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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Combats de chiens, maltraitance animale : pourquoi les cas augmentent à Lyon

Combats de chiens, maltraitance animale : pourquoi les cas augmentent à Lyon

[Série 2/5] La SPA de Lyon et du Sud-Est possède un service « enquête » qui peut intervenir en cas de maltraitance animale sur les départements du Rhône, de la Loire, de l’Ain et de l’Isère. Il est de plus en plus fortement sollicité.

24 décembre 2021, à la veille de Noël. En fin d’après-midi, le commissariat de Vaulx-en-Velin appelle en urgence la SPA de Lyon et du Sud-Est.

Des dizaines d’animaux sont livrés à eux-mêmes dans un logement laissé vacant depuis plusieurs semaines. Sans eau ni nourriture, des lapins, des tortues, des lézards, de nombreuses gerbilles et d’autres rongeurs pataugent dans leurs déjections et les cadavres d’autres animaux.

Le soir-même, 19 animaux ont pu être sauvés et recueillis au refuge de la SPA de Lyon et du Sud-Est, à Brignais.

Si l’association recueille chaque année des milliers de chiens abandonnés, sa mission ne s’arrête pas là. Comme pour ce sauvetage à Vaulx-en-Velin, le service « enquête » de la SPA de Lyon et du Sud-Est est fréquemment sollicité par des particuliers ou les forces de l’ordre, pour intervenir sur des cas de maltraitance animale.

Violences physiques ou même sexuelles, négligence, combats organisés… Dans les quatre départements couverts, le Rhône, la Loire, l’Ain et l’Isère, les signalements ne cessent pas.

30 signalements de maltraitance par semaine au service enquête de la SPA de Lyon

« C’est un sacerdoce, commente Sébastien Grève, responsable de l’un des deux refuges de la SPA de Lyon et du Sud-Est, à Brignais. Nous avons quatre employés à temps plein. Chaque semaine, il y a 30 signalements. »

Lui-même a été inspecteur dans ce même service enquête de la SPA de Lyon et du Sud-Est pendant 7 ans, avec 300 saisies par an environ.

« Une fois, on a trouvé une quinzaine de cadavres de chiens dans le vide sanitaire d’une maison », se souvient-il.

Téléphone vissé à l’oreille, Sébastien Grève s’excuse et s’éloigne de quelques pas. Un inspecteur vient de découvrir un cadavre de chien.

Dans le vaste bureau du service enquête, une jeune femme prénommée Julie est pendue au téléphone tandis qu’un gros lapin inspecte les lieux. Au bout du fil, un énième signalement concernant un élevage clandestin de chiens, bien connu de la SPA de Lyon.

« Chaque jour, on a au moins un signalement, explique Julie en raccrochant. Il y a des gens qu’on suit pendant des années. On ne peut pas aller plus loin que la législation. »

D’après le texte en vigueur de cette législation, pour un chien par exemple, il suffit que l’animal ait un local avec de la lumière et une aération, un enclos de 5 m² ou une niche, de l’eau et de la nourriture, et une longe d’au moins trois mètres s’il est attaché.

Chaque semaine, le service enquête de la SPA de Lyon et du Sud-Est reçoit 30 signalements pour maltraitance animale.
Chaque semaine, le service enquête de la SPA de Lyon et du Sud-Est reçoit 30 signalements pour maltraitance animale.Photo : OM/Rue89Lyon

80 plaintes pour maltraitance déposées chaque année par la SPA de Lyon et du Sud-Est

Chaque signalement fait au service enquête de la SPA de Lyon est anonyme. L’association procède ensuite en partenariat avec les forces de l’ordre, les mairies et les directions départementales de la protection des populations, selon les situations.

Les deux inspecteurs du service enquête de la SPA de Lyon couvrent à eux seuls quatre départements : le Rhône, la Loire, l’Ain et l’Isère. Après chaque signalement, ils se déplacent sur les lieux au maximum dans les 15 jours. Dans le cas où un animal serait en urgence vitale, ils arrivent immédiatement.

La SPA peut également se constituer partie civile et porter plainte contre les propriétaires maltraitants. Ce qu’elle fait environ 80 fois par an.

Les animaux rescapés sont recueillis par le refuge de Brignais et soignés. Certains peuvent aussi être pris en charge par des associations spécialisées, comme par exemple le Groupement de Réflexion et d’Action pour l’Animal (Graal) qui s’occupe des animaux de laboratoire.

Sébastien Grève se désole de la lenteur des procédures judiciaires pour maltraitance qui peuvent durer jusqu’à deux à trois ans, que les animaux maltraités passeront au refuge, sans pouvoir être proposés à l’adoption.

Des chiens catégorisés, des malinois et même des moutons saisis

Souvent, les inspecteurs interviennent auprès de personnes souffrant de troubles psychiatriques comme les syndromes de Diogène et de Noé, qui consistent à accumuler des objets et des animaux chez soi. Mais aussi dans le cadre du trafic de chiens.

« Il y a six mois, on a saisi 56 chiens de race chez une éleveuse de la Loire, c’était un élevage clandestin, commente Sébastien Grève. On a aussi eu récemment un cas de zoophilie sur un chiot dans le Jura. »

Parmi les chiens saisis pour maltraitances, les chiens catégorisés (comme les pit-bulls, pour exemple) et les bergers belges malinois sont sur-représentés.

Le service enquête constate une augmentation du nombre de signalements, qui est liée, selon ses agents, au fait que les témoins de situations de maltraitance seraient désormais plus prompts à agir. Ainsi, les espèces saisies par la SPA de Lyon varient.

« On intervient de plus en plus sur les abattages illégaux, surtout en période de l’Aïd », précise Sébastien Grève qui évoque la saisie récente de 12 moutons.

D’après lui, comme dans le cas de Vaulx-en-Velin cité au début de cet article, les « nouveaux animaux de compagnie » (NAC) – rongeurs, oiseaux, reptiles, batraciens, etc – ne sont pas épargnés par ces actes de maltraitance, bien au contraire.

Au refuge de Brignais, de nombreux chiens catégorisés ont été confiés à la SPA de Lyon et du Sud-Est suite à des signalements pour maltraitance.
Au refuge de Brignais, de nombreux chiens catégorisés ont été confiés à la SPA de Lyon et du Sud-Est suite à des signalements pour maltraitance.Photo : OM/Rue89Lyon

« Nous avons de plus en plus de cas de sévices graves »

Les équipes du service enquête constatent une augmentation de la proportion de maltraitances dites « actives ». Sébastien Grève évoque notamment des chats découpés à la machette ou balancés contre les murs, des chiens jetés du 14e étage d’un immeuble, dans l’agglomération lyonnaise.

« Nous avons de plus en plus de cas de sévices graves. Il y a 50 ans, c’était principalement de la maltraitance passive, comme de la négligence. Dans une société qui est de plus en plus violente, les humains sont de plus en plus violents envers leurs congénères donc aussi envers l’animal. »

Quant aux combats de chiens, le responsable du refuge assure qu’il y en a toujours, bien qu’ils se fassent plus discrets en communiquant via les réseaux sociaux.

Depuis décembre 2020, la SPA de Lyon et du Sud-Est propose aux forces de l’ordre et aux administrations une formation gratuite aux questions de maltraitance animale. Le programme présente notamment la réglementation en vigueur, les autorités compétentes et le fonctionnement du service enquête de la SPA de Lyon.

« On fait comme les forces de l’ordre d’autres pays, explique Sébastien Grève. Nous, on veut professionnaliser quelque chose qui n’existe pas. »

La SPA de Lyon et du Sud-Est constate une augmentation de la proportion de sévices graves dans les cas de maltraitance, y compris chez les chiots. Ceux-là ont été trouvés dans un sac, jeté dans un champ.
La SPA de Lyon et du Sud-Est constate une augmentation de la proportion de sévices graves dans les cas de maltraitance, y compris chez les chiots. Ceux-là ont été trouvés dans un sac, jeté dans un champ.Photo : OM/Rue89Lyon
#Brignais

ZFE : quand les véhicules diesel seront-ils interdits à Lyon ?

ZFE : quand les véhicules diesel seront-ils interdits à Lyon ?

Les premières interdictions de circulation faites aux véhicules diesel anciens du périmètre de la Zone à Faibles Émissions (ZFE) de Lyon doivent intervenir à l’automne. D’ici 2026, les autres véhicules, diesel plus récents et à essence anciens, seront concernés. Alors que la concertation se poursuit, les élus d’opposition à la Métropole de Lyon, présidée par l’écologiste Bruno Bernard, demande d’ores et déjà un report. Le président sait qu’il est attendu sur le sujet.

Il y a deux choses sur lesquelles l’ensemble des élus métropolitains actuels sont d’accord :

    lutter contre la pollution atmosphérique est une évidence et la ZFE n’est pas remise en cause,personne ou presque ne sait ce qu’est la ZFE et ce qu’elle implique à court et moyen terme dans son quotidien.

Pour rappel, la ZFE est un périmètre de la métropole de Lyon duquel les véhicules polluants vont progressivement être exclus. Pour l’heure, ce périmètre correspond aux communes de Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire. Mis en place en 2019, sous la présidence de David Kimelfeld (LREM), il n’est pas une invention lyonnaise mais un dispositif national dont les collectivités se chargent de la mise en place.

Périmètre de la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon.

La fin progressive de tous les véhicules diesel et essence d’ici 2026 dans Lyon

Actuellement, une concertation est ouverte en direction de la population, des entreprises et des partenaires sociaux. Ouverte en septembre 2021, elle court jusqu’à début mars 2022. C’est après ce temps d’échanges, au printemps donc, que la Métropole de Lyon décidera d’un calendrier plus précis et des dispositions de sa mise en place.

Pour l’heure, quel est le calendrier prévu ?

    les véhicules disposant de vignette Crit’Air 5 (diesel mis en circulation entre 1997 et fin 2000) seraient interdits de ZFE à partir de septembre 2022les véhicules Crit’Air 4 (diesel mis en service entre 2001 et fin 2005) seraient interdits à partir du 1er janvier 2024les véhicules Crit’Air 3 (diesel mis en service entre 2006 et fin 2010 et essence mis en service entre 1997 et 2005) seraient interdits à partir du 1er janvier 2025les véhicules Crit’Air 2 (tous les autres véhicules essence et diesel) seraient interdits à partir du 1er janvier 2026.

Cela signifierait donc que, hors dérogation, dans quatre ans tous les véhicules particuliers diesel ne pourraient plus circuler dans les communes de Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire. Ainsi que la quasi-totalité des véhicules essence. Ne pourraient circuler que les véhicules électriques (vignette Crit’Air 0), ceux hybrides ou roulant au gaz (Vignette Crit’Air 1) et les véhicules essence mis en circulation après 2011.

L’opposition demande un report pour le diesel et une partie des véhicules essence à 2028 ou 2030 dans Lyon

Le calendrier est la question épineuse de la mise en œuvre de la ZFE. Lundi 24 janvier, le conseil de la Métropole de Lyon, a voté de nouveaux dispositifs d’aides au renouvellement de véhicules notamment. Si des mesures dérogatoires seront certainement accordées pour les artisans et les professionnels, la question sensible concerne les véhicules particuliers.

L’an dernier, l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon avait présenté son projet pour l’évolution de la ZFE. Le calendrier final de la fin des véhicules thermiques (essence et diesel) pour 2026 à Lyon reste un objectif. Il l’est toujours semble-t-il, alors que la concertation sur le sujet doit s’achever dans deux mois.

Sans attendre la fin de ce temps d’échanges, l’opposition demande d’ores-et-déjà un délai supplémentaire. Christophe Geourjon (UDI), du groupe des centristes autour de Gérard Collomb, a demandé ce lundi 24 janvier un report à 2028 ou 2030 de l’interdiction des véhicules Crit’Air 2 du périmètre de la ZFE.

« Avec ce calendrier 251 000 véhicules devraient être changés d’ici 2026. Vous imposez un renouvellement. Des véhicules achetés aujourd’hui devraient être changés dans 4 ans alors qu’on sait que la durée de vie moyenne est de 9 à 10 ans, c’est de l’obsolescence programmée »

Il a par ailleurs plaidé pour une année pédagogique de sensibilisation avant la mise en place d’interdiction de véhicules. Plutôt que de multiplier les dérogations qui auraient pour principal effet de diluer les effets de la mesure. Éric Vergiat, maire de Rochetaillée-sur-Saône et membre du groupe Synergies Métropole (centre droit), estime que si les écologistes respectent ce calendrier :

« C’est pour être les premiers de la classe, alors qu’il y a un manque de communication en direction des publics concernés, d’alternatives à la hauteur. L’étape de l’interdiction des Crit’Air 2 en 2026 n’est même pas prévue par la loi. »

La majorité écologiste droite dans ses bottes

Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine ©HH/Rue89Lyon
Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbainePhoto : HH/Rue89Lyon

Le sujet est d’importance. En premier lieu, en termes de diminution de la pollution atmosphérique et de santé publique. En termes politique également pour la majorité écologiste. Chahutée sur son projet de téléphérique urbain reliant Francheville à Lyon, elle ne pourrait se permettre un éventuel autre recul concernant la ZFE.

Pour l’heure, elle se retranche derrière la concertation en cours. Jean-Charles Kohlhaas, vice-président en charge des déplacements, l’a rappelé à plusieurs reprises au cours du conseil de la Métropole de Lyon qui s’est achevé ce mardi 25 janvier :

« Les décisions seront prises après la concertation. Ne soyez pas trop pressés, nous en débattrons au printemps.»

Le calendrier est un des sujets mis à l’ordre du jour de la concertation. Sera-t-il modifié ? Impossible à dire pour l’heure mais la majorité écologiste autour de Bruno Bernard ne semble pas vraiment lâcher du lest sur ce point. Elle s’est prononcée en faveur de la fin des moteurs thermiques dans la ZFE d’ici 2026. Malgré les tentatives de queues de poisson de l’opposition, elle ne semble pas vraiment assouplir sa position.

Jean-Charles Kohlhaas s’en tient pour l’heure au calendrier. Il reconnaît une légère avance mais minime : l’interdiction des véhicules Crit’Air 5 est fixé au 1er janvier 2023 par la loi, la Métropole de Lyon veut l’avancer de trois mois à septembre 2022. Au contraire, la ZFE de la Métropole de Lyon est plutôt en retard à ses yeux :

« Nous collons à la loi en ce qui concerne les interdictions dans le périmètre central [la ZFE actuelle, comptant Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire, ndlr]. Mais nous sommes beaucoup plus lâches sur le périmètre global à terme de la ZFE. De ce point de vue-là, dans les autres métropoles en France, ils sont déjà beaucoup plus volontaires et les ZFE concernent déjà des périmètres plus élargis que le nôtre»

En mars 2021, l’exécutif écologiste avait présenté son plan concernant la ZFE dans la Métropole de Lyon. Il prévoyait notamment d’inclure Pierre-Bénite et Écully. Au cours des échanges lors de ce conseil de métropole, il apparaît assez clairement que l’extension du périmètre devrait passer à la trappe. Certains partenaires des écologistes n’y sont d’ailleurs pas très favorables à court terme.

Pas de signe de recul sur la fin des Crit’Air 2 dans la ZFE de Lyon en 2026

En revanche, sur le calendrier plus politique des interdictions de circulations des véhicules thermiques, les positions ne semblent pas avoir bougé. L’exécutif écologiste se montre pour l’heure toujours calé sur son objectif de réduction du nombre dé véhicules et de la place de la voiture en ville.

À Philippe Cochet, maire LR de Caluire-et-Cuire, qui l’interpellait sur les conséquences sociales des interdictions à venir et de « l’exclusion des plus pauvres », Jean-Charles Kohlhaas a d’une certaine façon refixé le cap écologiste :

« La quasi totalité de la population de la métropole de Lyon a la possibilité de la mobilité à pied. Une grande majorité, 75% environ, aurait la capacité de la mobilité à vélo. Une faible minorité a la capacité de la mobilité en voiture. Un tiers des foyers de la métropole de Lyon n’a pas de voitures et dans ces foyers la moitié n’y a pas accès car trop âgée ou trop jeune ou alors il y a une seule voiture pour deux personnes. En matière de droit à la mobilité, il faut faire preuve d’un peu d’humilité »

Reste qu’au-delà des ambitions profondes ou politiques, le contrôle des futures interdictions est toujours en suspens. Les radars de contrôle des plaques d’immatriculation aux frontières de la ZFE, de la compétence de l’État, ne sont toujours pas là. Bruno Bernard, président écologiste de la Métropole de Lyon, n’a pas manqué de le rappeler pour pointer du doigt le gouvernement.

Promis un temps pour début 2022, ils verraient le jour en 2023 voire en 2024. D’ici là, les éventuelles premières interdictions de circulation dans la ZFE seront moins efficaces. C’est aussi leur déploiement qui pourrait avoir un impact sur le futur calendrier qui indiquera s’il faut (mais pas comment) se débarrasser de son vieux véhicule.

Manifestation à Lyon pour une « augmentation générale des salaires »

Manifestation à Lyon pour une « augmentation générale des salaires »

À Lyon, une manifestation est prévue ce jeudi à Lyon, à l’appel d’une intersyndicale qui réclame « l’augmentation immédiate de tous les salaires, des allocations pour les jeunes en formation et en recherche d’emploi ainsi que pour l’amélioration des pensions des retraités ».

Prenant la suite des deux mobilisations lancées par les syndicats des secteurs de l’éducation ces deux derniers jeudis du mois de janvier, ceux-ci entendent battre le fer tant qu’il est chaud.

L’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, la CNT, CNT-SO et l’UNEF) insiste sur la nécessité d’augmenter globalement tous les salaires et revenus, allant des allocations pour les jeunes en formation aux pensions retraites.

Ils dénoncent un « décrochage salarial » qui expliquerait la crise de recrutement, notamment rencontrée dans les secteurs de l’éducation.

L’intersyndicale à Lyon dénonce « des salaires, pensions, aides et allocations qui stagnent »

Les syndicats rappellent l’augmentation du prix des produits de première nécessité, de l’énergie ainsi que de l’alimentation. Selon leurs termes, le gouvernement n’a pas fait en sorte que les revenus des français soient accordés à cette nouvelle réalité :

« Personne n’ignore que seuls les salaires, les pensions et les aides et allocations continuent de stagner ou même de baisser au regard de l’inflation, de décrocher par rapport aux qualifications dans le privé comme dans le public. »

Ils évoquent aussi les bas salaires pratiqués dans des entreprises privées. Dans le communiqué intersyndical du Rhône, on peut lire :

« Si dans certains secteurs et entreprises des mobilisations et des négociations ont permis d’obtenir des revalorisations de salaires, trop souvent encore les négociations sont au point mort ou les propositions des employeurs loin du compte. »

« 784 euros, c’est le premier salaire d’une AESH »

De leur côté, les syndicats de l’éducation comme le SNES-FSU joignent leurs revendications à celles de la mobilisation interprofessionnelle, tout en soulignant que plusieurs professions de l’éducation sont particulièrement précaires :

« 784 euros : c’est le premier salaire d’une AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap). »

Difficile de savoir si le mouvement sera particulièrement suivi. Alors que la mobilisation du 13 janvier avait atteint un record de personnels d’éducation grévistes, celle du 20 janvier a observé une baisse notoire.

Selon les chiffres du ministère de l’éducation nationale, seulement 2% des enseignants étaient grévistes jeudi dernier contre une 28% le 13 janvier. À Lyon, seul un rassemblement devant le rectorat a eu lieu.

La manifestation doit démarrer à 11h30 place Jules Ferry, devant l’ancienne gare des Brotteaux (Lyon 6e) et s’achever quai Augagneur, au niveau de la préfecture (Lyon 3e).

#interprofessionnelle

Pollution à Lyon : « Et si on lançait la circulation alternée tous les jours ? »

Pollution à Lyon : « Et si on lançait la circulation alternée tous les jours ? »

Nouveau pic de pollution et nouvelle mise en place de la circulation différenciée à Lyon, pour la seconde fois en quelques jours. Un nouvel épisode hivernal de pollution aux particules fines est en effet en cours depuis ce lundi 24 janvier, dans le bassin lyonnais/Nord-Isère, et ce qu’on appelle le « niveau d’alerte » vient d’être atteint ce mardi.

La préfecture met donc en place l’abaissement de la vitesse de 20km/h et la désormais connue « circulation différenciée » des automobiles. Toutes celles affichant une vignette Crit’Air (classe “zéro émission moteur” ou 1, 2 ou 3) seront autorisées à circuler dans le périmètre de la ZFE. L’occasion de laisser libre cours aux réflexions de notre éco-anxieux et blogueur sur Rue89Lyon, Reno Bistan. Chronique ci-après.

Longues journées d’extrême pollution sur l’agglomération lyonnaise, et voilà le retour de la mesure « phare » en pareille situation : la circulation « différenciée ». Une mesure à ne pas confondre avec celle précédemment mise en place lors des pics de pollution : la circulation « alternée » (que je cite en titre).

Il y a quelque chose dans l’intitulé-même de cette « circulation différenciée » qui ne sonne pas très « juste ». Quelque chose qui renvoie à une différence de traitement difficilement entendable.

Et effectivement, pour rappel, la circulation « alternée », était une mesure qui, à partir du critère aléatoire du numéro inscrit sur la plaque d’immatriculation, autorisait alternativement les voitures finissant par un chiffre pair et impair à circuler. Le lien était donc directement fait entre la pratique de « l’auto-solisme » en général et la pollution atmosphérique.

Cette circulation alternée avait le mérite pédagogique d’inciter les automobilistes à s’adapter à la situation, à s’organiser pour covoiturer, prendre la bicyclette ou les transports collectifs.

Et même si, dans les faits, la pollution chronique est plus délétère que la survenue des pics, celle ci devait être considérée comme un phénomène à prendre en compte lorsqu’elle dépassait tous les seuils, et pouvait donc impliquer la réduction forcée du trafic, de la même manière que l’usager des transports doit s’adapter à un jour de grève ou le cycliste à une tempête.

Le gros SUV labellisé Critair’1 contre la vieille Clio

Dans les esprits progressait ainsi l’idée que la pratique de la voiture individuelle pouvait, elle aussi, être contrainte. Tout comme l’idée qu’en diversifiant ses manières de se déplacer en ces jours particuliers, on pouvait finir par y prendre goût et se mettre à considérer que le mode « seul dans sa voiture » ne constituait pas une norme indépassable.

La circulation « alternée » s’adressait donc aux automobilistes en général, et pointait en creux l’ensemble des nuisances écologiques liées à l’hégémonie de « l’auto-solisme » sur les déplacements.

Et puis, dans le cadre de la Zone à Faibles Emissions est arrivée la circulation « différenciée » basée, elle, sur le système des vignettes Crit’air. Une ZFE dont l’objectif n’est pas de réduire la place de l’automobile en ville mais d’encourager à l’acquisition de véhicules moins « polluants », terminologie devenant bien souvent dans le langage médiatique et politique « véhicules propres ».

Ainsi est-on passé d’une mesure visant à réduire de manière équitable le nombre de véhicules, à une autre qui opère une distinction entre les « mauvaises voitures », interdites durant les pics et bientôt interdites tout court, et les véhicules « non polluants » ayant le droit de circuler 365 jours de l’année, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il « particule fine ».

La distinction entre l’une et l’autre reposant, en grande partie, sur l’unique critère de leur année de fabrication.

En résulte cette situation, symboliquement désastreuse où d’énormes SUV labellisés Critair’1 peuvent parader dans des rues lorsqu’une vieille Clio y est interdite. D’ailleurs, on pourrait même presque parler d’une vignette 4X4 étant donné que près d’un véhicule neuf sur deux immatriculé dans le Rhône en est un, et qu’aucun critère de poids, d’émissions de CO2 directes et indirectes, d’espace occupé, de dangerosité voire, simplement, de type d’automobile n’ont été intégrés dans cette ZFE.

Car, malheureusement, ces Zones à Faibles Emissions séparent de manière artificielle la question de la pollution de l’air (réduite elle même à certains critères), de la question écologique globale.

circulation alternée à Lyon ? contrôle de police des vignettes Crit'air lors du pic de pollution à l'ozone cc Emma Delaunay
Contrôle de police des vignettes Crit’air lors du pic de pollution à l’ozone en juin 2019Photo : Emma Delaunay/Rue89Lyon

La voiture individuelle ne peut pas être « propre »

La pollution de l’air est un scandale sanitaire dont on découvre peu à peu l’ensemble des dégâts qu’on estime déjà responsable de près de 100000 morts prématurées par an en France. Il est incontestable que les moteurs diesels, et particulièrement les plus anciens, sont fortement émetteurs de dioxyde d’Azote, particulièrement préjudiciables à la santé humaine.

Mais, comme détaillé dans une précédente chronique, les voitures neuves, dont la plupart des constructeurs ont été convaincus de fraude sont loin d’être neutres en terme de pollution atmosphérique. Pire, les filtres des véhicules les plus récents seraient pourvoyeurs de Particules Ultra Fines (PM 0,1) non réglementées mais particulièrement nocives.

Ajoutons à cela que les foyers les plus riches, plus susceptibles d’acheter un véhicule neuf, sont aussi, contrairement à une idée reçue, les plus motorisés et ceux qui font le plus de kilomètres quotidiens « domicile-travail », contrebalançant par la grandeur des distances parcourues les gains potentiels de « filtration ».

Mais si, de surcroit, sortant du cadre spécifique de la pollution de l’air, on élargit la problématique à une vision écologique plus globale en y intégrant les émissions de Gaz à effet de serre et autres impacts environnementaux, on serait bien en peine de distinguer un véhicule « propre ». Est-ce la voiture électrique dont le bilan écologique devient « positif » par rapport aux autres au bout d’un certain nombre de milliers de kilomètres, ce qui implique de continuer à tenir l’auto comme principal mode de déplacement ? La voiture essence, moins émettrice de polluants atmosphériques que le diesel mais plus consommatrice de carburant ? L’hybride rechargeable qui fait peser un poids considérable sur les moteurs ?

En vrai, la voiture individuelle ne peut pas être « propre ».

Elle n’échappe pas aux questions de l’obsolescence programmée, la majeure partie de sa pollution provenant de sa construction, de son transport, de sa destruction (tout cela largement majoré dans le cas des SUV), elle est dépendante de ressources et d’infrastructures elles mêmes extrêmement « impactantes », et fortement liée à l’étalement urbain et à l’artificialisation des sols.

Comme concernant beaucoup de thématiques écologiques, avant même de poser la question du type de carburant utilisé, il importe de questionner l’usage, de promouvoir sobriété et mutualisation. Et en ce sens, un pick-up de 2,5 tonnes utilisé essentiellement pour transporter une seule personne de 80 kg ne pourra jamais être écologique, fut-il frappé d’une vignette Crit’air 1. Il constitue juste une véritable provocation pour quiconque « tire » sur sa même vieille petite automobile depuis plus d’une décennie.

Confier les « clés de la ville » à la seule technologie automobile ?

Ainsi la question de la pollution de l’air ne peut être décorrélée du reste notamment lorsqu’on a pour objectif la neutralité carbone en 2030. Et, s »il est parfaitement justifié de « différencier » les véhicules quant à leur légitimité à circuler en ville, c’est sur la nécessité de leur usage et certainement pas sur le critère de leur année de construction.

En gros, appliquer une distinction entre les véhicules de transports en commun, de secours, d’artisans, etc., et l’usage « de confort » de la voiture.

À partir de là, la question peut se poser de savoir si les véhicules « préservés » roulent à l’essence, à l’électrique, à l’hydrogène ou se transforment pour certains en triporteurs.

La ZFE, pour être tout à fait précis, n’est pas une « lubie des Verts ». Elle a été mise en place depuis quelques années déjà dans plusieurs grandes villes et répond à une injonction règlementaire. On peut même penser que, au moins dans les intentions, l’actuelle majorité semble plus disposée à « s’attaquer » à l’hégémonie automobile que la précédente mandature qui s’en remettait pour beaucoup au solutionnisme technologique. Malgré tout, le fonctionnement Crit’air sur lequel elle continue de s’appuyer reste une des parties les plus visibles de cette ZFE, agité à dessein par tout ce que l’agglomération compte d’élu·es pro-voiture pour se refaire facilement sur cette question une virginité en terme de justice sociale.

Pour en revenir à la circulation « alternée », les études réalisées les jours où elle avait été mise en place avaient montré, à Paris, une baisse significative de la pollution atmosphérique d’entre 15 et 20% selon les types de polluants. Mais, depuis que la règle a changé avec l’adoption de la circulation « différenciée », cette baisse n’a plus été constatée. Peut être parce que de « claire et universelle », elle est passée à « compliquée et discriminante ».

Les autorités justifient cette nouvelle manière de faire par son caractère « ciblant » justement, qui permettrait d’empêcher moins de véhicules pour le même résultat. Mais, même si cette stratégie fonctionnait, serait-ce vraiment un objectif que de confier les « clés de la ville » à la seule technologie automobile ?

Des « Crit’Airs » plus opérants que la vignette

Les pics de pollution hivernaux comme ceux que nous vivons actuellement sont liés à des phénomènes particuliers d’inversion thermique, et amplifiés par les particules liées au chauffage. Tout cela vient s’ajouter à la principale et permanente source de pollution en ville qu’est le trafic automobile.

Ces moments de pics, en ce sens qu’ils contraignent ponctuellement les activités de chacun.e et pèsent d’autant plus sur la santé de celles et ceux qui en sont le moins responsables (les enfants, les piétons, les cyclistes, les usagers des transports…) devraient être envisagés comme des moments où, justement, les choses ne devraient pas aller comme à l’habitude.

Encore une fois c’était, à l’instar des journées « sans voiture », la vertu de ces jours de circulation « alternée ».

Bien sûr, ces jours de pics ne sont qu’une infime partie du problème de la pollution de l’air mais la manière de les traiter a une incidence sur la manière de considérer le problème au long cours.

Poser des contraintes à la voiture individuelle « en général » tout en lui opposant le plus grand nombres d’alternatives possibles, « différencier » non pas les véhicules neufs des véhicules anciens mais ceux qui ont une nécessité  « en tant que véhicule » à circuler de ceux qui sont uniquement moyens de transport individuel, rendre sans voiture  de larges zones de la ville mais aussi de longs itinéraires dédiés aux transports en commun voire à certain.e.s professionnel.le.s, prendre en compte le poids et l’espace occupé par chaque auto…

Voilà sans doute des « Crit’airs » plus opérants dès lors qu’on cherche réellement à tendre vers une ville où la question de la pollution de l’air soit articulée à une vision écologique et sociale plus globale.

Et alors, finalement, pourquoi pas une « circulation alternée » tous les jours ?

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Vaccin contre le Covid-19 : « Il ne faut pas croire que les habitants de Saint-Fons sont perdus ! »

Vaccin contre le Covid-19 : « Il ne faut pas croire que les habitants de Saint-Fons sont perdus ! »

Dans la petite commune de Saint-Fons, située au sud de Lyon, le vaccin contre le Covid-19 n’a pas rencontré un franc succès. Il s’agit de la commune qui a le plus faible taux de vaccination de la métropole, particulièrement chez les jeunes (selon les chiffres les plus récents arrêtés à fin décembre 2021). Reportage.

Ce jeudi 20 janvier, entre midi et deux, le centre de Saint-Fons ne fourmille pas d’activité. Sauf devant les pharmacies où de longues queues débordent parfois sur la rue. La plupart du temps, celles-ci sont constituées de mamans, attendant avec leur enfant des autotests demandés par l’école.

Dominique Rosso est pharmacien dans le centre-ville, l’un des seuls professionnels accessibles pour la vaccination contre le Covid-19. Un vaccin vers lequel les Saint-Foniards ne se ruait pas jusqu’à récemment. De derrière son comptoir, il essaye d’analyser la situation vaccinale locale :

« Saint-Fons est une commune populaire, beaucoup d’habitants sont précaires. Il y a aussi beaucoup de personnes qui sont très réfractaires au vaccin. Peut-être parce qu’ils sont moins exposés aux discours institutionnels. »

Le pharmacien fait part de sa lassitude :

« On a beau, expliquer, présenter des données… Il y a des personnes qui n’en démordent pas, pour eux le vaccin est carrément dangereux. La phrase qui revient souvent c’est « Je n’ai pas confiance ». Que la défiance soit à l’égard du gouvernement, ou des laboratoires pharmaceutiques, OK. Moi, je me lasse un peu d’expliquer. »

« À Saint-Fons, je n’ai plus aucune place jusqu’au 15 mars pour le vaccin contre le Covid »

Dominique Rosso cite les raisons fréquemment invoquées par ses usagers pour ne pas se vacciner :

« Il y a cette idée que ça ne sert à rien de se faire vacciner, parce qu’on peut quand même attraper le Covid-19. On me dit souvent des choses comme « Mon cousin était vacciné et il est tombé malade quand même » alors j’explique que la plupart des cas graves en service de réanimation ne sont pas vaccinés. »

Il donne un autre exemple :

« On me dit aussi « Je suis jeune et en bonne santé, je ne risque rien », et je les informe qu’il y a beaucoup de jeunes non-vaccinés en service de réanimation, mais je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup d’impact. »

Le pharmacien note tout de même une amélioration récente. Celle-ci s’est manifestée par le soudain désir exprimé par de nombreux adultes de se faire vacciner. Celui-ci probablement motivé par la récente décision prise par le gouvernement de rendre le pass vaccinal obligatoire.

« Ça leur a pris d’un coup. Là, je n’ai plus aucune place jusqu’au 15 mars. »

Dominique Rosso raconte que sa pharmacie peine à répondre à cette récente demande. Beaucoup sont des primo-vaccinés, et il est nécessaire de leur administrer deux doses pour que leur couverture vaccinale et leur pass soient valides.

« A Vaulx-en-Velin et à Vénissieux, j’ai rencontré plus de jeunes vaccinés »

Sarah B. est étudiante en 4e année de médecine à la fac de Lyon Sud. Cela fait une semaine qu’elle officie dans un petit bureau qui donne sur la rue Léon Gambetta, réhabilité temporairement en centre de dépistage sans rendez-vous. C’est une pharmacie de Vénissieux qui occupe ce local mis à disposition par la mairie de Saint-Fons.

Devant la vitrine, un panonceau est posé à-même le sol. On peut y lire, écrit en lettres capitales : « Examen dépistage test antigénique en 15 minutes gratuit » accompagné d’un petit pictogramme représentant un monsieur à qui on rentre un bâtonnet dans le nez. Une pancarte qui vaut à Sarah B. un redondant quiproquo :

« Ma pancarte date de cet été. Il y est écrit noir sur blanc « dépistage gratuit » alors j’ai vraiment beaucoup de non-vaccinés qui rentrent en se disant que, pour une fois, ils n’auront pas à payer leur dépistage. À chaque fois je leur dis qu’ici aussi c’est payant, ce n’est pas très rigolo. »

Centre de dépistage temporaire et gratuit, rue Léon Gambetta à Saint-Fons. ©LS/Rue89Lyon
Centre de dépistage temporaire, rue Léon Gambetta à Saint-Fons.Photo : LS/Rue89Lyon

En effet, depuis le 15 octobre 2021, les dépistages sont payants pour les non-vaccinés. Le prix du test varie entre 25 et 45 euros en fonction du jour, du lieu et du praticien.

Interrogée sur les éventuelles causes de cette non-vaccination, la jeune étudiante originaire de Vénissieux repousse en bloc l’idée que le choix de ne pas se faire vacciner puisse être favorisé par des situations de précarité :

« Pour moi, ce n’est vraiment pas une question de milieu social. J’ai dépisté à Vaulx-en-Velin et à Vénissieux, qui ne sont pas des villes beaucoup plus riches et il y avait plus de jeunes vaccinés. »

Elle compare son expérience avec ses observations des semaines précédentes, qu’elle a passées à dépister dans le 6e arrondissement de Lyon, bien plus cossu que Saint-Fons :

« Quand j’ai dépisté dans le 6e, j’ai été très étonnée du nombre de personnes un peu âgées qui venaient se faire dépister et qui n’étaient pas vaccinées. Alors que les jeunes étaient quasiment tous vaccinés. »

« Il y a cette idée que les personnes qui se font vacciner sont des moutons »

Alors comment comprendre ce phénomène ? Pour Sarah B. il s’agit avant tout d’une question de réseau :

« Je viens de Vénissieux. On peut y voir les mêmes tendances, même si c’est moins fort qu’à Saint-Fons. Pour moi c’est surtout une question de pression des pairs. Dans certains groupes de jeunes il y a cette idée que les personnes qui se font vacciner sont des moutons. Et ça, ça dépasse les questions d’argent et de milieu social. »

Sarah B. pointe non-seulement du doigt la responsabilité des réseaux sociaux, mais aussi les groupes de conversations privées entre amis, où les participants s’échangent continuellement un grand nombre d’informations erronées :

« Pendant un moment, je recevais régulièrement des messages comme quoi le vaccin était responsable de péricardites. Des fois, je réussissais à désamorcer la peur chez les gens qui m’en parlaient. Il suffisait que quelqu’un remette une fausse information dans une conversation de groupe, et ça réactivait le sentiment de méfiance. »

Elle conclut :

« Dans certains groupes de copains, c’est devenu quelque chose de trop important pour qu’on puisse revenir dessus. »

« Je ne comprends pas que les gros médias ne parlent pas des risques du vaccin »

Sélim B. et Yohann F. attendent leur bus à l’arrêt Rochette, dans le quartier des Clochettes. Le premier travaille dans le bâtiment tandis que l’autre est sans emploi. Les deux jeunes ont entre 23 et 25 ans, habitent le quartier, et, pour l’instant, ils ne sont pas vaccinés. Pour Sélim B., ne pas avoir de pass sanitaire ne l’handicape pas trop au quotidien :

« Nous on n’en a pas besoin, on ne va pas au cinéma, pas trop au restaurant… ou alors on prend à emporter. Ensuite ils ne vérifient pas partout que tu l’as, le pass sanitaire. »

vaccin Covid Saint-Fons
Le quartier des Clochettes, avec à droite, l’arrête de bus Rochette, à Saint-Fons.

Les deux jeunes hommes témoignent de beaucoup de méfiance à l’égard du vaccin. Par exemple, Yohann F. déclare :

« Même [le président Emmanuel] Macron a essayé de ne pas se faire vacciner. »

Il fait ici référence à l’affaire irrésolue de l’hypothétique vaccination tardive du président de la république.

Il cite régulièrement Facebook comme « source » pour appuyer de nombreuses théories sur les dangers de la vaccination. Il poursuit :

« Il y a eu des problèmes avec le vaccin mais comme ce n’est pas médiatisé, on décrédibilise les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner. Je ne comprends pas que les gros médias ne parlent pas des risques du vaccin. »

Yohann F. fait aussi un parallèle avec la célèbre histoire de 1991, où l’état français a été reconnu responsable de ne pas avoir protégé la population de transfusions sanguines contaminées par le sida et l’hépatite C :

« C’est comme le scandale du sang contaminé. Le moment où on saura que le vaccin est dangereux, ce sera trop tard. »

Pour les deux jeunes hommes, même l’argument de la nécessité de protéger les plus à risques est sans effet. Yohann F. reprend :

« C’est notre liberté. Même les vaccins à la naissance, pour moi, ça relève des libertés de chacun. Forcer comme ça, ce n’est pas normal. »

Sélim B. tente d’atténuer le discours de son ami en assurant qu’ils prennent tout de même des précautions pour éviter la contamination :

« Quand quelqu’un est malade, on le sait et on ne va pas le voir. »

Le vaccin contre le Covid serait peu accessible de Saint-Fons

Sylvie Muscedere est directrice et coordinatrice de parcours de soins à la Communauté professionnelle territoriale de santé de Vénissieux et de Saint-Fons. Elle a participé à la coordination de la dizaine d’actions de vaccinations temporaires qui ont été réalisées à Saint-Fons.

Pour elle, c’est avant tout les problématiques d’accessibilité qui ont entravé une vaccination plus importante dans la commune :

« Les lieux de vaccination sur rendez-vous ont toujours été pleins, mais les lieux de vaccination temporaires et sans rendez-vous n’étaient pas toujours visibles et connus par tous. »

Les dix journées de vaccination qui ont été organisées à Saint-Fons ont eu lieu dans le quartier des Clochettes, au complexe sportif Ambroise Croizat ainsi qu’au gymnase Simone de Beauvoir. Chaque journée de vaccination était accompagnée par une campagne de sensibilisation sur les marchés de la commune.

Sylvie Muscedere considère que le centre de vaccination permanent qui ouvre le 25 janvier à Saint-Fons va grandement améliorer la situation. Situé à quelques pas de la mairie, il sera possible de s’y faire vacciner tous les mardis et mercredis pendant au moins les quatre prochaines semaines.

Pour la directrice de parcours de soins qui compare Saint-Fons avec Vénissieux, la présence d’un centre de vaccination permanent à Vénissieux a eu un impact très positif sur le nombre de vaccinés, creusant la différence entre les deux villes voisines :

« Quand on va vers les personnes, elles se font vacciner. Et s’il y a des sceptiques, ça les rassure. Par exemple à Vénissieux on a emprunté un camion de l’Etablissement Français du Sang et on est passé dans chaque quartier pour vacciner. On s’est rendus compte que comme ça, on touchait vraiment plus de gens. »

Malika Lagrimite est élue à Saint-Fons. Conseillère municipale déléguée à l’économie sociale et solidaire, elle a a participé à la mise en œuvre de la stratégie vaccinale à Saint-Fons avec Fatima Merbaki, déléguée à la santé ainsi que Lucie De Pasquale déléguée au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS). Elle partage le constat de Sylvie Muscedere.

Pour l’élue, les Saint-Foniards ont été mis à l’écart de la politique vaccinale globale dans la métropole :

« On aurait bien aimé avoir un centre permanent, on en a fait la demande dès le début de la campagne de vaccination. Pendant les journées vaccination, les habitants craignaient déjà de ne pas trouver de lieu accessible pour réaliser la deuxième dose. »

L’élue aborde le manque de doses et de places disponibles chez les généralistes et les pharmaciens de la commune. De plus, elle souligne l’isolement de Saint-Fons du reste de la métropole et impute une part de la responsabilité à une offre de transports en commun insuffisante :

« La population de Saint-Fons n’est pas bien différente de celle de Vénissieux ou Vaulx-en-Velin. Les 1 ou 2% de différence en nombre de vaccinés sont surtout dus à l’absence de centre de vaccination, et de moyens rapides de se rendre à ceux qui se trouvent le plus près. »

Hormis le TER qui joint le nord de Saint-Fons à la gare de Jean Macé (Lyon 7è) en quelques minutes, la commune n’est reliée à la ville de Lyon que par des bus qui serpentent dans les quartiers et qui peuvent mettre plus de trois quarts d’heure à atteindre le centre de Lyon.

Vaccin Saint-Fons Covid
Malika Lagrimite, conseillère municipale déléguée à l’économie sociale et solidaire. Elle a a participé à la mise en œuvre de la stratégie vaccinale à Saint-Fons.Photo : LS/Rue89Lyon

« Il ne faut pas croire que les habitants de Saint-Fons sont des perdus ! »

Interrogée au sujet d’un éventuel rapport de causalité entre le refus de se faire vacciner et la précarité de certaines populations, l’élue s’emporte :

« Je ne crois pas que c’est parce qu’on est riches ou moins riche qu’on se vaccine ou non. Il ne faut pas croire que les habitants de Saint-Fons sont des perdus ! »

L’élue reconnaît que le bouche-à-oreille est important dans la vie sociale à Saint-Fons, mais que celui-ci « va dans les deux sens » et qu’il ne faut pas donner trop d’importance à un discours alarmiste qui prétendrait que les habitants sont foncièrement opposés au vaccin.

Elle ajoute :

« C’est vrai qu’il y a un important travail de pédagogie à faire. Il est nécessaire de ne pas brusquer les habitants, et il n’est pas non-plus question de les forcer à faire quoi-que-ce-soit. Nous, les élus, on incite à et on ouvre les lieux, mais on ne va forcer personne. »

En attendant d’avoir réussi à convaincre tout le monde, la commune investit pour protéger ses habitants :

« Il y a des parents vaccinés qui ne se sentent pas prêts à vacciner leurs enfants car ils ont encore peur par exemple. C’est comme ça. On fait de la sensibilisation dans les collèges par exemple et on a aussi décidé d’investir à hauteur de 13 000 euros dans des purificateurs d’air pour en équiper tous les groupes scolaires de la commune. »

Pour l’élue, ce n’est qu’une question de temps avant que Saint-Fons ne remonte son taux de vaccination par habitant :

« Je ressens une amélioration. À la veille des fêtes de fin d’année, il y a énormément de personnes qui sont venues à la journée de vaccination sans rendez-vous. L’ouverture du centre le 25 janvier va nous faire remonter les chiffres à toute vitesse. »

Aides aux communes : la Métropole de Lyon calme (un peu) les tensions

Aides aux communes : la Métropole de Lyon calme (un peu) les tensions

La Métropole de Lyon a voté ce lundi des aides supplémentaires en direction des communes. Si ces aides n’ont pas éteint la fronde de certains maires, elles montrent toutefois la volonté de la majorité écologiste d’apaiser les tensions.

Lundi 24 janvier, le conseil de la Métropole de Lyon a voté son budget primitif pour 2022. Assez classiquement, la majorité a soutenu son exécutif et l’opposition de droite et du centre s’est opposée ou abstenue. Tant pour des désaccords portant sur l’orientation de certains investissements ou la progression des dépenses de fonctionnement que pour des raisons de pure posture politique.

Loin des passes d’armes de l’année 2021 à coups de menaces de sécession ou de conférence de presse en pleine séance du conseil, deux sujets ont toutefois recueilli un plus large consensus. Ils ont concerné des dispositifs d’aides financières aux communes. Ils représentent une nécessité pour des communes de la métropole de Lyon pour qui le financement d’équipements et de services publics est un casse-tête. Ils sont aussi un message plus politique et public envoyé aux communes d’une Métropole de Lyon qui se veut à leur écoute.

Un nouveau régime d’aides aux communes de la métropole de Lyon pour les services publics

Métropole de Lyon
Siège de la Métropole de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

Le premier dispositif est une nouveauté. Une enveloppe de 10 millions d’euros par an sera débloquée à destination des communes. Elle vient s’ajouter aux dépenses d’investissements déjà prévues dans le plan de mandat de la majorité écologiste. Elle doit permettre à la Métropole de Lyon de participer au financement d’équipements et de services publics pour les communes du territoire. Ce régime d’aide est donc une sorte de rallonge pour participer au financement d’écoles, de gymnases ou de rénovation énergétique de bâtiments.

Il se calque sur la Dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), un dispositif d’aide versé par l’État. Comme elle, le dispositif métropolitain se veut un soutien aux communes dont l’évolution de leur démographie nécessite la construction ou l’aménagement d’équipements publics et de logement. Les communes devront candidater et financer une partie des projets soumis à la Métropole de Lyon afin de pouvoir prétendre à ce soutien financier (plafonné à 1 million d’euro pour un projet avec un plancher à 20 000 euros).

L’opposition à Bruno Bernard crie victoire et prend l’argent

Philippe Cochet, réélu dès le premier tour à Caluire, se félicite en tant que président de l'UMP du Rhône de la vague bleue dans le Grand Lyon. Crédit : Pierre Maier.
Philippe Cochet, réélu dès le premier tour à Caluire, se félicite en tant que président de l’UMP du Rhône de la vague bleue dans le Grand Lyon. Crédit : Pierre Maier.

Les oppositions à ce nouveau dispositif d’aide aux communes ont été plutôt minimes. Au pire, l’opposition y a vu une victoire de sa part arrachée à Bruno Bernard et sa majorité. Des inquiétudes demeurent toutefois sur le nombre et le choix des projets retenus au regard d’un montant qui peut paraître dérisoire pour un territoire de 59 communes.

« Notre groupe le réclame de longue date. Les critères d’éligibilité semblent cohérents toutefois vous pourriez facilement doubler l’enveloppe. Et vous risquez de recevoir beaucoup de dossiers. Comment allez-vous choisir entre tous les projets ? Aurons-nous connaissance de tous les projets déposés et comment contrôler leur sélection ? »

Pascal David, maire de Quincieux et conseiller métropolitain du Val de Saône au sein du groupe d’opposition de centre-droit Synergies Avenir

Pour Philippe Cochet, maire LR de Caluire-et-Cuire et conseiller métropolitain du secteur Plateau Nord, l’exécutif tenterait à travers les critères d’imposer sa vision du développement du territoire.

« Nous avons obtenu que cette enveloppe soit ajoutée au plan de mandat. Le montant est faible mais nous nous battrons pour qu’il puisse s’amplifier. On retrouve votre dérive autoritaire qui vous amène à créer un appel à projet alors que vous auriez pu laisser les communes déposer leurs dossiers au fil de l’eau. À travers les critères, le message adressé aux communes est clair : soit vous densifiez et on vous aidera, soit vous refusez et vous n’aurez rien ».

Malgré tout, la création de cette enveloppe annuelle à destination des communes de la métropole de Lyon a recueilli 142 voix pour sur les 142 exprimées.

Dotation de solidarité communautaire : la Métropole de Lyon fixe des critères… pour respecter la loi

Bruno Bernard, juste après l'annonce de son élection au poste de président de la Métropole de Lyon, le jeudi 2 juillet 2020 ©Houcine Haddouche/Rue89Lyon
Bruno Bernard, juste après l’annonce de son élection au poste de président de la Métropole de Lyon, le jeudi 2 juillet 2020Photo : Houcine Haddouche/Rue89Lyon

Le conseil de la Métropole de Lyon a par ailleurs délibéré sur un second dispositif d’aide aux communes. Celui-ci n’est pas une création de l’exécutif métropolitain mais préexistant. Il s’agit de la dotation de solidarité communautaire (DSC). En clair, une aide financière attribuée aux communes par l’établissement intercommunal auquel elles appartiennent et visant normalement à réduire les disparités de ressources.

Déjà en place, elle avoisinait les 27 millions d’euros en 2019 et avait été revalorisée par David Kimelfeld en 2020. Selon quels critères cette enveloppe était-elle versée ? Opaques selon l’exécutif écologiste qui a pointé des disparités fortes entre certaines communes du Val de Saône recevant une dotation par habitant plus importante que d’autres communes plus populaires du territoire.

La loi de finances 2020 oblige pourtant les intercommunalités et la Métropole de Lyon à préciser ces critères d’attribution. Avec cette délibération, Bruno Bernard et sa majorité ne font donc que respecter la loi.

Comme le prévoit la loi, certains critères sont obligatoires : le niveau de revenu des habitants de la commune et les ressources de cette dernière. Ils doivent compter pour au moins 35% de la répartition de l’enveloppe. La Métropole de Lyon a décidé de fixer cette part à 50%. Les 50% restant de l’enveloppe seront soumis à d’autres critères plus orientés et politiques :

    le stock et le flux de logements sociaux de la commune (pour 5%),le nombre d’allocataires du RSA sur la commune (pour 20%),la présence et la capacité des structures accueillant des adultes en difficultés (pour 10%),la présence et la part de surfaces situées périmètre de protection et de mise en valeur des espaces naturels et agricoles périurbains (PENAP) (pour 5%)la participation au développement économique (pour 10%)

Une marche à la carotte qui passe plutôt bien dans la Métropole de Lyon

La mise en place de ces critères de calculs ont des conséquences directes. Sur les 59 communes de la Métropole de Lyon, 37 communes voient leur dotation baisser par rapport à celle perçue en 2021 et 22 la voient augmenter. Une majorité des communes a donc tout à y perdre. Pourtant, la délibération a été adoptée à une large majorité de plus des deux tiers (109 voix pour).

Il faut dire que Bruno Bernard n’a pas coupé le robinet. Les communes pour qui la mise en place de ces critères entraîne une perte financière voient leur montant versé en 2021 maintenu jusqu’en 2026. Soit la fin du mandat actuel. En clair, l’effet des nouveaux critères ne se feront sentir pour elles qu’au prochain mandat au pire. Le montant qui leur sera versé ne pourra toutefois être inférieur à celui versé au titre de la DSC de 2018. Il pourra également augmenter si ces communes améliorent leur situation au regard de ces nouveaux critères. Une manière de tenter de les faire marcher à la carotte grâce à une augmentation de 4 millions d’euros de cette DSC (sur une enveloppe totale de 31 millions).

Cette large majorité est aussi le fruit d’une concertation qui semble pour une fois avoir été reconnue par les communes. Certains opposants ont vanté les mérites des échanges du groupe de travail mené par l’exécutif avec les communes et les maires à travers les organes consultatifs que sont les conférences territoriales des maires et conférence métropolitaine des maires.

Max Vincent, maire de Limonest et membre du groupe Synergies Avenir a, en creux, reconnu une écoute de la part de la Métropole de Lyon :

« En conférence métropolitaine, les maires vous ont dit que l’application immédiate des critères auraient mis face à un mur budgétaire certaines communes. Vous nous avez proposé une option avec ces nouveaux critères ou bien une autre proposant de maintenir en 2022 la même DSC qu’en 2021 et de travailler encore à de nouveaux critères. Nous voterons favorablement à cette délibération validant la première option si le groupe de travail poursuivra l’évaluation des critères au cours du temps et réfléchira à des dotations plafond ou plancher.»

Le groupe d’opposition de droite de Philippe Cochet et Alexandre Vincendet n’a pas pris la parole. Joignant la sienne à celle de Max Vincent et Synergies Avenir. Preuve d’une relative bonne entente sur ce sujet.

Vaccination dans la métropole de Lyon : une fracture entre l’est et l’ouest

Vaccination dans la métropole de Lyon : une fracture entre l’est et l’ouest

Une personne sur deux vaccinée à Saint-Fons, contre plus de 80% des habitants vaccinés à Montanay. La cartographie du niveau de vaccination contre le Covid-19 dans les communes de la métropole de Lyon montre des écarts parfois importants, que l’âge ou le niveau de vie peuvent en partie expliquer.

56% de la population vaccinée à Saint-Fons au 27 décembre 2021, à peine plus à Vaulx-en-Velin, contre plus de 80% à Montanay ou Charbonnières-les-Bains. Grâce aux données de l’Assurance Maladie, nous avons établi une cartographie du niveau de vaccination à l’échelle des communes depuis un an environ et le début de la campagne d’injection contre le Covid-19.

Il est ainsi possible de voir l’évolution de la vaccination dans les communes de la métropole de Lyon de février 2021 jusqu’au 27 décembre 2021.

L’est de Lyon moins vacciné que l’ouest

En date du 27 décembre 2021, les extrêmes sont clairement visibles. Saint-Fons est la commune de la métropole de Lyon où la population est la moins vaccinée (56,2% de la population vaccinée). Montanay, au nord du territoire, est à cette date la commune « la plus vaccinée » avec plus de 81% de sa population concernée.

La cartographie du niveau de vaccination fait apparaître à première vue une fracture nette entre l’est et l’ouest de l’agglomération. Fin décembre, toutes les communes à l’ouest de Lyon présentaient un taux de vaccination supérieur ou égal à 70%. Les communes des Monts-d’Or comptant parmi les plus vaccinées notamment.

À l’inverse, les communes présentant les taux les plus faibles, inférieurs à 70% se retrouvent à l’est de la métropole : Vaulx-en-Velin (56,6%), Vénissieux (57,6%), Saint-Priest (65,3%) ou encore Décines-Charpieu (66%). En comparaison, à cette date du 27 décembre 2021, le taux de vaccinations complètes dans le département du Rhône était d’environ 76%.

Cette différence territoriale se vérifie depuis le début de la campagne vaccinale. Saint-Fons est par exemple la commune présentant la couverture vaccinale complète la plus faible depuis la mi-mai 2021.

Une vaccination qui varie selon la classe d’âge de la population

Santé Publique France mène depuis mars 2021 une vaste étuve, Coviprev, étudiant notamment l’acceptabilité du vaccin contre le Covid-19 par la population. Elle présente certains indicateurs explicatifs des différences de couverture vaccinale au sein de la population. En particulier l’âge. L’acceptabilité du vaccin, et donc la couverture vaccinale, varierait selon la classe d’âge.

Dès le début de la campagne de vaccination, fin 2020, les personnes de plus de 65 ans sont déjà majoritairement favorables à cette mesure (60% environ). Ce sont aussi les personnes les plus à risques face à la maladie et ses formes graves. A cette date, toutes les autres tranches d’âge, plus jeunes, sont majoritairement réticentes. Plus on descend dans les classes d’âge, plus l’acceptabilité du vaccin diminue.

Depuis, les choses ont changé. Selon l’étude de Santé Publique France, l’adhésion à la vaccination se situe au-delà de 80% dans toutes les tranches d’âge de la population. C’est à partir de mai 2021 qu’une majorité de la population à l’intérieur de chaque tranche d’âge s’est montrée favorable à la vaccination.

Dans la métropole de Lyon, l’âge semble bien être une des explications de telles différences de couverture vaccinale. En effet, les communes les plus vaccinées situées à l’ouest de Lyon, sont aussi celles qui présentent les plus fortes proportions de plus de 60 ans.

Dans l’est de la métropole, zone moins vaccinée, Jonage et Chassieu comptent toutefois des taux de vaccination complète de près de 75% au 27 décembre 2021. Ce sont aussi les communes où la part des plus de 60 ans est la plus importante dans le secteur.

Une vaccination très faible des jeunes à Saint-Fons et au sud de Lyon

À l’inverse, par effet miroir, les communes les « plus jeunes » présentent des taux de vaccination complète plus faible. C’est le cas de Saint-Fons, Vénissieux, Vaulx-en-Velin ou du 9e arrondissement de Lyon. Dans ces communes la part de personnes de plus de 60 ans est environ deux fois inférieure à celle de certaines communes des Monts-d’Or par exemple, plus largement vaccinées.

La vaccination plus faible chez les jeunes (moins de 20 ans), s’explique évidemment par une accessibilité plus tardive. La vaccination pour tous à partir de 18 ans est possible depuis le 31 mai 2021. Elle est ouverte pour les 12-17 ans depuis le 15 juin 2021 et depuis le 15 décembre 2021 seulement.

Toutefois, des différences parfois importantes existent dans la métropole de Lyon. Au 27 décembre, près de 45% des moins de 20 étaient complètement vaccinés à Montanay. Ils n’étaient que 17% à Saint-Fons pour une moyenne de 26% sur l’ensemble de la métropole de Lyon.

Le niveau de vaccination de la population de Saint-Fons, plus faible qu’ailleurs, s’explique donc en partie par la faible vaccination des moins de 20 ans (9 points de moins que la moyenne métropolitaine). Une tranche d’âge plus importante qu’ailleurs dans la population de la commune. Mais aussi des 20-39 ans chez qui il existe une différence de près de 15 points avec la couverture à l’échelle de la métropole : 79,5% de vaccination complète dans la métropole de Lyon contre 66,5% à Saint-Fons.

Dans les autres tranches d’âges, les niveaux de vaccination, bien qu’inférieurs également, se rapprochent davantage de la moyenne métropolitaine.

La vaccination complète chez les plus jeunes semble avoir avoir atteint un plateau. Tout comme pour les autres classes d’âge mais à un niveau bien plus faible. L’ouverture de la vaccination aux adolescents de 12 à 17 ans n’a pas vraiment accéléré la couverture vaccinale de la tranche d’âge. Comme nous le notions précédemment, l’ouverture de la vaccination aux 5-11 ans est quasiment boudée dans le secteur.

La vaccination diffère selon le niveau de vie dans la métropole de Lyon ?

L’âge ne semble donc pas être le seul facteur d’explication. Santé Publique France propose également dans son étude une lecture selon la catégorie socio-professionnelle. Tout au long de la campagne de vaccination, elle note une plus forte adhésion au vaccin contre le Covid-19 parmi les catégories socio-professionnelles les plus aisées.

Enquête Coviprev acceptabilité vaccination
Extrait des données de l’enquête Coviprev de Santé Publique France relatives à l’acceptabilité de la vaccination selon notamment les catégories socio-professionnelles.

La cartographie de la couverture vaccinale dans la métropole de Lyon révèle une fracture est/ouest qui rappelle celle bien connue du niveau de vie. Le niveau de vaccination semble bien s’élever avec celui du niveau de vie.

Un facteur explicatif qu’illustrent nos deux extrêmes dans la métropole de Lyon :

    Saint-Fons, commune la moins vaccinée est celle qui présente le revenu médian le plus faible,Montanay, à l’inverse, avec près de 32 000 euros de revenu médian, le double de celui de Saint-Fons, fait partie des communes les plus aisées du territoire.

Une corrélation qui se confirme assez logiquement dans le détail des catégories socio-professionnelles. La vaccination est plus importante dans les communes où la proportion de cadres et professions intellectuelles est plus importante :

Elle est plus faible dans celles où la proportion d’ouvriers et d’employés est plus forte :

Différence de taux de vaccination : une combinaison de facteurs explicatifs ?

Selon les données de l’enquête Coviprev de Santé Publique France, en date de mai 2021, les écarts d’acceptabilité de la vaccination variaient donc de 15 à 20 points selon les catégories socio-professionnelles. Des écarts relativement équivalents à ceux constatés dans la métropole de Lyon. On mesure également une certaine constance de l’acceptabilité de la vaccination dans le temps. Les territoires les moins vaccinés au lancement de la campagne le sont toujours un an après.

Pour tenter d’expliquer ces écarts sur le territoire, une combinaison de ces différents facteurs est certainement à l’œuvre. Un indicateur seul n’explique pas tout. L’âge par exemple. Saint-Fons et Poleymieux-au-Mont-d’Or, comptent une proportion de plus de 60 ans équivalente dans leur population. Or, le taux de vaccination varie de 20 points entre ces deux communes.

Le niveau de vie n’explique également pas tout à lui seul. Saint-Priest ou Décines par exemple comptent une proportion de cadres relativement faible (7% environ) mais près de trois fois supérieure à celle de Saint-Fons (2,5%). Le revenu médian disponible y est supérieur de près de 4000 euros à celui de Saint-Fons. Pourtant, ces deux communes présentent des niveaux de vaccination complète parmi les 10 plus faibles de la métropole.

Ces seuls critères socio-économiques suffisent-ils ? Pas forcément à écouter les acteurs de terrain. À Saint-Fons, on pointe d’autres causes. Comme la facilité d’accès à un point de vaccination ou l’obtention d’un créneau pour le faire. Certaines pharmacies de la commune n’ont plus de créneaux disponibles jusqu’à la mi-mars.

Malika Lagrimite, conseillère municipale déléguée à l’économie sociale et solidaire a participé à la mise en œuvre de la stratégie vaccinale à Saint-Fons. Elle indique que l’accessibilité et la mobilité comptent aussi :

« La population de Saint-Fons n’est pas bien différente de celle de Vénissieux ou Vaulx-en-Velin. Les 1 ou 2% de différence en nombre de vaccinés sont surtout dus à l’absence de centre de vaccination, et de moyens rapides de se rendre à ceux qui se trouvent le plus près. »

Pourquoi la principale association de vélo à Lyon est contre l’obligation du port du casque

Pourquoi la principale association de vélo à Lyon est contre l’obligation du port du casque

Les militant·es de la principale association de cyclistes à Lyon, La Ville à Vélo, se sont récemment mobilisés contre une proposition de loi présentée au Sénat rendant obligatoire le port du casque à vélo.

Selon les membres de la Ville à Vélo, le casque à vélo est bénéfique sur le plan individuel. En revanche, l’imposer à tout le monde aurait un impact négatif sur le nombre de cyclistes qui prennent le vélo au quotidien. Dans une tribune, que nous publions ci-dessous, La Ville à Vélo explique son opposition à cette obligation du port du casque.

Ne rendons pas le casque obligatoire à vélo !

Victoire! Le travail de lobbying de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) à laquelle appartient La Ville à Vélo et la vaste mobilisation (dont celle de plusieurs dizaines d’adhérent·es de La Ville à Vélo) ont permis d’empêcher que le casque devienne obligatoire à vélo. Soutenir La Ville à Vélo, c’est aussi agir à l’échelle nationale.

Rappel du contexte : Ce 13 janvier 2022, sénatrices et sénateurs ont débattu d’une proposition de loi qui proposait de rendre obligatoire le casque à vélo. Cette proposition avait été déposée par le sénateur de la Charente François Bonneau et soutenue par une trentaine de sénatrices et sénateurs du groupe de l’Union Centriste (UC) ; elle a été retirée après la discussion générale mais avant d’être soumise au vote. Un seul amendement, proposant la suppression du texte, avait été déposé. Son exposé des motifs révèle le rôle fondamental des “organisations fédérant usagers du vélo et collectivités”, ici la FUB et le Club des Villes et Territoires Cyclables.

Proposition de loi du 10 janvier 2022 visant à imposer le port du casque à vélo Lyon ou ailleurs
Proposition de loi du 10 janvier 2022 visant à imposer le port du casque à vélo.

Cet événement est l’occasion d’expliquer pourquoi La Ville à Vélo est résolument contre l’obligation du port du casque à vélo, et pour appeler les élu·es à agir sur les causes de l’accidentalité pour atteindre 0 cycliste mort ou blessé grave.

Pourquoi rendre obligatoire le port du casque est contre-productif

L’Université Gustave Eiffel (ex-IFSTTAR) recense depuis 1995 l’ensemble des victimes d’accidents de la route survenus à Lyon et dans le Rhône, en collaboration avec 245 services hospitaliers qui prennent en charge les blessés, qu’ils soient hospitalisés, ou uniquement traités aux urgences. Entre 2006 et 2012, les cyclistes ayant des blessures qui mettent en jeu le pronostic vital (MAIS 4+) souffrent pour 76% d’entre eux de lésions à la tête.

De plus, plusieurs études en France ou à l’étranger attestent que le port du casque fait baisser la gravité des traumatismes crâniens.

Dès lors, comment expliquer le paradoxe suivant : le port du casque à l’échelle individuelle est bénéfique, en particulier dans le cadre sportif, mais il devient contre-productif lorsqu’il est rendu obligatoire ?

L’obligation du port du casque annule l’effet de sécurité par le nombre

Quand la pratique du vélo augmente, le risque d’accident diminue. Autrement dit, plus il y a de cyclistes, plus la probabilité d’être victime d’une collision diminue. L’Observatoire national interministériel de la sécurité routière explique dans son bilan 2020 :

“la mortalité cycliste a baissé de 5 % entre 2019 et 2020, malgré une hausse des déplacements de l’ordre de 10 %.”

Or, l’obligation du port du casque décourage la pratique du vélo, annulant ainsi l’effet de sécurité par le nombre et augmentant le risque de collision.

Casque vélo Lyon Graphique illustrant la pratique du vélo et le risque associé dans les pays de l'OCDE
Graphique illustrant la pratique du vélo et le risque associé dans une sélection de pays de l’OCDE par Statista.Graphique illustrant la pratique du vélo et le risque associé dans les pays de l’OCDE.

Les bénéfices pour la santé du vélo sont supérieurs aux risques, même sans casque

Une étude de 2012 de l’Observatoire régional de santé d’Ile-de-France a évalué que les bénéfices sur la santé de la pratique du vélo sont plus de 20 fois supérieurs aux risques encourus, et ce rapport bénéfice / risque augmente avec le nombre de cyclistes. Les auteurs indiquent :

« Ce ratio très important en faveur du vélo est essentiellement dû aux bénéfices de l’activité physique qui l’emportent largement, à la fois sur les autres bénéfices et sur l’ensemble des risques. »

Sur la métropole de Lyon, entre 54 % et 84 % de la population selon les communes marche moins de 10 minutes par jour, loin des recommandations de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique par jour. Pourtant, près de 2 déplacements sur 3 de la métropole de Lyon font moins de 3 km, une distance aisément réalisable à pied … ou à vélo !

Se fixer l’objectif d’atteindre 0 cycliste mort ou blessé grave

Le fait qu’une collision soit fatale ou pas dépend dans la grande majorité des cas de l’implication d’un conducteur de véhicule motorisé (65% des morts en 2020, 73% en 2019). Résultat : On constate qu’il y a la même proportion de tués parmi les victimes casquées que parmi les victimes non casquées.

Casque vélo lyon Graphique illustrant l'accidentologie en France, en 2019, selon le port du casque.
Graphique montrant l’accidentologie selon le port du casque, d’après le bilan ONISR 2019, par Pol Grasland-Mongrain

Pour la sécurité des cyclistes, La Ville à Vélo demande donc à tous les élus, locaux et nationaux, d’agir sur les causes de l’accidentalité pour créer un “système sûr” et atteindre 0 cycliste mort ou blessé grave.

Ces actions, efficaces et concrètes, sont les suivantes :

    Mailler la métropole d’aménagements cyclables sécurisés et continusGénéraliser la ville 30 (le 50 km/h devenant l’exception)Généraliser la piétonnisation des rues devant les écoles et dans les cœurs de villeGénéraliser l’apprentissage obligatoire du savoir rouler à vélo au niveau Cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) dans toutes les écoles et collèges de la métropoleRendre obligatoire les dispositifs anti-angle mort pour les véhicules de grand gabarit

Hormis cette dernière mesure, elles font toutes partie des compétences des élu·es municipaux ou métropolitains.

Manif anti-pass à Lyon : l’extrême droite radicale en guise de service d’ordre officieux

Manif anti-pass à Lyon : l’extrême droite radicale en guise de service d’ordre officieux

Plus d’un millier de manifestants ont déambulé, ce samedi 22 janvier, dans le cortège anti-pass déposé par le collectif « Lyon pour la Liberté ». Éloignés de la Presqu’île par un arrêté préfectoral, les manifestants ont déambulé dans le sixième arrondissement avec l’extrême droite radicale en guise de service d’ordre officieux. Reportage.

Des drapeaux tricolores, parfois siglés d’une croix de Lorraine ou d’un cœur vendéen et une banderole « les gens comme nous n’abandonnent jamais », en tête. C’est la recette des cortèges du collectif Lyon pour la Liberté, qui manifeste tous les samedis contre le pass sanitaire, en son nom propre, dans les rues lyonnaises depuis fin octobre.

A l’époque, les manifestations déclarées par le collectif et son leader Thibault Pillet, 24 ans, peinent à rassembler plus de quelques centaines de personnes. Mais depuis le 8 janvier, alors que le débat sur le pass vaccinal agite l’Assemblée Nationale, le cortège anti-pass lyonnais reprend du poil de la bête.

anti-pass sanitaire lyon
Banderole de tête de la manifestation anti-pass Lyon pour la Liberté, place du Lyautey le samedi 22 janvier 2022. Crédit : GB.

Sans atteindre le niveau des mobilisations de l’été, Lyon pour la Liberté a réuni respectivement 2000 et 1500 personnes en manifestation lors des samedi 8 et 15 janvier, d’après la préfecture, et environ 4000 personnes selon les organisateurs.

Ce samedi 22 janvier, ils sont un millier selon la préfecture et 3800 d’après Thibault Pillet. 

Une manifestation interdite de Presqu’île de Lyon

Pour le jeune homme, si le mouvement anti-pass est stoppé dans son élan, c’est la faute de la préfecture du Rhône. Ce week-end, celle-ci a interdit les manifestations sur une large partie de la Presqu’île : entre la place des Terreaux et la place Carnot, ainsi que dans une partie du Vieux Lyon.

Or, ces dernières semaines, le cortège de Lyon pour la Liberté a pris l’habitude de déambuler à partir de 14h de la place Bellecour, reprenant le rendez-vous traditionnel des Gilets Jaunes.

« Cette place nous offrait une bonne visibilité. Notre mouvement dérange Macron et les Français commencent à s’en rendre compte. Ils nous rejoignent. C’est pour ça que la préfecture nous a invisibilisés », dénonce Thibault Pillet.

Si l’on se fie à l’arrêté d’interdiction de manifester publié par la préfecture, c’est la potentialité d’une manifestation de Gilets jaunes non déclarée sur la place Bellecour qui a conduit à déterminer un périmètre d’interdiction. Nullement la manifestation de Lyon pour la Liberté.

« Une cinquantaine de personnes en ont empêché des milliers de manifester », continue le leader des anti-pass. Ce 22 janvier, sa manifestation se déroule donc entre la place du maréchal Lyautey et le parvis Renée Richard dans le quartier de la Part-Dieu.

« L’arrondissement le plus macroniste de Lyon »

Alors que la manifestation du jour s’élance, le micro retentit :

« Nous sommes dans le 6e arrondissement, c’est l’arrondissement le plus macroniste de Lyon. »

Et la foule de lancer en cœur le nouveau slogan des anti-pass sanitaire :«Macron, Macron, on t’emmerde», en référence à la petite phrase prononcées par le chef de l’État dans une interview donnée au Parisien : « J’ai très envie d’emmerder les non vaccinés».

Manifester dans le 6e arrondissement n’est pas vraiment une nouveauté pour le collectif Lyon pour la Liberté puisque ses manifestations ont parfois eu pour départ la place des Brotteaux. En véritable chauffeur de salle, Thibault Pillet donne de la voix tout au long du cortège. Les slogans comme « Liberté, Liberté », « Le pass vaccinal on n’en veut pas »,  sont largement repris et résonnent dans l’étroite rue Pierre Corneille, vide de passants.

A Lyon, manif anti-pass et anti vaccin

Bien plus qu’une manifestation anti-pass, l’événement du jour est aussi largement anti-vaccin et anti-média. Les théories complotistes sont promues, notamment celle du «Great Reset». Une théorie qui considère que le Covid-19 est l’occasion d’imposer un nouvel ordre mondial.

anti-pass Lyon
Pancarte Lyon pour la Liberté contre le « Grand Reset ».Photo : GB/Rue89Lyon

Le rejet du vaccin est clairement scandé dans la rue et des slogans : «TV, radio, collabos», repris à tue-tête. Sur le parcours, une manifestante distribue un tract conseillant de soigner le Covid avec des huiles essentielles ou du dioxyde de chlore. A son verso, il est conseillé de ne plus s’informer par la télé mais par des média tels que le site web d’extrême droite tvlibertés ou le site complotiste reinfocovid.fr.

Enfin, le dynamisme de la manifestation bénéficie de la présence d’un certain nombre de jeunes, ce qui n’échappe pas à une manifestante plus âgée. « La jeunesse est dans la rue », se réjouit-elle.

La Cocarde étudiante présente dans le cortège

Les jeunes, dont la présence enthousiasme cette manifestante, ne sont pas n’importe quels jeunes. Distinctement séparé du reste de la manifestation par une banderole « dictature sanitaire, jeunesse réfractaire » un cortège apparaît particulièrement animé. C’est celui de la Cocarde étudiante lyonnaise.

Ce syndicat étudiant d’extrême droite, notamment proche de Marion Maréchal-Le Pen, prétend combattre le « gauchisme culturel » dans les universités et s’enorgueillit d’être la seule organisation étudiante à être impliquée dans le combat anti-pass.

Au mégaphone, on trouve Sinisha Uroŝ, jeune candidat aux élections du Crous pour la cocarde étudiante de Lyon. Placé devant la banderole, il anime un groupe d’une vingtaine de personnes à grand renfort de slogans et de fumigènes.

anti-pass lyon cocarde étudiante
Cortège de la Cocarde étudiante lyonnaise.Photo : GB/Rue89Lyon

L’extrême droite radicale en guise de service d’ordre officieux

D’autres groupes de jeunes sont particulièrement remarquables. À la différence d’un grand nombre de manifestants, ceux-ci portent des masques chirurgicaux, des caches-cols, voire pour certains – plus rares – des cagoules. Ils constituent le service d’ordre officieux de la manifestation et patrouillent sur les trottoirs, tandis que les manifestants monopolisent la route, en guettant de potentiels assaillants à chaque coin de rue. 

Le lendemain de la manifestation, dimanche aux alentours de 13h, des photos et un message ont été postés sur le groupe Telegram « Ouest Casual », revendiquant la présence à la manifestation anti-pass du « Guignol Squad », un regroupement informel de militants néofascistes, identitaires et hooligans, formé durant les Gilets jaunes. Ce canal « Ouest Casual » rassemble plus de 14 000 followers. Il est connu pour diffuser de la propagande identitaire et néonazi ainsi que des vidéos d’agressions.

Dans leur dernier message Telegram, des menaces sont lancées aux militants antifas lyonnais :

« Ce samedi, mobilisation contre le pass sanitaire. […] Après une après-midi à les [les antifas, ndlr] chercher dans le quartier de la Part-Dieu et sur la presqu’île, un groupe sera finalement repéré au milieu de Bellecour. Heureusement pour eux, ils s’enfuiront en direction d’une voiture de police en nous voyant arriver, la leçon de mercredi semble avoir été intégrée. Courez tant que vous le pouvez, nous n’aurons jamais fini de vous traquer».

Comme nous l’expliquions dans de précédents articles, des membres de l’organisation d’extrême droite dissoute Génération Identitaire ou encore de Civitas avaient déjà été aperçus dans les manifestations anti-pass lyonnaises. Les militants de ces organisations assurent régulièrement le service d’ordre de certaines manifestations, notamment de celles contre la PMA pour toutes.

Photo prise à l’arrivée de la manifestation, parvis Renée Richard, et postée sur Ouest Casual. Crédit capture d’écran Ouest Casual.

La semaine précédente, à Paris, des centaines de militants d’extrême droite avaient pris la tête de la manifestation anti-pass organisée par Florian Philippot et sont soupçonnés d’avoir effectué des saluts nazis.

Interrogé sur la présence de l’extrême droite dans la manifestation anti-pass, l’organisateur, Thibault Pillet, se montre catégorique :

« Nous ne sommes pas concernés par cela, vous ne verrez pas de mains tendues dans nos cortèges.»

À Lyon et Villeurbanne, le festival “À l’École de l’Anthropocène”

À Lyon et Villeurbanne, le festival “À l’École de l’Anthropocène”

Contre vents et marées covidées, le festival « À l’École de l’Anthropocène » se tiendra cette année dans l’agglomération lyonnaise.

Pour sa 4ème édition, du 24 au 30 janvier, l’événement prend essentiellement place dans la commune de Villeurbanne, notamment au Rize, puisqu’il est l’un des premiers temps de « Villeurbanne 2022, capitale française de la culture ».

Ce festival est organisé par l’Ecole urbaine de Lyon qui est née, comme le rappelle son directeur le géographe Michel Lussault, « de la volonté d’analyser ces changements environnementaux en cours et d’encourager l’identification des solutions aux problèmes qu’ils suscitent » :

« C’est de cette ambition que découle la création de l’événement annuel À l’École de l’Anthropocène ».

Le festival “À l’École de l’Anthropocène” donne une large place à la jeunesse

Aux manettes de la programmation, on retrouve October Octopus, avec toujours l’idée de croiser, les approches scientifiques, culturelles et citoyennes.
Cette année, une large place est réservée à la jeunesse, notamment avec la participation du collectif Youth for Climate.

Parmi la centaine de participants, on compte onze « cours publics » dispensés par des chercheurs comme le physicien Pablo Jansen (« Sciences et machines : une généalogie conceptuelle de la grande Accélération »), ou la géographe Claire Delfosse (« Désir de campagne : de nouvelles façons de vivre et travailler en milieu rural »; cinq débats internationaux, notamment « qu’est-ce qu’une terre habitable » ou « renouer les liens entre science et société »).

festival anthropocène Lyon Villeurbanne
Le centre de la métropole de Lyon vu par Arnaud Tételin, illustrateur scientifique, qui est accueilli dans le cadre d’une résidence d’artiste lors de « À l’École de l’Anthropocène » du 24 au 30 janvier 2022 au Rize à Villeurbanne. Ce dessin forme le visuel de l’événement.

On note également la présence de l’illustrateur scientifique Arnaud Tételin qui sera accueilli dans le cadre d’une résidence d’artiste au Rize. Le festival lui doit d’ailleurs son visuel et ce regard original et très beau porté sur l’agglomération lyonnaise (voir ci-avant).

Festival « À l’École de l’Anthropocène ». Du 24 au 30 janvier, toutes les infos ici.