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Grand chelem pour la droite aux départementales 2021 dans le Rhône ? Possible. Droite et centre-droit partent plus unis qu’en 2015 et le Rassemblement National ne sera pas présent dans tous les cantons.
Les enjeux de ces départementales 2021 dans le Rhône ? Maigres, a priori. Actuellement, la collectivité est dirigée par une majorité de droite et de centre-droit (issue de l’UMP ex-Les Républicains et de l’UDI). Les élu·es Les Républicains dominant la majorité sortante (14 élu·es contre 10 pour l’UDI).
En 2015, l’arrivée d’un président de droite, Christophe Guilloteau en l’occurrence, a fait figure de petit « évènement politique » local. Le Rhône était alors dirigé par le centre-droit depuis 1979 et avait notamment connu Michel Mercier à sa tête de 1990 à 2013. Un baron de la droite locale, retiré de la vie politique depuis peu.
Lors de l’élection présidentielle en 2017, Emmanuel Macron est arrivé en tête dans le Rhône au premier tour. Toutefois, il le doit au territoire de la Métropole de Lyon qui n’est pas comptabilisé séparément du Rhône dans les résultats du ministère de l’intérieur. François Fillon (candidat LR) et Marine Le Pen (RN) sont arrivés en tête au premier tour dans la grande majorité des communes du Rhône.
Patrice Verchère au 2ème tour des législatives à la préfecture du Rhône le 18 juin 2017.Photo : Éric Soudan
Droite et centre-droit davantage unis qu’en 2015 aux départementales dans le Rhône
Christophe Guilloteau, le 25 avril 2016, lors de la conférence de presse sur la sortie des emprunts toxiques.Photo : LB/Rue89Lyon
En 2015, UMP et UDI s’était offert le luxe de s’affronter dans plusieurs cantons. Candidats UMP, UDI et divers droite s’étaient ainsi affrontés au premier tour dans une petite dizaine de cantons. Sans crainte d’une défaite au final puisqu’ils ont obtenu 24 élu·es sur 26.
En juin 2021, la gauche partira unie elle aussi au premier tour. Socialistes, communistes et écologistes se sont cette fois entendus sur une répartition des cantons ou des candidatures communes. Mais la majorité sortante sera elle aussi davantage unie.
Cette année, quatre cantons présenteront plusieurs listes de droite et de centre-droit. Il n’y aura de véritable dissidence que dans le canton de Gleizé. Le maire de Gleizé, Ghislain de Longevialle, qui formera avec Nathalie Petrozi-Bedanian un binôme dissident face aux sortants LR Michel Thien et Sylvie Epinat. Mais il a assuré qu’il s’inscrirait « au sein de la majorité départementale ». Une dissidence pas vraiment fratricide.
Dans les cantons de l’Arbresle, du Val-d’Oingt et de Saint-Symphorien-d’Ozon, des binômes de candidats de droite ou du centre-droit se présenteront face à ceux de la majorité sortante. Ils sont toutefois formés de candidat·es non affiliés aux formations politiques à la tête du département ou issus de LREM.
Moins de candidats du Rassemblement National aux départementales 2021 dans le Rhône
Les scrutins majoritaires à deux tours sont traditionnellement plutôt défavorables au Rassemblement National. Surtout si la droite y est forte. C’est le cas dans le Rhône.
En 2015, le Front National (ex-RN) avait obtenu dans le Rhône environ 28,5% des suffrages au premier tour et près de 32% au second tour. Ses binômes étaient présents au second tour dans 12 des 13 cantons. Bilan : aucun élu.
En 2021, cela pourrait être encore le cas. Surtout que le Rassemblement National semble davantage en difficulté dans le département au niveau de son appareil. Contrairement à 2015, il ne sera pas en mesure de présenter des binômes dans l’ensemble des cantons du Rhône. Le RN sera ainsi absent dans les cantons de Brignais et de Vaugneray.
Christophe Boudot, candidat FN à Lyon, au soir du 1er tour des municipales. Crédit : Pierre Maier/Rue89Lyon
La gauche conservera-t-elle ses deux élu·es ? Pas sûr
La gauche unie peut-elle espérer davantage que deux élu·es ? Les résultats des élections départementales de 2015 laissent peu d’espoir. Au premier tour, l’ensemble des voix obtenues par les binômes des actuels partenaires (socialiste, radicaux, communistes et écologistes) représentaient 23,5% des voix contre 48% pour ceux de la droite et du centre-droit.
Sheila Mac Carron, élue d’opposition au conseil général du Rhône, claque la porte du PS. DR
Il n’est pas dit que la gauche parvienne à garder ses deux sièges. Elle les avaient obtenus en 2015 dans le canton de l’Arbresle grâce, en partie, à une division à droite qui avait favorisé un second tour PS/RN remporté par Sheila McCarron et Bernard Chaverot. Cette année, la conseillère départementale sortante se représente. Entre temps elle a quitté le PS pour rejoindre Génération.s et constituera un binôme écologiste avec Joseph Volay.
Cette année, face à eux, pas d’opposition entre LR et l’UDI comme en 2015. A côté des candidats LR il y aura toutefois un binôme divers-droite/LREM. Mais une candidature non issue de la majorité départementale sortante.
En 2015, le rapport de force au premier tour entre les deux binômes de gauche (un PS et un écologiste) et les deux binômes de droite et centre-droit (UMP et UDI) était équilibré. La division de la droite à l’époque n’explique donc pas tout.
Le canton de l’Arbresle demeure certainement la meilleure chance de la gauche pour ces élections départementales dans le Rhône.
Dans ce blog, je trouve important d’aborder des sujets qui concernent notre société et de donner ma vision, mon témoignage, enfin de mettre mon petit grain de sel. Le sujet de ce billet est plus qu’actuel, il s’agit de la récidive, vaste question, source de polémiques.
Aborder le sujet de la récidive me parait nécessaire, bien que je n’entre pas dans cette case. Je ne vais donc pas parler de moi directement mais ouvrir une fenêtre sur ce que j’ai pu constater ici et le cheminement auquel cela m’amène.
Je fais tout d’abord une distinction entre deux types de récidive :
celle qui concerne les longues peines, c’est-à-dire des personnes ayant commis des crimes gravescelle qui concerne de courtes peines, majoritairement des délinquants.
« Le travail psychique en détention reste sommaire »
Je n’évoquerai pas longuement la première catégorie, cela concerne en effet des profils particuliers de type violence sexuelle, pédophilie.
Un sujet qui mériterait un billet à lui tout seul, car la réitération de ce type d’actes me semble avoir des répercussions plus lourdes et profondes qu’une simple récidive. Les moyens ne sont tout simplement pas suffisants pour mettre ces personnes hors d’état de nuire. Le travail psychique en détention reste sommaire.
En prison, il y a certes des psychologues et psychiatres mais trop peu, 4 à 5 pour 500 détenus. Comme toujours, pour obtenir une consultation ou un suivi, il faut écrire et le délai peut être très long, de un an à un an et demi.
Les grosses pathologies sont prises en compte plus rapidement mais le cas moins graves doivent patienter longtemps, quitte à ce que soit ensuite mentionnée dans leur dossier l’absence de traitement psychologique… comme s’ils en étaient responsables. Et lorsque ces détenus sont remis en liberté, là encore, le suivi est bien trop léger pour garantir la sécurité de tous et prévenir la récidive
La récidive : des allers-retours perpétuels entre prison et extérieur
Je vais évoquer plus longuement l’autre type de récidive, celle des peines dites « petites ». Des personnes font dès leur plus jeune âge des allers-retours perpétuels entre prison et extérieur. Je peux dire qu’avec mon expérience carcérale, je pourrais écrire une thèse sociologique. En quelques années, j’ai vu un bon nombre de femmes entrer et sortir plusieurs fois. Un peu comme si la prison était une deuxième maison, un lieu où l’on viendrait passer l’hiver.
Les profils que j’ai rencontrés étaient, sauf pour de rares exceptions, des êtres cabossés par la vie, enfants de l’Assistance publique, ou avec des parents défaillants, ayant grandi dans la précarité.
J’ai connu une jeune femme, aide soignante, qui avait fait une bêtise passible de prison, rien de très grave. Elle a perdu son emploi, puis la garde de ses enfants que son mari a emmenés après avoir obtenu le divorce.
Cette jeune femme, pourtant bien insérée avant la détention, s’est retrouvée sans travail , sans famille et sans logement. La chute est encore plus vertigineuse pour les personnes comme les SDF. Ils ont souvent vécu une enfance difficile, une vie chaotique. Ils perdent en prison leur peu de repères et les liens ténus avec l’extérieur.
« Un véritable abandon du sens de la peine »
Je ne dis pas que cela excuse tout, les personnes ont la responsabilité de leurs choix, comme celui de s’abandonner elles-mêmes en choisissant une voie qui ne les mènera qu’en prison.
Néanmoins, je l’ai constaté et le constate, le volet réinsertion est totalement absent, plus encore pour ce type de profils. selon moi, Il y a un véritable abandon du sens de la peine.
J’ai parfois senti que si, avec leur carapace et leur fort caractère, ce type de vie semble convenir à ces femmes, certaines pourtant rêvent d’autre chose mais ne se pensent absolument pas capables de mener à bien un projet, comme si l’idée de réintégrer la société au grand jour relevait pour elles de l’impossible. Elles ont décroché depuis longtemps, pour autant qu’elles aient un jour fait partie de cette société.
Je ne supporte pas d’entendre que la prison permet de réinsérer, cela est faux. Cela était sans doute l’objectif premier, mais nous en sommes extrêmement loin. J’ai rencontré des détenues qui n’avaient quasiment jamais été à l’école et qui ne savaient même pas quel était leur niveau.
« Une jeune femme qui s’est retrouvée à la rue, sans travail ni possibilité de formation »
Je me souviens d’une jeune femme persuadée de n’avoir aucune capacité, je l’avais pourtant entendue un jour faire de tête des calculs hallucinants. Lorsque je lui avais demandé d’où elle tenait ce talent, elle m’avait répondu :
« Il fallait bien compter les kilos de résine et les liasses de billets ».
Pas mécontente de mes compliments, elle a mûri le projet de suivre une formation de comptable, avant ou après sa sortie. Malheureusement, elle n’avait pas les contacts nécessaires et le SPIP (Service d’Insertion et de Probation) lui avait uniquement répondu que cela était « trop compliqué ».
En fin de peine,sans avoir pu faire le moindre projet, elle n’a pu bénéficier de la sortie conditionnelle, qui débouche sur une réinsertion progressive et surveillée par des professionnels. Elle s’est retrouvée à la rue, sans travail ni possibilité de formation.
Photo d’illustration CC Agnese Kisune / Unsplash
« Le problème des sorties dites sèches de prison »
C’est, selon moi, tout le problème des sorties dites sèches. Ne vaudrait-il pas mieux la conditionnelle plutôt qu’une sortie sans préparation ni suivi, avec fatalement, retour au point de départ. D’autant qu’à la rue et sans logement, je vous l’assure, les tentations sont grandes de retomber dans ses anciens travers.
Lorsque je vois des femmes revenir en prison une nouvelle fois pour avoir volé dans un supermarché des denrées alimentaires ou des protections hygiéniques, car oui, cela arrive bien souvent alors que l’on trouve notre justice laxiste, je me dis que notre société est en perdition. Comment imaginer que cela peut conduire à une amélioration et empêcher la récidive ?
Je trouve que notre système déraille. Il déraille depuis longtemps et nourrit la récidive, en tout cas une partie importante. Combien encore cette situation sera-t-elle ignorée ? Juger, punir, pourquoi pas ; cependant la prison est-elle la réponse à tous les maux ? J’en doute.
S’intéresser à ce problème de fond est pour moi l’une des clés essentielles à l’amélioration de notre société.
J’ai une vingtaine d’années, je vis actuellement dans une prison française. Je suis une jeune femme « normale », sauf que mon lieu de vie c’est… la prison. Je souhaite raconter concrètement un quotidien souvent mal connu ou romancé, et donner mon point de vue de femme. A ma petite échelle, je vais vous faire partager mon vécu afin d’ouvrir les portes (dans la limite du possible) de cet univers si singulier. Ce blog sera mon moyen de communication avec vous, un moyen de vous raconter journées et anecdotes, de répondre aux questions afin de donner peut-être une autre vision de notre vie entre les murs.
Dans cette campagne éclair pour les élections régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, les enjeux semblent avoir du mal à émerger. Malgré les compétences larges de la Région et de grands projets à discuter, la thématique nationale de la sécurité occupe le terrain et les temps de parole. De quoi abonder les sondages qui prédisent une réélection relativement aisée pour Laurent Wauquiez.
Si l’on en croit les sondages, les enjeux des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes sont « faibles ». Personne ne semble actuellement en mesure de contrarier la réélection de Laurent Wauquiez (LR). Rapide revue d’effectif des principaux candidats et des forces en présence dans cette campagne 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes.
Laurent Wauquiez (LR) : conserver la Région comme tremplin
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne- Rhône-Alpes, en compagnie de son vice-président Etienne Blanc, lors de ses voeux 2019. Le 28 janvier 2019 au musée des Tissus et des Arts Décoratifs.Photo : MG/Rue89Lyon
Le président sortant de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’a jamais caché son ambition et son envie de fonctions présidentielles. La Région faisant office de tremplin, à grands renforts de communication au plan national sur la collectivité devenue selon ses mots « la mieux gérée » de France.
Son passage rapide à la tête de sa formation politique Les Républicains, dans une période compliquée, n’a pas été un franc succès avec des élections européennes 2019 décevantes. S’il nourrit toujours des ambitions nationales, Laurent Wauquiez devra absolument conserver la Région pour rester en lice.
Le territoire régional reste largement favorable à la droite. Les dernières élections locales de 2020, malgré quelques victoires écologistes dans des grandes villes, l’ont encore montré. Le Rhône, les deux Savoie, une partie de l’Isère ainsi que la Loire, la Haute-Loire et le Cantal en Auvergne qu’il a largement servis durant son mandat devraient le placer confortablement en tête.
Les sondages lui prédisent pour l’heure une victoire relativement tranquille. Aucune autre personnalité ne semble en mesure d’imposer un véritable rapport de force dans cette campagne très courte. Une campagne où semble s’imposer la thématique de la sécurité, alors même que la Région n’a aucune compétence en la matière. Une thématique qui devrait favoriser le candidat de la droite.
Gauche et écologistes : finir par s’unir mais sans espoir ?
Fabienne Grébert, tête de liste écologiste aux régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, lors d’un point presse devant le siège du conseil à régional à Lyon. Photo PL/Rue89Lyon
Les écologistes voudront montrer qu’ils ont désormais le « leadership » à gauche. Ils se présentent forts de bons résultats dans certaines grandes villes de la région lors des élections municipales ou métropolitaines de 2020. Ces élections régionales seront l’occasion de voir si leurs thématiques portent également lors d’une élection sur un territoire plus divers.
Les socialistes, aux manettes avant 2015, ont réussi à trouver une tête d’affiche pour mener leur liste en la personne de Najat Vallaud-Belkacem. Avec elle, et les élus locaux conservés malgré tout sur le territoire, les socialistes espèrent au moins rester dominants à gauche dans l’hémicycle régional. Au mieux, avec leurs probables partenaires écologistes et communistes au second tour, tenter de ravir la Région à Laurent Wauquiez. Mais ils partent de loin.
Le 16/04/2021 à Villeurbanne (69), Najat Vallaud-Belkacem, candidate à aux élections régionales de juin 2021, rencontre les membres de l’association Vitacolo. Photo Houcine Haddouche/Rue89Lyon
LREM : comment Bruno Bonnell vise le « 3e tour » ?
Bruno Bonnell au 2ème tour des législatives à la préfecture du Rhône le 18 juin 2017.Photo : Éric Soudan
Le député du Rhône Bruno Bonnell mènera la liste LREM et de la majorité présidentielle. Après les déchirements lors des élections municipales à Lyon et à la Métropole de Lyon, il tentera de resserrer quelque peu les liens de la famille. Il tentera surtout de se qualifier pour le second tour à l’heure où l’étiquette du parti d’Emmanuel Macron n’est pas forcément la plus porteuse. S’il y parvient, il assure qu’il ne fera aucune alliance. Si tel devrait être le cas, on pourrait se diriger vers une quadrangulaire. Il dit d’ailleurs viser la victoire lors du « 3e tour », au moment du vote pour élire le ou la président·e de région.
Rassemblement National : 34 sièges à sauver
Andrea Kotarac, chef de file du Rassemblement National à la Métropole de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon
Le Rassemblement National espère conserver au moins le nombre de ses élus actuels.
Les sondages actuels le donnent confortablement qualifié pour le second tour. Mais faute d’alliance ou de réserves de voix dans une probable triangulaire (au moins) au second tour, la victoire s’annonce délicate. Les élections régionales, sur le mode d’un scrutin de liste avec système en partie proportionnel, sont plutôt favorables au Rassemblement National. Contrairement aux élections départementales, par exemple. En 2015, son score lui avait permis d’obtenir 34 sièges.
Pour l’heure, les candidats de Marine Le Pen assènent qu’il vaut mieux voter pour l’orginal plutôt que la copie, c’est à dire pour le RN plutôt que pour Laurent Wauquiez -qui a remouliné les thèmes favoris de l’extrême droite.
La candidature d’Andréa Kotarac, pas évidente en interne au moment de la désignation, ne semble pas en mesure d’imposer un véritable rapport de force face au président sortant. Perdre des sièges au conseil régional, après des élections métropolitaines décevantes, serait un nouvel échec pour lui.
Ce jeudi 20 mai, les élèves du lycée Jacques Brel de Vénissieux, en banlieue de Lyon, ont rencontré l’historien Yvan Gastaut, spécialiste de l’immigration, et Toumi Djaïdja, figure bien connue des Minguettes et à l’initiative de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Reportage.
Le 20 juin 1983, le jeune Toumi Djaïdja, 19 ans, est douloureusement entré dans l’histoire. Ce jeune habitant des Minguettes, un quartier de Vénissieux, en banlieue est de Lyon, était déjà connu pour son engagement contre le harcèlement policier que lui et les autres jeunes du quartier subissaient.
Tard dans la nuit de ce 20 juin 1983, un énième affrontement oppose de jeunes habitants du quartier aux forces de l’ordre. Alors qu’un jeune homme est aux prises avec un chien policier, Toumi Djaïdja s’interpose. L’agent de police lui tire dessus, à bout portant. Le jeune homme est immédiatement hospitalisé, entre la vie et la mort. Sur son lit d’hôpital, c’est lui qui lance l’idée d’une marche pacifique avec le père Christian Delorme.
Une fois remis sur pied, il organise avec d’autres cette grande Marche pour l’égalité et contre le racisme (plus connue sous le nom de Marche des Beurs), qui partira de Marseille le 15 octobre suivant, direction Paris.
Toumi Djaïdja face aux élèves des Minguettes
Plus de 30 ans après cette triste soirée de juin, Toumi Djaïdja revient dans son quartier d’enfance pour échanger avec les élèves du lycée Jacques Brel, à l’entrée du plateau des Minguettes. A ses côtés, l’historien Yvan Gastaut, spécialiste de l’immigration. Ce dernier préside le comité chargé par le président de la République de proposer une liste de noms de personnalités issues de l’immigration pour rebaptiser certaines rues et monuments de France.
Parmi les noms retenus, celui de Gisèle Halimi, de Slimane Azem, de Jackson Richardson ou encore de Toumi Djaïdja. Rencontre entre deux générations liées par une mémoire commune, ancrée aux Minguettes.
Toumi Djaïdja et Yvan Gastaut face aux élèves du lycée Jacques Brel, à Vénissieux, le 20 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
Les Minguettes, des « habitats tout confort » aux « banlieues difficiles »
« Moi qui ne connaît pas la région lyonnaise, lors de mes recherches j’ai toujours entendu parler de Vénissieux, des Minguettes, qui ont longtemps été représentées comme étant des quartiers difficiles, attaque Yvan Gastaut. Mais lorsque les grands ensembles des Minguettes ont été construits, dans les années 50 et 60, ils représentaient pour vos grands-parents l’horizon possible d’une vie meilleure. »
L’historien montre aux élèves perplexes des photographies de l’époque. Encadrés par leurs enseignants, eux-mêmes ont pris en photo leur quartier, immense jardin de béton et d’asphalte. Si plusieurs tours ont été détruites depuis les années 60, il en reste aujourd’hui suffisamment sur le plateau des Minguettes pour voir qu’elles sont restées dans leur jus.
Seuls les pull-overs et les chemises portées par les habitant·es de l’époque diffèrent des jeans déchirés, survêtements et baskets des adolescents d’aujourd’hui.
A l’époque, ces grands ensembles représentaient le nec plus ultra du confort et de la modernité et n’étaient pas destinés à accueillir une population immigrée. Les années passant, les travailleurs qui en ont eu les moyens ont quitté le quartier. Les familles les plus modestes, elles, sont restées. Les Italiens, Portugais et Espagnols du début ont peu à peu laissé la place à des habitant·es d’origine maghrébine, toujours là aujourd’hui. Dans les années 70, poursuit l’historien, les habitations ont commencé à se dégrader et l’éloignement du centre et des équipements publics de Lyon à se faire sentir :
« Au début des années 80, la banlieue devient un mot qui fait peur et le thème de l’immigration prend de plus en plus de place dans la société française. »
Ville dans la ville, le plateau des Minguettes (146 hectares) compte 23 000 habitants, soit un gros tiers de la population de VénissieuxPhoto : HP
Beurs, maghrébins, immigrés… Les enfants de ces travailleurs venus s’installer dans les grands ensemble, nés sur le sol français, souffrent de ne pas être considérés au même titre que les jeunes Français du même âge dont les parents ne sont pas immigrés. Dans les années 1980, le racisme sévit et des expéditions punitives ont même lieu, explique Yvan Gastaut :
« Des groupuscules allaient dans les grands ensembles pour tuer des Arabes. On appelait ça des ratonnades, parce que le terme insultant pour qualifier les Arabes était « raton ». Il y avait un racisme anti-arabe très fort, et le problème n’est pas réglé aujourd’hui. »
Sagement assis sur leurs chaises, même les élèves qui commençaient à gigoter se figent. L’historien passe un extrait du journal télévisé de l’époque. Un jeune homme élancé, une épaisse tignasse sur le crâne, répond laconiquement aux questions du journaliste sur fond de tours de béton. C’est Toumi Djaïdja, dans les années 80. Les regards se tournent vers le Toumi Djaïdja d’aujourd’hui, au crâne lisse et aux petites lunettes carrées. Du jeune homme à l’écran, il a gardé un air timide et un regard rêveur.
La Marche pour l’égalité et contre le racisme, ou le choix de la non-violence
Avant de visionner le film La Marche, qui retrace l’histoire de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme » de 1983, presque aucun de ces lycéens n’avait entendu parler de ces événements, explique leur enseignante, Mme Khadraoui :
« J’ai été très étonnée, ils ne connaissaient absolument pas. Ils ont été très admiratifs et ont fait de nombreux parallèles avec le contexte actuel, avec George Floyd et Adama Traoré. Beaucoup ont dit que la situation était toujours catastrophique, et qu’il faudrait refaire une marche. »
C’est la question posée silencieusement tout au long de cette rencontre : face au racisme, que faire ? Toumi Djaïdja plonge dans ses souvenirs et raconte la genèse de cette marche historique. Lui qui venait de recevoir une balle dans le ventre a aussitôt fait le choix de la non-violence en organisant cette Marche pour l’égalité et contre le racisme.
« J’étais en mesure d’avoir de la haine. On a tenté de me tuer alors que je portais secours à quelqu’un. Mais je n’ai pas trouvé la force d’avoir de la colère ou de la haine. Je pourrais vous parler de plein de choses qui sapent le moral, je pourrais vous donner des sueurs froides, mais à quoi ça servirait ? J’ai envie de vous donner envie de marcher, de faire de ce pays un pays où les générations suivantes pourront trouver leur place de manière harmonieuse. »
C’est avec cet état d’esprit que le jeune Toumi Djaïdja et d’autres, aux Minguettes, ont décidé de rejoindre Paris depuis Marseille. Soit environ 1300 kilomètres. A leur arrivée à Paris, le 3 décembre 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme s’est transformée en un cortège réunissant des dizaines de milliers de personnes. Une délégation a été reçue par le président de la République de l’époque, François Mitterrand.
Mohamed, technicien de laboratoire au lycée Jacques Brel, a grandi et vit toujours aux Minguettes. Il était présent à l’arrivée de la marche à Paris. Avec un large sourire, il se souvient de l’émotion et de la vague d’espoir qu’il a ressenties ce jour-là :
« J’ai grandi dans la tour en face de celle de Toumi. En 1983, j’avais 20 ans. Je travaillais en Bretagne quand j’ai rejoint la Marche pour l’égalité et contre le racisme à Paris. Il y avait du monde partout ! Je me suis dit « enfin, c’est la fin de l’apartheid ». Et puis on s’est bien faits entuber par Mitterrand. »
« Qu’en est-il de l’après-marche ? Où en est le racisme aujourd’hui ? »
Slimane, 17 ans, en classe de Terminale, pose la question que tout le monde a en tête :
« Qu’en est-il de l’après-marche ? Où en est le racisme aujourd’hui ? »
Pour Toumi Djaïdja, la réponse au racisme tient en un mot : l’empathie. A grand renfort de belles phrases et de dictons, l’homme expose aux lycéens la voie qu’il a choisie et qu’on pourrait résumer par ce passage bien connu de la Bible : « si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. »
Cette position est difficile à avaler pour les adolescents, qui s’agitent sur leurs chaises. Sous ses lunettes, Slimane hausse des sourcils perplexes. A côté de lui, son ami Rayane tente d’enfoncer le clou :
« Les actes racistes sont moins nombreux aujourd’hui mais ne trouvez-vous pas qu’ils sont plus violents ? Pour George Floyd par exemple, les collègues du policier savaient qu’il était raciste. Pourquoi n’ont-ils pas agi plus tôt ? On oublie et on ne fait rien jusqu’à ce qu’un autre acte soit commis. »
L’initiateur de la Marche pour l’égalité et contre le racisme arrête aussitôt l’adolescent : il ne s’aventurera pas sur le terrain des forces de l’ordre. Pour lui, il ne faut pas mettre tous les policiers dans le même sac. Rayane fronce les sourcils, visiblement pas satisfait par cette réponse.
Affiche réalisée par les élèves du lycée Jacques Brel.Photo : OM/Rue89Lyon
« Je ne tourne pas le dos aux policiers »
De son côté, Mohamed secoue la tête devant la position de Toumi Djaïdja, qu’il estime relever de l’« angélisme ». Âgé de 18 ans en 1981, comme Toumi Djaïdja, il se souvient du climat pesant de l’époque. Si l’ambiance est meilleure aujourd’hui, le passé a laissé des traces indélébiles.
« Dans les années 70-80, les mamans étaient très angoissées, raconte-t-il. Il y avait une personne blessée ou tuée par la police par semaine et des contrôles à répétition. Il y a eu de l’amélioration depuis la Marche pour l’égalité et contre le racisme, on croise des gens bacheliers dans le quartier et les rapports avec la police sont un peu meilleurs. Mais je ne tourne pas le dos aux policiers quand même. »
Slimane, 17 ans, qui habite aux Minguettes depuis toujours, est partagé sur l’héritage laissé par cette Marche emblématique.
« Il y a eu du positif et du négatif depuis les années 1980, mais comme toujours c’est le négatif qui l’emporte. Socialement parlant, il y a eu une évolution rapide. A Vénissieux, on est l’une des communes qui a le plus d’équipement public, d’accompagnement social, des associations, des transports en commun… Mais il y aussi une grosse hypocrisie de l’État qui ne met pas les moyens qu’il pourrait. Quand tu es habitant, tu subis. Moi, je les vois les échecs scolaires et la délinquance qui suit. »
L’adolescent se félicite de cette rencontre avec Toumi Djaïdja et Yvan Gastaut. Il espère que chaque année, toutes les classes du lycée puissent faire cette expérience qu’il juge nécessaire.
Toumi Djaïdja entend bien faire porter son message de non-violence et d’empathie aux adolescents assis en face de lui. Il espère que certain·es d’entre eux, peut-être, se mettront à leur tour à marcher pour une France qui saura leur faire une place.
Reno Bistan, habitant de la Croix-Rousse à Lyon, prend la plume pour nous parler cette fois de la progression étonnante des SUV (sport utiliy vehicle) en ville. Des automobiles ultra-lourdes et polluantes dont le succès ne décroît pas et que la « Zone à faibles émissions » prévue par la Métropole der Lyon ne sanctionne pas spécialement. Au contraire.
Au début des années 2000, les préoccupations écologiques commençaient à poindre et nombreux étaient ceux qui trouvaient complètement anachronique de voir circuler ces SUV qu’on appelait encore 4X4.
L’humeur était parfois au dégonflage, mais d’une certaine manière on pouvait se rassurer en se disant que ces bagnoles hors de propos restaient l’apanage de la catégorie « vieux bourge » et que, si un grand changement vers une société plus écologique n’était pas certain, au moins, un tel non-sens dans une période inquiète était décidément trop grossier et disparaitrait rapidement.
Ainsi, le couple de retraité.e.s, le père ou la mère de famille dynamique, le jeune homme branché à la barbe bien taillé conduisent de manière égale leur tank en toute décontraction. Et on a l’impression en marchant dans les rues d’assister à une marche anti-climat permanente bien plus nourrie en activistes que toutes les mobilisations écolos, d’entendre un « fuck la planète ! » tranquillement asséné par une population automobiliste absolument décomplexée.
Alors, bien sûr, comme pour la plupart des questions écologiques, il serait absurde de remettre l’entièreté de la faute sur les personnes qui achètent ces véhicules. Nous sommes des époques au moins autant que nous sommes des individus. Et l’époque valide !
Taxi, voiture présidentielle ou commerciale, le SUV est partout
En ce sens, il est toujours surprenant d’entendre dire que la publicité ne ferait que refléter le désir de consommateurs « libres d’acheter ou non ». Un discours qui fait fi de toute la recherche sur le sujet en terme de sociologie, de psychologie cognitive, de marketing et laisserait penser que l’industrie automobile dépenserait ces sommes à pure perte.
En fait, il n’y a pas eu un désir spontané des consommateurs pour de grosses roues, de grosses consommations de carburants et de gros prix à l’achat. En revanche, il y a clairement eu une stratégie commerciale de la part des constructeurs automobiles qui représentent une part fort importante du marché publicitaire, de vendre ces véhicules qui leur rapportent beaucoup.
L’acquéreur d’un SUV paie, en moyenne, lors de son achat, 2300 euros en publicité, et chaque jour ce sont 3h50 de messages pour les SUV qui sont déversés sur les chaines de télé. En « placements de produits », ces véhicules ont aussi largement arrosé le champ culturel, notamment celui des films, des clips et des « séries ». Que les productions soient américaines ou européennes, que leurs héros soient journalistes ou enseignants, les SUV remplissent les écrans et sont de plus en plus présents parmi les voitures des personnages. Bref, nul doute que si le vélo, par exemple, bénéficiait d’une telle visibilité, la face des mobilités en serait quelque peu changée.
Car cette stratégie commerciale mise en place aux Etats-Unis assez précocement puis adaptée à un marché européen a priori plus rétif à ces engins a largement fonctionné. On les retrouve désormais nombreux parmi les taxis mais aussi les véhicules de fonction de différentes administrations, la police depuis récemment, et jusqu’à la voiture présidentielle confortant encore, s’il le fallait, leur légitimité dans l’espace public.
Le coût de ces véhicules étant, bien sûr, supérieur à leur équivalent « standard », la propension à se conformer aux nouvelles modes pousse de plus en plus de foyers, y compris peu fortunés, à consacrer un budget important, à travers la multiplication des crédits, à ces autos qui, d’ici peu, inonderont le marché de l’occasion et laisseront d’autant moins de choix à qui n’en voudrait pas.
Chercher à tout prix une « protection » individuelle
Alors on essaye de saisir les ressorts psychologiques actionnés pour rendre désirable ces voitures. Ils sont multiples, en phase avec un certain imaginaire de l’époque et ses contradictions, et pourraient donner lieu à de longues interprétations sémiologiques.
On trouve dans la publicité le rapport à la nature, magnifiée/détruite, qui va parfois jusqu’à intégrer une dose de « conscience » écologique notamment à travers la promotion des SUV électriques (« Rien ne vous retient » proclame la pub du dernier Volkswagen) ; il y a l’idée de domination, de maitrise sur l’environnement et sur la circulation ; celle de la protection des « siens » au détriment de la sécurité des autres.
Et comment ne pas penser à une sorte de « collapsologie inversée », un genre de pédagogie où on apprendrait non pas un mode de vie plus adapté aux exigences écologiques de notre époque mais à chercher à tout prix à compter au nombres des « survivants », comme une sorte d’effet « Walking dead » (la série est d’ailleurs associée à la marque Hyundai à travers un de ses modèles).
La mode des SUV constitue en fait une image assez saisissante de ce qui pourrait advenir lorsque la pression sociale et écologique poussera tout.e un.e chacun.e à aggraver la situation collective en cherchant à tout prix une « protection » individuelle.
La Zone à Faibles Émissions de la Métropole de Lyon inutile face aux SUV
Mais qu’est ce qu’on fait alors ? Il est évident qu’il y a une quinzaine d’années, lorsque cette tendance à commencé à se généraliser, il aurait fallu opposer un « ça ne va pas être possible ! » déterminé aux constructeurs autos. Comme une interdiction nette de circulation dans les villes pour ce type de véhicules (et il est d’ailleurs rageant de voir comment d’autres tendances absurdes et écocides se développent de manière similaire, à l’instar des panneaux de publicité numérique, et dont il sera beaucoup plus difficile de se débarrasser une fois qu’ils se seront immiscés dans toute la ville) .
Au niveau national, comme on peut s’y attendre, le « malus » sur ces véhicules n’aura aucun rapport avec ce qu’avait proposé la Convention climat puisqu’il ne concerne qu’une toute petite minorité de véhicules parmi lesquels aucun ne fait partie de ceux les plus vendus en France, et que l’amendement sur la publicité a été retoqué. Ce qui ne doit pas empêcher évidemment de continuer à mettre la pression.
En ce sens, il faudrait que la ZFE, malheureusement centrée sur la seule question des émissions de NO2, exclue, a minima, les SUV, sur le pare-brise desquels la vignette Crit’air 1 constitue un véritable symbole d’injustice et d’incohérence écologique.
« Non ce n’est pas OK de rouler en SUV »
En marge, existent des possibilités de rendre le stationnement plus cher en surface comme dans les parkings en fonction du poids du véhicule, et bien sûr de supprimer la publicité car il est difficilement compréhensible que puisse être étalée une bâche de 10X10 m aux couleurs d’un Porsche Cayenne sur un immeuble de la place Bellecour.
Et puis, il y a bien sûr toutes les actions imaginables pour « shamer » les constructeurs autos, et, au niveau individuel, diffuser l’idée que « non ce n’est pas O.K de rouler en SUV », c’est à dire dans une voiture qui pèse, a minima, 200 à 300 kg de plus que son équivalent « classique» ». Et jusqu’à 3000 kg au total pour un pick-up.
Nous avons une idée assez précise en ce moment de ce à quoi ressemble une réduction drastique de nos libertés individuelles, de ce à quoi nous tenons vraiment dans notre vie intime et collective pour savoir que cette « liberté » là n’en fait pas partie.
Ne pas en vouloir et le faire savoir ni même comme voiture de location ou comme taxi, faire émerger l’idée dans les discussions, à travers des actions, que la chose suscite critiques, débats. Qu’il est absurde de parler poubelles vertes et poubelles jaunes, d’inciter à couper l’eau en se brossant les dents, lorsque l’usage quotidien et solitaire d’un SUV est banalisé par une industrie automobile qui a tout intérêt à ce qu’on le considère comme un choix personnel inaliénable et non comme une pollution majeure.
Une bataille culturelle à mener pour « ringardiser » le SUV
Il y a là une bataille culturelle à mener pour « ringardiser » un type de véhicule dont l’achat ne répond à aucune nécessité, et qui amoindrit la portée de mesures visant à réduire de manière plus générale la place de la voiture dans la ville.
Bien sûr, les S.U.V ne sont que l’épiphénomène d’un société entièrement bâtie autour de l’automobile qu’il s’agit de repenser complètement. Les virer de nos rues ne changera pas la face du monde. Un peu celle de nos villes. Mais cela participe, à son niveau, de la promotion d’une forme de sobriété en termes de moyens de transports.
En termes de convivialité comme de durabilité, de santé, de jouabilité et autres « plantabilité », nous avons tou.te.s à gagner à ce que le « commun » reprenne des droits face à l’extension sans limite de la sphère du privé dont l’omniprésence des SUV est une des expressions.
C’est de l’Opéra de Lyon que partira justement la manifestation contre l’assurance-chômage à Lyon. Serge Dorny, le directeur du lieu, a demandé aux occupants de partir afin de rouvrir les portes au public.
La manifestation lyonnaise répond par ailleurs à un appel national émanant de la « Convergence services publics ».
Aux côtés d’Occupons 69, se trouvent parmi les signataires Attac Rhône, les syndicats Sud et CGT (via leurs branches culture et spectacle), l’UNEF Rhône ou encore des formations politiques comme le Parti Communiste Français et LFI Rhône.
Une manifestation pour préserver le « modèle social »
Dans leur communiqué commun, Occupons 69 et la Convergence services publics soulignent qu’il s’agit :
d’une « réforme de l’assurance chômage déjà censurée par le Conseil d’État, dénoncée par tous les syndicats et dont l’Unedic démontre les effets catastrophiques »
Dans leur appel, les organisateurs indiquent que tous défileront derrière une banderole unitaire. Si les organisateurs et certains signataires émanent du monde de la culture et du spectacle, leurs revendications se veulent plus large. Au-delà des intermittents du spectacle, « chômeurs, précaires, étudiants, soignants » sont également invités à défiler ce samedi 22 mai 2021.
L’appel national fait écho aux 75 ans de la création de la sécurité sociale. Cette manifestation, qui prend appui sur la contestation de la réforme de l’Assurance-chômage, se veut alors plus large et en défense « du modèle social ». L’appel rappelle la volonté des signataires de voir également retirer le projet de réforme des retraites ou encore la mise en place d’un RSA jeunes.
Cette manifestation fait suite aux récentes mobilisations organisées à Lyon ou Villeurbanne. Début avril, une première manifestation organisée par Occupons 69 avait eu lieu à Villeurbanne. Une autre manifestation agrémentée d’un concert avait eu lieu fin avril.
[INFO RUE89LYON] Début mai, une enseignante du lycée Germaine Tillion de Sain-Bel (Rhône), à l’ouest de Lyon, a été interdite de faire cours à plusieurs reprises au motif qu’elle portait un masque aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Le masque arc-en-ciel porté par Anne-Laure.
Lundi 3 mai, Anne-Laure avait repris avec plaisir le chemin du lycée Germaine Tillion, situé à Sain-Bel, à 30 kilomètres de Lyon. Après plusieurs semaines de cours menés « en distanciel », l’enseignante de lettres classiques avait enfin retrouvé ses élèves en classe. Elle était loin d’imaginer le scandale qui allait se déclencher quelques heures plus tard. En cause : son masque aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT.
Porter un masque arc-en-ciel au lycée, contraire au devoir de neutralité ?
Quelques minutes avant la sonnerie des cours de l’après-midi, Anne-Laure discute avec des collègues en salle des professeurs quand la proviseure adjointe du lycée l’interpelle au sujet de son masque.
« Il y avait une dizaine de collègues, on portait tous des masques différents mais elle n’a demandé qu’à moi si mon masque était homologué. Oui, il l’est. »
La réponse ne paraît pas convaincre l’adjointe car cinq minutes plus tard, c’est la proviseure du lycée qui convoque Anne-Laure dans son bureau. Deux semaines après les faits, elle se souvient encore de cet entretien :
« La proviseure m’a interdit de faire mes cours de l’après-midi avec mon masque arc-en-ciel. Elle m’a dit que ce masque mettait en évidence une opinion, ce qui était contraire au devoir de neutralité. »
La proviseure demande donc à Anne-Laure de remplacer son masque arc-en-ciel par un des masques en tissu de l’Éducation nationale. L’enseignante refuse. Deux de ses collègues tentent à leur tour de faire entendre raison à la proviseure, sans succès. Anne-Laure décide de quitter le lycée. Le lendemain, mardi 4 mai, elle revient au lycée, son masque arc-en-ciel sur le nez. Mais la proviseure l’attend à l’entrée de l’établissement.
« Je n’ai pas pu prendre mes classes, la proviseure m’a escortée jusqu’à son bureau », raconte l’enseignante.
Après un nouveau couplet sur l’entorse au devoir de neutralité que représenterait son masque arc-en-ciel, la proviseure rédige un rapport à l’attention de l’enseignante. On peut en effet y lire que la proviseure demande à Anne-Laure de ne pas prendre ses classes tant qu’elle n’ôte pas son masque.
L’arc-en-ciel, « une manière de prôner un certain type de sexualité » pour le rectorat
L’enseignante est convoquée au rectorat le 11 mai suivant. Après deux heures d’entretien, elle retourne en cours avec un masque blanc et un profond sentiment de malaise.
« On m’a expliqué que le symbole de l’arc-en-ciel pouvait être interprété comme une manière de prôner un certain type de sexualité et certaines pratiques. La DRH (directrice des ressources humaines) a même dit que l’arc-en-ciel pouvait être perçu comme le fait de militer pour la GPA (gestation pour autrui, ndlr). »
Si Anne-Laure n’a écopé d’aucune sanction ni interdiction formelle de porter son masque arc-en-ciel, on lui a fortement conseillé de ne pas faire de vague, se rappelle-t-elle, amère :
« On m’a demandé de ne pas nuire à la sérénité de l’établissement. »
L’arc-en-ciel affichable uniquement le 17 mai ?
Depuis, Anne-Laure est retournée en cours avec un masque blanc. Ce lundi 17 mai, en entrant au lycée, elle a eu la surprise de voir les murs recouverts d’arcs-en-ciel pour la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Mais cette fois-ci, il s’agit d’affiches officielles provenant du ministère de l’Éducation. L’enseignante est perplexe :
« C’est la première fois que le lycée fait quelque chose pour le 17 mai. Je n’ai pas osé remettre mon masque arc-en-ciel mais j’ai pu arborer un badge. »
Il faut dire que d’après Anne-Laure, la direction de l’établissement semble avoir une dent particulière contre les arcs-en-ciel. Un problème similaire à celui du masque arc-en-ciel avait déjà éclaté au lycée, en début d’année 2021, dans la classe de l’enseignante.
« Il y avait déjà eu une histoire semblable en cours de latin. Après un cours sur la fluidité des genres dans l’Antiquité, des élèves m’ont offert un drapeau arc-en-ciel que j’ai accroché dans la salle. La proviseure m’a aussitôt demandé de l’enlever. »
Contacté par Rue89Lyon, le rectorat a assuré n’avoir eu connaissance d’aucun incident de ce type. Mais le service communication s’est empressé d’envoyer un communiqué pour rappeler que l’institution « est pleinement mobilisée au quotidien dans la lutte de toutes formes de discriminations ».
Suite à cet épisode, et pour la première fois de sa carrière, Anne-Laure a dû être arrêtée quelques jours par son médecin traitant. Elle dit être très affectée psychologiquement par la polémique déclenchée par son masque arc-en-ciel.
« Je suis au lycée Germaine Tillion depuis un an et demi. Il y a eu des mois de confinement et pourtant l’ambiance est toujours très compliquée avec la direction. Psychologiquement, c’est très difficile. L’idée de retourner faire cours au lycée m’est insupportable. J’ai trouvé très violent que la proviseure m’interdise de prendre mes classes, à quelques minutes du début de mon cours et devant mes collègues. M’interdire de prendre mes classes, c’est considérer que je suis un danger pour mes élèves. »
Pour l’enseignante, il n’y a aucune raison que porter un masque arc-en-ciel soit une entrave à son devoir de neutralité.
« Ce symbole arc-en-ciel, ce n’est pas une opinion. Ce masque n’était pas politique et il est complètement en accord avec les valeurs de la République. Ce masque montre la diversité. Je rappelle que l’homophobie est un délit. Dans l’arc-en-ciel, toutes les couleurs sont à égalité et l’égalité, c’est une des valeurs de la République. »
Anne-Laure a écrit un courrier au recteur de l’académie de Lyon, Olivier Dugrip, pour lui demander l’autorisation de porter le masque en question. En attendant sa réponse, l’enseignante a décidé de troquer son masque arc-en-ciel pour un masque blanc. Elle a par ailleurs demandé à être mutée dans un autre établissement à la rentrée prochaine.
Ce mardi 1er juin, comme Anne-Laure n’a toujours pas eu de nouvelles du recteur, les organisations syndicales de l’Éducation nationale du Rhône, le Snes-FSU Lyon, la CGT Educ’action 69 et Sud Éducation Rhône, ont annoncé leur intention de saisir la Défenseure des droits.
Le déconfinement à Lyon et dans le Rhône débute avec un niveau toujours haut de l’épidémie. Point hebdomadaire au 19 mai sur l’évolution de l’épidémie de Covid à Lyon et dans le Rhône.
Ce mercredi 19 mai marque la reprise et réouverture de certains lieux recevant du public. Un assouplissement des mesures sanitaires qui se fait dans un contexte de lente amélioration à Lyon et dans le Rhône. Le niveau de l’épidémie reste toutefois toujours important.
Au 17 mai, 763 personnes testées Covid + avaient été hospitalisées sur une semaine dans le Rhône. Un chiffre en légère baisse par rapport à la semaine passée (-13%). Même évolution pour la part de ces patients Covid + en réanimation qui recule de 15% environ sur une semaine dans le Rhône. Ils étaient toutefois encore près de 200 en réanimation au 17 mai, selon les chiffres de Santé Publique France.
Dans la métropole de Lyon et dans le Rhône, l’incidence du virus suit la même trajectoire. Le taux d’incidence était de 200 cas pour 100 000 habitants dans le Rhône au 14 mai. Il était encore inférieur dans la métropole de Lyon (172 cas en moyenne sur une semaine). Le dépistage fluctue encore énormément du fait du 8 mai et d’une partie du pont de l’Ascension qui devrait marquer une baisse de ce dernier.
La métropole de Lyon et le Rhône en « alerte Covid renforcée » selon des critères récents
La situation actuelle en dit certainement beaucoup sur l’acceptation collective du risque face à cette épidémie toujours en cours. Ce 19 mai, les terrasses des bars et cafés ainsi que les lieux de culture rouvrent progressivement. Le niveau d’hospitalisation actuel de patients Covid + dans le Rhône est à peu près équivalent à celui de l’année dernière à la même date, où nous étions alors en plein confinement strict.
Il y a actuellement près de 7 fois plus de patients hospitalisés dans le Rhône qu’au cours de l’été 2020 qui avait marqué un véritable « écrasement » de l’évolution de l’épidémie. Les patients en réanimation diminuent mais lentement. Et l’incidence actuelle du virus dans la Métropole de Lyon (172 cas tous âges confondus et 82,6 cas chez les plus de 65 ans) la placerait dans ce qui était il y a peu le « niveau d’alerte renforcée »
Jusqu’où va la construction métropolitaine ? Quel rôle les habitants peuvent-ils avoir là-dedans ? A l’heure de la crise sanitaire, la question se pose plus que jamais. Le sociologue Robert Pyka explore les métropoles de Lyon et de Saint-Étienne, à la recherche de lieux alternatifs d’où émergent de nouvelles conceptions, hors du cadre institutionnel, pour fabriquer la ville « par le bas ».
Retrouvez ci-dessous le texte de Robert Pyka, professeur de sociologie à l’Université de Silésie à Katowice (Pologne) et résident 2020-2021 du Collegium de Lyon. Il est l’invité unique de la conférence de ce mercredi 19 mai, « Les métropoles comme laboratoires de nouveaux modèles de « lieux d’innovation » »
Ma plus que décennale fascination des métropoles provient de la conviction que ces nouvelles territorialités émergeantes constituent des miniatures du monde globalisé. On y retrouve la même densité et complexité des relations, la même diversité et les interdépendances des acteurs, les mêmes « malaises » et les mêmes promesses qu’on observe au niveau global. Les métropoles dépassent les périmètres territoriaux des collectivités territoriales classiques. Ces nouvelles territorialités s’autoproduisent dans le jeu d’acteurs métropolitains complexe qui contraste avec le gouvernement vertical des municipalités.
En tant que laboratoires social et politique, les métropoles et les espaces métropolitains préfigurent le monde de demain. L’état d’urgences écologique, climatique et sanitaire demande un changement profond de notre approche au monde. Les métropoles, cumulant les défis contemporains, se présentent, donc, comme le terrain d’expérimentation extraordinaire où ce changement pourrait être initié. Mes recherches, notamment celles que je réalise, actuellement, dans les métropoles lyonnaise et stéphanoise autour de lieux alternatifs d’innovations sociales, consistent à identifier des prémisses d’émergence d’une nouvelle approche de la métropole.
Dans cette nouvelle perspective, la métropole est produite par le haut à travers des grands projets d’aménagement portés par des institutions publiques et des investisseurs (éléphants et arbres) mais, aussi, par des habitants contributeurs actifs (papillons et abeilles) – les métaphores des « éléphants », « arbres » et « papillons », « abeilles » ont été employées par G. Mulgan, (2007) et Oosterlynck et al. (2013).
La métropole n’est plus seulement perçue comme une « locomotive » de croissance économique ; elle est, aussi, la source d’innovations sociales qui émergent de lieux d’innovation ascendants et dispersés sur le territoire métropolitain et en dehors des lieux totem « décrétés » par les autorités métropolitaines.
Photo de Robert Pyka
La métropole : grandir jusqu’à quel point, à quelle fin et pour qui ?
Dans une perspective généralement partagée, la métropole se distingue par l’accumulation des potentiels et des capitaux. Elle est, traditionnellement, traitée, avant tout, comme un moteur de développement territorial, une « machine » de croissance, d’attractivité et d’absorption des ressources extérieures économiques et humaines.
Cela fait partie d’un modèle d’extraction néolibérale puisque que se pose, avant tout, pour la métropole, la question suivante : comment mobiliser et utiliser les ressources en place pour grandir, progresser dans les classements internationaux, attirer davantage d’investisseurs par la création d’infrastructures et d’équipements, avec des lieux totems comme des quartiers créatifs, clusters, etc. ? La stratégie vise la maximalisation de retour sur investissements capitalisés par les acteurs économiques et les autorités publiques en mettant, au second rang, les besoins et les intérêts des habitants.
Aujourd’hui, aussi en raison de la crise sanitaire, cette approche est requestionnée : grandir jusqu’à quel point, à quelle fin et pour qui ? Certaines recherches démontrent les limites de la stratégie visant la seule concentration physique des acteurs dites « créatifs » susceptible de créer, automatiquement, d’autres types de proximités (cognitive, sociale, organisationnelle) nécessaires pour l’hybridation des innovations. Il s’avère que les innovations, et avant tout les innovations sociales, ne se laissent, que très rarement, décréter dans des lieux issus des logiques d’attractivité et de croissance.
La création des lieux totems dédiés à la créativité et des innovations peuvent, aussi, favoriser la gentrification et la ville duale puisque les emplois des quartiers créatifs ne servent que très peu souvent leurs habitants, attirant, plutôt, des créatifs des territoires limitrophes. Le rapprochement entreprises technologiques et milieux créatifs favorise, principalement, le transfert des idées de ces collectifs vers le marché par la création ou l’amélioration de production de biens et de services et la croissance de la compétitivité. Le transfert des idées novatrices des lieux d’innovation ascendants vers la collectivité locale – afin de rendre des politiques publiques urbaines plus innovantes et plus adaptées aux besoins des habitants -, dépassent, rarement, les déclarations politiques.
Des habitants-contributeurs actifs, désireux de retrouver le contrôle sur leur environnement
Dans ce contexte, la métropole s’observe, non seulement comme « machine de croissance », mais aussi comme source de réponses aux enjeux actuels et source d’innovations sociales. Des solutions alternatives émergent de lieux d’innovation dispersés sur le territoire métropolitain, forts d’énergie habitants-contributeurs. Les acteurs de ces lieux se mobilisent et jouent avec les règles de jeu pour fabriquer et transformer, ensemble, la ville : ils cherchent à retrouver le contrôle sur leur environnement immédiat où ils produisent et gèrent, collectivement, des nouveaux communs urbains.
Les solutions proposées ne sont peut-être pas optimales suivant les critères d’efficacité économique mais, en dehors des valeurs purement monétaires, elles génèrent des externalités non-économiques extrêmement précieuses, des liens, de la confiance, des espaces dégradés revalorisés, des lieux qui rendent nos villes plus durables et résilientes. Les changements décrits ci-dessus peuvent-ils contribuer à la lecture des alternances politiques récentes dans les métropoles de Montréal en 2017, et de Lyon en 2020 ? Le système politique métropolitain lyonnais change sa logique. Les fonctionnaires et les élus, qui ont internalisé la stratégie de croissance et de l’attractivité comme jeu dominant, devraient, maintenant, davantage prendre en compte, directement, les attentes des habitants-électeurs qui revendiquent leur place, leur contrôle et leurs intérêts au sein de la métropole.
Des lieux alternatifs de fabrication de la ville « par le bas » dans les métropoles de Lyon et Saint-Etienne
Mes recherches actuelles explorent les métropoles comme des espaces où de nouvelles formes de « lieux d’innovation » émergent, de manière dispersée, en dehors des structures classiques comme les parcs technologiques ou les clusters. Il reste crucial de comprendre comment fonctionnent ces lieux particuliers de fabrication de la ville « par le bas », où le capital créatif métropolitain, traité comme un potentiel, est, effectivement, transformé en innovations, y compris en innovations sociales qui nécessitent un environnement distinct par rapport aux innovations technologiques.
La notion classique de la « ville créative » est, alors, dépassée par les concepts de « ville collaborative », « ville en transition », fabcity, ou encore de « société résiliente ».
Plusieurs concepts et notions ont vu le jour pour appréhender la créativité et les innovations informelles et citoyennes qu’il est possible, en simplifiant, de résumer à deux courants principaux prenant appui, soit sur les notions de « lieu » et « d’espace » (tiers-lieu, espace collaboratif, espace d’innovation, hackerspace, makerspace, etc.), soit sur les notions de « collectif » et de « communauté » (collectif créatif, communauté de pratiques, communauté épistémique, etc.).
La notion de « lieu d’innovation », tel que nous l’avons définie, cherche à fusionner les deux approches via la notion dynamique et progressive de « lieu » de Doreen Massey qui le définit comme « des moments dans les réseaux des relations sociales ».
Cette approche nous permet de garder le lien avec le lieu qui reste un objectif et un défi pour de nombreux collectifs, sans perdre de vue la dynamique et la diversité des interactions occasionnées par le lieu mais dont une large partie se construit en dépassant la simple localisation physique.
Grâce à l’accueil qui m’a été offert par le Collegium Lyon (Idex IMU et Laboratoire EVS), depuis septembre 2020, et malgré les conditions sanitaires défavorables, j’explore les territoires métropolitains lyonnais et stéphanois à la recherche de lieux d’innovation. Après l’étude initiale concernant l’organisation d’écosystèmes d’innovation sociale, leurs éléments et leurs interrelations, je suis, récemment, entré en phase d’exploration de ces lieux d’innovation identifiés. Mon aventure scientifique continue et j’espère pouvoir, bientôt, présenter de premières observations de ces lieux générateurs d’univers distincts.
Par Robert Pyka, professeur de sociologie à l’Université de Silésie à Katowice (Pologne) et résident 2020-2021 du Collegium de Lyon.
> Conférence du mercredi 19 mai : « Les métropoles comme laboratoires de nouveaux modèles de « lieux d’innovation » »
Quelles sont les conditions pour que le potentiel concentré dans les « lieux d’innovation » devienne une source de créativité et d’innovations sociales qui permettraient de faire face aux défis socio-économiques complexes du monde moderne ? Et ce distinctement des innovations technologiques.
Avec :
Robert Pyka. Professeur de sociologie à l’Université de Silésie à Katowice (Pologne), il est actuellement résident 2020-21 du Collegium de Lyon. Ses recherches portent sur l’évolution de l’Etat et des institutions territoriales dans le contexte de la globalisation. Il est l’auteur de Metropolization and local governance (University of Silesia, 2014) et de Globalisation – social justice – economic efficiency. French dilemmas (University of Silesia, 2008).
Animation :
Michel Lussault. Géographe, professeur à l’École normale supérieure de Lyon et directeur de l’École urbaine de Lyon. Ses recherches se fondent sur l’idée que l’urbain mondialisé anthropocène constitue le nouvel habitat de référence pour chacun et pour tous. Ses deux derniers ouvrages sont Hyper-lieux. Les nouvelles géographies de la mondialisation (Seuil, 2017) et Chroniques de géo’ virale (Deux-cent-cinq, 2020).