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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Malgré la dissolution, des locaux identitaires toujours ouverts à Lyon

Malgré la dissolution, des locaux identitaires toujours ouverts à Lyon

Ce mercredi 3 mars, un décret pris en conseil des ministres a prononcé la dissolution de l’association d’extrême droite radicale Génération identitaire basée à Lyon. Mais il ne concerne pas les associations à travers lesquelles les identitaires exploitent leurs locaux dans le Vieux Lyon.

Comme pour le Bastion Social (ex-GUD) en 2019, le gouvernement a fini par dissoudre un autre groupe d’extrême-droite radicale. Il s’agit cette fois de l’association Génération identitaire dont le siège est basé à Lyon. Une mesure qui fait suite notamment à leur dernière opération anti-migrants menée à la frontière avec l’Espagne, dans les Pyrénées du côté de Luchon (Haute-Garonne).

Dissolution seulement de l’association Génération identitaire

Une différence de taille existe toutefois entre les deux procédures. La dissolution de l’organisation nationaliste Baston Social visait également sa « galaxie » d’associations. Des associations qui sous des prétextes parfois équivoques lui permettaient de louer des locaux. Comme le « Pavillon Noir », son local quai Pierre Scize à Lyon. En trompant parfois les propriétaires. La dissolution du Bastion Social s’était donc matérialisée par celles de ses associations satellites à Chambéry, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Marseille, Strasbourg et Lyon.

Cette fois, contrairement à ce qu’on pouvait attendre, le décret de dissolution de Génération identitaire concerne uniquement l’association du même nom. Or, c’est par le truchement de deux autres associations que les identitaires louent leurs deux locaux dans le quartier du Vieux Lyon.

A travers l’association « La Traboule » les identitaires occupent et louent leur bar du même nom. Et c’est derrière l’association « Top Sport Rhône » qu’ils occupent la salle de boxe « L’Agogé ». Les associations « La Traboule » et « Génération Identitaire », fraîchement dissoute, sont d’ailleurs domiciliées à la même adresse : celle de leur local montée du Change dans le Vieux-Lyon.

Maintien de ligue dissoute ?

La dissolution de la seule association Génération identitaire peut donc permettre au mouvement de continuer l’occupation de ses locaux. Une dissolution des associations locataires auraient de fait entraîné la fin des baux en cours.

Toutefois, en maintenant ses activités dans leurs locaux, l’organisation pourrait se rendre coupable de maintien ou de reconstitution de ligue dissoute. Comme ce fut le cas pour les nationalistes de l’Oeuvre française. Le gouvernement actuel a utilisé également cette procédure avec les anciens du Bastion social.

Contactée, l’association Génération identitaire nous a indiqué rester prudente pour l’heure sur ce sujet. Si les deux associations ne sont pas concernées par la dissolution, les deux locaux sont bien évoqués dans le décret (voir plus bas). Elle attend alors de voir comment va évoluer la procédure. Génération identitaire souhaitant contester sa dissolution, qu’elle juge « plus idéologique que factuelle », devant le Conseil d’État.

Le bar associatif des identitaires, « La Traboule », a rouvert le 12 septembre 2020 après plus d’un an et demi de fermeture administrative. L’établissement ainsi que la salle de boxe attenante avaient été fermés par deux arrêtés municipaux pris par Jean-Yves Sécheresse, alors adjoint à la sécurité de Gérard Collomb. Ils interdisaient l’accueil du public pour raison de sécurité principalement liée à des risques incendie.

En septembre dernier, la municipalité écologiste n’avait eu d’autre choix que d’autoriser sa réouverture après la réalisation de travaux de mise aux normes. La salle de boxe, l’Agogé, avait pu rouvrir plus tôt dès 2019.

A noter que les deux lieux sont fermés au public, comme d’autres établissements accueillant du public, du fait des règles sanitaires en vigueur. Ce qui n’empêche pas des militants identitaires de les fréquenter.

Une myriade d’associations identitaires aux objets sociaux très proches

Ce mercredi 3 mars, le décret du ministère portant dissolution de Génération identitaire rappelle l’objet social de l’association Génération identitaire. Il porte sur « la défense et la promotion des identités locales, régionales françaises et européennes à travers tout type d’évènements ».

Un objet qui rappelle celui de l’association « La Traboule », domiciliée à la même adresse : « défense de la culture lyonnaise et européenne partout dans le monde, valorisation du lien social à travers l’organisation d’évènements culturels et son implication dans la vie du quartier ». Deux associations différentes. L’une est dissoute, au nom des actions ou propos de ses dirigeants selon le décret, l’autre non.

Chez les identitaires comme chez les nationalistes du Bastion Social, il existe une myriade d’associations derrière lesquelles gravite l’organisation. À Lyon, on compte également « Lyon le melhor », association dont l’objet est de promouvoir elle aussi « l’identité culturelle lyonnaise et européenne » ou encore « Les petits lyonnais ». Une association qui organise notamment les montées aux flambeaux les 8 décembre en hommage à la Vierge Marie. Le préfet du Rhône avait d’ailleurs interdit celle du 8 décembre 2019. Une décision contestée et pour laquelle le tribunal administratif de Lyon leur a donné raison fin 2020.

Les identitaires ont fait de Lyon un de leurs fiefs. Ici, l'intérieur de leur local, la Traboule (dans le Vieux Lyon) ouvert en 2011. ©LB/Rue89Lyon
Les identitaires ont fait de Lyon un de leurs fiefs. Ici, l’intérieur de leur local, la Traboule (dans le Vieux Lyon) ouvert en 2011. Photo de 2015Photo : LB/Rue89Lyon

Une « idéologie incitant à la haine »

Si le décret du ministère de l’intérieur ne concerne pas l’ensemble de ces associations, il évoque toutefois leurs locaux dans le Vieux Lyon. Surtout, il énumère quelques uns de ses griefs et des faits d’armes de l’organisation.

Il estime en premier lieu que son objet social est en fait l’occasion pour Génération identitaire de promouvoir « une idéologie incitant à la haine, à la violence ou à la discrimination des individus à raison de leur origine, de leur race, ou de leur religion ». En rappelant que « l’acte fondateur » de Génération identitaire fut l’occupation de la mosquée de Poitiers en 2012 alors en construction. A laquelle participèrent des membres lyonnais.

Le décret estime par ailleurs que l’association entretient « un amalgame insidieux entre d’une part les musulmans et les immigrés et d’autre part « la racaille », les « assassins » ou les terroristes en visant ainsi à attiser le ressentiment d’une partie de la population à l’encontre des étrangers ». Fustigeant alors le concept de « remigration ».

Un terroriste comme bienfaiteur selon le ministère de l’intérieur

Il évoque également les liens entre l’association et d’autres organisations d’extrême droite radicale et violente. Des liens entretenus à Lyon avec certains supporters de l’Olympique Lyonnais. Des liens documentés aussi dans la notification de dissolution adressée par le ministère de l’intérieur à Génération identitaire. Elle indiquait notamment la présence de cinq membres de l’association parmi les hooligans ayant agressé des supporters turcs lors de l’Euro de football 2016 à Lyon.

Dans le décret, le ministère révèle par ailleurs que Brenton Tarrant, terroriste responsable de l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande le 15 mars 2019 contre des musulmans, était selon lui un « membre bienfaiteur » de Génération Identitaire.

L’Agogé, la salle de boxe des identitaires, pointée

Enfin, le décret évoque la salle de boxe de l’Agogé et les camps d’été d’entraînement notamment en format « groupes de rue ». Autant de lieux et activités permettant selon lui de préparer des violences.

Il invoque les actions anti-migrants menées dans les Alpes au col de l’Echelle en 2018; dans les Pyrénées en janvier 2021; en Méditerranée en 2017 avec location d’un navire.

Cette dissolution ne l’empêchera pas de renaître sous un autre nom. Presque une habitude pour les organisations d’extrême droite après les dissolutions. Dernièrement, celle du Bastion Social a donné lieu à la création de Lyon Populaire et de Audace Lyon, fondés par des anciens membres. Lyon Populaire avait notamment tenté de s’implanter dans les Monts du Lyonnais, avec l’ouverture du local Terra Nostra à Larajasse. Qui a finalement dû fermer ses portes.

Covid-19 : dégradation à Lyon et dans le Rhône

Covid-19 : dégradation à Lyon et dans le Rhône

À Lyon et dans le Rhône, l’évolution hebdomadaire de l’épidémie de Covid-19 n’est pas vraiment positive. Le taux d’incidence est toujours en hausse et les hospitalisations aussi, suivant logiquement la tendance de ces dernières semaines. Dans le reste de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la dynamique de l’épidémie à la baisse jusqu’ici repart à la hausse.

Placé en alerte renforcée la semaine passée, Lyon et le Rhône sont concernés par un possible confinement le week-end. Depuis l’annonce, l’évolution épidémique n’a pas connu de forte aggravation mais n’a pas pour autant évolué favorablement.

Un taux d’incidence toujours en hausse dans le Rhône

Depuis un peu plus de 15 jours maintenant, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) est en hausse dans le Rhône. Au 26 février, il était de 235 cas sur une semaine. Il était de 221 cas une semaine plus tôt. Une hausse de 5% environ.

La hausse observée depuis plusieurs jours est pour l’instant continue mais à une vitesse relativement modérée. En quinze jours, le taux d’incidence dans le Rhône a toutefois progressé de près de 16%. Et il se situe toujours à un niveau quatre fois supérieur au seuil d’alerte (50 cas pour 100 000 habitants).

Est-ce suffisant pour dire que l’épidémie progresse ? On sait cet indicateur, comme le taux de positivité, sensible à l’évolution en parallèle du dépistage. Depuis une semaine environ, le dépistage est reparti à la hausse dans le Rhône (+10% ces derniers jours) comme dans le reste de la région. Assez logiquement, le taux d’incidence suit cette évolution. Toutefois, il était déjà en augmentation alors que le dépistage continuait de diminuer à la mi-février. Signe accréditant plutôt l’idée d’une épidémie en progression.

L’épidémie semble donc poursuivre sa dynamique. Difficile de dire si elle s’est renforcée pour l’heure. Elle ne semble toutefois pas avoir fléchi. Dans le même temps, le taux de positivité demeure en-deça des 10%. S’il a augmenté lui aussi durant la dernière quinzaine de février, il semble avoir fléchi quand le dépistage est reparti à la hausse.

Une forte progression chez les enfants en bas-âge ?

La semaine dernière déjà nous évoquions la progression du taux d’incidence chez les 0-9 ans. Une augmentation démarré le 13 février, au milieu des vacances d’hiver, malgré un dépistage en baisse. Et qui se poursuit toujours.

Au 27 février, le taux d’incidence dans le Rhône pour cette tranche d’âge s’élevait à 109 cas pour 100 000 habitants (deux fois au-dessus du niveau d’alerte). Au 11 février, il n’était que de 65 cas pour 100 000 habitants. Une augmentation de 65% environ en un peu plus de quinze jours.

Les vacances n’ont pas cassé la dynamique de l’épidémie dans cette tranche d’âge. La reprise des cours a correspondu avec un dépistage en augmentation, accélérant celle du taux d’incidence de cette tranche d’âge. Le signe peut-être d’une circulation forte des variants du virus Sars-Cov-2, souvent décrits comme plus contagieux et auxquels les plus jeunes seraient plus permissifs.

Dans le Rhône, des hospitalisations logiquement en hausse

Dans le Rhône, le taux d’incidence global est en progression constante depuis le 16 février dernier. Une situation qui se traduit une dizaine de jours plus tard dans les hôpitaux.

On observe donc assez logiquement une hausse des hospitalisations dans le département depuis quelques jours. Selon les données de Santé Publique France, les hospitalisations en simultané sont en augmentation depuis le 25 février.

Auvergne-Rhône-Alpes, une légère reprise de la dynamique épidémique ?

Depuis un mois environ nous assistions à ce qui ressemblait à une lente baisse de la dynamique de l’épidémie. Une baisse relative. D’une part, le dépistage diminuait dans le même temps. D’autre part, pendant ce temps, les variants du virus Sars-Cov-2 prenaient le dessus sur les souches originelles. Comme si leurs courbes, l’une à la baisse (souches originelles) l’autre à la hausse (variants) allaient petit à petit se croiser.

Cette évolution à la baisse s’est arrêtée. Au moins temporairement. Depuis le 18 février dernier, le taux d’incidence global en Auvergne-Rhône-Alpes évolue à la hausse. Une hausse démarrée alors que le dépistage continuer de ralentir dans le même temps. Depuis quelques jours, il est lui aussi en augmentation.

Dans les métropoles de la région, la hausse du taux d’incidence observé la semaine dernière se poursuit. Elles sont toutes, chose plutôt rare, légèrement en-deça du taux d’incidence moyen en France. Des niveaux toutefois supérieurs de 3 à 4 fois au seuil d’alerte.

Covid-19 : moins d’hospitalisations mais plus de réanimation

L’évolution constatée ces dernières semaines s’est poursuivie. A l’échelle régionale, les hospitalisations en simultané continuent de diminuer lentement. En revanche, la part des hospitalisations dans les services de réanimation ne suit pas la même trajectoire. Elles sont en légère augmentation. Une augmentation continue en moyenne depuis presque un mois.

Le niveau de pression sur les services de réanimation reste donc plutôt élevé. Et en légère augmentation. Stabilisé autour de 75% (de patients Covid dans les services de réanimation par rapport aux capacités initiales), il a atteint 80% en ce début de semaine. Un niveau qu’il n’avait plus connu depuis Noël 2020.

Des variants presque majoritaires en Auvergne-Rhône-Alpes

Au 25 février, Santé Publique France indiquait que les variants du Sars-Cov-2 étaient désormais quasi majoritaires en Auvergne-Rhône-Alpes. Le « variant anglais » représentait 43% des tests positifs dans les échantillons étudiés, ceux sud-africain et brésilien représentaient chacun 3%.

Au 19 février, l’organisme de veille sanitaire notait que cette proportion avait plus que doublé dans la région : 29,2% des cas confirmés concernaient le « variant anglais » (contre 37% en moyenne en France), 2,7% le « variant sud-africain » et 5% le « variant brésilien ».

Rhône, Drôme et Ain, les départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomez ou recherchez la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes

Les chats pullulent à Lyon : quelle cohabitation possible ?

Les chats pullulent à Lyon : quelle cohabitation possible ?

[Interview] Dominique Pontier a travaillé sur les chats errants dans la ville de Lyon pendant 13 ans. Chercheuse et professeure à l’université Lyon 1, elle a été sollicitée dans les parcs et hôpitaux pour optimiser la population féline.

Alors que l’hypothèse d’une hausse de la population de chats continue d’inquiéter, Dominique Pontier, qui n’a « pas l’impression de marcher sur des chats », revient sur ce phénomène et cette question sensible.

À Rue89Lyon, la chercheuse a ainsi détaillé de façon passionnante les caractéristiques des chats errants à Lyon et ailleurs, les facteurs qui conditionnent leur pullulation, l’importance du travail à réaliser avec leurs nourrisseur·ses et l’effectivité des campagnes de stérilisation.

La pullulation des chats errants en milieu urbain est-elle néfaste ? Pour la biodiversité aviaire, certainement. L’agréable compagnie du chat domestique nous fait parfois oublier sa nature de prédateur redoutable, en partie responsable de l’extinction de centaines d’espèces à travers le monde.

La présence des chats errants à Lyon ou dans d’autres villes, notamment en périodes de « chaleurs », cause aussi des nuisances pour les humains. Qu’elles soient sonores -miaulements nocturnes incessants entre femelles et mâles- ou de l’ordre de la salubrité -marquages urinaires indiquant la possibilité d’accouplement.

Un chat sur une voiture dans la banlieue de Lyon, décembre 2020. ©Rue89Lyon
Un chat sur une voiture dans la banlieue de Lyon, décembre 2020.Photo : Rue89Lyon

Toutefois, lorsqu’elle est bien gérée, la population des chats errants en milieu urbain aurait des effets bénéfiques. Présence dissuasive pour les rongeurs, apaisante pour les humains… Les chats errants éloignent les rats, déclenchent nos endorphines (hormones de bien-être réduisant la douleur) et favoriseraient le lien social.

C’est « toute cette dimension sociale et humaine » que la chercheuse Dominique Pontier invite aussi à considérer.

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[PODCAST] « Explorer l’espace pour mieux habiter la Terre ? »

[PODCAST] « Explorer l’espace pour mieux habiter la Terre ? »

L’arrivée du robot Perseverance sur Mars le 18 février 2021 a mis un coup de projecteur sur l’exploration du système solaire. Les connaissances dans ce domaine peuvent-elles contribuer à changer notre regard au sujet de la vie sur Terre ?

Pour tenter de répondre à ces questionnements, colonnes ouvertes à Patrick Thollot, planétologue au laboratoire de géologie de Lyon – Terre, Planètes Environnement, LabEx LIO, enseignant en sciences de la Terre à l’ENS de Lyon.

L’Ecole urbaine de Lyon propose une série de conférences intitulées « Les Mercredis de l’anthropocène ». Débute d’ailleurs la cinquième saison de ces rendez-vous hebdomadaires. Rue89Lyon en est partenaire et publie les tribunes des invité·es et intervenant·es qui poursuivent les échanges à distance.

Mercredi, Patrick Thollot ne sera pas seul. Il sera accompagné par Walter Guyot, Responsable du service médiation et programmation éducative et culturelle du Planetarium de Vaulx-en-Velin ainsi que Lucas Tiphine, Docteur en géographie, chargé du développement du journal multimédia de l’École urbaine de Lyon Anthropocene2050 et coordinateur de l’Abécédaire de la ville Le Monde Cities/École urbaine de Lyon. 

>> Podcast à retrouver et écouter au bas de la tribune ou ici <<

C’est un pixel bleu pâle sur un fond noir immense, avec un rayon de Soleil qui semble le tenir en suspension dans l’espace. C’est un cliché de la Terre, pris par la sonde Voyager 1 en 1990, depuis les confins du système solaire. Un point bleu exceptionnel, à la surface couverte d’océans d’eau liquide et surtout, fourmillante de vie.Photo : NASA JPL, domaine public

« Une beauté étrange, rivalisant avec celle de la Terre »

Depuis plus d’un demi-siècle, des dizaines de missions robotisées américaines, soviétiques, européennes, japonaises, et plus récemment chinoises ou indiennes, ont exploré de près des dizaines de mondes : planètes, lunes, astéroïdes, comètes.

Les images retournées par ces missions ont révélé des paysages spectaculaires et parfois époustouflants, d’une beauté étrange, rivalisant avec celle de la Terre.

Les découvertes ont été nombreuses, imprévues, et fascinantes. Elles nous ont permis de mieux comprendre les processus naturels, géologiques et météorologiques, à l’oeuvre à la fois sur ces mondes et à la surface de la Terre. Mais de planète en planète, de lune en lune, pas le moindre indice de vie, pas la moindre bactérie, pas même une surface qui serait “habitable”.

« Un ensemble de conditions minimales permettant la vie »

Qu’entend-on par “habitable” ? L’habitabilité est un ensemble de conditions minimales permettant à la vie telle que nous la connaissons de se développer.

Trois au moins sont nécessaires : premièrement, la présence des éléments constitutifs de la matière organique, relativement abondants dans le système solaire ; deuxièmement, une source d’énergie, comme l’énergie solaire, également abondante ; et enfin de l’eau liquide, le constituant majeur de tout être vivant (70% du corps humain) et le solvant de toutes les réactions chimiques du vivant.

Ces conditions sont nécessaires mais non suffisantes. En particulier, la biosphère terrestre actuelle est un écosystème de populations et individus en interactions complexes entre eux et avec l’environnement planétaire de surface : un individu d’une espèce terrestre actuelle envoyé seul sur une planète “habitable” par ces critères aurait toutes les chances de ne pas survivre hors de son écosystème.

« Aller à la recherche de vie dans le système solaire avec méthode »

S’il s’agit donc d’un concept réducteur, il a son utilité en planétologie en permettant par exemple d’aller à la recherche de vie dans le système solaire avec méthode.

Parmi les trois conditions d’habitabilité énoncées ci-dessus, c’est l’eau liquide qui est la plus contraignante. Ses conditions physiques de stabilité sont relativement étroites : à la pression atmosphérique de la surface de la Terre (une “atmosphère”), il faut une température comprise entre zéro et
cent degrés. À pression plus élevée, l’eau reste liquide à plus haute température mais, au-delà de 120 degrés, ce sont les molécules organiques qui sont détruites.

À l’inverse, à plus basse pression, la température d’ébullition de l’eau se réduit rapidement, jusqu’à atteindre zéro pour un peu moins d’un centième d’atmosphère.

Comparer la Terre avec Vénus

Voyons deux exemples symboliques : Vénus et Mars. Vénus est la planète la plus proche de la Terre : elle tourne autour du Soleil 30 % plus près de lui que la Terre. À la surface de Vénus, sous une pression de 90 atmosphères, la température est de 470 degrés.

C’est suffisant pour fondre le plomb ou le zinc ! Bien évidemment, à cette température, pas question de trouver de l’eau liquide. Pourtant Vénus est couverte de nuages qui réfléchissent la lumière du Soleil vers l’espace à tel point que cette planète n’absorbe non pas plus, mais moins d’énergie solaire que la Terre. Le coupable : un “effet de serre” dit “galopant”.

Vénus. NASA, Public domain, via Wikimedia Commons
Vénus. NASA, Public domain, via Wikimedia Commons

L’atmosphère de Vénus est quasi-entièrement constituée de dioxyde de carbone, et quasiment opaque au rayonnement thermique “remontant” de la surface vers l’espace.

Sous cette “couverture”, la chaleur s’est accumulée jusqu’à ce que la minuscule fraction de rayonnement thermique qui parvient néanmoins à s’en échapper ne compense l’énergie solaire absorbée par Vénus.

… Et Mars

Sur Mars, qui se trouve 50 % plus loin du Soleil que la Terre, on rencontre une situation inverse. Recevant moins d’énergie solaire que la Terre, elle ne bénéficie d’aucun effet de serre. Malgré une atmosphère de dioxyde de carbone, avec une pression moyenne de six millièmes d’atmosphère seulement, la quantité de chaleur retenue par l’atmosphère martienne est infime.

Même dans les régions équatoriales de Mars, le thermomètre affiche une température d’hiver sibérien, avec moins 40 degrés en moyenne ! Et si la température dépasse parfois zéro en plein Soleil à midi, avec une si faible pression, impossible d’y voir de l’eau liquide, l’eau s’évaporant avant de fondre !

Pas de « Terre de rechange »

Cet aperçu rapide de nos plus proches voisines illustre un des résultats majeurs de l’exploration astronautique du système solaire : il n’y a pas de “Terre de rechange”. La Terre est la seule planète dont l’environnement de surface permet actuellement la vie telle que nous la connaissons.

Cet environnement de surface est le résultat d’un équilibre fragile entre une planète, son atmosphère, et le rayonnement solaire. Au cœur de cet équilibre, il y a ce qu’on nomme l’“effet de serre”, produit par certains gaz qui absorbent les rayonnements thermiques, justement dits “gaz à effet de serre”, dont le dioxyde de carbone.

Mars et la terre. RHorning and later modified by Scooter20, Public domain, via Wikimedia Commons
Mars et la Terre. RHorning and later modified by Scooter20, Public domain, via Wikimedia Commons

Selon la quantité de ces gaz, l’effet de serre module la température de surface de toutes les planètes, pas seulement de la Terre. Un peu d’effet de serre peut être bénéfique – il rend la Terre plus habitable que Mars – mais trop d’effet de serre peut être néfaste – il fait de Vénus un enfer.

« Vénus nous rappelle l’équilibre fragile de la Terre »

L’Anthropocène, ère de la “vénuso-formation” ? Sans aller jusqu’à penser que l’état actuel de Vénus résulte du refus de vénusiens, depuis longtemps disparus, d’arrêter de brûler des combustibles fossiles, Vénus nous rappelle l’équilibre fragile de la surface terrestre.

Depuis le milieu du siècle dernier, l’humanité est devenue une véritable force géologique – un fait à la base du concept d’ère géologique de l’humanité, “l’Anthropocène”, modifiant la surface de la Terre de manière globale. Par exemple, tous les trois jours, nous envoyons dans l’atmosphère autant de dioxyde de carbone que l’ensemble des volcans du monde chaque année !

Nous avons ainsi déjà augmenté de moitié la teneur en dioxyde de carbone de l’atmosphère depuis deux siècles. Cette augmentation montre qu’à cette échelle de temps il n’existe aucun phénomène naturel qui soit venu
contrer nos émissions.

« Nous semblons bien lancés sur la voie de la « vénuso-formation » de la Terre »

Certains férus de science-fiction sont familiers du concept de “terraformation”. Souvent appliqué à Mars, il consisterait à modifier l’environnement de surface d’une planète inhospitalière pour la rendre
habitable… La terraformation restera très longtemps un lointain fantasme, mais malheureusement, nous semblons pour l’instant bien lancés sur la voie de la “vénuso-formation”… de la Terre !

Perseverance sur son site d'atterrissage avec en arrière-plan les falaises de la bordure interne du cratère Jezero qui dominent de 600 mètres le plancher du cratère (photomontage). NASA/JPL-Caltech, Public domain, via Wikimedia Commons
Perseverance sur son site d’atterrissage avec en arrière-plan les falaises de la bordure interne du cratère Jezero qui dominent de 600 mètres le plancher du cratère (photomontage). NASA/JPL-Caltech, Public domain, via Wikimedia Commons

S’appuyant sur la quasi-totalité des activités humaines, puisque 80% de la consommation énergétique mondiale est issue de la combustion de charbon, pétrole et gaz émettant du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce processus reste lent à l’échelle humaine (c’est accessoirement un rappel à la réalité pour les fans de terraformation car si celle Mars requiert autant d’énergie que n’en consomme l’ensemble de l’humanité, ce n’est pas
pour demain).

Cette lenteur relative est une chance pour tous : maintenant que nous en avons pris conscience, il est encore possible d’interrompre l’expérience planétaire de “vénuso-formation” initiée sur Terre il y a deux siècles…

#espace#Mars

Élections régionales : Andrea Kotarac bataille pour mener la liste RN

Élections régionales : Andrea Kotarac bataille pour mener la liste RN

À lire sur marianne.net.

Si Marine Le Pen s’apprête à aligner plusieurs anciens de LR aux élections régionales, elle hésiterait sur le cas d’Andrea Kotarac, seule prise de guerre venue de La France insoumise.

Andréa Kotarac du Rassemblement National
Andrea Kotarac, chef de file du Rassemblement National à la Métropole de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

Le lyonnais brigue la tête de liste RN (rassemblement national) en Auvergne-Rhône-Alpes. Mais il n’est pas le seul prétendant à l’investiture. Le conseiller régional Alexis Jolly, un autre « jeune espoir » également responsable de la fédération de l’Isère, brigue lui aussi la tête de liste. 

« Andrea est plus au niveau et il a une meilleure exposition médiatique. Mais Alexis est plus populaire dans les fédés auvergnates. »

Déclaration d’un membre du bureau exécutif, plus haute instance du RN.

Andrea Kotarac compte donc des soutiens dans la frange droitière du parti, en ayant sympathisé à Lyon avec des proches de Marion Maréchal. À l’inverse, des élus très proches de Marine Le Pen, dont Bruno Bilde, Steeve Briois et David Rachline, poussent Alexis Jolly.

« Ils considèrent que Kotarac est très lié à la bande catho marioniste, ce qui me fait marrer, parce que c’est le seul rallié venu de la gauche ! », s’esclaffe un autre cadre ».

Lire l’article complet sur le site de Marianne.

 

#Andrea Kotarac

Nathalie Dompnier, présidente de Lyon 2 : « L’islamo-gauchisme est un terme disqualifiant »

Nathalie Dompnier, présidente de Lyon 2 : « L’islamo-gauchisme est un terme disqualifiant »

Études sur le genre, colloques sur l’islamophobie, études décoloniales… L’Université Lumière Lyon 2 est réputée pour ses formations en sciences humaines et sociales, qui attirent chaque année plusieurs milliers d’étudiant.es.

Autant d’enseignements ciblés, notamment par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en octobre dernier, qui les range dans une doctrine « islamo-gauchiste » qui ferait, selon lui, des ravages au sein des universités. Ou encore par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui souhaite carrément lancer une enquête sur un concept jugé problématique.

Rue89Lyon avait déjà consacré une enquête à l’identité de cette université lyonnaise.

On a discuté de cette situation inédite avec Nathalie Dompnier, présidente de Lyon 2, réélue pour un nouveau mandat le 5 février. Comment sont orientés les choix budgétaires ? Au-delà de cette question à enjeu politico-médiatique de l’ »islamo-gauchisme », nous avons abordé celle du militantisme (la gestion des blocages notamment). De l’avenir et des projets (avec un Learning center à venir, par exemple). Mais aussi, bien sûr, de la crise sanitaire et de ses conséquences lourdes chez les étudiants.

Tour d’horizon des sujets qui monopolisent aujourd’hui l’attention -pour le moins.

Rue89Lyon : À Lyon 2, on peut suivre des formations sur les études de genre, les études décoloniales… En octobre dernier déjà, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, accusait certaines universités de promouvoir une vision du monde « islamo-gauchiste » avec certains enseignements.

Aujourd’hui, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s’y met. Vous êtes professeure de sciences politiques alors je vous pose la question : l’« islamo-gauchisme », c’est quoi ?

« On pourrait peut-être encore créer un terme : le féminismo-islamo-gauchisme ? »

Nathalie Dompnier : Je ne sais pas. C’est un terme de disqualification. D’ailleurs, le CNRS a très bien répondu à la demande d’enquête de la ministre en disant qu’il n’était pas compétent, que ce n’était pas un terme scientifique.

On peut associer comme ça toutes sortes de tendance.

Pour les études sur le genre, on pourrait peut-être encore créer un terme : le féminismo-islamo-gauchisme ?

On a des champs de recherche qui se développent dans les sciences sociales, qui peuvent déranger à certains égards politiques. Mais ils sont tout à fait légitimes du point de vue scientifique.

Par exemple s’interroger sur les inégalités, les discriminations de genre, les phénomènes de racialisation…

Nathalie Dompnier, présidente de l'univesité Lumière Lyon 2. ©OM/Rue89Lyon
Nathalie Dompnier, présidente de l’univesité Lumière Lyon 2. ©OM/Rue89Lyon

Étudier le genre et la race, en quoi ça consiste ?

Sur les études de genre, on observe des discriminations et des inégalités. Mais en amont, il y a une sociabilisation différenciée qui fait que les hommes et les femmes se voient attribuer des rôles distincts dans les sociétés, qui produisent des rapports au monde différents, des statuts différenciés. D’une société à l’autre, on a des constructions sociales différentes des rapports de genre.

Le terme de racialisation quant à lui est intéressant. C’est la manière dont on assigne socialement un certain nombre de caractéristiques à des personnes en fonction de leur appartenance de race supposée.

Attention, les sciences sociales ne disent pas qu’il y a des races qui auraient des caractéristiques propres, l’objet c’est d’analyser le phénomène social par lequel on assigne ces caractéristiques.

Il y a débat au sein des sciences sociales sur ces sujets-là. Certains vont parler de races, d’autres d’ethnies, d’autres de racialisation…

Tout ça permet d’interroger le monde qui nous entoure. Ce sont des outils, des clefs de lecture, des lunettes qui permettent de lire et d’essayer de décrypter un certain nombre de phénomènes sociaux. Comme par exemple les phénomènes de discrimination à l’embauche.

On va pouvoir analyser ce qui se produit et ce qui explique ces formes de discrimination, ce qui explique aussi un certain nombre de comportements. Parfois de l’auto-censure… 

« Lyon 2 est visée par les ministres comme Montpellier 3 ou Rennes 2 qui sont aussi des universités de sciences sociales… »

Du fait de ces choix d’enseignements, est-ce que vous avez senti Lyon 2 visée particulièrement par ces accusations d’ « islamo-gauchisme » ?

Je dirais que ce sont les sciences sociales qui sont visées. Donc oui, Lyon 2 est visée mais de la même manière que Montpellier 3 ou Rennes 2 qui sont aussi des universités de sciences sociales…

Lyon 3, par exemple, n’est pas une université de sciences sociales : on est beaucoup moins sur ces enjeux de société brûlants.

Les formations sur le genre, typiquement, sont pluridisciplinaires. On a de la sociologie, de l’histoire, des lettres, donc c’est vraiment une approche thématique très large.

Dire qu’on aurait un courant comme ça qui gangrènerait nos formations, c’est complètement aberrant. Ces formations sont d’une diversité extrême. Ce n’est pas très sérieux, c’est une méconnaissance assez profonde de ce que sont nos formations.

Quel est l’intérêt pédagogique d’enseigner ces matières-là aux étudiant.es ?

Nous ne sommes pas dans une perspective politique. On analyse des faits sociaux et des discours. Parmi ces discours, il y a des discours d’affirmation de la République par exemple, de l’égalité des chances, de l’égalité formelle entre toutes et tous, quelle que soit la couleur de peau, le statut social etc. Ça, c’est une posture politique, idéologique.

Il existe en revanche des idéologies et des postures politiques qui revendiquent une différence des races, et des sexes d’ailleurs, qui seraient là par nature : c’est le racisme. Ce n’est pas le rôle de l’université de dire s’il convient ou non d’adhérer à telle ou telle idéologie. Chacun a sa conscience.

Ce qui nous intéresse c’est le discours, la construction, la diffusion dans une société de ces discours. C’est aussi interroger et analyser ce qui se passe dans la société. Y compris dans une société régie par un principe d’égalité formelle, d’affirmation d’une République qui accorde les mêmes droits à toutes et tous – principes auxquels on peut adhérer, ce n’est pas la question.

De fait, si on prend le temps d’observer ce qui se passe, on voit bien un décalage entre ce discours et les rapports sociaux qui nous révèlent des inégalités et des discriminations. Il nous faut aussi analyser dans quelle mesure ces phénomènes sont présents dans une société, comment ils évoluent, sur quelles représentations ils reposent, qu’est-ce qu’ils produisent en termes de ségrégation sociale, spatiale…

Ça, c’est notre objet de recherches et l’enjeu est de mieux comprendre la société, d’être en mesure de l’analyser. Et qu’est-ce qu’on fait avec ça ? D’abord, on ne se voile pas la face sur ce qu’est la vie de nos sociétés.

Selon vous, pourquoi ça coince aujourd’hui et qu’est-ce qui motive la critique de ces enseignements-là en particulier ?

Ce n’est pas la première fois que ça coince. Il y en a eu des débats, à d’autres périodes. Dès que l’on étudie les questions de société, on bouscule des représentations et des a priori.

Ce qui se passe actuellement, c’est une joute politique, qui prend entre autres pour terrain l’université. Ça se joue sur le dos de l’université, d’une certaine manière. On voit aujourd’hui des débats politiques autour des formes d’islam radical, autour de la manière dont un certain nombre de courants de gauche se radicalisent de manière très forte. Ça fait longtemps déjà qu’on a ces interrogations.

D’ailleurs un de ceux qui estiment qu’on a affaire à des formes d’islamo-gauchisme s’est expliqué récemment : Pierre-André Taguieff expliquait qu’il avait forgé ce terme après avoir constaté qu’il y avait des rapprochements de fait de certains de ces courants.

On est ici dans le registre politique et il ne revient pas à l’université de valider ou non ces éventuels rapprochements. Ces enjeux politiques sont là actuellement. Et un certain nombre d’analyses scientifiques portent sur des objets qui intéressent ces mouvements ou tendances politiques. Qui les intéressent ou qui les dérangent.

Comment se fait ce choix d’enseigner les études de genre, de consacrer un TD (« travaux dirigés ») aux études décoloniales dans une université ?

On a de nouvelles tendances et de nouveaux courants qui émergent régulièrement dans les laboratoires de recherche. De nouvelles thématiques apparaissent car elles correspondent à des préoccupations à un moment donné, dans la société, à des phénomènes sociaux que l’on n’observait pas forcément avant ou qu’on ne voyait pas.

Par exemple, sur les études de genre, en France ça a été relativement tardif. Mais dans beaucoup de pays, elles se sont développées plus tôt, à un moment où se posait la question des droits des femmes, de l’égal accès des femmes à un certain nombre de situations sociales. C’est lié à des mouvements de fond de la société, à des revendications également.

Ce n’est pas pour autant que la recherche elle-même va se positionner dans une perspective revendicative. Ces observations vont amener certains nouveaux sujets de recherche sur lesquels on souhaite pouvoir se développer.

On va être amenés à recruter un enseignant-chercheur qui, du fait de son profil, pourra venir contribuer à la vie du labo sur cette thématique.

Nos enseignants, et c’est une chance, sont des enseignants-chercheurs. Nos enseignements, c’est une chance aussi, sont ancrés dans la recherche en train de se faire.

C’est une des caractéristiques de l’université par rapport à d’autres formations de l’enseignement supérieur.

« Le financement des enseignements ne va pas dépendre de la thématique »

Tous les thèmes sur lesquels des recherches sont faites sont-ils forcément traduits en cours à l’université ? Comment choisit-on ceux qui vont être enseignés aux étudiant.es ?

Non, pas forcément. Au niveau licence, on a de grands cours traditionnels qui permettent d’acquérir les bases dans une discipline. En sociologie par exemple, on va reprendre les structures sociales, l’évolution des sociétés contemporaines etc. C’est indispensable, c’est la base.

C’est souvent à partir de la troisième année de licence, et surtout au niveau des masters qui sont adossés à des labos de recherche.

Il y a une dimension de formation à la recherche et par la recherche en master.

Là, effectivement, on aura des cours généraux et des séminaires directement en lien avec les spécialités des enseignants-chercheurs et des labos auxquels ils appartiennent. 

Certains masters ont plus de spécialités que d’autres. Dans les études de genre, Lyon 2 propose sept parcours de master. Comment se font ces choix budgétaires d’investir dans certaines disciplines plutôt que d’autres ?

Le financement des enseignements ne va pas dépendre de la thématique. On va raisonner en fonction du nombre d’étudiant.es attendu.es et donc on va accorder une enveloppe budgétaire, un nombre d’heures… Sur les formations déjà existantes, on a l’historique, on connaît le nombre de candidatures, le nombre d’étudiant.es des années précédentes.

Ouvrir des nouveaux parcours dans un master, cela suppose un nombre d’étudiant.es suffisant mais il y a aussi un tronc commun.

Sur les études de genre par exemple, il y a une demande des étudiant.es mais aussi une demande très forte des entreprises. De plus en plus, chez les DRH des grandes entreprises, il y a justement des métiers liés à la lutte contre les inégalités hommes-femmes. On n’est plus du tout sur l’islamo-gauchisme, là !

C’est intéressant de voir que ces formations qui sont aujourd’hui pointées du doigt intéressent éminemment les acteurs de notre société. Pas d’un point de vue politique mais très pratique car ce sont des formations qui répondent à des enjeux que rencontrent ces acteurs.

« On a une formation intellectuelle et critique qui va, pour certain.es, les conforter dans leur action militante »

À Lyon 2 existe une vie militante assez forte de longue date. Vous avez été élue dans le contexte de la loi Travail, puis il y a eu la loi ORE, Parcoursup… Que pensez-vous de ce militantisme étudiant ?

Il faut faire attention, c’est assez aisé à 50 ou 60 de bloquer un campus. Au total, on a 29 000 étudiant.es donc il faut aussi regarder de quelle proportion on parle.

On a une partie des étudiant.es qui est militante, parfois très militante, que ces sujets de société intéressent et qui vont nourrir leur réflexion militante à partir de ce qu’ils peuvent apprendre à l’université.

Ensuite, chacun.e se forge ses opinions et ses manières de penser à partir de différentes sources.

On a des bachelier.es déjà très ouvert.es sur le monde qui les entoure, ce n’est pas par hasard s’ils et elles choisissent les sciences sociales et puis on a une formation intellectuelle et critique qui va, pour certain.es, les conforter dans leur action militante.

Encore une fois, les formations sont variées et nos étudiant.es en font aussi ensuite ce qu’ils et elles voudront. On a aucune maîtrise dessus. On peut produire et diffuser du savoir, ensuite il est à la portée de tous et toutes et c’est très bien. Heureusement !

Sur les mouvements étudiants, je peux vous dire d’expérience qu’il n’ont pas été menés que par des étudiant.es de Lyon 2 à Lyon 2. On a aussi les étudiant.es de Lyon 3, de l’ENS… Mais Lyon 2 est un peu le point de ralliement. C’est vrai : on a une tradition de mouvements étudiants dans cette université. 

Comment concilier cette vie militante des étudiant.es et la continuité de l’université ?

Sur la gestion des mouvements étudiants, on peut montrer les dents et réagir de manière dure. Ça ne ramène pas forcément la paix sociale. On peut discuter et essayer de faire en sorte que les mouvements se déroulent le mieux possible -et dans le respect des activités de l’université.

Personnellement, je pense qu’en bloquant une université, on bloque aussi un formidable outil d’émancipation. Les savoirs qu’on y dispense sont aussi émancipateurs.

Il n’y a donc pas de bonne réaction ?

Ça dépend du contexte. Parfois, il y a eu des amphis mis à disposition, c’était une manière d’éviter le blocage. C’est toujours une gestion de crise où on trouve la réponse la plus appropriée selon la lecture qu’on peut avoir de la situation à un moment donné.

Ensuite, c’est vrai qu’on peut toujours considérer en dernier recours l’évacuation de l’université par les forces de l’ordre.

On a été amené à le faire en 2018, sur un moment de la mobilisation sur Parcoursup parce qu’il se passait des choses qui, à mon sens, étaient vraiment problématiques dans l’université. Ce n’était pas que des étudiant.es qui étaient là, à occuper un amphi. On avait une population assez variée, des gens qui très clairement étaient là pour faire de l’agitation en s’appuyant sur le mouvement étudiant mais qui n’avaient pas grand chose à voir avec.

Sur les occupations nocturnes, on a un étudiant qui s’est défenestré de nuit. À ce moment-là, on sévit. On ne peut pas laisser investir les lieux de cette manière, c’est dangereux.

L’enjeu est de trouver des équilibres, de faire en sorte que les revendications politiques puissent s’exprimer sans nuire aux missions de l’université. 

« Les tentatives de suicide sont nombreuses, elles ne datent pas de janvier »

Depuis la crise sanitaire et la fermeture des universités, la situation des étudiant.es est particulièrement compliquée. Beaucoup se retrouvent en situation de détresse psychologique, financière. Récemment, l’actualité a été marquée par la tentative de suicide de deux étudiant.es de Lyon 3.

C’est quand même assez étonnant, ces tentatives de suicide de deux étudiant.es de Lyon 3 qui ont provoqué subitement une prise de conscience.

Ça fait des mois qu’on tire la sonnette d’alarme ! La conférence des présidents d’université l’avait déjà fait à l’automne.

Les tentatives de suicide sont nombreuses, elles ne datent pas de janvier, avec aussi parfois des suicides.

On ne va pas tout mettre sur le dos de la crise sanitaire. On ne connaît pas les motivations. Il y avait des tentatives de suicide et des suicides d’étudiant.es, une détresse, un mal-être et une précarité avant. Et qui ont été accentués par la crise.

Quelles mesures avez-vous prises pour les étudiant.es pendant la crise sanitaire ?

Ce qui a été fait pendant la crise sanitaire, c’est un accompagnement pédagogique, social, médical et de santé mentale pour les étudiant.es.

Sur l’accompagnement pédagogique, très tôt, en mars, on a fait une enquête auprès des étudiants pour savoir s’ils avaient le matériel pour suivre les cours à distance.

On a fait des bons d’achat pour des ordinateurs et envoyé des cartes SIM pour la connexion internet. On a relancé cette opération à la rentrée, cette fois-ci avec des bons d’achat mais aussi des prêts d’ordinateurs et des dons d’ordinateurs. 

« Un projet de service de santé mentale pour les étudiant.es verra le jour »

Et au niveau du médical et de la santé mentale ?

On avait une psychologue à 80%. Là, on en a embauché un deuxième début février car notre psychologue était complètement débordée. Le financement du gouvernement pour embaucher des psychologues, on l’attend toujours.

À un moment, on s’est dit que les étudiant.es en avaient besoin et qu’on n’allait pas attendre davantage.

Le service de santé universitaire a été super pendant toute cette période. Pendant le confinement, ils faisaient des consultations par téléphone, et dès que ça a été possible, on a repris des consultations sur site.

Les médecins généralistes des services de santé universitaire de Lyon 1, Lyon 2 et Lyon 3 travaillent ensemble. Là, ils sont en train de monter un projet de service de santé mentale pour les étudiant.es, qui verra le jour dans quelques temps.

Je pense que cette idée était déjà là avant, mais la crise sanitaire et les problèmes de santé mentale, l’isolement et tout ce que ça génère pour nos étudiant.es, ont contribué à accélérer le projet. Ce serait pour tous les étudiant.es des universités et des écoles de la métropole de Lyon.

Et au niveau social ?

Du point de vue des aides sociales, il faudra être vigilant. Un.e étudiant.e boursier.e a un nombre d’années limitées pour faire sa licence ou son master.

On risque d’avoir des étudiant.es qui ont peut-être décroché cette année mais qui pour autant n’ont pas abandonné leur projet d’études et qui vont revenir – on l’espère – à la rentrée prochaine, en ayant perdu une année. On a aussi des étudiant.es qui ont été ralenti.es dans leur cursus, parce qu’ils et elles étaient en alternance et n’ont pas pu avoir de contrat pendant cette période.

Est-ce qu’il y aura des aides financières pour ces étudiant.es-là du côté de leur université ?

À mon initiative, on a créé des aides complémentaires à celles du CROUS avant la crise, individuelles et qui viennent couvrir des besoins qui ne le sont pas forcément par les aides du CROUS.

On n’a pas les moyens – et ce n’est pas notre mission – d’aller au-delà, c’est la mission du CROUS.

Pour moi, il y a une discussion à avoir avec le ministère et le CNOUS sur les modalités de prolongation des bourses pour les étudiant.es, pour éviter que certain.es se retrouvent en difficulté.

« Je ne sais pas encore quel a été le taux d’abandon »

Est-ce que des dispositifs sont prévus pour récupérer les étudiant.es qui auraient décroché pendant la crise sanitaire ? 

On est en train de réfléchir à la rentrée de septembre 2021, pour voir quel type de dispositif de remédiation on pourra mettre en place pour accompagner les étudiant.es.

Je ne peux pas vous donner de chiffres parce qu’on est en train de faire les jurys du premier semestre. Donc je ne sais pas encore quel a été le taux d’abandon. On a reporté les jurys pour laisser un peu de mou aux équipes pédagogiques. On avait prévu de faire revenir les « première année » sur site, et de laisser les autres à distance.

Les enseignant.es ont prévu cette organisation pédagogique, et tout d’un coup on leur a dit que les autres pouvaient revenir aussi. C’est ça qui a semé le bazar, sachant que c’est quand même la cinquième organisation pédagogique depuis le début de l’année. Ce qui explique le retard sur les jurys. Mais il faudra regarder de près ce que ça donne.

Ce semestre, on a le dispositif de tutorat qui se met en place. On avait une plateforme mais c’était de l’accompagnement au travail. Là, on peut être davantage sur du disciplinaire, sur des formations précises, avec des étudiant.es en master. Il faudra sans doute avoir un accompagnement pour les étudiant.es en début d’année universitaire 2021.

« Beaucoup ont appris, d’un point de vue technique mais aussi pédagogique dans la conception d’un cours à distance »

Quels enseignements tirez-vous de cette période particulière ?

Sur les choses qui vont rester, peut-être positives, on a beaucoup progressé sur l’enseignement à distance. Y compris des collègues qui, comme moi, n’avaient pas une appétence très forte pour cela.

Beaucoup s’y sont mis et ont appris, d’un point de vue technique mais aussi pédagogique (dans la conception d’un cours à distance). Ça nous permet de penser un certain nombre de formations spécifiques pour de publics éloignés ou empêchés, qui n’ont pas la possibilité de venir à l’université. Pas forcément du tout-distanciel, parce qu’on voit dans les travaux des sciences de l’éducation qu’il n’est pas du tout préconisé. Mais une partie en distanciel, avec des regroupements ponctuels par exemple.

Il y a quelques semaines, on a déposé deux projets de campus connectés, avec deux communautés de commune. Sur notre prochaine offre, des formations seront proposées soit sur site, soit à distance pour des publics qui ne peuvent pas venir à l’université.

Il y a autre chose qui va rester, et qu’il faudra poursuivre au-delà de la crise sanitaire, c’est l’équipement des étudiant.es pour l’enseignement à distance. C’est un outil indispensable. On ne peut plus étudier aujourd’hui sans un minimum d’équipement numérique. Dans les cours en présence, sur site, on met à disposition des ressources en ligne… Il faut qu’on arrive à suivre.

La crise a donc forcé un peu Lyon 2 à se moderniser ?

Oui, en tout cas à accélérer un processus d’accroissement de la place du numérique. Je pense qu’avant la crise, on avait sans doute des étudiant.es en difficulté du fait de leur mauvais équipement informatique. Là-dessus, il faut qu’on arrive à progresser.

Est-ce que c’est le rôle de l’université ? On a réussi à tenir un peu ce pari. On a contacté tous les étudiant.es et on a équipé tous ceux qui nous ont fait un retour. Je pense qu’il faut continuer.

« Nous avons un projet d’envergure qui est la transformation du campus Porte des Alpes avec le Learning Center »

Vous avez été réélue le 5 février pour un nouveau mandat en tant que présidente de Lyon 2. Quels sont les grands projets pour les quatre années à venir ?

Nous avons un projet d’envergure qui est la transformation du campus Porte des Alpes avec le Learning Center : un espace ressource au sein de l’université, pour l’ensemble des étudiants et des collègues, avec la BU (bibliothèque universitaire, ndlr), le service universitaire d’orientation et d’insertion professionnelle, le guichet des services numériques, le service de pédagogie du supérieur pour les enseignants plutôt, des salles de travail en libre accès pour les étudiants, des salles pour travailler en groupe…

En 2016, quand je suis arrivée, le financement n’était pas stabilisé donc il a fallu le faire. Les travaux vont pouvoir commencer, la BU provisoire est déjà construite. 

Nous sommes aussi en pleine conception d’une prochaine offre de formation, commencée sous le précédent mandat. Elle sera mise en œuvre en septembre 2022 avec plus d’individualisation des parcours dès le niveau licence, jusqu’à présent très formaté.

On veut laisser aux étudiants davantage de choix pour correspondre à leur projet professionnel. Il y a aussi le développement de la science ouverte qui nous est cher, avec la mise à disposition au plus grand nombre, gratuitement, des travaux de recherche de l’établissement.

Dans les nouveaux projets, nous allons bientôt nommer une nouvelle vice-présidence « sciences et société ». L’objectif est de renforcer les liens entre nos activités académiques et les enjeux de société, les attentes des acteurs socio-économiques, culturels, institutionnels…

La formation tout au long de la vie, la recherche participative, partenariale, la possibilité aussi pour nos étudiants de lier les expériences de recherche et de professionnalisation avec des acteurs socio-économiques. C’est une tendance qui se développe internationalement, on s’inspire beaucoup de ce qui se fait au Québec, la recherche au service de la collectivité, de la société.

On est en train de constituer un réseau d’universités qui souhaitent investir dans cette troisième mission de l’université : formation, recherche et diffusion auprès de la société et de ses acteurs. C’est l’un des gros projets de ce mandat.

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Covid-19 : où en est la vaccination en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Covid-19 : où en est la vaccination en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Quelle est l’évolution de la vaccination dans la région ? Au 24 février 2021, un peu moins de 2% de la population avait reçu deux doses de vaccins. 11,5% des plus de 75 ans d’Auvergne-Rhône-Alpes avaient été complètement vaccinés. Un niveau qui se situe dans la moyenne nationale.

Santé Publique France a libéré les données concernant la campagne de vaccination fin janvier. A cette occasion nous avions fait un premier point d’étape. Un mois plus tard comment a-t-elle avancé et où en est la couverture vaccinale dans la région ? Voici quelques chiffres pour y répondre.

Auvergne-Rhône-Alpes : 2% de la population complètement vaccinée

Au 24 février, 4% de la population d’Auvergne-Rhône-Alpesavait reçu 1 dose de vaccin et 1,9% avait reçu les deux doses (contre respectivement 4% et 2,1% au niveau national).

Concernant la population la plus fragile, les plus de 75 ans, là aussi le niveau de vaccination régional correspond à la moyenne nationale. Au 24 février, 25,53% des plus de 75 ans d’Auvergne-Rhône-Alpes avaient reçu une dose de vaccin et 11,46% d’entre eux avaient reçu les deux doses.

Au niveau national, la part de plus de 75 ans ayant reçu la première dose était à la même date de 25,3% alors que 12,1% avaient reçu les deux doses.

Le Cantal et l’Allier les plus vaccinés de la région

Selon les chiffres de Santé Publique France,les départements de l’ancienne région Auvergne ont à ce jour une meilleure couverture vaccinale. Ce sont ainsi le Cantal et l’Allier qui présentent les plus « forts » taux de vaccination. Ce niveau reste toutefois encore assez faible. Au 24 février, 3,6% de la population totale de l’Allier et 4,1% de celle du Cantal avaient reçu deux doses de vaccin.

Ces deux départements sont aussi parmi ceux comptant le plus de séniors vaccinés. Environ 35% des plus de 75 ans avaient reçu au moins une dose de vaccins, entre 15 et 20% avaient reçu les deux doses.

Des chiffres qui se situent pour ces départements au-dessus de la moyenne nationale (25% de plus de 75 ans ont reçu une dose de vaccin contre 12% ayant reçu deux doses). Les autres départements de la région si situant plutôt autour de cette moyenne nationale concernant la couverture vaccinale des plus âgés.

 

Comment Génération identitaire est devenu le centre de gravité de l’extrême droite lyonnaise

Comment Génération identitaire est devenu le centre de gravité de l’extrême droite lyonnaise

Si le mouvement est dissout (et il l’a été), Génération identitaire perdra le contrôle de son local et de sa salle de boxe du Vieux Lyon. Or, plus que de simples lieux de sociabilité, ils participent à faire de cette organisation le centre de gravité de l’extrême droite radicale lyonnaise.

La Traboule, 5 montée du change dans le Vieux Lyon, quartier général de Génération Identitaire. C’est à cette adresse qu’a été envoyée la notification de dissolution que les services du ministère de l’intérieur ont adressé à l’organisation d’extrême droite le 11 février. Les identitaires avaient jusqu’au 22 février pour contester. S’ils n’y parviennent pas, un décret de dissolution devrait rendre impossible l’exploitation de leurs locaux. Et ce coup d’arrêt serait historique.

Car dans un Vieux Lyon où ouvertures et fermetures de locaux et boutiques d’extrême droite se succèdent, la longévité des identitaires est un tour de force et les installe comme les véritables ténors de l’extrême droite lyonnaise. 

 

Génération identitaire loue 180m² à deux pas de la cathédrale Saint-Jean

La Traboule, bar associatif et siège du mouvement, est inauguré en avril 2011. En 2017, il s’agrandit : une salle de boxe, l’Agogé, mitoyenne du bar, est créée. Les identitaires disposent dès lors de 180m² à deux pas de la cathédrale Saint-Jean. Aujourd’hui, ils revendiquent une cinquantaine de militants actifs et « de nombreux sympathisants ». Un chiffre significatif à l’échelle de l’extrême droite radicale et qui doit beaucoup à leur stabilité géographique.

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Covid-19 : forte progression des variants à Lyon et dans sa région

Covid-19 : forte progression des variants à Lyon et dans sa région

[En graphiques] À Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes, les variants progressent mais la dynamique de l’épidémie de Covid-19 semble toujours décroître. Les hospitalisations en simultané continuent leur baisse mais les patients en réanimations ont augmenté depuis 15 jours. De quoi entretenir cette impression de situation flottante.

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Covid-19 : moins d’hospitalisations mais plus de réanimation

Le nombre de personnes hospitalisées pour des cas de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes continue sa lente diminution. Au 22 février, sur une semaine glissante, elles étaient en moyenne 3 483. Elles étaient environ 200 de plus une semaine plus tôt.

Le niveau des hospitalisations en simultané reste malgré tout élevé. Au 22 février, elles se situaient à un niveau toujours plus élevé que lors du pic de la première vague du printemps dernier. Le volume est toutefois deux fois moins important que lors du pic de la deuxième vague. Cette évolution en « plateau descendant » se poursuit doc.

Dans les services de réanimation, l’évolution depuis la mi-janvier est légèrement différente. Elle semble se situer davantage sur un « plateau ascendant ». Après une légère baisse au début du mois de février, le nombre de patients Covid-19 dans les services de la réanimation repart à la hausse depuis une quinzaine de jours.

Le niveau de tension sur ces services reste donc toujours proche des 75%. Un niveau encore élevé.

Auvergne-Rhône-Alpes, une dynamique épidémique plutôt stable

La décroissance de l’épidémie dans la région semble se poursuivre. Son niveau de circulation reste toutefois élevé. Au 19 février, le taux d’incidence régional s’élevait à 182 cas pour 100 000 habitants. Un niveau près de quatre fois supérieur au seuil d’alerte.

On note toutefois un certain ralentissement ces derniers jours. C’est le cas notamment dans les grandes métropoles de la région.

Pour l’heure, les indicateurs ne montrent pas de signe d’aggravation globale de la dynamique de l’épidémie. Depuis la semaine dernière, le taux d’incidence est resté stable, montrant une très légère baisse. Dans le même temps, le dépistage a lui aussi continué à baisser.

Augmentation du taux d’incidence chez les plus jeunes pendant les vacances

On note toutefois une augmentation du taux d’incidence chez les plus jeunes (0-9 ans) depuis une dizaine de jours. Alors même que le dépistage, pour cette tranche d’âge également, a continué de diminuer.

Le taux d’incidence est reparti à la hausse à partir du 13 février soit une semaine après le début des vacances scolaires d’hiver. La hausse se poursuivait au 19 février (+6%).

Cette légère hausse à partir du milieu des vacances scolaires est-elle le signe d’une circulation plus importante chez les plus jeunes juste avant les vacances ? Si tel était le cas, les vacances sont arrivées à temps. Les prochains jours nous montreront comment l’épidémie a évolué notamment dans cette frange de la population.

Des variants qui progressent vite en Auvergne-Rhône-Alpes

Autre probable conséquence de la baisse continue du dépistage, le taux de positivité (pourcentage de positifs dans le dépistage global) augmente. Notamment chez les 0-9 ans. Avec la période des vacances scolaires, on peut penser que moins d’enfants ont été testés. Entre le 11 et le 19 février, calculé sur des semaines glissantes, le taux de positivité a presque doublé dans cette tranche d’âge. Dans le même temps, il a progressé de 15% en moyenne dans l’ensemble de la population.

Ces petits signes sont-ils les conséquences de la progression des variants du virus Sars-Cov-2 ? Qui feraient de la période, une situation flottante, d’entre deux, marquée par la baisse des cas de la souche initiale et l’augmentation des cas de variants potentiellement plus contagieux.

Au 27 janvier, Santé Publique France indiquait que les variants représentaient 14% des cas détectés en Auvergne-Rhône-Alpes. Ils étaient déjà en augmentation par rapport à début janvier.

Au 19 février, l’organisme de veille sanitaire notait que cette proportion avait plus que doublé dans la région : 29,2% des cas confirmés concernaient le « variant anglais » (contre 37% en moyenne en France), 2,7% le « variant sud-africain » et 5% le « variant brésilien ».

Rhône, Drôme et Ardèche, les départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomez ou recherchez la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes

Coup de poker au procès de deux policiers de la BAC à Lyon

Coup de poker au procès de deux policiers de la BAC à Lyon

« La décision que vous prenez m’est insupportable ». C’est ce que le jeune Arthur Naciri, victime de violences au cours d’une manifestation contre la réforme des retraites, a lancé à la présidente du tribunal correctionnel de Lyon, Margareth Stragier. La magistrate a renvoyé à septembre prochain le procès des deux policiers de la BAC de Lyon accusés de les avoir commises.

Avant cela, un débat a malgré tout eu lieu sur la construction de l’enquête et l’utilisation des images de la scène de violences qui a eu lieu le 10 décembre 2019 à Lyon.

C’est un coup de poker qu’a joué ce mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon Laurent-Franck Liénard. Cet avocat médiatique qui fut un temps celui d’Alexandre Benalla, venu de Paris pour défendre deux agents de la BAC (brigade anti-criminalité) a demandé le report de l’audience. Au motif que ses clients ne seraient simplement « pas les coupables » des coups « volontaires » portés à Arthur Naciri.

Il y a tout juste deux jours, la partie civile a ajouté au dossier deux photos, extraites d’une vidéo révélée par Rue89Lyon et déjà connue des enquêteurs mais qui, si l’on zoome, montrent le tonfa d’un policier sous le nez d’Arthur Naciri. On le voit là encore pris dans un demi-cercle d’agents comme dans un piège, plié en deux ce 10 décembre 2019 à Lyon, le visage commençant à saigner.

Des éléments qui abondent dans le sens de nombreuses autres images déjà étudiées dans l’enquête, mais qui ont quasi joué en défaveur de la victime, puisqu’ils ont permis à Laurent-Franck Liénard de demander un « supplément d’information » et une « expertise médicale » des blessures, du nez à la lèvre, comptant aussi neuf dents cassées.

Arthur Naciri entouré de ses proches lors de l'audience du 23 février 2020, devant les photos de la scène de violences qu'il a subies en 2019. ©DD/Rue89Lyon
Arthur Naciri entouré de ses proches lors de l’audience du 23 février 2020, devant les photos de la scène de violences qu’il a subies en 2019. ©DD/Rue89Lyon

« Je ne défends pas ce genre de policiers »

L’avocat parisien a joué une carte relativement inattendue, allant même jusqu’à s’indigner devant la réalité des violences subies par Arthur Naciri.

« Elles sont illégitimes et insupportables. C’est une blessure extrêmement grave, ce n’est pas anodin. Je ne supporterais pas que mes enfants perdent des dents en allant manifester. Même s’ils ont petit peu provoqué, etc. »

Toutefois, pour lui, cela ne peut pas être l’agent de la BAC Jérémy M. qui serait « trop grand » pour avoir porté le coup de tonfa. Ce ne peut être non plus son collègue de la même brigade, Sylvain P., qui a malgré tout reconnu pour sa part « un ou deux coups dans les jambes », pensant aider à une « interpellation ».

Laurent-Franck Liénard a sorti le grand jeu, faisant planer l’ombre d’une hypothétique brebis galeuse dans la police :

« Alors il y a un policier qui a tapé Monsieur Naciri et qui se tait. Il travaille peut-être tous les jours à côté de mes clients. […] C’est une certitude désagréable. […] Je ne souhaiterais qu’une chose, c’est qu’on l’identifie, de manière à ce que l’abruti qui a commis cet acte soit jugé, à ce qu’Arthur Naciri obtienne justice. »

Et d’ajouter une remarque toute particulière pour cet avocat connu pour représenter les forces de l’ordre :

« Et je ne le défendrai pas car je ne défends pas ce genre de policiers. »

Laurent-Franck Liénard, l'avocat est ses deux clients, agents de la BAC à Lyon, au tribunal correctionnel de #Lyon. ©DD/Rue89Lyon
Laurent-Franck Liénard, l’avocat est ses deux clients, agents de la BAC à Lyon, au tribunal correctionnel de #Lyon. ©DD/Rue89Lyon

L’IGPN de Lyon fustigée pour son enquête

Dans le rapport de l’IGPN (inspection générale de la police nationale, autrement connue sous les termes « police des polices »), plusieurs agents ont été interrogés, avant que deux seulement, appartenant à la BAC, ne soient renvoyés devant le tribunal correctionnel.

Toutefois, dans leurs propos tenus à ce moment auprès des enquêteurs et retranscris dans le rapport, des tensions sont lisibles entre les différents policiers -qui se renvoient la balle ou tentent de minimiser leurs implications propres.

Laurent-Franck Liénard a ainsi réclamé à la présidente du tribunal de saisir un « service d’enquête efficace et compétent ».

À demi-mot, il a fustigé le travail de l’IGPN de Lyon. « Cherchons, creusons, allons plus loin », a-t-il déclaré. Suggérant même de faire appel à l’IGPN de Paris ou encore l’IRCGN (pôle judiciaire de la gendarmerie nationale) « qui ne serait pas partie prenante et parfaite pour ça ». Un service d’enquêteurs « qui décortique les images ».

Car ce sont elles qui sont au cœur de ce procès de policiers.

Des photos de la scène de violences policières à l’origine de l’enquête

L’audience de ce mardi 23 février, si elle n’a pas abouti au débat sur le fond de l’affaire, a malgré tout démarré de façon intense, dans le vif du sujet, avec la projection sur deux écrans de plusieurs images.

Tout d’abord des photos de la scène dans laquelle Arthur est frappé, suivies d’une vidéo montrant comment le jeune homme avançait en marchant avec une certaine nonchalance juste avant d’être basculé au sol, puis d’une autre vidéo plus bavarde concernant les coups portés sur le jeune homme.

Pour rappel, c’est grâce à la diffusion des photos de Bastien Doudaine, médecin mais aussi photographe sur des événements sociétaux, par Rue89Lyon, que le dossier d’Arthur Naciri a pris une tournure publique, puis judiciaire.

Arthur Naciri, quelques minutes après avoir été passé à tabac par des CRS place Bellecour. Crédit : Bastien Doudaine.
Arthur Naciri, quelques minutes après avoir été passé à tabac par des policiers place Bellecour, le 10 décembre 2019. © Bastien Doudaine.

Dans le contexte bouillant du projet de loi « sécurité globale » et de son article 24 remettant en cause le travail de production d’images de policiers durant les manifestations, l’affaire d’Arthur Naciri a un écho très particulier.

La salle d’audience, ce mardi, était ainsi pleine de proches de la victime, de soutiens fonctionnaires des deux policiers, de membres du « comité contre les violences policières » mais aussi d’un grand nombre de journalistes.

Ce qu’a subi Arthur Naciri, « insupportable et inacceptable »

Le procès avait déjà été renvoyé à cette date du 23 février, le 10 décembre 2020. Arthur Naciri attendait donc avec impatience des réponses. Jérémy M. et Sylvain P. ont tous les deux d’ailleurs déclaré à la présidente du tribunal qu’ils ne comptaient pas rester silencieux.

Mais l’avocat de ces deux agents de la BAC a choisi ce jour une autre stratégie. Sa demande, revenant finalement à relancer totalement l’enquête, a été entendue par la présidente du tribunal qui a accédé à tous ses aspects (un supplément d’information et une analyse médicale des blessures).

De quoi atterrer Thomas Fourrey. Pour l’avocat d’Arthur Naciri, tout est déjà sur la table et « il ne fait pas de doute à cette date que Jérémy M. est bien l’auteur du coup porté au visage ».

Le parti pris de son adversaire a pu paraître déconcertant. En effet, si le travail de nouveaux enquêteurs sur le corpus d’images désigne et confirme l’implication des deux agents de la BAC, alors le propos de Laurent-Franck Liénard concernant la « manifestation de la vérité » et le caractère « insupportable et inacceptable » de ce qu’a subi Arthur Naciri aura une résonance toute particulière.

Le procès a été reporté au 28 septembre 2020 -un délai bien long pour le jeune homme qui est sorti du tribunal furieux.

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