[Carte] Le vin nature ou naturel, comme vous voulez, continue de couler et de faire son lit à Lyon. Voici une carte, sûrement non exhaustive, des cavistes, bars, restaurants et autres lieux où on trouver à Lyon et dans la métropole.
Rue89Lyon pousse le bouchon du vin nature à Lyon depuis plusieurs années. Les 5 et 6 novembre 2022, se tiendra la 8e édition de « Sous les pavés la vigne », le salon du vin nature que nous organisons avec Nourriturfu.
D’autres, avant nous, ont participé à diffuser à Lyon et sa région le vin nature. Qu’ils soient cavistes, restaurateurs, bistrotiers ou à l’occasion d’évènements (comme le salon des Débouchées ou Vin passion à Bron), ils ne sont aujourd’hui plus si rares à proposer ce type de vins à Lyon.
Vin naturel à Lyon : de 30 à 60 spots sur la carte
Nous avions réalisé une première carte des bons spots où trouver du vin naturel à Lyon -en 2014. Elle comprenait une trentaine de lieux. Après une mise à jour, la nouvelle version proposée ici en comporte une soixantaine.
Plus nombreux, les lieux où trouver du vin nature à Lyon sont aussi plus divers. Boulangeries, fromageries apparaissent dans cette recension. Dernièrement, c’est même un chai de vin nature, comme une bonne vieille cave coopérative, qui a vu le jour à Lyon.
Fruit du travail de vigneron·nes qui sont « allés contre l’uniformisation de leur territoire », comme le dit Bertrand Perrin, dénicheur de vin naturel pour des tables lyonnaises, ce type de produit raconte souvent son terroir et son évolution. Mais aussi une autre façon de produire, de cultiver et in fine de consommer. Avec un petit goût de retour aux sources :
« J’ai quand même des clients d’un certain âge. Or, qu’est-ce qu’ils me disent ? Qu’ils retrouvent aujourd’hui le goût du vin d’autant »
Manu Ferra, patron du bouchon Le Garret
Le vin naturel pourrait même avoir donné un petit coup de fouet local au beaujolais, celui qu’on appelle aussi le «troisième fleuve» de Lyon. Ce vin d’à-côté mais qui n’avait plus vraiment la cote par ici. Les vigneron·nes qui le produisent aujourd’hui en version naturelle contribuent grandement à lui redonner ses lettres de noblesse, ou à le promouvoir.
Aidez-nous à compléter la carte des spots de vin nature
Voici donc réunis ici tous les lieux que nous avons pu recenser proposant du vin nature. Certaines adresses ont sûrement dû nous échapper. Parce que s’il est bien souvent mis en avant dans l’identité de ces lieux, certains en proposent sans tambour ni trompette. Presque naturellement.
Vous proposer du vin nature à votre comptoir, sur vos tables, dans votre boutique et nous vous avons oublié ? N’hésitez pas à nous le dire en commentaire ou à hello@rue89lyon.fr en nous indiquant comme objet de mail « Carte vin nature Lyon ».
Retrouvez la liste des lieux cartographiés sur la carte :
Cet article est une mise à jour de l’article paru en octobre 2021
En amont du salon « Sous les pavés la vigne à Lyon », que Rue89Lyon co-organise avec Nouriturfu, nous sommes allés à la rencontre de vigneron·nes du Beaujolais, pour documenter les conséquences du vieillissement de la profession. Et constater qu’il est possible de se lancer hors cadre familial, avec beaucoup de volonté et une dose de chance. Aujourd’hui âgée de 27 ans, Anaïs Pertuizet s’est installée en 2021 à Lantignié. Avec d’autres, la vigneronne participe à la renaissance du terroir.
Lorsqu’elle nous montre le cuvage dans lequel elle travaille, Anaïs Pertuizet a ce sourire mi-ébahi, mi-ravi. La néo-vigneronne de 27 ans s’est installée dans le Beaujolais en 2021, à Lantignié. Sa rencontre avec Gérard Genty, dit Gégé, vigneron retraité depuis quelques années et propriétaire des lieux, a tout changé. Le « rêve un peu fou » de produire son propre vin s’est concrétisé :
« Gégé est un passionné, mais il n’a pas d’enfant à qui transmettre ses vignes. Son objectif est avant tout que le Beaujolais reste un vignoble. Il me loue le cuvage et une partie des terres », détaille la jeune femme, originaire de l’Ain.
Le retraité n’est d’ailleurs jamais très loin. À l’entrée du domaine, son nom est toujours présent sur l’écriteau : « Cave Gérard Genty, Beaujolais-Villages ». Nous le croisons brièvement lors de la visite. Sans vouloir se prêter au jeu de l’interview, il glisse :
« Avec Anaïs, c’est clair, c’est net, c’est tout ce que je souhaite. »
Dans le Beaujolais, une nouvelle vigneronne de 27 ans, accompagnée de son cheval
Car c’est bien elle qui produit aujourd’hui les bouteilles, estampillées « Domaine Pertuizet ». Elle a choisi de cultiver ses parcelles en bio – la conversion est en cours. La jeune femme s’intéresse aussi à la biodynamie, bien que consciente des controverses scientifiques qui l’entourent :
« C’est une philosophie, chacun se l’approprie. J’essaie de regarder le calendrier lunaire, j’ai envie de croire à tout ça. Je fais les préparations biodynamiques et utilise quelques plantes. Mais je ne demanderai pas la certification. »
Anaïs Pertuizet s’est installée à Lantignié en 2021. La vigneronne du Beaujolais travaille 2,5 hectares de gamay.Photo : LMB/Rue89Lyon
Enfin, elle utilise un cheval de trait, « Irokoi ». Il lui permet de mieux travailler le sol qu’avec un outil mécanique, en limitant son tassement :
« Ce n’est pas un argument commercial. Simplement, c’est différent d’un tracteur. Là, je m’ennuie beaucoup moins ! », lâche-t-elle, avec toujours cette simplicité dans la discussion, sans détours.
Une reprise hors cadre familial dans le Beaujolais, mais avec l’aide de « Gégé »
Une partie des 2,5 hectares de cépage Gamay qu’Anaïs cultive est à deux pas du cuvage, avec vue sur le sommet arrondi du mont Brouilly. Elle-même réside sur place, dans l’ancien dortoir destiné aux vendangeurs.
L’entrée est dorénavant un salon-salle à manger où elle s’installe pour travailler, lorsque la pièce est gorgée de soleil. Ce mardi de septembre est l’une de ces journées. C’est donc ici qu’elle prend le temps de revenir sur son parcours jusqu’à l’aboutissement : devenir vigneronne, sans être « fille de ».
Certes, Anaïs Pertuizet n’est pas une citadine. Son père est agriculteur dans les plaines céréalières de l’Ain. Après un Bac Sciences et Technologies de Laboratoire, elle réalise qu’elle ne conçoit pas son avenir ailleurs que dehors. Son BTS viticulture-œnologie à Davayé, en Saône-et-Loire, lui fait découvrir les terroirs du Mâconnais et du Beaujolais.
« J’adorais le côté hyper fruité du Gamay. Cela donne des vins extras, même si à l’époque leur image, surtout dans le Beaujolais, n’était pas au top. Heureusement, aujourd’hui, ça repart. »
Ce timide renouveau est dû en partie à Frédéric Berne, à qui Rue89Lyon donnait la parole en 2018. L’association Vignerons & Terroirs de Lantignié est née sous l’impulsion du jeune vigneron, en 2017.
La même année, alors en Master 1 Vignes, Vins et Terroirs, Anaïs Pertuizet effectue un stage chez ce même Frédéric Berne. Elle revient sur ce moment décisif :
« Je voulais aller dans une jeune installation. J’avais rencontré Fred auparavant, sur un salon des vins. Je lui ai dit : « vas-y, fais-moi voir toute ta vie ! » »
Une expérience qui plantera une première graine dans la tête de l’étudiante, de plus en plus convaincue que son rêve de s’installer est possible. Elle se montre aujourd’hui encore admirative du travail de Frédéric Berne.
Frédéric Berne, président de l’association des vignerons de Lantignié en 2018.Photo : LB/Rue89Lyon
Ses études l’éloignent un temps des vignes françaises, avec des expériences en Argentine et aux États-Unis, mais Anaïs Pertuizet suit de loin le développement de l’association Vignerons & Terroirs de Lantignié. Comme pour beaucoup de jeunes, la pandémie de Covid-19 chamboule tout :
« J’ai été rapatriée d’Argentine. Je me suis retrouvée sans travail, chez mes parents. Finalement, j’ai trouvé du boulot à Fuissé, dans le Mâconnais. Une heure de route matin et soir, c’était dur mais je me suis accrochée, j’adorais la vigne et je prenais peu à peu des responsabilités. On m’a même proposé un CDI. »
« Je ne voulais pas engager d’autres personnes dans mon aventure au cas où ça capote »
Sauf que voilà, dans le même temps, Frédéric Berne lui passe un coup de fil. Un vigneron de Lantignié aurait une jeune vigne à laisser, un dénommé Gérard Genty. Les trois amoureux de vin boivent un coup, et deux semaines plus tard, Anaïs décide de tenter l’aventure. Elle se remémore ce moment :
« Je ne me serais peut-être jamais lancée sans lui. Je savais que ça allait quand même être dur, mais je ne pouvais plus me cacher. Mes parents m’avaient dit qu’ils pouvaient m’aider financièrement, mais j’ai refusé. Je ne voulais pas engager d’autres personnes dans mon aventure au cas où ça capote. »
Sans apport, et avec comme seule aide la dotation jeunes agriculteurs (DJA), Anaïs Pertuizet se retrouve avec plusieurs prêts à rembourser. Elle achète une partie du foncier – le reste est un fermage, où elle paie un loyer – son cheval, un utilitaire… Et se réjouit de l’entraide qui règne au sein de Lantignié pour tenir bon. La vigneronne a conscience que son cas est rarissime :
« Certains de mes amis s’installent, mais plutôt dans le cadre d’une reprise familiale. Le foncier peu cher du Beaujolais attire aussi des personnes en reconversion, qui ont plutôt 35 ou 40 ans. »
Documenter son quotidien de vigneronne du Beaujolais sur Instagram
Il y a pourtant de quoi faire. Entre le nombre d’hectares de vigne en friche qui augmente chaque année et les vignerons qui arrêteront d’ici à 5 ou 10 ans, le Beaujolais peut devenir une terre d’accueil pour de jeunes installations un peu hors des clous.
Certains envient peut-être le quotidien d’Anaïs, qu’elle partage sur Instagram. À coup de Reels, des vidéos courtes et en musique, elle montre les différentes étapes de son travail : assemblage, soutirage, décuvage, palissage… Toujours avec le sourire ! Et pousse ses collègues, plus pudiques, à faire de même.
« J’ai pris en main le compte de l’association Vignerons & Terroirs de Lantignié. Les gens veulent voir comment on bosse, ils adorent ça. C’est une manière de communiquer. »
Preuve que le mélange commence à prendre, les mêmes qui doutaient de la capacité de la jeune femme à tenir bon lui proposent aujourd’hui des parcelles. Elle plante aussi ses propres vignes et vise 5 ou 6 hectares pour finaliser son « Domaine Pertuizet », à taille humaine.
[Article mis à jour le 31 octobre] Ce lundi 31 octobre, l’ARS recommande de ne pas manger les poissons issus de la pêche en aval de Pierre-Bénite et dans le Garon, au sud de Lyon. Une communication de la préfecture du Rhône faite le jour de la diffusion de l’enquête de Martin Boudot, consacrée à la pollution aux perfluorés.
À la suite des révélations du journaliste Martin Boudot de Vert de Rage en mai dernier, les services de la préfecture du Rhône ont mené des enquêtes sur l’environnement autour des usines d’Arkema et Daikin.
Une de ces recherches a permis de montrer que certains poissons autour de Lyon étaient remplis de ces polluants éternels provenant de l’industrie chimique. Des résultats qui pourraient avoir des répercussions sur la pêche dans le bassin.
Ce lundi 31 octobre, la préfecture du Rhône, en retard sur cette question avant l’enquête de Vert de Rage, a communiqué sur le sujet afin de montrer qu’elle suivait l’affaire de près. Pour l’heure, elle note que l’ARS recommande de ne pas consommer les poissons pêchés dans le Rhône, en aval de Pierre-Bénite, et dans le Garon.
Le fleuve Rhône et ses poissons n’échappent pas aux impacts du réchauffement climatique. Wikimedia Commons
Une interdiction de consommation des poissons issus de zones de pêche autour de Lyon possible
Interrogés à ce propos par Rue89Lyon mi-octobre, les services de l’État rappelaient « qu’aucune pêche professionnelle ne s’exerce en aval de Pierre-Bénite sur le Rhône ». Cela étant, une réunion était prévue pour informer les organisations professionnelles et pour évoquer la nécessité « de prendre en compte ce nouveau risque ». La préfecture du Rhône précisait alors ne pas « exclure » qu’une « interdiction de la commercialisation et la consommation de poissons soit prise, sur les zones concernées par une contamination ».
Avant cela, un nouveau plan exploratoire à visée sanitaire doit être réalisé sur les poissons du Rhône afin de collecter des données complémentaires. Une saisine de l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pourrait avoir lieu le cas échéant, selon la préfecture.
En attendant de prochains résultats, les habitants pourront visionner le reportage de Martin Boudot en intégralité. Sa diffusion est prévue ce lundi 31 octobre, à 21 h sur France 5.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Et avec ça, que mange-t-on ? « Sous les pavés la vigne à Lyon » est un salon des vins naturels, bio, qui programme pas moins 70 vigneron·nes et des bouteilles inédites à déguster. À quoi s’ajoutent un débat nourrissant, mais aussi des choses à manger. Pour cette huitième édition qui aura lieu le samedi 5 et le dimanche 6 novembre prochains, on accueille avec un plaisir particulier La Petite Syrienne.
La rédaction de Rue89Lyon et l’éditeur Nouriturfu vous donnent rendez-vous ces 5 et 6 novembre prochains, au Palais de la Bourse (Lyon 2e), pour déguster et découvrir des jajas de nombreuses régions de France (featuring plein de petits nouveaux et nouvelles formidables). Certaines bouteilles arrivent aussi de Belgique, d’Autriche, d’Italie, d’Espagne, d’Arménie… Sans oublier de la bière et des spiritueux somptueux. En tout, près de 70 domaines remarquables seront rassemblés sous les voûtes du Palais.
Que vous soyez adeptes ou encore peu connaisseurs du vin naturel, vous devriez trouver ici de quoi vous convaincre et vous réjouir. Accompagné de quelques huîtres, on a presque envie de dire qu’il peut être encore plus appréciable. Cette année encore, le duo lyonnais des Mollusques prévoit une « popotte » mayo-maison pour accompagner ses huîtres naturelles, d’autres produits de la mer et des crevettes.
La Petite Syrienne se chargera de présenter une série de mets alléchants, comme une motivation supplémentaire à nous retrouver le week-end prochain. Parmi lesquels des mezzes variés, des frites-maison, des salades composées, par exemple, de boulgour, de salade Fatouch, garnies de houmous betterave, de falafel, de grenade fraîche, de fruits sec et servies avec des sauces à la grenade et au Tahin. D’autres sont servies avec des feuilles de vigne farcies, des beureks, accompagnées de pain pita. Côté douceurs, la Petite Syrienne propose des petits gâteaux date-pistache-noix, et un « Paris-Brest-Damas ».
> En attendant de nous retrouver le week-end prochain à Lyon, lisez l’histoire de Ruba qui a fondé cette petite entreprise de traiteur en 2018 à Lyon, après un long périple depuis la Syrie.
« Sous les pavés la vigne à Lyon » édition 8, infos pratiques
Dates : les samedi 5 et dimanche 6 novembre.Horaires : de 11h à 19hLieu : le Palais de la Bourse (Lyon 2e), métro Cordeliers.Tarif et billetterie : 10 € la journée ou 15 € le pass 2 jours (voir billets coupe-file), comprenant un verre griffé offert et l’accès à toutes les dégustations, animations, débat et dédicaces…Programme complet : à suivre sur les réseaux sociaux.
[Article initialement publié le 22 octobre] Le projet de loi de finance prévoit la fermeture de 14 000 places en hébergement d’urgence entre 2022 et 2023. Dans le cadre de cette loi, 430 fermetures de place sont envisagées dans le Rhône pour 2022. La préfecture indique que ces fermetures n’auront pas lieu « dans les mois à venir. » Cette décision signe la fin d’une politique plus protectrice mise en place pendant la crise sanitaire, entre 2020 et début 2022.
« Un toit c’est un droit », scandent des manifestants devant la préfecture, ce 17 octobre « journée mondiale du refus de la misère ». Plusieurs banderoles tendues demandent aux services de l’État de loger les personnes sans-domicile et leurs enfants. Pour cela, la préfecture du Rhône dispose d’un peu moins de 8000 places d’hébergement. À cela s’ajoutaient 500 places exceptionnelles et provisoires ouvertes pour l’hiver 2021-2022. Un dispositif insuffisant mais qui a été augmenté lors de la crise sanitaire. Cette politique solidaire devrait prendre un coup d’arrêt.
Sur toute la France, le projet de loi de finance 2023 (PFL 2023) prévoit la fermeture de 7000 emplacements en hébergement d’urgence cette année, et de 7000 autres l’année prochaine. Selon nos informations, dans le Rhône, 430 places pourraient être supprimées.
Lors d’une manifestation, lundi 17 octobre, les militants de Jamais sans toit ont demandé à la préfecture de mettre à l’abri des familles en hébergement d’urgence dans le Rhône.Photo : MA/Rue89Lyon
« Logement d’abord » et fin de la politique de protection liée à la crise sanitaire
Contactée par Rue89Lyon, la préfecture explique que, pour le moment, « la fermeture de 430 places n’est pas programmée dans les mois à venir. » Selon les services de l’État : « Les arbitrages ne sont pas encore tous rendus » car le plan hivernal est en cours de préparation et la préfecture ne souhaite pas s’avancer sur la loi de finance qui n’a pas encore été votée.
Selon nos informations, la possible fermeture des 430 places concernerait deux sites d’hébergement et une trentaine de places d’hôtel.
En réponse, la préfecture ne dément pas mais spécifie que :
« Des sites utilisés actuellement à des fins d’hébergement dans le cadre de mises à disposition temporaires ont vocation à être rendus à leur propriétaires dans les prochains mois (…) Une recherche de sites adaptée est en cours pour transférer une part de cette offre sur d’autres lieux.»
Elle mentionne qu’une partie de ces places doivent être redirigées vers « des réponses plus qualitatives, notamment de logement adapté et accompagné».
Cette stratégie s’inscrit dans la politique du « logement d’abord » initiée en 2017. Comprendre : plus de places en logement pérenne à bas coût, et moins en hébergement d’urgence. Selon la préfecture, dans le Rhône, le dispositif d’intermédiation locative a augmenté de près de 1000 places entre 2021 et 2022 et compte actuellement 2175 places.
Seul problème de cette stratégie : les publics les moins insérables, aux situations administratives précaires (comme des personnes sans papiers par exemple) pourront difficilement accéder à ce parc de logement. Elles seront redirigées vers les places en hébergement d’urgence.
L’hébergement d’urgence dans le Rhône dépend d’une politique nationale
Une tribune du collectif des associations unies, parue dans le Journal du dimanche, signée par des députés (notamment des députés de la majorité) et des associatifs, appelle à poursuivre le financement de places d’hébergement d’urgence.
Un amendement au projet de loi de finances (PLF) avait été déposé par Stella Dupont, députée Renaissance, pour que ces places soient maintenues. Il a aussi été signé par trois députés renaissance du Rhône : Thomas Rudigoz (1ere circo), Anne Brugnera (3e circo) et Sarah Tanzili (13e circo). Il a été jugé irrecevable au titre de l’article 40 de la Constitution, qui «interdit toute création ou aggravation d’une charge publique.»
Depuis la crise du covid, les services de l’Etat avaient opté pour une stratégie dite de la fin de la « gestion au thermomètre. » En résumé : cela signifie une augmentation du nombre de places pérennes en hébergement d’urgence mais pas d’ouverture de sites d’hébergement pour l’hiver. Priorité au logement, disent les services de l’État.
Sauf que, dans l’agglomération lyonnaise, il y a comme un effet bouchon. L’hébergement d’urgence et l’accès au logement à bas coût est saturé et presque aucune nouvelle personne à la rue n’est donc hébergée. Sans intervention de l’État, les tentes qui ont fait leur apparition dans Lyon risquent donc de rester en place.
Alynea, association lyonnaise qui accompagne les personnes en situation de précarité, a signé la tribune parue dans le JDD. Une prise de position forte, puisque Alynea travaille avec les services de l’État.
« On se retrouve face à des situations auxquelles nous n’étions plus habitués, réagit Maud Bigot, directrice opérationnelle du pôle veille social à Alynea. Par exemple, un enfant de deux mois avec un père et une mère, dépendant des services de l’État, ne va pas être pris en charge. »
Selon nos informations, 1242 personnes restaient sans solution après avoir appelé le 115 dans les rues du département du Rhône début octobre. Des chiffres à prendre avec des pincettes. Nombre de sans-abris n’appellent plus ce numéro par lassitude et les familles à la rue ont également tendance à ne pas demander cette aide. Selon la préfecture, la Maison de la veille social reçoit chaque année environ 2600 demandes d’hébergement d’urgence.
Enfants à la rue : une question qui mobilise dans le Rhône
Sur le sans-abrisme, ce qui choque le plus, à Lyon et en France, reste sans doute la question des enfants à la rue. Le collectif Jamais sans toit, qui se mobilise pour les mineurs scolarisés et sans abri, dénombre 197 enfants sans domicile dans la métropole de Lyon. Presque trois fois plus que l’année précédente. Raphaël Vulliez, porte-parole de JST, explique cette différence :
« On retrouve les niveaux d’avant covid. L’année dernière, il y avait beaucoup moins de familles à la rue parce que de 2020 à mars 2022, les familles étaient prises en charge à l’hôtel par la préfecture et la Métropole de Lyon.»
Le militant, également professeur des écoles, s’inquiète de l’hiver qui arrive et des suppressions de places annoncées. « Il va y avoir un drame. On a compté 26 bébés à la rue. Avant, c’était très rare», souffle-t-il. Une situation qui alarme aussi Henri Branciard, de l’association CLASSES069. Il œuvre pour la scolarisation des élèves sans-abri. Avec émotion, il évoque une famille à qui il a rendu visite :
« Dans une tente, il y avait une maman avec un bébé de 7 mois et une petite de deux ans. Jamais sans toit compte uniquement les enfants scolarisés et leurs frères et sœurs mais il y a aussi tous ceux qui ne sont pas à l’école. Ce nombre est inconnu.»
Des occupations d’école dans le Rhône pour lutter contre le sans-abrisme
Alors, pour mettre à l’abri les enfants à la rue, les militants de Jamais sans toit occupent des écoles. À l’aube des vacances de la Toussaint, cinq écoles sont investies pour loger les familles à Lyon et Villeurbanne. On retrouve notamment l’école Berthelot (7e), l’école Joannès-Masset (9e), l’école Jean-Pierre Veyet (7e) à Lyon et l’école Lazare-Goujon à Villeurbanne. D’autres écoles se mobilisent par des cagnottes pour loger les familles en hôtel ou en hébergement citoyen.
À Lyon et dans le Rhône, plusieurs écoles sont mobilisées pour des enfants scolarisés et sans domicile.Photo : MA/Rue89Lyon
Ces occupations servent à loger les familles, mais aussi à maintenir un rapport de force avec les pouvoirs publics pour obtenir des places d’hébergement. L’annonce de la suppression de places et l’absence de plan froid préoccupent Raphaël Vulliez :
« Cette année il n’y a pas de perspectives. Auparavant, on disait aux familles qu’on allait occuper et tenir bon jusqu’à l’ouverture de places début décembre. »
Hébergement d’urgence : des occupations d’école au lobbying politique
Le 27 septembre 2022, le ministre du Logement Olivier Klein était questionné par BFM Lyon au sujet des enfants sans abri dans le Rhône. Il s’est engagé à trouver des solutions, toujours attendues.
« C’est une situation inacceptable, les enfants doivent avoir un toit et doivent être protégés. Sur cette situation, j’ai saisi le préfet de région qui m’a assuré qu’une solution allait être trouvée. Au-delà de ce cas particulier, l’ensemble du gouvernement et du ministère est mobilisé pour que ces situations n’existent pas. »
Sur la base de cet engagement, Jamais sans toit espère que la fermeture de places prévue dans la loi de finances sera abandonnée. Pour peser, le collectif a monté un réseau national avec des collectifs similaires d’autres villes en France. JST en est la tête de proue, car ses militants font office « d’anciens » dans ce combat.
En lien avec des parlementaires, notamment la députée écologiste de la 3e circonscription du Rhône, Marie-Charlotte Garin, ce réseau espère peser à l’Assemblée Nationale. Avec le collectif des associations unis, Jamais sans toit y a donné une conférence de presse lundi 17 octobre.
Zéro enfants à la rue à Lyon : la mairie intervient dans l’hébergement d’urgence
Localement, à Lyon, la mairie écologiste s’était engagée sur la question des enfants sans-abris, alors même que l’hébergement d’urgence ne fait pas partie de ses prérogatives. En 2021, l’adjointe au maire chargée des solidarités et l’inclusion sociale, Sandrine Runel, annonçait le plan « Zéro enfants à la rue« .
Ce plan consistait à mettre du patrimoine vacant de la mairie à disposition de la préfecture pour y créer des places d’hébergement d’urgence pour les familles. Elle s’est aussi engagée à ne pas expulser les écoles occupées. Si la volonté politique est clairement affichée, dans les faits, des enfants restent sans solution à Lyon.
« Aujourd’hui la Ville accueille beaucoup de familles dans ses écoles. Ce n’est pas le lieu, il y a besoin de places d’hébergement. Dans les prochaines semaines, la Ville devrait conventionner dix logements de fonction vacants pour renforcer le plan Zéro enfants à la rue. Mais cela prend du temps, et ça ne suffira pas», détaille l’adjointe au maire.
Dans le Rhône, le 17 octobre 2022, Jamais sans toit recensait 197 enfants à la rue dans la Métropole de Lyon.Photo : MA/Rue89Lyon
Sur la stratégie du gouvernement de ne pas ouvrir de places pour cet hiver, et même d’en supprimer, l’adjointe s’interroge :
« Je ne sais pas comment ils vont pouvoir faire. Il y a des gens à la rue et des tentes un peu partout à Lyon. Nous ne sommes qu’en octobre et je suis inquiète de ce que le gouvernement est en train de faire, ou, plutôt, de ne pas faire. »
Du côté de JST, on évoque deux solutions possibles pour éviter l’engorgement des dispositifs d’hébergement d’urgence. Raphaël Vulliez cite la réquisition de logements vacants, qui seraient près de 18 000 dans la métropole. Il évoque aussi la régularisation de personnes sans papiers, ce qui pourrait leur permettre d’accéder au marché du travail, puis au parc locatif privé. Deux prérogatives qui relèvent de la préfecture.
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Rue89Lyon offre à ses abonné·es deux places pour la pièce « La Brande » au théâtre du Point du Jour (Lyon 5e), du 7 au 10 novembre.
La compagnie Courir à la Catastrophe (Alice Vannier et Marie Menechi à la mise en scène), nouvellement associée au Théâtre du Point du Jour, s’est plongée dans les archives du GTPSI, un laboratoire d’idées et de pratiques d’avant-garde qui a milité pour réformer le système asilaire dans les années 60.
Voici le texte de présentation :
« Dans un jouissif jeu de rôle, 6 artistes, tantôt patient·es tantôt soignant·es, nous invitent dans une clinique psychiatrique durant les répétitions de « Comme il vous plaira » de Shakespeare. S’inspirant des travaux du GTPSI, groupe de travail en psychothérapie institutionnelle des années 60, Alice Vannier ouvre avec intelligence et finesse une fenêtre sur la vie de celles et ceux qu’on met à la marge. ».
L’ancien Garde des Sceaux, Michel Mercier, comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour soupçons d’emploi fictif. Le premier passage devant la justice pour ce baron politique du Rhône, qui a longtemps été président du conseil général, mais aussi député, sénateur et maire .
Il était parti sans bruit, comme une ombre. Alors que Gérard Collomb bataillait avec peine pour rester dans le jeu lyonnais, son ancien acolyte, Michel Mercier (CDS, UDF, UDI, puis Modem) s’était discrètement retiré de la vie politique lors des élections municipales de 2020. Il avait particulièrement marqué le paysage politique par ses nombreux mandats dans le Rhône depuis 1977. Son nom n’a pas été oublié, ni par les politiques locaux, ni par les juges.
Ce lundi 31 octobre, l’incarnation du baron à la sauce rhodanienne comparaît devant la justice dans le cadre de l’embauche de son épouse et de sa fille comme assistantes parlementaire alors qu’il était sénateur du Rhône. Le tribunal correctionnel devra établir si ces emplois étaient fictifs, ou non. L’enquête avait été confiée au parquet national financier à la suite d’un article du Canard Enchainé paru en 2017.
Michel Mercier, ancien ministre, quitte la vie politiquePhoto : Olivier Ezratty
Une mise en examen dans une autre affaire d’emplois fictifs
Le procès de l’ancien baron du Rhône doit durer du 31 octobre au 10 novembre. Dans cette affaire, le Sénat s’est porté partie civile « à reculons », selon nos confrères du Progrès. Un signe de la sympathie des Sénateurs pour leur ancien collègue ? Ou la peur d’un retour de flammes ? Nombreux ont été les hommes politiques à faire travailler leurs familles à leur côté durant des années, comme le fait remarquer André Soulier, l’avocat de l’ex Sénateur. Le cas du notable rhodanien a, cependant, quelques spécificités.
Dans la famille Mercier, l’épouse, Joëlle, a été employée 14 ans par son mari. Sa fille, Delphine, n’a été en contrat que deux ans. Cependant, c’est son dossier qui pose, a priori, principalement problème. Selon le Canard enchainé, la jeune femme vivait à Londres pendant sa période d’attachée parlementaire alors qu’elle était censée être domiciliée à Paris. À « mi-temps », elle touchait une rémunération mensuelle de 2000 euros.
En plus de cette affaire, l’ancien baron du Rhône pourrait bien se retrouver de nouveau à la barre dans un autre dossier. Proche de François Bayrou, le centriste a été mis en examen en 2019 pour « complicité de détournement de fonds publics » dans le cadre de l’enquête sur les emplois présumés fictifs des assistants d’eurodéputés du Modem.
S’il n’a jamais été député européen (un des rares postes qu’il n’ait pas convoité), le Rhodanien a été trésorier du Modem. Les investigations dans ce dossier ont été clôturées par la police, avant qu’il ne soit renvoyé devant la justice.
Dans le Rhône, l’empreinte indélébile de Michel Mercier
Dans le Rhône, son affaire d’emploi fictifs a, semble-t-il, précipité la (très) longue carrière politique de Michel Mercier. Maire de Thizy-lès-Bourg dès 1977, président du Conseil général (ancien conseil départemental du Rhône) durant plus de 20 ans, Garde des Sceaux, ministre de l’espace rural et de l’aménagement du territoire, sénateur durant 16 ans, député… Le Thizerot a cumulé les mandats et casquettes. Sans cette affaire déclenchée en 2017, il était pressenti pour devenir membre du Conseil constitutionnel. Un quasi grand chelem.
Au cours de ses diverses fonctions, il a façonné le Département en tant que collectivité. Avec Gérard Collomb, il a ainsi créé la Métropole de Lyon, fortement critiquée aujourd’hui par certains anciens amis centristes. Plus modestement, il a aussi été le premier président de la Communauté de l’Ouest rhodanien (COR), l’une des plus grandes communautés d’agglomération du Rhône.
Michel Mercier, un vestige d’une ancienne façon de faire de la politique devant les tribunaux
L’empreinte de son passage est toujours présente dans le Rhône. Lors de notre enquête consacrée à son départ en 2020, beaucoup de nos appels à ses anciens camarades politiques n’avaient pas trouvé de réponse. Même s’il avait été légèrement poussé vers la sortie, rares étaient ceux à risquer une critique.
Il faut dire que, malgré son apparence « sympathique », voire « bonhomme », ses colères avaient le pouvoir d’effrayer beaucoup de monde. Localement, il était connu pour son côté politicien très « IVe République » et son réseau important, à Lyon et à Paris. Il était capable de faire élire un opposant plutôt qu’un membre de son parti politique, pour asseoir son pouvoir. Autrement dit : il valait mieux ne pas se fâcher avec lui.
Pourtant, il a aussi cumulé les casseroles. « Mauvais gestionnaire » pour l’ancien opposant lyonnais Thierry Philip (PS), son musée des confluences a été un « scandale financier », dont le prix a été multiplié par cinq, passant de 61 à 287 millions d’euros.
Après 20 ans à la tête du département, il a aussi laissé à son successeur, Christophe Guilloteau (LR), une collectivité rongée de l’intérieur par les «emprunts toxiques». Un cadeau empoissonné qui semble avoir enterré la suprématie centriste sur le Rhône pour plusieurs années.
Sa gestion « à la papa » a été aussi régulièrement dans le viseur de la Canol, cette association de contribuables qui avait pour but de lutter contre le gaspillage des deniers publics. Patrimoine du Département du Rhône bradé, ligne de transport Rhône express la plus chère d’Europe… La Canol a toujours considéré son affaire d’emplois fictifs comme une bien minime comparée à la « gestion calamiteuse » du Département par l’ancien baron.
Reste que, sur ces points, Michel Mercier n’a pas été traîné devant les tribunaux.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Dans le Rhône, quatre associations se sont rassemblées début septembre pour déposer un recours contre un arrêté autorisant une période complémentaire de chasse au blaireau. Un sujet explosif côté chasseurs comme associations environnementales, que la médiation du préfet – jugée partiale – n’améliore pas.
En septembre 2022, des arrêtés préfectoraux autorisant l’extension de la chasse au blaireau ont été pris dans la majorité des départements d’Auvergne-Rhône-Alpes : l’Ain, l’Allier, le Cantal, la Loire, la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme, le Rhône et la Savoie.
Des arrêtés adoptés presque annuellement par ces départements, ne manquant jamais de provoquer la colère des associations de protection de l’environnement. Chaque antenne locale de France nature environnement (FNE), de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), d’Animal cross ou encore de One Voice se sont rassemblées département par département pour déposer à leur tour un arrêté s’opposant à cette période complémentaire de chasse.
La durée de chasse au blaireau s’étend généralement de début septembre jusqu’au 15 janvier. La période complémentaire autorise la réouverture de cette chasse dès le 15 mai pour certains départements. D’après la Fédération de chasse du Rhône, plus de la moitié des blaireaux chassés dans le Rhône le sont durant la période complémentaire.
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[Portrait] Depuis 2009, Julie Balagny a pris ses marques dans le Beaujolais. Cette vigneronne d’origine parisienne, non issue du milieu agricole, a réussi à trouver sa place grâce à son tempérament et une méthode de travail bien à elle.
C’est une terre meuble, envahie d’herbes en tout genre. En ce début octobre, Julie Balagny, vigneronne dans le Beaujolais, fait une très rapide visite de ses vignes. D’un bon pas, elle remonte son terrain situé à cheval entre Fleurie et Romanèche-Thorins, en Saône-et-Loire. À certains moments, celui-ci peut être incliné à 35 %. La pente est rude. Elle ne fait pas peur à la vigneronne.
Aujourd’hui âgée de 44 ans, cette « Parisienne de chez Parisienne » depuis plusieurs générations a débarqué dans le Beaujolais en 2009. À cette époque, beaucoup de gens n’auraient pas donné cher de sa peau. Quinze ans plus tard, elle est « ravie » que la vie l’ait fait atterrir ici.
« Quand je passe au bar, les vieux du coin me félicitent », glisse-t-elle. Une consécration quand on connaît le prix d’un compliment chez certains vignerons du cru. Des lauriers mérités dans une aventure partie de (très) loin.
Sur un terrain parfois hostile, la Parisienne d’origine a su trouver sa place dans le Beaujolais.Photo : PL/Rue89Lyon.
Vigneronne du Beaujolais : la découverte du bio au début des années 2000
L’histoire remonte au début des années 2000. Après avoir mis de côté un concours de psychomotricienne, celle qui rêve de campagne quitte sa famille parisienne et très citadine pour le Sud-ouest. Après un passage par Cahors pour un BTS en viticulture et œnologie, Julie Balagny commence à travailler dans des vignes près de Perpignan. À côté de celles-ci, elle découvre la nourriture « bio » chez un maraîcher.
« Je me suis dit que je venais de manger la première tomate de ma vie », rigole-t-elle.
À l’époque, le « bio » est encore un phénomène marginal. Mise à part quelques magasins « La vie claire », cette « mode » parle peu. Après cinq ans à Perpignan, elle rejoint un domaine en biodynamie à Nîmes.
En 2004, alors qu’elle travaille dans le Sud-est, elle rencontre Marcel Lapierre, le patron du vin nature dans le Beaujolais. Besogneuse, la jeune femme plaît à ce précurseur qui l’invite à son méchoui annuel. Là, elle rencontre toutes les figures de proue du vin nature : Yvon Métra, Pierre Overnoy, Jean-François Ganevat… Des portes s’ouvrent.
Une femme vigneronne, non-native du Beaujolais et sans famille dans le domaine…
À une époque où 70 % des vignerons du Beaujolais le sont devenus par héritage, le parcours de Julie Balagny, loin de la vigne et du Rhône, détonne. La jeune femme, avec son parler cru, plait aux vignerons. « En gros, ils m’ont dit : si on te trouve de la vigne, tu déménages ? » Deux vignerons lui parlent de trois hectares disponibles entre Romanèche-Thorins et Fleurie. Elle s’y rend.
« Je ne vois alors que les bois et les sources du coin, pouffe Julie Balagny. Pas du tout la pente, les cailloux… L’enfer quoi. »
Femme vigneronne, sans famille dans la vigne, Parisienne… Celle qui aime « gravir les faces Nord, sinon je m’ennuie » s’en est trouvé une belle. Travailleuse, la quadra met de côté son bon tempérament. Elle se fait discrète, et bosse. À l’ancienne, diront certains.
« Quand on veut s’insérer, il faut faire ses preuves et monter patte blanche », constate-t-elle.
Une politique qu’elle n’applique pas pour autant aux personnes qu’elle forme. Ancienne salariée, elle essaye de choyer ses travailleurs et les personnes de passage pour apprendre. Sur ce point (seulement), elle laisse un peu de côté les méthodes des aînés.
Julie Balagny, vigneronne dans le Beaujolais depuis 2009.Photo : PL/Rue89Lyon.
Dans le Beaujolais : « Le canon est un véritable vecteur de lien social »
Une humilité qui plaît. Elle loue un Beaujolais solidaire où tout le monde s’entraide. « Le canon (de rouge) est un véritable vecteur de lien social ici », sourit-elle. Avant de lâcher en plaisantant : « Il ne faut pas aller chez quelqu’un après 10 h du matin, c’est vite l’enfer… »
Tombée amoureuse de la région, elle assure que les vignerons le lui rendent bien. Les institutions agricoles locales, moins. Elle se souvient d’entretiens à la chambre d’agriculture particulièrement tendus. « C’était le pot de fer contre le pot de terre », grince-t-elle. Lors de son récit, son visage se crispe. On lui fait comprendre que son projet va être difficile à mener. Les conditions qui lui sont proposées pour obtenir des subventions ne lui conviennent pas.
Elle décide de partir seule, sans aide financière.
« Au moins, si je me cassais la gueule, je ne m’en serais voulu qu’à moi-même ».
Une vigneronne du Beaujolais : « Ma structure ne pouvait marcher que sur l’humain »
L’histoire lui donnera raison. 2009 et 2010 sont de bons millésimes. Dès sa deuxième année, elle dit arrêter le soufre dans ses bouteilles. Rapidement, elle embauche. Dans ses vieilles vignes, de parfois 90 ans, impossible de faire passer des tracteurs. Leur chute, dans des pentes à 35%, serait fatale.
« Ma structure ne pouvait marcher que sur de l’humain, constate-t-elle. Or, c’est vrai que l’humain coûte plus cher qu’un tracteur. »
L’équipe fait passer le treillis dans les vignes. Julie achète des moutons qui s’en vont paître entre ses pieds. Pour transporter le matériel, pas de tracteur non plus. Elle s’appuie sur deux ânes.
Une façon de travailler à l’ancienne, avec sa logique. « Si on travaillait comme ça à l’époque, il devait bien y avoir une raison ! », lance-t-elle. Japonais, Américains, Danois… Les premiers clients séduits sont étrangers. Aujourd’hui encore, elle vend près de 80 % de son vin à l’international. Un aspect qui chagrine un peu cette viticultrice militante et écolo.
La vigneronne ne serait pas contre vendre plus près… Mais, en même temps, elle apprécie les liens forts tissés avec ses exportateurs. Il leur arrive souvent de venir chez Julie Balagny, pour déguster une bonne bouteille, sans regarder les étiquettes. « La vérité est dans la bouteille », aime-t-elle rappeler.
Dans les vignes du Beaujolais, Julie Balagny a trouvé sa place.Photo : PL/Rue89Lyon.
« Ce qui me tient à cœur, c’est la cohérence et le sens de la démarche »
« Balagny », comme elle a tendance à s’appeler, a son caractère. En 2015, elle a arrêté de demander le label bio AB. « Ils me cassaient les pieds pour que je le mette sur chaque bouteille », grogne-t-elle. Elle s’embrouille avec les spécialistes qui veulent lui faire changer sa manière de fonctionner. Depuis le début, elle « traite » ses vignes avec de la tisane issue de racines de rhubarbe, venant d’Eure-et-Loire. Une manière de stimuler la vigne. Elle préfère cette solution en circuit-court à d’autres certifiées bio, mais venant de l’étranger. Bref, elle arrête le label.
« Ce qui me tient à cœur depuis le début, c’est la cohérence et le sens », martèle-t-elle.
Pour cette raison, elle songe à changer le type de société de son domaine. Objectif : intégrer au mieux ses deux salariés permanents, et ceux qui viennent plus ponctuellement.
Un autre rapport au temps pour un vin différent
Le jour de notre visite, ces derniers viennent tout juste de terminer d’écraser le raisin avec « l’homme de la maison », un pressoir du début du XXe siècle. Cette activité, d’à peine quatre heures chez d’autres vignerons, a duré 24 heures ici. « Une main d’homme sait quand le raisin est dur et s’arrête de presser. On est dans un respect total du produit », explique-t-elle.
Celle qui cherche à s’extraire des chiffres des laboratoires pour « faire confiance à sa bouche et son palet » loue une temporalité différente. Pas de doute pour elle : en s’éloignant de la nature, l’homme a changé son rapport au temps. « Une minute aujourd’hui n’est pas la même qu’une minute de 1900… » Une manière de faire qui se sent, elle l’assure, dans la conception de ses vins : « Je ne suis pas folle, j’en suis la première consommatrice ! »
Visiblement, elle n’est pas la seule. Avec près de 10 000 bouteilles vendues par an, Julie Balagny a fait son trou. Aujourd’hui, ses bouteilles sont prisées et trouvent leur place sur les tables à Paris, la ville de sa famille. Un sympathique clin d’œil pour cette cette ancienne citadine devenue une vraie habitante du Beaujolais.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Une somme de 48 000 euros s’ajoute à la note déjà salée des « dîners des sommets » organisés par Laurent Wauquiez, comme le révèle Mediapart ce jeudi 27 octobre.
L’addition serait plus salée qu’escompté. D’après les informations de Mediapart, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, aurait déboursé 48 000 euros en plus des 100 000 euros qu’a coûté au contribuable son dernier « dîner des sommets ».
Laurent Wauquiez lors de la conférence de presse avant l’assemblée plénière du 9 février 2017 à l’Hotel de Région de Lyon.Photo : Léo Germain/Rue89Lyon
Pour rappel, depuis le printemps dernier, Laurent Wauquiez a pris l’habitude de réunir le gratin local lors de prestigieux dîners, dans des lieux d’exception. Seul élu présent, il s’entoure pour l’occasion de chef·fes d’entreprise, patrons de presse, sportifs, grands noms de la cuisine… Le deuxième et dernier en date de ces « dîners des sommets » a eu lieu le 23 juin dernier, au château de La Chaize, dans le Beaujolais, propriété du millionnaire Christophe Gruy, patron du groupe lyonnais de construction Maïa.
Des dîners luxueux comme tremplin pour Laurent Wauquiez en 2027 ?
Mediapart avait initialement avancé un coût total de 100 000 euros pour cette luxueuse sauterie. D’après un nouvel article publié ce jeudi 27 octobre, il faudrait rajouter à la note 48 000 euros.
Une somme qui aurait servie à financer les services de la société Mediafin, basée à Paris, d’Édouard Tétreau, pour les deux dîners qui ont déjà eu lieu.
« Également chroniqueur dans des médias nationaux (Le Figaro ou Les Échos), Édouard Tétreau présente la particularité d’avoir déjà organisé, avant la présidentielle 2017, des soirées de levée de fonds pour le financement de la candidature d’Emmanuel Macron, précise Mediapart. Ce qui renforce l’idée que les « dîners des sommets » ont pu être pensés comme un tremplin à une possible candidature de Laurent Wauquiez en 2027, comme le soupçonne l’opposition régionale depuis nos premières révélations sur ces événements secrets, et non comme un événement visant à développer de simples « synergies » entre acteurs régionaux, comme le soutient la collectivité. »