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Lyon : une scission politique dans le cortège des anti-pass sanitaire ?

Pour ce seizième samedi de mobilisation, les manifestants qui constituaient jusqu’alors à Lyon le cortège anti-pass sanitaire classé à droite se sont divisés. Les organisateurs habituels se voient privés du gros de leurs troupes au profit d’une organisation nouvelle : « Lyon pour la Liberté ».

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Manifestation Lyon Liberté anti-pass sanitaire Lyon

À Lyon, les divisions entre manifestants opposés au pass sanitaire sont une habitude. Pendant tout l’été et jusqu’au début du mois d’octobre, deux cortèges aux couleurs politiques bien distinctes ont sillonné la ville le samedi.

L’un à l’initiative de groupes de Gilets jaunes et d’organisations de gauche, parfois déclaré en préfecture, a manifesté pour la dernière fois le 9 octobre.

L’autre, déposé par des groupes covido-sceptiques, plutôt classés à droite, au premier rang desquels on trouvait le collectif contre la « Coronafolie ». Connu pour partager sur les réseaux sociaux les positions publiques de Florian Philippot (fondateur du mouvement Les Patriotes et ancien numéro 2 du Front National), il se revendique malgré tout apartisan. Ce deuxième cortège reste le seul à être encore présent dans la rue chaque samedi.

Banderole de tête de la manifestation organisée par « Lyon pour la liberté » le 30 octobre . Crédit : GB.

Le collectif contre la « Coronafolie » dépassé

Or, ce dernier cortège rescapé a fini par se fissurer. Samedi 30 octobre, deux parcours distincts ont de nouveau été déclarés en préfecture par des manifestants anti-pass qui auparavant luttaient ensemble au sein de la manifestation de droite.

Un trajet a ainsi été déposé par un collectif récemment créé : « Lyon pour la Liberté ». Il a défilé sur le parcours le plus pratiqué des anti-pass sanitaire, des Brotteaux à la place du Maréchal-Lyautey (Lyon 6e). Le second parcours, a été déclaré par les organisateurs historiques, dont le collectif contre la « Coronafolie ». Il a cheminé entre la place Jean-Macé (Lyon 7e) et la place Carnot (Lyon 2e).

Les deux manifestations débutant toutes deux à 14h, la division des effectifs a été immédiate. Si la semaine précédente, la manifestation anti-pass avait rassemblé 800 personnes selon la préfecture et les organisateurs, la manifestation des collectifs historiques a réuni ce samedi moins d’une centaine de personnes, quand les nouveaux venus de « Lyon pour la Liberté » en ont réunies 300 selon la préfecture et 600 selon les organisateurs .

Une scission en gestation

Le collectif « Lyon pour la Liberté » a vu le jour dans le courant du mois de septembre. Thibault Pillet, la vingtaine, est la figure publique du collectif et souvent au micro en tête de cortège.

« Il est constitué d’un groupe de jeunes amis qui ne voulaient pas que les manifestations ressemblent à une foire à la saucisse et ont voulu apporter leur touche au cortège. »

Banderole de tête de la manifestation anti-pass organisée par le collectif contre la « Coronafolie » le 30 octobre. Crédit : GB.

Cette scission est l’aboutissement d’un processus plus long.

« Lyon pour la Liberté » a tout d’abord manifesté avec les autres collectifs anti-pass. Le 15 octobre, lors du 14e samedi de manifestation, Thibault Pillet déclare en son nom une manifestation sur le même parcours que le collectif contre la « Coronafolie ». Une semaine plus tard, le collectif « Lyon pour la Liberté » officialise son existence en co-déclarant la manifestation anti-pass sanitaire de droite aux côtés des organisateurs habituels.

Au bout de trois semaines, celui-ci dépose finalement son parcours avant les autres collectifs et choisit l’itinéraire le plus pratiqué par les manifestants anti-pass. Efficace pour attirer à lui une bonne partie des manifestants.

Une manifestation récupérée ?

Pour Dominique Garret du collectif contre la « Coronafolie », il s’agit clairement d’une « trahison ».

« Ils ont agi sans nous concerter et ne nous ont pas laissé le choix puisqu’ils ont déclaré leur manifestation avant nous. Finalement ils ont été indélicats et irrespectueux et on ne veut plus rien avoir affaire avec eux.»

L’organisateur historique des manifestations anti-pass décrit alors une véritable manœuvre de récupération :

« Ils ont commencé à animer le cortège avec nous, ce qu’ils faisaient plutôt bien d’ailleurs, puis ils ont profité de mon absence pour récupérer du monde.»

Autre version du côté de Thibault Pillet :

« Je n’aime pas le terme de récupération. Nous n’avons rien contre le collectif contre la « Coronafolie » mais nous n’avons pas à leur demander l’autorisation pour déclarer nos manifestations. On a mis beaucoup de moyens et d’énergie pour dynamiser ces manifestations, on est parti de rien et ça a plu aux gens. Maintenant on a le vent en poupe et c’est sans doute cela qui fait du mal aux autres organisateurs ».

Fracture générationnelle ou politique au sein des anti-pass sanitaire à Lyon ?

De fait, ce samedi 30 octobre, les jeunes avaient clairement choisi leur manifestation : celle des Brotteaux et étaient complètement absents de la manifestation qui partait de Jean Macé à l’initiative du collectif contre la « Coronafolie ».

L’ambiance en tête de cortège était également très différente d’une manifestation à l’autre. Banderole « Pass vaccinal = Covictature. Ni antivax, Ni cobaye » pour la manifestation du collectif contre la « Coronafolie ». La même que depuis des semaines.

Étendard représentant des Gaulois en armes appelés à se battre contre « la tyrannie » pour le collectif « Lyon pour la Liberté ». Fleurissent également en tête de cette manifestation partant des Brotteaux, les drapeaux bleu blanc rouge et ceux de la province du lyonnais, dans une esthétique qui rappelle celle des militants identitaires locaux.

Adrien Lasalle, cadre de l’association d’extrême droite radicale dissoute Génération Identitaire a d’ailleurs été photographié aux côtés du collectif lors de la manifestation anti-pass sanitaire du 25 septembre. Thibault Pillet refuse toutefois toute affiliation avec un quelconque groupe politique, soulignant que son collectif demeure avant tout « citoyen ».

Il explique même s’être désolidarisé de la manifestation contre la « Coronafolie » pour ses accointances supposées avec l’extrême-droite. Il s’était pourtant affiché à la tribune de précédents cortèges à Lyon avec des membres des Patriotes ou partageait sur Twitter certains tweets de Damien Rieu, cadre identitaire. Des contenus désormais supprimés.

Un argument qu’emploie également Dominique Garret du collectif contre la « Coronafolie », fustigeant « les ambitions et les liens politiques » de Thibault Pillet, sans vouloir en dire davantage.

A gauche au premier plan, Adrien Lasalle de feu Génération Identitaire lors de la manifestation anti pass sanitaire du 25 septembre. Crédit : capture d’écran Twitter – Compte Thibault Pillet.

Des collectifs qui se rejoignent sur les thèses complotistes

Autre point commun des deux manifestations : les références aux théories identifiées comme complotistes. Thibault Pillet rappelle ainsi que derrière les divisions politiques, ce qu’il souhaite c’est « l’union du peuple contre le Great Reset ». Une théorie qui considère que le Covid-19 serait une occasion d’imposer un nouvel ordre mondial.

Quant au collectif contre la « Coronafolie », l’affiche d’appel à manifester qu’il a diffusé pour le samedi 30 octobre parle d’elle-même. Elle représente un bâteau nommé « Pharmagedon », sur la voile duquel sont mêlés, entre autres, les logos de Google, de l’ONU et de la pyramide Illuminati.


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