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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Covid à Lyon : « trois fois plus de demandes d’aide d’urgence depuis septembre »

Covid à Lyon : « trois fois plus de demandes d’aide d’urgence depuis septembre »

À Lyon, depuis le début de la crise du Covid, les associations de l’urgence sociale constatent une forte augmentation des demandes d’aide et l’arrivée de nouveaux publics. Des personnes restées jusque là en dehors de leurs radars.

Au printemps 2020, lors du premier confinement, elles furent les rares vers lesquelles les plus précaires ont pu se tourner. Quand tout était fermé y compris des accueils de services sociaux, elles ont apporté « une aide vitale ».

Dans le cadre de notre enquête sur les conséquences sociales de la crise du Covid à Lyon et sa région, nous avons interrogé les responsables locaux de l’Armée du Salut, du Secours Populaire et de la fondation Abbé Pierre. Nous donnons reproduisons ici à leurs témoignages.

« Au début de la crise, les demandes d’aide témoignaient d’un besoin vital »

Le confinement de mars à mai a marqué tous les acteurs de l’action sociale que nous avons contactés. Les associations de l’urgence sociale ne font pas exception. Quand les rues étaient désertes et beaucoup de structures fermées, elles étaient les seules au contact des plus précaires.

Au Secours Populaire de Lyon, on indique que les stocks disponibles ont été « un filet de sécurité » et ont permis de répondre à la demande.

« Nous avons décidé de rester ouvert. On avait des stocks qui nous permettaient de répondre à la demande. Notamment grâce au programme annuel d’aide alimentaire. Ces 25 à 30 produits de base qu’on reçoit tout au long de l’année ont été un filet de sécurité. Quand tout était fermé on a reçu énormément d’appels de travailleurs sociaux qui nous demandaient de l’aide. On a aussi fait des livraisons pour celles qui avaient des problématiques d’approvisionnement. »

Sébastien Thollo, responsable du Secours Populaire de Lyon

Et les demandes ont afflué.

« On a eu une très forte demande au début de la crise qui était une demande d’aide alimentaire. Elle témoignait d’un besoin vital. A ce moment-là, l’aide en bons d’achat ne fonctionnait pas. »

Sébastien Thollo, responsable du Secours Populaire de Lyon

Au Secours Populaire de Lyon, les demandes d’aides alimentaires et d’urgence ont ainsi augmenté de 35% environ au début de la crise sanitaire.

Selon son responsable, elles ont depuis légèrement diminué. Sur le reste de l’année 2020, elles ont été toutefois en augmentation de 15 à 20% par rapport à l’année précédente. 

« La demande d’aide est en progression depuis 2008 mais depuis le début du mois de mars 2020, c’est plus qu’une augmentation, c’est une explosion des demandes. Et au vu de l’ampleur, le Secours Populaire n’est qu’un acteur parmi d’autres « 

Sébastien Thollo, responsable du Secours Populaire de Lyon

« Les demandes d’étudiants ont doublé dès mars dernier »

À l’Armée du Salut de Lyon, on témoigne également d’une hausse de la fréquentation durant la crise. Même si elle difficile à mesurer.

« Pendant le premier confinement on a dû fermer le restaurant social. On a pu le rouvrir depuis octobre, de façon inconditionnelle grâce à des aides de l’État. La fréquentation a augmenté mais impossible donc de faire une estimation précise de l’évolution de la fréquentation entre mars et la fin de l’année. Depuis octobre dernier, elle s’est stabilisée autour des 300 repas par jour. Quand le restaurant était fermé on faisait une distribution de repas devant la porte. On a pu servir jusqu’à 500 repas par jour. Beaucoup de personnes venaient parce que d’autres distributions étaient fermées »

Sophie Jansen, directrice de l’Armée du Salut Lyon

Aujourd’hui, la condition des étudiants est largement documenté. Il l’était moins au tout début de la crise sanitaire. Pourtant, certaines associations ont très tôt vu ce public venir vers elle plus massivement.

« Le nombre d’aide pour les étudiants a doublé dès le mois de mars dernier. Des étudiants ne pouvaient plus aller au restaurant du CROUS, certains avaient perdu leurs jobs. Fin mai début juin, une aide exceptionnelle de 200 euros leur a été attribuée. Mais elle le concernait pas les étudiants étrangers. Ils sont nombreux parmi ceux venus vers nous. Aujourd’hui encore les demandes de ce public sont deux fois plus importantes. »

Sébastien Thollo, responsable du Secours Populaire de Lyon

La Fondation Abbé Pierre, avance un chiffre :

« 20% des 18-24 ans ont eu recours à l’aide alimentaire. Les trois-quarts pour la première fois. »

« Trois fois plus d’aides d’urgence depuis septembre »

Durant ce premier confinement, les associations ont aidé les sans-abri mais aussi des locataires pour ne pas perdre leur logement.

« On a apporté à hauteur de 140 000 euros d’aides à la quittance de loyer dans le Rhône. A l’échelle d’Auvergne-Rhône-Alpes cela représente 400 000 euros »

Véronique Gilet, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre

La Fondation Abbé Pierre répond à des besoins qui concerne l’ensemble de la question du logement : aides à l’équipement des familles, participation aux remboursements de dettes, paiements de factures d’énergie pour éviter des coupures, etc…

« Chaque année on délivre une centaine d’aides d’urgence, majoritairement dans le Rhône. Depuis septembre, on reçoit trois fois plus de demandes d’aide. »

Véronique Gilet, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre
Le jeudi 19 mars, jour 3 du confinement à Lyon. Beaucoup de structures pour apporter de l'aide d'urgence était fermées ©LB/Rue89Lyon. Une personne sans-abri devant la Grande pharmacie lyonnaise, rue de la République
Le jeudi 19 mars, jour 3 du confinement à Lyon. Beaucoup de structures pour apporter de l’aide d’urgence était ferméesPhoto : LB/Rue89Lyon. Une personne sans-abri devant la Grande pharmacie lyonnaise, rue de la République

« Ils étaient juste au-dessus de la surface de l’eau et ont plongé »

La permanence de la crise inquiète les associations. L’augmentation du chômage et une reprise tardive de l’activité économique deviennent encore plus problématiques quand « beaucoup de [leurs] publics arrivent en fin de droits au chômage ».

Les associations humanitaires mesurent également les conséquences de la crise sanitaire à la lumière des nouveaux publics qu’elles accueillent. Celles que nous avons pu contacter évoquent l’arrivée de personnes jusque-là pas concernées par l’aide d’urgence. Ou bien des personnes restées en dehors de leurs radars et pouvant bénéficier d’aides informelles. Pour elle, la crise sanitaire et les confinements ont pu les faire basculer.

« On a aidé environ plus de 7000 personnes. Certaines, on savait déjà qu’elles n’allaient pas très bien. Il y a une très forte exclusion des publics qui l’étaient déjà. Comme les gens du voyage par exemple. Ces publics ont été très malmenés. Mais d’autres étaient juste au-dessus de la surface de l’eau et ont plongé. Des personnes qui surnageaient et n’étaient pas dans l’extrême précarité. »

Véronique Gilet, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre

La crise a conduit vers les associations des personnes « peu protégées » par leur situation professionnelle.

« On a vu arriver des auto-entrepreneurs, des personnes assez peu protégées. Des personnes en intérim également. On a aussi eu beaucoup de demandes de la part de femmes seules avec des enfants. Du fait notamment de la fermeture des cantines scolaires lors du premier confinement. »

Sébastien Thollo, responsable du Secours Populaire de Lyon

« Beaucoup de gens sont sortis du bois pour demander de l’aide »

À la Fondation Abbé Pierre, on a vu appeler ou arriver des publics plutôt « invisibles » en temps normal.

« Un des indicateurs qui nous font pressentir que davantage de personnes sont touchées par la crise ce sont les appels provenant de personnes dormant dans leurs voitures. Ce sont des gens qui, par exemple, dorment sur le parking de leur entreprise qui a fermé. »

Un public plutôt difficile à toucher et à aider pour les associations, en temps normal. Dans cette crise, il s’est pourtant davantage tourné vers elles.

« La surprise a été que ces personnes appellent. Les personnes qui dorment dans leurs voitures sont difficiles à appréhender. C’est difficile pour nous à quantifier. Il existe beaucoup de tabous autour de ça. Un quart des sans-abri ont un travail. Les approcher et le montrer au grand jour peut être grave pour elles, elles sont elles-mêmes plutôt invisibles. Mais là beaucoup de gens sont sortis du bois »

Véronique Gilet, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre

Covid-19 : Lyon et sa région sur le fil du rasoir

Covid-19 : Lyon et sa région sur le fil du rasoir

[En graphiques] À Lyon et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, certains indicateurs montrent une légère accalmie de l’épidémie de Covid-19. Mais les niveaux restent à un niveau toujours très élevés. Notamment à l’hôpital.

Côté positif, on note un taux d’incidence de l’épidémie au 2 février en léger recul sur une semaine dans la région. Et ce malgré l’augmentation du dépistage. Toutefois, la pression sur les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes ne retombe pas. Des clusters de variants du virus Sars-CoV-2 établis dans la région représentent toujours de potentielles menaces.

Covid-19 : toujours un niveau proche de 4000 hospitalisations en simultané

Au 9 février, sur une semaine glissante, 3700 patients étaient hospitalisés pour des cas de Covid-19 dans les hôpitaux de la région. Ils étaient 3800 le 2 février sur une semaine. Depuis plusieurs semaines déjà, le niveau d’hospitalisation de patients Covid-19 évolue autour de 4000 en Auvergne-Rhône-Alpes. Le nombre d’hospitalisations en simultané continue donc de diminuer très doucement. Mais demeure sur un « plateau » toujours haut.

Le nombre de patients hospitalisés de la tranche 70-79 ans est toutefois en hausse. Au 9 février, sur une semaine glissante, ils étaient 987 dans les hôpitaux de la région, selon les chiffres de Santé Publique France. Un niveau moyen en augmentation depuis une semaine. Dans les autres tranches d’âge les plus à risque, le nombre d’hospitalisations diminue lui aussi selon l’évolution générale.

Léger repli de la tension sur les services de réanimation

Autre point positif : le nombre de personnes en réanimation pour des cas de Covid-19 recule depuis quelques jours. La pression sur le services de réanimation s’était accentué durant la seconde quinzaine de janvier (+20% en quinze jours). Cette pression a très légèrement reflué depuis une semaine environ.

Les Hospices Civils de Lyon (HCL), selon le dernier point au 9 février, voient la moitié de leurs lits de réanimation occupés par des patients Covid-19. Ils déploient toujours 30% de lits supplémentaires par rapport à leur capacité initiale.

Auvergne-Rhône-Alpes, un nombre de cas qui semble en léger recul

Durant tout le mois de janvier, le taux d’incidence et de positivité ont lentement augmenté au fil des semaines.

On sait ces indicateurs de l’évolution de la dynamique de l’épidémie sensibles au niveau de dépistage. Ce dernier, est resté relativement stable durant le mois de janvier 2021, compris entre 195 000 et 210 000 tests par semaine. Au 2 février, sur une semaine, ce sont environ 235 000 tests (PCR et antigéniques) qui ont été réalisés en Auvergne-Rhône-Alpes. Une hausse de 8% sur une semaine après une augmentation de 4% au 26 janvier déjà constatée sur une semaine.

Taux d’incidence et de positivité ont globalement suivi la même tendance. Toutefois, après un certain tassement constaté sur une semaine au 26 janvier, on note un léger repli des deux indicateurs (-5% du nombre de cas pour 100 000 habitants et -1 point pour le taux de positivité) au 2 février malgré une hausse du dépistage plus importante que les semaines précédentes.

Trop mince pour parler d’un recul de l’épidémie mais ces évolutions concomitantes semblent plutôt montrer sa stagnation. Une évolution qui se vérifie dans les métropoles de la région.

Une hausse du dépistage stable depuis en Auvergne-Rhône-Alpes

Relativement stable depuis quelques semaines, autour des 200 000 tests hebdomadaires, le dépistage a connu une augmentation plus significative durant la semaine du 19 au 26 janvier (+5%). Qui s’est confirmée durant celle du 27 au 2 février en étant plus marquée encore (+8%).

Drôme et Ardèche, départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

Une forte poussée a été constatée dans la Drôme et se poursuit. La situation semble en voie d’amélioration en Haute-Loire.

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomez ou recherchez la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes

AESH : « Une dégradation drastique des conditions d’accompagnement des élèves en situation de handicap »

AESH : « Une dégradation drastique des conditions d’accompagnement des élèves en situation de handicap »

Réduction du nombre d’heures d’accompagnement, discontinuité des prises en charge, précarité salariale,… des AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap) alertent sur leurs conditions de travail et sur les difficultés à accompagner le handicap dans une école qui se veut pourtant « inclusive ».

> Rue89Lyon publie une tribune d’animateurs et animatrices du Pôle AESH et inclusion scolaire de la CGT educ’action de l’Académie de Lyon

Parent d’un enfant en situation de handicap, vous connaissez l’importance d’un accompagnement de qualité pour les élèves ayant besoin de la présence et du soutien d’un·e AESH, Accompagnant.es des Elèves en Situation de Handicap (ex « AVS).

Cet accompagnement n’est professionnel et digne de ce nom que si l’enfant bénéficie d’un nombre d’heures suffisant au cours de la semaine, que si cette accompagnement est réalisé par des AESH formé·es, stabilisé·es dans l’emploi, informé·es des besoins spécifiques de votre enfant et inclu·es dans les concertations le concernant.

Nous, AESH, mettons tout en œuvre, chaque jour, pour les amener vers l’autonomie en respectant le chemin qu’ils ont à parcourir pour l’atteindre dans un cadre bienveillant, sécurisant, valorisant. Nous travaillons chaque jour à les accompagner dans leurs progrès, leur évolution.

En mettant en œuvre les « Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés » (PIAL), à la rentrée 2018/2019, puis en généralisant ces PIAL sans évaluation préalable, à la rentrée 2020, l’Education nationale nous vante une meilleure utilisation des ressources AESH pour accompagner vos enfants.

Sur le terrain, le constat est sans appel : les PIAL sont un outil de gestion purement comptable, déconnectée et déshumanisée.

On nous avait dit qu’une vraie réflexion sur la fonction AESH aurait lieu, que le dialogue social allait permettre à tous d’avancer dans une communication bienveillante, respectueuse, et d’améliorer le fonctionnement de l’école inclusive, d’améliorer la condition des AESH.

On nous avait dit que les PIAL offriraient non seulement aux élèves une meilleure réponse à leurs besoins, mais aussi qu’ils entreraient dans le cadre d’une politique de professionnalisation des AESH. Il n’en est rien.

Une réduction drastique du nombre d’heures d’accompagnement par enfant

Avec la mise en place des PIAL, on a assisté à un recalcul et à une baisse du nombre d’heures pour chaque élève bénéficiant d’un accompagnement mutualisé (par définition qui ne requiert pas une attention soutenue et continue). Avant les PIAL, le nombre d’heures attribuées aux élèves pour ce type d’accompagnement tenait compte des besoins réels de l’élève. Cela pouvait monter jusqu’à plus de 10 heures.

Avec les PIAL, la préconisation est  de 5 heures maximum d’accompagnement par semaine. Le taux d’accompagnement moyen pour les accompagnements mutualisés dans l’Académie de Lyon de 3,5 heures par semaine, qui descend souvent à moins de deux heures par élève en lycée.

Pour les élèves en accompagnement individualisé (par définition, c’est un accompagnement nécessitant une attention soutenue et continue), on a assisté à grignotage des heures attribuées par les MDPH.

Sur le terrain, nous, AESH, pouvons nous retrouver à assurer plusieurs accompagnements dans une même classe et simultanément. Résultat  : il est impossible d’accorder le temps nécessaire, et pourtant notifié, d’accompagnement aux élèves.

Une grave discontinuité des prises en charge des élèves en situation de handicap

Avant la mise en place des PIAL, nous étions affectés.es auprès d’élèves, et dans un nombre raisonnable d’établissements. Au sein des PIAL nous sommes affectés.es sur un secteur, et potentiellement sur tous les établissements appartenant au PIAL concerné (5 au minimum).

Conséquences pour les élèves, on assiste à des changements soudain d’AESH en cours d’année, sans préparation ni tuilage. Un·e élève peut voir passer jusqu’à 5 AESH différent·es dans la semaine. Auparavant, l’élève gardait le ou la même AESH.

Pour les accompagnements mutualisés, le nombre d’heures de présence AESH a été soudainement réduit parce que les AESH sont appelés à effectuer des remplacements au sein d’autres établissements du PIAL. Bref, on «  déshabille Pierre pour habiller Paul  ».

Depuis la mise en place de ces PIAL, on constate une augmentation des ruptures d’accompagnements et même parfois des déscolarisations provisoires demandées par les établissements due à la pénurie d’accompagnants, alors que la scolarisation des élèves en situation de handicap ne peut en aucun cas être conditionnée par la présence d’un.e AESH dans la classe.

De notre côté, les PIAL rime avec des changements incessants d’emploi du temps. Certain.es AESH en sont à leur sixième emploi du temps  depuis la rentrée de septembre.

Des AESH sont réaffecté.es brusquement d’école primaire en lycée, collège ou école maternelle, contre leur gré et sans aucune formation préalable. Il n’est pas rare de recevoir une information de réaffectation sur d’autres établissements le vendredi soir pour le lundi matin. Ce qui a pour effet une rupture brutale des accompagnements en cours.

Des AESH sont affecté.es simultanément sur deux voire trois établissements ou écoles. Dans ces conditions, nous ne pouvons plus faire le lien avec les équipes pédagogiques.
Les AESH sont affecté.es indifféremment sur tous types d’accompagnement et de besoins spécifiques, sans formation digne de ce nom et bien trop souvent sans aucune formation pour certain.es.

Concernant la formation, seule la formation initiale a lieu, souvent bien après la première prise de poste. C’est une formation incomplète et souvent déconnectée de la réalité du quotidien dans les classes. Ensuite, il y a peu voire plus de formations dédiées et spécifiques, pourtant absolument nécessaires à la qualité des accompagnements.

Les critères de recrutement restent souvent aléatoires. Et ce pour palier la pénurie d’accompagnant·es, liée à la précarité de l’emploi AESH, aux nombreux départs volontaires, aux licenciements pour refus des conditions dégradées imposées par les PIAL, aux arrêts maladie, aux autorisiations spéciales d’absences liées au covid.

Pour les AESH, la précarité est aggravée 

Selon le ministère de l’Education Nationale, l’arrêt progressif du recrutement des accompagnants via des contrats aidés (mieux rémunérés que les contrats de droit public d’ailleur), a «  déprécarisé  » les AESH. Il n’en est rien. Nous devenons jamais fonctionnaires donc titulaires de notre poste, nous restons contractuels. Nous vivons pour la très grande majorité d’entre nous sous le seuil de pauvreté. Nous restons pauvres et éjectables à vie.

Les conditions salariales des AESH, les voici. Ce sont des temps partiels imposés, pour un revenu net de 760 euros par mois en moyenne, pour 24 heures d’accompagnement par semaine + les heures hors présence élèves (dites heures pour activités connexes). Cela représente environ 2 heures par semaine : préparations, concertations avec les enseignants, réunions d’école et réunions d’équipe de suivi, temps de formation,etc…

Le salaire est donc faible et absolument pas à hauteur de la fonction. Ce sera le cas sur l’ensemble de la carrièe nous pouvons bénéficier d’une augmentation plafonnée à environ 150 euros. Et encore, c’est au mieux. Il faut pour cela que nous exercions à temps plein, ce qui ne représente que 2 % des quelque 100 000 AESH.

Nous sommes pour la plupart en CDD. Le passage en CDI n’est potentiellement accessible qu’au terme de 6 années de CDD. Pour des personnels rémunérés en deçà du seuil de pauvreté, le CDI ne nous sort pas de la précarité.

Nous ne bénéficions donc pas d’une reconnaissance concrète de notre valeur professionnelle. Les AESH ont été les oubliés du Grenelle de l’Education. Aucune revalorisation salariale prévue. Notre rémunération suit la seule grille indiciaire existante, toujours sans statut au sein de l’Education Nationale.

A ce propos, les organisations syndicales CGT Educ’action, FSU, SE UNSA, SGEN CFDT, SNALC et SUD éducation ont adressé le 3 février une lettre au ministre de l’Education nationale lui demandant «  d’ouvrir en urgence des négociations salariales et des discussions pour une reconnaissance du métier AESH et sortir ces personnels d’une précarité insupportable.  »

Un mépris continu des AESH et de leurs missions

Ce sont tout d’abord, des abus au quotidien. Nous sommes très rarement invité.es à consulter les documents qui mentionnent les besoins en compensation de la situation de handicap  et les préconisations des équipes de suivi. Nous ne pouvons pas rencontrer les familles, etc.

Certains chefs d’établissements et des enseignants nous demandent de surveiller des classes, d’effectuer des tâches administratives ou de rangement, de gérer l’accueil au portail. Tout ça, en lieu et place de l’accompagnement.

On nous demande de nous substituer aux agents de vie scolaire, d’encadrer des groupes d’élèves, de remplacer les ATSEM, d’entretenir les locaux, les classes,etc… il n’y a pas de limites  !
Et ce alors que nos missions sont définies dans la circulaire du cadre de gestion des AESH, et ne doivent pas dépasser les missions d’accompagnement et les activités en lien direct avec celles ci. Ces missions que peuvent se voir confier les AESH sont précisées par la circulaire du 3 mai 2017.
Les AESH ne doivent donc pas se voir confier par les services académiques, par les écoles ou les établissements des tâches ne figurant pas dans les textes qui leur sont applicables.

Covid-19  : la protection des AESH n’est pas une option

Dans le contexte Covid, ce mépris s’est accentué. C’est l’abandon habituel de notre hiérarchie. Nous n’avons aucune reconnaissance de notre exposition spécifique au virus.

Cela se matérialise par l’absence de protections adéquates  : masques FFP2, dotation en virucide, gel hydroalcoolique, masques inclusifs avec partie transparente, gants, et toute protection spécifique adaptée aux situations particulières des élèves accompagnés en situation de handicap.

Rappelons que par la nature même de notre travail, nous ne pouvons travailler à distance des élèves accompagnés. Nous sommes mis.es dans des situations à risque, à proximité d’élèves qui pour certains ne sont pas en mesure de tolérer le port du masque et bénéficient de certificats médicaux qui les en dispensent. Pire : nombre d’entre nous ne sont toujours pas doté.es en masques !

Les AESH exercent un VRAI MÉTIER, spécifique, complexe, sans statut ni reconnaissance concrète, avec un salaire moyen de 760 euros par mois. Nous nous voyons de plus en plus contraints à sacrifier la qualité de notre accompagnement au bénéfice d’une gestion purement comptable, qui dissimule mal le manque de personnels recrutés et la politique «  poudre aux yeux  » du gouvernement en matière d’école inclusive.

Epuisé.es, malmené.es, déconsidéré.es, nous avons besoin de votre soutien.

 

 

Logement social à Lyon : hausse des impayés de loyers et autres problèmes

Logement social à Lyon : hausse des impayés de loyers et autres problèmes

La crise complique l’accession à un logement social pour laquelle la queue était déjà longue à Lyon et dans la métropole. Les bailleurs sociaux constatent également les conséquences de la crise du Covid sur les locataires, notamment l’augmentation des impayés de loyers.

Dans le cadre d’un travail plus large sur l’impact social de la crise du Covid à Lyon et sa région, nous avons contacté différents bailleurs sociaux de la métropole. Nous avons pu nous entretenir avec Lyon Métropole Habitat (principal bailleur social du territoire avec 27 500 logements) et Est Métropole Habitat (16 000 logements environ dans l’Est de la métropole).

En complément de cette enquête, nous publions ici d’autres éléments de nos entretiens avec eux.

« Principalement une hausse des impayés de loyers structurels »

À Lyon Métropole Habitat, une hausse des impayés de loyer a été constatée en 2020. Toutefois, le bailleur social insiste sur les « amortisseurs sociaux » que sont notamment les aides au logement pour endiguer les difficultés.

« C’est surtout à partir de l’été et de la rentrée 2020 que nous avons remarqué des difficultés budgétaires chez certains de nos locataires. Les trois-quatre premiers mois ça allait, les locataires ont aussi puisé dans l’épargne. Au final on a un écart d’un million supplémentaire d’impayés en 2020 par rapport à 2019. 57% de nos locataires bénéficient des APL (Aide personnalisée au logement, ndlr). Ces aides font toujours fonction d’amortisseur social. Avec des loyers abordables, nous sommes aussi nous-mêmes un amortisseur social. »

Mireille Ducarre-Dubouis, directrice du département Services aux clients de Lyon Métropole Habitat

Chez Est Métropole Habitat on a constaté une augmentation de 28 % du nombre de foyers en impayés de loyer en 2020 par rapport à 2019. On insiste sur l’accompagnement pour éviter que les situations de petits impayés évitent de s’aggraver et de déclencher des procédures de contentieux.

« La hausse des impayés concernent surtout ceux dits structurels. Maintenant, la question est comment va-t-on accompagner les ménages pour les aider à entrer dans les dispositifs d’accompagnement et d’aide. Notre dispositif permet au locataire d’être accompagné et il reste actif le temps de la crise sanitaire ».

Céline Reynaud, directrice d’Est Métropole Habitat

« Une moins grande tolérance de l’autre quand on vit dans des collectifs importants »

Les bailleurs sociaux constatent également les conséquences de crise du Covid sur les relations de voisinage et le vivre ensemble. Dans un contexte où certains de leurs locataires connaissent une plus grande fragilité psychologique.

« Plusieurs facteurs se combinent. Il y a une fatigue générale et une fragilité sociale mais aussi psychologique et économique dans certains foyers. Les périodes récentes ont été difficiles car certains ont pu être moins accompagnés. Pendant le premier confinement, certaines associations ont dû fermer. Les gens se déplaçaient moins pour aller voir leurs médecins. On perçoit assez fortement ces difficultés sociales et psychologiques. On a pour cela des dispositifs d’accompagnement avec des conseillers sociaux. Et puis, en étant confinés on est moins indulgents avec le bruit, les enfants des voisins… Cela se perçoit dans les réclamations que les locataires nous font. Il y a une moins grande tolérance par rapport à l’autre notamment quand on vit dans des collectifs importants. »

Céline Reynaud, directrice d’Est Métropole Habitat

Comme d’autres, les bailleurs sociaux constatent les effets psychologiques de la crise sanitaire. Lyon Métropole Habitat assure avoir effectué des démarches pour « maintenir le lien ».

« On constate une exacerbation des difficultés psychosociales. La fragilité économique peut-être déjà constitutive d’histoires de vie difficiles alors la crise a des effets non négligeables sur la dimension psychologique. Notamment des personnes âgées avec une problématique parfois de solitude, de difficulté à sortir de chez soi ou celles qu’ont pu rencontrer les personnels d’aide à domicile dans la problématique du Covid. On a passé de nombreux appels à nos ménages de plus de 65 ans. De façon à avoir un lien social dans la journée ou dans la semaine. »

Mireille Ducarre-Dubouis, directrice du département Services aux clients de Lyon Métropole Habitat

Expulsions locatives : « Vers une hausse des procédures mais on expulse très peu »

En 2020, une circulaire du ministère de la Ville et du Logement, avait prolongé l’interdiction d’expulsion locative habituellement en vigueur durant la trêve hivernale. Les bailleurs sociaux assurent que de toutes façons ils « expulsent très peu ». Toutefois, une hausse des procédures d’expulsion (sans forcément qu’elles aillent à leur terme) est à craindre.

« Sous réserve de la crise sanitaire et de sa durée, on va sans doute avoir une augmentation des procédures. Mais nous, les bailleurs sociaux on expulse très très peu, on fait tout pour ne pas en arriver là. Il y en a moins de 10 par an, souvent moins ».

Céline Reynaud, directrice d’Est Métropole Habitat

Un constant partagé du côté de Lyon Métropole Habitat.

« Avant qu’on en arrive aux expulsions, il y a déjà une procédure judiciaire en vue de la résiliation du bail. En moyenne c’est 18 mois de procédure, les ménages qui sont aujourd’hui dans une telle situation seront concernés mi-2022. Mais le logement social expulse extrêmement peu, dans le logement social quand on est à une vingtaine d’expulsions par an c’est à peu près notre moyenne. Il y a eu de toutes façons une circulaire interdisant toute mesure d’expulsion en 2020. Pour le coup les mesures réglementaires qui ont été prises, ont limité la casse ».

Mireille Ducarre-Dubouis, directrice du département Services aux clients de Lyon Métropole Habitat
Logement social dans le quartier du Vergoin en mai 2019, à Lyon 9e.
Logement social dans le quartier du Vergoin en mai 2019, à Lyon 9e.

« La queue ne se résorbe pas » : l’accession au logement social à Lyon aggravée par la crise

La situation n’est pas nouvelle mais elle pourrait s’aggraver avec la crise. La « file d’attente » pour obtenir un logement social, déjà longue dans la métropole de Lyon, pourrait s’allonger. Les difficultés économiques à venir pourrait fragiliser davantage de ménages susceptibles alors de rentrer dans les conditions d’obtention d’un logement social.

« Durant cette période il n’y a pas eu d’augmentation significative de la demande de logement social. Par contre, on constate une chute vertigineuse de notre taux de rotation, c’est-à-dire le nombre de personnes qui quittent leur logement social à la fin de l’année. Il était déjà de 5% en 2019 et ça fait plusieurs années qu’il baisse. Les locataires sont captifs de leur logement. Faute d’offre, les ménages ne quittent pas leur logement et la queue ne se résorbe pas.»

Céline Reynaud, directrice d’Est Métropole Habitat

Quelle solution ? « Construire », pour Céline Reynaud d’Est Métropole Habitat.

« On met chaque année de nouvelles résidences en service. Mais ça ne suffit pas. Il y a de plus en plus de gens qui vivent en logement social, mais on n’en construit pas assez. Sur la métropole, 70 000 demandes de logement social ont été effectuées en 2020 pour 7500 logements attribués. C’est un vrai souci. »

Céline Reynaud, directrice d’Est Métropole Habitat

Au CCAS de Corbas : « Je vois beaucoup de souffrance psychique »

Au CCAS de Corbas : « Je vois beaucoup de souffrance psychique »

Dalila Bekhaled-Oulhatri est directrice du centre communal d’action sociale (CCAS) de Corbas, dans la banlieue Est de Lyon. Depuis la crise du Covid, elle voit une dégradation de la situation économique et surtout psychique du public suivi par son équipe. Un coup porté à « l’estime de soi » qui retarde l’accès aux droits. Nous publions son témoignage.

« Pour les personnes que nous suivons, c’est surtout le premier confinement qui a eu un impact fort. Le second a été moins rude, les écoles n’étaient pas fermées et on pouvait aller travailler.

« D’une à deux situations de surendettement par an à deux-trois par mois »

La situation s’est vraiment dégradée, notamment économiquement, dans la foulée du premier confinement. Aujourd’hui on voit des dettes s’accumuler, certaines vont jusqu’à 38 000 euros. Elles ne se sont donc pas constituées en deux mois lors du premier confinement, c’est un processus plus long.

On reçoit aujourd’hui des familles qui sont en situation de surendettement. Certaines cumulent la perte d’un travail et une longue maladie. Depuis mon arrivée au CCAS de Corbas, on traite en moyenne une à deux situations de surendettement par an. En ce moment, on en a deux ou trois mois par mois.

« La fermeture des accueils des services sociaux a rendu la situation plus difficile »

Lors du premier confinement, la fermeture des accueils de services sociaux ou d’administrations a aussi rendu la situation plus difficile. Certaines personnes n’ont pas pu les contacter ou y accéder. On a alors beaucoup orienté les gens. Notamment vers le Secours Populaire, l’Entraide Majolane (association basée à Meyzieu menant une action de banque alimentaire et d’épicerie sociale notamment, NDLR) ou l’épicerie sociale de Vénissieux. On a essayé de mobiliser toutes les aides possibles.

À Corbas, on a mis en place des permanences administratives. On a pu proposer de l’aide pour remplir les déclarations d’impôts. On a ainsi pu évité à certains de dépasser la date limite de déclaration et donc la majoration de 10%. Quand on a des petits salaires et qu’on se retrouve en chômage partiel, devoir payer plus peut vite devenir compliqué.

« On a essayé de cibler au mieux les aides mais ce n’est jamais assez »

Face à l’urgence, on a aussi distribué des aides directes. Sous forme de virements bancaires, de quelques centaines d’euros. Une vingtaine d’aides environ au total. On a aussi apporté des aides alimentaires d’urgence. On l’a fait quand on avait le sentiment que certains n’y arrivaient plus. Je ne refuse jamais de donner des aides, dans le cadre des règles d’attribution. On a essayé de cibler au mieux même si ce n’est jamais assez… 

Certaines familles ont un quotient familial très faible. Pour elles, les frais de cantine pour leurs enfants sont très peu élevés. Mais lors du premier confinement avec la fermeture des écoles les enfants étaient à la maison tous les midis.

« On ne voit pas toujours les problèmes au grand jour »

On travaille en lien étroit avec la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) et la Métropole de Lyon qui nous sollicitent pour l’octroi d’aides notamment.

Des voisins, des institutions nous font des signalements pour qu’on puisse orienter ou aider. Corbas souffre de ce point de vue du « syndrome du village » : il y a beaucoup de maisons individuelles alors on ne voit pas toujours les problèmes au grand jour.

On essaye de garder le fil avec tout le monde pour éviter l’isolement. On appelle toutes les personnes âgées ou identifiées comme fragiles que l’on suit. On a aussi fait un suivi, notamment pendant le premier confinement, auprès des parents d’enfants en bas-âge.

« L’état d’esprit de notre public est au renoncement »

Actuellement, je vois surtout une grande souffrance psychique. Certaines personnes ne vont plus chez leur psychiatre. Pour quelles raisons ? Depuis Corbas ce n’est pas toujours facile de se déplacer, il n’y a que des bus et ce n’est pas forcément pratique. Les confinements ont dissuadé certains de sortir de chez eux. Pour d’autres, c’est la peur de prendre le métro dans le contexte actuel.

Au-delà des contraintes ou des craintes, c’est surtout un renoncement qui se fait sentir. Par exemple, peu de personnes à qui on a proposé une aide psychologique l’ont acceptée. Elles renoncent d’elles-mêmes. Et c’est assez révélateur de l’état de notre public actuellement.

« Je dois parfois directement orienter des personnes vers un psychiatre »

Nous, on propose un accompagnement social. Mais en ce moment je vois des personnes en train de glisser et j’envoie des appels en direction des psychiatres. Dans cette période j’ai parfois moi-même directement orienté des personnes vers un suivi psychiatrique parce que la situation m’apparaissait déjà trop dégradée. Sans passer par un rendez-vous avec une assistante sociale.

On essaye de maintenir le suivi psy des personnes qui en ont déjà un. En présentiel ou avec des analyses à distance quand ce n’est pas possible autrement, même si cela n’est pas l’idéal. Parfois, je fais intervenir l’équipe mobile de psychiatrie.

Cette fragilisation que l’on voit en ce moment est inquiétante. Surtout, elle est un vrai frein à l’accès au droit. Les personnes renoncent vite dans leurs démarches et ne font que la moitié du chemin.

Certaines personnes ont des difficultés à se dire qu’elles sont en train de basculer, qu’il faut qu’elles changent de codes. La situation crée chez elles une dégradation de l’image de soi. Alors, beaucoup n’osent même pas demander de l’aide. Ce n’est pas dans leurs habitudes. Elles ont travaillé toute leur vie sans aide et il faut désormais accepter d’en demander.

« Un chef d’entreprise m’a dit ‘ça y est je suis un cas social’ »

On a reçu cette année des chefs d’entreprises qui se sont retrouvés dans des situations difficiles. L’un d’entre eux avait une société dans l’évènementiel, il a dû revenir à son premier métier dans le BTP.

Un autre m’a dit : “ça y est je suis un cas social”. Je lui ai répondu que non, que beaucoup connaissaient une période compliquée avec cette crise et qu’il allait rebondir.

Cette image de soi dégradée m’embête beaucoup. Elle retarde bien souvent la venue de ces personnes vers nous et donc l’activation de leurs droits. Elles arrivent parfois dans une situation déjà dégradée alors qu’on aurait pu actionner des dispositifs plus rapidement. « 

Covid-19 : quel impact social à Lyon et dans la région ?

Covid-19 : quel impact social à Lyon et dans la région ?

A Lyon, dans la métropole ou le Rhône, la crise sanitaire du Covid connaît un impact social fort. Chiffres du chômage, bénéficiaires du RSA, endettement, impayés de loyers… Nous avons réuni témoignages, chiffres et premiers indicateurs. Si tout n’est pas (encore) quantifiable, les premiers chiffres disponibles montrent déjà une dégradation en 2020. Les conséquences pourraient se ressentir davantage encore en 2021.

Comment quantifier une dégradation ou un décrochage social d’une partie de la population ? Il n’existe pas un unique indicateur ni de tableau de bord en temps réel. L’entreprise présente donc dès le départ certaines limites : tout n’est pas quantifiable ou apparaîtra plus tardivement dans les statistiques.

Un exemple : le surendettement. Un des indicateurs auquel on pense spontanément en pareil cas et que nous voulions mobiliser dans ce travail. Les chiffres des « fichés Banque de France » pour l’année 2020 dans le Rhône devraient être connus à la fin du mois. Selon nos informations le nombre de dossiers traités par la Banque de France ne devrait pas beaucoup varier par rapport à 2019. Toutefois, cela ne veut pas dire que la situation économique de certains foyers fragiles ne s’est pas aggravée en 2020 du fait de la crise. Mais sans dossier constitué pas d’apparition dans les statistiques.

Pour les acteurs de l’action sociale à Lyon et sa région que nous avons interrogés un constat semble partagé : le premier confinement a laissé des traces. Pas directement sur le moment, malgré des situations d’urgence, mais dans les mois qui ont suivi.

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#Secours populaire

A Lyon : « dans la situation sanitaire actuelle, ce n’est pas simple de mobiliser »

A Lyon : « dans la situation sanitaire actuelle, ce n’est pas simple de mobiliser »

Entre 1600 et 3 000 personnes ont marché, ce jeudi 4 février, entre la Manufacture des tabacs et la place Bellecour, à Lyon, pour la première manifestation interprofessionnelle de l’année. Mise à part les militants CGT, l’appel lancé par l’intersyndicale n’a pas attiré les foules. Selon les syndicalistes, cela montre les difficultés à mobiliser dans cette période de crise sanitaire. Reportage.

Ils étaient entre 1600 et 3000 (selon les chiffres de police ou des organisateurs), ce jeudi 4 février, à Lyon, pour répondre à l’appel de l’intersyndicale CGT, FSU, Solidaires, CNT, SNT-SO, et UNEF. Parti à 12 h de la manufacture des tabacs, un cortège, couleur rouge CGT, a suivi le chemin (quasi) classique pour rejoindre la place Bellecour, sans passer par la rue de la Barre. Pour rappel, depuis un an, cette rue qui borde l’Hôtel Dieu est systématiquement intégrée au périmètre d’interdiction de manifester de la préfecture du Rhône.

CGT Cheminots, CGT Énergie… les cégétistes représentaient le gros des troupes. Ses cinq camions, et celui de Solidaires, en fin de cortège, ont roulé au son de l’Internationale, de Bella Ciao, ou encore du groupe HK et les Saltimbanks. Retour à un cortège « classique » donc, avec un public plus âgé que celui de la dernière Marche des libertés animée par les teufeurs, ce samedi.

« Avant la crise sanitaire, il n’y avait plus d’argent pour les retraites et maintenant, le gouvernement en distribue de partout ! »

Entre 1600 et 3000 personnes ont manifesté jeudi - Crédit Pierre LEMERLE
Entre 1600 et 3000 personnes ont manifesté jeudi 4 février – Crédit Pierre LEMERLE/Rue89Lyon

« En janvier, nous avons plutôt fait des actions par branche (éducation, santé, etc.). Le but était de converger aujourd’hui, détaille Jérôme Bation, du bureau de l’Union départementale CGT – Rhône. Notre objectif est de ramener sur la table la question de l’emploi. Nous voulons que le plan de relance du gouvernement soit conditionné à la création d’emplois. Il ne faut plus que des aides soient données au patronat sans contre-partie comme cela a pu être le cas avec le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). »

Dans ses rangs, les militants parlent de « précarité » ou de « renforcer le service public ». L’intersyndicale plaide pour l’ouverture de 400 000 postes dans la fonction public.

« On manifeste aussi contre la loi de sécurité globale, ajoute Isabelle, 59 ans, de la CGT de l’Arbresle (ouest lyonnais). C’est difficile de comprendre ce qui se passe actuellement. Avant la crise sanitaire, il n’y avait plus d’argent pour les retraites et maintenant, le gouvernement en distribue de partout ! » 

Stéphane, 45 ans, enchaîne :

« Il faut soutenir les collègues. Moi, encore, je suis fonctionnaire. Mais pour mes amis du privé, des PME, etc. la situation va être très difficile. Les riches continuent de s’enrichir et les pauvres continuent de s’appauvrir. Rien ne change. »

Étudiants devant, CGT derrière

Mise à part les militants CGT, représentants les deux tiers du cortège, difficile de voir une autre force ce jeudi midi. En tête, devant la banderole intersyndicale, les étudiants forment cependant un cortège de tête. Devant eux, quelques Gilets jaunes éparpillés, un peu plus âgés, leur lancent des encouragements inter-générationnels, en reprenant le slogan : « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère ! »

Les étudiants sont venus défendre leurs droits.
Les étudiants sont venus défendre leurs droits et demander un vrai regard sur leur situation – Crédit Pierre LEMERLE/Rue89Lyon

« Nous voulons un retour aux cours en présentiel et retrouver nos rapports sociaux », explique Zia, déguisée en bâtiment du Crous. À 20 ans, elle n’est pas allée dans un amphi depuis octobre avec les mesures sanitaires. « Moi, je n’ai rien eu depuis mars », renchérit une de ses collègues.

« Nous sommes ceux qui payons le plus pour une maladie qui nous touche moins, regrette Léandre, 18 ans, en première année de Science-Po Lyon. C’est raté pour les “meilleures années de notre vie”. Au-delà des derniers suicides médiatisés, il y a une grande détresse chez les étudiants. Entre la perte d’emplois pour financer les études, les conditions de vie au Crous détériorées… Au moins un tiers des effectifs est en dépression. »

« Ce n’est pas forcément évident de mobiliser quand 30 à 40 % des collègues sont en télétravail »

En tête de cortège, leurs slogans sont plus larges. Ils parlent de précarité, de misère social mais aussi de restrictions des libertés, de violences policières, etc. Malgré de nombreux drapeaux (LFI, Solidaires, CGT, Jeunesses communistes, etc.) leur nombre reste faible par rapport au reste de la manifestation. Celui-ci ne compte pas non plus de « black bloc » ou de cortège antifasciste identifié, comme cela a été le cas dans les manifestations contre la loi de sécurité globale. En fin de défilé, un camion solidaire, avec des militants aux chevelures plus grisonnants, devance les derniers manifestants du cortège. Des membres d’Attac, du PCF, d’Alternatiba, et même du PS ferment la marche.

« L’appel a surtout touché des militants, constate un écologiste. La communication est mal passée. » 

Plus globalement, ce chiffre témoigne des difficultés à mobiliser en temps de crise sanitaire. 

« Ce n’est pas forcément évident de mobiliser quand 30 à 40 % des collègues sont en télétravail », commentait un délégué syndical CGT, avant le départ.

Les étudiants ont ouvert le cortège.
Les étudiants ont ouvert le cortège de la manifestation du 4 février – Crédit Pierre LEMERLE/Rue89Lyon.

Comme en septembre, où l’interprofessionnelle avait rassemblé de 2000 à 4000 personnes, les chiffres restent bas. En comparaison, les grandes manifs des retraites en décembre 2019 avaient rassemblées 10 000, 20 000 voire 30 000 personnes, suivant les sources (forces de l’ordre ou organisateurs).

« Dans la situation sanitaire actuelle, ce n’est vraiment pas simple de mobiliser, commente João Pereira Afonso, secrétaire général de la CGT. On se félicite déjà d’arriver à ce nombre. » 

Ce nombre est arrivé en tout cas sans problème place Bellecour. Contrairement à samedi dernier, aucun canon à eau n’était prévu rue de la Charité, pour barrer la voie. Plus réduit, le dispositif gendarmerie et police semblait encore relativement important ce jeudi. Aucun incident n’a été constaté, côté force de l’ordre. 

La prochaine manifestation est annoncée pour le 7 mars. Elle devrait rassembler divers syndicats et collectifs à la veille de la journée internationale pour le droit des femmes.

Le maire de Givors Mohamed Boudjellaba voit son élection annulée

Le maire de Givors Mohamed Boudjellaba voit son élection annulée

Mohamed Boudjellaba avait été élu en juin 2020 sur une liste « divers gauche » soutenue par EELV. Son élection à Givors s’était jouée à quelques voix, avec 28,88% des voix contre 28,24% pour Christiane Charnay, maire sortant communiste. Le tribunal administratif vient d’annuler les élections municipales de cette commune longtemps considérée comme un fief du PC.

Au lendemain des résultats, un recours avait été déposé contre ces élections et la victoire de Mohamed Boudjellaba, par sa prédécesseuse à la mairie. Une contestation entendue par le tribunal administratif qui a publié ce mercredi sa décision d’annuler toute l’opération électorale 2020 pour la commune de Givors.

Des « intimidations » devant des bureaux de vote

Le tribunal fait état de « plusieurs incidents », qui avaient été signalés aux abords des bureaux 9 et 10 à Givors :

« Les procès-verbaux dressés par les présidents de ces bureaux font état d’attitudes véhémentes voire d’intimidations sur les électeurs de la part de soutiens du candidat gagnant.

Compte tenu de la gravité de ces agissements, contraires au libre exercice du droit de suffrage, et au très faible écart de voix entre les listes, les juges estiment que ces troubles ont été de nature à altérer la sincérité du scrutin. »

Même si l’irrégularité n’a éventuellement été commise qu’au second tour, le juge annule nécessairement l’ensemble des opérations électorales des deux tours du scrutin.

Mais Mohamed Boudjellaba a décidé de faire appel de la décision, devant le Conseil d’État, pour faire appel de cette décision qui n’est donc pas effective.

Mohamed Boudjellaba se dit « choqué »

Le maire de Givors, sur la sellette, a publié via ses réseaux sociaux un texte dans lequel il se dit « choqué, frappé par une injustice » :

« Je suis […] surpris de découvrir dans le jugement du Tribunal l’existence supposée d’attestations, alors que celles-ci ne m’ont jamais été communiquées, allant ainsi à l’encontre d’un principe clé de notre justice : le contradictoire. Je suis intimement convaincu que cette décision est une erreur. »

Si le Conseil d’État, juge administratif suprême, venait à confirmer la décision du TA de Lyon, les électeurs de Givors seraient appelés à retourner aux urnes pour désigner de nouveau leur maire.

Monique Cosson, co-secrétaire EELV Rhône-Alpes, a réagi à son tour pour soutenir le maire nouvellement élu.

“[Il s’agit d’] une décision qui contredit le rapporteur public, c’est extrêmement rare, et de fait incompréhensible, nous sommes abasourdis. Cette décision est cependant suspendue du fait de l’appel, que nous suivrons avec attention. Nous soutenons Mohamed Boudjellaba et son équipe qui travaillent sans relâche pour les Givordines et Givordins depuis cet été”

Monique Cosson, co-secrétaire d’EELV Rhône-Alpes

La malédiction au-dessus de la mairie de Givors

Ce n’est pas la première fois qu’un premier édile de la Ville de Givors a maille à partir avec la justice. Le communiste Martial Passi, dont Christiane Charnay peut être considérée comme l’héritière, a lui aussi connu bien des déboires.

Il a été condamné en appel à six mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité, le 11 avril 2020. L’embauche de sa sœur en tant que directrice générale de la Ville avait été qualifiée de prise illégale d’intérêts et recel.

Mohamed Boudjellaba DR
Mohamed Boudjellaba DR

Covid-19 : Lyon et sa région toujours sur une mauvaise pente

Covid-19 : Lyon et sa région toujours sur une mauvaise pente

[En graphiques] Aucune brusque accélération mais toujours une lente dégradation. À Lyon et en région Auvergne-Rhône-Alpes, les indicateurs de l’épidémie de Covid-19 montrent une évolution toujours négative. Le nombre de cas semble globalement augmenter et, à l’hôpital, la tension sur les services de réanimation se renforce.

Toujours autant d’hospitalisations dans la région. Toujours autant de patients en réanimation. Et un taux d’incidence qui, à dépistage quasiment constant, continue d’augmenter lentement mais sûrement dans la quasi-totalité des départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. Il n’a plus évolué à la baisse depuis plus d’un mois maintenant.

Covid-19 : un niveau de tension toujours fort dans les hôpitaux

Depuis plusieurs semaines, le niveau d’hospitalisation de patients Covid-19 évolue autour de 4000 en Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis notre dernier point hebdomadaire en date du 27 janvier, cela n’a pas beaucoup varié. On constatait un léger recul sur une semaine (3800 hospitalisations au 2 février contre 3900 environ une semaine plus tôt).

Ce « plateau » reste toujours haut. Moins fort que les 7000 hospitalisations en simultané enregistrées lors de la deuxième « vague » de novembre 2020 mais bien supérieur aux 2900 hospitalisations, maximum du printemps 2020. Surtout, ce niveau d’hospitalisation, dans une fourchette de 4200 à 3800 en simultané, ne varie plus ou presque depuis Noël dernier.

La lente mais constante progression du taux d’incidence explique certainement en partie le maintien de ce niveau élevé. Malgré tout, la progression de l’épidémie n’est pas corrélée depuis un mois à une aggravation du nombre d’hospitalisations.

C’est surtout dans les services de soins intensifs et de réanimation qu’elle semble se faire sentir. Depuis début janvier, le niveau de tension en Auvergne-Rhône-Alpes s’est intensifié. Il était encore au-dessus des 70% au 2 février (73% : ce chiffre signifiant que 73% de la capacité initiale des services de réanimation concernait des patients Covid-19).

Un nombre mensuel de décès supérieur à la vague du printemps

En Auvergne-Rhône-Alpes, l’évolution du nombre de décès reste malheureusement relativement soutenue. Elle est toutefois moins soutenue que durant la deuxième vague de l’automne 2020 durant laquelle la région avait été particulièrement touchée.

Durant le confinement de l’automne dernier, du 30 octobre au 15 décembre 2020, 3453 décès avec mention Covid-19 avaient été enregistrés, selon les données de Santé Publique France. Dont 2498 décès durant le seul mois de novembre. Le nombre de décès a connu par la suite un ralentissement en décembre 2020 (1394 décès). Un niveau de mortalité qui s’est maintenu en janvier 2021 : 1308 décès ont été enregistrés. 

Pour rappel, lors de la première vague du printemps 2020, 1492 décès avaient été enregistrés pendant la durée du confinement, du 16 mars au 11 mai 2020. Durant avril 2020, mois le plus concerné par les décès, Santé Publique France avait enregistré 982 décès en Auvergne-Rhône-Alpes.

L’évolution mensuelle des décès est donc actuellement supérieure à celle de la première vague de 2020. Ces deux derniers mois en Auvergne-Rhône-Alpes, il y a eu en moyenne près de 30% de plus de décès que durant la totalité du premier confinement de 2020.

Auvergne-Rhône-Alpes, une épidémie qui progresse presque partout

Comme lors de notre précédent point, l’évolution du taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) est à la hausse dans la région.

Le taux d’incidence régional hebdomadaire au 26 janvier en Auvergne-Rhône-Alpes affichait 228 cas pour 100 000 habitants contre 215 au 19 janvier sur une semaine (+6% sur une semaine environ). Il progresse dans la quasi totalité des départements de la région :

    Cantal : +43% (sur une semaine au 26 janvier)Drôme : +11 %Ardèche : +10%Isère : +10%Rhône : +4% Puy-de-Dôme : +4%Ain : +11% Allier : +3% Haute-Savoie : +5%

Le niveau du taux d’incidence hebdomadaire était donc au 26 janvier proche de celui du début de la seconde vague épidémique de novembre 2020. Toutefois, son évolution bien qu’à la hausse est plus lente qu’à l’automne.

Cet indicateur reste sensible au volume du dépistage. Ce dernier était stable depuis un mois au 19 janvier. Durant la semaine du 19 au 26 janvier, le dépistage est resté encore proche des 200 000 tests mais a connu une augmentation plus significative que ces dernières semaines (+4% sur une semaine).

L’évolution reste fluctuante dans les métropoles de la région. Après une hausse du taux d’incidence hebdomadaire constaté au 22 janvier, il a évolué à la baisse durant la semaine suivante. Les premiers signes, peut-être, des conséquences du durcissement du couvre-feu. A Lyon, Saint-Étienne, Grenoble et Clermont-Ferrand, le taux d’incidence reste toutefois toujours supérieur au seuil d’alerte.

Covid-19 : taux de positivité inchangé en Auvergne-Rhône-Alpes

Après des hausses légères les semaines précédentes, le taux de positivité général dans la région est resté stable durant la semaine du 19 au 26 janvier (8,4% contre 8,3% la semaine précédente).

Il n’est pas encore revenu « dans le rouge » mais il continue de se dégrader. Notamment dans les tranches de la population les plus âgées (+ de 80 ans et + de 90 ans notamment). Le R effectif (indicateur de reproduction de l’épidémie) a légèrement augmenté du 19 au 26 janvier . Il reste toutefois toujours supérieur à 1, signifiant que l’épidémie continue de progresser.

Une légère hausse du dépistage stable depuis en Auvergne-Rhône-Alpes

Relativement stable depuis quelques semaines, autour des 200 000 tests hebdomadaires, le dépistage a connu une augmentation plus significative durant la semaine du 19 au 26 janvier (+5%).

La Drôme et la Haute-Loire, les départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

Une forte poussée a été constatée dans la Drôme et se poursuit. La Haute-Loire, fortement touchée lors de la deuxième vague connaît de nouveau une dégradation de la dynamique de l’épidémie.

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomez ou recherchez la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes

La « Manif pour tous » dépassée par ses militants d’extrême droite à Lyon

La « Manif pour tous » dépassée par ses militants d’extrême droite à Lyon

Rejointe par d’autres collectifs sous la bannière « Marchons enfants », la « Manif pour tous » avait appelé à un rassemblement ce dimanche 31 janvier, à Lyon et ailleurs en France. Le collectif anti-PMA et GPA s’est félicité du succès de l’événement à Lyon, malgré le coup de force de militants d’extrême droite radicale qui y ont commis des violences relayées sur les réseaux sociaux.

Le collectif continue de protester contre « le projet de loi bioéthique » revu en ce moment en deuxième lecture par le Sénat. Mais le résumé qu’ fait de la manifestation est loin d’être complet.

Tandis que vers 15 heures, ce dimanche 31 janvier, le cortège de « Marchons enfants » part des Cordeliers en direction de la place Bellecour (Lyon 2è), des militants réunis pour une contre-manifestation sont maintenus à distance dans des rues adjacentes de la presqu’île.

Des associations pour la défense des droits LGBT et des collectifs féministes avaient également appelé à se faire entendre.

Assez vite après la mise en branle des manifestants anti-PMA et GPA, l’atmosphère se tend. Ni le cordon de policiers ni le service d’ordre de la Manif pour tous n’empêchent les premiers accrochages.

« On est bien loin d’un affrontement entre deux bandes d’extrémistes. Les événements de ce dimanche n’ont rien d’un combat de rue où l’on pourrait renvoyer les deux camps dos-à-dos ».

Le compagnon d’une contre-manifestante, choqué par les blessures qu’elle porte au visage.

A Lyon, des identitaires et manifestants d’extrême droite équipés

Dans le cortège de « Marchons enfants », des bras levés pouvant être assimilés à des saluts nazis ou « saluts de Kühnen » (avec trois doigts) ont été photographiés.

Des images plus précises permettent d’identifier au moins un militant actif des identitaires à Lyon.

Il est usager de la salle de boxe et du bar associatif situés Montée du Change dans le 5è arrondissement. Un local dédié à l’activisme d’extrême droite radicale dont la mairie de Lyon a dû autoriser la réouverture, comme Rue89Lyon le révélait en septembre 2020.

Une vidéo publiée sur Twitter montre un des manifestants utiliser sa ceinture pour frapper une militante LGBT.

Certains sont photographiés munis de gants coqués qui permettent de donner des coups de poing plus violents.

D’autres vidéos, du même auteur, montrent des mouvements de foule dans les rues étroites (derrière la place des Jacobins). On y voit des militants LGBT prenant à partie des agents de police pour qu’ils se déplacent quelques mètres plus loin, là où sont donnés des coups violents.

Un CRS, dans sa course, tombe à la suite d’un croche-patte d’une pro-LGBT. Des affrontements ont en effet lieu. La police a fait usage de gaz lacrymogène rue de la Bourse.

Un drapeau LGBT diffusé comme « trophée » sur « Ouest casual »

Les manifestants les plus violents se sont accordés le temps d’une photo souvenir, publiée sur le Télégram de « Ouest Casual », un compte néonazi très populaire chez les militants d’extrême droite.

Des personnes se revendiquant de la « Mob Jeunesse Lyonnaise » exhibent sur cette image (capture d’écran ci-après) un drapeau LGBT qualifié de « trophée ».

Capture d'écran du compte Télégram néonazi de "Ouest casual" dans laquelle des militants lyonnais posent avec un drapeau LGBT comme "trésor de guerre". ©Rue89Lyon
Capture d’écran du compte Télégram néonazi de « Ouest casual » dans laquelle des militants lyonnais posent avec un drapeau LGBT comme « trésor de guerre ». ©Rue89Lyon

Le compte « Ouest Casual » affiche également un drapeau « Antihomophobe Aktion » (« action antihomophobe ») écrasé par la chaussure du
photographe. Détail surprenant relevé par un internaute sur Tweeter : ce dernier porte à la cheville ce qui semble être un bracelet électronique.

Des témoignages de violences et une manifestation interrompue

Lyon Capitale rapporte le témoignage de Marion, contre-manifestante qui explique que le « public de la contre-manif, c’était la communauté LGBT ». Et ajoute qu’ »ils étaient donc très énervés » : « il y a eu des insultes, on a fait des doigts d’honneur, chanté des slogans, de la provocation, mais inoffensifs ».

Un groupe de militants issus de « Marchons ensemble », reconnaissables aux drapeaux verts et rouges utilisés pendant leur marche, a chargé les contre-manifestants.

La préfecture ne fait état que d’une rixe et de « deux contre-manifestants légèrement blessés ». Ce sont pourtant bien « des raisons évidentes de sécurité » que la préfecture invoque pour expliquer l’arrêt du cortège qui devait à l’origine rejoindre la Guillotière (7è).

Deux autres jeunes femmes ont témoigné auprès de Rue89Lyon de coups reçus. L’une d’elles voit son visage tout juste désenfler plusieurs jours après la manifestation. L’autre est sortie de l’hôpital avec une double fracture à la main et un torticolis.

Traumatisées, elles hésitent encore à ce jour à déposer plainte. Toutes deux estimant qu’elles ne verront leur démarche aboutir. Une interpellation a eu lieu le jour-même, pour « des jets de projectiles ».