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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

La délirante polémique autour du menu sans viande à Lyon

La délirante polémique autour du menu sans viande à Lyon

L’annonce par la Ville de Lyon du maintien temporaire d’un unique menu sans viande (mais avec poisson et œuf) dans les cantines scolaires a provoqué une polémique. Plusieurs ministres ont pris la parole, le préfet du Rhône a été saisi, la FNSEA manifeste… C’est quoi le problème ?

Vous n’avez rien suivi ce week-end et découvrez le fatras ce lundi 22 février ? Voici une tentative d’éclairage.

Un courrier de la mairie de Lyon pour expliquer le nouveau protocole sanitaire

Le lundi 15 février, la Ville de Lyon, à travers son adjointe en charge de l’Éducation, Stéphanie Léger, écrit aux mairies d’arrondissement. Puis aux parents d’élèves le jeudi 18 février. L’objet ? Les informer des nouvelles mesures sanitaires à venir dans les écoles et notamment au sein des cantines. Tout cela pour se conformer au nouveau protocole demandé par la ministère de l’Éducation Nationale. Quelles sont-elles ?

    Allongement de la pause méridienne de 11h30 à 13h45 pour étaler le passage des classes. Service de repas froids dans quelques établissements où le repas de midi se fait dans des bâtiments extérieurs à l’école. Et, donc, le maintien d’un menu unique sans viande pour permettre « d’optimiser le service de restauration » selon les termes du courrier. En clair, permettre de fluidifier au mieux le service entre des classes qui ne doivent pas se mélanger.

Si la mention explicite n’apparaît pas dans ce message adressé aux parents d’élèves, qui parle de mesures « exceptionnelles », la Ville de Lyon précisera par la suite qu’elles s’appliqueront temporairement, jusqu’aux vacances de printemps.

L’opposition de droite monte au créneau suivie de Paris

Rapidement, les élus municipaux d’opposition de droite s’étranglent dans un communiqué dès le vendredi 19 février. Ils y voient là un « choix idéologique », une « volonté d’accélérer ce qu’ils [les écologistes] avaient prévu dans leur programme de campagne », sous couvert de protocole sanitaire. L’opposition de droite lyonnaise dénonce également un manque de concertation.

À partir de là, « l’affaire » prend une ampleur nationale.

La liste est longue tant sont nombreuses les personnes, au plan national comme local ailleurs en France, à avoir pris la parole sur le sujet (sans avoir toujours bien regardé le sujet de près).

Retenons que plusieurs membres du gouvernement se sont exprimés sur le sujet pour exprimer une « inquiétude » voire leur dégoût face à un choix prétendument idéologique de la Ville de Lyon. Comme le ministre de l’agriculture, qui a même annoncé avoir saisi le préfet du Rhône.

Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, y voit lui une « insulte aux agriculteurs et aux bouchers » dans cette mesure qui priverait les »enfants des classes populaires » des seuls repas où ils peuvent manger de la viande.

D’autres membres du gouvernement, peu ou prou, sur la même ligne ont pris la parole sur le sujet durant le week-end.

Ce lundi 22 février, à partir de 10 heures, ce sont même des agriculteurs de la FNSEA (syndicat agricole majoritaire) qui se sont réunis devant l’Hôtel de Ville de Lyon. Le responsable départemental du Rhône du syndicat expliquant au quotidien local à quel point, selon lui, cette décision était un coup de poignard supplémentaire pour les éleveurs locaux.

Un menu sans viande déjà en place à Lyon

Qu’est-ce que ce menu « sans viande » ? Il ne sort pas de l’imagination de la nouvelle municipalité. Il a été instauré depuis plusieurs années à Lyon. Il est même en place tous les jours de la semaine à côté du menu classique. C’est une alternative à ce dernier, sans viande, donc, comme son nom l’indique. Deux jours par semaine, ce menu sans viande comporte du poisson. En clair, il est réellement végétarienne (sans poisson ni viande) deux jours par semaine.

C’est donc ce menu « sans viande » qui a été retenu par la Ville de Lyon comme menu unique pour le semaines à venir. Un menu sans viande mais qui n’est pas totalement végétarien (il y aura certains jours du poisson) ; et en aucun cas végan (il y aura soit du poisson soit des œufs).

La précédente majorité avait fait le même choix. En mai 2020, au moment du déconfinement, Gérard Collomb et sa majorité avaient mis en place le menu sans viande comme menu unique pour simplifier et fluidifier le service de midi là aussi. Sans polémique.

Dans l’emballement un peu surréaliste dans son ampleur, démarré ce week-end, certains éléments factuels semblent donc avoir été emportés. Comme le caractère temporaire ou le fait que ce ne soit pas un menu végétarien.

Le « végétarisme rampant » dans les écoles de Lyon ?

Pourquoi ce menu sans viande ? Parce qu’il est celui qui pose le moins de contraintes en termes de choix alimentaires. Les parents choisissant ce menu pour leurs enfants le font pour différentes raisons : religieuses, alimentaires, éthiques, etc.

Ce menu est donc celui qui satisfait le plus de monde à défaut de tous. Mais pas totalement. Avant même cette polémique, sûrement vaine, il faisait déjà des mécontents, notamment les végétariens (vu qu’il n’est pas affranchi de toutes protéines animales en servant du poisson).

Une parent d’élève végétarienne nous racontait sa situation face à ce « menu végétarien » seulement deux jours par semaine. Une situation plutôt ironique quand le végétarisme en a semble-t-il étranglé certains durant le week-end.

La question du personnel scolaire et des filières agricoles

Tout ce brouhaha et certaines attaques semblent donc davantage briller par leur opportunisme politique que par leur véritable intérêt (ou sens). Derrière ce menu sans viande se posent sûrement d’autres questions plus intéressantes.

Celle notamment de la gestion de la pause méridienne et du repas dans les écoles de Lyon. Les grèves de cantine y sont fréquentes, ces derniers temps encore. Le service de cantine est notamment assuré par les ATSEM (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Ces derniers, ainsi que d’autres personnels des écoles de Lyon, ont notamment manifesté il y a un mois environ pour dénoncer leurs conditions de travail.

Des conditions rendues beaucoup plus lourdes avec les protocoles sanitaires et pour lesquelles ils demandent des renforts.

Pour certains parents à Lyon, ce qui leur est imposé n’est pas le menu dans l’assiette de leurs enfants mais plutôt l’absence de service de restauration. Dans certaines écoles, les grèves sont assez fréquentes. Le choix ne porte plus alors sur le menu mais sur la possibilité de récupérer son enfant à midi ou de lui fournir un pique nique froid. Dans certaines écoles, bien souvent ce choix n’est d’ailleurs même pas possible les jours de grève, le personnel n’était pas suffisant pour surveiller le pique-nique des enfants. Nous reviendrons prochainement sur cette question des grèves dans les cantines sur Rue89Lyon.

Plus intéressante que la polémique en cours concernant, se pose également la question l’approvisionnement des cantines scolaires. Il n’est pas le seul mais Gérard Collomb (LREM) l’a posée au maire Grégory Doucet (EELV) ce lundi 22 février lors d’une séance du conseil municipal. Il lui a demandé de construire de « véritables filières locales ». Travail en cours selon le maire de Lyon. Même s’il s’agissait par là selon Gérard Collomb de « réduire la polémique » en cours, sa remarque pointe un sujet plus profond et structurel de l’action d’une municipalité sur ce terrain de l’alimentation.

Quel rôle a joué la hiérarchie policière dans l’affaire d’Arthur Naciri ?

Quel rôle a joué la hiérarchie policière dans l’affaire d’Arthur Naciri ?

Arthur Naciri s’était rendu déterminé au tribunal de Lyon ce 10 décembre 2020, mais le procès avait dû être reporté à ce mardi 23 février. Le jeune homme, dents refaites, va enfin pouvoir entendre les deux policiers renvoyés devant la justice pour « violences volontaires » sur sa personne.

Ils comparaissent ce mardi, accompagnés par un avocat-« star » -celui qu’Alexandre Benalla avait choisi, Laurent-Franck Liénard.

Ces deux agents appartiennent à une unité de la brigade anti-criminelle (BAC) de Lyon.

Le premier, le gardien de la paix Jérémy M., y a travaillé de 2007 à 2014 avant de la réintégrer en 2017. C’est lui qui s’est agacé du comportement et a violemment tiré en arrière Arthur Naciri. Sur les vidéos on voit le jeune homme en train d’applaudir les syndicalistes sous le nez des policiers.

Le second, Sylvain P., a été formateur en technique et sécurité en intervention et a intégré la BAC en 2016.

Le 10 décembre 2019, dans le dispositif mis en place autour de la manifestation contre la réforme des retraites, ce brigadier-chef était en charge de la sécurité des effectifs, du fait de ses compétences en sécurité-intervention.

Des photos diffusées par Rue89Lyon

À l’issue d’une enquête menée par l’IGPN (appelée communément « police des polices »), ils sont donc deux à avoir été renvoyés devant le tribunal correctionnel. Pourtant, le récit et les images recueillies ce 19 décembre 2019 à Lyon montrent la présence voire l’implication d’autres agents.

Pour rappel, ce samedi-là, aux alentours de 14 heures, Arthur est tombé, tiré en arrière par sa veste, puis happé dans un cercle formé par des agents de la police. La scène se déroule à deux pas du kiosque à journaux place Bellecour. C’est là que le cortège de manifestants achevait son parcours. Le mouvement contre la réforme des retraites démarrait tout juste alors.

Il est ressorti de ce cercle quelques secondes plus tard, désemparé, le visage ensanglanté, avec des dents en moins. Des photos, diffusées le soir-même par Rue89Lyon, accompagnées du témoignage qu’Arthur a donné depuis l’hôpital, puis des vidéos, ont permis de retracer une grande partie des événements.

Arthur Naciri en sang après son passage à tabac par des policiers à Lyon le 10 décembre. ©Bastien Doudaine
Arthur Naciri en sang après son passage à tabac par des policiers à Lyon le 10 décembre 2019, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites. ©Bastien Doudaine

Des faits de violences qu’aucun policier ne retranscrit

Le Comité contre les violences policières, collectif militant à Lyon, a notamment tiré le fil avec minutie. On sait que le procès-verbal de contexte de la manifestation, produit par la police, a mentionné à l’issue de cette journée du 19 décembre :

« Un individu est blessé place Antonin Poncet (dents cassées). Origine des blessures ignorée. »

Mais les images tendent à raconter une autre histoire. Le Comité contre les violences policières relève :

« Un commandant, chef d’unité et donc lui aussi en lien radio avec le centre de commandement, a assisté directement aux faits puisque Arthur a été littéralement projeté sur lui, comme le montre une photographie de la scène. En outre, les deux commandants de la BAC de Lyon étaient eux aussi à quelques mètres des faits.

Les images ne montrent pas s’ils en ont effectivement été témoins, mais leurs subordonnés (sans doute au moins une dizaine de policiers témoins de la scène, sans parler des cinq participants) auraient dû leur faire remonter les faits. »

Un commissaire divisionnaire entendu par l’IGPN

Aux abords des faits ont pu être identifiés du fait de leurs insignes trois commandants, chefs d’unité en lien radio avec le centre de commandement.

Un des chefs de l’état-major de la DDSP (direction départementale de la sécurité publique), commissaire divisionnaire, s’est approché d’Arthur Naciri pour lui demander qui lui avait « fait ça ». Mais malgré la réponse du jeune homme qui a désigné le groupe de policiers de la BAC, rien ne se passera.

Ce cadre a été par ailleurs entendu par l’IGPN pour son enquête.

Le Comité, qui a saisi la défenseuse des droits par courrier, ajoute :

« Alors que la direction de la sécurité publique était informée des faits, elle n’a manifestement rien fait et rien dit pendant 24 heures […]. En outre, Arthur a essuyé deux refus d’enregistrer sa plainte, au commissariat d’abord, puis à la gendarmerie.

Au final, l’enquête ne sera ouverte que le lendemain, après que le parquet a appris l’agression d’Arthur par voie de presse, grâce aux images publiées. »

« La hiérarchie répond-elle des actes de ses fonctionnaires ? »

Quel rôle ont donc joué, ou n’ont pas joué, les cadres de la police présents sur place ?

Thomas Fourrey, avocat lyonnais d’Arthur Naciri, posait la question à la veille de l’audience en décembre, auprès de Rue89Lyon :

“La hiérarchie répond-elle des actes de ces fonctionnaires ? Nous souhaitons savoir ce qui se passe pour eux aujourd’hui. Pour Arthur, les conséquences, on les connaît. Et elles sont lourdes.”

Les deux policiers à l’encontre desquels ont été établies les qualifications de violences volontaires, avec arme pour l’un d’entre eux (la matraque télescopique), n’ont pas été suspendus et aucune sanction disciplinaire n’a pour l’heure été prise.

Même si une enquête interne à la police serait en cours, nous a déclaré la DDSP.

Comment utilisons-nous les données sur la Covid-19 ?

Comment utilisons-nous les données sur la Covid-19 ?

Voilà six mois environ que nous utilisons sur Rue89Lyon les données publiques des indicateurs de l’épidémie de Covid-19. Mais nous n’avions pas encore pris le temps d’en parler avec vous. Réparons cette absence.

Pourquoi utiliser et représenter ces donnés ?

Nous avons utilisé les données publiques des indicateurs de suivi épidémique pour la première fois en juillet 2020. A ce moment-là, l’idée était de faire un point d’étape sans idée encore sur la suite à lui donner. La fréquence, devenue rapidement hebdomadaire, s’est ainsi faite chemin faisant, fruit d’un double constat.

D’une part l’audience de ces contenus, bien que fluctuante, nous a semblé témoigner d’un intérêt du lectorat ; d’autre part l’utilisation de ces données nous est apparu intéressante pour illustrer et questionner les mesures sanitaires prises par les différentes autorités.

Aujourd’hui, ces règles sont plutôt installées et malheureusement « durables ». Comme le port du masque dans l’espace public, quasi généralisé, ou encore les mesures de couvre-feu.

À l’époque pourtant, à la fin de l’été 2020, elles étaient encore relativement différenciées et fluctuantes. Rappelez-vous, les obligations du port du masque tombaient au goutte-à-goutte dans les communes du Rhône.

Chaque vendredi, on attendait le communiqué du préfet annonçant les zones concernées.

Des décisions basées sur certains de ces indicateurs. Des données que nous n’avions d’ailleurs pas encore à disposition à ce moment-là (sur cette question nous avons fait déjà fait un premier retour réflexif ici).

Quelles données utilisons-nous ?

Nous utilisons, comme beaucoup, les données mises à disposition en open data. Elles émanent de l’organisme de veille sanitaire Santé Publique France et du Ministère de la santé. Nous avons concentré nos efforts sur celles concernant :

    le dépistage (nombre de tests) le taux d’incidence le taux de positivité les indicateurs hospitaliers : hospitalisations, réanimation, retour à domicile et décès taux de tension sur les services de réanimation

Pourquoi ne pas utiliser toutes les données disponibles ?

Nous avons choisi de nous concentrer sur certaines données qui nous apparaissaient essentielles.

Pour des raisons pratiques d’une part. Les relevés des données, engendrant de nombreuses manipulations manuelles (nous le faisons pour les 12 départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes), restent pour nous (avec nos limites humaines et techniques) des opérations relativement lourdes et chronophages.

Pour une raison éditoriale d’autre part. Nous n’avons pas ambitionné de présenter le suivi de l’ensemble des indicateurs de l’épidémie dans l’ensemble des départements de la région.

De nombreux médias, nationaux notamment, les producteurs de données eux-mêmes ou d’autres initiatives (comme CovidTracker) assurent largement ce travail.

Nous nous sommes concentrés sur celles qui nous apparaissaient essentielles. Et surtout sur celles dictant directement les mesures sanitaires impactant le grand public.

C’est pourquoi nous nous concentrons essentiellement sur les données hospitalières et les taux d’incidence et de positivité. « L’encombrement » des hôpitaux et des services de réanimation dictant en grande partie les restrictions à venir.

Pourquoi utiliser des données forcément limitées ?

Nous n’ignorons pas les limites de certaines données. Tant dans leur lecture que dans leur nature. Sur les tests de dépistage notamment. Jusqu’au mois de décembre par exemple, les tests antigéniques n’étaient pas comptabilisés. Ils le sont depuis mais sont contestés, accusés notamment de produire des faux positifs.

Concernant les statistiques hospitalières, les remontées des données en temps réel sont compliquées pour les hôpitaux. Créant ainsi des « lits fantômes » comme l’évoquait Le Canard Enchaîné dans son édition du 23 décembre 2020.

Parfois, les données des hôpitaux ont abouti à des modifications a posteriori. Un nombre de décès de patients atteints du Covid ou de retours à domicile revus à la baisse d’un jour à l’autre. Comme ici en Ardèche par exemple :

Ces données publiques, même imparfaites, demeurent les seules à disposition pour tenter de représenter l’évolution de l’épidémie. Nous les représentons de manière à ce qu’elles aient du sens malgré tout (utilisations de chiffres sur une semaine glissante plutôt que quotidienne par exemple).

Comment nous essayons de proposer une lecture de ces données ?

Nous avons avancé pas à pas dans la manipulation en essayant d’améliorer leur représentation et leur lecture, en corrigeant nos éventuelles erreurs. Nous étions, comme beaucoup d’entre vous certainement, assez étrangers aux notions de taux d’incidence ou de taux de reproduction effectif d’un virus.

Nous avons fait un premier travail simple : lire et écouter les spécialistes (virologues, épidémiologistes) nombreux à s’exprimer sur le sujet, pour comprendre la signification et la lecture des indicateurs proposés.

Nous avons ainsi très rapidement proposé une lecture du taux d’incidence au regard du niveau de dépistage. On sait le premier très sensible au second.

Par ailleurs, nous avons très vite décidé d’adopter un rythme hebdomadaire.

D’une part parce que nous n’avons pas les moyens de le faire quotidiennement. D’autre part, nous avons rapidement compris qu’un décompte quotidien des chiffres n’avait pas vraiment de sens ni n’autorisait une quelconque lecture de l’évolution de l’épidémie.

Des représentations graphiques pas toujours pertinentes au départ

Au départ, nous avons proposé des représentations quotidiennes de certains indicateurs (comme le taux d’incidence par exemple. Elles n’avaient pas grand sens. Nous avons toutefois toujours apporter une lecture hebdomadaire à d’éventuelles évolutions.

Concernant la représentation graphique des données, nous avons rapidement corrigé ces erreurs de départ pour privilégier des chiffres hebdomadaire par exemple. Ou, quand les données le permettent, des données sur une semaine glissante (les données quotidiennes représentent l’évolution ou la moyenne sur les 7 jours précédents).

Un retard (presque) volontaire et une prudence dans l’analyse

Nous proposions ainsi auparavant des chiffres forcément « en retard ». Les jeux de données de certains indicateurs ont toujours quelques jours « de retard » par rapport à la date de leur publication. Un retard statistique dû au temps nécessaire de remontée des données et de leur consolidation.

Ce recul impondérable combiné à celui de notre rythme nous conduisait donc à présenter des chiffres avec parfois une semaine de décalage par rapport au jour de la publication.

Cela ne nous est pas forcément apparu comme un souci majeur. Par exemple, on sait que si l’épidémie circule davantage, elle se traduira éventuellement par une augmentation des hospitalisations ou des réanimations avec un certain décalage dans le temps. Désormais certains des indicateurs présentent donc une meilleure « fraîcheur » des chiffres.

Nous avons toujours tenté de rester prudents. Les évolutions ne se lisent pas forcément à la forme d’une courbe. Le rythme hebdomadaire, s’il est certainement plus pertinent qu’une lecture quotidienne, reste peut-être encore trop rapide pour certains indicateurs.

Pour plus de souplesse mais aussi plus de pertinence dans l’analyse, nous ferons peut-être évoluer le rythme de nos points sur l’évolution des indicateurs. 

Un traitement qui évolue au fil du temps et de nos réflexions

Tout ceci est pour notre petite rédaction un travail qui se fait au fil de l’eau, de nos réflexions ou parfois des interpellations. Un exemple : le  nombre de décès.

Comme le rappelait récemment le démographe Hervé Le Bras, le virus entraîne un niveau de mortalité plus faible que la crainte qu’il génère. D’où l’importance, nous semble-t-il, d’insister sur les statistiques hospitalières et le niveau de tension dans les établissements. Car, sans manquer de respect aux morts, c’est bien lui qui importe dans les mesures sanitaires touchant le grand public.

À l’inverse les restrictions sanitaires et le degré d’inquiétude sont jugés totalement disproportionnés par d’autres au regard de ce même « faible » le niveau de létalité de la maladie.

Nous l’avons encore constaté lors d’un récent point hebdomadaire où nous une faisions une incise sur le « rythme » actuel de la mortalité à l’hôpital dans la région. Chose plutôt inhabituelle puisque nous relevons très rarement dans ces points hebdomadaires le niveau de mortalité.

Mais il nous a été renvoyé en commentaire sur Facebook que « la maladie ne tuait que 0,0000XXX% des personnes atteintes ». Ou, plus intéressant, que « la courbe verte des des retours à domicile augmentait aussi ». En somme arrêtez de ne regarder que les morts.

Cette remarque nous questionne car c’est justement ce que nous ne voulons pas faire. Peut-être que représenter sur un même graphique un cumul des décès et des retours à domicile (guérisons) n’est finalement pas si judicieux. Car, pour le dire autrement, si la courbe rouge des décès cumulés ne bougeait plus (plus aucun décès à l’hôpital) mais que celles des retours à domicile, des hospitalisations et des réanimations continuaient leur évolution, la pression sur les hôpitaux changerait finalement assez peu. Et les mesures sanitaires également.

Au fil du temps, notre traitement de ces données n’a peut-être pas été très clair de notre part. Dans les premiers temps, nous ne représentations pas les données des retours à domicile. Non pas que nous voulions cacher qu’il y avait davantage de guérisons que de décès (parmi les personnes admises à l’hôpital) mais nous voulions plutôt montrer l’évolution des autres indicateurs.

Nous avons, au fil du temps, incorporé ces statistiques sur les retours à domicile, pour une vision plus complète des statistiques hospitalières. Les retours à domicile, donnée plutôt positive, nous les avons représentés en vert en opposition au rouge des décès.

Représentons-nous bien les données que nous vous voulons souligner ?

En ne voulant donc pas focaliser l’attention sur la mortalité mais sur les niveaux de tension sur les hôpitaux, le travail a donc pu finalement être contreproductif.

L’autre difficulté réside dans le fait cette question de la mortalité ne doit pas être minimisée pour autant. Sous prétexte que la virus et la maladie tuent une faible part des personnes contaminées. Et quasi essentiellement des personnes de plus de 80 ans.

Voilà pourquoi nous avons aussi choisi d’analyser l’excédent de mortalité dans notre région. Mais sur un temps long. Nous avons ainsi proposé des représentations et études de la surmortalité enregistrée en 2020 comparativement aux 10 dernières années dans le Rhône, l’Isère, la Loire, la Savoie et la Haute-Savoie.

Vous avez une remarque ? Une critique ? Des idées à apporter ? N’hésitez pas, les commentaires sont là pour ça.

« La chasse aux sneakers », avec les fans de baskets de luxe à Lyon

« La chasse aux sneakers », avec les fans de baskets de luxe à Lyon

L’émission « Les pieds sur terre » de France Culture invite à la découverte du monde des « sneakers addict » à Lyon. La journaliste Daphné Gastaldi y brosse un tableau déstabilisant du monde de la basket de luxe.

Qu’est-ce qui différencie une paire de basket Décathlon d’une vraie paire de « sneakers » ? Son prix ? Sa rareté ? Difficile à dire. La définition de wikipédia ne caractérise pas les « sneakers » du fait qu’elles sont dispendieuses mais plutôt par leur usage :

« Les sneakers désignent une paire de chaussures de sport détournée à un usage citadin et quotidien. Dérivées des modèles conçus pour le sport, elles sont appréciées pour leur confort et leur style. »

Pourtant, l’émission de radio de 28 minutes « La chasse aux sneakers » détaille par quatre portraits combien le prix des sneakers les rend plus ou moins désirables. Bienvenue dans un monde où passion et spéculation s’entremêlent.

« Au début, c’était bon enfant »

Florent Altounian, propriétaire de la boutique Shoez Gallery (Lyon 1er), est le premier à s’en émouvoir. Au point d’avoir craint pour sa sécurité. Au cours de l’émission, il explique que depuis quelque temps, la sortie d’une nouvelle paire en édition limitée est synonyme d’angoisse pour lui, de risque d’émeutes à son magasin. De plus, le phénomène de « resell », c’est-à-dire de revente à prix d’or a aussi eu un impact sur son travail :

« Au début, la queue devant le magasin était bon enfant, on était tous là pour la même chose. Et puis, on s’est aperçus qu’il y avait de plus en plus de monde et les gens ont commencé à s’organiser… »

La rareté organisée

Les ficelles ne sont pas bien différentes du marché de l’art. Comme avoir un Gauguin dans son salon, avoir des Yeezus aux pieds raconte quelque chose sur ses valeurs, ses goûts et aussi ses moyens. StockX, Wethenew sont les nouvelles salles de vente aux enchères du net.

Pour se procurer des sneakers rares, les passionnés sont prêts à faire des kilomètres ou dormir devant une boutique. Tout cela pour la « deadstocker », c’est-à-dire mettre la paire sous vide et ne jamais la porter, en attendant qu’elle prenne de la valeur. Dans le documentaire de Daphné Gastaldi, un jeune de 14 ans, Léopold, raconte avoir acheté une paire à 220 euros et l’avoir revendue à 1000 euros dans la même journée. Des montants qui peuvent faire tourner la tête.

Le paradoxe des sneakers

Pour Brian, lyonnais de 22 ans qui a grandi aux Minguettes, le monde des sneakers a été un moyen de trouver « son truc » et de s’échapper d’une vie un peu grise. Propriétaire de la boutique Kulture en plein centre de Lyon, son magasin est le projet de sa vie.

« Il y a des chaises en bois Louis XVI qui sont vendues à 18 000 euros, ça veut dire quoi ? Dans ma petite banlieue je ne connaissais pas du tout ça. »

Malgré le prix exorbitant de la plupart des chaussures, la sneakers est censée représenter la culture de la « street », des quartiers populaires. Un business paradoxal à découvrir sur France Culture.

#sneakers#Spéculation

Maradona et les pharaons : ma matinée en école élémentaire à Lyon

Maradona et les pharaons : ma matinée en école élémentaire à Lyon

Fin décembre, j’ai eu la chance de pouvoir intervenir auprès d’élèves de primaire d’une école de Lyon autour du métier de journaliste. L’occasion de présenter différents médias autour d’un atelier ludique. Et commencer à parler aux enfants d’information.

Covid-19 : à Lyon et sa région une évolution toujours stable

Covid-19 : à Lyon et sa région une évolution toujours stable

[En graphiques] Après les fêtes et avec l’arrivée des variants à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes, la dégradation de l’évolution de l’épidémie de Covid-19 semblait acquise. Pour l’heure, l’épidémie continue d’évoluer mollement dans la région. Si sa dynamique semble même ralentir, les hôpitaux ne voient toujours pas de forte décrue s’opérer.

On serait presque surpris de voir la tendance positive de certains indicateurs. Depuis plusieurs semaines, les niveaux parfois élevés de certains faisaient craindre le pire, en cas d’explosion épidémique. Cette dernière, fort heureusement, n’est pour l’heure pas arrivée. Mieux, la dynamique de l’épidémie dans la région semble stable voire en légère baisse.

Covid-19 : à l’hôpital, l’évolution en « plateau » continue

C’est l’étalon des mesures sanitaires : l’ « encombrement » des hôpitaux et des services de réanimation par des patients Covid-19.

Le niveau d’hospitalisations simultanées de patients Covid-19 continue sa lente diminution. Au 16 février, il y a eu sur une semaine glissante 3600 patients Covid dans les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elles s’élevaient à 3700 lors de notre dernier point il y a une semaine.

À court terme, l’évolution reste positive puisque toujours légèrement baissière. Toutefois, en prenant davantage de recul, elle ne doit pas faire oublier que les hospitalisations se situent à niveau toujours élevé. Au 16 février, on se situait ainsi au même niveau qu’au 29 octobre 2020, veille de la mise en place du deuxième confinement.

L’évolution des hospitalisations était à l’époque incomparable avec celle d’aujourd’hui (+300 patients hospitalisés en simultané par semaine environ). Mais cela montre le niveau actuel des hospitalisations en cours.

Une évolution stable en réanimation

Ainsi, le niveau de tension sur les services de réanimation des hôpitaux de la région reste stable. Et toujours relativement élevé. Il oscille dans la région entre 70 et 75% d’occupation des capacités initiales des services de réanimation par des patients Covid-19.

Au 16 février, les hôpitaux de Lyon (HCL) indiquaient un taux d’occupation de leurs lits de réanimation par des patients Covid-19 de 45% environ. Pour un taux d’occupation global de plus de 90%. Une situation qui s’améliore. Toutefois, les HCL déploient toujours pour l’heure environ 30% de lits de réanimation supplémentaires par rapport à leur capacité habituelle (180 contre 139 habituellement).

Auvergne-Rhône-Alpes, une épidémie qui semble diminuer

Nombre de cas, taux d’incidence, taux de positivité… Ces indicateurs participent à l’évaluation de la dynamique de l’épidémie. Les spécialistes le répètent, ils ont notamment un défaut: ils son sensibles au niveau de dépistage.

Un élément que nous répétons souvent ici et que nous avons tenté de toujours garder en tête lors de nos points hebdomadaires. Cette relation, nous l’avions notamment répété au moment des fêtes de fin d’année qui avaient entraîné une explosion du dépistage. Et rendu par la même occasion la lecture de l’évolution de l’épidémie presque impossible.

Depuis, le dépistage s’est plutôt stabilisé. Des variations existent mais sont moins fortes. Depuis un mois, l’évolution du taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) et du niveau de dépistage semble plutôt inverse. A partir de mi-janvier, le dépistage a légèrement diminué alors que le taux d’incidence repartait à la hausse. Il a depuis entamé une baisse lente et régulièrement alors que la dépistage repartait à la hausse de la fin du mois de janvier jusqu’au 7 février.

Même chose pour l’évolution du taux de positivité (proportion des cas positifs dans l’ensemble du dépistage).

Une évolution en trompe-l’oeil ?

De quoi laisser penser que la dynamique de l’épidémie, malgré les menaces actuelles des variants, semble être légèrement à la baisse. D’autant que le taux de reproduction du virus est repassé sous la barre des 1, indiquant normalement un recul de l’épidémie.

Là aussi, il ne faut pas perdre de vue le niveau qui se cache derrière l’évolution récente. Avec 183 cas pour 100 000 habitants au 13 février sur une semaine glissante, le taux d’incidence global dans la région reste près de 4 fois supérieur au-dessus du seuil d’alerte (50 cas pour 100 000 habitants). Y compris parmi les catégories d’âge les plus à risque : 148 cas pour 100 000 chez les 60-69 ans, 142 cas pour 100 000 chez les 70-79 ans, 199 cas pour 100 000 chez les 80-89 ans et 387 cas pour 100 000 chez les plus de 90 ans.

De plus, depuis le 6 février l’ensemble de la région est concernée par les vacances scolaires de la zone A. Moins de contaminations à venir, pour les plus jeunes. Mais aussi moins de dépistage de façon générale. Depuis le 8 février, le dépistage baisse dans la région. Faisant chuter avec lui, le taux d’incidence.

Dans le même temps, la progression des variants du virus Sars-CoV-2 se poursuit. De quoi inviter alors à la prudence quant à la lecture de l’évolution de l’épidémie et son éventuelle amélioration. 

Lors de la deuxième vague épidémique au mois de novembre 2020, la région avait également connu une situation de « plateau ». La lente dégradation depuis la fin de l’été semblait s’être stabilisée avant de finalement exploser rapidement.

Ain et Ardèche, les départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomez ou recherchez la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes

Médecin à Villeurbanne pendant 40 ans, il raconte « son » Tonkin

Médecin à Villeurbanne pendant 40 ans, il raconte « son » Tonkin

Arrivé à Villeurbanne depuis le Havre en 1981, Philippe Buffler, 66 ans, vient de se résoudre, non sans mal, à ranger définitivement son stéthoscope. Médecin généraliste « de famille », à l’ancienne, le néo-retraité livre à Rue89Lyon un parcours dans ce qu’il considère comme le « plus beau métier du monde ». Témoignage d’une personnalité implantée dans son quartier, sur la pratique de la médecine de ville, ses enjeux personnels et sociétaux.

Philippe Buffler : « Je n’ai pas trouvé de repreneur pour mon cabinet. C’est un crève-coeur mais pas une surprise. Plus personne n’a envie de s’installer seul pour être sans cesse sur la brèche. »Photo : HP/Rue89Lyon

 « Les nombreux et émouvants témoignages de sympathie et d’affection reçus au moment de mon départ à la retraite fin 2020, de la part de familles que j’ai connues de génération en génération, en témoignent : médecin généraliste, c’est le plus beau métier du monde.

On se dit qu’on a été un peu utile. Même après quarante ans d’exercice,  il est très difficile de décrocher et d’abandonner des patients qui m’ont accordé toute leur confiance.

Au Tonkin : quatre médecins en 1981, le double deux ans plus tard

C’est en 1971, à la sortie du lycée, que j’opte pour la médecine. Non par vocation, mais pour accompagner mon meilleur copain. J’ai la chance d’avoir une excellente mémoire et j’enchaîne les années d’études sans trop de difficultés. Les distractions sont rares. On a du temps pour potasser nos cours.

Rapidement, je décide d’être généraliste.

J’ouvre mon cabinet à Villeurbanne, dans le quartier du Tonkin, le 17 mars 1981. J’ai 26 ans. J’ai grandi au Havre, obtenu mon diplôme de docteur en médecine à Rouen. Je quitte la Normandie pour suivre mon épouse dans l’agglomération lyonnaise dont elle originaire. Non sans un pincement au cœur.

Le Havre et son climat n’ont pas bonne réputation mais j’y suis attaché, j’y ai tous mes amis. Je me rappelle avoir sillonné, à mini-vélo,  plusieurs villes de la banlieue (Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Caluire) en quête de mon point de chute professionnel.

Je choisis finalement le Tonkin à Villeurbanne, un quartier en pleine rénovation où est programmée l’arrivée de nombreux nouveaux habitants.  Je ne suis pas le seul à avoir cette idée : nous sommes quatre médecins en 1981, le double deux ans plus tard.

La hantise du téléphone à 2 heures du matin

Un logement HLM me sert tout d’abord de lieu d’habitation et de local professionnel. En 1985, je transfère mon cabinet dans une copropriété sur la dalle du centre commercial des Samouraïs, avenue Salvador Allende. J’y exerce plus de dix heures par jour.

Beaucoup de présence mais peu d’actes au début car les généralistes sont légion à cette époque. Je vais rester pendant 35 ans dans le même décor, avec un plaisir jamais démenti. Pour moi, ces longues journées, cette disponibilité, sont inhérentes au job. J’appartiens à une génération pour laquelle le travail occupe une place centrale, avant la famille et les loisirs. C’est le fruit de mon éducation.

Quand je débute ma carrière, je me dis en substance : tu as eu la chance de faire des études, alors maintenant, au boulot.

Pendant dix ans, pour faire bouillir la marmite, j’effectue des gardes de nuit. Je me déplace dans des coins de l’agglomération où l’ambiance peut être tendue. Des pierres volent parfois.

Longtemps après avoir arrêté, j’ai la hantise de la sonnerie du téléphone à 2 heures du matin. Se déplacer au milieu de la nuit pour un infarctus en espérant qu’un arrêt cardiaque ne survienne pas avant l’arrivée du Samu génère un sacré stress.

Des confrères qui trouvent refuge dans l’alcool, qui craquent

À la fin des études, je possède le savoir théorique mais je vais tout apprendre sur le terrain, avec son lot d’angoisses et d’erreurs. Je n’ai jamais eu de plaintes déposées contre moi. La chance ?

Quand j’ouvre la porte de ma salle d’attente, je ne sais jamais ce qui m’attend. C’est à la fois stimulant et stressant. Pas simple de dormir certaines nuits. J’ai des confrères qui trouvent refuge dans l’alcool ou qui craquent et se suicident. Il faut savoir se remettre en cause, et en même temps avoir une grande confiance en soi.

Je suis en représentation pendant dix heures, à l’écoute du malheur d’autrui. Le traditionnel examen clinique relève un peu de la mise en scène et vient, pour l’essentiel, confirmer le diagnostic établi à partir de l’échange préalable avec le patient.

Exercer en solo dans son cabinet finit par peser. La nécessité d’avoir une activité à l’extérieur me conduit à intervenir, chaque semaine, dans des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).

Dans la société actuelle, il faut être beau et en pleine santé. On se retrouve ainsi face à des patients qui n’acceptent pas d’avoir mal à la tête, de tousser quatre fois dans la journée. Un climat anxiogène renforcé par internet, je trouve. J’ai mal au ventre, j’ai un cancer, j’ai mal au dos ; il me faut un scanner.

Tonkin
22 000 habitants vivent au Tonkin qui compte 28% de logements sociaux

Un tel rythme de travail n’est pas sans conséquence sur la vie de famille qui est sérieusement malmenée. A la fin d’une journée, la fatigue accumulée ne permet pas d’être disponible, de se concentrer sur les petits soucis des enfants.

On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés : mes filles, dont je ne me suis pas assez occupé, ont été les plus mal soignées.

Le cabinet libéral, ce dinosaure de la médecine

Je n’ai pas trouvé de repreneur pour mon cabinet. C’est un crève-cœur et en même temps, pas une surprise. Personne n’a plus envie de s’installer seul pour être sans cesse sur la brèche. Le cabinet libéral, c’est le dinosaure de la médecine, il va disparaître.

Au Tonkin, le nombre de généralistes est redescendu à quatre.

J’ai récemment rendu visite à une jeune femme qui exerce à la Guillotière [Lyon 7è]. Elle travaille à mi-temps dans une maison de santé pluridisciplinaire où sont regroupés quatre médecins. Une personne assure le secrétariat. Pas de permanence le samedi.

Je ne critique pas, j’avoue même que ça fait envie.

Pour les jeunes confrères, la famille et les loisirs priment, ils recherchent tranquillité et sécurité. 

Mais ma génération ne peut pas, par exemple, se résoudre à diriger sur les urgences une maman qui appelle à 18 heures pour un enfant souffrant d’une otite ou d’un mal de gorge. On répond : « Passez en fin de journée ».

Avec Internet, soit le médecin est un Dieu, soit un nul

La médecine a évolué vers plus de technicité. Les généralistes qui débutent leur carrière sont mieux formés que nous. Très compétents, ils n’ont plus la même approche du métier. Ce sont des ingénieurs qui appliquent des protocoles. C’est parfait pour une révision de voiture. Mais l’être humain ne cadre pas toujours avec les protocoles. Il faut aussi savoir être dans l’empathie.

En médecine, l’obligation de moyens existe, pas celle de résultats. On s’emploie à donner des preuves d’efficacité plutôt que d’écouter les patients et on prescrit des examens : radios, IRM, bilan sanguin… La peur des plaintes, des procès explique aussi cette évolution. On n’a plus le droit à l’erreur.

C’est effarant de voir les notes attribuées sur Internet. Soit vous êtes un Dieu, soit un nul. D’où la propension à ouvrir le parapluie. Le rôle du médecin généraliste se résume alors à aiguiller vers des spécialistes, par crainte de passer à côté de quelque chose.

Il est à craindre que cette nécessité de technicité, de protocolisation, n’entraîne la disparition de nombreuses spécialités qui seront supplantées par l’intelligence artificielle.

Un professionnel radiologue, au bout de 100 IRM, est fatigué, pas l’appareil. Idem pour un cardiologue qui doit étudier moult échographies ou électrocardiogrammes dans sa journée .

Au Tonkin, « je n’ai jamais éprouvé un sentiment d’insécurité »

Ce quartier du Tonkin, je l’ai aimé malgré le béton et son urbanisme pour le moins déroutant. Circuler d’est en ouest réclame de parcourir quatre kilomètres. Pour le visiteur, impossible de se retrouver dans ce labyrinthe très mal conçu.

Initialement, l’urbanisme de dalle prévoyait une circulation des véhicules en souterrain et puis soudain, il y a eu un changement de cap.

Le Tonkin n’a pas forcément bonne réputation. Je n’ai jamais pour ma part éprouvé un sentiment d’insécurité.

Mais je n’ai pas compris que la Ville de Villeurbanne ne soit pas davantage attentive à la politique de peuplement afin d’assurer une mixité sociale plus tranquille. Pourtant, elle avait eu à gérer un précédent, la cité « Olivier de Serres » à Cusset (1).

Or on a recommencé à concentrer des familles en difficulté au Tonkin. Je l’ai vécu personnellement dès les années 80 puisque j’ai été amené à quitter l’appartement HLM de l’allée Clouzot où je m’étais installé, du fait de la dégradation progressive de la résidence.

La population est composée à 95% de gens bien mais il y a une petite minorité qui dégrade de plus en plus, notamment dans la partie nord du quartier.

Ici, peut-être plus qu’ailleurs, le trafic de drogue prospère. Certains parents ont un sacré mérite de bien éduquer leurs enfants alors que ces derniers ont sous les yeux le spectacle permanent de jeunes dealers. »

(1) Construite en 1959 pour accueillir initialement, les rapatriés d’Algérie, la cité Olivier de Serres (336 logements répartis en six bâtiments), gérée par un propriétaire privée, s’est transformée, au fil du temps, en ghetto et a été démolie au début des années 80, à l’initiative de Charles Hernu, député-maire.

Tonkin
Une partie du quartier du Tonkin offre un exemple d’urbanisme de dalle qui soulève des problèmes de gestion des espaces publics (domanialité, entretien, dégradation rapide, etc).

Téléphérique à Lyon : les 10 points de la controverse

Téléphérique à Lyon : les 10 points de la controverse

Le débat bat son plein autour du projet de transport par câble autrement appelé téléphérique, actuellement envisagé entre Francheville et Lyon. Son tracé le ferait passer par Sainte-Foy-lès-Lyon et la Mulatière ; il est prévu pour fin 2025. Décryptage des arguments en défaveur du téléphérique et des réponses de Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon délégué aux déplacements, intermodalités et à la logistique urbaine.

La maire (LR) de Sainte Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, clame haut et fort son opposition au projet de transport par câble. Elle a récemment transmis un courrier incendiaire au président (EELV) de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard. Qui est également le président du Sytral, syndicat mixte et autorité organisatrice des transports en commun lyonnais (TCL.

La missive de Véronique Sarselli a pour objet de demander un référendum et une plus grande concertation. Elle y multiplie les arguments à l’encontre du projet, en s’appuyant notamment sur des études du Sytral lorsque l’organisme était alors présidé par une protégée de Gérard Collomb, Fouziya Bouzerda (Modem).

En guise de préambule, soulignons que les diverses études citées dans cet article et rendues disponibles par la mairie de Sainte-Foy-lès-Lyon sont des études de pré-faisabilité, ou d’impact, qui ont été établies sur des tracés qui ne seront peut-être pas ceux choisis in fine par le Sytral.

Image extraite du dossier "profils - vues en plan - impacts" d'Egis sur commande du Sytral. Non daté. Dossier complet disponible ici.
Image extraite du dossier « profils – vues en plan – impacts » d’Egis sur commande du Sytral. Non daté.

Les études doivent peu ou prou se rapprocher du trajet qui sera prochainement étudié par le maître d’œuvre chargé du projet (non encore choisi). Elles calculent en effet les coûts et intérêts du tracé médian, soit le tracé favori du Sytral (c’est-à-dire Gerland et peut-être Confluence, la Mulatière, Sainte-Foy-lès-Lyon centre, Francheville).

Néanmoins, les études ne démontrent pas l’absolue infaisabilité du téléphérique et son inaptitude à répondre aux impératifs d’insertions paysagères et de déplacements de l’Ouest lyonnais. Il serait plus juste de dire que l’étude, datant de 2019 notamment, n’est pas concluante sur le tracé qui a été étudié.

Une bagarre politique autour des études de faisabilité

À propos de ces études peu encourageantes, Jean Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon mais aussi vice-président au Sytral, a récemment déclaré à la presse locale que les études lancées par le bureau précédant la mandature écologiste ont été orientées :

“Manifestement, le Sytral n’y croyait pas en 2017-2018. Et le bureau d’études nous a très clairement dit qu’on lui avait demandé une étude à charge. Ils ont un peu minimisé le nombre de voyages potentiels et un peu surestimé les coûts.”

Ce à quoi, Fouziya Bouzerda, anciennement à la place de Bruno Bernard, a répondu toujours par voie de la presse que ces affirmations étaient fausses et très graves :

« On n’a pas comme objectif de bidonner des études. […]”

Au voeux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda Présidente du SYTRAL. Vendredi 25 janvier.©MG/Rue89Lyon
Au voeux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda Présidente du SYTRAL. Vendredi 25 janvier 2019.©MG/Rue89Lyon

Réinterrogé à ce sujet par Rue89Lyon, Jean-Charles Kohlhaas n’en démord pas mais semble un peu plus mesuré :

« Moi je suis surpris qu’elle ait réagi comme ça. Je connais encore mieux le bureau d’études Egis qui a fait les récentes études, lesquelles disaient 25 000 et pas 8 000 voyageurs par jour. » 

Il ajoute :

« Quand on ne croit pas en un projet on n’y croit pas. La différence qu’il y aujourd’hui c’est que nous, nous croyons que ce serait intéressant de changer la culture lyonnaise. »

Projet étendard de Bruno Bernard ou d’utilité avérée ?

Le réaménagement en grande pompe du quartier Confluence ainsi que celui des berges du Rhône ont fait la vitrine des mandats successifs de Gérard Collomb. Le téléphérique semble aussi se positionner comme un projet phare idéal pour Bruno Bernard, un président écologiste encore peu connu des grands-lyonnais. Et dont l’image pourrait alors se construire autour d’un projet phare et symbolique auquel les électeurs pourraient l’identifier.

Pour son vice-président (VP) Jean-Charles Kohlhaas, on reproche surtout au téléphérique de ne pas être un bus ou un métro. C’est-à-dire de ne pas être un transport auquel les lyonnais sont habitués :

« Ce n’est pas un métro, c’est clair. Il ne va pas transporter 200 000 personnes par jour mais il a son domaine de pertinence. Il me semblerait très intéressant de prendre cette proposition au sérieux. »

Retour, en 10 points, sur les sujets qui fâchent.

1. Survol de zones résidentielles calmes : le problème de la covisibilité

Compte tenu du fait que le téléphérique pourrait probablement passer par le centre de Sainte-Foy-Lès-Lyon, certains fidésiens ont exprimé leur crainte que l’on voit à l’intérieur de chez eux ou dans leur jardin.

Dans un des rapports du Sytral, le rapport « ARCADI » de 2019, il est écrit que :

“Le passage à Sainte-Foy-lès-Lyon, notamment à proximité du centre, est complexe, du fait des problématiques de survol de maisons individuelles.”

Image extraite du dossier "profils - vues en plan - impacts" d'Egis sur commande du Sytral. Non daté. Dossier complet disponible ici.
Le passage de la mairie de Sainte-Foy. Image extraite du dossier « profils – vues en plan – impacts » d’Egis sur commande du Sytral. Non daté.

En page 6 du rapport de présentation du projet SYTRAL 2020, il est aussi noté que le plateau de Sainte-Foy-Lès-Lyon représente une difficulté dans “un contexte urbain constitué d’une proportion importante de maisons individuelles avec de grands jardins et souvent des piscines. […]”. 

Cette même étude estime que 1300 familles pourraient être impactées par la covisibilité.

Image extraite du dossier de "pré-faisabilité du téléphérique" daté de novembre 2020 du Sytral. Dossier complet disponible ici.
Représentation de l’hypothétique station de Sainte-Foy-Lès-Lyon.
Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral. Dossier complet disponible ici.

Pour l’élu écologiste, il s’agit d’une crainte justifiée à laquelle le Sytral pourrait apporter des réponses satisfaisantes :

“Je comprends cette crainte, dans les téléphériques urbains il n’y a pas de covisibilité verticale, quand on est dans le téléphérique on ne peut pas regarder en dessous. On ne voit qu’à un peu plus que l’horizontale puisque les parois sont opaques jusqu’à 1m50, avec une visibilité très très faible.”

Jean-Charles Kohlhaas ajoute :

« Il y a un cas particulier qui ne devrait pas se poser dans la zone de Sainte-Foy mais qui pourrait se poser ailleurs, c’est la covisibilité à l’horizontale de bâtiments qui seraient très élevés comme de grands immeubles (quatre étages ou plus) lorsque la cabine descend. 

Le VP semble avoir réponse à tout :

« Si il y a des covisibilités possibles, on peut tout à fait opacifier complètement la cabine afin que personne ne puisse regarder. »

Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine ©HH/Rue89Lyon
Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine ©HH/Rue89Lyon

2. Survol de bâtiments historiques et classés

Cette première ligne de téléphérique lyonnaise se situe dans un secteur patrimonial particulièrement riche. Cela inquiète aussi certains habitants de Sainte-Foy-Lès-Lyon qui ont peur de voir des lieux historiques dénaturés par le passage d’un téléphérique dans le ciel.

Dans un des rapports du Sytral, le rapport « ARCADI » de 2019, il est écrit que :

« Le passage à Sainte-Foy-lès-Lyon, notamment à proximité du centre, est complexe, du fait […] de passage dans le périmètre du monument historique de la tour du Télégraphe et de l’Aqueduc du Gier. »

Dans une autre étude Sytral « UrbaLyon » d’octobre 2020, il est noté que :

“contrairement aux exemples d’autres villes françaises ou étrangères, la situation lyonnaise présente des contraintes d’insertion dans des tissus urbains déjà constitués et pour certains historiques.”

Pour le vice-président de la métropole, ce problème est loin d’être insurmontable :

“On en discutera avec l’ABF [architecte des bâtiments de France] c’est clair. Bien sûr on va essayer de faire un tracé où il y a le moins d’impact possible par rapport à ces bâtiments historiques. »

Il ajoute :

« En général, ce qui importe à l’ABF, c’est plutôt le problème inverse. C’est-à-dire qu’il ne faut pas qu’on voit des pylônes depuis les fenêtres du bâtiment, par exemple.”

Aqueduc du Gier - Chaponost - Arches après rénovation 2009-2010 Arnaud Fafournoux, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons
Aqueduc du Gier – Chaponost – Arches après rénovation 2009-2010 Arnaud Fafournoux, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Il y voit même des avantages :

“En revanche, je pense que l’ABF peut être très intéressée par l’aspect touristique lié à la visibilité nouvelle de la ville et du patrimoine. Il y a l’avantage qu’on puisse voir tout le patrimoine d’en haut. Je pense à l’aqueduc du Gier notamment : une télécabine permettra de le voir dans sa totalité, dans son linéaire. C’est quand même quelque chose de très intéressant.”

3. Survol de la “ceinture verte” et insertion paysagère

Nommé “poumon vert” de la ville de Lyon par certains, le transport par câble risque de passer en plein milieu de la ceinture verte qui se situe entre la ville de Lyon et Sainte-Foy-Lès-Lyon.

Les détracteurs du téléphérique mettent en avant la problématique de sauvegarde d’espèces rares dans cette zone et protégées par la PLU-H (plan local d’urbanisme et de l’habitat).

L’étude du Sytral « UrbaLyon » d’octobre 2020 note que le projet de téléphérique fait face à “des problématiques d’insertion paysagère ([…] de paysages remarquables et sensibles)”.

Pour Jean-Charles Kohlhaas, il faut attendre les résultats des études d’impact :

“Il y aura de toute façon une étude d’impact sur l’environnement, avec un inventaire des espèces qui pourraient être concernées par le projet. Aujourd’hui c’est beaucoup trop tôt pour vous dire si il y aura un impact, s’il sera positif, s’il sera négatif…”

Image extraite du dossier de "Liaisons de transport par câble" daté d'octobre 2020 du Sytral, réalisé par l'Agence d'urbanisme de l'aire métropolitaine lyonnaise. Dossier complet disponible ici.
Image extraite du dossier de « Liaisons de transport par câble » daté d’octobre 2020 du Sytral, réalisé par l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise.

Il ajoute que, de toute façon, pour des raisons logistiques, la zone verte sera probablement épargnée :

“Il est fort probable qu’il n’y aura pas de pylône en plein milieu de la “zone verte”, puisqu’elle est en vallée, et donc on ne va pas descendre pour remonter. L’intérêt du transport par câble est de passer au-dessus avec un pylône de chaque côté. Mais il faudra regarder.”

L’élu écologiste ajoute :

« J’ai le sentiment que dans cette zone, on ne s’est pas posé de question quand on a fait passer le viaduc. Je pense que le transport par câble a un impact sur le paysage qui est quand même très inférieur à ce qu’on a déjà fait dans ces zones : des pylônes haute tension ou des routes sur des ponts ou des viaducs. »

4. Lyon, une ville (trop) urbanisée pour un téléphérique ?

Les bâtiments hauts sont nombreux à Gerland et à Confluence, et les axes routiers pas toujours linéaires. Faire passer un téléphérique dans cette jungle urbaine comporte-t-il des risques ? L’étude Sytral « UrbaLyon » d’octobre 2020 note que 

“De nombreuses contraintes s’ajoutent à ce constat, d’ordre technique (zigzag entre bâtiments existants d’hauteur importante, survol à proximité d’installations sensibles type P4…).”

De plus, des bâtiments très hauts tels que l’immeuble d’Euronews à Confluence par exemple, pourraient poser problème au niveau de Lyon.

“Si on a proposé une jonction à Gerland directement d’Oullins c’est qu’il nous semblait que c’était possible. C’est plus compliqué dans la variante où on passerait par Confluence pour relier Gerland. Mais ça doit être étudié de manière fine.”

Image extraite du dossier de "Liaisons de transport par câble" daté d'octobre 2020 du Sytral, réalisé par l'Agence d'urbanisme de l'aire métropolitaine lyonnaise. Dossier complet disponible ici.
Image extraite du dossier de « Liaisons de transport par câble » daté d’octobre 2020 du Sytral, réalisé par l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise.

Il précise :

“Le transport par câble peut passer à trente, quarante mètres de hauteur, donc bien au-dessus de bâtiments. Quand il doit passer dans des zones où il y a des immeubles, il doit passer 18 mètres au-dessus pour éviter les risques d’incendie. Tout ça va être étudié de près. Pour l’instant on est sur un tracé de principe.”

Difficultés du passage du téléphérique à Confluence. Image extraite du dossier de "pré-faisabilité du téléphérique" daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. Dossier complet disponible ici. ndlr : le 3S est le téléphérique dit "tricâble" qui résiste à des vents de plus de 110 km/h.
Difficultés du passage du téléphérique à Confluence. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. ndlr : le 3S est le téléphérique dit « tricâble » qui résiste à des vents de plus de 110 km/h.

Il ajoute :

“L’avantage d’un transport par câble c’est qu’on peut le décaler de quelques mètres pour éviter de passer aux endroits où ça pose problème.”

5. Un coût élevé

Dans l’étude prospective de la commission générale du Sytral 13 décembre 2019, on peut lire que les transports par câbles sont “beaucoup plus coûteux qu’un BHNS [bus ndlr] voire un tramway (jusqu’à 27M€/km).”

Le Sytral a annoncé 160 millions d’euros d’investissement qui seraient alloués au projet. Alors qu’il s’agit déjà d’un budget important, et compte tenu des difficultés citées précédemment, peut-on imaginer une addition de plus en plus salée au fil des années, comme pour le téléphérique brestois ?

Le vice-président à la Métropole a déjà imaginé un téléphérique supporté par trois câbles par exemple, afin d’encaisser des vents de 110 km/h, ou des vitres fumées pour éviter la co-visibilité. Ce qui alourdirait encore le coût du projet.

Jean-Charles Kohlhaas est prudent :

“On verra ce que donne l’étude, si effectivement l’étude nous dit qu’il faut faire du tricâble, qu’il faut faire des pylônes en or massif ou je ne sais quoi, c’est clair qu’on réfléchira au projet lui-même » 

Selon lui, il faut surtout être patient :

« Pour l’instant on en est pas là. Je ne sais pas combien de jours par an les zones traversées ont des vents supérieurs à 90 km/h par exemple. »

Le téléphérique des Capucins, à Brest ©Jérémy Kergoulay
Le téléphérique des Capucins, à Brest  CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Common

Jean-Charles Kohlhaas déclare avoir tiré des leçons des erreurs des autres :

“Si le téléphérique de Brest a eu quelques soucis c’est essentiellement dû à plein d’innovations et d’expérimentations qu’ils ont voulu lancer en même temps. On va essayer d’être un peu plus prudent et de tenir compte des retours d’expérience des autres.”

Si le téléphérique s’avère être un éléphant blanc, Jean-Charles Kohlhaas annonce que le projet pourrait être abandonné :

“Pour l’instant, la fourchette de 160 millions d’euros telle qu’elle est annoncée, c’est un coût moyen pour un téléphérique urbain normal. Il est possible qu’on fasse un truc efficace mais pas trop luxueux, ou qu’on ne fasse pas le téléphérique du tout.”

6. Incertitude sur la fréquentation

Le dossier de presse du Sytral daté de décembre 2020 mise sur une fréquentation de 20 000 à 25 000 personnes par jour. L’étude prospective de la commission générale du Sytral 13 décembre 2019 avait quant à elle noté :

“Pour une fréquentation relativement modeste (jusqu’au plus 4000 voyageurs par jour entre Francheville et Gerland – 8000 l’été pour le Grand Parc.” 

La différence est d’envergure, c’est notamment celle-ci qui avait mené à la petite controverse citée plus haut, entre l’actuel vice-président de la métropole et Fouziya Bouzerda.

Jean-Charles Kohlhaas déclare :

“Nos prédécesseurs ont travaillé avec le modèle de simulation de fréquentation du Sytral qui s’appelle Modely. Il est en général plutôt pessimiste sur les fréquentations possibles, on l’a vu sur les projets de tramway de ces dernières années. »

A la question « pourquoi serait-il pessimiste ? », le vice-président à la Métropole répond :

“Pour tous les projets Sytral, le logiciel Modely calcule toutes les personnes qui sont dans un rayon de 500 mètres, 400 mètres, 1 kilomètre et c’est tout. Cela fonctionne pour le cœur de ligne où on est plutôt sur de la proximité, moins en bout de ligne on est plutôt sur des rabattements.”

La différence entre les 8 000 et les 25 000 personnes escomptées se justifierait par de potentiels rabattements :

“On a quand même un potentiel en haut de parcours sur Francheville de rabattement qui n’est pas inintéressant, des quartiers qui sont assez denses, en particulier celui de la Gravière en bas de Sainte Foy-Lès-Lyon. » 

Il poursuit :

« Il faut imaginer des personnes qui peuvent venir prendre le transport par câble par d’autres modes : à pied, en voiture, en vélo avec le tram-train de l’ouest lyonnais. La gare de Francheville par exemple est à quelques kilomètres de Chaponost.”

7. Une pollution sonore

L’une des stations pourrait se trouver en plein centre de Sainte-Foy-Lès-Lyon. Les détracteurs du téléphérique invoquent le risque d’une pollution sonore incessante. Sur le site internet du Sytral, on pouvait lire parmi les désavantages de ce mode de transport que :

“Cela implique l’insertion de pylônes et stations en milieu urbain avec de forts impacts paysagers et acoustique des stations.”

Pour Jean-Charles Kohlhaas, la pollution sonore reste toutefois un « faux problème » :

“Comme le dit très bien madame Sarselli [la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon] dans son courrier de 2017, c’est un moyen de transport qui fait très peu de bruit. La pollution sonore d’un transport par câble par rapport à une rue avec des voitures ? C’est mille fois moins !”

En effet, la maire de la commune impactée était, en 2017, dans un collectif de maires qui avaient commandé les premières études pour relier la zone à Lyon par téléphérique.

Il ajoute :

“Effectivement c’est un moyen de transport qui fait très peu de bruit mais en plus le bruit monte, et le transport par câble passe au-dessus des habitations. »

Qu’en est-il des stations ?

“Au niveau des stations, le téléphérique n’est pas si bruyant. On l’implante dans des lieux pensés pour, et après le bruit il est à l’intérieur de la station, il n’est pas à l’extérieur. Une station est fermée.”

Station mairie de Ste Foy. Image extraite du dossier de "pré-faisabilité du téléphérique" daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. Dossier complet disponible ici.
Station mairie de Ste Foy. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis.

Jean-Charles Kohlhaas conclut :

“Après on aura l’étude d’impact qui dit précisément toutes les choses. Si ça permet de supprimer quelques milliers de voitures qui traversent ces zones, je pense que le bilan bruit va être positif.”

8. Des expropriations nécessaires ?

L’étude prospective de la commission générale du Sytral datant du 13 décembre 2019 notait “des contraintes très fortes sur l’insertion urbaine des stations”.

Celle-ci met en avant la nécessaire acquisition foncière de certains bâtiments pour les détruire afin de bâtir les stations. Il pourrait même s’agir d’une barre d’immeuble à la station de La Roule.

Jean-Charles Kohlhaas décrit :

« À ma connaissance, pour l’instant, il n’est pas prévu d’expropriation de bâtiments d’habitation ni pour les pylônes, ni pour les stations mais le tracé précis pourra nous le dire. J’ai entendu dire qu’il y avait un espace public qui pourrait être discuté. »

Il compare avec d’autres projets du Sytral :

“Je pilote aussi des projets de tramway, là on a des bâtiments à démolir. Quand on veut élargir un peu la voirie pour permettre de faire passer le tramway on est obligés de les raser. Là ce ne sera pas le cas.”

Station de La Roule. Image extraite du dossier de "pré-faisabilité du téléphérique" daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. Dossier complet disponible ici.
Station de La Roule. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. En rouge l’immeuble qu’il est envisagé de raser.

Et il revient sur le cas de l’immeuble de la station de La Roule :

“L’immeuble de La Roule est menacé de démolition dans le cadre de la rénovation urbaine. Si jamais il doit rester en l’état, le transport par câble peut passer au-dessus. On ne va pas détruire un immeuble de cinquante logements pour passer un transport par câble, non.”

9. Absence de concertation et crise de confiance

Des campagnes publicitaires vantant la future ligne de téléphérique ont déjà été affichées à l’arrière des bus du Sytral alors que, pour l’instant, aucune concertation n’a été lancée. Les esprits s’échauffent, particulièrement dans la commune de Sainte-Foy-Lès-Lyon où s’est créé le collectif Touche pas à mon ciel.

Jean-Charles Kohlhaas déclare :

“Je le comprends bien. J’aimerais quand même redire, on a d’abord eu une demande des élus de Sainte Foy, de Francheville, d’Oullins d’inscrire au plan de mandat précédent une ligne par câble, on a ensuite eu des élections métropolitaines il y a quelques mois où, dans notre programme, nous avions inscrit la réalisation d’une ligne de transport par câble et en priorité celle-là.”

Il poursuit :

“Ce n’est pas de la concertation, on est bien d’accord, mais c’est un point de départ de principe. Du coup les services du Sytral ont étudié plus finement avec Egis [bureau d’étude] la possibilité de réaliser ce transport par câble, et ils l’ont présenté aux élus c’est-à-dire les maires des villes concernées avec les élus du Sytral”.

Le 18 décembre 2019, le bureau Egis présente une première étude de pré-faisabilité :

“On leur dit : “est-ce que vous voulez qu’on continue ou qu’on arrête ?”. Ce comité de pilotage n’a absolument pas dit qu’il voulait arrêter.”

Planning du projet téléphérique. Image extraite du dossier de "pré-faisabilité du téléphérique" daté de novembre 2020 du Sytral. Dossier complet disponible ici.
Planning du projet téléphérique. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral. Dossier complet disponible ici.

Mais qui se trouvait dans ce comité de pilotage ?

“Il y avait le maire de Francheville, la maire de la Mulatière, la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon était représentée par une adjointe, il y avait aussi la maire du 7e arrondissement. Ils nous ont dit : “on continue les études parce que pour l’instant le tracé est pas assez précis pour qu’on voit les impacts de manière claire ». »

« Il y aura une concertation », répète à plusieurs reprises Jean-Charles Kohlhaas à Rue89Lyon :

« Celle-ci est bien prévue, obligatoire et réglementaire. Et à l’issue de cette concertation, nous déciderons si nous continuons ou non le projet.”

Il a du mal à comprendre la volte-face de la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon :

“Le projet avance, elle [Véronique Sarselli] doit avoir des habitants qui haussent le ton. Du coup elle se retrouve coincée entre sa démarche initiale qui me semblait être la bonne et la réaction de ses habitants.”

La maire de Sainte-Foy-Lès-Lyon ne nie pas de son côté avoir témoigné beaucoup d’intérêt pour le transport par câble. Elle assure que c’est d’après les études d’impact peu engageantes citées précédemment que son avis a changé.

10. Un impact faible sur les problématiques de transports en commun de l’ouest lyonnais

Les maires de l’ouest lyonnais tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années à propos des difficultés qu’ont leurs habitants à relier Lyon par les transports en commun. Notamment Tassin la-Demi-Lune, Craponne, Saint-Genis-les-Ollière, Marcy l’Etoile… Le téléphérique ne changera pas grand-chose aux difficultés que rencontrent ces communes là.

Pour Jean-Charles Kohlhaas le téléphérique ne peut pas, à lui tout seul, répondre aux impératifs de transports publics de l’ouest lyonnais :

“Il y a aujourd’hui quatre projets potentiels pour apporter des réponses aux problématiques de transports collectifs dans l’ouest lyonnais, il y a le projet de tram-train de l’ouest lyonnais, le métro E, le transport par câble et l’augmentation de la desserte bus dans certains secteurs qui est aussi sur les rangs.”

Jean-Charles Kohlhaas insiste sur l’importance de ne pas opposer les projets :

“Pour moi, il est clair que ces projets ne sont pas en concurrence les uns avec les autres. Mis à part peut-être le métro E avec le RER. Mais le transport par câble n’est pas en concurrence avec le métro E. Ce sont des projets différents, complémentaires. Et sur ces quatre projets de l’ouest lyonnais, il faudrait qu’on en réalise au moins trois.”

La ligne jaune du téléphérique de La Paz, en Bolivie  ©Dan Lundberg
La ligne jaune du téléphérique de La Paz, en Bolivie  ©Dan Lundberg

Prison : « Comment peut-on me demander de garder mon humanité en me coupant des gens que j’aime ? »

Prison : « Comment peut-on me demander de garder mon humanité en me coupant des gens que j’aime ? »

Il y a des jours où la détention est plus difficile à supporter. Il y a des jours où le trou béant dans ma poitrine, cette solitude et ce manque de l’être aimé, deviennent insupportables. Certes, la prison est un lieu qui m’exclut de la société, mais elle me coupe également des gens que j’aime. La privation de liberté n’est pas la seule peine, la privation d’affection et d’amour est tout aussi, voire encore plus intolérable.

Comment peut-on me demander de garder mon humanité en me coupant de ceux qui me permettent de m’accrocher à ce monde, de ces liens qui m’ont fait ce que je suis au plus profond de moi  ?

En prison, il est particulièrement compliqué de garder le lien avec l’extérieur, et surtout c’est particulièrement couteux  !

Je n’aborderai ici que les liens quotidiens et non les parloirs et unités de vie familiale des sujets qui méritent à eux seuls un article.

« On ne ferme pas les enveloppes car les lettres seront lues par le vaguemestre »

En prison, la méthode la plus classique pour communiquer, c’est la voie postale. Au début, cela peut être un peu dépaysant mais on finit très vite par se lasser. Il faut savoir qu’en détention, tous vos courriers sont lus sauf ceux que vous adressez à une autorité (juge, avocat, ministre).

Dans la pratique, on ne ferme pas les enveloppes car les lettres seront lues par le “vaguemestre”, un surveillant qui s’occupe des courriers entrants comme sortants.

Sachez donc que si vous envoyez une lettre en prison, elle sera lue avant d’être transmise à l’intéressé·e. Aucune vie intime, aucun jardin secret, c’est le maitre mot. Parfois, la correspondance peut être photocopiée, voire bloquée et cela pour tout un tas de raisons qui ne sont parfois même pas notifiées. La liberté d’expression n’a pas sa place en ce lieu.

« Je n’ai pas cessé d’écrire aux proches mais je le fais avec précaution »

Il y a un certain charme aux relations espitolaires mais après des mois et des années, ce charme s’estompe, surtout lorsque l’on sait que tout est relu.

Je n’ai pas cessé d’écrire aux proches mais je le fais avec précaution, sans me livrer vraiment. Rien à voir avec le journal intime. Une fois libre, je l’affirme, finies les cartes ou les lettres. L’ironie, c’est que pour l’instant, ce qui donne un peu de liberté, c’est tout de même l’écriture, via ces billets qui me relient à vous, lecteurs.

Plus sérieusement, la nécessité de communiquer uniquement par courrier crée une discrimination pour ceux qui ne savent ni lire, ni écrire. Ils se trouvent face à un handicap supplémentaire, en proie à un isolement plus profond encore.

« Au téléphone en prison, les conversations sont écoutées »

Outre l’écriture, il y a le téléphone. Mais là aussi les conversations sont écoutées et peuvent être enregistrées. Un répondeur vous en informe clairement avant que ne débute la conversation.

Pour pouvoir passer le moindre appel à l’extérieur, il nous faut au préalable attester du lien avec la personne, fournir un justificatif de la ligne et une attestation de la personne que l’on souhaite joindre, cette dernière doit attester qu’elle est d’accord pour recevoir des appels.

« L’argent, le nerf de la guerre… »

Une fois cette étape franchie et comme à l’extérieur, il faut de l’argent pour passer un appel, le nerf de la guerre.

L’administration pénitentiaire fait appel au niveau national à une société privée qui gère le réseau téléphonique dans son ensemble. Quel accord existe entre les deux parties, je ne sais pas, toutefois, ce que je peux affirmer, c’est que quelqu’un se remplit les poches au passage et grassement.

A partir du pécule dont nous disposons, nous pouvons recharger un montant ou un forfait sur notre compte “téléphone”, cependant, il n’y a pas de forfait illimité comme c’est le cas à l’extérieur. Une somme représente un crédit de minutes, par exemple, un forfait de 40 euros représente 10 heures de conversation sur un fixe ou 4 heures sur un portable.

Regardez combien de minutes vous passez au téléphone et imaginez la somme que vous auriez dépensé très facilement en discutant comme vous le faites souvent…pensez aussi que nous n’avons pas de portable donc pas possibilité de SMS.
Si vos correspondants ont une ligne fixe, cela nous coûte moins cher, en revanche, il est beaucoup plus coûteux d’appeler un portable et pas mal de gens maintenant, n’ont pas de fixe.

On appelle sa famille, quand le lien existe encore, quelques amis et aussi l’avocat. Imaginez la déprime lorsque la personne pour qui l’on s’inquiète ne répond pas ou que vous ne pouvez appeler parce que votre compte est vide.

« Une frustration de plus qui peut rendre dingue »

Ces dernières années, les prisons ont évolué positivement grâce à l’installation de cabines dans les cellules. Cela nous donne la possibilité de contacter nos proches (sachant que c’est à sens unique, ils ne peuvent pas, eux, nous appeler mais laisser un message).

Avec cette possibilité d’appeler les proches et de recevoir des messages sur répondeur, nous sommes sur la bonne voie mais au prix où sont les minutes, n’est-ce pas créer une dépendance que nous n’avons pas les moyens d’assouvir, une frustration de plus qui, croyez moi, peut rendre dingue  ? Le maintien des liens familiaux est une belle idée, cependant, dans les faits cela se révèle si laborieux qu’on préfère souvent rester seul.

« Lorsque les liens familiaux subsistent ne faudrait-il pas tout faire pour les préserver ? »

Les jours sans, ceux où l’on ne reçoit pas d’appel, l’absence pèse plus lourd encore sur ces journées sans fin. Bien sûr, l’incarcération, le basculement d’un proche du mauvais coté de la barrière peuvent faire éclater les liens familiaux, mais lorsqu’ils subsistent, ne faudrait-il pas tout faire pour les préserver ? N’est-ce pas là l’un des éléments indispensables d’une sortie réussie, l’un des moyens en tout cas, d’éviter la déshumanisation, la désocialisation des détenus  ?

Comme trop souvent, j’ai le sentiment que les questionnements sur les moyens de faire des prisons des lieux plus utiles, favorisant la réinsertion plus que la récidive, ne vont jamais dans le bon sens, en raison sans doute d’une méconnaissance totale de la réalité carcérale.

Afin de suivre un courant en vogue, je propose un “convention citoyenne sur la prison”. Peut-être que celle-là servira à quelque chose  !

Lycéenne à Lyon : pourquoi je m’informe avec le youtubeur HugoDécrypte

Lycéenne à Lyon : pourquoi je m’informe avec le youtubeur HugoDécrypte

Clémence a effectué un stage d’observation à Rue89Lyon, durant cette semaine des vacances de février. Lycéenne de 16 ans en première à Lyon, elle nous a expliqué comment elle s’informe au quotidien. Essentiellement en regardant la chaîne YouTube HugoDécrypte. Nous publions son témoignage.

« HugoDécrypte est une chaîne YouTube créée en 2015. Composée d’une équipe de cinq journalistes et d’un monteur. Le « visage » de cette chaîne se nomme Hugo Travers.

Présent également sur des réseaux sociaux comme Instagram et Twitch et Tik Tok, cette petite équipe de six personne cumule plus d’1,1 million d’abonnés sur YouTube.

Ils réalisent deux formats principaux : des reportages et des actus du jour qu’ils publient chaque jour. C’est les actus, qui ont contribué grandement à leur notoriété, sont des vidéos d’une dizaine de minutes dans lesquelles ils résument et expliquent l’actualité nationale et internationale.

Sur Instagram ils ont 3 comptes, un d’actualité où ils postent chaque jour des résumés de l’actualité écrit, un compte dédié à l’actualité de la culture ainsi qu’un compte dédié au sport.

Sur Twitch (un site de streaming orienté jeux vidéo) ils réalisent des lives dans lesquelles ils commentent par exemple les discours présidentiels sur les mesures sanitaires concernant le Covid-19. Sur Tiktok (un réseau social où l’on peut poster des vidéos de moins d’une minute), ils expliquent un fait d’actualité par vidéo et diffusent aussi des vidéos plus humoristiques.

Une fois cette présentation faite, je vais vous expliquer comment et pourquoi HugoDécrypte est devenu ma principale source d’information.