1er mois à 1€

Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

[PODCAST] « Les animaux nous parlent, comment les écouter ? »

[PODCAST] « Les animaux nous parlent, comment les écouter ? »

Depuis plusieurs années, des mouvements pro-animaux essaient de porter la parole des animaux ou de défendre l’idée qu’ils auraient une parole à porter. Qu’en est-il ? Qu’apporte la compréhension des échanges d’informations entre animaux aux humains ? Colonnes ouvertes à Nicolas Mathevon, professeur à l’Université de Saint-Étienne, qui nous parle de bioacoustique, une discipline scientifique alliant questionnements biologiques et méthodes de traitement du signal.

Cette thématique sera abordée dans le cadre de cette session des « Mercredis de l’anthropocène », depuis la galerie Michel Descours ce mercredi 16 juin de 18h30 à 19h30. A écouter ensuite en podcast. Cette édition est en partenariat avec Radio Bellevue Web et Frigo&co.

Comment peut-on comprendre les échanges d’informations des animaux ? Nicolas Mathevon présente la bioacoustique : une science qui use des sons et analyse les paysages acoustiques qui découlent des communications entre animaux. La biocoustique est une discipline scientifique qui allie questionnements biologiques et méthodes de traitement du signal. Les applications -de l’effarouchement acoustique au suivi de la biodiversité- sont nombreuses et diversifiées.

Ci-après, la tribune de Nicolas Mathevon, auteur et professeur à l’université de Saint-Etienne intitulée « Les animaux nous parlent, sachons les écouter ».

Une balade au début du printemps le montre assurément : le monde sonore de la nature est riche de diversité. Chants d’oiseaux, stridulations d’insectes, coassements de grenouilles et autres vocalisations s’entremêlent pour composer le paysage du moment. Des forêts de nos régions à la jungle tropicale, des rivières aux récifs coralliens océaniques, partout des animaux utilisent des sons pour communiquer.

Ces échanges d’information sont indispensables pour trouver sa ou son partenaire, défendre son territoire, avertir de la présence d’un prédateur ou d’une source de nourriture, collaborer pour chasser, interagir avec les individus de son groupe. Comment ces signaux sonores sont-ils produits ? Quelles informations contiennent-ils ? Peut-on comprendre les langages des animaux ? Par quels moyens peut-on tirer profit de ces paysages sonores pour évaluer l’état d’un écosystème ?

Depuis quelques décennies, les progrès techniques -le magnétophone, l’ordinateur et aujourd’hui l’intelligence artificielle- permettent de lire les partitions des concerts animaux et de répondre à ces questions.

Comprendre les langages animaux

Les sons utilisés par les animaux pour communiquer sont des signaux porteurs d’information. Pour en saisir le sens, les bioacousticiens et les bioacousticiennes utilisent deux outils principaux : l’analyse de la structure acoustique des signaux (amplitude et fréquence sonores et leurs modulations), destinée à identifier les paramètres acoustiques porteurs d’information, et des expériences dites de playback, où l’on va faire écouter à l’animal des signaux naturels ou artificiellement modifiés.

On peut ainsi identifier expérimentalement les paramètres acoustiques des chants d’oiseaux portant comme information l’identité de l’espèce (un chant de merle est différent d’un chant de grive) ainsi que des indications plus subtiles comme l’identité individuelle de l’émetteur ou ses émotions du moment.

Couverture de livre de Nicolas Mathevon : "Les animaux parlent, sachons les écouter".
Couverture du livre de Nicolas Mathevon : « Les animaux parlent, sachons les écouter ».

Une règle générale est que la complexité du langage développé par une espèce animale augmente avec la complexité de la vie sociale. Prenons par exemple la hyène tachetée, un mammifère carnivore vivant en groupes. Pour naviguer dans ce contexte, une hyène dispose d’un outillage ad hoc : les signaux de communication que les autres lui envoient et ceux qu’elle est capable de produire.

On compte chez les hyènes plus d’une dizaine de cris de base, chacun ayant de multiples variations. La complexité de certains langages animaux est telle qu’ils permettent de coder de l’information référentielle. Des singes et oiseaux combinent ainsi des cris pour informer leurs congénères de l’identité d’un prédateur, voire de la distance à laquelle il se trouve.

Mesurer l’impact des bruits d’origine humaine sur les animaux

Les sources de bruits anthropiques ne manquent pas. Phénomène nouveau à l’échelle des temps géologiques, l’anthropophonie est à considérer comme une pollution, au même titre que les pollutions chimiques ou l’acidification des océans. Les bruits dus aux activités humaines affectent les communications des animaux, leur répartition dans l’environnement, leur comportement alimentaire et, bien sûr, leur état physiologique et leur survie. Tant dans l’air que dans l’eau.

Les perturbations que les bruits provoquent dépendent bien sûr de leurs caractéristiques acoustiques. Le bruit continu d’une autoroute diminuera la portée du chant des oiseaux et entraînera peut-être un stress chronique chez eux, comme il le fait pour bien des humains. Une explosion minière soudaine pourra détruire des systèmes auditifs ou entraîner des dégâts irréversibles dans divers organes du corps, dont le cerveau. Sous l’eau, le problème posé par les bruits anthropogéniques [relatifs à la genèse de l’espèce humaine] est particulièrement crucial.

Illustrations du livre de Nicolas Mathevon : "Les animaux parlent, sachons les écouter".
Illustrations du livre de Nicolas Mathevon : « Les animaux parlent, sachons les écouter ».

Chaque année, on provoque des quantités d’explosions sous-marines pour trouver d’éventuels réservoirs de pétrole dans le sol de l’océan. Les baleines et les dauphins sont victimes de ces déflagrations sonores. Des études montrent que ces ondes sonores sous-marines peuvent aussi tuer du zooplancton.

Les paysages sonores, reflets de la biodiversité

Identifier et compter des oiseaux ou d’autres animaux automatiquement en les enregistrant est l’une des applications pratiques de la bioacoustique. En changeant d’échelle, on peut considérer les paysages sonores comme témoins des espèces animales habitant un même environnement. L’idée est simple : utiliser la bioacoustique pour mesurer la biodiversité et évaluer l’état d’un écosystème.

Tout paysage sonore peut être décrit en terme de « géophonie », « biophonie » et « anthropophonie ». La géophonie est l’ensemble des bruits provoqués par les phénomènes naturels non vivants. Comme le coup de tonnerre, le bruissement du vent dans les arbres, le grondement d’une cascade.

La biophonie regroupe l’ensemble des productions sonores des êtres vivants. À l’exception de celles de l’espèce humaine qui constituent l’anthropophonie. A partir d’enregistrements longue durée (des jours, des semaines, mois ou années), on définit des mesures globales (des indices acoustiques) qui mesurent la biodiversité d’un paysage sonore donné ou qui permettent de comparer deux paysages sonores.

Ces indices permettent de décrire la richesse, la complexité, l’hétérogénéité, la régularité, la composition des paysages sonores, tant sur terre que sous les eaux. Caractériser par le son les perturbations que subit un récif corallien suite à des pollutions, des cyclones ou à plus grande échelle à cause des changements climatiques, devient possible à moindre coût et sans perturber le milieu.

Le grand défi de la bioacoustique est maintenant d’appréhender des enregistrements sonores de très longue
durée. Traitement des big data et méthodes d’intelligence artificielle sont devenus indispensables.

« Les animaux et les humains », une conférence en direct le 16 juin 2021 à 18h30, puis disponible en podcast.

Avec :

Nicolas Mathevon. Biologiste, spécialiste du comportement animal, professeur à l’université de Saint-Etienne, membre senior de l’Institut universitaire de France et explorateur pour la National Geographic Society. Il étudie les communications acoustiques animales et humaines depuis presque trente ans, a fondé une équipe de recherche dédiée à la bioacoustique (Equipe de Neuro-Ethologie Sensorielle, CNRS, université de Saint-Etienne) et préside actuellement l’International Bioacoustics Society (IBAC). Son dernier livre est Les animaux parlent. Sachons les écouter (2021, Humensciences).

Jérôme Michalon. Sociologue, chargé de Recherche – CNRS UMR Triangle (Sciences Po Lyon – Université Lyon 2 – École Normale Supérieure Lyon – Université Jean Monnet Saint Etienne), il a publié Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier (Presses des Mines, 2014).

Laëtitia Mongeard. Docteure en géographie, elle est actuellement post-doctorante à l’École urbaine de Lyon.

,

Une ferme urbaine dans Lyon : « Si ça marche ici, on pourra le faire partout »

Une ferme urbaine dans Lyon : « Si ça marche ici, on pourra le faire partout »

[Série] En juin 2020, Philippe Zerr a semé les premières pousses d’une agriculture au milieu des immeubles du quartier des États-Unis (Lyon 8e). Il souhaite que cette micro-ferme urbaine serve de « prototype » pour réussir à faire du maraîchage en ville de façon pérenne. Avec son associé, Nicolas Gauthier, ils incarnent un nouveau type de paysan. 

« Désolé, les derniers radis viennent de partir. » 

Jour de vente, ce mardi soir dans le quartier des États-Unis (Lyon 8e). Au pied des résidences Eugène-André et Cazeneuve, Philippe Zerr propose ses légumes aux habitants de passage. Chou Pak-choï, blettes, salades… À chaque fois, le maraîcher revient sur la spécificité de ses légumes et la manière de les préparer.

ferme urbaine lyon Etats-Unis
Une vente est organisée tous les mardis soir à la micro-ferme urbaine des Etats-Unis.Photo : PL/Rue89Lyon.

La particularité des lieux ? Tout a été cultivé à cinq mètres de là, sur une ancienne place bétonnée. Sur deux parcelles de terre couvrant, en tout, 600 m2, Nicolas Gauthier, associé de la micro-ferme urbaine, et Jennifer Pardieu, stagiaire, s’occupent de ce domaine agricole un peu particulier entouré de logements sociaux. À côté, les enfants jouent au foot dans le city-stade jouxtant le terrain agricole. 

« C’est bien que la micro-ferme soit là », commente Rayan, dix ans, entre deux courses avec ses copains. « Grâce à eux, j’ai appris que le ver de terre se nourrissait de peau de fruit et de légume pour faire de la bonne terre. » 

Entre deux ventes, Philippe Zerr sourit : « Je ne suis pas sûr que ce soit moi qui lui ai appris celle-là ». Depuis son installation en juin 2020, il travaille avec les enfants et adolescents du coin. Si certains sont curieux, d’autres, plus timides, passent juste pour récupérer le ballon, tombé dans le jardin. En règle générale, la cohabitation se passe plutôt bien avec eux, comme avec les habitants du quartier.

 « Nous n’avons jamais remarqué de dégradations sur le terrain », constate Léna Monfort, qui suit ce projet pour Grand Lyon Habitat. 

Le bailleur social, qui possède 80 % des logements sociaux du boulevard du quartier des Etats-Unis, met à disposition le terrain. C’est lui qui a monté le projet avec l’entreprise Place au terreau. Celui-ci est à présent suivi par le bureau d’étude le Grand romanesco, structure associée à Place au terreau. (lire par ailleurs).

Des prix pour la clientèle du quartier des États-Unis

Au compte goutte, les clients se succèdent. 

« C’est bien ce qu’ils font pour le quartier, commente Matei Irini, une habitante des États-Unis, venue faire les courses avec ses légumes. Les prix ne sont pas très chers. » 

Derrière son stand, Philippe Zerr a conscience que cet aspect est important. 

« C’est aussi une interface avec le quartier, rappelle-t-il. Si les prix devenaient trop élevés, cela pourrait être mal compris. » 

ferme urbaine Lyon Philippe Zerr
Le maraîcher Philippe Zer s’est reconverti en 2016.Photo : PL/Rue89Lyon.

Chemise à carreau, cheveux un peu ébouriffés, cet ancien de l’audiovisuel s’est reconverti dans le maraîchage en 2016. Il s’agit de sa troisième expérience en agriculture urbaine avec notamment à son actif une première activité sur un toit. 

« Je ne suis pas le seul du milieu artistique à aller vers le maraîchage, sourit-il. On n’est pas trop dépaysé dans le milieu. »

Selon lui, la moitié de ses clients viennent des 470 logements entourant sa micro-ferme urbaine. L’autre partie vient de Jean-Macé ou Monplaisir. « Globalement, ce sont plutôt des gens du coin. »

Avec sa production, il a donné un bon coup de verdure aux lieux. Mais pas que.

« Jusqu’à l’année dernière, ce lieu était une cour sans usage, bétonnée, reprend Léna Monfort. C’était plutôt propice au deal ou au squat. » 

Dans le cadre de l’initiative 8e cèdre (lire par ailleurs), les 1600 m2 ont été transformés. Adieu le parking, bonjour les choux : lors de la restructuration menée par Grand lyon Habitat, l’enrobé a été arraché.

« Toute la terre n’était pas polluée de la même manière, se remémore Olivier Menahem, directeur général de Place au terreau et cofondateur du bureau d’étude le Grand romanesco. De la terre végétale a été remise sur les actuelles parcelles, puis une bonne épaisseur de compost. »

À côté de la micro-ferme urbaine, une parcelle est destinée à des ateliers avec l’entreprise Place au terreau. Un dernier lieu, rempli de coquelicots, est en train d’être dépollué. 

Pour une agriculture urbaine rentable à Lyon

À 38 ans, le nouveau producteur Philippe Zerr s’est fixé un objectif en s’installant : montrer que le maraîchage urbain peut être pérenne. Contacté par Place au terreau et Grand Lyon habitat pour intégrer 8e cèdre, ce porteur de projet a pour objectif de dégager l’équivalent d’un temps plein au Smic pour 1000 m2 de terrain via la vente directe à des clients de marchés, ou à de plus grandes structures comme Le Marché lyonnais. 

« Si j’arrive à montrer que ça marche ici, ça veut dire qu’on pourra le faire de partout », assure Philippe Zerr. 

Comme il n’occupe que 600 m2 de terrain, il cherche à dégager, via la vente, l’équivalent du salaire d’une personne travaille aux deux tiers d’un temps plein.

En parallèle, l’expert en maraîchage urbain fait un peu de conseil, des animations pour une école voisine, organise, aussi pour Place au terreau, la vente de fleurs sur la parcelle en voie de dépollution et fait un peu de culture « in-door ».

« Philippe avait déjà, du fait de ses précédentes expériences, un réseau et un modèle économique sérieux, reprend Olivier Menahem, directeur général de Place au Terreau et cofondateur du bureau d’étude le grand Romanesco. « De notre côté, on essaye de lui ramener, via nos activités, un public pour son marché. »

Le projet se fonde aujourd’hui sur ce modèle économique. Mais l’objectif est bien de laisser les activités annexes de côté pour ne vivre que du maraîchage. Ce qui n’est pas encore le cas.

micro-ferme urbaine Lyon États-Unis
La micro-ferme urbaine du quartier les États-Unis (Lyon 8e)Photo : Photo PL/Rue89Lyon

Néanmoins, le nouveau paysan se rapproche de son but. Il observe l’évolution des ventes, et s’en réjouit. 

« On n’est pas très loin des objectifs annuels », pour l’instant. Optimiste, il espère atteindre son objectif cette année : dégager les deux tiers d’un Smic via l’exploitation de ses 600 m2 de parcelle dans l’année. Pour pousser le concept, il faudra développer d’autres parcelles potentiellement dans d’autres projets (lire par ailleurs). Cela étant, cette rentabilité économique reste une performance en soi. En agriculture « classique », il faut, en général, au moins un hectare pour dégager un Smic pour un maraîcher.

Les radis plus rentables que les courges

La clef pour parvenir à cela ? La diversité des légumes d’abord. Salades, légumes en bottes, betteraves, blettes, des oignons nouveaux, chou pak-choï, coriandre, ciboulette, etc. les jeunes producteurs ont une grande diversité de pieds. L’endroit ressemble plus à un grand jardin qu’à une production classique maraîchère.

Le choix de ces derniers est ensuite essentiel. « L’idée est d’avoir des légumes qui demandent beaucoup de travail au kilo », indique Philippe Zerr. Comprenez : il ne s’agit pas d’avoir des produits mettant du temps à sortir de terre et que l’on regarde pousser. Il faut qu’ils puissent être récoltés plusieurs fois par an et, donc, que l’on travaille régulièrement dessus. Exemple : le maraîcher privilégie les radis, pouvant sortir de terre quatre à cinq fois par an plutôt que des courges, ne pouvant être ramassées qu’une fois par an. 

Vient ensuite une partie plus technique. Sans capacité d’investissement importante, l’équipe reste sur des outils plus petits et pratiques. « Par exemple, on fait du « binage » régulièrement indique Nicolas Gauthier, travaillant avec Philippe Zerr. Cela nous permet d’éviter l’arrivée des mauvaises herbes. »

Ex-consultant dans l’optimisation des coûts de production, ce dernier a laissé la veste et la chemise bien repassée au placard pour les vêtements des champs. À 34 ans, il fait ressortir ses tatouages et traîne ses pieds dans la terre, sans regret pour la vie de bureau. Il est actuellement en « stage test » avec Philippe Zerr. Un statut un peu particulier qui devrait lui permettre de devenir prochainement pleinement son associé.

Dans le détail, il revient sur l’intérêt de travailler aussi en pépinière. « On n’a à peu près 50% des pieds qui poussent directement ici et 50% en pépinière », commente-t-il. 

Grâce à cela, une pousse peut commencer en pépinière quand l’une est en train de se développer sur le terrain. Une manière de gagner du temps et d’augmenter la production.

Seule contrainte de ce procédé : les maraîchers, bien qu’ils assurent suivre les préceptes de l’agriculture biologique, ne peuvent demander la fameuse certification « bio » du fait du passage. Celle-ci ne peut être donnée quand la plantation ne se fait pas directement en terre. Or, contrairement aux apparences, une partie des plants commencent à pousser « hors-sol » (en pépinière) avant d’être remis en terre.

ferme urbaine Lyon Nicolas Gauthier au travail
Nicolas Gauthier a rejoint l’équipe de Philippe Zerr. Crédit : PL/Rue89Lyon.

À la recherche de la semaine de 35 heures

Grâce à cette optimisation de leur temps de travail, les deux trentenaires espèrent toucher un salaire tout en respectant une semaine de 35 h. Un sacré défi quand on connaît les difficultés connues par le monde agricole rural. 

« Il y a certains paysans pour lesquels la situation est presque inhumaine, commente Jennifer Pardieu, leur stagiaire, en formation au lycée horticole de Dardilly-Écully. C’est pour ça que je suis venu voir comment ça se passait. C’est intéressant. »

Pour y arriver, tous les gestes sont comptés, afin d’éviter les déplacements et travailler de la façon la plus efficace possible. Un travail astreignant et un peu précaire mais dans lesquels les deux nouveaux agriculteurs se retrouvent.

 « Dans le milieu artistique, la précarité, on connaît » », plaisante Philippe Zerr. 

L’entrepreneur ne se rémunère pas encore totalement. « On est dans une démarche d’entrepreneur classique, on n’est pas rémunéré dès le début. »

Tant que le maraîcher n’aura pas la surface nécessaire pour dégager plusieurs salaires, il ne pourra pas se rémunérer totalement. Comme souvent en matière d’agriculture urbaine, et d’autant plus dans la ville centre, la pénurie de foncier est montrée du doigt.

« Mais en vrai, ce qui manque ce n’est pas vraiment pas le foncier, assure Philippe Zerr. Des parcelles comme les nôtres ne sont pas exceptionnellement grandes. Il y en a des centaine dans la Métropole et encore, je ne parle pas de la place disponible sur les toits ! Ce qui est compliqué, c’est d’avoir le feu vert pour rendre disponible ces espaces. »

Cependant, il se montre confiant pour la suite. Il suit actuellement plusieurs « pistes sérieuses ». « Végétaliser un terrain, sans s’occuper de l’entretien, ça peut être intéressant pour certains », constate-t-il.

Micro-ferme urbaine à Lyon : des avantages insoupçonnés

De quoi aider à croire dans ce type d’agriculture. D’autant que, derrière ses difficultés, l’agriculture urbaine possède certains avantages insoupçonnés. 

Par rapport à une production « classique » en milieu rural, cette dernière est moins soumise aux forts aléas climatiques. Si l’impact de leur météo est rapidement visible sur leur, plus petite, production, cette dernière a, par exemple, moins souffert des épisodes de grêles de ce printemps. De même, l’eau reste accessible en permanence. Alors que certains bétonnent des zones agricoles dans l’ouest lyonnais, cela pourrait donner des idées à d’autres partisans d’un retour à la terre en ville. 

« Sur les prochaines années, beaucoup de projets vont naître, assure Olivier Menahem, de Place au terreau. Clairement, il y a un marché. Plutôt dans les projets de réaménagement. »

De quoi donner un peu d’espoir aux adeptes de la verdure en ville et aux maraîchers désirant tirer un salaire complet de cette activité. Sous le béton, il semble encore possible de faire pousser de nouvelles idées. 

La micro-ferme du quartier les Etats-Unis
La micro-ferme du quartier les États-Unis dans le 8ème arrondissement de Lyon. Crédit Photo PL/Rue89Lyon
#ferme urbaine

Les Entêté·e·s : un festival de « résistance théâtrale » à Lyon

Les Entêté·e·s : un festival de « résistance théâtrale » à Lyon

Le théâtre ne veut pas se laisser enfermer encore une fois. En tout cas, c’est ce que revendique le festival Les Entêté·e·s qui offre à voir huit spectacles, dix-huit performances et une exposition à partir du 15 juin et et jusqu’au 10 juillet prochain à Lyon.

« Après cette trop longue période marquée de points de suspension et d’interrogation, plus qu’entêté·e·s, nous répondons cet été par un poing levé ! »

Le ton est donné. C’est donc dans une ambiance militante, que le festival Les Entêté-e-s offre à voir huit spectacles, dix-huit performances et une exposition à partir du 15 juin et et jusqu’au 10 juillet prochain. Les spectacles auront lieu au Théâtre du Point du Jour (Lyon 5è), instigateur de l’événement, mais aussi au Transbordeur (Villeurbanne), au musée Gadagne (Lyon 5è) et « en nomade », c’est-à-dire en extérieur. Une soirée de lancement est organisée le mercredi 2 juin à 19h, pour présenter les spectacles du festival et aborder l’année difficile qui a été celle des comédiens.

Le festival Les Entêté·e·s tourne Cannes en ridicule

Au programme : du 15 au 16 juin, Etienne Gaudillère et la Compagnie Y se moquent subtilement du festival de Cannes, mais aussi des magouilles politiques. Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Agnès Varda s’y croisent dans un moment d’anachronisme pour souligner les contradictions de l’évènement ciné. Le spectacle « Une histoire de festival » est d’ailleurs présenté au Transbordeur.

Du 17 au 20 juin : « Comprendre, des mots sur les maux » met en scène la souffrance d’une femme, au travers de trois représentations d’elle-même, qui s’opposent et se réconcilient. Accouchement traumatisant, questionnements sur l’hérédité : la pièce a librement été inspirée de rencontres avec soignantes et patientes de l’hôpital les Massues (Lyon 5è). Celle-ci est présenté au Théâtre du Point du Jour par la Compagnie Madamelune, dans le cadre des Nuits de Fourvière.

Festival les Entêté·e·s.
Etienne Gaudillère et la Compagnie Y se moquent subtilement du festival de Cannes à l’occasion du festival les Entêté-e-s.

Du 23 au 24 juin, Judith Bordas et Annabelle Brouard présentent un spectacle conçu pour tout le monde, non-voyants compris. « Fugueuses, histoire des femmes qui voulaient partir » questionne les désirs d’ailleurs, ou carrément l’envie de tout plaquer pour disparaître.

Du 15 juin au 10 juillet, programme complet du festival les Entêté-e-s sur le site du Point du Jour.

Cumuls, parachutages : les difficiles listes du RN aux régionales

Cumuls, parachutages : les difficiles listes du RN aux régionales

Sur les listes du Rassemblement National (RN) aux élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes on trouve quelques perles. Sa composition montre surtout un très fort cumul de candidatures et quelques parachutages cocasses pour un parti qui se veut « enraciné ».

La désignation de la tête de liste n’avait pas été chose aisée pour le Rassemblement National (RN) pour ces élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. Alexis Jolly, délégué départemental du RN en Isère, briguait la place. Finalement, le parti de Marine Le Pen a choisi Andréa Kotarac, transfuge de La France Insoumise, et récent tête de liste aux élections à la Métropole de Lyon en 2020.

L’investiture pas évidente d’Andréa Kotarac pour les régionales

Andrea Kotarac
Andrea Kotarac, chef de file du Rassemblement National à la Métropole de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

Les élections municipales et métropolitaines de 2020 n’ont pas été très positives pour le RN. Le parti a perdu ses deux sièges au conseil de la Métropole de Lyon ainsi que ses deux conseillers municipaux à Lyon (un siège de conseiller municipal et un de conseiller d’arrondissement). Malgré tout, André Kotarac avait des soutiens parmi les cadres de son parti qui l’a finalement désigné.

Mais certains poids lourds, comme l’indiquait Marianne au moment du choix, poussaient pour Alexis Jolly, par ailleurs conseiller régional sortant. Notamment, avançait un cadre du RN au magazine, parce qu’il était « plus populaires dans les fédérations auvergnates ».

Les « parachutages » de candidats RN aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes

Mais la bataille entre les deux « camps » semble s’être fait ressentir dans la composition de la liste régionale. Notamment dans la partie auvergnate qui présente quelques incongruités. Comme la première place de la liste départementale de l’Allier confiée à Benoît Auguste militant du RN à Lyon. En deuxième position, éligible donc, se trouve Françoise Seignobos par ailleurs candidate aux élections départementales dans…la Drôme.

Cette composition n’a pas été du goût du délégué départemental du RN. Jean-Pierre Sigaud a dénoncé des « parachutages », des déclarations qui lui ont valu d’être tout récemment démis de ses fonctions. Il avait dans son sillage entraîné bon nombre de binômes aux élections départementales dans l’Allier. Il n’y en aura que trois en lice pour le RN les 20 et 27 juin prochain.

La liste régionale du RN et ses conséquences sur les élections départementales

Du côté du Puy-de-Dôme, la première place de la section départementale est occupée par Brice Bernard. Ce dernier est le responsable du RN en Savoie. Derrière lui, on trouve Sophie Lorenzo, candidate aux départementales en Ardèche. En Haute-Loire, la première place sur la liste a été attribuée à Thierry Perez par ailleurs candidat aux départementales en Isère.

On trouve également en Haute-Loire trois candidates, à des places potentiellement éligibles, issues d’autres départements de la région. Et candidates elles aussi aux élections départementales, en Isère ou dans la Loire. Un département où, comme dans l’Allier, il n’y aura que très peu de binômes RN aux élections départementales.

Des candidat·es cumulard·es

Dans la partie rhônalpine, moins de parachutage. Si ce n’est la présence en 4ème position dans la Loire de Manon Decorte, maire déléguée de La Léchère en Savoie où elle sera aussi candidate aux élections départementales.

Des « parachutages » qui peuvent faire sourire pour un parti qui prône notamment le localisme. Des choix qui révèlent davantage les tensions au sein du parti suite à la désignation de la tête de liste pour les régionales. Le Rassemblement National compte actuellement 34 sièges au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Pour l’heure, les sondages lui prédisent des scores inférieurs à ceux obtenus aux élections de 2015.

Parmi ces choix on voit aussi beaucoup de candidat·es cumulard·es. Sur les 230 candidat·es du RN sur la liste aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes, 70% sont également présent·es dans des binômes aux élections départementales. Une proportion très élevée.

Des listes qui reflètent les dissensions internes au RN

Le signe d’un manque de militant·es suffisamment investi·es pour souhaiter se présenter ? L’absence de candidats s’explique par endroits justement par les choix politiques comme on l’a vu dans l’Allier. Et des tensions toujours vives dans le parti entre proches de Marine Le Pen et ceux réputés proches de Marion Maréchal.

On peut alors s’interroger également sur la présence de candidats plutôt en délicatesse avec leur parti. Christophe Boudot, plutôt en perte de vitesse dans le Rhône, sera en première place dans le département.

Agnès Marion, candidate aux municipales à Lyon en 2020 et conseillère régionale sortante, avait été sanctionnée d’un avertissement dans la foulée. Elle et Antoine Mellies, délégué départemental dans le Rhône RN qui a été lui suspendu, s’étaient fait taper sur les doigts par la direction nationale de leur parti en raison du non remplacement de la tête de liste du RN dans le 6e arrondissement de Lyon. Elle avait été candidate pour les « Comités Jeanne », un parti lancé par Jean-Marie Le Pen aux législatives de 2017. Un « prétexte » selon lui, estimant qu’ils payaient là, lui et Agnès Marion, leur proximité avec Marion Maréchal.

Antoine Mellies du Rassemblement National
Antoine Mellies, responsable départemental du Rassemblement National du Rhône, tête de liste aux municipales à Givors et tête de liste sur la circonscription K pour la Métropole de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

« Prouve-le » : un spectacle anti-complotisme, au théâtre des Célestins

« Prouve-le » : un spectacle anti-complotisme, au théâtre des Célestins

« Prouve-le », une étonnante pièce de théâtre qui sera présentée du 15 au 16 juin au théâtre des Célestins. Un spectacle sur le faux, le complot et les fakes news porté par la compagnie Spell Mistakes.

En voilà une brillante idée, que de monter un spectacle sur la diffusion des fausses informations, sur le principe voire la tentation du complotisme :

« Personne n’a marché sur la Lune. Les vaccins sont toxiques. Des reptiles humanoïdes venus du centre de la terre se cachent dans l’enveloppe corporelle des grands dirigeants de ce monde pour soumettre l’humanité… »

Vraiment ? Dans ce spectacle écrit par Lucie Vérot et mis en scène par Maïanne Barthès et la compagnie justement appelée Spell Mistakes, les questions pleuvent. Celle qui sous-tend le projet est de savoir comment résister à l’envie de se sentir « spécial », car au courant de secrets qui pourraient bien être les vérités de notre monde. Des vérités simples à consommer, diffusables tout aussi aisément.

L’histoire commence au collège, où Célia et Théo attrapent une maladie étrange : le Zika. Isolés ensemble pour ne pas la propager, les deux adolescents cherchent le coupable de tous leurs maux. Leur professeur leur semble être la victime idéale. Ils s’emparent alors d’internet et propagent cette idée avec force d’arguments. À première vue, leur thèse leur semble presque infaillible. « Prouve-le », Une fable incisive sur l’esprit critique.

Théâtre des Célestins à Lyon
Le théâtre des Célestins, ou le spectacle « Prouve-le » sera représenté.

« Prouve-le », une suggestion de Rue89Lyon

Dans la catégorie « Grands formats », le Prix Célest’1 2020 a été décerné à la pièce « Prouve-le ». En tant que site d’info local qui dispense de l’éducation aux médias, Rue89Lyon ne pouvait que suggérer ce spectacle. Il s’intitule « Prouve-le » et cela pourrait presque être le titre d’une de nos rubriques.

« Prouve-le », au théâtre des Célestins. Les 15 et 16 juin à 20h30.

#Prouve-le

Le projet du « RER » de Lyon au cœur des élections régionales

Le projet du « RER » de Lyon au cœur des élections régionales

Le « RER à la lyonnaise » est au menu des élections régionales. À la manœuvre, le président-candidat de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), tente de reprendre la main sur un dossier qui a peu avancé durant son mandat. Ses adversaires ne manquent pas de lui rappeler et plaident pour une augmentation massive du nombre de TER à Lyon. Retour sur l’enjeu mobilité n°1.

« Le RER à la lyonnaise, c’est possible. »

Le titre sonnerait presque comme un slogan de campagne. Pour cause, il annonce un enjeu majeur des élections régionales à venir. Dimanche 8 mai, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) a annoncé dans les colonnes du Progrès son plan pour développer son réseau express régional.

Un enjeu de taille pour les habitants de la métropole de Lyon et des alentours. Dénommé aussi parfois réseau express métropolitain (REM), ce « RER à la lyonnaise » vise à augmenter considérablement la fréquence des trains sur la plupart des lignes du nœud ferroviaire lyonnais (rebaptisé Étoile ferroviaire).

L’idée : avoir un train pour Lyon toutes les quinze minutes en heure de pointe en partant d’Ambérieu, Saint-Étienne, Villefranche-sur-Saône, Sain Bel, Lozanne, etc. Il s’agit également de faire rouler des TER plus tôt le matin, et plus tard le soir. Bref, entrer dans une réelle logique de RER autour de Lyon. 

Dans les tuyaux depuis des dizaines d’années, le projet revient de façon centrale dans les débats à l’heure où la voiture est mise hors des villes et où la question écologique devient cruciale. Ainsi, la nécessité d’investir dans Étoile ferroviaire, largement congestionnée, apparaît indispensable. Chaque jour, 1200 trains transitent sur ces lignes du réseau lyonnais, dont 600 TER.

Laurent Wauquiez en a bien conscience. Depuis octobre 2020, il ménageait le suspense et avait déjà annoncé une étude pour un tram-train entre Brignais et Givors. Lors d’un entretien à BFMTV Lyon en décembre, le futur candidat à sa réélection avait annoncé un grand plan pour ce RER début 2021.

Finalement, l’annonce est tombé à un mois et demi des élections, trois jours avant son entrée officielle (et sans surprise) en campagne, étude à l’appui. Depuis, il mentionne régulièrement ce projet comme un axe fort de son futur mandat. Gage de sa foi dans le RER : il a intégré à sa liste lyonnaise Christophe Gourgeon (UDI). A Lyon, l’élu métropolitain est connu pour ses prises de position régulières sur ce sujet. 

L'étoile ferroviaire lyonnaise
Les principales lignes du réseau de l’Étoile ferroviaire lyonnaise. Crédit : SNCF

Pour l’opposition : le coup de com’ de Laurent Wauquiez sur les TER à Lyon 

Dans le rang de ses opposants lors de cette campagne des régionales, on se gausse. 

« Dommage que Laurent Wauquiez n’ait pas été élu président en 2015 », plaisante Fouziya Bouzerda (MoDem), sur la liste de Bruno Bonnell (LREM).

L’opposition socialiste prend la nouvelle avec moins d’humour. 

« Laurent Wauquiez est quand même très gonflé. Plus c’est gros, plus ça passe, lâche son opposant au conseil régional, Jean-François Debat (PS), engagé dans la campagne aux côtés de Najat Vallaud-Belkacem. Quand on lui parlait du RER, il nous parlait de l’A45. On a perdu cinq ans ! »

Jean-François Debat et Najat Vallaud-Belkacem TER Lyon
Jean-François Debat et Najat Vallaud-Belkacem lors du lancement de la liste « L’alternative » le 17 mai 2021 au Mob Hôtel à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.

Particulièrement remonté, l’élu dénonce un « réveil » tardif du président d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Même constat du côté des écologiste. Il faut dire que, côté Métropole de Lyon, Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président en charge des déplacements, des intermodalités et de la logistique urbaine n’a cessé de faire des appels du pied à la région. Dans Rue89Lyon, il s’est déjà prononcé plusieurs fois pour « aider » la Région dans ce projet de « RER à la lyonnaise ». Une « main tendue » refusée. Laurent Wauquiez a ainsi présenté son plan en solo malgré un travail entre la Région et la Métropole de Lyon, notamment sur les questions de tarification.

La ligne de TER Saint-Étienne/Lyon : la priorité et le point noir 

L’annonce montre en tout cas l’importance politique du projet. « Je suis élue depuis 2004, je n’ai jamais autant entendu parler des questions de mobilité que cette année », assure Cécile Cukierman (PCF), tête de liste Ensemble pour notre région. En premier lieu : la ligne Saint-Étienne/Lyon revient en premier dans la bouche des élus. 

« Sur cette ligne, nous n’avons vraiment plus le choix, marque Fabienne Grébert à Rue89Lyon, candidate tête de liste pour les écologistes. Nous aurons un vrai travail à faire dès juillet avec Bruno Bernard [président (EELV) de la Métropole de Lyon] sur ce sujet. » 

Fabienne Grébert, tête de liste des écologistes.
Fabienne Grébert, tête de liste des écologistes pour les régionales. Photo PL/Rue89Lyon.

Les récents intempéries ont mis en avant les fragilités de cette ligne utilisée quotidiennement par près de 20 000 personnes. « C’est tout de même aberrant de se dire qu’on est encore dépendant de la météo », lâche la communiste Cécile Cukierman. Sur ce point, les verts, socialistes ou proches de Cécile Cukierman auront beau jeu de rappeler que le président ne croyait pas en cette liaison et avait promis 145 millions d’euros sur le projet d’A45 maintenant enterré. 

Certes, aujourd’hui, cet argent devrait être consacré à des alternatives sur cette ligne TER. 200 millions, partagés par l’État et la Région sont prévus dans le cadre du plan de relance. Mais du temps a été perdu.

Des projets en commun à l’Est comme à l’Ouest lyonnais

Sur le projet, les candidats s’accordent sur plusieurs axes de développement. Dans l’Est lyonnais, la nécessité d’aller vers l’Isère est soulignée. De Laurent Wauquiez (LR) à Cécile Cukierman (PCF), tout le monde est d’accord pour intensifier la fréquence des trains et pour aller plus loin. Pour Fouziya Bouzerda, ancienne présidente du Syndicat mixte des transports en commun lyonnais (Sytral), il s’agit pour la région de faire la suite du T3 à Meyzieu.

Laurent Wauquiez envisage d’aller jusqu’à Crémieu. Oscillant entre Bus à haut niveau de service (BHNS) et tram, son choix est au final assez proche de ceux de ses concurrents. Les écologistes préférant toutefois l’option rail à l’option bus.

De même, un rallongement du tram-train à l’Ouest lyonnais fait consensus. « Il est possible de faire des travaux sur ce secteur dans les dix ans », estime Fouziya Bouzerda. Motif de l’urgence pour elle : le fait de ne pas avoir d’autres transports en commun sur le secteur. Sur le sujet, la plupart des acteurs souhaitaient prolonger l’actuelle ligne Lyon/Sain-Bel jusqu’à la Brevenne. Côté écologiste et PS, on évoque même Courzieu et la Giraudière, un brin plus loin. 

« Il devra également y avoir un cadencement en direction de Lozanne, Givors et Brignais », estime Bernard Chaverot (PRG), sur la liste de Najat Vallaud-Belkacem, dans le Rhône.

Là encore, sur ces lignes, l’attente est forte et tous les candidats semblent l’avoir compris. Et les retards pris par l’actuel exécutif régional sont, une fois de plus, soulignés.

TER Lyon Laurent Wauquiez
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne- Rhône-Alpes lors de ses vœux 2019. Le 28 janvier 2019 au musée des Tissus et des Arts Décoratifs.Photo : MG/Rue89Lyon

Le Lyon/Trévoux : l’éternelle arlésienne des régionales

Le gros point de friction reste le même depuis plusieurs dizaines d’années : le Lyon/Trévoux. « L’arlésienne des élections régionales », souffle la communiste Cécile Cukierman.

Au nord de Lyon, cette ligne doit permettre de desservir un bassin de population important de population. Pendant 30 ans, un projet de train a traîné en bord de Saône. Lors du dernier mandat de Jean-Jack Queyranne, des fonds avaient été prévus.

Laurent Wauquiez est revenu sur la question en proposant un projet plus réaliste, selon lui : un bus à haut niveau de service (BHNS). Sur une voie lui étant consacrée jusqu’à Caluire, celui-ci sera plus lent, certes. Mais il a le mérite d’être plus réalisable, selon l’exécutif.

Sauf que la solution ne satisfait toujours pas. La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) a fait savoir son désir du retour d’un projet de train, plus adapté à une grande part de voyageurs. À gauche, la liste PCF-LFI de Cécile Cukierman est résolument pour le retour du projet de train.

Plus rapide, capable de prendre plus d’usagers, le train a des avantages indéniables face au bus. Malheureusement, le trajet jusqu’à Part-Dieu devait se faire en deux temps : Trévoux/Sathonay puis Sathonay/Lyon. Une rupture de charge rendant le projet plus complexe. Dans ce cas, l’arrivée du métro pourrait en intéresser plus d’un. 

« Imaginez un peu qu’un métro aille jusqu’à Sathonay, nous glissait Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président à la Métropole de Lyon en charge des mobilités. Il serait vraiment dommage de ne pas avoir de trains pour amener les usagers jusque là ! »

Sans surprise, les écologistes sont donc favorables à un retour du projet « train » sur cette section. Côté PS, on soutient toujours le rail, avec prudence. L’équipe de Bruno Bonnell (LREM), elle, a accepté le BHNS, par défaut. Au final, la position « réaliste » du sortant Laurent Wauquiez semble la plus engagée avec un début des travaux annoncés pour 2022.

« En attendant, sur ce sujet aussi il ne s’est rien passé sous ce mandat », grince Jean-François Debat (PS). 

TER à Lyon : une entente nécessaire entre Métropole et Région

Logiquement, côté écologiste, on fait valoir qu’il serait plus simple d’avancer sur le sujet si Région et Métropole étaient de la même couleur politique.« Nous avons besoin de travailler en partenariat, ce qui n’est pas le cas pour l’instant », constate Fabienne Grébert.

« Sur le territoire du Sytral, on pourrait prendre l’exploitation des trains », rappelle Jean-Charles Kohlhaas (EELV). Une manière de favoriser, notamment, le retour des « petits Givors » ces trains qui ont été suspendus entre Perrache et Givors. Le vice-président en charge des transports de la Métropole réitère sa proposition : mettre plusieurs centaines de millions pour des travaux, là où la Région n’a pas les moyens de les mettre : « Le budget d’une collectivité connaît des limites. » Avec une règle : « C’est celui qui paye, qui commande. »

Au cours des négociations entre Région et Métropole, les négociations sur une tarification intégrée (lire par ailleurs) ont avancé. Le reste, un peu moins. Lors de la présentation de son projet de RER, Laurent Wauquiez a annoncé qu’il allait être possible de « rentrer en discussion » avec les différents partenaires (État et Métropole). Cependant, pas sûr qu’il soit prêt à « lâcher » des lignes et du pouvoir à d’autres institutions comme le Sytral, géré, en grande partie, par la Métropole de Lyon. Le président de Région s’est souvent agacé du fait que les mobilités soient gérées sur le territoire rhodanien par un syndicat mixte contrôlé par la Métropole et non par la Région, comme c’est le cas dans reste du pays. Pour renverser la balance, il cherche à peser davantage dans le Sytral en mettant la pression sur d’autres collectivités membres du comité syndical.

Au voeux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda Présidente du SYTRAL. Vendredi 25 janvier.©MG/Rue89Lyon
Fouziya Bouzerda, alors présidente du Sytral le 25 janvier 2019.Photo : MG/Rue89Lyon

Un projet qui interroge sur le rôle de chaque institution

Une direction que ne souhaite pas non plus Cécile Cukierman (PCF). Cette dernière plaide pour que la ligne de tram-train de l’ouest lyonnais (entre Lyon et Sain-Bel) ne soit pas désolidarisée du reste du réseau.

« Ce serait une erreur, estime-t-elle. Si l’on commence à mettre en concurrence des lignes de chemins de fer, cela va être compliqué de développer d’autres petites lignes. »

Pour elle, il est nécessaire de garder une unité afin que les lignes avec beaucoup de voyageurs financent les lignes avec une fréquentation moindre. À terme, elle craint aussi un retrait de l’État, sans contrepartie financière. 

Question organisation, Fouziya Bouzerda (MoDem) rappelle l’importance donnée à la Région par la loi d’organisation des mobilités. Pour elle, la Région est « désormais la grande cheffe d’orchestre des mobilités. » En ce sens, elle doit délivrer une vision globale sur le rail, les transports en commun, mais aussi sur la construction de parcs relais, etc.

« Avec la mise en place de la loi LOM, la Région a tout en main. Hors, il ne s’est rien passé. On n’a pas eu d’augmentation de l’offre », regrette-t-elle. 

Cécile Cukierman
Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la Loire. Photo CC BY-SA 4.0 par PCF Auvergne-Rhône-Alpes via Wikicommons

Le « RER à la lyonnaise » : une vision du territoire 

Sur cette vision du territoire, l’ancienne présidente du Sytral rappelle quelque chose d’élémentaire : ce réseau doit sculpter la région lyonnaise.

« La Métropole de Lyon doit à son réseau de transports le développement qu’elle a connu. »

En ce sens, les choix des axes travaillés donneront un axe de développement économique au territoire. 

« Toute la question est ce que l’on entend par RER », rappelle à ce propos Cécile Cukierman (PCF).

« Si c’est pour reproduire le schéma connu en île de France avec toutes les lignes qui convergent vers Lyon, ce n’est pas la peine. On a besoin de plus de trains, mais tous n’ont pas besoin de passer par Lyon. » 

Dans son viseur, une ligne pour contourner la métropole dans l’Est lyonnais. Elle le rappelle : ce qui limite le développement du RER, c’est la faible capacité de la gare de la Part-Dieu. Or, malgré les investissements pour la création de nouvelles voies durant le dernier mandat, cette dernière devrait rester saturer. 

Selon les prévisions de la SNCF, la fréquentation de l’Étoile ferroviaire lyonnaise devrait augmenter de 25 % d’ici 2035, dont 15 % pour la gare de Lyon Part-Dieu. En cause : la concentration des emplois à Lyon.

Ce qui rejoint la question d’un développement économique plus équilibré du territoire. Une autre compétence de la Région.

#RER à la lyonnaise

Avec le bail réel solidaire, la Métropole de Lyon veut contrôler les prix

Avec le bail réel solidaire, la Métropole de Lyon veut contrôler les prix

La Métropole de Lyon a présenté le premier programme de logements commercialisés en bail réel solidaire. Un dispositif qui entend permettre de contrôler le prix du foncier et donner accès à la propriété à des ménages plutôt modestes. A des prix « deux fois moins chers » que ceux du marché. Un dispositif, dont ils ne sont pas à l’origine, mais sur lequel ils entendent afficher une volonté politique de le déployer.

Avec la production de logement sociaux, le dispositif de bail réel solidaire (BRS) est un des piliers de la politique logement de la majorité écologiste et de gauche de la Métropole de Lyon. Ce jeudi 10 juin, elle a ainsi présenté le premier programme de logements neufs commercialisés selon ce dispositif.

Situé rue Jules Guesde à Villeurbanne, il concerne 8 logements sur un petit immeuble de 17 logements.

Résidence Le Verger Villeurbanne
C’est au 21 rue Jules Guesde que sera construit la résidence Le Verger à Villeurbanne dont la moitié des logements seront proposés en bail réel solidaire. Photo BE/Rue89Lyon

« L’objectif est qu’il y ait du bail réel solidaire partout »

Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon et Agnès Thouvenot, adjointe au maire PS de Villeurbanne en charge de l’habitat et de l’urbanisme, n’ont pas dit autre chose :

« Il faut que la classe moyenne accède à la propriété. Le bail réel solidaire va devenir un produit fléché autant que le logement social dans la métropole de Lyon. Le prix du foncier y est actuellement très inquiétant. Il menace notre équilibre social. »

Agnès Thouvenot, première adjointe au maire de Villeurbanne en charge notamment de l’urbanisme et de l’habitat

Bruno Bernard a même indiqué  :

« L’objectif est qu’il y ait du BRS partout (dans les nouveaux programmes, ndlr). Il concernera 10% des logements à construire dans le projet Part-Dieu. Le dispositif permet de contrôler le prix du foncier et de proposer un prix d’achat deux fois moins cher que le prix du marché. »

Foncière Solidaire Métropole Lyon
Présentation du premier programme immobilier en bail réel solidaire de la Foncière Solidaire de la Métropole de Lyon, par Agnès Thouvenot, adjointe au maire de Villeurbanne, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et Barbara Belle, directrice de la Foncière Solidaire du Grand Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

La Foncière solidaire de la Métropole achète le foncier, l’acquéreur seulement le logement

Comment cela fonctionne ?

L’idée est de dissocier le foncier du bâti pour faire baisser le prix de vente pour les acquéreurs. Ainsi, dans le cadre d’un BRS, ces derniers n’achètent que le bâti (leur logement). Le foncier est acheté par la Foncière solidaire du Grand Lyon, office foncier solidaire habilité à proposer ce type de dispositif, et mise en place par la Métropole de Lyon.

La Foncière solidaire du Grand Lyon demande alors une participation aux acquéreurs, sous forme de redevance mensuelle dont elle fixe le montant. Cette redevance est plafonnée à 2 euros/m2 et par mois. Selon la Foncière solidaire du Grand Lyon, dans les projets actuellement engagés, elle s’élèverait en moyenne à 1,5 euro en moyenne. En clair, ce dispositif permet aux acquéreurs de n’acheter que leur logement et de louer, à un prix modéré, la part du foncier de leur logement.

Ce dispositif de bail réel solidaire s’adresse aux personnes répondant aux plafonds de ressources du Prêt Social Location-Accession (PSLA). 70% environ des ménages salariés y sont éligibles en France. Ces avantages présentent des contreparties. Pas de plus-value possible, l’acquéreur n’a pas le droit de vendre plus cher que le prix d’achat son logement. D’autre part, la revente n’est possible qu’à un acquéreur respectant également les plafonds de ressources du PSLA.

Le bail solidaire pour arriver à 6 000 logements sociaux par an dans la métropole de Lyon ?

Selon la Métropole de Lyon, le prix moyen des premiers logements commercialisés via ce dispositif est e 2 776 euros/m2 (contre un prix plutôt proche des 4500 euros/m2 en moyenne actuellement pour les appartements). Auxquels s’ajoutent la redevance pour le foncier. Un gain non négligeable. Mais l’enjeu réside aussi sur la quantité de logements proposés selon ce type de dispositif pour infléchir le marché. La majorité écologiste et de gauche veut ainsi au moins afficher une ambition politique avec un dispositif dont elle n’est pas à l’origine (voir par ailleurs).

En l’absence de Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon, en charge de l’Habitat, Bruno Bernard a redit les ambitions de la collectivité en la matière. Une promesse de campagne de celui qui fut le candidat du PS et ses alliés en 2020. La fameuse promesse des 6 000 logements sociaux par an.

« On a pour objectif de construire 6 000 logements sociaux par an d’ici 2026. 5 000 en location et 1 000 en BRS »

Pour l’heure, Barbara Belle, directrice de la Foncière solidaire du Grand Lyon, a indiqué que 225 logements en BRS étaient programmés sur le territoire de la métropole de Lyon. 1 000 seraient en prospection. Les 8 logements de ce premier programme commercialisé selon ce dispositif à Villeurbanne, seront livrés en 2023 par la Foncière solidaire du Grand Lyon.

La Foncière solidaire lancée sous David Kimelfeld dans la métropole de Lyon

Résidence Le Verger Villeurbanne
C’est au 21 rue Jules Guesde que sera construit la résidence Le Verger à Villeurbanne dont la moitié des logements seront proposés en bail réel solidaire. Photo BE/Rue89Lyon

Ils ne sont toutefois pas les premiers logements en BRS signés sur le territoire. Ni même à Villeurbanne. La résidence Mazet, rue Gervais-Buissière, vient d’être réalisée sur la commune. Un projet porté par Rhône Saône Habitat, qui ne fait pas partie de la Foncière solidaire du Grand Lyon.

Cette dernière regroupe les grands bailleurs sociaux de la métropole de Lyon (Est Métropole Habitant, Grand Lyon Habitat, Lyon Métropole Habitat) mais aussi Action Logement ou encore la Banque des Territoires. L’organisme est principalement financé par la Métropole de Lyon. Sont également adhérentes, des villes de l’agglomération comme Lyon, Villeurbanne, Caluire et Oullins. Par son adhésion à l’organisme, la Ville de Lyon avait fait savoir sa volonté de mettre en place le dispositifs sur son territoire. Cinq opérations en BRS sont d’ailleurs programmées dans les 2e, 3e, 7e et 9e arrondissements.

La majorité écologiste et de gauche de la Métropole de Lyon ne fait d’ailleurs que poursuivre une politique impulsée par la précédente majorité sous la présidence de David Kimelfeld (PS puis LREM). C’est en effet fin 2019 qu’avait vu le jour la Foncière solidaire du Grand Lyon. Dont un des objectifs était justement de proposer des logements en BRS.

Lyon : une manifestation « pour les libertés et contre les idées d’extrême droite » ce dimanche

Lyon : une manifestation « pour les libertés et contre les idées d’extrême droite » ce dimanche

Ce dimanche 13 juin, une manifestation « contre les idées d’extrême droite et pour les libertés » partira à 15h de Charpennes (Villeurbanne). En quinze jours, c’est la deuxième manifestation contre l’extrême droite à Lyon.

L’appel à manifester « pour les libertés et contre les idées d’extrême droite » ce week-end est national. A Lyon, le rendez-vous a été fixé par les organisateurs au dimanche 15h à Charpennes (Villeurbanne), pour cause de Marche des Fiertés le samedi. Le cortège marchera jusqu’à Flachet.

Les signataires du Rhône sont nombreux : syndicats (CGT, Solidaires, CNT, FSU…) mais aussi des associations (ATTAC, Planning familial,…) et des organisations politiques (EELV, la France Insoumise, le NPA…).

C’est la deuxième mobilisation contre l’extrême droite en quinze jours à Lyon. Cette manifestation du 29 mai, qui a réuni un millier de personnes, entendait dénoncer particulièrement les violences d’extrême droite et réclamer la fermeture des locaux des identitaires toujours ouverts dans le Vieux Lyon.

Cette nouvelle manifestation intervient également après une série de défilés contre la loi « sécurité globale » cet automne et cet hiver.

« S’allier avec l’extrême droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit »

Les revendications locales seront toujours portées, même si cette fois-ci la manifestation répond à un appel national qui fait suite à une tribune publiée dans le journal Libération. Syndicats et associations s’alarment d’une montée de l’extrême droite :

« Depuis maintenant plusieurs mois, nous constatons un climat politique et social alarmant. S’allier avec l’extrême droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit. Les propos et actes racistes et sexistes au travail et dans la vie se propagent. »

Parallèlement, ces organisations dénoncent les lois dites « sécurité globale » et « séparatisme » :

« Plusieurs lois liberticides organisent une société autoritaire de surveillance et de contrôle qui empêcheraient d’informer sur des violences policières, déjà trop importantes. De plus, si certaines de ces lois stigmatisent une partie de la population en raison de sa religion, d’autres en ciblent en raison de leur activité militante. »

« Face à ce climat de haine, raciste et attentatoire aux libertés », les signataires de l’appel prennent l’engagement de « co-construire ce combat dans la durée ».

extrême droite lyon
Une des nombreuses manifestations contre l’extrême droite à Lyon. Celle du 3 mars 2018 notamment particulièrement dirigée contre « le Pavillon noir », le local des nationalistes du Bastion social dans le Vieux Lyon.Photo : DR
#lutte

Il y a 60 ans, le premier planning familial de France ouvrait à Grenoble

Il y a 60 ans, le premier planning familial de France ouvrait à Grenoble

Le 10 juin 1961, des militants grenoblois ouvrent le premier planning familial de France. À l’époque, le centre apparaît comme un îlot de liberté de parole pour les couples, qui y trouvent une écoute et des moyens de contraception alors qu’ils sont interdits. L’expérience grenobloise, menée par un groupe de militants hétérogène mais non effrayés par l’illégalité, a fait date.

La foule est dense en ce 10 juin 1961, au numéro 5 de la place de l’Étoile à Grenoble. Ce jour-là, les militants grenoblois du Mouvement français de planning familial (MFPF) ouvrent un centre pour informer sur la contraception et la rendre accessible. Le moment est historique : il s’agit du premier du genre en France. La presse est présente, de même que de nombreux médecins et sympathisants.

Aucun parti politique n’a apporté son soutien officiel, ni le Conseil de l’Ordre des médecins, encore moins l’évêché de Grenoble, qui désapprouve l’initiative. Il faut dire que, dans le contexte d’une loi de 1920 interdisant la « propagande anticonceptionnelle », l’existence de ce centre est tout simplement illégale et contrarie une certaine France traditionnelle et conservatrice. Mais cela ne freine pas les visiteurs qui, dès le premier jour, affluent place de l’Étoile.

Des reportages télévisés de l’époque montrent des couples traversant la France ou s’y arrêtant sur la route des vacances. Très vite, les permanences deux après-midi par semaine ne suffisent plus. Dès l’année suivante, le centre déménage dans de plus grands locaux boulevard Gambetta. Les archives du Planning familial de Grenoble font état de 1500 passages en 4 mois !

Lisez la suite pour 1€

En profitant de notre offre d’essai, résiliable en ligne à tout moment.

Pour accéder à cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?

Les informations exclusives, les enquêtes et certains reportages constituent l’édition abonnés de Rue89Lyon. En tant que média indépendant, nos ressources proviennent de nos lectrices et lecteurs abonnés, aucun milliardaire ni groupe bancaire ne nous finance.

Nous demandons à nos lecteurs une faible contribution pour disposer à Lyon d’un média vigie des pouvoirs locaux, capable d’enquêter et de traiter les enjeux locaux en profondeur et dans la durée.

Chaque abonnement compte. Toutes nos recettes sont investies dans un journalisme local indépendant, dont la force et la réactivité dépend directement du nombre d’abonnés actifs.

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

L’esport : une pratique en plein développement à Lyon

L’esport : une pratique en plein développement à Lyon

Avec des événements tels que la Lyon e-Sport ou encore l’équipe LDLC OL, Lyon est considéré comme un pôle important de l’esport en France. L’ouverture de La Source le 12 juin, un lieu entièrement dédié à la pratique de la compétition virtuelle, témoigne de l’ampleur du phénomène.

Lyon : une place forte de l’esport

Oui, passer sa journée assis, à jouer devant un ordinateur est considéré comme un sport.

Le jeu vidéo, pratique que l’on voyait réservé au simple divertissement, tend à devenir une réelle discipline avec des compétitions de grande ampleur. Cette pratique plus intensive et ambitieuse du jeu vidéo se fait appeler esport ou e-sport.

Ont notamment été créées des structures et des équipes avec comme seul objectif la performance, en adoptant des fonctionnements comparables aux grands clubs de sport.

En janvier 2020 l’équipe formée par l’entreprise lyonnaise LDLC s’est ainsi associée avec l’Olympique lyonnais pour former LDLC OL. Elle compte aujourd’hui 15 joueurs répartis sur 5 jeux différents. Sa division sur Counter Strike, Global Offensive, vient de se qualifier pour participer à un tournoi international.

Ces compétitions sont parfois organisées en ligne mais se retrouvent parfois en physique, recréant une ambiance digne d’un match de sport professionnel. Les plus grands championnats peuvent ainsi réunir plusieurs milliers de supporters habillés aux couleurs de leur équipe.

Depuis 2011, la Lyon e-Sport est une LAN (pour local area network – compétition réunissant les joueurs en présentiel) qui a su prendre de l’ampleur au point de devenir un événement majeur du jeux vidéo en France. On y retrouve des compétitions sur de nombreux jeux dits “compétitifs”, c’est-à-dire qui opposent différents joueurs, et demandant un certain niveau de jeu. L’événement réunit des grands noms du milieu, mais aussi des streamers et des YouTubers. L’édition 2018 avait regroupé 16 000 spectateurs et 100 000 viewers en simultanés sur les chaines de streaming.

lyon esport
La Lyon e-Sport en 2017 au Palais de Gerland. Crédit : Xavier Caré / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

Les gagnants de ces compétitions gagnent des « cash prize » dont la somme varie en fonction de l’importance de celle-ci. Le record est détenu par la Fortnite World Cup, qui s’est déroulée à New York en 2019. Le vainqueur, âgé de 16 ans, a remporté trois millions de dollars.

Lyon ne manque pas non plus d’acteurs majeurs du jeu vidéo. Si des Studios à la renommée mondiale y ont élu domicile (Ubisoft, Bandai Namco, Electronic Arts…), la ville compte aussi de très nombreux studios indépendants (Old Skull Games, Artefacts…).

La Source : un tremplin vers l’esport

Aujourd’hui, Lyon continue d’attirer des structures importantes. Situé dans le 8ème arrondissement, rue Marius Berliet, La Source, ambitionne de “devenir le premier centre européen de détection de joueurs professionnels d’esport”.

Avec une ouverture prévue le 12 juin, ce lieu de 730m2 réunit une centaine d’ordinateurs haut de gamme. Il cherche à recréer les meilleures conditions de jeu possibles.

On retrouvera aussi un « espace de rencontres/bar », plus convivial équipé d’écrans pour suivre des compétitions d’esport.

Outre le grand public, des espaces sont réservés aux commentateurs pour diffuser du contenu en direct mais aussi pour accueillir les équipes professionnelles, en proposant un lieu et des services aux équipes en déplacement (coachs mentaux, kinés, salle de sport…).

lyon esport
La salle principale de La SourcePhoto : TG/Rue89Lyon

Démocratiser l’esport à Lyon

L’objectif est de démocratiser cette pratique que beaucoup ne considèrent pas comme une discipline compétitive à part entière. Contrairement aux sports classiques, les compétitions sont en effet plus accessibles car il n’est souvent pas nécessaire d’être licencié pour participer aux qualifications. C’était notamment le cas de la World Cup de Fortnite en 2019 où l’on pouvait participer aux premières phases directement depuis le jeu.

La Source cherche à donner les moyens pour devenir joueur professionnel. Cela passera par une mise en relation avec des avec des nouveaux joueurs de tout niveau et des professionnels de l’esport, comme l’explique le patron et co-fondateur Romain Ragusa, alias Sagura :

« En jouant, Tu croises des gens en ligne. Mais le jeu, via son algorithme, te fait rencontrer toujours les mêmes joueurs, parce qu’il prend des joueurs qu’il pense être de ton niveau. Tu n’apprends donc pas forcément grand chose. Alors que si tu es en « physique », que tu as une personne avec toi et que tu discutes avec cette personne, tu vas pouvoir savoir pourquoi tu as perdu ».

Il illustre son propos en prenant l’exemple des équipes de haut niveau :

« Tous les clubs professionnels aujourd’hui obligent leur membres à venir dans la ville du club. »

Un des autres atouts que met en avant le patron de La Source, c’est l’application qui permet de centraliser les achats de temps de jeu et de nourriture. En plus de ces fonctionnalités, il est prévu qu’elle devienne une sorte de CV pour les joueurs. Y seront répertoriés compétences et compétitions auxquelles le joueur aura participé.

Romain Ragusa promet :

« On va donner les outils et les contacts aux personnes qui ont envie d’aller plus loin ».

Il ajoute :

« On a des contacts, on travaille avec des gens qui sont coach mental, coach physique. On a un partenariat avec la salle de sport qui est à côté, pour permettre aux gens d’être bien dans leur corps, comme bien dans leur tête ».

Il nuance tout de même :

« Augmenter votre niveau, vous donner des outils pour vous améliorer : oui. Mais vous promettre de devenir joueur pro, personne peut faire cette promesse ».

Le patron de La Source conclut :

« C’est exactement comme dans le sport. Le club nous donne tous les outils pour s’améliorer. De temps en temps, il y en a un qui a des talents innés, qui va se démarquer. Lui va percer alors que d’autres non ».

Un lieu attendu

Le dimanche 2 mai, La Source accueillait des invités triés sur le volet pour un test grandeur nature. Sous le cliquetis des claviers, manettes et souris, tous les joueurs rencontrés témoignaient de l’attente de voir un tel lieu ouvrir à Lyon. Bao alias BakaNoKira, streamer et joueur semi-professionnel :

« Le monde actuel commence à s’ouvrir à l’esport. Je me suis dit qu’enfin ce sera notre tour, en France, d’avoir quelque chose de gros. Les autres pays sont déjà en train de se développer sur le sujet. Nous, on est un peu en retard ».

Selon BakaNoKira, les lieux pour se réunir autour d’esport sont aujourd’hui peu nombreux, particulièrement à Lyon. Pour lui, cela permettra surtout de “retrouver des gens autour de la même passion et de faire de nouvelles connaissance”.

Un avis partagé par Sébastien, joueur occasionnel, qui y voit également un lieu pour s’améliorer :

« On peut vite trouver des gens avec qui jouer à certains jeux. Si on cherche à devenir meilleur dans des jeux compétitifs, c’est le bon endroit pour y arriver ».

esport lyon
BakaNoKira, un joueur invité à la journée test « alpha » de La Source le 2 mai 2021.Photo : TG/Rue89Lyon

>> A venir : le portrait de TKR, joueur d’esport professionnel à Lyon

#esport