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A Lyon, l’extrême droite attaque la manifestation pour la fierté lesbienne

Entre cinquante et cent militants d’extrême droite ont tenté de s’en prendre au rassemblement pour la fierté lesbienne organisé ce samedi 24 avril à Lyon. Cette nouvelle attaque témoigne, une fois de plus, du regain de ce type d’action politique dans la ville depuis la dissolution de Génération identitaire.

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Les attaques de l’extrême droite radicale se multiplient à Lyon. Après l’agression du cortège de contre manifestants lors de la manif anti-PMA « Marchons Enfants » ou encore l’attaque de la librairie « La Plume Noire », c’est le rassemblement pour la fierté lesbienne qui a cette fois-ci été la cible de ses militants.

Organisé ce samedi 24 avril place Louis Pradel par des collectifs féministes engagés en faveur de la visibilité lesbienne, la manifestation statique a réuni environ 400 personnes, en grande majorité des femmes selon la préfecture et les organisatrices.

Après une heure de chants, parmi lesquels l’hymne des « gouines rouges », mais aussi de slogans « Nous sommes fortes, nous sommes fières et féministes et lesbiennes et en colère », ou encore de prises de paroles, des hommes tentent de fondre sur la manifestation. 

Leur slogan : « avant avant Lion le melhor », cri de guerre utilisé au Moyen Âge à Lyon et bien connu de l’extrême droite radicale lyonnaise ne laisse pas de doute quant à la provenance de l’attaque. Les identitaires lyonnais avaient d’ailleurs nommé « Lion le melhor » un de leurs premiers sites Internet. C’est également ce slogan qui a été entendu lors de la récente attaque de la librairie libertaire des Pentes de la Croix-Rousse.

Manifestation pour la fierté lesbienne du 24 avril à Lyon. Crédit : Andréa Leri

« Dans la rue qui relie la place des Terreaux à la place Louis Pradel, celle où il y a tous les kebabs. J’ai vu des hommes, blancs, jeunes, habillés avec des couleurs sombres, se mettre à courir en notre direction », décrit Laurine, une des organisatrices de la manifestation pour la fierté lesbienne. 

Dans le centre-ville de Lyon, entre une cinquantaine et une centaine de militants d’extrême droite

Dans la vidéo que Rue89 Lyon a pu se procurer et qui est aussi visible sur les réseaux sociaux du Groupe Antifasciste Lyon et Environ (dit « la Gale »), on observe en effet plusieurs dizaines d’hommes avancer d’un pas déterminé dans la rue Puits Gaillot en direction du rassemblement pour la fierté lesbienne (voir ci-dessous).

Au total, ils auraient été une cinquantaine selon la préfecture et une centaine selon des militants antifascistes mais aussi selon les militants d’extrême droite eux-mêmes, qui ont revendiqué leur attaque sur leur compte Telegram de prédilection : Ouest Casual. Parmi eux, plusieurs membres connus de l’organisation dissoute Génération identitaire ont pu être identifiés.

« Il y a eu des jets de projectiles en direction du rassemblement et les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes. Cela a mis fin aux tensions et il n’y a pas eu de blessés. « , annonce de son côté la préfecture.

Autre son de cloche du côté du service d’ordre de la manifestation, constitué en non mixité.

« Le dispositif policier a empêché les fascistes de rejoindre le rassemblement mais la tension est restée très forte. Nous avons fait remonter les manifestantes plus en profondeur dans la place et avons formé un cordon devant elles. Nous avons également surveillé les autres rues au cas où les fascistes contourneraient la police. S’ils avaient été plus virulents, ils auraient sans doute pu passer le dispositif policier », détaille Marion, membre du service d’ordre.

« Malgré l’attaque, la plupart des manifestantes sont restées et nous avons tenu notre rassemblement jusqu’à 17 heures, comme c’était prévu », conclut Laurine, l’une des organisatrices.

Aucune manifestante n’a été blessée. Il n’y a eu aucune interpellation.

Un rendez-vous près de la Traboule, le local de Génération identitaire

Les organisatrices s’interrogent :

« Des camarades nous ont averties que des militants d’extrême droite se dirigeaient vers le rassemblement plus d’une demi heure avant qu’ils n’arrivent. Et la police n’a pas pu les en empêcher ? », s’indigne Marion.

« Dans un contexte où les rassemblements de plus de six personnes sont interdits, on a du mal à comprendre qu’une cinquantaine de personnes qui veulent aller attaquer un cortège puissent déambuler tranquillement en ville », surenchérit Laurine

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Message posté sur le canal Telegram Ouest Casual Vendredi 23 avril. Capture d’écran.

Selon nos informations, peu avant l’attaque du rassemblement, certains militants d’extrême droite s’étaient donnés rendez-vous près de la Traboule, le local, toujours ouvert, du mouvement dissous Génération identitaire, avant de rejoindre une autre partie d’entre eux situés sur les quais de la Saône, à proximité de la place du Change. C’est à cet endroit qu’ils se sont organisés pour rejoindre la place des Terreaux.

L’attaque semblait d’autant plus annoncée que la veille au soir, des militants d’extrême droite se prenaient en photo, dans les Pentes de la Croix-Rousse, déclarant : « On remet ça demain. »

De fait, les militants d’extrême droite, visiblement rassemblés en nombre à Lyon ce week-end, ont continué de tourner dans la ville pendant une bonne partie de la journée. Ils ont ainsi été aperçus à une trentaine traversant la rue de la République et se dirigeant vers Bellecour aux alentours de 18h.

« Face à tout ça la préfecture reste scandaleusement silencieuse », s’insurge Marion.

De son côté, le maire de la ville Grégory Doucet, s’est fendu d’un tweet. « C’est sympa, mais ça ne va pas suffire », conclut Marion.


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