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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Spectacles, jeux et culture en ligne, la sélection de février

Spectacles, jeux et culture en ligne, la sélection de février

Est-il besoin de répéter, de se lamenter encore au sujet de la fermeture des salles de spectacles, de concerts, des lieux de convivialité et de culture. La réponse est oui mais, en attendant (on ne sait pas quoi exactement), on a repéré quelques initiatives. Une petite sélection pour février.

Évidemment c’est numérique, c’est en ligne. Il manque donc l’odeur de transpiration ou de parfum du voisin, les files d’attente et les rencontres. Mais on le propose quand même et si vous avez des suggestions, donnez-les en commentaires.

“Pour faire court” : un festival de cinéma

L’équipe du festival, formée par une association étudiante (issue de l’Inseec, école de commerce), a reçu pas moins de 70 courts-métrages et en a sélectionné 10 cette année. Parmi eux, cinq films français et cinq étrangers (dont un de Belgique, un autre de Corée du Sud, deux d’Espagne puis un de Pologne).

Tous ces films courts ont dû entrer dans le thème imposé, vaste mais tenant en un mot, l’évasion. Un thème qui a semblé opportun à l’heure des confinements successifs et autres restrictions.

Le jury est composé de Mylène Page, directrice de casting, de Mathieu Nohlier, qui fut lui-même lauréat du festival, de Bertrand Segretain, directeur d’une entreprise de production audiovisuelle, de Guillaume Biollay, responsable de production.

La diffusion des courts-métrages se fera en direct ce jeudi 4 février à partir de 20 heures. Pour plus d’infos, la page Facebook de l’événement.

“Culturissime !”, une émission en direct depuis Villeurbanne

On parlait de se lamenter mais finalement il s’agit aussi de discuter, de prévoir un “après”. Ne désespérons pas. La Ville de Villeurbanne organise une émission qui sera diffusée sur le net ce jeudi 4 février, avec plusieurs acteurs.trices qui prendront la parole sur ce que traverse aujourd’hui entre autres milieux celui de la culture et du spectacle vivant. Le tout animé par Sophia Aram, pour les paillettes et la rigolade de prestige. Elle a été enregistrée au TNP (théâtre national populaire).

De nombreux acteurs culturels de la commune (la salle de concert Transbordeur, les Ateliers Frappaz, l’URDLA, le CCO, etc.), ouvriront le dialogue à partir de trois questions choisies. Elles s’articulent ainsi : “comment intégrer le numérique dans les politiques culturelles” ; “comment cultiver la démocratie culturelle” et “comment faire de la jeunesse un acteur de la vie culturelle”.

Mais si parler culture semble toujours aussi nécessaire, en voir un peu n’est pas mal non plus. Au programme, de la musique avec la rappeuse Lala &ce et un concert live des élèves de l’Ecole Nationale de Musique. D’autres artistes interviendront, ceux qui sont actuellement en résidence aux Ateliers Frappaz ou encore à la Villa Gillet, des danseur.ses de la Maison de la Danse. L’auteure de BD Julie Ricossé dessinera aussi en direct.

L’émission sera visible en sur la chaîne Youtube de la Ville de Villeurbanne ce jeudi à 20h30. Comme à la télé.

“-Mironton ou Barjabulle ? -Barjabulle, Marie-Ange” 

Il a quitté Lyon pour lancer un nouveau projet intitulé le LOL (lieu ouvert ludique) en Ardèche, au Teil. Olivier Rey, metteur en scène qui a fondé et animé pendant plusieurs années le Lavoir public à Lyon, salle de spectacles et lieu de clubbing, continue de proposer des rendez-vous originaux, pour le moins, à ses fans d’ici et d’ailleurs.

Qui peut se vanter aujourd'hui de posséder une boîte du cultissime jeu Pyramide ? Olivier Rey, apparemment. DR
Qui peut se vanter aujourd’hui de posséder une boîte du cultissime jeu Pyramide ? Olivier Rey, apparemment. DR

Lors du premier confinement du printemps 2020, il avait été quelque peu débordé par le succès des émissions de sa “Confinement TV”. 

Cette fois, toujours par le biais de l’application web Zoom, il propose chaque jeudi soir de refaire vivre le cultissime jeu télévisé Pyramide. Animé par Où a officié rappelez-vous la non moins culte Marie-Ange Nardi, Laurent Romejko, mais avant lui encore un certain Laurent Broomhead. C’est Olivier Rey qui anime et composera une sorte de Patrice Laffont sans doute plus aimable.

Vous pouvez donc vous inscrire pour être candidat.e mais aussi pour intégrer le public, plus modestement.

Ou comment, par association et combinaison d’idées brillantes (ou bien par pure magie), certain.es parvenaient à trouver “cow boy” avec le mot “café” -sans que l’on ait bien compris le cheminement de pensée. Alors, en combien de briques, Marie-Ange ?

Prochain “Pyramide” en ligne, jeudi 11 février. Infos à suivre sur la page Facebook du LOL.

Du théâtre d’impro en ligne

Le théâtre lyonnais situé dans le 3è arrondissement a dû, comme tous les autres, fermer ses portes au public. Pour autant, il a décidé de ne pas se couper de lui en proposant des séances de théâtre d’improvisation en ligne, et d’ouvrir une billetterie spécifique (8 euros par soirée). Le concept a tout simplement été baptisé ImprOnlive.

Trois comédiens sont mobilisés pour mettre en œuvre le principe classique de l’improvisation. Ils écoutent vos propositions de lieu, de geste, mais aussi d’instrument de musique puis ils vont inventer et broder à partir de là. 

La billetterie pour les spectacles et votre participation est à 8 euros. Toutes les infos sur le site du théâtre. Prochaines impros les 5/02/2021, 12/02/2021, 19/02/2021, 26/02/2021 à 21h00.

#restrictions sanitaires

Contre les fake news, des collégiens de Vaulx-en-Velin deviennent « ambassadeurs »

Contre les fake news, des collégiens de Vaulx-en-Velin deviennent « ambassadeurs »

L’année dernière, à Vaulx-en-Velin, deux journalistes de l’AFP et du Monde ont tenu une résidence pendant trois mois au collège Henri Barbusse. L’objectif était de créer un média scolaire sur Instagram. Ce faisant, ces collégiens de 3ème sont devenus des « ambassadeurs » de la lutte contre les fake news.

Le projet de résidence de journalistes à Vaulx-en-Velin a concerné 5 classes de 3ème pendant trois mois. Crédit : Sandra Laffont..jpg
Le projet de résidence de journalistes à Vaulx-en-Velin a concerné 5 classes de 3ème pendant trois mois. Crédit : Sandra Laffont..jpg

L’A46 Sud en 2 x 3 voies dans l’Est lyonnais : le projet autoroutier qui fait la (quasi) unanimité contre lui

L’A46 Sud en 2 x 3 voies dans l’Est lyonnais : le projet autoroutier qui fait la (quasi) unanimité contre lui

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Marche des libertés : les teufeurs ambiancent le cortège lyonnais

Marche des libertés : les teufeurs ambiancent le cortège lyonnais

A Lyon, entre 1000 et 2000 personnes se sont réunies, ce samedi 30 janvier, pour une cinquième Marche des libertés, notamment contre la proposition de loi de sécurité globale. En soutien aux inculpés de la rave-party organisée le 31 décembre à Lieuron, les teufeurs ont ambiancé le cortège.

Moins de monde, plus de pluie, mais une manifestation, cette-fois ci, qui est allée jusqu’à son terme.

Ce samedi 30 janvier, 1000 personnes, selon la préfecture, 2000, selon les organisateurs, se sont retrouvées pour manifester contre les « lois liberticides », principalement contre la proposition de loi de sécurité globale.

Après l’arrêt brutal de la manifestation le 16 janvier par les forces de l’ordre, l’agacement des manifestants était encore palpable.

« Nous espérons cette fois pouvoir aller jusqu’au bout, grinçait au micro un membre de la Ligue des Droits de l’Homme, sur la place Maréchal-Lyautey (6ème arrondissement). Nous continuons à lutter contre le fichage, contre la loi de sécurité globale et contre la loi sur le séparatisme ! » 

Pour y parvenir, les organisateurs ont pu compter sur un trajet plus court. Contrairement à la dernière manifestation, partie de Gratte-ciel, le défilé s’est élancé de la place Lyautey pour rejoindre la place Bellecour en passant par les quais du Rhône et le pont de la Guillotière. Pour la troisième fois, la Marche de liberté empruntait ce parcours.

En amont, le préfet avait pris un énième arrêté d’interdiction de manifester. Une grande partie de l’hypercentre et la rue de la Barre étaient interdits aux manifestants. 

Après un départ le 16 janvier de Villeurbanne, la Marche des libertés est repartie de la place Lyautey (Lyon 6ème) ©PL/Rue89Lyon
La manifestation est partie de Foch et non de Villeurbanne, comme le 16 janvier. Crédit : Pierre LEMERLE/Rue89Lyon

Les teufeurs venus en force

Après des prises de paroles de la Quadrature du net, de la Ligue des droits de l’Homme, des syndicats de journalistes, de soutiens aux sans-papiers, et d’un membre du comité de soutien aux inculpés de la Maskarade (la rave-party organisée le 31 décembre à Lieuron en Bretagne), le cortège s’élance à l’heure prévue, 14 heures. 

Parfois en tête, avec la banderole « plus de sons, moins de répression », souvent les plus bruyants, les teufeurs ont gonflé et considérablement rajeunis les rangs de la manifestation avec deux camions remplis d’enceintes.

Déjà présents le 16 janvier, les teufeurs semblent plus nombreux ce samedi, dans un cortège un peu plus maigre et de plus en plus hétéroclite où l’on compte également des familles de victimes de violences policières, des soutiens de sans-papiers ou des militants contre la 5G.

« J’étais déjà venu plusieurs fois pour manifester contre la loi de sécurité globale, commentait Alexie, 27 ans. Mais cette fois, j’ai amené une pancarte en soutien aux teufeurs. »

Sur celle-ci, on peut lire « Aubervilliers, les doigts dans le nez. Pour Lieuron, c’est la prison ». Une référence à une fête clandestine organisée récemment au commissariat d’Aubervilliers. Révélée par Loopsider, l’affaire a marqué les manifestants alors que certains membres de la free-party bretonne, organisée à Lieuron, risquent la prison. 

À l’avant un temps, au milieu, à l’arrière… Les teufeurs ont pris une place considérable dans la Marche des libertés lyonnaises.Photo : PL/Rue89Lyon

« Il y a aussi des choses incompréhensibles. On empêche les gens d’avoir accès à la culture, mais on leur permet de faire les soldes. On prive les gens de liberté, mais on ne fait rien pour augmenter le nombre de places dans les hôpitaux… Le gouvernement ne cherche pas à régler le problème de fond. » 

« La manifestation permet aussi de se retrouver »

Un peu plus loin, trois amis sont également venus en soutien aux teufeurs de Rennes. À 18, 17 et 20 ans, Gianluca, Abel et Coralie ne comprennent pas qu’on puisse punir les organisateurs de la rave « plus que des pédophiles ».

« La manifestation permet aussi de se retrouver et de recréer du lien social, commente Abel, 17 ans. On ne s’était pas vu depuis longtemps. »

Gianluca, 18 ans, enchaîne :

« En amenant la free party au centre de Lyon, on montre que cette dernière n’est pas dangereuse. Les passants peuvent constater qu’on est là avant tout pour écouter du son. Il n’y a pas de risque. »

Anti-racistes et antifascistes étaient également présents dans le cortège. Crédit : Pierre LEMERLE/Rue89Lyon

Devant, les chants entonnés parfois sur des airs de supporters de foot, prédominent.

« Acab », « Police partout, justice nulle part », « tout le monde déteste la police (et la police déteste tout le monde) »… Ces slogans sont scandés à intervalle régulier.

Derrière, la musique techno rythme la manifestation, parfois, un poil chambreur. Sur le pont de la Guillotière, « Le sex appeal de la policère » de Sexy sushi résonne.

En tête, la banderole du collectif « non à la loi de sécurité globale » ouvre la marche, seulement précédé de quelques Gilets jaunes. Une dizaine de mètres plus loin, l’imposant dispositif policier garde, la plupart du temps, ses distances. « Le No man’s land a été respecté », constate un organisateur. 

« Il y avait plus de communication avec la police, commente Alexandre Buisine du Syndicat national des journalistes (SNJ). Ce dernier suppose également qu’il y a eu « moins de fauteurs de trouble ».

Les forces de l’ordre avaient barré la rue de la charité avec des barrières et canon à eau lors de la marche des libertés. Crédit : Pierre LEMERLE/Rue89Lyon

Les canons à eau et les lacrymos rue de la charité

Mis à part un arrêt au niveau de la préfecture, le cortège s’écoule sans encombre jusqu’à la place Antonin Poncet. C’est là qu’a lieu le seul véritable moment de tensions de la manifestation.

Avant d’arriver place Bellecour, le cortège passe devant la rue de la charité, barrée de protections de police, deux canons à eau en appui. Au milieu du cortège, quelques manifestants commencent à jouer avec l’eau coulant des canons. Les forces de l’ordre répondent en arrosant les personnes à portée. Dans la confusion, une bouteille en verre est lancée. Les gaz lacrymogènes répondent. 

« C’est encore arrivé après une provocation policière. C’est étonnant que les gens réagissent… », ironise Charles, un militant écologiste.

Venu pour lutter contre « la dérive autoritaire du gouvernement » et « sa façon d’agiter l’islamisme pour cacher de vrais enjeux », ce membre d’ANV Cop 21 a les yeux rougis par la lacrymo. Avec son masque aux couleurs d’Alternatiba, il est un des rares à afficher les couleurs d’un groupe écologiste. « On a oublié les drapeaux verts à la maison ! », plaisante-t-il.

Ils ne sont pas les seuls à être restés à la maison. Exceptée la CNT (confédération nationale du travail), rare sont les drapeaux de partis ou de syndicats, présents dans la manif. Un drapeau du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) par-ci, quelques uns de FO ou du mouvement Ensemble par-là … Les banderoles, les teufeurs et les parapluies ont pris le pas sur les drapeaux, ce samedi. Même quelques « GJ » ont laissé leur symbole à la maison.

« Je ne suis pas venu spécifiquement en tant que Gilet jaune, commente Nadia, venue sans sa veste fluo, ce samedi. De toute façon, nous sommes tous dans l’esprit des Gilets jaunes. Nous sommes tous là pour défendre nos libertés ! » 

Un bilan « calme » mais deux interpellations, d’après la préfecture

Contactée, la préfecture du Rhône a fait état d’un bilan « plutôt calme ». la police a tout de même procédé à deux interpellations pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre. Une a eu lieu avant 15 h, probablement au niveau de la préfecture, et une au niveau de la place Bellecour. Selon elle, l’usage de gaz lacrymogène a été justifié par des « tirs de mortier sur le forces de l’ordre ». La raison de l’utilisation des canons à eau reste inconnue. Le dispositif des forces de l’ordre n’a pas été détaillé. 

À 16h, le dernier morceau d’électro retentissait place Bellecour. Vers 17h, une bonne partie des manifestants s’étaient dispersés. Le prochain rendez-vous pourrait être le 6 mars prochain. Certains organisateurs espèrent effectuer une jonction avec le monde de la culture en lutte pour être reconnu comme « essentiel » et les féministes, avant la journée internationale des droits des femmes.

Covid-19 : quel niveau de vaccination des séniors en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Covid-19 : quel niveau de vaccination des séniors en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Où en est la campagne de vaccination en Auvergne-Rhône-Alpes ? Au 27 janvier, un peu moins de 10% des personnes de plus de 75 ans avaient reçu au moins une première dose de vaccin contre le covid. 

L’organisme Santé Publique France a commencé à publier les données sur la campagne de vaccination contre la Covid-19 de façon plus détaillée. On peut désormais accéder aux données par départements et par tranches d’âge notamment.

Nous avons donc fait un petit focus sur les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes (tableau 1 ci-dessous) et tenté de comparer sa situation à celle des autres régions de France, au regard notamment de la tension sur les services de réanimation.

Allier, Haute-Loire, Cantal : plus forts taux de vaccination des plus de 75 ans

Cantal, Allier et Haute-Loire sont donc les départements où, en proportion, le plus de personnes de 75 ans ont déjà reçu au moins une dose de vaccin en date du 27 janvier. On peut y voir une forme de logique : ce sont trois départements où la part des plus de 75 ans est la plus importante dans la population totale.

De ce point de vue, l’Ardèche n’est pas au même niveau. Elle présente une proportion de plus de 75 ans parmi les plus fortes de la région (près de 12% de la population totale) mais la plus faible part de vaccination dans cette tranche d’âge (environ 5% de plus de 75 ans vaccinés au moins une fois).

Toujours dans cette logique, le Rhône est plutôt loti (8% de plus de 75 ans dont 11% ont été vaccinés) au regard du niveau de vaccination dans la région.

Auvergne-Rhône-Alpes, presque au niveau médian de vaccination des plus de 75 ans

À l’échelle nationale, Auvergne-Rhône-Alpes se trouve légèrement en-dessous du niveau médian de vaccination chez les plus de 75 ans. Au 27 janvier, un peu moins de 10% (9,8%) d’entre eux avaient reçu au moins une dose de vaccin, selon les chiffres de Santé Publique France.

Bien plus qu’en Guadeloupe (0,5%) mais en retrait par rapport à la région voisine de Bourgogne-Franche-Comté (15,6%) en date du 27 janvier.

Toutefois, au regard de la tension hospitalière particulièrement sur les services de réanimation (graphique 2 ci-dessus) cette dernière était à cette date la région métropolitaine présentant le plus fort taux de tension sur les services de réanimation. Et donc concernée par un fort afflux de patients Covid-19, dont on sait qu’ils sont bien souvent souvent issus de cette tranche d’âge sénior de 75 ans et plus.

Auvergne-Rhône-Alpes présentait une situation plutôt moyenne au regard de celles des autres régions françaises. Davantage de personnes de plus de 75 ans avaient été vaccinées une fois qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur par exemple, région métropolitaine présentant une plus forte tension hospitalière encore. Mais la Bretagne ou la Normandie, moins en tension, affichaient un taux de vaccination supérieur.

Pour Grégory Doucet, le choix assumé mais critiqué de l’endettement

Pour Grégory Doucet, le choix assumé mais critiqué de l’endettement

La gestion de la Ville de Lyon par Grégory Doucet et sa majorité écologiste passera nécessairement par de l’endettement. Ce jeudi, c’est ce qui a été défendu lors du conseil municipal et du débat d’orientation budgétaire. Ce « DOB » a donné lieu à des passes d’armes entre ceux qui sont considérés comme de « nouveaux venus » et ceux qui tenaient encore les manettes de la municipalité il y a un an.

Le rapport d’orientation budgétaire devait permettre une première projection des projets qui seront mis en place à Lyon, sous l’angle financier. Et le choix est assumé : plus 20% d’investissements par rapport au mandat précédent, dans un contexte économique mouvant.

Présenté par Audrey Hénocque, première adjointe en charge des finances, le rapport a été adopté non sans avoir d’abord été vivement critiqué par les élus d’opposition au premier rang desquels Gérard Collomb, ex-maire de Lyon.

Le matin, au cours d’une conférence de presse en visioconférence, Grégory Doucet a défendu les grandes lignes de l’action imaginée par sa majorité pendant le mandat.

Sans surprise, le poids de la crise sanitaire a été calculé et, selon le compte de la Ville, la municipalité a déjà dépensé entre 40 et 45 millions d’euros -uniquement en 2020- pour tenter de faire face aux urgences liées à la Covid-19. Ce qui a augmenté l’endettement. Parmi les dépenses, la mise en place des centres de dépistages, de protocoles sanitaires dans les écoles, l’achat de matériel sanitaire, les aides aux commerçants, le fonds de soutien à la culture, etc.

Toutefois, si la crise sanitaire pèse dans le rapport d’orientation budgétaire, le document ne montre aucun mouvement de recul sur les ambitions et les projets. Imprudence ?

La « transition écologique » quoi qu’il en coûte ?

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La charte des principes pour l’islam contestée à Lyon

La charte des principes pour l’islam contestée à Lyon

Kamel Kabtane (président du Conseil des mosquées du Rhône) et Azzedine Gaci (porte-parole du conseil théologique des imams du Rhône) critiquent la façon dont la « Charte des principes pour l’islam de France » a été élaborée et certaines de ses dispositions.

Le lundi 18 janvier, le chef de l’État Emmanuel Macron recevait les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) pour signer la charte des principes pour l’islam de France. Une entreprise pas vraiment appréciée par ces deux représentants de l’islam dans le Rhône.

Ils affichent leur opposition non seulement au contenu de la charte mais aussi à la manière dont elle a été élaborée. Dans un communiqué intitulé « Une charte ne se décrète pas et ne s’impose pas, elle se partage », Kamel Kabtane et Azzedine Gaci déclarent s’être sentis trompés par le contenu de cette charte :

« Alors que nous attendions « une charte déontologique » ayant pour vocation d’être un guide du comportement individuel de l’imam dans l’exercice de son ministère, le CFCM nous a surpris par une « charte des principes pour l’islam de France ».

Pour Kabtane et Gaci, un risque de «climat de suspicion»

Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon et président de l’Institut Français de Civilisation Musulmane (IFCM), a notamment été membre du conseil d’administration de la Fondation pour l’Islam de France, présidé par Jean-Pierre Chevènement. Lui et Azzedine Gaci, par ailleurs recteur de la mosquée de Villeurbanne et ancien président du Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes, reprochent au CFCM de :

« n’avoir pas jugé bon de consulter les imams et les responsables des institutions musulmanes de France – malgré de nombreuses sollicitations – avant la ratification de cette charte qui les concerne directement. »

De plus, la charte contient un rappel à la citoyenneté des musulmans, ainsi qu’un panel de règles qui ne s’imposeraient qu’à leur culte. Cela gêne particulièrement Kamel Kabtane et Azzedine Gaci :

« Les musulmans de France sont des citoyens français. Ils sont tenus de respecter strictement les lois de leur pays et les valeurs de la République. Les imams doivent le rappeler souvent et à chaque fois qu’ils le jugent nécessaire, mais l’inscription de ce point dans la charte ne ferait que créer un climat de suspicion généralisée et de repli sur soi. »

La légitimité du CFCM mise en cause

Les deux hommes condamnent « une instrumentalisation de l’islam à des fins politiques ». Ils invectivent aussi le CFCM :

« Le CFCM sous contrôle des chancelleries étrangères ne peut à la fois être juge et partie dans la même affaire. »

Comme l’a aussi déclaré l’essayiste Hakim El Karoui, auteur de L’islam, une religion française (Gallimard) au journal l’Express, le CFCM est composé de « cinq fédérations financées par des pays étrangers » et de « trois fédérations islamistes ».

Azzedine Gaci et Kamel Kabtane craignent aussi que leur opposition à la charte occasionne une stigmatisation facile :

« On entend dire ici et là que les non signataires de cette charte seraient pointés du doigt, voire même associés au radicalisme et exclus du conseil national des Imams. »

Ils ne sont en effet pas les seuls à n’avoir pas ratifié la charte. Trois fédérations (les associations franco-turques CCMTF et CIMG France ainsi que le mouvement rigoriste Foi et Pratique) ont déclaré qu’elles ne signeraient pas le texte en l’état. En octobre dernier, le chef de l’État avait pourtant déclaré à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty :

« Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences. »

La Grande Mosquée de Lyon et, en arrière-plan, la grue du chantier de l'IFCM. ©LB/Rue89Lyon
La Grande Mosquée de Lyon et, en arrière-plan, la grue du chantier de l’IFCM.Photo : LB/Rue89Lyon

Ils rappellent alors leur attachement à la séparation des cultes et de l’État :

« C’est justement notre attachement profond à ce précieux principe de laïcité, […] et notre volonté de servir à la fois notre pays et les musulmans de notre département, qui nous a poussé à créer le Conseil Théologique des Imams du Rhône et le Conseil des Mosquées du Rhône. Ces deux instances qui travaillent de concert avec les services de l’État et les collectivités locales, ont montré largement leur efficacité. »

#séparatisme

Mixité sociale aux Minguettes : le quartier change, mais pas la population

Mixité sociale aux Minguettes : le quartier change, mais pas la population

Dans son rapport visant à évaluer l’efficacité des dispositifs de la politique de la ville, la Cour des comptes souligne que les opérations de rénovation conduites aux Minguettes sur la période 2008-2018 ont abouti à une transformation urbaine et architecturale mais n’ont pas permis de développer la mixité sociale. Le quartier de Vénissieux continue de concentrer des ménages aux revenus modestes voire très précaires.

Au cours des dernières décennies, les millions de la politique de la ville ont surtout servi à redonner des couleurs au bâti, aux logements et aux espaces publics dans les quartiers populaires. Mais la mixité sociale, souvent présentée comme un remède aux maux des banlieues, est pour l’essentiel demeuré un vœu pieux.

77% de logements sociaux aux Minguettes

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Covid-19 : dégradation lente et constante en Auvergne-Rhône-Alpes

Covid-19 : dégradation lente et constante en Auvergne-Rhône-Alpes

[En graphiques] En Auvergne-Rhône-Alpes, la lente dégradation de l’épidémie de Covid-19 se poursuit. Les hospitalisations restent à un niveau élevé, les entrées en réanimation ont augmenté. L’épidémie circule à un niveau également élevé dans l’ensemble des départements de la région.

La dégradation constatée depuis au moins une quinzaine de jours se poursuit en Auvergne-Rhône-Alpes. La dynamique de l’épidémie est plus lisible désormais. Elle continue de progresser sans brusque augmentation mais de façon constante.

Auvergne-Rhône-Alpes, une épidémie qui progresse presque partout

La dynamique de l’épidémie dans la région évolue toujours négativement. Depuis notre dernier point hebdomadaire, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) a progressé sur une semaine dans la moitié des départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. Il est resté stable dans deux autres et a légèrement décru dans les autres, notamment ceux qui avaient connu de récentes fortes poussées (Allier, Savoie et Haute-Savoie).

    Drôme : +17% (sur une semaine au 19 janvier)Loire : +16% Ardèche : +10%Rhône : +7% Puy-de-Dôme : +6%Ain : +5%

Le dépistage se maintenant à un niveau équivalent depuis plusieurs semaines (voir plus bas), la lecture de la dynamique de l’épidémie est plus aisée. On constate donc qu’elle progresse lentement, depuis un mois environ, quinze jours de façon plus certaine.

Petit à petit, le taux d’incidence global à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’approche de celui enregistré avant les fêtes. Cette soudaine hausse n’était alors pas significative découlant en partie d’un dépistage plus massif. Revenu à un niveau constant, il éclaire toutefois davantage sur le niveau actuel de l’indicateur : toujours très haut et en progression.

La région Auvergne-Rhône-Alpes, se situant à un niveau proche de celui constaté dans le même en France.

La semaine dernière avait été marquée par une légère baisse du taux d’incidence dans les métropoles. Elle ne s’est pas confirmée durant la semaine du 12 au 19 janvier. L’épidémie a progressé dans toutes les grandes métropoles de la région. En particulier celle de Clermont-Ferrand (+38%).

Covid-19 : taux de positivité toujours en hausse en Auvergne-Rhône-Alpes

Pour la quatrième semaine consécutive le taux de positivité augmente dans la région (à niveau de dépistage stabilisé). Pour cet indicateur aussi la dégradation est lente (+0,4 points du 12 au 19 janvier) mais constante.

Il n’est pas encore revenu « dans le rouge » mais il continue de se dégrader. Notamment dans les tranches d’âge les plus âgées (+80 ans et + 90 ans notamment). Le R effectif (indicateur de reproduction de l’épidémie) a diminué sur une semaine, entre le 12 et le 19 janvier. Il reste toutefois toujours supérieur à signifiant que l’épidémie continue de progresser.

Covid-19 : toujours autant d’hospitalisations mais plus de patients en réanimation

Face à une dynamique de l’épidémie qui ne faiblit pas, logiquement la tension à l’hôpital connaît la même évolution. Malgré quelques légères variations, le niveau de personnes hospitalisées dans la région pour des cas de Covid-19 reste stabilisé autour de 4000. Il était de 3900 au 26 janvier, sensiblement égal à celui constaté lors de notre dernier point hebdomadaire.

Les récentes évolutions du taux d’incidence dans la région ne devrait pas vraiment changer la donne. L’épidémie progressant lentement, parfois en léger recul dans certains départements, le niveau d’hospitalisations actuel devrait se maintenir encore dans les jours à venir.

Ce plateau toujours haut maintient une tension importante sur les services de réanimation. C’est un des points négatifs de l’évolution actuelle de l’épidémie dans la région. Si le niveau d’hospitalisation en simultané se maintient depuis un mois environ, celui des admissions en réanimation pour cas de Covid-19, augmente globalement et lentement depuis le 10 janvier environ.

A cette date, 371 patients se trouvaient dans des services de réanimation ou de soins intensifs dans les hôpitaux de la région. Au 26 janvier ils étaient 430 (+15%), selon les chiffres de Santé Publique France. Le taux d’occupation en réanimation se dégrade forcément en conséquence. Au 26 janvier il était de près de 77%. L’indicateur se trouve dans le rouge dans la région depuis le 20 octobre.

Un dépistage stable depuis un mois autour de 200 000 tests par semaine

Depuis le pic en amont des fêtes de fin d’année, le niveau de dépistage se maintient depuis près d’un mois à un niveau hebdomadaire relativement haut (au regard des statistiques en la matière) et stable, autour des 200 000 tests (PCR et antigéniques) par semaine. Un niveau proche de celui rencontré lors de la deuxième vague épidémique d’octobre-novembre 2020.

La Drôme et la Haute-Loire, les départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

La situation continue s’améliorer doucement dans l’Allier, fortement touché ces dernières semaines. Tout comme en Savoie et Haute-Savoie. Une forte poussée a été constatée dans la Drôme et se poursuit. La Haute-Loire, fortement touchée lors de la deuxième vague connaît de nouveau une dégradation de la dynamique de l’épidémie.

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomer ou rechercher la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes

Dans la rue à Lyon, des profs et personnels d’éducation à bout

Dans la rue à Lyon, des profs et personnels d’éducation à bout

Ils étaient plus de 2400 selon les syndicats, 1800 selon la police, à répondre à l’appel à manifester lancé par une intersyndicale. Des professeurs en collèges et lycées, des personnels pédagogiques et d’éducation, des étudiants, des parents d’élèves ont marché ce mardi 26 janvier. Dans le viseur, des conditions d’enseignement précaires, parfois dangereuses, dues en partie à la crise du Covid-19. Mais pas seulement.

La manifestation a démarré place Guichard (Lyon 3è) à 14h et s’est terminée devant le bâtiment du Rectorat (Lyon 7è) un peu après 16h. En tête de cortège, une scène véhiculée accueillait deux syndiquées de la SNES FSU qui ont entonné des reprises bien senties telles que « les sous dans l’éducation nationale, pourquoi ça ne pousse pas ».

De nombreux étudiants se sont joints au mouvement de ce mardi, autour de la banderole « Génération Covid », déjà de sortie une semaine auparavant.

« Je prends connaissance des protocoles sanitaires par la presse »

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
Justine, Conseillère principale d’éducation à Villeurbanne et syndiquée à la CNTPhoto : LS/Rue89Lyon

Justine est CPE (conseillère principale d’éducation), syndiquée à la CNT. Elle exerce depuis 8 ans au collège Jean Macé à Villeurbanne. Elle est responsable de l’organisation et de l’animation de l’équipe de vie scolaire du collège. Le protocole Covid, dans son lycée, c’est un peu elle qui a dû l’inventer :

« Je prends connaissance des protocoles sanitaires en même temps que tout le monde, par la presse. A chaque fois, on est pris de court, on ne reçoit rien en amont, très peu de mails officiels. »

C’est surtout à la cantine qu’il a fallu s’organiser pour éviter les contaminations :

« On a demandé aux parents qui pouvaient de désinscrire leurs enfants de la cantine. Ca a plutôt bien marché, ça nous a permis de faire respecter des distances »

La jeune CPE a vu ses conditions de travail se dégrader année après année. Aujourd’hui elle considère qu’elle ne peut plus faire son travail correctement :

« Mon collège n’est pas en éducation prioritaire mais pourrait l’être, là avec les moyens qu’on nous donne, notamment en termes d’effectifs, on ne peut pas accompagner les élèves, que ce soit scolairement ou sur des problématiques plus sociales. »

A Jean Macé, c’est 5 surveillants qui surveillent pas moins de 700 élèves chaque jour.

« Des conditions de vie et d’enseignement moins précaires »

La manifestation s’inscrit dans la continuité de la grève de novembre dernier, bien que le contexte sanitaire ne soit toujours pas propice aux grandes manifestations, les employés de l’Education Nationale et les étudiants ont décidé de montrer leur désarroi et leur colère dans la rue.

Quelles revendications ? Les travailleurs de l’éducation nationale demandent une revalorisation salariale et dénoncent des classes surchargées, des postes non renouvelés, des conditions de travail de plus en plus dégradées, parfois dangereuses notamment dans ce contexte de crise sanitaire.

Les étudiants demandent des conditions de vie et d’enseignement moins précaires. La réouverture des facs, la mise à disposition d’aides financières ainsi qu’un accompagnement psychologique font partie de leurs demandes. 

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
Professeurs et conseillers d’éducation du collège Joliot-CuriePhoto : LS/Rue89Lyon

« On se sent abandonné »

Agathe est professeure d’anglais, Marie, professeure de mathématiques et Philippe, professeur d’espagnol au collège Joliot Curie. L’établissement de Bron, est classé REP (réseau d’éducation prioritaire). Agathe raconte :

« Moi ça fait 8 ans que je suis professeure ici, Philippe depuis 15 ans, d’autres 25. La direction elle en revanche, change presque tous les deux ans. Elle ne prévoit pas de rester, ou d’améliorer les choses. Elle passe. »

Depuis janvier, le collège des trois professeurs est en pénurie de gel hydroalcoolique :

« On n’a pas encore débloqué l’argent » nous dit-on. Et encore, c’est pas comme si on l’achetait tout fait, c’est le professeur de Sciences Physiques qui le fabrique. »

La pénurie ne concerne pas que le gel, mais les AVS (auxiliaires de vie scolaire) :

« Il nous manque 35 heures de ‘vie scolaire’. On se sent abandonné, on aimerait bien écrire au rectorat, mais la direction de l’établissement ne nous appuie pas là dessus. »

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
Manifestations des travailleurs de l’éducation nationale du 26/01/2021, le cortège étudiantPhoto : LS/Rue89Lyon

En sus, les professeurs sont obligés de faire des heures supplémentaires :

« C’est la loi de la logique comptable, on est tous obligés de faire deux heures de plus par semaine, comme ça ils n’ont pas à ouvrir de nouveau poste. »

L’équipe pédagogique a aussi vu disparaître, sans explication, des projets ou des supports de travail. Agathe explique :

« On avait des heures où on enseignait à deux pour mieux accompagner les élèves. Ça a disparu ; on ne sait pas pourquoi. Pareil pour les projets comme ceux du théâtre. Ils disparaissent des plannings, du jour au lendemain. »

Et Philippe de poursuivre :

« Ce matin encore, je voulais ouvrir une application d’édition de magazine en ligne qu’on utilise avec les élèves pour faire un cours un peu interactif. Elle ne s’ouvrait plus. En fait, cette année, le collège ne paye plus l’abonnement. Sans nous avoir prévenus à l’avance. »

L’ombre des réformes de l’éducation

Sandrine est infirmière à Villefontaine, au collège Aragon, elle dépend de l’académie de Grenoble. Comme de nombreux enseignants et personnels pédagogiques, elle vient aussi pour protester contre la « loi 4D« , présentée en conseil des ministres début février. Celle-ci vise notamment à faire dépendre les infirmières scolaires non plus de l’Éducation nationale mais du Département. Elle passerait donc de fonctionnaire d’Etat à fonctionnaire territoriale, et ne serait plus rattachée à un établissement en particulier. Sandrine raconte :

« Les infirmières scolaires pourraient disparaître. Pourtant, j’ai passé un concours, j’ai le sentiment de faire partie du collège. »

Encouragée par ses amies et collègues, professeures du même collège, elle poursuit :

« Si on [les infirmières scolaires] n’est pas là, il n’y aura plus d’accueil physique pour les élèves, pour les orienter, les conseiller et même les dépister. »

Pour Sandrine et les professeures qui l’accompagnent, le rôle d’une infirmière scolaire est d’autant plus important dans une zone d’éducation prioritaire :

« Je travaille énormément avec les enseignants. On fait de la prévention, on informe sur plein de choses. Les enfants du collège n’ont pas tous accès aux soins. »

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
L’équipe de Villefontaine ; à gauche Clairvie, à droite Sandrine.Photo : LS/Rue89Lyon

La petite équipe de Villefontaine a fait de la route pour venir manifester. Elles témoignent de leurs inquiétudes pour l’avenir, notamment  au sujet de la réforme des REP, dans le collimateur de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.

Clairvie, professeure d’anglais au collège Aragon, explique son angoisse : 

« Si ça passe, c’est le rectorat qui décidera des financement des collèges au cas par cas, sur des critères de projets et de pérennité éducative. »

Clairvie, comme de nombreux professeurs interrogés au cours de la manifestation, considère que l’État ne prend plus en compte que les seuls critères de rentabilité :

« On a un peu l’impression que L’État dit « ça fait 40 ans qu’on met du fric dans les banlieues et ça ne marche pas. Du coup, on coupe les aides ». On voit bien que les postes ne sont pas remplacés, les moyens disparaissent, c’est la suite logique, l’Éducation est sans cesse vue au rabais. »

« En dix ans, j’ai gagné 30 euros de pouvoir d’achat »

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
Cécile, AESH dans une école lyonnaisePhoto : LS/Rue89Lyon

Cela fait dix ans que Cécile est AESH (accompagnante pour élèves en situation de handicap) dans une école lyonnaise. Titulaire d’un bac +5 en psychologie, c’est par vocation qu’elle a choisi ce métier :

« Quand j’ai commencé, on s’occupait de deux enfants seulement en même temps, et on les suivait sur plusieurs années. On avait un réel impact, le sentiment d’avancer. »

Au fur et à mesure des années, Cécile a vu ses conditions de travail se dégrader et sa charge de travail augmenter :

« Maintenant, le suivi pédagogique ou la stabilité du suivi n’importe plus. Je m’occupe de 6 enfants en même temps. On a essayé de m’en changer trois fois depuis le début de l’année scolaire. » 

Cécile n’a pas choisi le métier d’AESH pour faire fortune, mais depuis quelques temps, elle considère qu’il s’agit d’une profession précaire :

« Avant, la reconnaissance de l’enfant dont je m’occupais me suffisait. Mais maintenant, j’ai mon aîné qui entre dans les études supérieures. J’ai besoin d’un peu plus. En 10 ans, j’ai à peine gagné 30 euros de pouvoir d’achat. Je suis payée 849 euros net par mois. »

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
Lucie, enseignante à l’école maternelle GrandClément à Vaux-en-Velin depuis 17 ans.Photo : LS/Rue89Lyon

Lucie est enseignante à la maternelle Grandclément à Vaulx-en-Velin depuis 17 ans. Elle est aussi syndiquée à FO. Dans son établissement, la pénurie de remplaçants pour les enseignants qui tombent malade sévit chaque semaine :

« On n’a quasiment pas de consignes sanitaires : ouvrez les fenêtres, mettez du gel et ne mélangez pas les classes. Le problème c’est que les élèves des professeurs non remplacés il faut bien les mettre quelque part, donc on mélange les classes. »

« Un poste de conseiller d’éducation supprimé chaque année »

Alex et Mélanie sont AED (assistants d’éducation ou surveillants), au lycée de la Martinière Duchère dans le 9è arrondissement de Lyon :

« On travaille 41 heures par semaine et, à côté, on est étudiant. On manifeste surtout pour qu’il y ait plus de moyens dans l’Éducation nationale. »

À la Martinière Duchère, 2300 élèves et étudiants se rendent chaque jour dans l’établissement qui accueille aussi des prépa et des BTS. Ils sont quatre surveillants par jour, pour s’occuper de la logistique.

Mélanie raconte :

« On est censé avoir un rôle d’écoute, on fait surtout beaucoup d’administratif. On fait aussi la police. En trois ans, c’est un poste de surveillant par an qui a été supprimé. »

Pour les deux amis, le bien-être a disparu des prérogatives de l’Éducation nationale.

Alex raconte :

« Toutes les animations ont disparu. Tout coûte toujours trop cher. »

Au lycée, on parle d’ »hybridation » (alterner les cours à distance avec les cours en présence une semaine sur deux), mais pour l’instant, presque tous les élèves se rendent chaque jour à l’école :

« Le dispositif Covid est quasiment inexistant. On met du gel et on ouvre les fenêtres. Quand on additionne nos conditions de travail et la nécessité de faire la « police du masque bien mis », c’est là qu’on perd un peu espoir. »

Une autre journée de mobilisation du corps enseignant et des personnels d’éducation pourrait être prévue la semaine prochaine, sans aucune certitude pour l’instant.

Manifestations des travailleurs de l'éducation nationale du 26/01/2021 ©LS/Rue89Lyon
Alex et Mélanie, surveillants au lycée Martinière Duchère dans le quartier de la DuchèrePhoto : LS/Rue89Lyon