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ZFE : quand les véhicules diesel seront-ils interdits à Lyon ?

Les premières interdictions de circulation faites aux véhicules diesel anciens du périmètre de la Zone à Faibles Émissions (ZFE) de Lyon doivent intervenir à l’automne. D’ici 2026, les autres véhicules, diesel plus récents et à essence anciens, seront concernés. Alors que la concertation se poursuit, les élus d’opposition à la Métropole de Lyon, présidée par l’écologiste Bruno Bernard, demande d’ores et déjà un report. Le président sait qu’il est attendu sur le sujet.

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Panneau d'entrée de la Zone à faibles émissions (ZFE), quai Paul Sédaillan dans le 9ème arrondissement de Lyon. ©LB/Rue89Lyon

Il y a deux choses sur lesquelles l’ensemble des élus métropolitains actuels sont d’accord :

  • lutter contre la pollution atmosphérique est une évidence et la ZFE n’est pas remise en cause,
  • personne ou presque ne sait ce qu’est la ZFE et ce qu’elle implique à court et moyen terme dans son quotidien.

Pour rappel, la ZFE est un périmètre de la métropole de Lyon duquel les véhicules polluants vont progressivement être exclus. Pour l’heure, ce périmètre correspond aux communes de Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire. Mis en place en 2019, sous la présidence de David Kimelfeld (LREM), il n’est pas une invention lyonnaise mais un dispositif national dont les collectivités se chargent de la mise en place.

Périmètre de la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon.

La fin progressive de tous les véhicules diesel et essence d’ici 2026 dans Lyon

Actuellement, une concertation est ouverte en direction de la population, des entreprises et des partenaires sociaux. Ouverte en septembre 2021, elle court jusqu’à début mars 2022. C’est après ce temps d’échanges, au printemps donc, que la Métropole de Lyon décidera d’un calendrier plus précis et des dispositions de sa mise en place.

Pour l’heure, quel est le calendrier prévu ?

  • les véhicules disposant de vignette Crit’Air 5 (diesel mis en circulation entre 1997 et fin 2000) seraient interdits de ZFE à partir de septembre 2022
  • les véhicules Crit’Air 4 (diesel mis en service entre 2001 et fin 2005) seraient interdits à partir du 1er janvier 2024
  • les véhicules Crit’Air 3 (diesel mis en service entre 2006 et fin 2010 et essence mis en service entre 1997 et 2005) seraient interdits à partir du 1er janvier 2025
  • les véhicules Crit’Air 2 (tous les autres véhicules essence et diesel) seraient interdits à partir du 1er janvier 2026.

Cela signifierait donc que, hors dérogation, dans quatre ans tous les véhicules particuliers diesel ne pourraient plus circuler dans les communes de Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire. Ainsi que la quasi-totalité des véhicules essence. Ne pourraient circuler que les véhicules électriques (vignette Crit’Air 0), ceux hybrides ou roulant au gaz (Vignette Crit’Air 1) et les véhicules essence mis en circulation après 2011.

L’opposition demande un report pour le diesel et une partie des véhicules essence à 2028 ou 2030 dans Lyon

Le calendrier est la question épineuse de la mise en œuvre de la ZFE. Lundi 24 janvier, le conseil de la Métropole de Lyon, a voté de nouveaux dispositifs d’aides au renouvellement de véhicules notamment. Si des mesures dérogatoires seront certainement accordées pour les artisans et les professionnels, la question sensible concerne les véhicules particuliers.

L’an dernier, l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon avait présenté son projet pour l’évolution de la ZFE. Le calendrier final de la fin des véhicules thermiques (essence et diesel) pour 2026 à Lyon reste un objectif. Il l’est toujours semble-t-il, alors que la concertation sur le sujet doit s’achever dans deux mois.

Sans attendre la fin de ce temps d’échanges, l’opposition demande d’ores-et-déjà un délai supplémentaire. Christophe Geourjon (UDI), du groupe des centristes autour de Gérard Collomb, a demandé ce lundi 24 janvier un report à 2028 ou 2030 de l’interdiction des véhicules Crit’Air 2 du périmètre de la ZFE.

« Avec ce calendrier 251 000 véhicules devraient être changés d’ici 2026. Vous imposez un renouvellement. Des véhicules achetés aujourd’hui devraient être changés dans 4 ans alors qu’on sait que la durée de vie moyenne est de 9 à 10 ans, c’est de l’obsolescence programmée »

Il a par ailleurs plaidé pour une année pédagogique de sensibilisation avant la mise en place d’interdiction de véhicules. Plutôt que de multiplier les dérogations qui auraient pour principal effet de diluer les effets de la mesure. Éric Vergiat, maire de Rochetaillée-sur-Saône et membre du groupe Synergies Métropole (centre droit), estime que si les écologistes respectent ce calendrier :

« C’est pour être les premiers de la classe, alors qu’il y a un manque de communication en direction des publics concernés, d’alternatives à la hauteur. L’étape de l’interdiction des Crit’Air 2 en 2026 n’est même pas prévue par la loi. »

La majorité écologiste droite dans ses bottes

Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine ©HH/Rue89Lyon
Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbainePhoto : HH/Rue89Lyon

Le sujet est d’importance. En premier lieu, en termes de diminution de la pollution atmosphérique et de santé publique. En termes politique également pour la majorité écologiste. Chahutée sur son projet de téléphérique urbain reliant Francheville à Lyon, elle ne pourrait se permettre un éventuel autre recul concernant la ZFE.

Pour l’heure, elle se retranche derrière la concertation en cours. Jean-Charles Kohlhaas, vice-président en charge des déplacements, l’a rappelé à plusieurs reprises au cours du conseil de la Métropole de Lyon qui s’est achevé ce mardi 25 janvier :

« Les décisions seront prises après la concertation. Ne soyez pas trop pressés, nous en débattrons au printemps.»

Le calendrier est un des sujets mis à l’ordre du jour de la concertation. Sera-t-il modifié ? Impossible à dire pour l’heure mais la majorité écologiste autour de Bruno Bernard ne semble pas vraiment lâcher du lest sur ce point. Elle s’est prononcée en faveur de la fin des moteurs thermiques dans la ZFE d’ici 2026. Malgré les tentatives de queues de poisson de l’opposition, elle ne semble pas vraiment assouplir sa position.

Jean-Charles Kohlhaas s’en tient pour l’heure au calendrier. Il reconnaît une légère avance mais minime : l’interdiction des véhicules Crit’Air 5 est fixé au 1er janvier 2023 par la loi, la Métropole de Lyon veut l’avancer de trois mois à septembre 2022. Au contraire, la ZFE de la Métropole de Lyon est plutôt en retard à ses yeux :

« Nous collons à la loi en ce qui concerne les interdictions dans le périmètre central [la ZFE actuelle, comptant Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire, ndlr]. Mais nous sommes beaucoup plus lâches sur le périmètre global à terme de la ZFE. De ce point de vue-là, dans les autres métropoles en France, ils sont déjà beaucoup plus volontaires et les ZFE concernent déjà des périmètres plus élargis que le nôtre»

En mars 2021, l’exécutif écologiste avait présenté son plan concernant la ZFE dans la Métropole de Lyon. Il prévoyait notamment d’inclure Pierre-Bénite et Écully. Au cours des échanges lors de ce conseil de métropole, il apparaît assez clairement que l’extension du périmètre devrait passer à la trappe. Certains partenaires des écologistes n’y sont d’ailleurs pas très favorables à court terme.

Pas de signe de recul sur la fin des Crit’Air 2 dans la ZFE de Lyon en 2026

En revanche, sur le calendrier plus politique des interdictions de circulations des véhicules thermiques, les positions ne semblent pas avoir bougé. L’exécutif écologiste se montre pour l’heure toujours calé sur son objectif de réduction du nombre dé véhicules et de la place de la voiture en ville.

À Philippe Cochet, maire LR de Caluire-et-Cuire, qui l’interpellait sur les conséquences sociales des interdictions à venir et de « l’exclusion des plus pauvres », Jean-Charles Kohlhaas a d’une certaine façon refixé le cap écologiste :

« La quasi totalité de la population de la métropole de Lyon a la possibilité de la mobilité à pied. Une grande majorité, 75% environ, aurait la capacité de la mobilité à vélo. Une faible minorité a la capacité de la mobilité en voiture. Un tiers des foyers de la métropole de Lyon n’a pas de voitures et dans ces foyers la moitié n’y a pas accès car trop âgée ou trop jeune ou alors il y a une seule voiture pour deux personnes. En matière de droit à la mobilité, il faut faire preuve d’un peu d’humilité »

Reste qu’au-delà des ambitions profondes ou politiques, le contrôle des futures interdictions est toujours en suspens. Les radars de contrôle des plaques d’immatriculation aux frontières de la ZFE, de la compétence de l’État, ne sont toujours pas là. Bruno Bernard, président écologiste de la Métropole de Lyon, n’a pas manqué de le rappeler pour pointer du doigt le gouvernement.

Promis un temps pour début 2022, ils verraient le jour en 2023 voire en 2024. D’ici là, les éventuelles premières interdictions de circulation dans la ZFE seront moins efficaces. C’est aussi leur déploiement qui pourrait avoir un impact sur le futur calendrier qui indiquera s’il faut (mais pas comment) se débarrasser de son vieux véhicule.


#ZFE

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