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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Présidentielle 2022 : rencontre d’un Gilet jaune et d’une « Jeune avec Macron » à Lyon

Présidentielle 2022 : rencontre d’un Gilet jaune et d’une « Jeune avec Macron » à Lyon

[Podcast « Dialogues de campagne »] Tout au long de la campagne de l’élection présidentielle 2022, les trois Rue89 Locaux (Lyon, Bordeaux et Strasbourg) vont faire se rencontrer et débattre des citoyen·es sur des thèmes de société.

Deuxième épisode enregistré à Lyon, autour de la jeunesse et de l’engagement. 

Peut-on encore discuter de politique et de choix sociétaux sans s’écharper ? C’est le pari de nos trois rédactions locales, après ce début de campagne d’une élection présidentielle sous tension, où les invectives sur les plateaux des chaînes d’information semblent servir de métronome.

A Lyon, nous avons réuni autour de la table Arifé Yizild, représentante des “Jeunes avec Macron”, et Warren Dalle, qui a fondé le groupe « Gilets jaunes à Lyon », par ailleurs investi chez La France insoumise, qui ont accepté de confronter leurs idées et leurs trajectoires. 

Arifé Yildiz, investie chez les "Jeunes avec Macron", en débat avec Warren Dalle, porte-parole des "Gilets jaunes à Lyon". Podcast "Présidentielle 2022 : Dialogues de campagne", enregistré par Rue89Lyon le 13 janvier 2022. ©DD/Rue89Lyon
Arifé Yildiz, investie chez les « Jeunes avec Macron », en débat avec Warren Dalle, porte-parole des « Gilets jaunes à Lyon ». Podcast « Présidentielle 2022 : Dialogues de campagne », enregistré par Rue89Lyon le 13 janvier 2022.Photo : DD/Rue89Lyon

« C’est simple, si vous ne vous occupez pas de politique, la politique s’occupera de vous »

A 34 ans, la première a été collaboratrice d’élus en Allemagne, elle est directrice conseil dans une agence de communication à Lyon. Arifé s’est investie au sein des « Jeunes avec Macron » dès la création de ce mouvement satellite de La République en marche, en 2015.

Warren Dalle, quant à lui, poursuit à 26 ans une double-licence en Droit et Sciences politiques à l’université Lyon 3. Il a fondé l’”assemblée des Gilets jaunes de Lyon” dès le début du mouvement en 2018, puis il a été invité par des militants de La France insoumise à rejoindre le parti au niveau local.

Au vu des engagements pris relativement tôt dans leurs parcours individuels, ils n’ont eu que peu de doutes sur ce qui pouvait les opposer, plutôt radicalement. Mais le fait d’aborder de manière intime leurs choix respectifs a permis un dialogue qu’Arifé comme Warren ont nourri vivement et même apprécié. 

Origines familiales et sources de l’engagement, ambitions et projets pour jouer un rôle politique : ils ont échangé sur leurs nombreuses différences. 

Face à Arifé acquiesçant avec conviction, Warren a ainsi voulu conclure :

« C’est simple, si vous ne vous occupez pas de politique, la politique s’occupera de vous. »

Arifé Yildiz, investie chez les "Jeunes avec Macron", en débat avec Warren Dalle, porte-parole des "Gilets jaunes à Lyon". Podcast "Présidentielle 2022 : Dialogues de campagne", enregistré par Rue89Lyon. ©DD/Rue89Lyon
Arifé Yildiz, investie chez les « Jeunes avec Macron », en débat avec Warren Dalle, porte-parole des « Gilets jaunes à Lyon ». Podcast « Présidentielle 2022 : Dialogues de campagne », enregistré par Rue89Lyon le 13 janvier 2022.Photo : DD/Rue89Lyon

Préparation podcast : Dalya Daoud et Oriane Mollaret

Enregistrement : Dalya Daoud et Laure Solé

Montage : Jean-François Gérard

La « neutralité carbone » en 2030 à Lyon : le très ambitieux objectif des écologistes

La « neutralité carbone » en 2030 à Lyon : le très ambitieux objectif des écologistes

[Mise à jour du 28 avril 2022 à 15h30] La Ville de Lyon a été retenue par la Commission européenne pour faire partie des « 100 villes européennes climatiquement neutres en 2030 ».

Grégory Doucet l’annonce depuis cet automne : la Ville de Lyon veut emmener l’ensemble du territoire municipal vers le « zéro carbone » en 2030. Dans l’idée du maire écologiste, à cette date, ce n’est pas seulement la collectivité qui ne devra plus émettre de gaz à effet de serre mais aussi l’ensemble des activités humaines situées dans Lyon intra muros. Pour lancer cette démarche, la municipalité va déposer fin janvier sa candidature au programme européen des « 100 Villes climatiquement neutres ».

La barre est placée haut, même très haut. Dans l’esprit du maire de Lyon et de son équipe, atteindre la neutralité carbone en 2030 ne consiste pas à planter des arbres en Amazonie pour compenser les émissions lyonnaises mais à tendre vers zéro émission de CO2. Autrement dit, fini les énergies fossiles sur le territoire lyonnais. Ce qui veut dire notamment aucun véhicule à moteur thermique (les véhicules diesel seront interdits en 2026) et plus de gaz naturel dans les appartements.

Cet objectif 2030 avait été annoncé en novembre dernier en conseil municipal. Il fait suite à la « déclaration d’état urgence climatique » de mars 2021 et la présentation du plan d’investissement du mandat de 1,25 milliards d’euros placé sous le signe de la « transition écologique ».

Lyon part de loin pour être une « ville climatiquement neutre » en 2030

Pour lancer cette démarche, la Ville de Lyon va donc déposer fin janvier sa candidature pour devenir une des 100 villes européennes « climatiquement neutres ». Ce programme s’inscrit dans le cadre du Green New Deal de l’Union européenne qui a fixé un objectif de réduction d’au moins 55% des gaz à effet de serre d’ici 2030.
Les villes retenues seront considérées par la Commission comme pouvant aller au-delà de cette objectif « Fit for 55 ».

La Ville de Lyon part de loin. La collectivité produit 150 000 tonnes d’équivalent CO2 mais le territoire de Lyon intra muros produit 5 millions de tonnes de CO2 (essentiellement en déplacements, en chauffage mais aussi en biens importés), soit environ 10 tonnes par habitant.

Ce rapprochement entre le point de départ et la ligne d’arrivée montre le niveau d’ambition. Qui plus est, la réduction doit être réalisée en huit ans seulement.

Si Lyon est retenue par la Commission européenne, la Ville bénéficiera de financements sur projet – « mais ce ne sera pas le jackpot », prévient le maire – et d’outils pour aider à la gouvernance de la démarche.

Si la candidature de Lyon n’est pas retenue, Grégory Doucet a prévenu que « la démarche vaudra quelle que soit la position dans le classement ». En clair : pour l’exécutif écolo lyonnais, cette candidature vaut engagement : « neutralité carbone » en 2030.

Pour atteindre la neutralité carbone, la Ville de Lyon doit compter sur les « partenaires »

En creux, ce programme met en lumière toute la difficulté d’une démarche portée par une collectivité, surtout dans un pays très centralisé et présentant toujours un millefeuille administratif. Comment atteindre la neutralité carbone alors même que l’Etat ne respecte pas l’Accord de Paris ? Comment, par exemple, développer le fret ferroviaire ou le RER à la lyonnaise, alors que la compétence ferroviaire est partagée par l’Etat et la Région ?

La Ville peut compter sur la Métropole de Lyon, avec un président du même bord politique que le maire. Mais les futures échéances peuvent rebattre ces cartes, notamment en 2026 lors des prochaines élections locales (municipales et métropolitaines).

Pour le moment, la neutralité carbone n’est visée qu’en 2050 par la Métropole. Son vice-président délégué au climat, Philippe Guelpa-Bonaro, a décrit les contours d’une répartition des rôles entre les deux collectivités, selon le dernier Plan climat adopté avant les élections de 2020 :

« Lyon va aller plus loin. Du côté de la Métropole, nous allons réécrire le Plan climat air énergie pour accélérer et tendre vers la neutralité carbone. Mais ce ne sera pas 2030. »

La municipalité lyonnaise est donc cheffe de projet. La réussite de cet objectif va résider dans sa capacité à entraîner les « partenaires » publics ou privés sur lesquels elle a peu ou pas de prise.

L’écologiste Grégory Doucet se montre toujours optimiste, même s’il estime qu’il faudra que le « gouvernement fasse sa part du job ».
Sans surprise, il estime que son propre « job » de maire serait facilité si Yannick Jadot plutôt qu’Emmanuel Macron ou un·e autre candidat·e est élu·e en avril 2022.

Même dans le cas d’un gouvernement français d’une couleur politique différente de la sienne, le maire de Lyon y croit. Il donne l’exemple du transport fluvial :

« Si on est labellisé par le programme européen et que Marseille l’est aussi, on pourra peser au niveau français, notamment pour développer le transport de marchandises sur le Rhône ».

Une Ville de Lyon isolée ou locomotive de la transition écologique ?

Les écologistes veulent-ils aller trop vite ? Y aura-t-il des blocages des habitants ou des navetteurs qui viennent quotidiennement travailler à Lyon avec leur voiture ?

Le maire de Lyon, comme son adjoint à la transition écologique, le répètent déjà depuis leur campagne électorale qui leur a permis de gagner en 2020 :

« C’est le réchauffement climatique qui va vite. On a lu les rapports du Giec, il nous reste 10 ans pour agir ».

Sylvain Godinot poursuit :

« La Région, comme la Métropole aujourd’hui, se fixe 2050 comme objectif pour la neutralité carbone. Ce n’est pas un horizon humain pour se projeter. Les villes riches, comme Lyon, doivent être capables de partir avant. Ce sont elles qui vont ouvrir les marchés et contribuer au changement de mentalité nécessaire ».

Même si de nombreuses compétences sont ailleurs, notamment à la Métropole, l’adjoint à la transition écologique croit en « la capacité d’entraînement citoyen » de la Ville.

Outre l’« acceptabilité sociale » de mesures contraignantes prises rapidement, l’autre écueil est que Lyon devienne une sorte d’îlot au milieu d’un territoire encore très carboné.

Le vice-président de la Métropole, Philippe Guelpa-Bonaro, balaie l’éventualité pourtant concrète d’un isolement :

« La Ville de Lyon rayonne à l’échelle locale, nationale et mondiale ».

Il met en avant le rôle de « locomotive pour les autres villes de l’agglomération et d’ailleurs ».

Climat Lyon neutralité carbone 100 Villes climatiquement neutres
Le maire de Lyon Grégory Doucet (à gauche) et son adjoint à la transition écologique Sylvain Godinot lors du lancement de la candidature au programme « 100 Villes climatiquement neutres » le 18 janvier 2022.Photo : LB/Rue89Lyon

Pour atteindre l’objectif « neutralité carbone » à Lyon, un « gigantesque travail d’équipe » à mener

Comme l’a lui-même souligné le maire de Lyon, « le défi est gigantesque ». D’autant plus qu’il doit être relevé non seulement par la collectivité mais aussi par les personnes qui habitent, travaillent ou font du tourisme à Lyon.

Dans sa communication sur le dépôt de candidature, la Ville de Lyon a lourdement insisté sur cette « ville qui fédère » et a invité sous les ors des salons de la mairie les représentants des 70 premiers partenaires. Et encore, Covid oblige, le raout pour lancer cette candidature qui s’est déroulé le mardi 18 janvier à l’hôtel de ville s’est limité à un comité restreint et à quelques prises de parole.

Pour montrer sa capacité à embarquer une majorité d’acteurs du territoire dans cet objectif « neutralité carbone » – qui est au cœur de l’évaluation de la candidature -, la municipalité a mis en avant des acteurs de tous horizons. Pas seulement les associations écolos mais aussi les institutions patronales comme la CCI ou des grosses entreprises comme Bouygues bâtiment, Vinci Immobilier, GrDF, Arkea banque ou encore Boehringer Ingelheim.

Si la candidature de Lyon est retenue, devront se tenir au printemps des ateliers participatifs avec, au moins, tout ce monde pour élaborer un « Climate city contact ». Chaque partenaire devra alors s’engager à renforcer ses actions pour atteindre l’objectif 2030.

Grégory Doucet, particulièrement optimiste, l’a martelé :

« Je ne crois pas aux incantations mais au travail d’équipe ».

« On va trouver des points de convergence, c’est une question de méthode »

Ce sont bien les lendemains de cette candidature – retenue ou pas – au programme « ville climatiquement neutre » qui s’annoncent compliqués.

Rencontré par Rue89Lyon en marge de la soirée de lancement, le président de la CCI de Lyon, n’est pas tout à fait sur la même ligne que l’exécutif écologiste.

Interrogé sur l’objectif « zéro énergie fossile » prôné par la mairie pour atteindre la neutralité carbone, Philippe Valentin ne s’est pas montré franchement enthousiaste :

« Il ne faut pas préjuger des solutions qu’on pourra apporter. Elles vont venir, notamment pour le dernier kilomètre. On va trouver des points de convergence. C’est une question de méthode. »

Dans cette candidature pour faire partie des « climate neutral and smart cities » – expression exacte du programme -, il préfère retenir l’expression « ville intelligente » que « ville climatiquement neutre » ou « zéro carbone », mises en avant par les élus écologistes.

Le représentant des patrons lyonnais a conclu en insistant sur sa volonté de « participer de manière collaborative, avec une approche pragmatique » :

« On veut être au rendez-vous ».

Lors de ces rendez-vous, il faudra en effet beaucoup de dialogue et de méthode pour rapprocher des points de vue toujours très divergents.

Au lycée Doisneau de Vaulx-en-Velin : « Nos élèves n’ont pas confiance dans l’avenir »

Au lycée Doisneau de Vaulx-en-Velin : « Nos élèves n’ont pas confiance dans l’avenir »

Blocus des élèves, grève des profs : le lycée général et technologique Robert Doisneau, à Vaulx-en-Velin, bouillonne. Désorganisation, manque de personnel, réforme du bac… Le Covid est venu aggraver une situation déjà jugée préoccupante. Deux profs témoignent.

Le 6 janvier dernier, les élèves du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin avaient organisé un blocus pour protester contre la réforme du bac jugée inégalitaire. Un sentiment renforcé par les conditions sanitaires et le nouveau protocole porté le ministre de l’Education.

Quelques jours plus tard, les enseignants ont participé à la grève très suivie du jeudi 13 janvier. Au lycée Robert Doisneau, 30 enseignants sur 80 personnels éducatifs se sont déclarés grévistes. Un chiffre qui témoigne d’un ras-le-bol général, tant au sujet du protocole sanitaire que des conditions de travail.

Le lycée Robert Doisneau, situé au centre-ville de Vaulx-en-Velin, accueille 800 élèves.

Bruno Dupont y est professeur de physique chimie depuis 7 ans, Nicolas Kemoun professeur de sciences économiques et sociales depuis 4. Il est aussi délégué syndical pour SUD éducation. Ils témoignent.

« A cause du Covid, la plupart des élèves n’intègrent que la moitié des leçons »

Rue89Lyon : Quelles sont les difficultés auxquelles votre établissement doit faire face depuis cette rentrée de janvier ?

Nicolas Kemoun : « On pourrait croire que la vague de contaminations de Covid-19 est la principale difficulté, mais je pense qu’elle vient seulement révéler et intensifier les problèmes qui existaient déjà en décembre. Néanmoins, c’est sûr qu’à cause de la crise sanitaire, depuis début janvier on n’a jamais plus de 12 élèves par classe, au lieu de 21 comme d’ordinaire. Tous les jours c’est 200 à 300 élèves sur les 800 qui manquent à l’appel parce qu’ils ont le Covid ou sont cas contact. Ça nous demande de travailler beaucoup en-dehors, pour tenter de faire rattraper les cours aux élèves qui ont manqué. La plupart n’intègrent que la moitié des leçons. »

Bruno Dupont : « Il y a un sentiment d’impréparation qui domine. Le protocole change tout le temps et n’est pas du tout adapté aux capacités des écoles, ou même encore des pharmacies pour effectuer les tests. Nos AED [assistants d’éducation, ndlr] passent leurs journées à tracer les élèves malades et appeler les parents pour les prévenir. Ce n’est pas leur travail et pendant ce temps là, les élèves ne sont pas accompagnés. »

Nicolas Kemoun : « 80 % de nos élèves viennent de catégories sociales dites défavorisées. Ils ont besoin de bénéficier d’un vrai suivi pédagogique. Pourtant, on a reçu aucun moyen supplémentaire depuis le début de la crise du Covid-19. »

« On laisse tomber les élèves qui ont besoin de plus de temps pour apprendre »

Rue89Lyon : Vous dites que le Covid agit comme un facteur aggravant de la situation. Quelles sont les problèmes les plus importants au lycée ?

Nicolas Kemoun : « Avant l’explosion des cas de Covid-19, nous étions déjà dans une situation préoccupante. Avec la réforme du lycée, le bac est en mars, donc dans seulement quelques semaines. Les élèves sont loin d’être prêts et aucun de nous ne s’imagine avoir fini le programme pour cette échéance. »

Bruno Dupont : « J’ai l’impression qu’on m’empêche de faire correctement mon travail. Les élèves se sont bien rendus compte que soit on fait le maximum du programme à toute allure, soit on travaille bien mais on fait une impasse sur la moitié du programme. C’est une situation très stressante pour eux. »

Nicolas Kemoun : « En sciences économiques, les terminales doivent connaître sept chapitres pour le bac, pour l’instant j’en ai fait quatre. J’ai quatre semaines pour faire les trois restants. De plus, les élèves n’ont pour l’instant pas pu s’entraîner à faire des devoirs sur table de quatre heures car du fait de la réforme, mes groupes viennent de plus de trois classes différentes et c’est presque impossible à coordonner. »

Bruno Dupont : « On leur fait passer le bac à la moitié du deuxième semestre, alors que souvent, c’est à cette période que les élèves qui ont un peu plus en difficultés ont un « déclic », qu’ils commencent à s’approprier vraiment les connaissances et à faire des connexions.
On n’a pas le temps de poser la réflexion. Le gouvernement a avancé le bac à mars pour avoir des notes à mettre sur Parcours Sup mais elles ne seront pas conformes au véritable potentiel des élèves. C’est juste une manière de laisser tomber encore plus clairement ceux qui ont besoin d’un peu plus de temps pour comprendre les cours. »

Nicolas Kemoun : « Sans compter qu’ils n’auront pas de semaine de révision, comme c’est traditionnellement le cas. On sent les jeunes fatigués, stressés et découragés. Les élèves qui ont des facilités vont s’en sortir, mais pour les autres, ce sera vraiment compliqué. Sans compter que derrière, on va devoir donner quatre mois de cours à des élèves qui ne seront plus notés sur rien. Ils restent des adolescents, ça va être difficile de les mobiliser. »

Le lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin.
L’entrée du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin.Photo : DR

« Au lycée, on n’a plus d’assistante sociale depuis plus d’un mois »

Rue89Lyon : Avez-vous le sentiment que l’équipe pédagogique est de taille pour faire face à ce stress ressenti par les élèves ?

Nicolas Kemoun : « Il aurait déjà fallu qu’on ait une infirmière au début de l’année scolaire. On a mis deux mois à nous en trouver une. Outre le fait que c’était très préoccupant dans le contexte de la crise sanitaire, l’infirmière scolaire joue un rôle clé dans la relation avec les élèves, particulièrement face à une population qui n’a pas toujours accès au soin. Elle a un contact particulier avec les lycéens et donne souvent l’alerte quand il y a des situations préoccupantes à la maison. »

Bruno Dupont : « Maintenant, on n’a plus d’assistante sociale depuis plus d’un mois. Le rectorat nous envoie une assistante sociale un jour par semaine. C’est très nettement insuffisant. On a des situations graves à gérer : un lycéen a perdu son seul parent dans les dernières semaines par exemple. Il n’a plus d’endroit où vivre, si on avait encore une assistante sociale on pourrait vraiment l’épauler. Là, on doit attendre une semaine à chaque fois pour lui apporter un semblant d’aide. »

Nicolas Kemoun : « On se retrouve ainsi à faire le travail de l’assistante sociale. On a une collègue qui a découvert une situation très compliquée pour une élève, qui lui a confié être victime de violences intrafamiliales. Elle l’a aidée comme elle a pu, mais ça a mis plus de temps que si une personne dont c’est le métier avait pris les choses en main. »

« À Vaulx-en-Velin, nos élèves se sentent vraiment mal, ils sont anxieux »

Rue89Lyon : Comment envisagez-vous la suite de l’année scolaire ?

Nicolas Kemoun : « On se mobilise pour obtenir des avancées. On travaille dans des conditions dégradées qui révèlent un sous-investissement du gouvernement dans les services publics. Que ce soit l’éducation où la santé, c’est la même chose au final. »

Bruno Dupont : « Nos élèves se sentent vraiment mal, ils sont vraiment anxieux, ça se sent. Ils posent tout le temps des questions comme « Comment on fait si on a le Covid le jour d’une épreuve du bac ? », ils n’ont pas du tout confiance dans l’avenir et ce n’est pas tenable. »

Nicolas Kemoun : « On espère le report des épreuves du bac. Jean-Michel Blanquer a abordé son éventualité, mais on craint qu’il l’annonce encore au dernier moment. C’est détestable car pendant le temps où il tergiverse, on continue de mal enseigner mal à toute allure. »

Offre spéciale abonné·es : gagnez des places pour le film « En Guerre » de Stéphane Brizé

Offre spéciale abonné·es : gagnez des places pour le film « En Guerre » de Stéphane Brizé

Nous vous proposons de gagner des places pour assister à la séance spéciale de « En guerre » (2018) de Stéphane Brizé samedi 22 janvier à 15h à l’Institut Lumière.

Cette séance, présentée par Thierry Frémeaux, se tient dans le cadre de l’événement « Place de la République ».

Synopsis :

Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

Pour participer au tirage au sort, il faut être abonné.e à Rue89Lyon et envoyer un mail à hello@rue89lyon.fr en indiquant votre adresse postale.

Vous n’êtes pas encore abonné ? Alors rendez-vous par ici !

L’invitation à Stéphane Brizé » est à découvrir du 22 janvier au 1er mars. Le réalisateur sera présent le 8 février à 20h30 pour présenter en avant-première son prochain film « Un autre monde  » à l’Institut Lumière.

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« Azimuts », trois théâtres à Lyon s’associent pour un festival de pépites

« Azimuts », trois théâtres à Lyon s’associent pour un festival de pépites

Les Subsistances, le théâtre de l’Élysée et celui du Point du Jour s’associent pour le festival « Azimuts » : une programmation audacieuse qui fait la part belle aux nouveaux formats.

Aux Subs, Marion Thomas propose un « Kit de survie en milieu masculiniste« . Projet clair s’il en est : au cours d’une balade urbaine sonore, le spectateur et la spectatrice sont invité·es à choisir jusqu’où aller pour pénétrer l’univers des “incels” ou “involuntary celibates”, une communauté d’hommes pratiquant peu ou pas la relation sexuelle et réunis autour de leur haine des femmes.

Même lieu horaire suivant, la troupe d’Isabelle Chladek, connue pour ses happenings dans l’espace public, prépare une performance queer.

“Azimuts”, un festival de théâtre dans trois lieux pendant trois jours. Photo : Mathieu Geser
“Azimuts”, un festival de théâtre dans trois lieux pendant trois jours. Photo : Mathieu Geser

Le Point du Jour avait pris pour (bonne) habitude de convier un·e journaliste et un·e artiste pour un dialogue théâtral autour de l’actualité.

Dans le cadre du festival, le théâtre invite cette fois la chroniqueuse Giulia Foïs à répondre, aux côté de son artiste associé Etienne Gaudillière, à la question suivante, qui relève le défi d’être à la fois embarrassante, relativement ironique et parlante :

« Tu es comédien·ne, tu as 30 ans, tu rêves de faire du cinéma, tu galères un peu, et un jour, tu reçois une proposition pour le rôle de tes rêves. Le réalisateur, c’est Roman Polanski. Tu fais quoi ? ».

Ce dialogue “Grand ReporTERRE” et les trois représentations sont prévues dans le cadre d’Azimuts.

Du vendredi 21 au dimanche 23 janvier. Informations et réservations via les sites des trois théâtres, Les SubsistancesThéâtre de l’ÉlyséeLe Point du Jour.

Lyon 7e : faut-il éviter le collège Clemenceau à la Guillotière ?

Lyon 7e : faut-il éviter le collège Clemenceau à la Guillotière ?

Dans le 7e arrondissement de Lyon, le collège Georges Clemenceau traîne une «mauvaise réputation» de longue date. C’est ce qui ressort chez de nombreux parents d’élève. Certains ont décidé d’y inscrire quand même leur enfant, faisant fi de ce constat finalement fondé sur peu de choses. Qu’en pensent-ils, une fois la rentrée et quelques mois passés dans le collège ?

Depuis de longues années, la Guillotière, dans le 7e arrondissement, traîne une réputation de quartier particulièrement malfamé. Aujourd’hui, les problèmes de la place Gabriel-Péri (nuisances du marché à la sauvette et des vendeurs de cigarettes, densité de la foule qui s’agglutine à la sortie du métro…) attirent même l’attention des médias nationaux et des politiques qui en ont profité pour se positionner sur la question récurrente de l’insécurité, à quelques mois de la présidentielle.

Il semble que cette mauvaise image du quartier, la Guillotière, se soit transmise au collège public du secteur.

Le collège Georges Clemenceau est un imposant bâtiment au croisement des rues de l’Université et du capitaine Cluzan. Il accueillait jusqu’à cette année un millier d’élèves. L’établissement scolaire traîne depuis des années une réputation qui pousse certains parents à tenter de l’éviter à tout prix, en contournant la carte scolaire ou en inscrivant leurs enfants dans le privé.

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Un spectacle sur les technologies mais sans elles, au TNG à Lyon

Un spectacle sur les technologies mais sans elles, au TNG à Lyon

Au Théâtre Nouvelle Génération (Lyon 9è), l’année démarre en fanfare avec le spectacle « Ersatz » par le collectif AÏE AÏE AÏE. Une invitation à questionner le rapport des hommes à la technologie.

« Comment parler technologie, sans technologie. Grâce au super-pouvoir évocateur des objets, grâce à la manipulation et au détournement. Et puis il suffit de ne pas en utiliser, des technologies. Comme ça on est obligé de faire sans. »

Avec ce ton qui lui est propre, une espèce de détachement concerné, Julien Mellano et son collectif AÏE AÏE AÏE, proposent au Théâtre Nouvelle Génération la pièce “Ersatz”.

Un spectacle qui questionne le règne de la cybernétique

Une réalité augmentée, rien qu’avec des objets, pour mieux remettre en question le règne de la cybernétique ainsi que de l’intelligence artificielle. Le collectif AÏE AÏE AÏE invente une performance qui invite à repenser notre évolution en regardant vers son origine. Un moment unique et drôle pour s’approprier avec un peu plus de sérénité la trajectoire des hommes, qui sans cesse s’accélère.

Metteur en scène et plasticien, Julien Mellano aborde diverses questions artistiques et philosophiques en les nichant -pourquoi pas- dans un bout de laine et quelques morceaux de carton, pour produire ce que l’on aime appeler du “théâtre d’objet”.

Mardi 18, mercredi 19 et jeudi 20 janvier au TNG. Toutes les infos sur le site du théâtre.

A Lyon 8e, quartier États-Unis : « On ne peut plus boire l’eau du robinet ! »

A Lyon 8e, quartier États-Unis : « On ne peut plus boire l’eau du robinet ! »

Dans le 8e arrondissement de Lyon, les habitants du quartier des États-Unis vivent dans des barres d’immeubles de Grand Lyon Habitat, usées, vétustes et délaissées. Nous avons recueilli leurs témoignages.

De la plomberie défaillante et rouillée, des caves sales et condamnées, des espaces communs jonchés de déchets, des câbles électriques qui sortent des murs, des cafards et des punaises de lit… Bienvenue dans cet immeuble du quartier des États-Unis, dans le 8e arrondissement de Lyon.

Ce secteur doit son nom aux imposantes barres d’immeubles grises qui quadrillent toute la zone allant à partir de l’ouest de l’avenue Francis de Pressensé (limitrophe de Vénissieux), à l’avenue Paul Santy, à l’est, entre les arrêts du tramway T4 Lycée Lumière et Viviani.

Les habitant·es de ce quartier sont à bout de nerf, et voudraient faire connaître leurs conditions de vie, dans les barres d’immeubles qui s’alignent le long du boulevard des États-Unis et des rues adjacentes. La grande majorité d’entre ces barres est la propriété du plus gros bailleur social du quartier, Grand Lyon Habitat.

En mars 2021, des voisins du 8e arrondissement ont même créé un comité pour épauler les habitant.es dans leur bras de fer avec leur bailleur.

Barre d'immeuble Grand Lyon Habitat dans le quartier des Etats-Unis, à Lyon 8ème.
Barre d’immeuble Grand Lyon Habitat dans le quartier des États-Unis, à Lyon 8ème.Photo : OM/Rue89Lyon

« Depuis 2018, on ne peut plus boire l’eau du robinet »

Dans le quartier des États-Unis, la vétusté des barres d’immeubles saute aux yeux. Des blocs grisâtres et ébréchés construits dans les années 60 s’alignent au garde-à-vous le long du boulevard, à peine réchauffés par les cris et les rires des enfants des nombreuses familles qui y habitent.

La quasi-totalité de ces constructions appartient au bailleur social Grand Lyon Habitat, soit 4900 logements au total sur le seul quartier des États-Unis, détaille le bailleur, surnommé « GLH » par les initiés.

A 43 ans, Stéphane habite dans l’une de ces barres, non loin de la place du 8 mai 1945, depuis plus de 20 ans. Pas une année n’a passé sans qu’il y ait un souci dans l’immeuble.

« Depuis 2018, on ne peut plus boire l’eau du robinet », explique-t-il en montrant le liquide marron qui coule dans son lavabo.

Au sous-sol, la colonne d’eau, usée, fuit dans les garages. Quant à la chaudière, elle a des loupés chaque année.

A côté, rue Ludovic Arrachart, une longue barre d’immeuble surplombe la place du 8 mai 1945. La plomberie y est si vétuste qu’un morceau de la colonne d’eau est tombé, grignoté par la rouille.

Chez Stéphane, locataire dans une des barres d'immeubles du quartier des États-Unis, propriété de Grand Lyon Habitat, l'eau du robinet est marron depuis 2018. DR
Chez Stéphane, qui habite dans une barre d’immeuble du quartier des États-Unis, propriété de Grand Lyon Habitat, l’eau du robinet est marron depuis trois ans. DR

De son côté, Grand Lyon Habitat assure n’avoir reçu aucune réclamation au sujet des problèmes de plomberie et propose aux locataires de « se faire connaître en signalant ce problème auprès de la ligne directe des locataires ». Le bailleur social reconnaît :

« Certaines canalisations peuvent être anciennes. Des interventions ont lieu à la demande des locataires en attendant des actions de rénovation plus globale. A ce jour, toutes les réclamations concernant ce problème d’étanchéité dans les garages ont été traitées. »

Quant aux espaces verts communs, derrière ce rectangle de logements, ils sont jonchés de déchets. A quelques mètres des jeux pour enfants, des fils électriques sous tension pendent depuis un lampadaire lui aussi très abîmé.

Grand Lyon Habitat assure pourtant que des opérations de nettoyage sont effectuées deux à trois fois par semaine, selon les sites :

« Les espaces verts communs sont effectivement régulièrement jonchés de détritus et notamment le week-end, admet le bailleur social. Les équipes sont formées pour être très attentives aux déchets et salissures et n’hésitent pas à sensibiliser bon nombre de locataires, qui, pour la majorité d’entre eux, ne semblent pas concernés par cette problématique. »

Un « comité populaire d’entraide et de solidarité » à Lyon 8e États-Unis

Comme d’autres locataires, Stéphane tente depuis plusieurs années de faire remonter ces divers problèmes. Il ne compte plus les fois où il s’est rendu à l’agence de Grand Lyon Habitat, dans le quartier.

« Quoi qu’on demande, c’est non, soupire-t-il. A chaque fois qu’on demande à parler à un responsable, ils ne veulent pas. On a l’impression d’être des pestiférés. »

Lassé d’attendre des solutions qui ne viennent pas, Stéphane a décidé d’agir. Depuis quelques temps, quand il se balade dans le quartier, il voit sur les murs des barres d’immeubles des nappes sur lesquelles brillent en rouge les slogans « GLH nous vole ! ». Ou « Grand Lyon Habitat nous vole ! ».

Elles sont l’œuvre du « comité populaire d’entraide et de solidarité » (CPES), dont faire partie Thibault, 22 ans, veste de survêtement et crâne rasé, qui habite également dans le coin.

Au printemps 2020, pendant le confinement, le jeune homme participait aux distributions de nourriture organisées à destination des habitant·es les plus précaires du quartier des États-Unis. Petit à petit, ces derniers se sont mis à évoquer les problèmes rencontrés avec leur bailleur social.

Les nappes du CPES collées au pied des immeubles de Grand Lyon Habitat dans le quartier des États-Unis.
Les nappes du CPES collées au pied des immeubles de Grand Lyon Habitat dans le quartier des États-Unis. DR

« S’il y avait ces problèmes place Bellecour, ce serait déjà réglé ! »

Un an et trois confinements plus tard, en mars 2021, Thibault et d’autres habitant·es du coin décident de fonder le CPES, qui compte actuellement un noyau dur d’une quinzaine de personnes du 8e arrondissement de Lyon, ainsi que des dizaines de sympathisants.

« L’idée, c’était de partir des problèmes concrets des gens dans le quartier et de s’organiser, explique le jeune homme. Il y a plein d’habitants qui nous ont dit qu’ils ne savaient pas à qui s’adresser. On veut établir un rapport de force, être un outil dont les habitants puissent se saisir et par lequel ils puissent s’informer. »

Deux réunions publiques sont organisées par le CPES dans l’été. Elles rassemblent chacune une cinquantaine de personnes, venues faire part de leurs problèmes de logement dans le quartier des États-Unis.

« S’il y avait ces problèmes place Bellecour, ce serait réglé bien plus rapidement qu’ici ! » s’exaspère Thibault.

Des cafards et des punaises de lit

Boulevard des États-Unis, plusieurs petits blocs d’immeubles s’enroulent autour de pelouses défraîchis entre les arrêts de tram Professeur Beauvisage et Viviani. A l’intérieur, les bâtiments ne sont guère en meilleur état.

Deux locataires montrent un enchevêtrement de vieux câbles électriques sous la gaine de ventilation, au-dessus de leur porte d’entrée. Dans la cuisine, la prise du four est inaccessible à cause des tuyaux de chauffage qui passent devant. Les deux locataires doivent en outre partager leur appartement avec un troupeau de cafards.

Dans une barre d’immeuble de la rue du professeur Tavernier, non loin de là, les locataires sont aux prises avec des punaises de lit, ces nuisibles particulièrement envahissants et coriaces.

Là aussi, Grand Lyon Habitat assure être sur le coup :

« Nous menons des actions de grande envergure sur l’ensemble immobilier situé  6/8/10/12 rue Professeur Tavernier (160 logements). Sur la seule allée du 8 Tavernier, qui était la plus infestée, plus de 43 000 € ont déjà été engagés pour venir à bout de ce fléau. »

Un mail, que Rue89Lyon a pu consulter, a été adressé le 10 août dernier pour faire remonter le problème à Grand Lyon Habitat. Mise à part une visite d’une société de désinsectisation fin juillet, les locataires n’ont pas eu de nouvelles depuis.

Les caves condamnées pour « occupations abusives » et « trafic organisé »

Dans plusieurs barres d’immeubles, les caves ont été tout simplement condamnées par Grand Lyon Habitat. Sans que cela ne se traduise par une diminution des charges locatives.

Pour les caves, Grand Lyon Habitat justifie sa décision de les condamner par l’existence de « réelles problématiques sécuritaires », notamment sur « les sites de Viviani, Million et Tony Garnier ». Le bailleur évoque également la nécessité de condamner l’ensemble des caves du 158 de la rue professeur Beauvisage, « du fait d’occupations abusives sévères et d’un véritable trafic organisé ».

« Cette fermeture était fortement attendue par les 18 locataires qui avaient fait parvenir une pétition à l’agence de proximité, précise Grand Lyon Habitat. Il s’agissait d’une mesure provisoire en réponse à une situation d’urgence. Il a été décidé par la suite d’engager une opération de résidentialisation sur ce groupe avec la mise en place de barrières en contrôle d’accès. »

Et de rappeler, en réponse à l’étonnement des locataires à ne pas voir leurs charges diminuer du moindre centime alors qu’ils ne peuvent plus utiliser leur cave :

« Il est à souligner qu’il n’y a pas de ligne de charges spécifiques à la location des caves. »

Barre d'immeuble Grand Lyon Habitat dans le quartier des Etats-Unis, à Lyon 8ème.
Barre d’immeuble Grand Lyon Habitat, rue professeur Beauvisage, dans le quartier des États-Unis, à Lyon 8ème.Photo : OM/Rue89Lyon

« C’est comme si on payait deux fois la télévision »

En avril 1993, l’office public d’HLM et le Câble Téléservices (Numéricable) signent un contrat « triple play social ». D’après Grand Lyon Habitat, celui-ci prévoit la fourniture aux habitant.es des HLM d’une ligne téléphonique, de la télévision et d’une ligne internet, pour 4 euros par mois qui sont reversés à Numéricable.

Stéphane est antenniste. Il connaît bien ces contrats passés auprès de Numéricable, puis de SFR lors que celui-ci rachète la société en 2014. Sur un appel de loyer de 1997, on voit une ligne intitulée « service antenne », facturée 14,21 francs, soit à peine plus de 2 euros.

« Depuis le rachat par SFR, les tarifs ont augmenté et sont passés de 2 euros par logement et par mois à 5 euros ! s’indigne Stéphane, une plaquette Numericable à la main. Où est passée la différence ? »

Au moment de changer d’opérateur, il s’est aperçu qu’il était toujours prélevé de ces 5 euros par mois.

« Actuellement, il n’y a que la télévision qui fonctionne et ils prennent 5 euros quand même. Si on est chez un autre opérateur, on doit payer l’abonnement en plus, explique-t-il. C’est comme si on payait deux fois la télévision. »

« Dans le cas où un locataire choisirait un autre fournisseur, il n’y aurait pas de changement », confirme Grand Lyon Habitat.

« Il n’y a aucune info là-dessus au moment de la signature du bail, proteste Stéphane. GLH vient de nous faire parvenir à tous les locataires un document où il est indiqué noir sur blanc que le service antenne câble est, je cite, « à un prix unique », chose naturellement fausse car, sur les mêmes patrimoines, par exemple dans le quartier des Etats-unis, les prix sont différents d’un immeuble à l’autre. Et sans raison : entre 4 euros et 5.50 euros, au lieu de 2 euros qui est le véritable tarif. »

« Est-il logique que Grand Lyon Habitat contribue à l’enrichissement du fonds d’investissement privé Altice ? »

Fort de son expérience d’antenniste, Stéphane trouve aberrant que de tels contrats subsistent aujourd’hui. Pour lui, c’est de l’argent jeté par les fenêtres, et des frais supplémentaires pour les locataires. Il a même fait le calcul.

A raison de 5 euros par mois, chaque logement dépense environ 60 euros par an pour le câble. Soit 294 000 euros par an pour le seul quartier des États-Unis, étant donné que Grand Lyon Habitat y possède 4900 logements. Or, ces contrats existent depuis plus de 20 ans, ce qui fait au total près de 6 millions d’euros qui ont déjà été reversés à SFR. Stéphane peste :

« Est-il logique qu’un bailleur social contribue à l’enrichissement du fonds d’investissement privé Altice, dont fait partie SFR ? Une antenne collective coûterait beaucoup moins chère ! »

Il n’est pas le seul à avoir fait remonter ce problème à Grand Lyon Habitat, qui a fini par en prendre bonne note et annonce que des paraboles et des antennes collectives sont installées petit à petit depuis 2019.

« Pour supprimer à terme tous les contrats, au plus tard en 2023, précise le bailleur social. L’arrêt du contrat du groupe Viviani, par exemple, est prévu en 2022. »

Lorsqu’une antenne collective a été installée dans l’immeuble de Stéphane, il a continué à être prélevé pendant six mois, malgré ses relances régulières.

« Il ne suffit pas de mettre un pansement tous les 50 ans »

Pour le reste, Grand Lyon Habitat parle d’un grand plan de réhabilitation du quartier qui devrait débuter d’ici 2023. Un élément brandi systématiquement auprès des locataires lorsqu’ils parviennent à avoir quelqu’un de Grand Lyon Habitat au bout du fil.

« Aujourd’hui, les besoins d’intervention sur le patrimoine sont nombreux, reconnaît le bailleur social. Des réhabilitations ou interventions sont programmées. C’est un total de 409 M€, qui seront investis entre 2020 et 2029, sur le patrimoine, dont, évidemment, une partie des résidences du quartier des États-Unis. »

Et en attendant ?

« Il ne suffit pas de mettre un pansement tous les 50 ans, grince Stéphane. On a un salaire, un loyer, on paie des charges. On veut des interlocuteurs et des réponses concrètes. »

Manageuse à Lyon  : « Les femmes se font décourager par une discrimination structurelle »

Manageuse à Lyon  : « Les femmes se font décourager par une discrimination structurelle »

L’Influx, le magazine de la Bibliothèque municipale de Lyon, a souhaité mettre à l’honneur des femmes du milieu de la musique lyonnais en publiant leurs portraits. Les interviews ont été réalisées dans le cadre de l’événement « À corps et à cris » qui avait été proposé par le réseau de la bibliothèque.

À travers cette série de portraits, Influx souhaite « contribuer à la visibilité de leur parcours, de leurs réalisations et montrer la multiplicité des métiers qu’ils occupent ».

Suite aux portrait de Sophie Broyer, Flore et Marion Bondaz, celui ci sera consacré à Lyne Robert. Trésorière de la FDMA (Fédération des Développeurs et Managers d’Artistes), Lyne est manageuse du duo folk « Yannick Owen ». Elle accompagne également le groupe de rock français Nadejda dans leur développement depuis plusieurs années.

« Pour faire mon métier de manageuse, ça a été un long combat et ce n’est pas fini »

Quel est votre parcours, comment vous a-t-il menée jusqu’au métier que vous faites aujourd’hui ?

J’ai fait des études de psychologie du travail. […] En 2017 je crois, quand j’en ai eu marre de ne pas changer le monde en étant psychologue du travail, la structure Jaspir Prod basée dans le Nord Isère cherchait un chargé de diffusion, c’est à dire quelqu’un pour vendre des spectacles. J’ai reçu des encouragements de plusieurs de mes proches, dont certains qui bossaient dans le secteur.

J’ai tenté le coup. Et du jour au lendemain je n’étais plus psychologue du travail mais chargée de diffusion. Avec des artistes qui attendaient de moi que je leur trouve des dates de concert. Ensuite, ça a été un long combat, et ce n’est pas fini. Pour monter en compétences, trouver le rôle et les partenaires qui me convenaient.

J’ai donc fait un an et demi chez Jaspir Prod. La structure m’a permis de mettre le pied à l’étrier. La suite, je l’ai complètement façonnée (après une bonne année de doute) pour arriver à la façon dont je travaille aujourd’hui. J’ai beaucoup appris avec l’équipe de la SMAC des Abattoirs, sans qui je ne serais probablement pas en train de vous raconter ça aujourd’hui. Ils m’ont permis de continuer à me former, et j’y ai rencontré de futurs collaborateurs.

« Manageuse, c’est un rôle subtil car je ne décide rien pour les artistes. Mais je ne dois pas les laisser seuls face à leurs décisions »

Pouvez-vous décrire votre métier ?

Je peux essayer ! Mais déjà il faut préciser que j’ai plusieurs casquettes . Je fais de la vente de spectacles, comme je le faisais lorsque j’étais chez Jaspir Prod. Ce métier consiste à repérer parmi les organisateurs de concerts ceux qui sont susceptibles de s’intéresser aux artistes avec qui tu travailles. […] Et c’est là qu’on rejoint le côté « conseil et management ». Car ce qui va intéresser ces personnes qu’on appelle les programmateurs, c’est un artiste qui a une bonne stratégie. Qui a une communication attrayante, de belles vidéos, une identité visuelle, mais aussi des relais dans les médias, une présence sur les plateformes de streaming…

Donc la vente de spectacles c’est une finalité mais il y a une réalité derrière qui est bien plus large. Soit l’artiste gère cette réalité en autonomie, soit il a un manager. Moi j’ai pris l’habitude de m’investir beaucoup sur cette partie là. D’abord avec Nadejda que j’accompagne depuis plusieurs années. Et avec Yannick Owen qui est un duo de pop/folk originaire de l’Ain pour qui j’ai eu un énorme coup de cœur et dont je suis devenue l’heureuse manageuse.

Concrètement, les artistes (Lilie et Yannick dans ce projet) apportent la matière musicale, leurs personnalités, leur talent. Moi je cale avec eux les objectifs de travail, les étapes du planning, et je fais du suivi. […] C’est moi qui remue ciel et terre jusqu’à leur apporter une réponse quand ils ont un problème. C’est un rôle un peu subtil car je ne décide rien pour eux. Mais je me dois de ne pas les laisser seuls face à leurs décisions.

La Halle Tony Garnier à Lyon. crédit Romain Chevalier/Rue89Lyon
La Halle Tony Garnier à Lyon. crédit Romain Chevalier/Rue89Lyon

« Ma vie s’est cristallisée autour de ce monde-là »

La musique était-elle une passion avant de rentrer dans le monde musical ?

[…] À 17 ans, je faisais les vendanges avec une copine dans le Beaujolais. Et un soir on est passées devant une gare, où il y avait une affiche qui disait que Muse  jouait à la Halle Tony Garnier le lendemain.

On s’est enfuies des vendanges pendant la nuit, pour aller là-bas. Je me marre encore quand j’y repense, on a fait nos valises et on s’est tirées sur la pointe des pieds en pleine nuit, pour aller voir Muse le lendemain. C’était trop cool. J’ai commencé à être addict aux concerts à partir de là.

Au début je faisais surtout des gros concerts. Puis j’ai découvert les petites salles, les cafés concerts. Et ma vie s’est cristallisée autour de ce monde-là.

« Alors que les femmes sont nombreuses et efficaces, elles ne passent pas à l’échelon supérieur »

Le constat sur la place des femmes dans la musique est assez net : en 2019, 14% seulement d’artistes femmes étaient programmées. Selon vous, est-ce qu’il y a un enjeu à avoir davantage de parité au sein des labels, que ce soit en terme d’artistes représentées, que de postes décisionnels occupés par des femmes ? S’il y avait plus de femmes dans les labels est-ce que ça concourrait à une plus grande visibilité des projets artistiques menés par des femmes ?

Tout d’abord, il y a peu d’artistes féminines sur les scènes, et il y a également peu d’artistes féminines dans les locaux de répétition. Déjà dans l’accès à cette pratique, qu’elle soit amateure ou professionnelle, on remarque de grosses inégalités.

J’ai écouté un excellent podcast d’une table ronde organisée par PRESAGE, un programme de recherche sur le genre de Sciences Po, où une intervenante disait qu’en 2018, il y avait 17 % de femmes seulement parmi les sociétaires de la SACEM.

A tous les niveaux, et par une discrimination structurelle et omniprésente, les femmes se font décourager dans ce secteur. Et il y a de quoi se décourager quand on se lance en tant qu’artiste, déjà. Mais il y a encore plus de barrières à franchir pour les femmes.

Le Syndicat national des artistes musiciens a réalisé une enquête en 2019 auprès de 328 musiciennes qui dépeint ces réalités-là. On trouve des exemples récurrents de chantage sexuel à l’embauche, des discriminations liées au physique. Sans parler d’un sexisme quotidien, ordinaire car banalisé, qui revient sous des messages dévalorisants.

De plus, comme vous l’évoquez, les postes à responsabilités dans l’industrie musicale sont occupés majoritairement par des hommes. Ce qui impacte les visions, les choix, les croyances.

Ainsi, dans le podcast que je citais, il y a une personne d’Universal Music France, une femme, qui est la seule directrice de label à l’époque (2019). Elle y explique qu’il n’y a aucune femme parmi les directeurs artistiques et très peu de femmes aux postes de direction marketing, et par contre un nombre important de femmes sur le poste de cheffe de projet qui est hiérarchiquement celui d’en dessous.

Alors que les femmes y sont nombreuses, très efficaces, elles ne passent pas à l’échelon supérieur. Comme s’il y avait le fameux plafond de verre qui limite l’accès à davantage de leadership.

[…] Lire la suite sur le site de l’Influx.

2ème pic de pollution de l’hiver à Lyon : revoilà la circulation différenciée

2ème pic de pollution de l’hiver à Lyon : revoilà la circulation différenciée

Cet hiver, c’est le 2ème pic de pollution aux particules fines à Lyon et dans le Nord Isère. Le préfet du Rhône a mis en place la circulation différenciée à partir de samedi 15 janvier à 5h du matin.

[Mise à jour le 17 janvier à 15h30 : « Compte tenu de l’amélioration de la qualité de l’air dans le bassin lyonnais-nord Isère », le préfet a levé ce lundi en début d’après-midi les mesures mises en place, principalement la circulation différenciée.]

Année après année, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Les températures ont chuté dans la région. Conséquence : un pic de pollution aux particules fines touche Lyon et le Nord Isère depuis ce jeudi 13 janvier. Et il est parti pour durer.

L’arrêté préfectoral est tombé ce vendredi pour une mise en place le jour même à 17h. Seuls les véhicules affichant un certificat qualité de l’air (vignette Crit’Air de classe « zéro émission moteur » ou de classe 1, 2 ou 3) seront autorisés à circuler dans le périmètre de la ZFE (Lyon, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire – lire le détail de la zone concernée ici).

De plus, la vitesse autorisée est baissée de 20 km/h sur tous les axes routiers du département où la vitesse limite autorisée est normalement supérieure ou égale à 90 km/h. Les axes dont la vitesse est limitée à 80 km/h sont limités à 70 km/h.

Capture d’écran site Atmo Auvergne Rhône-Alpes illustrant la pollution atmosphérique à Lyon et dans la région le 14 janvier 2022.
Capture d’écran du site Atmo Auvergne-Rhône-Alpes le 14 janvier 2022.

Un pic de pollution à Lyon principalement causé par le chauffage non-performant

Selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’organisme en charge de la qualité de l’air dans la région

« [C’est] à cause des conditions météorologiques stables, propices à l’accumulation des polluants et une forte baisse des températures, favorable aux émissions dues au chauffage que l’on constate un pic de pollution. »

Les prévisions n’envisagent pas d’amélioration de la qualité de l’air dans les deux prochains jours.

Pour rappel, les sources de pollution aux particules fines sont essentiellement :
• le trafic routier, surtout les moteurs diesel
• les activités industrielles
• le chauffage au bois non-performant