Le point actualisé au 9 juin sur l’évolution de l’épidémie de Covid à Lyon, dans le Rhône et la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’évolution continue de s’améliorer malgré une vigilance sur l’évolution de certains variants.
À Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes, les indicateurs de l’épidémie de Covid continuent d’indiquer une tendance à la baisse.
Avec un niveau de dépistage plus stable, l’incidence du virus ainsi que la positivité des tests continuent ou sont repartis à la baisse. La décrue à l’hôpital se poursuit également. Ainsi au 5 juin, dans le Rhône :
le taux d’incidence global sur une une semaine indiquait un peu moins de 80 cas pour 100 000 habitantsle taux d’incidence des plus de 65 ans était encore plus faible, de 20 à 36 cas pour 100 000 habitants en moyenne selon les tranches d’âges.le taux de positivité était toujours dans le vert à hauteur de 2,4% de tests positifsdans la métropole de Lyon, au 4 juin, le taux d’incidence globale sur une semaine s’élevait à 91 cas pour 100 000 habitants. Un niveau jamais atteint depuis le début des indicateurs à l’échelle des métropoles lors de la deuxième vague de l’automne 2020.
Covid : dans le Rhône, toujours un œil sur les variants
Dans les hôpitaux de la région, le taux d’occupation des services de réanimation par des patients Covid s’élevait à 42% au 8 juin. Un niveau plus connu depuis le 10 octobre 2020, signe d’une véritable décrue dans les services hospitaliers. Dans les hôpitaux du Rhône, au 7 juin, 400 patients Covid+ avaient été hospitalisés en moyenne sur une semaine (-10% sur une semaine). Dont 100 environ en réanimation (-20% sur une semaine).
Du côté des variants, la situation semble rester stable. Toutefois, dans l’Ardèche la part des variants brésilien et sud-africain a quadruplé depuis le 31 mai. Elle connaît des évolutions importantes depuis la mi-mai environ dans le département.
Dans le Rhône, la part non identifiable dans les analyses des tests positifs continue d’augmenter. Nous en parlions la semaine passée. Elle s’élève à 20% des tests au 5 juin. En augmentation, lente mais quasi constante, depuis début mai (8% au 1er mai). Mais dans le même temps, la part de tests positifs analysés a chuté pour atteindre environ 50%.
Évolution de la part des variants et de la souche « historique » du virus responsable de la Covid dans le Rhône. Capture graphique Rue89Lyon, données Santé Publique France
Les syndicats des psychologues appellent à se rassembler ce jeudi 10 juin dans toute la France pour défendre un accès libre et gratuit aux soins psychiques. A Lyon, les psychologues sont attendus à 13h30 devant la préfecture du Rhône.
Après plus d’un an de crise sanitaire aux conséquences redoutables, c’est au tour des psychologues de craquer. Ce jeudi 10 juin, les syndicats appellent à une mobilisation nationale « pour que le gouvernement et les pouvoirs publics arrêtent de se moquer des psychologues ».
A Lyon, les psychologues, les enseignant·es-chercheur·ses ou encore les étudiant·es sont invité·es à se rassembler à partir de 13h30 au niveau de la préfecture du Rhône, quai Augagneur.
Alors que les retombées psychologiques de l’épidémie de coronavirus se font sentir de plus en plus fort, à Lyon comme dans tout le pays, les syndicats des psychologues dénoncent des mesures qui limitent l’accès du grand public aux soins psychiques.
« La crise sanitaire a mis à jour les maux de notre société et découvre, entre autres, l’importance des psychologues. Or le Gouvernement s’emploie à nier leur place en imposant un accès sous prescription médicale qui pénalise le public, en limitant leur indépendance technique et en conditionnant leur exercice clinique », expliquent les syndicats dans un communiqué.
Les professionnel·les mobilisé·es réclament « le retrait des différentes expérimentations en cours sur le remboursement des consultations et psychothérapies des psychologues, à des tarifs dérisoires qui ne permettent pas de vivre de son travail, et de plus sous contrôle médical. » Ils demandent le remboursement des consultations psychologiques par la Sécurité sociale, sans besoin d’une prescription médicale en amont.
Des rassemblements sont annoncés dans une quarantaine de grandes villes françaises. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, des mobilisations de psychologues sont prévues à Lyon mais aussi à Clermont-Ferrand. A Paris, les syndicats demandent à être reçus par le Premier Ministre, le Ministre de la Santé et le Ministre de l’Enseignement supérieur.
La Marche des Fiertés sera bien au rendez-vous ce samedi 12 juin à Lyon malgré l’épidémie de coronavirus. Le « Village », rassemblement de différents stands, a en revanche été annulé.
L’année dernière, la Marche des fiertés avait dû être annulée à Lyon en raison de la crise sanitaire. Ce samedi 12 juin, la Marche aura bien lieu, avec quelques modifications pour garantir la tenue de cette 25ème édition, malgré l’épidémie de coronavirus.
La 20e Marche des fiertés de Lyon, en juin 2015, rue Édouard Herriot.Photo : DR
Le Collectif Fiertés en lutte a fixé le rendez-vous à 12h sur la place Bellecour. En raison des conditions sanitaires, il n’y aura finalement pas de Village des Fiertés cette année. Les différentes associations ne pourront pas y tenir leurs stands habituels. En revanche, les prises de parole sont maintenues sur la place à partir de 12h, avant le départ du cortège.
Cette année, le parcours n’a rien à voir avec celui de 2019, dans le Vieux-Lyon. Ce samedi 12 juin, aux environs de 14h, le cortège doit se mettre en branle place Bellecour en direction du quai Courmont qu’il remontera jusqu’au pont Morand. Là, il faudra traverser le Rhône puis emprunter les quais Sarrail et Augagneur jusqu’à la Guillotière. Vers 17h, la Marche des Fiertés retournera ensuite place Bellecour, par le pont de la Guillotière.
✨🏳️🌈 INFOS PRATIQUES PRIDE DE LYON 🏳️🌈✨
C’est l’heure de quelques informations et nouvelles pratiques pour le jour de la Marche (J-4 !!)🏳️🌈 Dans ce thread on vous donne le parcours de la Marche et on vous parle des changements sur le Village des Fiertés ! pic.twitter.com/AMMreZj8Kv
— Collectif Fiertés en Lutte (@CFL_Lyon) June 8, 2021
Après une période de mise à l’abri systématique, la Métropole de Lyon remet à la rue, depuis début mai, les jeunes migrants dont la minorité est contestée. Une trentaine d’entre eux ont trouvé refuge dans un campement dressé sur les pelouses d’un square de la Croix-Rousse (4ème arr.).
Sur le plateau de la Croix-Rousse (4ème arr. de Lyon), le square du général Gustave Ferrié a des allures de camping improvisé. Depuis plus d’une semaine, des jeunes migrants originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne y dorment dans des tentes, faute d’hébergement.
La première nuit, vendredi 28 mai, il y avait 16 jeunes étrangers dans ce campement dressé dans le square. Ce lundi 7 juin, ils sont 27 à dormir dans les tentes, et 20 logés à droite et à gauche chez des habitant·es de Lyon. Chaque jour qui passe voit une nouvelle tente s’ajouter aux autres.
Le campement improvisé dans le square du général Ferrié, à la Croix-Rousse (Lyon 4ème).Photo : OM/Rue89Lyon
Pourtant, à l’automne 2020, la Métropole de Lyon dirigée par les écologistes et la gauche avait assuré la mise à l’abri systématique des jeunes migrants, quelque soit leur statut juridique.
Depuis le 3 mai 2021, la collectivité est revenue sur cette pratique et remet à la rue tous les jeunes dont la minorité a été contestée lors de l’évaluation assurée par l’association Forum réfugiés, qu’ils fassent appel devant le juge des enfants ou pas. Les organisations qui soutiennent ces jeunes – le collectif de soutien Maurice Scève, le collectif AMIE (Accompagnement des mineurs isolés étrangers), La Cimade, le Secours populaire… – ont donc fait le choix de ce camping improvisé, pour mettre à l’abri ces jeunes et alerter sur leur situation.
« J’ai dormi à la gare et après ici »
« Je suis né en 2005 en Guinée Conakry. Je ne suis jamais allé à l’école. En 2021, je suis parti avec un ami mais je l’ai perdu. On est allés au Mali puis à Marseille et à Lyon. J’ai dormi à la gare et après ici. »
Youssouf (prénom d’emprunt) déclare avoir 16 ans. Avec ses traits enfantins, sa petite taille, sa voix fluette et son sourire hésitant, on lui en donne facilement moins. Pourtant, après un entretien avec l’association Forum réfugiés, il a été décidé que Youssouf ne pouvait être mineur. L’adolescent s’est donc retrouvé dans les rues de Lyon jusqu’à être hébergé par une habitante.
Aujourd’hui, Youssouf dort sous une toile de tente dans un square public de la deuxième agglomération de France en attendant que son recours auprès du juge des enfants aboutisse.
En expliquant son parcours, le garçon serre précieusement sur ses genoux des polycopiés froissés des cours de français dispensés aux jeunes par le Secours populaire. Ce soir encore, il révisera ses leçons sur un banc public, entre les toiles de tente, les packs d’eau entassés et les caisses de nourriture déposée par les habitant·es du quartier.
Comme Youssouf, les jeunes qui dorment dans ce square, en grande majorité originaires de Guinée, ont vu leur minorité contestée.
Youssouf révise ses leçons de français à quelques pas de sa tente.Photo : OM/Rue89Lyon
La « Métropole hospitalière »
Cet automne, la Métropole de Lyon avait fait le choix de prendre quand même en charge ces jeunes migrants, peu importe leur statut juridique flou.
Cette politique a été mise en place au moment de l’expulsion des derniers occupants du squat Maurice Scève. La Métropole de Lyon s’était engagée à héberger tous les jeunes migrants, y compris ceux dont la minorité n’avait pas été reconnue.
Renaud Payre, le vice-président de la Métropole en charge du logement, lançait alors le concept de « Métropole hospitalière » qui tranchait avec les années Collomb et Kimelfeld (voir infographie ci-dessous) :
« La fermeture de ce squat est un premier signal pour aller vers une autre culture de l’hospitalité, une autre politique de l’accueil des réfugiés. La Métropole doit être accueillante. »
Le 2 novembre 2020, la Métropole de Lyon a également inauguré « La Station ». Situé dans le 3ème arrondissement de Lyon, ce lieu géré par l’association Le Mas peut accueillir jusqu’à 52 jeunes migrants reconnus majeurs, en procédure de recours ou non. Depuis son ouverture, 91 jeunes sont passés par La Station d’après les chiffres de la Métropole. La majorité d’entre eux ont vu leurs recours aboutir et ont ensuite été pris en charge par les services de la protection de l’enfance.
Le 26 avril dernier, la Métropole de Lyon a voté un budget de 8,6 millions d’euros pour faire de la deuxième agglomération de France « une Métropole accueillante et hospitalière » (lire encadré). Dans le dossier de presse correspondant, Renaud Payre annonçait des actions fortes :
« Nous nous sommes engagés dès les premiers jours du mandat pour répondre à l’urgence sociale exacerbée par la crise sanitaire. La sortie du squat Scève ou encore la mise à l’abri de plus de 800 personnes en sont des exemples concrets. Faire de notre territoire une Métropole accueillante et hospitalière, c’est renforcer nos capacités d’accueil de tous et toutes dans la dignité. »
Face à un « appel d’air », la Métropole de Lyon fait machine arrière
Depuis le 3 mai, l’exécutif écologiste fait machine arrière, débordé par le nombre de nouvelles arrivées de migrants qui se disent mineurs.
D’après les chiffres que la Métropole de Lyon a fourni à Rue89Lyon, 560 jeunes migrants ont ainsi été mis à l’abri par la collectivité (dans des hôtels principalement, où ils se trouvent toujours) entre le 17 octobre 2020 et le 3 mai 2021. Rien à voir avec le premier confinement, où, en raison de la fermeture des frontières, il n’y avait eu que 70 jeunes majeurs à héberger, explique-t-on au cabinet du président de la Métropole, Bruno Bernard (EELV) :
« Cet appel d’air est normal sur la métropole de Lyon. Il faut ouvrir d’autres lieux comme La Station, mais avec le soutien de l’État et de la Ville de Lyon. Cette question ne peut pas être travaillée qu’à l’échelle de la Métropole de Lyon. »
Cette argument de l’appel d’air, que l’on retrouvait chez Gérard Collomb, surprend pour une Métropole dirigé par une majorité écologiste et de gauche. La décision forte de cette mise à l’abri systématique n’aura pas fait long feu.
Une semaine après avoir voté cette délibération « pour une métropole accueillante et hospitalière », ladite Métropole a estimé que finalement, les jeunes migrants reconnus majeurs à la suite de l’évaluation conduite par Forum réfugiés doivent être remis à la rue et pris en charge par les services de l’Etat, compétent en matière d’hébergement d’urgence.
Une mise à l’abri systématique durant les confinements
Début mai, lorsque le cabinet de la Métropole de Lyon a annoncé cette nouvelle aux collectifs et associations, il leur a également fourni quelques chiffres : au premier trimestre 2021, entre 16 et 19 % des jeunes migrants ont été reconnus mineurs, contre 29 % en 2020 et 50 % en 2019.
Or, s’ils sont majeurs, l’hébergement se fait beaucoup plus compliqué, voire illusoire pour ces jeunes, reconnaît-on au cabinet de la Métropole :
« On veut travailler avec l’État pour une poursuite de prise en charge. On connaît la problématique de l’hébergement d’urgence sur notre territoire. Ces jeunes hommes isolés ne sont pas prioritaires, il y a plus d’un an et demi d’attente pour une place d’hébergement. »
Au cabinet, on précise surtout, aujourd’hui, que cette mise à l’abri systématique des jeunes migrants à l’hôtel, initiée fin octobre 2020 par la Métropole, n’était prévue que le « temps de la crise sanitaire » :
« Au deuxième confinement, le président de la Métropole de Lyon a décidé de mettre à l’abri systématiquement ces jeunes jusqu’au déconfinement. Il n’y a pas eu de remise à la rue entre le deuxième et le troisième confinement. Cette dynamique est très exceptionnelle, elle est unique en France. »
Ces jeunes migrants, dont la minorité a été contestée, sont en attente d’une réponse du juge des enfants dans le jardin du général Ferrié, Lyon 4ème.Photo : OM/Rue89Lyon
La Métropole veut refiler les bébés à la préfecture
Contactée par Rue89Lyon, la préfecture du Rhône explique avoir lancé avec les collectivités en fin de semaine dernière un diagnostic social auprès des jeunes du square Ferrié. Pour elle, la situation est claire juridiquement parlant : la présomption de minorité s’impose jusqu’à ce que le recours formulé par les jeunes ait reçu une réponse.
Or, le délai moyen d‘un recours auprès du Juge des enfants est de trois mois. Pendant ce laps de temps, la préfecture affirme que c’est à la Métropole de Lyon qu’il incombe de s’occuper de ces jeunes, conformément à ses compétences juridiques.
« Si les jeunes sont reconnus majeurs par une décision de justice, on les prendra en charge », affirme la préfecture.
Dans le cas contraire, ce sera aux services métropolitains de la protection de l’enfance de s’en occuper.
En attendant, la préfecture n’hébergera pas ces jeunes migrants. Pour le moment, le campement improvisé du square Ferrié semble toléré par les habitant·es comme par les forces de l’ordre.
« Ils se renvoient la balle de la même manière qu’ils le font au niveau politique »
Les collectifs de soutien à ces jeunes migrants craignent un retour à la situation de l’été 2018, où de nombreux jeunes dont la minorité avait été contestée dormaient dans les rues de Lyon. Cette situation avait conduit à l’ouverture du squat Maurice Scève, expulsé fin octobre 2020 et dont les occupants ont été relogés.
Les militant·es, galvanisé·es par cette décision de mise à l’abri systématique prise par la Métropole de Lyon à l’automne 2020, avaient placé beaucoup d’espoir dans ce nouvel exécutif métropolitain. Aujourd’hui, épuisé·es, celles-ci et ceux-là regardent d’un air las leurs jeunes protégés monter les toiles de tente, s’organiser pour prendre des douches à tour de rôle et bûcher leurs cours de français tant bien que mal, entassés sur un banc public.
La déception est grande pour Sébastien, du collectif de soutien aux migrants de Maurice Scève :
« Les élus sont passés pour dire qu’ils nous soutiennent. Ils discutent beaucoup mais ils se renvoient la balle entre la Métropole et la mairie. Par exemple, le club de foot à côté voudrait bien prêter ses douches aux jeunes, mais les douches appartiennent à la mairie du 4ème qui, elle, veut l’accord de la mairie centrale… »
« Ils se renvoient la balle de la même manière qu’ils le font au niveau politique », soupire Benjamin, du collectif AMIE.
Pour eux, il faudrait d’autres dispositifs comme La Station, au moins deux ou trois pour suivre le rythme des arrivées.
Ce n’est pas si facile, rétorque le cabinet de la Métropole de Lyon qui sort la calculette :
« Ce n’est pas des petites sommes. Pour La Station par exemple, la Métropole débourse 500 000 euros par an. C’est un vrai choix politique. »
Silence radio dans les rangs de gauche de la majorité métropolitaine
Que va-t-il advenir ce campement improvisé ? En une semaine, le nombre de tentes a presque doublé. Qu’en sera-t-il dans trois mois, date à la quelle les premier recours formulés par ces jeunes devraient théoriquement avoir reçu une réponse ? A cette question, comme à celle de savoir ce que vont également devenir les 560 jeunes mis à l’abri dans des hôtels avant le 3 mai, la Métropole de Lyon se contente de répondre, laconique :
« On y travaille. »
Dans les rangs des élu·es métropolitain·es de gauche et écologistes, c’est silence radio. D’après les collectifs, plusieurs d’entre eux se sont quand même fendus d’une visite au jardin du général Ferrié pour les assurer de leur soutien.
Nathalie Perrin-Gilbert, aujourd’hui adjointe au maire de Lyon à la culture, avait largement œuvré pour la prise en charge de ces jeunes migrants quand elle était maire du 1er arrondissement de Lyon et qu’elle siégeait dans l’opposition à la Métropole. En avril dernier, elle affirmait à Rue89Lyon que les remises à la rue étaient la ligne rouge à ne pas franchir par le nouvel exécutif métropolitain (lire ici).
« Pour l’instant, il y a une mise à l’abri. Ça pourrait être remis en question, ce que Lyon en commun trouve inacceptable. »
Pourtant, ce lundi 7 juin, c’est au moins 29 jeunes qui ont déjà été remis à la rue et dorment désormais dans le square du général Ferrié. Sans compter ceux hébergés par des habitant·es.
Sollicitée à ce sujet par Rue89Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert n’a pas souhaité s’exprimer.
A deux pas du jardin du général Ferrié, les collectifs lorgnent un bâtiment vide depuis sept ans, qui pourrait être mis à disposition par un conventionnement associatif comme ça a été le cas d’un squat du 3ème arrondissement de Lyon.
En attendant, cette nuit, Youssouf et les autres dormiront encore sous la tente dans ce nouveau squat à ciel ouvert à Lyon.
À l’entendre entonnée telle une rengaine par les plus médiatiques des candidat·es aux élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes, on pourrait penser que la sécurité est une compétence directe de la collectivité. Ce qui n’est pas le cas.
Tout le monde le sait et, pourtant, le thème infuse les programmes, devenant à droite comme à gauche « une priorité, oui ». Devant les TER, les lycées ou encore la formation professionnelle des demandeurs d’emploi.
Passer pour des inconséquents ? Il ne manquerait plus que ça. Alors qu’elle peine à faire vivre sa campagne en Auvergne-Rhône-Alpes, la candidate du PS, Najat Vallaud-Belkacem (NVB), en a parlé dès le deuxième chapitre de la présentation de son programme (à Lyon, le 17 mai dernier). Juste après un « grand plan pour l’emploi des jeunes ».
L’ancienne ministre de François Hollande a décidé de faire grand cas de la sécurité au point d’adjoindre un « s » au terme, préoccupée par tous les types d’incivilités, sectarismes ou maux contemporains. Sur un ton qui cherchait à convaincre, peut-être aussi bien elle-même que son auditoire de militants et de journalistes venus en rangs serrés dans un salon du Mob Hotel, elle a lâché un « oui, la sécurité nous préoccupe ».
Opération sauvetage et triangulation pour Najat Vallaud-Belkacem
Et ce qui l’avait irritée tandis qu’elle était ministre de l’Éducation nationale de François Hollande est devenu une priorité pour elle. Les caméras de surveillance dans les lycées installées par Laurent Wauquiez ? Non seulement elles sont désormais bien là où elles sont, mais il eût en plus fallu faire davantage. Selon l’audit de NVB, beaucoup d’entre elles ne seraient pas reliées à des postes de police -ce qui les rend inopérantes. Elle présidente, la liaison serait aussitôt faite.
Pour aller plus loin, NVB imagine lancer une brigade d’agents « de sécurité et de civisme » aux abords des lycées, afin d’en protéger les élèves. La candidate socialiste n’a pas fourni de détail sur la formation ni la compétence attribuées à ces 1000 personnes qu’elles promet d’embaucher et qui n’auraient, de fait, aucun pouvoir policier. Ni de légitimité d’action autoritaire ou médiatrice auprès de la population.
Pour rester dans l’air du temps, NVB a prévu un plan anti-rodéos (ces courses et démonstrations de motocross qui ont lieu parfois en pleins boulevards urbains ou places centrales).
Avec ces mesures, la candidate socialiste opère une triangulation classique, tentant de placer son programme au-delà des clivages classiques droite-gauche. Cela porte-t-il ses fruits ? À ce jour, les sondages comme la chronique médiatique interrogent la présence même de NVB au second tour, avec le risque que la candidate ne dépasse pas le seuil de 10% des voix.
Sans surprise, il l’a lui-même dit lors de la présentation de son programme ce lundi 7 juin, Laurent Wauquiez a fait de la sécurité sa « priorité numéro 1 ». Elle passe avant tous les thèmes et les compétences que possède une collectivité régionale. Du côté de l’actuel président d’Auvergne-Rhône-Alpes et candidat Les Républicains, on a développé la même idée de brigade aux abords des lycées que chez NVB. Il imagine mettre en selle « d’anciens policiers ou gendarmes » (à la retraite ?).
Faisant la course en tête, fort de sondages et d’études favorables, Laurent Wauquiez s’est donc donné la peine de présenter un programme, soit un quasi plan de deuxième mandat dans la continuité du premier, assorti d’une feuille de route politique.
Il s’est octroyé de nouvelles marges de manœuvre en matière de sécurité, énoncées au milieu de positions de principe anti-islamistes, anti-communautaristes, etc. Estimant au passage que ceux à qui incombe le sujet, au plus haut sommet de l’État, ne feraient pas le travail.
Le tout doit quand même se déployer dans son périmètre d’action, c’est à dire dans les gares au départ des trains régionaux, où il espère intégrer un système de reconnaissance faciale (pour repérer spécifiquement des « terroristes » nécessairement « islamistes »). Une lutte anti-racket des lycéens pourrait se mener via des caméras installées dans les cars régionaux, pour parfaire l’attirail sécuritaire.
On y retrouve aussi la police ferroviaire, dont l’effectif sera doublé.
De quoi dépenser 300 millions d’euros au total, promesse faite, dans le courant d’un éventuel deuxième mandat.
Aucun lieu placé sous la bannière « Auvergne-Rhône-Alpes » n’a été oublié. Si ce ne sont les lieux de formation pour les demandeurs d’emploi qui, eux seuls, n’ont pas été évoqués, malgré le fait qu’il s’agisse d’une compétence régionale.
Pour résumer, un plan anti-rodéos chez Najat Vallaud-Belkacem, un autre anti-racket chez Laurent Wauquiez. On relève dans la foulée le projet « anti-racailles » imaginé par Andrea Kotarac, candidat du Rassemblement national (RN).
Une idée qu’il développerait dans les lycées, bien entendu, car le conseiller régional autrefois encarté chez LFI et désormais transfuge chez Marine Le Pen, connaît son petit guide de la Région. Lui revient la palme des mots les plus violents et du vocabulaire le plus familier, puisqu’il s’agit de se différencier dans un maelstrom emportant quasi tout le monde.
Pour Cécile Cukierman, candidate PC-LFI, « la sécurité est un sujet d’actualité réel qu’il ne faut pas balayer d’un revers de manche ».
Mais elle ne s’attribuerait pas la compétence, et préfère replacer le sujet dans les mains de l’État, en apportant toutefois une contribution. Elle présidente, la conseillère régionale communiste imagine « recenser dans tous les commissariats de la région les manques d’effectifs comme d’équipements » pour s’en faire la porte-voix.
Redonner des crédits aux associations, autre option du thème « sécurité »
Selon Cécile Cukierman, les caméras et les portiques installés par Laurent Wauquiez n’ont en rien réglé le problème de l’insécurité ou le sentiment qu’il suscite durant ce mandat de cinq ans. Ce qu’assène également NVB, qui estime que les portiques devant les lycées créent des attroupements dangereux en cas d’attaque et que, pour la plupart, ils ne sont d’ailleurs plus réellement mis en fonctionnement.
L’écologiste Fabienne Grébert, également conseillère régionale d’opposition, tente de ne pas se laisser emporter et poursuit quant à elle une campagne, lancée il y a de nombreux mois, de candidate sagement studieuse voire laborieuse. Mais difficile de ne jamais se placer en vis-à-vis des autres. Lors de la présentation d’éléments de programme, le 26 mai dernier, c’est une de ses colistières qui a pris en charge le propos.
Anaïs Widiez, gérante d’une épicerie « zéro déchet » qui explique s’être reconnue dans les valeurs « écoféministes » d’EELV, a entamé son propos avec un rire gêné, déclarant qu’elle comptait elle « aussi, parler de sécurité ». « Mais sous un autre angle ».
Elle s’est dite surprise de ne pas entendre ses adversaires sur l’insécurité liée au genre, aux discriminations, au racisme. « Un angle mort », qualifie Anaïs Widiez, qui voudrait agir sur les causes et les racines des problèmes, en ré-attribuant des financements aux partenaires et associations. « Ils sont confrontés à ces problématiques tous les jours, sur le terrain, avec peu de moyens, pour lutter contre les préjugés, le harcèlement », juge-t-elle.
La police et « en même temps » l’éducation au civisme
Bruno Bonnell, le candidat du parti présidentiel LREM, n’est pas loin d’être d’accord avec les candidates écologistes. Pour cela, il convoque le souvenir de son « médecin de famille » qui lui aurait soufflé un sage conseil maintenant appliqué à son programme : ne pas « confondre les causes et les symptômes d’une maladie ». Pour lui, les problèmes sont dus à des politiques publiques qui ont « abandonné le civisme ».
Sur une petite vidéo dédiée au thème de la sécurité, le député LREM ne résiste pas au « en même temps » cher à Emmanuel Macron. « En même temps qu’il faut apporter du soutien aux polices municipale et nationale », il convient selon Bruno Bonnell d’investir dans le développement de l’éducation au civisme, « car si on ne change pas ce qu’il y a dans la tête des gens, les brigades, les milices ne serviront à rien ».
Comme il l’avait développé lors de la campagne législative -qui l’avait d’ailleurs déjà opposé à NVB à Villeurbanne-, Bruno Bonnell reprend son idée de Service National Universel pour tous les jeunes de 16 ans.
Lui président, il gérerait donc la question sociale « en bon père de famille », selon ses propres termes. Une forme de consensus qui avait déjà fait du mal à NVB lors de leur match électoral en 2017.
Tous les thèmes reliés à la sécurité permettent encore une fois de polariser les candidatures et de confirmer les postures politiques, dans une campagne où les sujets techniques font décidément moins d’audience.
Le prolongement de la ligne T6 du tramway est acté. C’est le premier tracé initialement envisagé qui a été retenu. La ligne T6 sera prolongée de Bron et les hôpitaux Est à La Doua à Villeurbanne en passant par le quartier des Gratte-Ciel.
Prévu dès la construction de la ligne actuellement en service, le prolongement du T6 a fait l’objet d’une consultation. Deux tracés au-delà du quartier des Gratte-Ciel à Villeurbanne étaient notamment proposés :
un plus à l’Ouest, passant par la nouvelle ZAC des Gratte-Ciel et les avenues Salengro et Gaston Berger pour rejoindre le campus de La Doua à l’arrêt Gaston Berger des lignes T1 et T4.un plus à l’Est, passant par l’avenue des Bienvenus et la rue Clément pour retrouver l’avenue Einstein à La Doua jusqu’à l’arrêt Gaston Berger.
Le parcours et la carte du prolongement de la ligne T6
Le tracé retenu pour le prolongement de la ligne T6 du tramway, des hôpitaux Est à La Doua à Villeurbanne. DR
Actuellement, la ligne T6 connaît son terminus à l’arrêt Hôpitaux Est, à l’entrée notamment de l’Hôpital Femme Mère Enfant (HFME), boulevard Pinel à Bron. Le prolongement du T6 empruntera donc :
le chemin du Vinatier, la route de Genas puis l’avenue Leclerc pour rejoindre la place Grandclément à Villeurbanne,puis elle redescendra l’avenue Jean-Jaurès pour prendre la rue Florian,elle remontera la rue ainsi que la rue Verlaine pour longer la mairie de Villeurbanne et du TNP jusqu’au cours Emile Zola et l’arrêt Gratte-Ciel de la ligne de métro A,puis elle rejoindra la rue Billon jusqu’à la rue Perroncel,avant de croiser l’avenue Salengro et de récupérer l’avenue Gaston Berger à La Doua.
Mise en service du prolongement du T6 prévue en 2026
Ce tronçon représente environ 6 kilomètres de ligne à construire. Le temps de trajet entre les hôpitaux Est et La Doua est estimé à une vingtaine de minutes. La mise en service du prolongement de la ligne T6 est annoncée pour début 2026. La ligne ainsi achevée reliera à terme la station Debourg (quartierr Gerland à Lyon) à La Doua à Villeurbanne en passant par Vénissieux et Bron.
Ce mercredi 9 juin 2021 doit marquer une nouvelle phase du déconfinement à Lyon et dans le reste du pays. Voici les nouveautés et aménagements des mesures sanitaires en vigueur.
Nouvelle étape dans la phase de « déconfinement », ce mercredi 9 juin. Elle concerne notamment l’horaire du couvre-feu, les possibilités d’accueil des restaurants et des bars ou encore de certains lieux accueillant du public, comme les salles de sports.
Voici ce qui change et (re)devient possible à partir de ce mercredi 9 juin :
Fin du télétravail obligatoire et couvre-feu réduit
Couvre-feu : à partir de mercredi 9 juin le couvre-feu court de 23h à 6h du matin. Depuis le 19 mai il démarrait à 21h. Durant cette plage horaire, il reste nécessaire de se munir d’une attestation de déplacement. De 6h à 23h, pas besoin d’attestation de déplacement.Télétravail : fin de l’obligation du recours au télétravail quand le poste le permet. Les conditions du retour au présentiel sont évaluées par les entreprises.
Déconfinement : réouverture réduite des restaurants et bars en salle, des médiateurs la nuit à Lyon
Restaurants et bars : accueil possible en salle en respectant une jauge de 50% de la capacité d’accueil totale et la limite de 6 personnes par table. Les terrasses sont rouvertes depuis le 19 mai. Elles le restent bien évidemment, en respectant là aussi la règle des 6 personnes par table.
À Lyon, la Ville de Lyon avait déjà annoncé l’exonération de redevance concernant les terrasses pour les restaurants et bars. Comme il y a un an au moment du déconfinement en 2020, des extensions de terrasses sont possibles. Et elles pourront durer jusqu’à la fin de l’année 2021.
Par ailleurs, l’adjoint au maire délégué à la Sécurité a annoncé la mise en place d’un service de médiation nocturne. Dans la perspective de l’extension d’ouverture des établissements et du couvre-feu, des médiateurs seront sur le terrain. En lien avec l’Agence Lyon Tranquillité Médiation.
La police municipale pourra intervenir jusqu’à 2h du matin en fin de semaine. La Ville indique avoir par ailleurs demandé aux gérants de bars et restaurants qui « provoquent des nuisances importantes pour le voisinage à dédier du personnel à la gestion de leur terrasse pour permettre une cohabitation sereine entre riverains et clients ».
Les terrasses des cafés de la place des Terreaux à Lyon / Photo CC by Bonnaf via Flickr
Réouverture des salles de sport, extension pour les lieux culturels
Pratique sportive : le 9 juin 2021 marque la reprise de la pratique du sport en salle. Les salles de sport, les gymnases, les piscines couvertes comme les salles de loisirs (bowling, escape game…) peuvent rouvrir. Comme pour les restaurants et bars, elles doivent respecter une jauge de 50% de leur capacité d’accueil totale. Avec des règles de distanciation sociale plus sévère (2m entre les personnes). Le écoles de danse peuvent également reprendre, en respectant une jauge de 35%. Les sports de contact peuvent reprendre en extérieur et de façon générale la pratique sportive en plein air peut s’effectuer par groupe de 25 personnes maximum désormais.Cinémas : ils peuvent désormais accueillir du public jusqu’à 65% de leur capacité d’accueil maximale.Lieux culturels et de loisirs : les grandes enceintes intérieures ou de plein air comme les stades peuvent désormais accueillir jusqu’à 5000 personnes. Les grands salons et foires peuvent reprendre avec la même jauge. Pour se rendre dans ces lieux il faut être muni d’un pass sanitaire : être totalement vacciné ou présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures. Les fêtes foraines peuvent reprendre avec une jauge fixée à 4m2 par personne. Les musées, bibliothèques et autres lieux culturels peuvent aussi accueillir plus de monde à partir du 9 juin, la jauge passant de 8 à 4m2 par visiteur.
Jauge augmentée pour les grands centres commerciaux
Centres commerciaux : la jauge est relevée, passant de 4m2 à 8m2 par personne. Ils peuvent donc recevoir davantage de public.Cérémonies : qu’elles soient religieuses ou civiles en mairie, la jauge est porté à 50% de la capacité d’accueil totale de la salle (contre 35% environ jusque-là). Les salles des fêtes peuvent rouvrir en respectant une jauge de 65%. Pour les enterrements, les cérémonies en extérieur peuvent accueillir jusqu’à 75 personnes.
Qu’est-ce que la pérennité programmée ? Peut-on faire du réemploi d’éléments technologiques dans le numérique, plutôt que d’en produire de nouveau ? Colonnes ouvertes à Hervé Rivano, professeur à l’INSA Lyon, qui nous parle de la perspective d’une production numérique solidaire et levier d’insertion sociale.
Que sont les approches « software defined » ? Est-il possible de dire qu’une part non négligeable, voire très majoritaire, de l’impact carbone des objets réside dans leur production plus que dans leur utilisation ? Les nouvelles technologies impactant toutes les facettes de notre vie, comment contribuer à une société solidaire où le numérique est un levier d’insertion sociale et non un facteur d’exclusion ?
Toutes ces questions seront abordées dans le cadre de cette session des « Mercredis de l’anthropocène », depuis l’Hotel71 ce mercredi 9 juin de 18h30 à 19h30. A écouter ensuite en podcast.
Ci-après, la tribune d’Hervé Rivano, informaticien et professeur à l’INSA Lyon, intitulée « Peut-on réconcilier technologies et sobriété ? ».
La prise de conscience grandissante des enjeux anthropocènes met en lumière un impératif de sobriété, dans tous les domaines. Consommer moins, consommer mieux, l’injonction au citoyen consommateur d’être plus « responsable » se fait plus pressante à chaque éclairage médiatique sur tel ou tel sujet.
Certes, une réflexion sur les usages est indispensable, mais cela n’est qu’une des dimensions de la sobriété. Dans le cas des véhicules thermiques, l’utilisation représente la majeure partie de l’empreinte environnementale, d’où les incitations à l’éco-conduite ou à l’électrification. A l’inverse, la consommation en usage d’un smartphone représente moins de 15% de son empreinte globale.
Le recyclage est peu efficace dans le numérique
Quelles marges de manœuvre dans les autres parties du cycle de vie d’un appareil ? La production pourrait sûrement être plus « propre ». Ce n’est pas la tendance actuelle, avec l’utilisation de terres rares et de matériaux dont l’extraction est extrêmement polluante et génératrice de conflits armés. Il faut néanmoins souligner des recherches intéressantes vers la conception de batteries plus respectueuses de l’environnement .
Il y a bien entendu le recyclage. Mais celui-ci peine encore à être réellement efficace alors que l’intrication des matériaux, en particulier dans le numérique, complexifie les procédés. Le coût de traitement ne laisse par ailleurs que peu de place à ces filières dans une économie libérale face à une production de masse à bas coût. Des régulations fortes, et la répression des nombreuses fraudes à la gestion des déchets, sont nécessaires mais ne seront, par nature, jamais qu’une partie de la solution.
Viser une plus grande longévité des objets dans le numérique
On peut prendre le problème par tous les bouts, la sobriété passe par une plus grande longévité des objets, en tout cas de leur exploitation. Les filières de réemploi se sont développées pour cela. Une grande part de cette filière est portée par des structures de l’économie sociale et solidaire. Il est d’ailleurs intéressant que leurs objectifs initiaux étaient peut-être plus sociaux qu’environnementaux : réinsertion, équipement des personnes en difficultés financières ou des associations, écoles, pays pour qui ces objets sont inaccessibles.
C’est pourtant les impératifs environnementaux qui justifient maintenant les actions publiques qui soutiennent cette filière, rappelant, s’il le fallait, que les questions sociales et environnementales sont intimement liées. Le marché « classique » commence aussi à s’emparer du secteur du reconditionné, sur des valeurs différentes par contre, en particulier comme une possibilité de continuer à surconsommer à moindre coût.
Encore faut-il pouvoir s’appuyer sur la réparabilité et la maintenabilité des objets. Il semblerait qu’un retournement de tendance s’amorce et que plusieurs secteurs réfléchissent à ne plus être dans le « tout jetable ». Dans le numérique, l’obsolescence logicielle, plus ou moins programmée, est aussi combattue, notamment dans la production de logiciel libre et par les initiatives de plusieurs designers
La location de services numériques comme solution d’avenir ?
La technologie participe aussi à la solution, notamment dans les infrastructures Il ne s’agit évidemment pas de développer une posture technophobe. Un grand nombre de services et technologies sont des maillons nécessaires à la mise en œuvre de politiques de sobriété efficaces. A l’échelle des infrastructures numériques, c’est flagrant : la consommation du numérique a certes doublé dans les 10 dernières années, mais c’est sans commune mesure avec la multiplication par 40 du volume de données échangées.
Visuel d’Hervé Rivano, pour la conférence « Numérique : Pérennité programmée »
Ce sont les progrès scientifiques et techniques, et le renouvellement progressif des infrastructures qui ont contenu la hausse (et l’ont aussi permise, notamment par effet rebond, c’est vrai). En particulier un modèle s’est imposé dans l’industrie numérique et a tendance à venir sur d’autres secteurs : le modèle « aaS », as a Service. Infrastructure as a Service, Software as a Service. Lorsqu’on a besoin d’une infrastructure ou d’un service, plutôt que d’en faire l’acquisition en propre, on le loue à un fournisseur. Amazon Web Services fait, par exemple, tourner une grande part des services du web, comme cela a été mis en lumière à l’occasion d’une panne en novembre dernier.
Mutualiser pour moins polluer
Au cœur des dernières évolutions des architectures de réseau, notamment cellulaire, on trouve la notion de « Cloud-RAN » qui s’appuie sur des mécanismes similaires : virtualisation et approche « Software Defined ». En résumant beaucoup, cela permet la déspécialisation d’une partie du matériel utilisé, une plus grande flexibilité de configuration, et donc une mutualisation accrue. C’est ce qui permet à la 5G d’être, à usage constant, beaucoup moins consommatrice d’énergie et de fournir plusieurs services simultanément avec une infrastructure partagée.
On parle déjà de MaaS pour la mobilité, dont les vélos, voitures ou trottinettes partagées actuelles sont les prémices, avec une adaptation des mêmes mécanismes et sous-tendus par des services numériques. Combiner ces approches ne permettrait-il pas de mettre en œuvre une sobriété « programmée » ? La déspécialisation et la sortie d’un modèle principalement fondé sur la propriété individuelle favoriserait le réemploi des objets produits pour d’autres publics, voire pour d’autres usages en s’appuyant sur une reprogrammation logicielle.
« Numérique : Pérennité programmée », une conférence en direct le 9 juin 2021 à 18h30, puis disponible en podcast.
Avec :
Stéphane Cassé. Ingénieur ESME, il monte en 2001 ECLEO, bureau d’études hardware. Ensuite, il crée deux sociétés spécialisées dans les réservations hôtelières. Il est aujourd’hui un des associés de Mob-ion, une société de construction de solutions de mobilité électrique en pérennité programmée.
Victor Estienney. Responsable des opérations nationales de Emmaüs Connect, association qui agit depuis 2013 pour permettre l’inclusion numérique des plus fragiles et contribuer à une société solidaire où le numérique est un levier d’insertion sociale.
Hervé Rivano. Informaticien, professeur à l’INSA Lyon, il dirige l’équipe commune à Inria et l’INSA, Lyon Agora. Il est membre du laboratoire CITI de l’INSA Lyon, de la Fédération Informatique de Lyon du CNRS, et du Labex IMU. Son activité de recherche s’intéresse aux infrastructures réseaux qui sous-tendent les systèmes urbains numériques. C’est l’auteur de la tribune qui va suivre.
Débat animé par Valérie Disdier, historienne de l’art et urbaniste. Après avoir co-créé et dirigé Archipel Centre De Culture Urbaine (Lyon), elle est depuis 2018 responsable du pôle programmation et diffusion de l’École urbaine de Lyon.
Depuis le début de la crise sanitaire, les subventions accordées au cinéma d’art et essai, à différentes échelles, portent à bout de bras des salles frappées de plein fouet par les restrictions et la crise. Décryptage dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et dans ses 186 salles de cinéma classées « art et essai », qui ont pu rouvrir leurs portes ce 19 mai. En jauge très réduite.
Sur la devanture du cinéma Le Zola, à Villeurbanne, les affiches des films de décembre trônent à côté des dernières sorties, comme figées dans un autre espace-temps. Celui de plus de sept mois de fermeture (depuis octobre 2020) pour les salles de cinéma. Dans la pénombre de son unique salle, les rangées de sièges aux tons jaune et bleu tranchent avec la blancheur du grand écran.
Ce 21 mai et à cette heure de la journée, la salle est déserte. À première vue, rien ne laisse deviner que le cinéma Le Zola a rouvert l’avant-veille. Olivier Callonec, directeur de l’unique cinéma de Villeurbanne est assis sur l’estrade :
« Le cinéma, ce n’est évidemment pas juste montrer des films. Il a un rôle sociétal éminent. »
Olivier Callonec, directeur du cinéma Le Zola
Comme Le Zola, les salles « art et essai » en France diffusent un cinéma indépendant, et bénéficient d’un soutien public pour cela.
Pendant cette longue période de fermeture, Le Zola a pu se maintenir, notamment grâce à l’absence de certaines charges comme le loyer, géré de longue date par la municipalité. Le cinéma n’est pas municipal pour autant, il s’agit d’une association loi 1901 qui compte aujourd’hui 10 salariés pour un écran. Pendant la fermeture, l’équipe du Zola a fait le choix de ne pas s’arrêter, même si les salariés étaient en chômage partiel.
Olivier Callonec détaille :
« On a fait des travaux dans la salle, changé la billetterie en ligne, alimenté un blog et notre service de location de film La Toile. Et on a mis en place des visionnements avec des exploitants notamment. »
Dans le même temps, les salariés ont bénéficié et ont eu recours à des formations. Mais la période s’est avérée complexe malgré tout :
« En décembre, on a reçu le même jour l’annonce qu’on ne ré-ouvrirait pas et le programme qu’on avait préparé pour tout le mois. On avait tellement travaillé pour rien, un mois de programmation tombé à l’eau. »
Olivier Callonec, directeur du cinéma Le Zola
La priorité a été de préserver la structure et les emplois. Pour cela, le cinéma a contracté un prêt. De plus, il a été épaulé par la municipalité de Villeurbanne, qui lui a octroyé une aide de 5 000 euros, mais aussi par le réseau Europa cinémas, ainsi que par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Le gérant du Zola explique :
« On a traversé ça sans gros choc mais il y avait beaucoup d’incertitudes, on n’avait aucune visibilité. On doit estimer désormais les conséquences. »
« La fréquentation après le premier confinement n’a pas été faramineuse »
Si les petites salles ont globalement tenu le choc, c’est en partie grâce à leur label « art et essai », lequel donne droit à des aides spécifiques. Depuis le début de la crise sanitaire, le CNC a mis en place des aides d’urgence pour supporter les cinémas indépendants, notamment avec un fonds de compensation de 50 millions d’euros, d’abord réservé aux salles privées et associatives, avant d’être accessible aux salles publiques.
Mais aussi avec une exonération de la TSA, cette taxe à hauteur de 10,72% que touche le CNC sur la vente de places de cinéma. Mais cela n’a pas toujours été suffisant pour certaines salles, comme l’explique René Salsa, gérant du cinéma Le Saint-Denis, dernier « cinéma de quartier » de Lyon, situé dans le 4e arrondissement :
« Cela aboutit à des sommes assez insignifiantes car la fréquentation après le premier confinement n’a pas été faramineuse. »
René Salsa, gérant du cinéma Le Saint-Denis, Lyon 4e
Avant-première du film « Grâce à dieu » de François Ozon relatant la création de l’association « la parole libérée » et l’affaire du prêtre pédophile le père Preynat. Au cinéma « Comoedia » le 11 février 2019.Photo : MG/Rue89Lyon
Pour cause, les aides d’urgence du CNC nécessitent d’avoir un plafond de 10 000 euros par mois de chiffre d’affaires, ce qui n’est pas toujours le cas des petites salles comme Le Saint-Denis, qui fonctionne uniquement grâce à une équipe de bénévoles. René Salsa raconte :
« J’ai monté le dossier pour toucher les aides mais l’inspecteur des impôts m’a dit qu’il fallait être imposable et avoir au moins un salarié. »
Il précise :
« Nous n’avons plus de recettes depuis pas mal de mois mais nous continuons d’avoir des charges fixes régulièrement, nous sommes locataires. »
Le cinéma associatif durement touché
Le Zola, de son côté, a touché 1 500 euros d’aides par mois de la part du CNC puis 10 000 euros à partir de novembre, mais son directeur Olivier Callonec tempère :
« Il faut faire attention, il y a un côté trompe l’œil avec les aides. »
Il ajoute :
« J’ai conscience que c’est de l’argent public. On est très sensibles à cela donc il faut vraiment que ça puisse profiter au public, il faut que l’engagement soit réel. »
Le Groupement Régional d’Actions Cinématographiques (GRAC), association et réseau régional des salles « art et essai » a essayé de maintenir une dynamique dans le tissu des cinémas d’art et d’essai en Auvergne-Rhône-Alpes. Les salles adhérentes au GRAC n’ont pas été impactées uniformément du fait de leur diversité géographique et de statut.
Juliette Boutin, déléguée générale du GRAC, constate :
« Le recours au chômage partiel et les cotisations patronales et sociales ont permis de sauver les meubles. »
Elle précise que l’association est en échange depuis de nombreux mois avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui devrait mettre en place un plan de relance pour les salles de cinéma. Elle ajoute :
« Mais là, on entre en période d’élections [régionales, qui auront lieu les 20 et 27 juin prochains], ça devient plus compliqué. »
Pour accompagner au mieux les cinémas estampillés « art et essai », le GRAC a multiplié les formations, notamment sur les outils numériques et sur le visionnage des films. Mais tous les films n’ont pas pu être accessibles, du fait du contexte pandémique, comme l’explique Juliette Boutin :
« On a eu des difficultés à obtenir des DCP [Digital Cinema Package, équivalent en cinéma numérique de la copie de projection argentique, ndlr]. Le matériel du film n’était pas forcément disponible étant donné que le producteur n’avait pas de date de sortie. »
Des incertitudes qui subsistent malgré la réouverture
Interrogée sur la réouverture, Juliette Boutin souligne :
« La programmation est encore plus compliquée, surtout que les conditions des distributeurs ne sont pas toujours simples. C’est-à-dire qu’ils exigent un nombre de séances pour donner le film. »
Les cinémas « art et essai » se préparent donc à faire face à de nouvelles problématiques. La longue fermeture des salles a eu pour conséquence l’allongement de la liste des films en attente, actuellement plus de 450 sur les rayons des distributeurs. Une situation qui tend à accroître la concurrence entre petits et gros films, puisque les films à gros budget préfèrent reporter leur sortie, le temps de la demi-jauge. Les salles ne sont en effet pour l’heure ouvertes qu’à 30 % de leur capacité, puis le seront à 65% du 9 au 30 juin.
Juliette Boutin complète :
« Il y a cette angoisse de se dire que le public viendra moins avec l’arrivée de l’été. Les salles qui fermaient l’été se posent la question d’ouvrir plus longtemps puisque les distributeurs ont trop de films et que ce sera la fin des jauges réduites. »
Olivier Callonec détaille :
« Certains distributeurs avaient poussé pour qu’il y ait une semaine blanche, mais les gros distributeurs n’ont pas jugé utile de se présenter à ce rendez-vous, malgré l’avis de l’autorité de la concurrence. »
Le couvre-feu est une autre question qui entre en ligne de compte. Du fait de la durée des films, il est rarement possible de programmer des films après 18 heures, ce qui correspond pourtant aux horaires où la fréquentation des cinémas est la plus élevée. Même son de cloche du côté du cinéma le Comoedia, dans le 7e arrondissement de Lyon, pour lequel Sarah Decoux, assistante de communication, explique :
« On est très restreints au niveau des places, on est complets pour les séances du soir. On espère qu’on va pouvoir repartir sur une façon de travailler classique, parce que, nous, on fait notre chiffre d’affaires uniquement sur les entrées. On ne vend pas de popcorn ! On ne sait pas encore quel impact tout cela aura économiquement ».
Le cinéma doit faire des choix cornéliens
Une situation parfois complexe pour les cinémas Art et Essai qui doivent adapter leur programmation avec des films attractifs pour faire revenir le public en salle, mais aussi poursuivre leur mission de sélection de films dits plus difficiles. Olivier Callonec précise :
« Parfois on fait des paris sur un réalisateur, un distributeur… C’est un dosage subtil pour réaliser le meilleur arbitrage possible. C’est bien d’avoir des labels mais il ne faut pas que cela soit exclusif, il faut trouver le bon équilibre. »
Mais les plus gros distributeurs privilégient les salles multiplexes, qui disposent de plus d’équipements. Pour cause, les aides sont attribuées en fonction du nombre de séances. René Salsa du Saint-Denis explique :
« On va rouvrir avec les films prévus au mois de novembre, on aurait voulu le faire avec des films un peu plus récents, mais les distributeurs ne nous les donnent pas. Ils ont des plans de sortie très précis. »
Le cinéma aurait notamment dû programmer le film « Adieu les cons », d’Albert Dupontel, récompensé par sept César au printemps. Mais les producteurs ne lui donneront finalement les droits du film qu’en quatrième semaine. René Salsa, dans son cinéma du 4e arrondissement, soupire :
« Une bonne partie des films va passer à la trappe, il ne faut pas se leurrer, il est impossible que les salles récupèrent tous les films. »
Cinéma Le Zola à Villeurbanne.Photo : Rue89Lyon
À la sortie du cinéma Le Zola, le temps est pluvieux mais l’atmosphère chaleureuse : les spectateurs se pressent dans le hall fraîchement repeint pour la séance de l’après-midi. Olivier Callonec ouvre la porte en souriant :
« Hier, on avait 65 spectateurs sur les 85 places disponibles, et avec un grand soleil dehors. Ça repart très fort, mais avec des films qui s’y prêtent. Donc il faudra voir par la suite. »
[Série] Antoine Moroni aurait pu choisir la Drôme ou l’Allier pour faire pousser ses légumes. Mais il a préféré l’Ouest lyonnais, à une cinquantaine de kilomètres de la place Bellecour. Mal lui en a pris. Entre les villas et les zones logistiques, les terres agricoles sont « gelées » et ce paysan, comme d’autres, ne trouve pas de terre.
A 29 ans, Antoine Moroni est l’incarnation d’une des nombreuses contradictions de nos politiques publiques. On nous rebat les oreilles avec l’autonomie alimentaire, l’agriculture bio et les circuits courts. Mais les jeunes paysans qui veulent s’installer en périphérie des métropoles ont toutes les peines du monde pour trouver des terres agricoles.
Nous avions croisé des vignerons qui en ont fait l’amère expérience autour de Grenoble. Dans la région lyonnaise, les paysans du nord ouest de Lyon vivent durement cette difficulté pour accéder au foncier. Ils se sont même montés en « Collectif paysan du Val-de-Turdine ». Antoine en fait partie.
« Si on était venu pour mettre 300 000 euros dans une villa, on nous aurait mieux accueillis que pour un projet agricole »
En 2017, quand Antoine a posé ses valises à Saint-Romain-de-Popey avec femme et enfant, il ne s’imaginait pas une telle galère. Les collines vertes laissent apparaître les grandes exploitations agricoles maraîchères et arboricoles. A cette distance-là de Lyon, on n’est plus dans le périurbain où les lotissements jouent à touche-touche. Mais l’arrivée de l’autoroute A89 fait flamber les prix des terrains et attire les convoitises des entreprises en recherche de zones d’activité. Ses camarades du lycée agricole d’Écully sont partis ailleurs, loin des grandes villes. Même désertion du côté des saisonniers qui travaillaient avec lui chez un maraîcher local. « Trop cher, pas de terrain ».
Antoine s’est accroché. Méthodiquement. Dès le début de sa formation pour obtenir son Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) en maraîchage bio, il se met à prospecter tous azimuts :
« Safer, chambre d’agriculture, paysans du coin, j’ai contacté tout le monde, comme on nous apprend en formation ».
S’installer comme maraîcher, c’est son projet. Son « business plan est carré ». Certes, il a une capacité d’investissement limité mais les débouchés en maraîchage bio dans la grande région lyonnaise sont légion. Il se montre raisonnablement optimiste.
Une piste de vente s’esquisse. Mais le propriétaire renonce finalement à lui vendre le terrain.
« Beaucoup d’agriculteurs ont intérêt à conserver des terres pour toucher les subventions de la PAC qui sont fonction de la surface possédée. Même s’ils n’en font rien ».
Finalement, il se rabat sur de la location. Il repère un terrain de 1,5 hectare « avec une grosse retenue d’eau », point essentiel pour le maraîchage. L’été dernier, il a une nouvelle piste. Mais au moment de signer le bail, la location capote. Il craque. Dans la foulée de cette déception, il envoie un mail sous forme de lettre ouverte à tous ses interlocuteurs y compris les élus locaux qu’il a rencontrés.
« Je leur ai dit que c’était du foutage de gueule. Si on était venu pour mettre 300 000 euros dans une villa, on nous aurait mieux accueillis que pour un projet agricole. »
Antoine pointe les contradictions des élus qui soutiennent l’artificialisation de plusieurs dizaines de terres agricoles à travers le projet de zone logistique de l’ouest rhodanien alors que, lui, n’arrive pas à trouver moins de deux hectares de terre.
Un choix de « retour à la terre » dans l’Ouest lyonnais
Avec sa femme, il a fait le choix d’un « retour à la terre ». Un projet de couple. Lui, se présente comme ayant grandi dans la banlieue lyonnaise.
« C’est en rencontrant un paysan qui livrait la grande surface bio Satoriz où je travaillais que j’ai découvert le maraîchage ».
Sa femme était intermittente du spectacle. Elle est devenue céramiste et a désormais un atelier dans la petite ville voisine de l’Arbresle.
« On a choisi de vivre ici, de fonder une famille et de s’y investir professionnellement. Je ne veux pas faire comme un copain maraîcher à Chaponost qui est obligé de faire une demi-heure de voiture pour venir travailler sur ses terres. »
Mais le constat est amer :
« J’ai refusé des opportunités ailleurs, dans la Drôme et l’Allier. Dans ces départements, Ils nous proposaient de l’aide pour trouver facilement le terrain et le logement. Ils encouragent l’installation de couples d’actifs avec deux enfants qui peuvent créer une activité sur place. »
Antoine reste lucide sur la situation. Pour lui, trois choses expliquent ces difficultés d’accès au foncier pour des jeunes qui veulent s’installer :
« Ici, on cumule. Il y a tout d’abord les subventions de la PAC qui poussent des agriculteurs à conserver des terres mêmes s’ils ne les exploitent pas. Ensuite, les prix de l’immobilier qui grimpent et conduisent certains à conserver des terrains agricoles en se disant qu’ils deviendront un jour constructibles. Enfin, il y a ces projets de zones d’activité qui gèlent, encore, d’autres terres agricoles ».
A cela, s’ajoute le fait qu’il n’est pas issu du « milieu agricole ».
« Comme je ne suis pas du milieu, je n’ai pas accès aux maigres opportunités. Ce qu’on ne nous apprend pas à l’école, c’est qu’on ne trouve pas de parcelles via la Safer ou la chambre d’agriculture qui sont censées se charger de ça. Je ne suis pas au courant des infos. Pour beaucoup, je reste un étranger. Et quand il y a des opportunités, elles me passent sous le nez, comme pour le terrain que je devais louer. La grosse retenue d’eau a certainement attiré les convoitises d’autres agriculteurs du coin. »
Le potager d’un château comme « carte de visite »
Pour se faire une « carte de visite », il réhabilite depuis deux ans le potager du château d’Avauges. Une demeure du XVIIIe siècle située sur la commune de Saint-Romain-de-Popey, en bordure de la Turdine. Un terrain de 3 500 m2 qu’il a défriché et qu’il cultive pour moitié. Ce sont les châtelains, la famille d’Albon, qui lui ont mis à disposition ce lopin de terre.
Un financement participatif lui a permis d’acheter un peu de matériel et des coups de main de son ancien patron du Potager de la Coccinelle, « le dernier à avoir réussi à s’installer en bio, il y a sept ans » lui a permis de faire le reste. Ça lui permet de garder la main et de se faire connaître en vendant ses quelques légumes par bouche-à-oreille.
Dans la vidéo ci-dessous de l’association Quicury datée de décembre 2020, il présente son projet et le potager du château.
« Je ne veux pas être un martyr de l’installation toute ma vie »
La situation d’Antoine reste très précaire.
« Mon statut se situe entre le particulier et l’exploitant agricole. C’est comme si je vendais le surplus de mon potager ».
Avec la vente des légumes du potager du château, il ne peut que compléter ses revenus, à savoir ses allocations chômage qui arrivent à leur terme en septembre.
Il fatigue.
« Mentalement, c’est très dur », répète-t-il.
Cet ancien habitant du quartier Moulin-à-Vent de Vénissieux a le sentiment de se battre contre ces mêmes moulins.
« Je ne regrette pas d’avoir insisté. Mais je ne veux pas être un martyr de l’installation toute ma vie. Ça atteint aussi notre couple. C’est tendu ».
Antoine voudrait que les élus « débloquent les terrains » en obligeant les propriétaires à louer. Une procédure du code rurale les y permet et une commune de Bretagne l’a récemment expérimentée. Antoine espère aussi que la lutte des différents collectifs contre la bétonisation des terres va aboutir et que ces terrains seront redistribués aux paysans. Mais il ne peut pas attendre un changement de politique locale. Il s’apprête à refaire ses valises.
« On réfléchit à monter plus haut dans le département du Rhône ou aller ailleurs ».
A contre-coeur.
« Des gens nous ont tendu la main. Mais j’en ai marre de voir des zones d’activité se développer, des baraques se construire, des Lyonnais ou d’autres acheter des fermes à prix d’or sans rien y faire d’agricole. Les élus doivent dire stop ».
Antoine et sa femme n’ont plus les moyens de se battre.
« A court terme, on est obligé de partir. On est arrivé au bout. »
Antoine, paysan de l’Ouest lyonnais, photographié avec en arrière-plan, le château d’Avauges puis, la plateforme logistique de Boiron.Photo : LB/Rue89Lyon