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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Lyon, la ville où il ne fait pas bon faire sa rentrée universitaire

Lyon, la ville où il ne fait pas bon faire sa rentrée universitaire

D’après l’indicateur annuel de l’association GAELIS pour la rentrée universitaire de septembre 2021, les étudiants et étudiantes de Lyon devront débourser plus d’argent que la moyenne nationale.

Pour les étudiantes et étudiantes, les rentrées se suivent et se ressemblent. Chaque année, nombre d’entre elles et eux devront se débrouiller pendant de longs mois avec un budget plus que serré, dans lequel le loyer et la nourriture peinent à rentrer tous les deux. Pour suivre l’évolution du coût de la vie étudiante, l’association GAELIS publie chaque année depuis 2012 son « indicateur du coût de la rentrée« , qui estime la somme d’argent que doit débourser chaque étudiant·e en septembre, en prenant comme référence un profil-type d’un étudiant de 20 ans, inscrit en licence à l’université, non-boursier et qui vit seul.

Pour la dixième année consécutive, l’indicateur de GAELIS annonce une rentrée de septembre 2021 marquée une fois de plus par la précarité étudiante. Particulièrement à Lyon, où étudier semble en passe de devenir un luxe.

La longue attente des étudiants pour récupérer des denrées alimentaires, à Lyon 7 ©LS/Rue89Lyon
Distribution de denrées alimentaires à destination des étudiants en avril 2021 au parc Blandan (Lyon 7e)Photo : LS/Rue89Lyon

Faire sa rentrée universitaire à Lyon, un luxe ?

En novembre 2019, la précarité étudiante avait brutalement été mise en lumière à Lyon suite à la tentative d’immolation d’un étudiant de l’Université Lumière Lyon 2, Anas Kournif.

Avant de tenter de mettre fin à ses jours devant le CROUS du 7e arrondissement de Lyon, le jeune homme avait laissé sur les réseaux sociaux un message racontant la perte de sa bourse et de son logement étudiant, l’impossibilité d’obtenir une aide exceptionnelle, ses difficultés à subvenir à ses besoins pour pouvoir continuer ses études et l’impasse dans laquelle l’étudiant s’était retrouvé. Sa tentative d’immolation avait été suivie par des mobilisations étudiantes conséquentes dans la rue comme sur les réseaux sociaux sous le slogan « La précarité tue ».

Quelques mois plus tard, la crise sanitaire du Covid est venue exacerber cette précarité étudiante déjà préoccupante. De nombreux étudiants et étudiantes ont présenté des difficultés à subvenir à leurs besoin sur la dernière année universitaire, nécessitant la distribution de pâtes, légumes, papier toilette et autres produits de première nécessité. Ainsi, GAELIS rappelle avoir distribué pas moins de 25 000 paniers-repas en un an. Et elle n’a pas été la seule association à avoir distribué de la nourriture aux étudiants.

Cette rentrée de septembre 2021 se fera dans un contexte sanitaire aussi tendu qu’il y a un an, avec en outre des frais encore plus élevés que les années précédentes d’après la présidente de GAELIS, Coline Pisaneschi :

« Depuis plusieurs années, le coût de la rentrée a fortement augmenté, ce qui n’a fait que creuser la précarité de la population estudiantine, déjà fragile. L’accès à l’enseignement supérieur ne devrait pas être synonyme de précarisation. Or, étudier dans l’une des plus grosses villes étudiantes du pays coûte de plus en plus cher et tend à devenir un luxe. »

Faire ses études à Lyon serait-il en train de devenir un luxe ? D’après les derniers indicateurs de GAELIS, en 2020, le coût de la rentrée universitaire s’élevait à 2470,18 euros à Lyon, contre 2344,70 euros en 2019. Cette année, les étudiants et étudiantes devront débourser en moyenne 2410,13 euros pour faire leurs études à Lyon, une somme au-dessus de la moyenne nationale de 2392 euros, en hausse de 1,32% par rapport à la rentrée 2020.

En cause, une augmentation générale du coût de la vie à Lyon, avec des frais courants plus importants pour la nourriture, la téléphonie et internet. Cette hausse des dépenses qui attendent les étudiants et étudiantes à la rentrée est toutefois limitée par la baisse des frais liés au Covid-19, qui avaient atteint des sommes particulièrement élevées l’année dernière.

Reste le point le plus épineux d’un budget étudiant : le logement, premier pôle de dépense pour beaucoup. D’après une étude de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) basée sur les données de LocService, Lyon se retrouve cette année sur la troisième marche du podium des villes de province les plus chères de France, juste derrière Annecy et Nice. Du côté de l’UNEF, avec une autre méthode de calcul, les résultats restent similaires : Lyon se retrouve également en tête de liste, deuxième ville de province la plus chère de France, derrière Nice.

Une rentrée universitaire marquée par les séquelles de la crise sanitaire

Alors que le Covid en est à sa 4e vague épidémique en France, GAELIS tire la sonnette d’alarme sur les conditions d’études qui s’annoncent tout aussi compliquées cette année. Or, d’après l’enquête FAGE-ISPSOS 2021 publiée en mai dernier, 72 % des jeunes de 18-25 ans ont rencontré des difficultés financières pendant la crise sanitaire. Pour beaucoup, le Covid a mis un terme à leur job étudiant, ne leur permettant plus de subvenir à leurs besoins.

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Sarah et ses amies à la manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020.Photo : LS/Rue89Lyon

Outre la précarité financière des étudiant.es, GAELIS insiste sur leur santé mentale. D’après cette même enquête, une proportion d’étudiant·es tout aussi importante (76%) affirme avoir rencontré des difficultés psychologiques pendant la crise sanitaire. En décembre 2020, Lyon a été secouée par le suicide d’un étudiant et par la tentative de deux autres. Plus largement, 94% des étudiant.es qui ont répondu à cette enquête ont déclaré avoir décroché de leurs études.

Dans le dossier de presse concernant cette rentrée de septembre 2021, GAELIS se montre plutôt pessimiste et redoute une année universitaire tout aussi compliquée que la précédente :

« Cette rentrée 2021 s’annonce particulière pour les étudiant·e·s. Après 1 an et demi sans avoir eu de cours en présentiel, nous ne sommes toujours pas assuré·e·s de pouvoir reprendre nos études de façon optimale et en toute sécurité. […] Enfin, les conséquences de cette crise vont perdurer dans le temps : les séquelles après plus d’un an d’isolement et de très grande instabilité, financière comme émotionnelle, vont marquer durablement cette génération qui doit avoir un réel soutien et un accompagnement pérenne. »

#La précarité tue

Lyon : l’écologie et le social « sont toujours liés » au Camp climat

Lyon : l’écologie et le social « sont toujours liés » au Camp climat

[Reportage] Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants de l’écologie se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais, pour un Camp climat. Objectif : former à de potentielles actions non violentes et travailler sur la mise en place d’alternatives écologiques.  

Il ferait presque un peu frais à Ranchal ce vendredi matin. Devant la salle des fêtes municipale, une quinzaine de tentes se sont installées depuis quelques jours. Un camping « couche tôt », un camping « couche tard », une scène pour accueillir les groupes… Les lieux auraient presque l’allure d’un petit festival.

À une heure et quart de Lyon, la petite commune du Beaujolais accueille depuis trois jours un des rassemblements importants des militants de l’écologie : le Camp climat de l’association Alternatiba ANV Rhône.

« Depuis deux ans, nous l’organisons à l’échelle locale, commente Tatiana Guille, une porte-parole d’Alternatiba Rhône. Avant le Covid, cela se faisait au niveau national. »

Pour cette deuxième édition, cinq jours de conférences et formations sont prévus. En tout, une centaine de personnes, principalement de Lyon et du Rhône, sont venues parler écologie. Parmi eux, des membres d’Alternatiba, mais aussi d’autres associations amies comme Extinction Rebéllion, Quicury ou même le collectif d’aide aux sans-abri de Lyon. « Je suis venu travailler sur quelques points techniques », sourit une de ses membres. Quelques simples sympathisants ont également fait le déplacement.

Se définissant souvent comme « éco-anxieux », les participants cherchent à s’investir pour un monde plus respectueux de l’environnement.

Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants de l'écologie se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais, pour un Camp climat.
Un atelier du Camp climat d’Alternatiba consacré à la coordination des actions non-violentes.Photo : PL/Rue89Lyon.

Un Camp climat dans le Beaujolais : l’écologie de la coordination d’actions non-violentes à l’atelier couture

Le programme est serré. Apprendre à organiser un événement militant, conférence sur la pollution de l’air… Sur un tableau, les différentes activités de la matinée sont affichées. À côté, un panneau établie les différentes tâches de la journée à faire. Tenir le bar, faire la plonge ou encore préparer le petit déjeuner font parties des potentielles missions. Chaque participant est appelé à réaliser une activité bénévole dans la journée. Une manière de pousser tout le monde à s’investir dans l’événement.

Dans le caveau de la salle des fêtes, là où se tient le bar du camp, des militants parlent d’actions non-violentes coups de poing, telles des occupation de banques. À Lyon, Alternatiba ANV Rhône est notamment connue pour bloqué durant deux heures la plateforme logistique d’Amazon. Une action qui se construit en amont. Tagueurs, afficheurs, observateurs… Le rôle de chaque activiste potentiel est décrit, en fonction de son degré d’investissement et de son désir de prendre des risques, ou non.

« Il est important de donner la cible de l’action le plus tard possible », commente un militant d’une quarantaine d’années.

Il passe en revue tous les détails techniques d’une opération, du lancement de l’action non-violente, à une potentielle garde à vue : « Souvent, certains activistes ne connaissent la cible de l’événement qu’une fois sur place », abonde son voisin.

En face de lui, ils sont une petite dizaine à écouter et poser quelques questions, quelque peu fatiguées par la nuit au camping. Certains ont veillé assez tard. Rassemblant un public assez jeune, les lieux accueillent aussi quelques têtes grisonnantes venues du secteur ou d’ailleurs. Parmi elles, Hélène, 57 ans, s’est retrouvée à l’atelier couture.

« Ma fille fait partie de l’événement, indique-t-elle. J’ai planté des graines durant son éducation. Ça n’a pas pris tout de suite mais, maintenant, c’est elle qui me donne des leçons ! »

À côté d’elle, des jeunes militants jouent de la machine à coudre.

« Essaye de perdre le moins de tissus possible », intime Laurane, 25 ans.

Cette ancienne service-civique d’Alternatiba est venue animer l‘atelier.

« C’est important de montrer pourquoi l’industrie textile n’est actuellement pas soutenable, indique-t-elle. L’idée est de démontrer qu’on peut éviter de tout jeter au moindre trou. »

Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants écologistes se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais.
L’atelier couture du camp climat d’Alternatiba.Photo : PL/Rue89Lyon

Écologie à Lyon : relier en permanence écologie et social

Curieusement, ce matin-là, c’est une formation, somme-toute, classique qui fait le plein. Dans la salle principale, deux militants proposent une présentation de l’histoire syndicale. 

Sur la vingtaine de personnes dans le public, seuls quatre personnes sont syndiqués. Sous le regard du sociologue Bernard Friot, l’exposé revient sur leur intérêt pour les différentes luttes menées par les associations écologistes. « On a quand même en France un taux de syndicalisation parmi les plus bas d’Europe », note un participant. 

Pour Alternatiba, l’atelier est une manière de rapprocher le combat écologique et social. 

« Les deux questions sont toujours liées », appuie Tatiana Guille. 

À 20 ans, l’une des porte-paroles de l’association souligne « la place importante » prise à Lyon de « Plus jamais ça ! ». Lancé au début du premier confinement via une tribune, ce mouvement avait vu la signature de l’ancienne ministre Cécile Duflot, de Jean-François Julliard de Greenpeace, et surtout de Philippe Martinez de la CGT. Une union que l’association veut pérenniser sur le terrain lyonnais.

« Il y a eu un travail en ce sens avec les syndicats lors des Marches pour le climat », note-t-elle. 

Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants de l'écologie se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais, pour un Camp climat.
Le Camp climat d’Alternatiba s’est tenu du 18 au 22 août.Photo : PL/Rue89Lyon.

Écologie à Lyon : la pollution de l’air et la ZFE au menu de la rentrée

Un rapprochement qui résonne avec les thèmes de prédilection d’Alternatiba. Pour cette rentrée 2021, l’association veut focaliser son travail sur la pollution de l’air et sur les luttes sociales. Or, sur Lyon, ces deux questions risquent d’être liées par un sujet : la Zone à faible émission (ZFE)

Cet automne, la Métropole de Lyon va lancer une concertation sur le renforcement de la ZFE. Objectif dès 2022, exclure tous les véhicules classés crit’air 5 des particuliers de la ZFE, soit les véhicules diesel immatriculés avant le 31 décembre 2000 ainsi que les véhicules essence datant d’avant le 1er janvier 1997. La mesure en fait tousser beaucoup, même à gauche. Certains soulignant que les plus précaires ont souvent les véhicules les plus polluants, car plus anciens.

« On est pour la ZFE, mais il faut qu’elle soit accompagné d’une dimension sociale importante », indique Tatiana Guille, en référence à ces problématiques.

Pour l’heure, la position d’Alternatiba n’est pas clairement établie cependant. Durant cette même matinée, une table ronde avait d’ailleurs lieu, sur le sujet. 

« Il faut être sûr que la vignette Crit’Air soit juste socialement », ajoute Brigitte, une militante en charge du dossier.

Un nouveau positionnement avec la Métropole de Lyon

Un exemple qui se place dans une réflexion plus globale sur le positionnement de l’association militante, vis-à-vis des nouveaux exécutifs écologistes à la tête de la Ville de Lyon et de la Métropole.

Se réclamant apartisane, l’association est cependant (beaucoup) plus proche des positions de l’actuelle majorité, que de la précédente.

« Est-ce qu’on doit critiquer la Métropole ? Normalement, c’est ce qu’on faisait durant le mandat de Collomb et Kimelfeld qui n’allaient absolument pas dans notre sens, commente Florent, dans l’association depuis 2019. Mais on voit qu’il y a aussi un gros travail à faire sur la bataille culturelle. Est-ce que notre rôle n’est pas aussi de les aider à la gagner ? »

Le militant estime que la difficulté est de ramener les populations des quartiers populaires, premières victimes de la pollution de l’air, vers les questions écologiques. Pour cela, il faudra peut-être aller dans le sens de l’institution.

« S’il y a des choses qui ne nous plaisent pas, on le dira », prévient de son côté Tatiana Guille.

En attendant, l’association, qui compte une centaine de membres actifs, va dérouler ses actions. Parmi elles, une Vélorution prévue le 25 septembre. 

Le camp climat d'Alternatiba
Les questions écologiques et sociales étaient au coeur du camp climat d’Alternatiba.Photo : PL/Rue89Lyon.

De la place Bellecour au musée : itinéraire des statues des frères Coustou, le Rhône et la Saône

De la place Bellecour au musée : itinéraire des statues des frères Coustou, le Rhône et la Saône

Place Bellecour, trônaient sous la queue du cheval les statues des Frères Coustou, représentant le Rhône et de la Saône. Dans la nuit du 22 au 23 mars 2021, ces deux statues ont quitté la place Bellecour afin d’être restaurées au Musée des Beaux-Arts de Lyon, leur nouvelle demeure jusqu’à nouvel ordre. Malgré leur place centrale, ces deux œuvres s’étaient fondues dans le décor de Lyon. Retour sur leur histoire.

Les deux allégories du Rhône et de la Saône furent commandées en 1714 par le maréchal de Villeroy – alors gouverneur du Lyonnais – à Nicolas et Guillaume Coustou. Ces deux frères originaires de Lyon, membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, avaient participé aux travaux de décoration
des châteaux de Versailles et de Marly.

Destinées à orner la statue de Louis de XIV, place Bellecour, elles furent placées en 1721 de chaque côté d’un piédestal monumental.

Statues Coustou Photo époque
La place Bellecour en 1721. Gravure de Benoît et Jean Audran. Image : Lyon-MBA

La Saône prend la forme d’une femme à l’air doux et paisible allongée sur un lion. Le Rhône, quant à lui, est représenté sous les traits d’un homme d’âge mur et vaillant avec, sous lui, un lion. Contrairement à la statue de la Saône, le lion est rugissant et tient, sous sa patte, poisson et produits agricoles, preuve de richesse et de domination des eaux du Rhône.

A l’abri dans l’hôtel de ville de Lyon

A la Révolution, leur sort faillit basculer. En 1792, un décret obligea la fonte des statues en bronze à l’effigie de Louis XIV. Le Rhône et la Saône furent quant à elles dépouillées de leur ornement en bronze et en marbre. Contrairement à la statue équestre, elles survécurent au supplice de la fonte grâce au maire de Lyon, Louis Vitet, qui les fit transporter dans l’atrium de l’hôtel de ville.

En 1825, le sculpteur François-Frédéric Lemot réalisa une nouvelle statue équestre de Louis XIV place Bellecour. Mais pour ne pas dénaturer son œuvre, il obtint que les bronzes des frères Coustou ne furent pas réinstallés.

Place Bellecour – 1ère moitié du XXe siècle. Photo : Jean Meunier / Image de la Bibliothèque municipale de Lyon

Les statues des frères Coustou restèrent un siècle et demi dans l’hôtel de ville, avant de regagner, en 1957, sur l’initiative du maire Edouard Herriot, leur place au pied de la nouvelle statue de Louis XIV surplombant la place Bellecour.

Cette fois-ci, sur un socle plus petit, accessible à l’œil et au toucher, leur faisant perdre de ce fait leur qualité majestueuse.

Afin de leur assurer une meilleure protection, elle furent toutes deux classées au titre des monuments historiques comme objets mobiliers en 1959.

Des statues au cœur de la place Bellecour, témoins de bien des événements

Installées place Bellecour, les statues des frères Coustou, ont été témoins de bien des événements.

Lors du la finale de la coupe du monde de football France/Brésil en 1998, où encore en juillet 2009 lorsque les fans de Mickaël Jackson s’y sont retrouvées suite à l’annonce de son décès. Sans parler de la foule amassée autour de ces œuvres à la suite de l’attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 et de toutes les manifestations qui se terminent ou commencent sur la place.

Les Lyonnais se donnent rendez-vous sous la queue du cheval mais, aux pieds d’un impressionnant Louis XIV, les statues du Rhône et de la Saône ont fini par se fondre dans le décorum.

Pratiques comme bancs, utiles comme marche-pieds, toboggan ou tremplin pour diverses cascades urbaines, elles ont perdu leur caractère d’œuvre d’art.

Or ces statues sont avant tout des œuvres exceptionnelles, explique le Musée des Beaux-Arts de la Ville de Lyon dans son riche dossier de presse consacré à la sauvegarde des statues des frères Coustou qui nous a aider à retracer leur histoire : 

« Il s’agit du dernier exemple de sculpture monumentale en bronze de cette époque [début XVIIIe siècle, ndlr] encore à l’air libre dans l’espace public. Dans les autres cas, les œuvres ont été mises à l’abri dans des musées, tels que le musée du Louvre ou le château de Versailles. […] Ces pièces sont d’autant plus précieuses qu’elles constituent de très rares vestiges des monuments érigés aux XVIIe et XVIIIe siècle sur les places royales en France, la quasi-totalité de ces œuvres ayant été détruites et fondues à la Révolution ».

Une restauration plus que nécessaire

Victimes de leur accessibilité, les statues ont été piétinées, gravées voire amputées (pour un doigt). Une restauration était donc plus que nécessaire.

La Saône des frères Coustou, Musée des Beaux-Arts. Photo Camille Brenot/Rue89Lyon

La restauration, qui est avant tout une mise en sécurité des œuvres, avait pour objectif de stopper le processus de dégradation. L’une des restauratrices de ce projet, Gaëlle Giralt, nous explique la démarche :

« Ce sont des pièces importantes et majeures, d’une facture belle et fine. (…)« La décision fut de conserver cette aspect brut d’une sculpture destinée à une exposition extérieure. L’idée n’étant pas de rendre son aspect original aux statues, mais d’effectuer une restauration minimaliste. La déontologie des restaurateurs étant d’user de procédés toujours réversibles, et lisibles.»

Rstauratrice statue Gaelle Giralt
Gaëlle Giralt, l’une des restauratrices des statues des frères Coustou. Photo Camille Brenot/Rue89Lyon

Les choix concernant le processus de restauration sont le fruit de discussions entre la conservatrice du Musée des Beaux-Arts, Ludmila Virassamynaïken, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (Drac) et la Ville de Lyon.

Mise à l’abri jusqu’à nouvel ordre au Musée des Beaux-Arts

La première étape de la restauration, la dépose, a été, à elle seule, pleine de péripétie. Le poids des œuvres tout d’abord a été source de crainte, notamment lors du transfert au sein du musée. Pour ce faire, les lignes à haute tension des bus place des Terreaux ont été coupées.

La dépose a réservé aussi son lot de surprises. Avec un monticule de détritus derrière chacune des statues. Une telle accumulation de déchets qu’un des restaurateurs, malgré ses précautions et sa paire de gants, a contracté la gale.

La restauration aujourd’hui achevée, les statues du Rhône et de la Saône vont s’installer au pied de l’escalier d’honneur du Musée des Beaux-Arts.

La prochaine à subir cette mise au propre sera celle de Louis XIV et de son fidèle destrier. Mais contrairement aux œuvres des frères Coustou, celle-ci devrait continuer à trôner sur la place Bellecour.

#sculpture

TCL : la concertation pour les lignes de tramway T9 et T10 est lancée

TCL : la concertation pour les lignes de tramway T9 et T10 est lancée

Le Sytral (l’organisme en charge des TCL) a lancé, lundi 23 août, une concertation pour le tracé des lignes de tramway T9 et T10 dans la Métropole de Lyon. La première doit permettre de désenclaver Vaulx-en-Velin et la deuxième devrait relier Gerland à Vénissieux.

Où voulez-vous que passe le tram ? Ce lundi 23 août, le Syndicat Mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (Sytral) a lancé sa concertation préalable sur le tracé de deux lignes de tram de la Métropole de Lyon.

Nord de Lyon : désenclaver Vaulx-en-Velin avec le tramway T9

Au nord de la ville, le T9 doit permettre de désenclaver « l’île » de Vaulx-en-Velin et rejoindre facilement le quartier de la Soie. Si ce dernier territoire de la ville est particulièrement est bien desservi, le reste de la commune l’est beaucoup moins. De plus, les deux parties de la ville sont peu reliées par les transports en commun. Une incohérence qui doit prendre fin avec ce projet. 9 km d’infrastructures nouvelles sont prévues entre Vaulx-en-Velin et Villeurbanne.

Suivant le tracé choisi, la future ligne pourrait, au choix, passer par l’Avenue Salengro puis la rue de Luizet, ou bien par la rue de la Feyssine. Sa mise en service est prévue pour 2026. Le coût du chantier est évalué à 224 millions d’euros.

Ligne de tramway T9 à Lyon
Le tracé du T9 à Lyon d’après le dossier de presse du Sytral.

Dans le sud de Lyon, un tramway T10 pour relier Saint-Fons

Alors que le T9 desservira la périphérie nord de Lyon, le T10, lui, aura pour objectif de désenclaver un peu plus le sud. L’idée sera de desservir Saint-Fons avec une ligne de transport en commun structurante. Jusqu’à présent, seuls des bus permettent de se rendre dans cette communes voisine de Vénissieux, au sud-est de Lyon.

Les emplacements des stations du T10 ne sont pas encore arrêtés. Elles devraient permettre de rejoindre les stations déjà existantes du T1, du T4 et des métros B et D. Juste avant la Gare de Vénissieux, deux variantes sont à l’étude : une par la rue Zola, l’autre par le boulevard Guérin.

Le coût du chantier s’élève à 230 millions d’euros. Comme la ligne T9, la mise en service de la ligne est prévue pour le premier trimestre 2026.

Ligne de Tramway T10, au sud de Lyon.
Le tracé du T10 à Lyon d’après le dossier de presse du Sytral.

Plusieurs rendez-vous à venir autour de Lyon

Dans le processus de concertation, plusieurs rendez-vous sont à noter. Une soirée d’ouverture de la concertation aura lieu le 1er septembre, en visioconférence, pour le T9, le 31 août, pour le T10. Deux réunions publiques sont prévues pour la ligne au nord de Lyon à Vaulx-en-Velin, le 20 septembre, et à Villeurbanne, le 23 septembre.

La phase de concertation préalable se terminera le 23 octobre. Elle laissera ensuite la place à un temps d’enquête publique avec un début des travaux, en théorie, en 2023 pour les deux lignes.

#tramway lyonnais

Ces écrivains qui dénigrent Lyon : on y bâille ferme pour Dumas et Stendhal

Ces écrivains qui dénigrent Lyon : on y bâille ferme pour Dumas et Stendhal

[Série] Au fil de l’histoire quelques grands écrivains sont passés à Lyon. Stendhal, Flaubert, Daudet, Camus, de Beauvoir, Dickens… Pour beaucoup l’expérience n’a pas toujours été au rendez-vous et le livre d’or qu’ils ont laissé est parfois dur et acerbe.

Malgré la renommée et la virtuosité de leur plume, ces grands esprits ont donné dans le cliché. Des clichés qui trahissent malgré tout une part de vérité sur ce que donnaient à voir d’elles-mêmes la ville de Lyon et son industrie par le passé.

Ville bourgeoise, fermée, froide et aimant tellement le travail ou la messe qu’elle en oublierait de s’amuser. Cette image colle à la peau de Lyon depuis le XIXe siècle au moins. Avant que les choses finissent par changer et que la ville parvienne à acquérir l’image d’une « ville en mouvement », à défaut d’être celle où on demande à se faire enterrer pour être plus près du paradis.

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Covid : quel protocole sanitaire à la rentrée dans les écoles de Lyon ?

Covid : quel protocole sanitaire à la rentrée dans les écoles de Lyon ?

Dans dix jours, la rentrée scolaire du 2 septembre se fera au beau milieu de la 4e vague de coronavirus. Sur les quatre protocoles sanitaires prévus, l’année scolaire démarrera déjà au niveau 2 à Lyon comme dans les reste de la France.

protocole sanitaire rentrée scolaire école Lyon
L’intérieur d’une des classes de maternelle de l’école provisoire des Girondins.Photo : LB/Rue89Lyon

La 4e vague de coronavirus s’est bien installée à Lyon comme dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les contaminations tendent désormais à stagner alors que les hospitalisations poursuivent une hausse constante d’après le point épidémiologique en date du 18 août. Du côté de la campagne de vaccination, le nombre de nouvelles injections se tasse et les mobilisations contre le vaccin ou contre le pass-sanitaire continuent, y compris ce samedi.

Dans une dizaine de jours, la rentrée scolaire se fera dans ce contexte sanitaire et social tendu. Pour éviter au maximum de nouvelles contaminations, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé ce dimanche 22 août dans le JDD le protocole sanitaire en vigueur à la rentrée.

Quatre niveaux de protocole sanitaire sur la table pour la rentrée

Ce protocole prévoit quatre scénarios classés du vert au rouge selon leur gravité, auxquels correspondent des mesures sanitaires plus ou moins strictes. Malgré leurs couleurs, ces quatre niveaux de protocole sanitaire diffèrent finalement assez peu.

Le premier niveau, le vert, est le plus optimiste, : des cours en présentiel pour tous les élèves, le port obligatoire du masque à l’intérieur pour les personnels et les élèves de plus de 11 ans, les gestes barrières, la désinfection quotidienne des surfaces et la limitation des gros regroupements d’élèves.

Le 4e et dernier niveau, le rouge, ne prévoit pas de fermeture des établissements scolaires. Même à ce stade, les élèves de primaire auront cours en présentiel. Pour les plus grands, les cours se feront de manière hybride avec une jauge à 50% à partir de la classe de 4e. Les activités sportives devront se dérouler uniquement en extérieur et avec une distanciation de 2 mètres.

Pour le reste, les mesures sanitaires du 4e et du 3e niveau sont similaires au protocole de niveau 2, le jaune, à savoir celui qui a été retenu pour cette rentrée scolaire du 2 septembre.

Protocole sanitaire de niveau 2 pour la rentrée scolaire à Lyon

Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, les mesures du niveau 1 ne suffiraient pas à endiguer la vague épidémique. Les établissements scolaires de Lyon, comme ceux du reste du territoire, seront donc soumis à la rentrée de septembre au protocole sanitaire jaune, de niveau 2.

En plus des mêmes mesures sanitaires que le protocole de niveau 1, le niveau 2 prévoit quelques dispositions un peu plus strictes.

Le masque sera toujours obligatoire pour les personnels et cette fois-ci pour les élèves à partir du CP. Le brassage des élèves devra être limité à leur niveau de scolarité et les récréations se feront par groupes. Quant aux surfaces, elles devront être désinfectées plusieurs fois par jour.

Les activités sportives se feront de préférence en extérieur sauf cas exceptionnels (pluie, installations nécessaires…). Une distanciation de 2 m devra être mise en place entre les élèves. Les sports de contact, eux, ne pourront tout simplement plus être pratiqués.

Une procédure unique en cas d’élèves cas-contacts

Quelque soit le niveau de protocole en vigueur, la procédure concernant les cas-contacts reste inchangée dans les établissements scolaires.

Dans les écoles, dès le premier élève contaminé, la classe sera fermée pendant sept jours et les cours se poursuivront en distanciel.

Au collège et au lycée, les élèves cas-contacts pourront continuer leurs cours en présentiel s’ils sont complètement vaccinés. Leurs camarades non vaccinés, eux, devront suivre les leçons à distance pendant sept jours.

#protocole sanitaire

Oullins : avec le projet urbain « la Saulaie doit devenir un seul et même quartier »

Oullins : avec le projet urbain « la Saulaie doit devenir un seul et même quartier »

[Interview] A Oullins, l’ancien quartier ouvrier de la Saulaie doit être transformé en « écoquartier durable » d’ici 2033. Béatrice Vessiller (EELV), vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de l’urbanisme présente ce projet d’aménagement urbain. À partir de 2025 normalement, un nouveau quartier devrait commencer à voir le jour à côté de l’existant.

Béatrice Vessiller, conseillère municipale EELV à Villeurbanne et conseillère métropolitaine
Béatrice Vessiller, 2ème Vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de l’urbanisme. Photo : BE/Rue89Lyon

Béatrice Vessiller, vice-présidente de la Métropole, en charge de urbanisme et du « cadre de vie », revient pour Rue89Lyon sur l’avancée du projet d’aménagement du quartier de la Saulaie.

40 hectares sont concernés, dont 20 hectares de friches situés derrière la gare d’Oullins sur la zone d’aménagement concertée (ZAC) qui accueillait autrefois les ateliers de la SNCF. Coût du projet : 77 millions d’euros. 19 millions d’euros sont à la charge de la Métropole et 2,5 millions d’euros à la charge de la Ville d’Oullins.

Béatrice Vessiller l’assure : « le projet n’est pas encore définitif ». Les grandes orientations sont toutefois fixées. Il s’agit de faire du quartier de la Saulaie, considéré comme un quartier prioritaire (QPV), « un écoquartier durable redynamisé ». Pour ce faire, la ZAC doit accueillir près de 136 000 m2 de nouveaux bâtiments et d’équipements publics.

Alors que la Métropole de Lyon et la mairie d’Oullins souhaitent associer les habitant·es de la Saulaie au projet, une grande partie n’a pas encore eu vent de l’aménagement du quartier. Le risque est de voir apparaître une fracture urbaine et sociale au sein même de la Saulaie. Elle-même l’assure, il s’agit avec ce projet de créer une sorte de nouveau quartier dans le quartier à côté de la partie ancienne du quartier en dehors de la ZAC. Pour parer à cette éventualité, Béatrice Vessiller compte sur la concertation et la volonté de réhabilitation de l’ancienne partie du quartier.

En vert, les 20 hectares de la Saulaie actuellement en friche concernés par le projet urbain. Source : site Internet de la Ville d’Oullins

Rue89Lyon : En quoi va consister le futur aménagement urbain du quartier de la Saulaie à Oullins ?

Béatrice Vessiller : 850 logements seront construits dont 60% de logement abordables. Il y aura aussi des locaux destinés à accueillir de l’activité économique tertiaire, commerciale et artisanale.

Un groupe scolaire allant de la maternelle à l’élémentaire sera construit ainsi qu’une crèche et un gymnase. Un dojo dédié aux arts martiaux sera potentiellement crée, mais il faut voir s’il est possible de financer un tel équipement. Ce n’est pas encore acté.

Un équipement hôtelier doit aussi voir le jour. Plusieurs projets sont actuellement en discussion pour définir sa forme. Plutôt qu’un hôtel classique, nous ferions éventuellement un centre de séjour pour les jeunes.

Un lieu de culte musulman est aussi prévu.

Dans le quartier déjà existant situé en dehors de la ZAC, nous envisageons de mettre en place une procédure de projet urbain partenarial. Cela permettra de faire participer les opérateurs qui interviendraient aux financement des nouveaux équipements publics dans le quartier plus ancien.

L’exécutif écologiste de la Métropole a récupéré un projet qui avait été impulsé en 2017. Comment avez-vous réorienté ce plan ?

Concernant la programmation, nous allons augmenter la part de logements abordables. Il s’agira de logements sociaux locatifs et de logements en accession abordable et durable, basés sur le dispositif de bail réel solidaire. La part d’accession libre sera réduite de 10% pour que la part de logements abordables atteignent 60%.

La part de constructions destinées au secteur tertiaire sera également diminuée afin d’augmenter la part dédiée à l’économie productive. À l’origine, 56 000 m2 de tertiaire étaient prévus, nous voulons passer à 40 000 m2 au profit d’activités commerciales, artisanales et autour de l’alimentation durable.

Concernant le parc public, il devait faire 5 000 m2 dans le projet initial. Sa taille sera doublée. Ce grand parc d’un hectare permettra d’aérer et de végétaliser le quartier en le dotant d’un « poumon vert » central important.

Un nouveau projet en dehors de la ZAC est actuellement en cours d’étude. Il s’agit de la création d’une nouvelle passerelle passant sur le Rhône, entre Gerland et Oullins. Cette liaison atterrira au niveau de l’Yzeron à la Saulaie. Cette traversée permettra de renforcer la dimension « mobilité active » de l’écoquartier. (Ce projet de passerelle pour modes doux entre le parc de Gerland et les berges de l’Yzeron à Oullins est un projet à l’origine de Gérard Collomb en 2014 et jamais réalisé jusqu’alors, NDLR)

Comment travaillez-vous avec la maire (Les Républicains) d’Oullins ?

La Métropole est en phase avec la Ville d’Oullins. Nous avons un objectif commun : la mise en place d’un quartier très ambitieux sur le plan environnemental et la volonté d’y associer les habitants.

Nous avons instauré un comité de pilotage qui comprend la mairie d’Oullins et la mairie de La Mulatière, car de l’autre côté de l’Yzeron il s’agit de La Mulatière : une petite partie de la ZAC s’y trouve.

« Il n’y aura plus de no man’s land entre le quartier existant de la Saulaie et le centre-ville d’Oullins »

Quelles sont les différentes phases du projet à venir ?

Le projet a été lancé il y a déjà quelque temps, mais lors du mandat précédent il n’a pas beaucoup avancé. Nous pouvons regretter que dans un quartier aussi bien situé avec une gare et un métro, le projet urbain n’ait pas démarré plus tôt.

Nous souhaitons rentrer désormais en phase opérationnelle et faire un beau projet.

L’aménagement de la ZAC a été confié à la Société d’Équipement et d’aménagement du Rhône et de Lyon (SERL) en 2020. Cette année a eu lieu la désignation de l’équipe d’urbanistes et de paysagistes. Les études urbaines vont s’étendre jusqu’en 2022.

L’enquête publique aura lieu sur la période 2022-2023. Une déclaration d’utilité publique devra être lancée en 2023 pour acquérir encore quelques terrains dont la Métropole n’a pas encore la propriété dans le périmètre de la ZAC.

En 2023 les travaux démarreront, ainsi que les consultations pour trouver des promoteurs. Les premières livraisons sont attendues en 2025.

Le projet prévoit de faire de la Saulaie un « écoquartier durable » : qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Nous voulons que le quartier soit très ambitieux sur le plan environnemental. Si le quartier s’appelle la Saulaie, c’est parce qu’un jour il y a eu la présence de saules. Il faudra donc retrouver une forte dimension de nature en ville, même si il y aura d’importantes constructions de bâtiments. Nous allons être très exigeants pour que l’impact carbone soit limité.

Nous mettrons en place un mode de chauffage original, ce sera une première dans la métropole. Il s’agira d’utiliser un réseau tempéré sur les eaux usées. La chaleur des eaux usées qui traversent le secteur sera récupérée pour faire un premier chauffage du réseau urbain qui servira à chauffer les logements et les locaux d’activité.

Le Sytral (autorité organisatrice des transports en commun dans la métropole de Lyon, ndlr) est aussi impliqué dans le projet car il y a un enjeu autour du devenir du parc relais. Compte tenu du prolongement du métro B à Saint-Genis Laval en 2023, le parc relais sera réduit progressivement. Ce prolongement justifiera encore moins la présence du parc relais à Oullins.

Nous espérons que les personnes venant de Saint-Genis-Laval, Pierre-Bénite et Irigny prendront le métro à Saint-Genis-Laval et qu’elles ne viendront plus engorger Oullins en voiture.

Un des objectifs du projet est de renforcer la connexion du quartier avec Oullins et la métropole lyonnaise. Par quels moyens ?

Dans la composition urbaine sur laquelle les architectes et les urbanistes travaillent nous veillons à assurer une continuité des espaces publics. Il faut que le parc public soit facile d’accès et bien relié au quartier existant.

Le travail d’aménagement de l’espace public doit relier les espaces publics du quartier existants avec les futurs espaces publics.

Ce nouveau quartier sera bien relié à la ville d’Oullins existante de l’autre côté de la voie ferrée. Il n’y aura plus un no man’s land entre le quartier existant de la Saulaie et le centre ville d’Oullins, car le nouveau quartier fera le lien entre les deux.

terrains friches ZAC quartier Saulaie Oullins
Derrière le métro d’Oullins, les terrains en friche accueilleront de nouvelles constructions dans le cadre du projet d’aménagement urbain de la Saulaie.Photo : ED/Rue89Lyon

« D’ici quelques années la Saulaie doit devenir un seul et même quartier »

Actuellement, les habitants rencontrés ne sont pas au courant de ce projet à la Saulaie et certains le déplorent. Dans quelle mesure les habitants vont-ils être associés au projet d’aménagement du quartier ?

Un des enjeux pour réussir ce projet est d’associer les habitants actuels du quartier. La maire d’Oullins (Clotilde Pouzergue, LR) tient à impliquer les habitants et elle veut retourner discuter avec eux du projet. Avec le Covid et les confinements ce n’était pas trop possible mais il est prévu de reprendre la concertation cet autonome jusqu’en 2023, date du début des travaux.

Début 2022 nous allons installer une maison du projet à la Saulaie. Il s’agira d’un lieu où les habitants pourront s’informer sur le projet et participer aux ateliers de conception. Le Pôle initiatives Ville d’Oullins (PIVO) sera aussi présent. Nous souhaitons associer les habitants sur le nouveau projet et sur les installations urbaines temporaires.

Le projet prévoit de s’étendre principalement sur les 17 hectares sur la ZAC de la Saulaie. Qu’est-il prévu pour l’autre partie du quartier qui accueille déjà des logements et des commerces ?

La Métropole a confié à l’architecte urbaniste désigné par la SERL une mission d’étude sur l’ensemble du territoire. Nous aurons bien une réflexion globale à l’échelle de tout le quartier.

Le quartier existant bénéficiera d’une politique publique d’amélioration importante. Pour les immeubles intéressants à réhabiliter il est prévu une réhabilitation très qualitative avec le dispositif Ecoréno’v.

Il y aura aussi quelques démolitions ciblées. Elles concerneront notamment des immeubles au bord de l’Yzeron qui sont en très mauvais état et qui ne sont pas réhabilitables. Cela permettra de créer une promenade agréable sur le bord de l’Yzeron et améliorera la qualité urbaine du projet.

Mais nous privilégions les réhabilitations autant que possible plutôt que les démolitions.

Comment comptez-vous assurer la mixité sociale entre les nouveaux arrivants et les anciens habitants de la Saulaie ?

C’est toujours un challenge lorsqu’on crée un nouveau quartier à côté d’un quartier existant. Pour que l’accroche s’opère correctement il faut que les habitants déjà présents soient associés au projet du nouveau quartier.

Les nouveaux lieux seront fréquentés par les habitants actuels. Les nouvelles activités économiques et les nouveaux emplois doivent leur profiter. D’ici quelques années cela doit devenir un seul et même quartier.

Les pigeons à Lyon : « artificiels et inutiles pour la biodiversité »

Les pigeons à Lyon : « artificiels et inutiles pour la biodiversité »

[Série] Pour ce cinquième épisode dédié aux animaux de Lyon, focus sur les pigeons qui accompagnent le quotidien de (presque) tous les Lyonnais, sans pour autant provoquer chez eux les mêmes sentiments. Joie ou dégoût : ces petits plumés qui se reproduisent à la vitesse de l’éclair ne laissent personne indifférent.

En ce mercredi matin du mois d’août, Claire-Cécile, 32 ans, est assise sur un banc sur les bords du Rhône, non-loin de la piscine municipale Tony Bertrand (Lyon 7e). Elle vient de finir son pain au chocolat acheté dans une boulangerie à proximité. Alors qu’elle finit son festin, elle agite en direction du sol le petit sachet de la viennoiserie, rempli de miettes. Ni une, ni deux, la voilà entourée par une foultitude de pigeons, glougloutant à qui mieux mieux et gobant les poussières de pains au chocolat éparpillées sur le sol. Elle a fait ce geste « sans trop y penser » :

« Je fais ça souvent. Je ne dirai pas que c’est un réflexe non plus, mais c’est une petite habitude sympa. »

Elle ajoute :

« J’aime bien les pigeons, ils sont ludiques et inoffensifs. Quand je garde les enfants de ma sœur, on va souvent se balader sur les bords du Rhône et on nourrit les cygnes et les pigeons. »

Questionnée sur le caractère envahissant du pigeon, Claire-Cécile semble perplexe :

« Ça va, je trouve, ce n’est pas comme à Paris non plus, ce n’est pas la grande invasion. »

En apprenant que la Ville de Lyon interdit depuis 2016 de nourrir les pigeons, la Lyonnaise semble encore plus mal-à-l’aise :

« Je ne savais pas. Je ne sais pas si mes trois miettes changent grand-chose et je ne pense pas qu’on va m’arrêter pour ça. »

Cette habitude est partagée par bon nombre de Lyonnais, ils y sont même attachés : Un contact sympathique avec la faune au milieu d’une journée bétonnée.

Des pigeons qui picorent sur la place Jean Macé ©LS/Rue89Lyon
Des pigeons qui picorent sur la place Jean MacéPhoto : LS/Rue89Lyon

« Les pigeons sont artificiels et inutiles pour la biodiversité »

Hugues Mouret est expert en biodiversité, agroécologie et directeur scientifique d’Arthropologia, une association de défense de l’environnement basée à La Tour-de-Salvagny, à l’ouest de Lyon. Pour lui, le pigeon « ne sert à rien » et nuit à la biodiversité :

« Les pigeons sont artificiels et inutiles pour la biodiversité. On compte trop de pigeons en France, ce n’est pas gérable pour la nature. »

Il poursuit :

« Les pigeons des villes ont été créés par l’homme, s’ils posent problème, c’est un peu le problème de l’homme. »

Une espèce « créée » par l’homme ? En effet, les humains ont jadis domestiqué l’animal pour sa chair, et ce, dès l’antiquité. Les pigeons des villes comme Lyon seraient des lointains descendants échappés ou relâchés des pigeonniers européens. Des élevages présents jusque dans l’ancien empire byzantin. Le pigeon biset ou colombin est donc considéré comme un animal domestique, commensal à l’homme : Il est dépendant de celui-ci par son nourrissage, volontaire ou involontaire.

Hugues Mouret le souligne :

« Le pigeon ne joue aucun rôle pour la vie sauvage, il faut vraiment se dire que c’est un animal dont la population ne croît et décroît qu’en fonction du nourrissage de l’homme. »

Un constat partagé par le monde scientifique. Une étude publiée dans la revue anglophone PLOS et reprise par le magasine National Geographic gage carrément que les rats et les pigeons remplacent peu à peu les espèces endémiques, dans une perspective d’uniformisation des espèces.

La Ville de Lyon n’asphyxiera plus de pigeons

Patrice Franco est directeur de la Ligue de Protection des Oiseaux du Rhône. Lui aussi rappelle que le pigeon n’est pas considéré comme un animal sauvage, et que, de ce fait, il ne s’agit pas d’un oiseau qui concerne la LPO :

« C’est vrai que ça porte à confusion. Quand il y a des opérations de gestion du pigeon, on reçoit des coups de fil de gens outrés, mais c’est un animal domestique, ce n’est pas notre domaine. »

Patrice Franco poursuit :

« Quand on laisse des chèvres seules dans la nature, elles finissent par prendre la forme de bouquetins. Peut-être qu’il pourrait en être de même pour le pigeon. Pour l’instant, on en est loin. »

Il semble donc que le pigeon soit un animal boudé, s’approchant dangereusement de la case « nuisible ». Bruyant, sale, susceptible d’être porteur de maladies et se reproduisant à toute vitesse, il peut parfois rendre la vie très difficile à ses voisins humains. C’était par exemple le cas de Zohra, habitante d’un logement social au sous-quartier de la Sauvegarde (Lyon 9e) qui a vécu une invasion telle qu’elle avait condamné la porte de son balcon.

Jusqu’en 2019, des opérations de capture de pigeons au filet étaient organisées par la Ville de Lyon. Elles ont été interrompues car il avait été considéré que le nombre de spécimens avait suffisamment diminué. À l’époque, les pigeons attrapés étaient asphyxiés au CO². Nicolas Husson est adjoint au maire de Lyon et chargé des questions de biodiversité, de nature en ville et de protection animale. Il n’a pas donné d’autorisation pour que ce genre de pratique reprenne à Lyon :

« C’est un peu barbare quand-même. »

pigeons lyon
Pigeons. CC Ashitoshu/Pexels

Les pigeons continueront de proliférer tant que des Lyonnais les nourriront

Cependant, depuis 2019, les pigeons de Lyon se sont bien remplumés, même s’il semble difficile d’en avoir une estimation chiffrée. Il va donc falloir commencer à repenser comment en endiguer l’expansion. Nicolas Husson a commandé un rapport à la direction de l’écologie urbaine pour évaluer la marche à suivre. En attendant, il tempête :

« Le problème se posera à l’infini tant que les gens continueront de nourrir les pigeons. Dans le 8e, le service d’écologie urbaine a été jusqu’à téléphoner aux habitants un par un pour leur demander d’arrêter de nourrir les pigeons. »

Il poursuit :

« Ça pose plein de problèmes, ils pourraient propager des maladies zoonotiques. Les pigeons sont susceptibles de transmettre la salmonellose par exemple. Dans l’habitat, ils nichent dans les combles, et leur fientes peuvent filtrer. »

Pigeons lyon Nicolas Husson adjoint
Nicolas Husson, 16è adjoint à la Mairie de Lyon. Il s’occupe des questions de biodiversité, de nature en ville et de protection animale.Photo : LS/Rue89Lyon

Les services d’écologie urbaine dépistent souvent les pigeons pour vérifier qu’ils ne sont pas porteurs de maladies zoonautiques. Nicolas Husson martèle :

« Lutter contre l’habitat insalubre c’est lutter contre les désagréments des pigeons. »

L’adjoint au maire de Lyon ne porte décidément pas dans son cœur ces petits plumés. Au point même de s’être brouillé à ce sujet avec l’un des refuges les plus importants de la région, le Refuge de l’Hirondelle, qui soigne parfois des pigeons :

« Je me vois mal subventionner généreusement une structure qui soigne les pigeons. Il s’agit d’animaux que la Ville peine à contrôler. Le Refuge de l’Hirondelle a choisi de préserver les mémés à pigeons qui sont leurs financeuses au détriment de la collectivité qui fait des choix stratégiques. »

Même s’il renâcle à le faire, l’élu a garanti que la Ville de Lyon subventionnera tout de même le refuge, sans préciser le montant.

« On soigne tous les animaux de la même manière »

Lorsque Rue89Lyon s’est rendu au Refuge de l’Hirondelle, aucun pigeon n’était dans les couveuses ou les box de soin. Interrogée au sujet de la proportion de pigeons soignés, Anne Fourrier, chargée de développement au Refuge de l’Hirondelle, a déclaré :

« Ce ne sont pas les animaux que l’on soigne le plus, ils ne représentent pas un dixième de ce qu’on récupère en martinets noirs par exemple. »

Pour autant, il est vrai que la structure prend en charge les pigeons blessés qu’on leur amène :

« On a un rôle d’accompagnement des personnes désemparées qui trouvent des animaux blessés. On soigne tous les animaux de la même manière et on ne va pas dire « non, c’est un pigeon, alors il reste dehors ». »

Pigeons lyon
Pigeons CC Pixabay /Pexels

Elle conclut :

« Et surtout, on n’oublie jamais de dire aux gens qu’il ne faut pas nourrir les pigeons. »

Le pigeon est donc un sujet très « chaud » à Lyon, dont la gestion s’avère hautement politique. Et si tout le monde est tombé d’accord pour dire que le gazage était un procédé violent qui n’est plus envisageable, le problème de la prolifération reste entier.

« On va mettre des pigeonniers stérilisateurs »

Pierre Athanaze est vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’environnement, de la protection animale et de la prévention des risques :

« On a plein d’idées pour limiter la population. On va localiser les points principaux où les pigeons nichent et on va mettre des pigeonniers stérilisateurs. Soit on y mettra des graines contraceptives, soit on stérilisera les œufs. »

Pigeons lyon Pierre Athanaze Métropole Lyon
Pierre Athanaze est le 11e vice-président de la Métropole. Il a à sa charge l’environnement, la protection animale et la prévention des risques.Photo : LS/Rue89Lyon

Comment stérilise-t-on des œufs ? Il est par exemple possible de les secouer, ce qui stoppe la formation du jaune. Pierre Athanaze s’en amuse :

« C’est un job de bons joueurs de maracas ! »

Il est aussi possible d’asperger d’huile les œufs, qui pénètre alors la surface et tue les embryons. Pierre Athanaze précise que pour l’instant, les contraceptifs sont l’hypothèse favorite de la Métropole. Cependant, l’élu n’a pas donné de délai de mise en place d’un tel programme. Il y a donc a le temps de voir venir.

#oiseaux

Oullins : « il faut que nous retrouvions un vrai lieu de vie à la Saulaie »

Oullins : « il faut que nous retrouvions un vrai lieu de vie à la Saulaie »

[Reportage] A l’est d’Oullins, le quartier de la Saulaie va faire l’objet d’un vaste projet d’aménagement urbain. Rencontre avec des habitant·e·s de cet ancien quartier ouvrier, qui oscillent entre résignation et espoir de transformation.

Métro B gare Oullins Saulaie
La sortie du métro de la ligne B à la gare d’Oullins.Photo : ED/Rue89Lyon

A l’entrée de la Saulaie, les va-et-vient rythment la sortie du métro d’Oullins. Quelques mètres plus loin, le petit quartier semble désert en cette période de vacances scolaires. De son passé ouvrier, la Saulaie en a gardé des immeubles aux façades défraichies. Les mêmes logements accueillaient autrefois les familles de cheminots.

Pour accéder à l’avenue Jean Jaurès au cœur du quartier, il faut contourner les friches situées derrière la gare. Ces grands terrains accueillaient autrefois les ateliers de la SNCF.

Coincée entre le chemin de fer et l’autoroute A7, la Saulaie fait partie des « quartiers prioritaires » de la métropole de Lyon. Comprendre : quartier populaire ou banlieue défavorisée.

Sur les 795 logements existants, 283 sont des logements sociaux. Selon l’Insee, le revenu médian des ménages de la Saulaie est de 1120 euros par mois. A titre de comparaison, le revenu médian est de 1830 euros par mois à l’échelle de la métropole (chiffres 2020).

Un quartier enclavé

« Ce quartier est mort, qu’est-ce que vous voulez y changer ? ».

Du haut de ses 17 ans, Mehdi a toujours vécu à la Saulaie. Survêtement sur le dos et cheveux coiffés à la cire, l’adolescent arpente son quartier en dissimulant son air désœuvré derrière une allure nonchalante. Lorsqu’il parle de ces rues qu’il connaît par cœur, Mehdi sourit un peu tristement :

« J’aime mon quartier mais il m’écœure. Ici tout le monde se connaît, parce qu’on est tous dans la même merde. »

terrains friches ZAC quartier Saulaie Oullins
Derrière le métro d’Oullins, les terrains en friche marquent une séparation avec le quartier de la Saulaie.Photo : ED/Rue89Lyon

A la Saulaie, selon Mehdi, c’est toute l’année que les jeunes cohabitent avec « l’ennui » :

« Il n’y a pas d’activités organisées pour les jeunes dans le quartier. Alors les gamins trouvent vite quelque chose à faire dans les trafics de drogues. »

A l’image des habitant·e.s du quartier que j’ai rencontrés, il ressort du discours de l’adolescent un sentiment d’isolement :

« L’installation du métro nous a ramené de nouvelles têtes et nous facilite la vie pour nous déplacer. Mais quand on regarde le grand mur de la gare, on comprend vite que le quartier est de l’autre côté. On est séparés ici à la Saulaie. »

« il manque beaucoup de choses à la Saulaie »

Habitante quartier Saulaie Oullins
A côté du chemin de fer séparant le centre-ville d’Oullins et de la Saulaie, Lamaa tient une petite épicerie depuis sept ans.Photo : ED/Rue89Lyon

Au bout de la rue Pierre Semard, Lamaa habite avec son mari au-dessus de leur épicerie depuis douze ans. Tous les jours, de huit heures à deux heures du matin, le couple de Tunisiens se relaie pour tenir la caisse. Dans les petites allées bien rangées du « Marché d’à côté », Lamaa est devenue un personnage incontournable de la Saulaie.

Tout en servant sa fidèle clientèle, Lamaa explique apprécier « le calme du quartier » mais déplore sa configuration :

« Le passage par la voie ferrée près de mon épicerie a été fermé. Pour accéder au quartier, les gens sont obligés de faire le tour. Nous sommes un point relais et souvent les gens ne trouvent pas le magasin. »

train voie ferrée entrée quartier Saulaie Oullins
Pour franchir la voie ferrée il faut emprunter un passage souterrain.Photo : ED/Rue89Lyon

Lamaa estime qu’il manque « beaucoup de choses » du quotidien à la Saulaie, comme un distributeur d’argent ou un lieu permettant d’imprimer. Mère de quatre enfants, Lamaa n’a pas de voiture. Elle regrette l’absence de parcs de jeux et la petite taille de l’école, qui nécessite que ses enfants changent d’établissement après le CE2.

« C’est difficile de devoir courir à droite et à gauche pour récupérer les enfants à différentes sorties d’école. »

Un projet méconnu des habitants

Comme l’immense majorité des habitant·e·s rencontrés, Lamaa n’a jamais entendu parlé du projet d’aménagement du quartier. La Métropole de Lyon et la Ville d’Oullins ont néanmoins exposé le projet sur leur site web respectif (voir ici et ).

Mais la communication ne semble pas encore avoir atteint les gens de La Saulaie. Selon la Métropole, les concertations avec les habitant·e·s, freinées par les confinements, devraient reprendre cet automne.

Immeubles quartier Saulaie Oullins
A la Saulaie l’état des bâtiments est très hétérogène, certaines constructions datent du début du 19ème siècle.Photo : ED/Rue89Lyon

Porté par la Métropole de Lyon et la Ville d’Oullins, le projet d’aménagement urbain de la Saulaie a été lancé en 2017. Il prévoit notamment de « renforcer la connexion de la Saulaie à Oullins et à l’ensemble de la métropole lyonnaise » et « d’améliorer le cadre de vie du quartier ».

A partir de 2025, près de 136 000 m2 de bâtiments devraient être implantés sur la ZAC de la Saulaie.

Logements, commerces, activités économiques et équipements publics doivent venir remplacer les 20 hectares de friches. Il est prévu également l’installation d’une nouvelle école primaire de 14 classes (de la petite section au CM2) et l’implantation d’une mosquée. Afin « végétaliser le quartier », la Métropole souhaite créer aussi un parc d’un hectare.

Berge Yzeron quartier Saulaie Oullins
Le long des berges de l’Yzeron (un affluent du Rhône), le quartier de la Saulaie s’étend jusqu’à la commune de la Mulatière.Photo : ED/Rue89Lyon

Pour la partie du quartier déjà existante, la Métropole promet une « réhabilitation lourde » basée sur le dispositif Ecoréno’v. Mais certains immeubles longeant le bord de l’Yzeron ne sont pas réhabilitables en raison de leur mauvais état. Selon la Métropole, ils feront alors l’objet de « démolitions ciblées ».

Mehdi, qui n’a jamais entendu parle du projet, reste sur la réserve quant à de possibles transformations du quartier :

« Il y a quelques années il y a eu une rénovation dans le quartier. C’était juste un ravalement de façade pour quelques immeubles. Des places de parking ont aussi été retirées, alors que les gens peuvent se battre pour en avoir une. Je pense que cette rénovation a eu lieu à cet endroit uniquement parce que c’était un point de deal. »

« Rendre le quartier plus vivant »

« On ne se sent pas en sécurité à la Saulaie. Beaucoup de mes voisins ont déménagés à cause de ce problème. Le projet pourra permettre de valoriser le quartier. »

Hai a emménagé à la Saulaie il y a quatre ans. C’est le seul endroit à proximité de Lyon où cet auxiliaire de vie a pu trouver un logement adapté à son budget. Mais lorsque le Sauléen marche dans son quartier, il ne s’attarde pas et reconnaît avoir « peur d’y sortir le soir ». Pour lui, il faut « plus de sécurité » et surtout « renouveler le quartier ».

fresque mur ZAC quartier Saulaie
Fresque sur un des murs longeant les terrains en friche des anciens ateliers SNCF de la Saulaie.Photo : ED/Rue89Lyon

Cet homme de 39 ans est le seul habitant que j’ai croisé qui a eu vent du projet d’aménagement. Mais il déplore que sa mise en place « prenne beaucoup de temps ».

« Il faut que nous retrouvions un vrai lieu de vie. Il s’agirait de rendre le quartier plus vivant avec davantage d’animations pour faire sortir les gens de toutes les générations. A la Saulaie, il manque des bars, des restaurants, des concerts… »

En attendant, la « frontière » entre la Saulaie et le reste de la ville persiste :

« A la Saulaie, on a l’impression de ne pas être dans le même monde, lâche Hai. »

> Contacté, le cabinet de la maire d’Oullins n’a pas pu donner suite.

Maxime Thomas, pongiste hors-pair de Lyon aux Jeux paralympiques

Maxime Thomas, pongiste hors-pair de Lyon aux Jeux paralympiques

En août 2021, la rédaction de Rue89Lyon dressait le portrait de quatre athlètes de participant aux Jeux paralympiques de Tokyo. Trois ans plus tard, ils sont tous en course pour les épreuves de Paris, du 28 août au 8 septembre. À cette occasion, nous rediffusons leurs portraits. Ici, celui du pongiste Maxime Thomas. 

Quand nous contactons Maxime Thomas début août, le jeune papa de 37 ans vient de rentrer d’un stage de préparation à Paris. Il répond de chez lui, dans le Rhône, non loin de Neuville-sur-Saône. À ses côtés, un de ses enfants languit de l’entendre et le presse de finir son interview. Imperturbable, le déjà double médaillé paralympique nous accorde un moment.

Dans la dernière phase de sa préparation, il est serein et semble reposé. À l’approche des Jeux, il a légèrement allégé ses journées d’entraînement, passant de 8 h de travail par jour à 5 h.

« C’est une période d’affûtage, reprend-t-il. L’idée est d’être dans une forme optimale et de ne pas se griller avant le tournoi. Avec le décalage des Jeux en 2021, la préparation a été très longue, un peu usante. Les organismes sont sous tension, il faut faire attention. »

Sevré de compétition du fait de la pandémie, le sportif a dû se préparer un peu à l’aveugle, sans connaître le niveau de ses adversaires.

« Il va falloir être costaud physiquement, et dans la tête. »

En huit ans de tennis de table : une entrée dans le top 5 mondial

Maxime Thomas
Maxime Thomas représentera la France au tennis de table.Photo : G. Picout

Cette force mentale, Maxime Thomas a appris à la développer très tôt. Durant 10 ans, le Lorrain d’origine a fait du tennis, trois à cinq fois par semaine. À 15 ans, il se retrouve scotché à son fauteuil à la suite d’une maladie auto-immune qui lui touche la moelle épinière. Avec ses parents, il décide alors de s’inscrire à un club handisport à deux km de chez lui.

Rapidement, il trouve un nouveau souffle et se met à un autre sport de raquette : le tennis de table. Il gravit alors les échelons jusqu’à être sélectionné aux JO de Pékin en 2008, huit ans seulement après avoir commencé ce sport.

« En 2006-2007, je commence un doctorat en droit à l’université Lyon III après mon master 2, se remémore-t-il. La même année, je passe de la 42e à la 5e place du classement mondial. J’ai alors mis de côté mes études de droit pour la compétition. »

Ce top 5, il ne va plus le quitter. Il deviendra même n°1 mondial de 2010 à 2012 puis restera dans le top 3 jusqu’à aujourd’hui. Une ascension fulgurante pour un expert de la raquette.

« Le tennis m’a grandement aidé, il m’a permis de progresser plus vite. »

À travers le tennis de table, il approfondit sa technique, une quasi-passion.

« Je ne me suis jamais mis de limite sur cet aspect. »

De Lyon aux Jeux paralympiques : une carrière construite avec attention et rigueur

Méticuleux, celui qui travaille alors comme juriste semble avoir tout calculé. Dans un sport à « maturité lente », il s’était donné 6 à 8 ans pour monter en puissance. C’est la période qui lui faudra pour atteindre le top niveau.

Il prend alors le temps de s’entourer. Un préparateur physique, une préparatrice mentale, un kiné… Peu à peu, le licencié du club sportif Charcot de Tennis de Table, installé à Sainte-Foy-Lès-Lyon, se constitue un vrai staff, comme un joueur de tennis classique. Son équipe compte aujourd’hui huit personnes.

En 2016, après les JO de Rio, il quitte son métier pour se concentrer sur sa carrière sportive. En 2019, il parvient à obtenir un poste à l’INSEP, à Paris. Ce travail lui permet de se concentrer à 100 % à sa vie de pongiste, et à sa famille.

En contre-partie, il intervient dans des formations pour les cadres et sportifs de haut-niveau. Gestion des émotions, performance, construction d’un projet de carrière… Les thèmes sont divers mais ils reprennent les grands axes d’une carrière construite avec précision et rigueur. 

Un itinéraire partant du droit pour aller vers le Yoga

Le Lorrain n’est pas homme à laisser les choses au hasard. Il a déjà « anticipé » le temps de sa retraite sportive. Depuis 2020, il suit une formation de quatre ans pour devenir enseignant dans le Yoga.

« Je fais du Yoga depuis 10 ans, commente-t-il. C’est un complément irremplaçable pour tout ce qui est justesse, sérénité ou concentration. »

À terme, il se voit bien enseigner cet art aux personnes souffrant de handicap et aux athlètes de haut niveau. Quand l’heure viendra. Car, pour l’instant, sa carrière semble loin d’être terminée. 

« Je vise Los Angeles en 2028, a minima, commente-t-il. Après, j’aurais 45 ans, on verra. »

Des Jeux paralympiques de Tokyo comme une étape avant les JO de Paris

Dans son club, une autre athlète, Isabelle Lafaye, participe aux Jeux depuis la compétition d’Assen (Pays-Bas) en… 1990. À 58 ans, l’athlète aux quatre médailles d’or (notamment), également licenciée au club de Sainte-Foy-Lès-Lyon, l’accompagnera cette année. De quoi l’inciter à durer encore et poursuivre sa carrière le plus longtemps possible ?

« Ce sont des choix qui ne sont pas neutres, tempère-t-il. Il y a une vie de famille à gérer aussi. La compétition, cela signifie partir plusieurs semaines par mois, des fois un mois sur l’année, etc. »

À voir donc. D’ici là, Tokyo sera passé et, surtout, Paris, l’un des grands objectifs du champion. Le pongiste sait que les jeux 2024 arriveront « très » vite après le Japon. Il a ainsi prévu de ne prendre que deux semaines de repos après la compétition, histoire de continuer sur sa lancée. 

Peut-être reviendra-t-il déjà de ces jeux avec une médaille, ou deux. En individuel, il partira en position de troisième favori quand la France, en équipe, sera l’une des deux prétendantes à la victoire. De quoi (largement) patienter, avant les paralympiades françaises.  

#Handisport#Jeux paralympiques de Tokyo