » (quand ils savent ce qu’il se passe et qu’ils agissent quand même). Dans tous les cas, les forces de l’intelligence laissent passer le démagogue, le capital, ce que vous voulez.
Faut-il jouer nos spectacles sur les ronds-points ?
Le spectacle de la compagnie « Velours Royal » (pourquoi pas les « ors de la République » ?) est lui aussi traversé par des figures dévoyées de l’intellectuel : notamment Stéphane Braunshweig, directeur de l’Odéon, ayant demandé l’intervention des forces de l’ordre lors de l’hommage à Mai 68 organisé au théâtre en 2018, ou encore un Jean-Michel Ribes allumé, sorte de pantin complètement déconnecté.
Les occupations de théâtres qui aujourd’hui s’achèvent dans notre pays, montrent bien ce clivage entre ce que certains considèrent comme « les gilets jaunes » de la culture et la plupart des directions des théâtres qui veulent reprendre leur programmation, mais on ne comprends pas, à fustiger les uns et les autres, (au risque de perdre ses amis avoue-t-il) la position de Hugues Duchêne. On documente certes, mais on dit quoi ?
Finalement, l’ensemble atteignant presque les 6 heures, imposant, va se révéler assez inoffensif.
Et comme par ailleurs, la diffusion de ce spectacle sur nos scènes est plutôt pléthorique, on donne raison à Olivier Neveux quand il souligne l’innocuité de certaines programmations « politiques » proposées dans nos institutions. Peut-être faudrait-il jouer nos spectacles sur les ronds-points ?
« Je m’en vais mais l’État demeure », de Hugues Duchêne, cie le Royal Velours. Au théâtre des Célestins (Lyon 2è), Première partie le jeudi 27 mai à 17h30 et seconde partie le vendredi 28 mai. En intégralité le samedi 29 mai. Durée totale 5h45.
Les élections de juin 2021 vont-elles engendrer une avalanche de cumuls des mandats ? C’est fort possible. Sur certaines listes figurent beaucoup d’élu·es. Notamment pour les élections départementales dans le Rhône qui ressemblent presque à une usine à cumuls.
Maire, président ou vice-président de communauté d’agglomération et conseiller départemental. Le triptyque n’est pas rare (mais pas systématique non plus) dans le Rhône. Les listes déposées pour les élections départementales et régionales à venir pourraient encore contribuer dans la région à perpétuer le cumul des mandats.
Départementales dans le Rhône, à droite le cumul « dans la peau »
Lors des élections départementales 2021 la droite et le centre-droit présenteront 17 binômes dans le Rhône. Soit 34 candidat·es titulaires. Parmi elles et eux, 30 sont déjà élu·es et beaucoup cumulent déjà deux mandats. La droite et le centre sont en effet largement majoritaires au sein des conseils municipaux et communautaires du Rhône.
Parmi les 34 candidat·es titulaires, 16 sont maires ou maires délégués. Sur ces 16 maires, seuls deux ne cumulent pas avec un autre mandat. Voici le détail pour les 14 autres :
deux sont maires et conseillers départementaux sortants;six sont maires et conseillers communautaires (dont 4 sont vice-présidents de leur communauté de communes et 1 en est président);cinq sont maires, vice-présidents de leur communauté d’agglomération et conseiller départemental sortants;le dernier, Patrice Verchère (LR), est maire de Cours, président de communauté d’agglomération de l’Ouest rhodanien (la COR) et conseiller régional sortant. Il avait dû laisser son poste de député pour respecter les règles sur le non-cumul des mandats.
Patrice Verchère, ancien député (LR) de la 8e circo du Rhône, actuel maire de Cours, président de la COR et conseiller régional. Ici, avec Laurent Wauquiez en 2016Photo : : SS/Rue89Lyon.
Si on élargit aux adjoints aux maires, ils sont cinq élu·es de la droite et du centre à être candidat·es aux départementales. Tous et toutes ces adjoint·es cumulent déjà leur mandat de conseiller municipal avec un mandat communautaire. Trois d’entre eux cumulent même trois mandats puisqu’on retrouve deux conseillers départementaux sortants et une conseillère régionale. Soit un total de 21 candidat·es sur 34 titulaires déjà élu·es dont 10 cumulent déjà deux mandats et 9 cumulent trois mandats.
À gauche, les chances de cumuler sont plus faibles au regard du nombre d’élu·es. Toutefois, Pascal Terrier, élu maire du Val-d’Oingt en 2020 est par ailleurs conseiller communautaire. Emmanuel Dupit, candidat divers gauche sur le canton de Gleizé est conseiller communautaire de la communauté d’agglomération de Villefranche-sur-Saône, comme Sheila McCarron conseillère départementale sortante et conseillère communautaire du Pays de l’Arbresle.
Élections régionales, ça cumule aussi pas mal dans le Rhône et à Lyon
Aux élections régionales, tous les noms ne sont pas inconnus sur les listes dans le Rhône ou la Métropole de Lyon. Le cumul est toutefois plus difficile. Le scrutin de liste demande davantage de candidat·es ce qui limite en partie l’effet.
Là aussi, la droite joue à fond la carte de la notoriété de ses élus locaux. Dans la section départementale du Rhône de la liste Les Républicains de Laurent Wauquiez, l’ensemble des 14 candidat·es sont élu·es localement (maire, adjoints au maire ou conseillers communautaires).
Dans la section de la Métropole du Rhône, 30 des 37 candidat·es sont déjà élu·es. On retrouve parmi eux énormément de maires comme Jérémy Bréaud (Bron), Marylène Millet (Saint-Genis-Laval), Laurence Fautra (Décines), Véronique Déchamps (La Mulatière), Pierre Oliver (maire Lyon 2e), Xavier Odo (Grigny) à des places potentiellement éligibles.
Plus loin, on retrouve encore Alexandre Vincendet (Rillieux-la-Pape), Olivier Araujo (Charly), Pascal Blache (Lyon 6e) ou encore Pascal Charmont (Tassin-la-demi-lune).
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne- Rhône-Alpes lors de ses vœux 2019. Le 28 janvier 2019 au musée des Tissus et des Arts Décoratifs.Photo : MG/Rue89Lyon
La liste de Laurent Wauquiez n’est pas la seule dans les sections du Rhône et de la Métropole de Lyon a présenté des « cumulards ». Toutefois, aucune autre liste ne le fait dans de telles proportions.
On retrouve quelques maires de la Métropole de Lyon ou du Rhône sur la liste de Bruno Bonnell (LREM). Comme Loïc Commun le maire de Marcy-l’Etoile ainsi que ceux de Claveissoles et de Frontenay. Mais aussi la conseillère métropolitaine Florence Asti-Laperrière ou François-Xavier Pénicaud, maire-adjoint de Bron.
Le 16/04/2021 à Villeurbanne (69), Najat Vallaud-Belkacem, candidate à aux élections régionales de juin 2021, rencontre les membres de l’association Vitacolo. Photo Houcine Haddouche/Rue89Lyon
Sur la liste divers gauche de Najat Vallaud-Belkacem, la moitié des candidat·es de la section du Rhône sont déjà élu·es. Seul·es 7 sur 37 le sont dans la Métropole de Lyon.
Sur la liste écologiste de Fabienne Grébert, dans les sections départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon, 15% environ des candidat·es sont élu·es. On notera la présence parmi eux de trois parlementaires à des places non éligibles : le sénateur Thomas Dossus et la sénatrice Raymonde Poncet ainsi que le député fraîchement débarqué, Hubert Julien-Laferrière. Les autres élu·es provenant essentiellement du conseil de la Métropole de Lyon où ils sont majoritaires depuis l’an dernier.
Le choix de se passer ou non des élu·es
Comment expliquer ces choix de candidat·es ? Par stratégie électorale, d’une part. Dans des élections où les enjeux peinent parfois à réellement émerger, quand ils ne sont pas déconnectés des compétences mêmes de la collectivité, la figure de l’élu local en place est une valeur sûre ou refuge. Par « facilité » peut-être d’autre part. Surtout pour les formations politiques fortement implantées et qui possèdent beaucoup d’élu·es.
Dans le Rhône, la droite et le centre sont de celles-là. La droite a par ailleurs conservé et élargi leurs assises dans la Métropole de Lyon aux élections municipales de 2020. Les écologistes, pourtant largement majoritaires à la Métropole de Lyon, présentent en revanche assez peu d’élu·es métropolitaines aux élections régionales. Le non-cumul est un principe cher aux écologistes. Un principe pas toujours respecté à la lettre à Lyon. Un certain nombre d’élus écologistes de la Ville de Lyon siègent également au conseil de la Métropole de Lyon.
Moins de candidat·es aux élections départementales dans le Rhône
A noter également que les élections départementales dans le Rhône font moins recette cette année. 40 binômes se présenteront au premier tour le 20 juin prochain. Ils étaient 59 en 2015. Soit 40 candidat·es de moins (80 en comptant les suppléant·es). Aux élections régionales en revanche, comme en 2015, il y aura 9 listes au premier tour.
Le recours à des élu·es s’expliquerait-il en partie par la difficulté à trouver des candidat·es ? Difficile à affirmer. La diminution du nombre de candidat·es s’explique aussi par le jeu des alliances politiques ou l’état de santé des formations politiques.
Dans le Rhône, aux élections départementales, le Rassemblement National ne sera pas présent dans tous les cantons. Contrairement à 2015 pour le FN. Le parti Debout La France de Nicolas Dupont-Aignan avait présenté deux binômes lors des précédentes élections. Il n’en aura pas cette année.
Par ailleurs, droite et centre-droit partent davantage unis au premier tour dans le Rhône. Ils avaient présenté 22 binômes (toutes étiquettes confondues) en 2015, ils ne seront que 17 (pour 13 cantons) en 2021.
La tendance semble être la même à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes. En 2015, lors des élections départementales dans les 12 départements de la région, 1028 binômes s’étaient présentés au premier tour dans les 242 cantons (soit un peu plus de 4 binômes par canton en moyenne). Ils ne seront plus que 831 aux départementales de 2021 (soit un peu plus de 3 binômes par canton en moyenne).
Une manifestation est prévue ce samedi 29 mai depuis la place de la Croix-Rousse, dans le 4ème arrondissement de Lyon, pour dénoncer les violences d’extrême droite et réclamer la fermeture des locaux des identitaires.
A Lyon, le printemps est marqué par de nombreuses violences perpétrées par des militants d’extrême droite. Face à cette situation, plusieurs organisations politiques, collectifs et associations organisent ce samedi 29 mai une manifestation qui sillonnera les rues de Pentes de la Croix-Rousse jusqu’à la place des Terreaux.
Le rendez-vous a été donné à 15h de la place de la Croix-Rousse (4ème arrondissement de Lyon).
Cette fois-ci le parcours déposé a été validé par la préfecture. Depuis la place de la Croix-Rousse, le cortège rejoindra la place des Terreaux par les pentes. Un temps d’arrêt est prévu devant chacun des locaux attaqués par l’extrême-droite, pour permettre aux propriétaires de prendre la parole.
Plus récemment, à l’occasion d’un 1er mai tendu, une quarantaine de militant·es d’extrême droite ont tenté de pénétrer dans les locaux de Radio Canut, au pied Pentes, également attaquée à plusieurs reprises ces dernières années.
Une des trois vitrines de la librairie libertaires des Pentes de la Croix-Rousse après l’attaque de du samedi 20 mars. La vitrine avait été changée en 2016 après (déjà) une attaque de l’extrême droite radicale. DR
Des locaux de l’extrême droite toujours ouverts
Dans ce climat tendu, plusieurs organisations politiques, associations et collectifs comme l’UCL, le NPA, le PCF, les antifascistes de la Jeune Garde, le syndicat Solidaires ou encore le Planning familial ont décidé de se mobiliser.
L’objectif est de rappeler que, malgré la dissolution très médiatique du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire, leurs locaux sont toujours ouverts dans le Vieux Lyon, comme nous vous le racontions le lendemain de cette dissolution. Ainsi, le bar associatif de La Traboule et la salle de boxe L’Agogé sont bien fréquentés.
Le point hebdomadaire au 26 mai 2021 concernant l’évolution de l’épidémie de Covid à Lyon et dans le Rhône.
Pas de rechute constatée à Lyon, dans le Rhône ou en Auvergne-Rhône-Alpes. Toutefois, le recul de l’épidémie n’a pas été aussi rapide cette semaine que les précédentes.
Dans la métropole de Lyon, l’incidence a stagné entre le 14 et le 21 mai. Passant de 172 à 169 cas pour 100 000 habitnats. Une évolution qu’ont d’ailleurs connu également les métropoles de Grenoble et de Saint-Étienne cette même semaine. Dans le Rhône, le taux d’incidence a cessé de diminuer depuis le 15 mai. Il reste toutefois très sensible au niveau de dépistage, reparti à la hausse cette dernière semaine après une baisse constatée jusque-là.
Serait-ce là des premiers effets de la réouverture de certains établissements publics ? Les données de Santé Publique France ne permettent pas encore ce recul. Certains indicateurs sont disponibles jusqu’au 21 ou 22 mai au plus, ne permettant pas encore de voir de possibles effets négatifs de l’assouplissement des règles sanitaires. S’ils devaient intervenir, du fait du temps d’incubation, ils ne pourraient se constater dans les chiffres seulement dans quelques jours.
Ils interviendraient donc après un ralentissement de l’amélioration de la situation épidémique.
Une tension hospitalière en baisse à Lyon et dans le Rhône, stable en Auvergne-Rhône-Alpes
À l’hôpital, dans le Rhône, la tension s’est encore améliorer. Le possible arrêt de la baisse épidémique, s’il se confirmait, ne se ferait sentir dans les indicateurs hospitaliers que plus tard. Ainsi, au 24 mai dans le Rhône, 600 patients Covid avaient été hospitalisés en moyenne sur une semaine dont 151 en réanimation. Ils étaient respectivement 744 et 189 au 18 mai, soit une baisse hebdomadaire d’environ 20%. Une évolution logique au regard de la dynamique épidémique constatée les semaines précédentes.
Toutefois, au plan régional, le taux de tension sur les services de réanimation a stagné ces tous derniers jours. Cet indicateur évalue la proportion de lits de réanimation occupés par des patients Covid en temps normal. Descendu à 70% le 21 mai, il s’est stabilisé autour de 67% depuis. La situation continue toutefois de s’améliorer mais moins vite donc ces derniers jours. Une tendance à confirmer dans les jours à venir. Les niveaux des indicateurs hospitaliers et épidémiques, s’ils continuent de s’améliorer à Lyon et dans le Rhône, ne sont pas pour autant totalement positifs ni rassurants.
Et si la crise sanitaire permettait un changement de notre société ? En 2050 par exemple, à quoi ressembleraient les stades de football et leurs villes dans ce monde d’après ?
Depuis les œuvres séminales de Platon, Saint Augustin ou Thomas More, imaginer la ville comme société idéale et la situer dans un futur lointain ou un monde imaginaire, a été souvent une façon d’entrer en projet. Cette posture d’action cherche à énoncer les ambitions les plus élevées pour une société afin de garantir une matérialisation du projet la plus aboutie possible.
L’utopie propose une critique argumentée d’un état sociétal jugé inacceptable. Elle formule une réponse à travers une organisation (architecturale, spatiales, politiques, etc.) et des récits nouveaux. Certains établissent un lien entre réflexion utopique et naissance de l’urbanisme au tournant du 20ème siècle.
Imaginer que la crise sanitaire puisse être une apocalypse, catastrophe et révélation, qui entraînera un changement de notre société, de laquelle naîtra soit une réforme vers un monde meilleur soit une aggravation de ses dysfonctionnements, relève de la tradition utopique.
Notre équipe a utilisé les outils prospectifs et projectuels que sont la dystopie et l’utopie pour imaginer les stades de football et leurs villes en 2050.
L’économie du sport professionnel était un colosse aux pieds d’argile lorsqu’un simple coronavirus l’a mis à bas à partir de 2020. Les JO de Tokyo 2021 avaient été une catastrophe avec des compétitions vides de sens, par des huis-clos quasi systématiques et l’absence de nombreuses délégations, en raison de la persistance de la pandémie et d’économies en ruine.
Certains pays avaient masqué un dopage d’État sous couvert de traitement préventif de leurs athlètes. Les coûts exorbitants de l’organisation se traduisirent par un conflit entre le Japon et le CIO (Comité international olympique). Les Japonais descendirent en masse dans les rues lors du Wasaga protest ou « mouvement des ombrelles ».
La Coupe du monde de football de 2022, qui devait se tenir au Qatar, fut annulée devant l’accumulation des scandales et procès relatifs à des soupçons de corruption dans l’attribution de la compétition et des droits de retransmission.
Partout dans le monde, des mouvements citoyens se mobilisèrent pour réclamer un réel changement de paradigme. Ils se réunirent lors du premier Forum mondial des Sports, tenu à Athènes, dans les friches sportives des JO 2004. Les congressistes présentèrent un nouveau rapport Taylor qui permit la rédaction de nouvelles lois et réglementations.
Stades et vie de quartier
En 2050, les grands stades et les clubs existaient toujours, mais la loi leur imposait d’être utiles pour leur communauté. Les stades étaient revenus au plus proche des populations pour en faciliter l’accès par les modes doux et actifs. Ils accompagnaient les populations de la naissance à la mort.
Tout un chacun se souvenait y avoir vu un match, mais surtout y avoir joué au parc, passé ses examens, avoir été soigné ou s’être marié. Certains choisissaient même d’y être inhumés dans des columbariums situés sous les gradins.
Certains stades étaient devenus des bijoux de technologie pour optimiser l’expérience client. Téléphones, tablettes et montres étaient connectés au terrain et à la vidéo, permettant de revoir chaque action au moyen de casque ou de lunettes à réalité augmentée.
A l’inverse, certains stades vintage rendaient impossible tout usage d’un appareil connecté pour retrouver l’expérience du supporteur à l’ancienne… Même s’il n’était pas rare de voir certains introduire de vieux transistors à pile pour écouter les scores à la radio.
« Radinho » d’un stage vintagePhoto : Giselle Lazera
La vie d’après les stades
Les stades n’étaient plus démolis quand leur cycle de vie se terminait. Ils devenaient souvent des parcs sous la surveillance de paysagistes. Au Brésil, l’Arena Pantanal de Cuiabá, construite à l’occasion de la coupe du monde 2014, était devenue une favela autour d’une aire de jeu transformée en décharge à ciel ouvert. La reprise en main avait été spectaculaire.
Dans le cadre d’un programme fédéral, elle était devenue une « ville dans la ville » : Jardim Verdão. La décharge avait été recouverte de terre végétale pour créer des terrasses sur lesquelles on installa les serres du désormais célèbre marché aux fleurs du Verdão. D’élégants quartiers s’étageaient dans les gradins en amphithéâtre, dotés de nombreuses rues en escaliers et de mini-placettes.
Dans d’autres stades, l’opération avait été faite de manière plus informelle et moins socialement ambitieuse avec des copropriétés populaires sous la forme de gated communities. Elles nous rappelaient que les amphithéâtres romains étaient parfois devenus des bourgs fortifiés au Moyen-Âge. Tout n’était pas rose en utopie.
Un stade transformé en parcPhoto : Giselle Lazera
Par Jean-Michel Roux et Natalia R. De Melo, de l’Université Grenoble Alpes, Cristiane De S. Duarte, de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro et Elson M. Pereira, de l’Université Fédérale de Santa Catarina.
>> Conférence du mercredi 26 mai : « Questionner les liens entre ville et sport »
La culture sportive est une combinaison de pratiques, de comportements, de systèmes de valeurs et de rapport au corps. Et il existe autant de cultures sportives que de sports. Les villes se sont emparées du sport : organisation d’évènements sportifs, dispositifs d’insertion et d’intégration par le sport, soutien aux clubs, grands stades, prise en compte des logiques sportives dans les projets de rénovation urbaine… Comment intègrent-elles la diversité des cultures sportives ?
Avec :
Antoine Haincourt. Enseignant à l’EM Lyon Business School, son objectif est de faire le lien entre le monde de l’enseignement supérieur et la réalité de l’industrie afin d’avoir un impact sur l’employabilité des étudiants. Ses cours portent sur le leadership transformationnel et la gestion de l’image de marque, en utilisant le sport comme terrain d’étude.
Jean-Michel Roux. Maître de Conférences et Directeur adjoint du Pôle Sciences Sociales de l’Institut d’Urbanisme & Géographie Alpine (Grenoble), chercheur à Pacte, laboratoire de Sciences Sociales. Ses recherches actuelles portent sur l’évolution des stades et équipements sportifs face aux enjeux actuels (sanitaires, sociaux et économiques), et sur le groundhopping, une forme de tourisme de stade en émergence.
Animation :
Jérémy Cheval. Architecte Urbaniste Ph.D., spécialiste des transformations sociales et spatiales en Chine, il est le coordinateur du Pôle Formation de l’École urbaine de Lyon.
Les 20 et 27 juin se tiendront les élections départementales 2021 dans le Rhône. Mode de scrutin, déroulement du vote, candidats et candidates, enjeux… Retrouvez toutes les informations pratiques sur les prochaines élections départementales 2021 dans le Rhône.
1. Quelles sont les compétences du département du Rhône ?
Avant d’aller voter, petit rappel du champ d’action des départements et de celui du Rhône. Le Rhône, amputé depuis 2015 du territoire de la métropole de Lyon, gère un budget d’environ 500 millions d’euros. Il intervient dans différents secteurs :
Aide sociale : c’est une des compétences principales du département. Il est notamment en charge de :
la protection de l’enfance (dont les mineurs non accompagnés, les MNA) via notamment les PMI (les centres de Protection maternelle et infantile qui offrent également des services de santé et de suivi médical notamment des grossesses)
la gestion et le versement du Revenu de solidarité active (RSA)
l’aide aux personnes handicapées
l’aide aux personnes âgées
Voirie : c’est sûrement la compétence la plus connue du grand public. Les départements assurent l’entretien des routes départementales. Et aussi d’une bonne partie des routes nationales sur son territoire. Le département assure par ailleurs la majorité du financement du service départemental d’incendie et de secours (SDIS), autrement dit les pompiers.
Transports : le département gère les transports scolaires par autocar sur son territoire. Le reste du transport dans le Rhône est géré conjointement avec la Métropole de Lyon au sein du Sytral (autorité gestionnaire des TCL dans la métropole de Lyon)
Logement : le département gère le fonds de solidarité logement
Éducation : construction et entretien des collèges et assure le recrutement et la gestion du personnel technique des collèges.
Culture : gestion des archives départementales et du patrimoine historique
2. C’est quoi, aujourd’hui, le département du Rhône ?
Administrativement parlant, le Rhône (appelé parfois le Nouveau Rhône) ne recouvre aujourd’hui que sa délimitation en dehors de la Métropole de Lyon. Aujourd’hui c’est donc un département essentiellement rural, d’environ 450 000 habitants (moins que la ville de Lyon) et dont la commune la plus peuplée est Villefranche-sur-Saône.
Bien que les habitants de la Métropole de Lyon se sentent encore rhodaniens, techniquement ils n’en font plus partie.
3. Votera-t-on aux élections départementales dans la Métropole de Lyon ?
Non.
Comme en 2015, Lyon et les autres communes de la Métropole de Lyon ne sont plus concernées par les élections départementales. Et possèdent désormais leurs propres élections : les élections métropolitaines. Elles ont eu lieu en 2020 en même temps que les élections municipales.
4. Quand et où vote-t-on pour les élections régionales 2021 ?
Les dates pour les élections départementales sont fixées au 20 juin pour le premier tour du scrutin, et au 27 juin pour le second tour.
À noter que les mêmes jours se dérouleront les élections régionales, vous voterez donc deux fois (sauf pour les habitants de la Métropole de Lyon qui étaient concernés par des élections métropolitaines en 2020).
Où vote-t-on ? Dans son bureau de vote habituel. Celui indiqué sur sa carte électorale.
5. Qui élit-on lors des élections départementales ?
Des conseillers départementaux et conseillères départementales. Ils sont élu·es pour 6 ans et sont au nombre de 26 (chacun des 13 cantons élit un binôme).
À noter : leur mandat durera cette fois près de 7 ans, les prochaines élections départementales ayant été décalées en 2028 pour ne pas se tenir la même année que l’élection présidentielle de 2027.
6. Quel est le rôle des élu·es du conseil départemental du Rhône ?
Les élu·es du conseil départemental du Rhône siègent à l’assemblée du conseil départemental.
En plus de leur présence lors des sessions de l’assemblée pour voter les délibérations, ils les préparent lors de commissions thématiques et de la commission permanente. Leur rôle est donc de travailler, avec les services du conseil départemental, aux différentes actions menées par la collectivité et de les voter lors de leurs discussions.
Petite incongruité : le siège de l’assemblée des élu·es du conseil départemental du Rhône se situe toujours à Lyon, au sein de la préfecture du Rhône. Sur le territoire de la Métropole de Lyon donc, en dehors du territoire du Rhône selon le découpage administratif des collectivités locales.
7. Comment élit-on les conseillers départementaux ?
Les élections départementales se déroulent selon un scrutin binominal mixte majoritaire à deux tours.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Depuis 2015, on vote pour un binôme paritaire (un homme et une femme) et non plus pour un seul candidat (scrutin uninominal). Le scrutin est dit majoritaire à deux tours car il n’y a qu’un seul binôme élu. Il lui faut pour cela réunir la majorité (absolue au premier tour ou simplement relative au second tour).
L’élection se déroule à l’échelle des cantons (on parlait avant des élections cantonales). Le Rhône est depuis 2015 divisé en 13 cantons. Pour se présenter il faut être quatre candidat·es : le binôme titulaire plus deux remplaçants. Chaque canton élit un binôme.
Carte du découpage des cantons du Rhône pour les élections départementales. Image Jfblanc, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
L’assemblée sortante du conseil départemental du Rhône est composée de 14 élu·e·s de droite, 10 de centre droit et 2 de gauche.
8. Comment se déroule le scrutin ?
Le déroulement du scrutin est relativement simple. Pour être élu, un binôme a besoin d’obtenir la majorité des suffrages exprimés.
Au premier tour, si un binôme obtient la majorité absolue des suffrages exprimés et au moins 25% des inscrits il est élu. On ne procède pas au second tour. Si aucun binôme n’obtient la majorité absolue, ceux ayant obtenu un score équivalent à au moins 12,5% des inscrits dans le canton peuvent se maintenir au second tour ou à défaut les deux ayant obtenu le plus de voix.
Si parmi les deux binômes qualifiés pour le second tour, un seul décide de se maintenir : le binôme arrivé en 3e position au premier tour n’est pas repêché pour le second tour. Seul le binôme restant est présent au second tour.
9. Élit-on vraiment le ou la président·e du département ?
Pas directement.
Dans la semaine suivant le second tour du scrutin, les élu·es du conseil départemental se réunissent pour élire parmi l’assemblée le président ou la présidente du conseil départemental. L’élection du président ou de la présidente de région par les citoyens est donc indirecte.
Ce vote dans la foulée des élections est le fameux « 3e tour ». En cas de résultat serré ou de majorité relative faible, des accords peuvent intervenir à ce moment-là.
10. Qui sont les candidat·e·s dans le Rhône ?
Voici les binômes candidats dans les 13 cantons du Rhône :
11. Quels sont les enjeux des élections départementales dans le Rhône ?
Ils sont minces, tant le rapport de force semble toujours très favorable à la droite.
Christophe Guilloteau (LR), président du conseil départemental sortant, se représente. Contrairement à 2015, droite et centre-droit sont davantage unis. Les divisions de 2015 ne leur avaient fait perdre qu’un seul canton au profit de la gauche. Cette dernière, bien qu’unie elle aussi dès le premier tour, ne semble pas en mesure de renverser le rapport de force. Dans le canton de l’Arbresle où elle avait obtenu ses deux seul·es élu·es, elle ne bénéficiera pas d’une division droite-centre droit qui avait éliminé ces derniers du second tour en 2015.
Le Rassemblement National n’est pas au mieux au sein de son appareil dans le Rhône. Malgré des scores élevés dans les urnes, il ne pourra présenter des binômes que dans 11 des 13 cantons du Rhône en 2021. De plus, le mode de scrutin majoritaire ne lui est traditionnellement pas favorable.
Les « Assises internationales du roman » proposées chaque année par la Villa Gillet se transforme en Littérature Live Festival. Le chemin, la programmation ont une nouvelle couleur mais l’objectif reste le même : rendre compte de la vitalité des écritures contemporaines. Pour cela, les rencontres prévues ont l’allure des grands soirs.
On a hâte d’entendre l’échange monté entre l’écrivaine Fatima Daas et l’essayiste américain Thomas Chatterton Williams autour de la question des identités et des origines.
Fatima Daas à la Villa Gillet en mai 2021.
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Fatima Daas à la Villa Gillet en mai 2021.
Le vendredi 28 mai, un dialogue qui s’annonce particulièrement intéressant se donne pour objectif de regarder ce qu’on a appelé les « Printemps arabes », dix ans après qu’ils ont eu lieu. Il réunit l’écrivain si ancré sur la Méditerranée François Beaune, et Camille Ammoun, urbaniste qui sera audible en duplex depuis Beyrouth au Liban.
Beaucoup de « lectures en plein air » sont prévues, des rencontres dans différents lieux comme des librairies…
Les auteur·es invité·es (dont certain·es seront donc à distance) vont s’exprimer dans leur langue d’origine et les échanges seront traduits ou sous-titrés.
En septembre dernier, Thibault*, 22 ans, a décroché son premier contrat dans un bureau d’étude à Lyon. En cherchant un logement, Il a été victime d’une arnaque à la location très bien ficelée : Un homme lui a fait visiter un appartement Airbnb en se faisant passer pour le propriétaire, puis a disparu une fois la caution versée. Témoignage.
« Quand j’apprends que je dois trouver une location à Lyon, je me doute que trouver un appartement en septembre va être difficile car c’est le moment de la reprise scolaire. Mon père propose de m’aider à chercher. Ça me rassure. Il prend neuf jours de vacances, on réserve un Airbnb à côté de Montchat (3è arrondissement) et c’est parti.
À peine arrivés, on réalise que ce sera encore plus compliqué que prévu. On visite au moins une dizaine d’appartements, des locations individuelles comme des colocations. Il y a beaucoup de concurrence, c’est stressant, il faut saisir chaque opportunité. J’utilise surtout Leboncoin et La Carte des Colocs pour trouver des annonces. Je suis quelqu’un de méfiant donc dès qu’une annonce semble un peu trop belle pour être vraie ou qu’on ne peut pas la visiter, je l’exclus.
Quelques jours après notre arrivée à Lyon, un jeudi soir, une annonce pour un appartement dans le 1er arrondissement est postée sur La Carte des Colocs. Il se situe rue du Garet. L’annonce me paraît normale, bien écrite, sans trop de différences avec les autres. Le propriétaire déclare s’appeler Otis. Il donne un certain nombre d’informations sur lui et sur ce qu’il attend du futur coloc qui emménagera avec lui. Tout paraît normal.
Rencontre avec un professionnel de l’arnaque Airbnb, à Lyon
Sur l’annonce, Otis affirme être le propriétaire de l’appartement. Il écrit vouloir se mettre en colocation pour passer des bons moments et arrondir ses fins de mois. Comme à chaque fois, je cherche s’il existe d’autres photos de l’appartement sur le net, pour vérifier que ce n’est pas une arnaque. Je n’en trouve pas.
Je lui envoie alors un message via l’application. Il est très réactif, on échange rapidement par SMS. On convient de se rencontrer le lendemain, vendredi, à 13h, à l’appartement.
La rue du Garet à Lyon, où le logement Airbnb a servi pour cette arnaque au logement.Photo : LS/Rue89Lyon
À première vue, il est un peu nonchalant mais il a un regard sympathique. Il paraît à l’aise dans son corps : il est bien habillé sans trop en faire et plutôt musclé. Il s’entend tout de suite avec mon père.
On commence par échanger sur nos vies. Mon père se tient en retrait pour nous laisser discuter. Otis déclare avoir trente ans et réalisé des montage de clips musicaux pour vivre. Il dit voyager beaucoup et cherche à se mettre en colocation avec quelqu’un de plutôt indépendant. Otis donne de nombreux détails sur sa vie. Il me parle de sa copine qui passe beaucoup de temps dans l’appartement. Il me raconte son histoire dans le logement qu’il aurait d’abord habité en tant que locataire puis qu’il aurait racheté au propriétaire.
Une visite complète de l’appartement à louer qui est en réalité un Airbnb
On passe à la visite. Mon père pose beaucoup de questions, Otis est incollable. L’appartement est tout équipé et il sait exactement où se trouve chaque chose. Il nous ouvre le compteur et nous parle même des travaux qu’il aimerait bien effectuer ici ou là. La chambre est sympa, mon père prend déjà des mesures pour y monter mon bureau.
Otis ne veut pas me montrer sa chambre car « Elle est en bazar ». Après réflexion si ça se trouve, derrière la porte, ce n’est même pas sa chambre, c’est un placard. Dans tous les cas, je n’insiste pas. L’enjeu de visiter une colocation c’est aussi de plaire aux personnes qui l’habitent, pour être pris.
On ne traîne pas trop non plus, je lui témoigne mon intérêt pour l’appartement. Il me dit qu’il a d’autres visites dans la journée mais qu’il me tiendra au courant le soir même. Je lui dis que je trouve ça rapide. Il me répond :
« Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec des visites pendant une semaine. »
Personnellement, ça m’arrange. Cela aurait rassuré mon père qui retournait à Paris quelques jours plus tard.
Entre temps, je reçois une réponse positive pour une autre colocation qui me plaît un peu moins. Je décide de faire attendre ses occupants avant de donner suite.
Une des photos de l’annonce postée par « Otis » à Lyon sur le site La Carte des Colocs. Il s’est servi d’un logement Airbnb pour réaliser une arnaque.
Une fausse identité étayée par plusieurs pages sur le web
Arrivé au Airbnb qu’on loue avec mon père, je recherche Otis sur Internet, par curiosité. Je tombe d’abord sur son site professionnel de monteur de clips. Il est vraiment très propre, les clips sont supers. Je vois aussi son compte Facebook, plutôt protégé, dont j’ai seulement accès à la date de naissance et à une photo de profil.
Il y a aussi mention d’un numéro SIRET pour son entreprise de clips installée dans le 5ème arrondissement de Lyon. Je lui envoie quelques documents sur son adresse mail, qui est une adresse professionnelle correspondant au nom de l’entreprise.
À 16h14, quelques heures après ma visite, je reçois une réponse positive d’Otis. Il m’a choisi comme colocataire. Je suis vraiment content. Il me dit qu’il part en week-end à partir du lendemain, le samedi donc, et me propose de s’occuper de l’administratif et de l’emménagement lundi. Puis, dans un autre message, il me propose :
« Ça peut aussi être ce soir si tu préfères. »
Il présente le fait de s’occuper de ça le soir même comme une faveur qu’il me fait.
Évidemment, je préfère la deuxième option car ça me permet de commencer à emménager durant le week-end.
Signature d’un « contrat de location »
Vendredi soir, on se rend à l’appartement. Cette fois, il nous accueille sans masque. Il y a une atmosphère de complicité qui s’est installée entre nous. On bavarde, on discute de comment on va aménager le frigo, il me parle des marchés aux alentours.
Otis m’explique que c’est sa copine qui a le double des clés, et qu’elle arrivera chez lui tard dans la soirée. Il propose de me déposer les clés au Airbnb où je loge avec mon père dans la matinée du lendemain, avant de « partir en week-end à Genève ». Je lui dis que je n’ai pas les clés de la boîte aux lettres, alors on convient qu’il me téléphone pour me les donner en mains propres.
On passe au moins 45 minutes à remplir le contrat de location. Il s’agit d’un formulaire que l’on trouve gratuitement sur Internet pour louer un bien de particulier à particulier. Je note quelques petites erreurs, comme la période de construction de l’appartement, qui indique “de 1989 à 2005”. Vu le quartier et le bâtiment, ce devait être bien avant. Je ne me formalise pas, les étourderies dans les contrats entre particuliers sont monnaie courante.
Le vrai-faux contrat de location probablement qui a servi à l’arnaque au Airbnb à Lyon dont Thibault a été victime
Un virement immédiat de 1880 euros
La caution est de deux mois loyers dont le montant mensuel est de 600 euros et 80 euros de charge. En tout, mon père lui fait un virement immédiat de 1880 euros. Il nous donne son RIB, et mon père lui fait un virement alors que nous sommes encore sur place. On se salue chaleureusement. Sur le pas de la porte, on lui demande de nous indiquer un bon restaurant dans le quartier. Il les connaît tous très bien, il nous oriente vers un super établissement qui a de bonnes options végétariennes.
Au restaurant, pour fêter ça, on trinque avec mon père. Pourtant je sens un petit peu de gêne, peut-être parce que c’est allé très vite. Jeudi soir on n’avait rien, vendredi on a signé. En tout cas, je ne dis pas tout de suite “non” à l’autre colocation qui m’a accepté.
Otis était censé déposer les clés à l’appartement le lendemain matin, aux alentours de 9h. À 5h58, mon téléphone sonne, il m’explique par SMS que lui et sa copine ont décidé de partir plus tôt et qu’il ne voulait pas me réveiller. J’ai le sommeil léger et mon téléphone n’est pas en silencieux. Je lui réponds dans les cinq minutes, je lui dis que je suis réveillé et qu’il peut passer quand-même. Il ne réagit pas, je me dis qu’il conduit. Je suis déçu de ne pas avoir les clés mais je passe l’éponge.
On discute plusieurs fois par SMS pendant le week-end, il est toujours aussi chaleureux. On convient de mon arrivée entre midi et deux le lundi. A posteriori, je pense que c’est parce qu’il est possible d’annuler un virement dans les 48 heures après l’avoir effectué.
Une des photos de l’annonce postée par « Otis ». Un Airbnb qu’il a fait passer pour son logement.
Le « propriétaire » disparaît et ferme tous ses comptes Internet
Le Lundi, on arrive vers 13h avec mon père. Otis ne répond plus à mes SMS. Je l’appelle. Non seulement il n’y a pas de tonalité, de celles qu’on entend quand le téléphone sonne, mais je ne tombe pas non plus sur la messagerie vocale. Le numéro correspond peut-être à une puce prépayée.
On se rappelle du code pour monter, alors on se rend à l’appartement. On frappe et personne ne répond. Les voisins nous disent qu’ils ne connaissent pas d’Otis.
Il y a un restaurant en bas du bâtiment, on leur demande s’ils ont vu un Otis. On le décrit physiquement. Ils disent ne pas le connaître non plus.
Au début, je suis inquiet. Je me dis qu’il a eu un accident de voiture en rentrant de Genève. Puis, au fur et à mesure que le temps passe, je m’imagine qu’il a peut-être prolongé son week-end. Je trouve ça irrespectueux de ne pas m’avoir prévenu.
Pendant l’après-midi mon père se rend au local de la société d’Otis, dans le 5ème arrondissement. Il n’existe pas. C’est un immeuble qui n’abrite que des particuliers. J’essaye de lui envoyer des mails, mais ceux-ci me sont renvoyés. Son adresse mail est invalide car elle n’existe plus. Son site web et sa page Facebook ont disparu d’internet.
L’appartement qui a servi à l’arnaque apparaît sur le site de Airbnb à Lyon
A partir du mardi, on commence vraiment à penser à une arnaque. Je cherche tout ce qui existe comme escroqueries à la location sur Internet. Il y a une histoire assez similaire racontée sur le site de Lyon Capitale, datant de 2018. C’est la première fois que je prends connaissance de l’existence des “Arnaques au Airbnb”.
Dans le récit de Lyon Capitale, les faux loueurs ne faisaient faire qu’une rapide visite avant de demander l’argent de la caution et du premier loyer. Ils proposaient des appartements individuels. Cependant le procédé reste le même : proposer à la location un appartement loué sur Airbnb en se faisant passer pour le propriétaire et partir avec la caution. Je cherche donc l’adresse de l’appartement qu’Otis m’a fait visiter sur le site. Bingo, je le trouve. Le propriétaire est un vieux monsieur qui ne ressemble en rien à mon arnaqueur.
Une des photos de l’annonce postée par le faux propriétaire « Otis » à Lyon sur le site la Carte des Colocs.
Mon père loue le logement Airbnb pour essayer d’entrer en contact avec le propriétaire. Il s’agit en réalité d’une régie, qui dit qu’elle va lancer une enquête avec Airbnb. On n’a jamais eu de nouvelles de cette régie. Mon père porte plainte, mais la police est impuissante, car Otis œuvrait sous une fausse identité. Le compte sur lequel mon père a fait le virement est un compte en ligne d’une banque étrangère rattachée à sa fausse identité, qu’Otis a fermé après avoir pris l’argent.
Avec mon père, on s’en veut beaucoup. On ne comprend pas, on se refait le film inlassablement. On se sent vraiment trahis. Au final, on a passé au moins trois heures avec la personne qui se faisait appeler Otis et on n’y a vu que du feu. »