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« A l’Ecole de l’Anthropocène » : comment répondre à la crise de l’habitabilité de la planète Terre ?

Le géographe Michel Lussault est le directeur de l’école urbaine de Lyon. A l’occasion du festival « A l’Ecole de l’Anthropocène », il présente, dans cette tribune, ce qui a guidé la programmation de cette troisième édition.

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Michel Lussault ©Astrid di Crollalanza

Un espace ravagé une partie de l’année par des mégafeux, comme cela a lieu en Californie depuis cinq ans, est-il encore habitable ?

Des métropoles qui connaissent des vagues de chaleur de plus en plus rapprochées, longues et intenses, telles que nous les connaissons en Europe depuis maintenant dix ans, sont-elles encore habitables, particulièrement pour les plus vulnérables ?

Des villes où des millions de personnes sont privés de l’accès à l’eau, à l’éducation ou au soin sont-elles encore habitables alors que les conditions environnementales se dégradent chaque jour un peu plus ?

« La vulnérabilité urbaine »

Cette crise de l’habitabilité de la planète Terre n’est pas une interrogation abstraite, qui se pose à l’échéance de la fin du siècle. C’est une question extrêmement concrète, qui interpelle aujourd’hui même.

Alors qu’un monde urbanisé, mobile et connecté s’est imposé, en quelques décennies, comme un nouveau standard, la reconnaissance de sa vulnérabilité s’impose désormais comme une évidence. Peu ou prou, ce sont tous les domaines d’activités qui peuvent être observés sous l’angle de la vulnérabilité urbaine dont ils procèdent et qu’ils expriment et renforcent.

La chose est manifeste en matière environnementale : l’urbanisation mondiale a nécessité une extraction forcenée de ressources biophysiques, a provoqué des émissions massives de gaz à effet de serre et a ainsi entrainé un forçage sans équivalent des systèmes planétaires, nous menant à cette crise majeure de l’habitabilité de la Terre.

Michel Lussault ©Astrid di Crollalanza
Michel Lussault ©Astrid di Crollalanza

« Analyser ces changements environnementaux en cours et encourager l’identification des solutions »

L’Ecole urbaine de Lyon est née de la volonté d’analyser ces changements environnementaux en cours et d’encourager l’identification des solutions aux problèmes qu’ils suscitent.

C’est de cette ambition que découle la création de l’événement annuel A l’Ecole de l’Anthropocène, qui fête cette année sa troisième édition. L’objectif est que chacun puisse y trouver des ressources pour comprendre le monde contemporain, notamment à partir des recherches qui sont menées dans les laboratoires scientifiques du site académique de Lyon/Saint-Etienne mais également ailleurs en France ou à l’étranger.

Dans cette perspective, je me réjouis que Nnimmo Bassey, qui est l’un des principaux défenseurs et militants des droits humains et environnementaux en Afrique, ait accepté d’être l’invité d’honneur de cette édition. Il symbolise notre volonté de décaler le regard pour ne pas penser le changement environnemental seulement à partir de l’Europe ou de l’Occident. Nnimmo Bassey pense depuis l’Afrique, non pas uniquement pour nous parler de ce continent mais pour nous parler du Monde.

« L’ensemble des activités accessibles en ligne »

La semaine A l’Ecole de l’Anthropocène est également l’occasion de lancer la troisième saison des cours publics de l’Ecole urbaine de Lyon, qui se poursuivra ensuite pendant toute l’année 2021. Ces cours sont en accès libre, sans inscription préalable. Cette année, ce sont sept scientifiques qui présenteront leurs recherches dans des domaines aussi variés que le droit de l’environnement, les études rurales, l’esthétique ou la philosophie.

Cette édition d’ »A l’Ecole de l’Anthropocène », qui accueillera plus de 180 participants, s’adapte par ailleurs à la pandémie en proposant l’ensemble de ses activités en ligne à partir du site web. Une grande diversité de formats a été imaginée afin que chacun puisse y trouver son compte en fonction de ses envies et de sa curiosité :

  • 7 cours publics donc,
  • 8 grands débats, entretiens, tables rondes avec des penseurs, artistes, représentants d’associations…
  • 25 ateliers et séminaires sur des thèmes très variés (la pensée décoloniale, l’extractivisme, l’éducation, la ville, l’édition…)
  • 7 « portraits d’espaces » : des invité·e·s nous parlent de « résiliences habitées » depuis Kaboul, Barcelone ou Canton, en passant par Carúpano, New York ou encore Lyon
  • Une résidence d’écrivain avec Camille de Toledo, en partenariat avec Arty Farty et la Fête du Livre de Bron.
  • Une programmation jeunesse (observation des oiseaux…)
  • Des performances et lectures
  • Des émissions de cuisine : « L’Anthropocène dans ma cuisine »
  • Une Radio Anthropocène en partenariat avec Radio Bellevue Web
  • Un Book Club en partenariat avec la Villa Gillet
  • Une Nuit des Idées sur le thème « Proches », en partenariat avec le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, l’Institut Français de Barcelone, et European Lab.
  • Un manifeste mondial Anthropocène (un événement faisant le tour du monde et du cadrant) : une grande conversation mondiale avec 150 pays participants pour mobiliser un réseau et nourrir les imaginaires, un témoignage pour les générations futures

Autant d’événements qui ont vocation à susciter la discussion, à ouvrir des perspectives et à stimuler l’imagination dans cette période particulièrement difficile !


#anthropocène

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