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Maxime Thomas, pongiste hors-pair de Lyon aux Jeux paralympiques

[Série / De Lyon à Tokyo] Licencié au club de Sainte-Foy-Lès-Lyon, le joueur de tennis de table se présente à ses quatrièmes Jeux paralympiques. Depuis 2016, il a trouvé un nouvel équilibre professionnel afin de se consacrer le plus possible à sa passion. Rencontre avec un déjà double médaillé, grand perfectionniste.

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Maxime Thomas

Quand nous contactons Maxime Thomas début août, le jeune papa de 37 ans vient de rentrer d’un stage de préparation à Paris. Il répond de chez lui, dans le Rhône, non loin de Neuville-sur-Saône. À ses côtés, un de ses enfants languit de l’entendre et le presse de finir son interview. Imperturbable, le déjà double médaillé paralympique nous accorde un moment.

Dans la dernière phase de sa préparation, il est serein et semble reposé. À l’approche des Jeux, il a légèrement allégé ses journées d’entraînement, passant de 8 h de travail par jour à 5 h.

« C’est une période d’affûtage, reprend-t-il. L’idée est d’être dans une forme optimale et de ne pas se griller avant le tournoi. Avec le décalage des Jeux en 2021, la préparation a été très longue, un peu usante. Les organismes sont sous tension, il faut faire attention. »

Sevré de compétition du fait de la pandémie, le sportif a dû se préparer un peu à l’aveugle, sans connaître le niveau de ses adversaires.

« Il va falloir être costaud physiquement, et dans la tête. »

En huit ans de tennis de table : une entrée dans le top 5 mondial

Maxime Thomas
Maxime Thomas représentera la France au tennis de table.Photo : G. Picout

Cette force mentale, Maxime Thomas a appris à la développer très tôt. Durant 10 ans, le Lorrain d’origine a fait du tennis, trois à cinq fois par semaine. À 15 ans, il se retrouve scotché à son fauteuil à la suite d’une maladie auto-immune qui lui touche la moelle épinière. Avec ses parents, il décide alors de s’inscrire à un club handisport à deux km de chez lui.

Rapidement, il trouve un nouveau souffle et se met à un autre sport de raquette : le tennis de table. Il gravit alors les échelons jusqu’à être sélectionné aux JO de Pékin en 2008, huit ans seulement après avoir commencé ce sport.

« En 2006-2007, je commence un doctorat en droit à l’université Lyon III après mon master 2, se remémore-t-il. La même année, je passe de la 42e à la 5e place du classement mondial. J’ai alors mis de côté mes études de droit pour la compétition. »

Ce top 5, il ne va plus le quitter. Il deviendra même n°1 mondial de 2010 à 2012 puis restera dans le top 3 jusqu’à aujourd’hui. Une ascension fulgurante pour un expert de la raquette.

« Le tennis m’a grandement aidé, il m’a permis de progresser plus vite. »

À travers le tennis de table, il approfondit sa technique, une quasi-passion.

« Je ne me suis jamais mis de limite sur cet aspect. »

De Lyon aux Jeux paralympiques : une carrière construite avec attention et rigueur

Méticuleux, celui qui travaille alors comme juriste semble avoir tout calculé. Dans un sport à « maturité lente », il s’était donné 6 à 8 ans pour monter en puissance. C’est la période qui lui faudra pour atteindre le top niveau.

Il prend alors le temps de s’entourer. Un préparateur physique, une préparatrice mentale, un kiné… Peu à peu, le licencié du club sportif Charcot de Tennis de Table, installé à Sainte-Foy-Lès-Lyon, se constitue un vrai staff, comme un joueur de tennis classique. Son équipe compte aujourd’hui huit personnes.

En 2016, après les JO de Rio, il quitte son métier pour se concentrer sur sa carrière sportive. En 2019, il parvient à obtenir un poste à l’INSEP, à Paris. Ce travail lui permet de se concentrer à 100 % à sa vie de pongiste, et à sa famille.

En contre-partie, il intervient dans des formations pour les cadres et sportifs de haut-niveau. Gestion des émotions, performance, construction d’un projet de carrière… Les thèmes sont divers mais ils reprennent les grands axes d’une carrière construite avec précision et rigueur. 

Un itinéraire partant du droit pour aller vers le Yoga

Le Lorrain n’est pas homme à laisser les choses au hasard. Il a déjà « anticipé » le temps de sa retraite sportive. Depuis 2020, il suit une formation de quatre ans pour devenir enseignant dans le Yoga.

« Je fais du Yoga depuis 10 ans, commente-t-il. C’est un complément irremplaçable pour tout ce qui est justesse, sérénité ou concentration. »

À terme, il se voit bien enseigner cet art aux personnes souffrant de handicap et aux athlètes de haut niveau. Quand l’heure viendra. Car, pour l’instant, sa carrière semble loin d’être terminée. 

« Je vise Los Angeles en 2028, a minima, commente-t-il. Après, j’aurais 45 ans, on verra. »

Des Jeux paralympiques de Tokyo comme une étape avant les JO de Paris

Dans son club, une autre athlète, Isabelle Lafaye, participe aux Jeux depuis la compétition d’Assen (Pays-Bas) en… 1990. À 58 ans, l’athlète aux quatre médailles d’or (notamment), également licenciée au club de Sainte-Foy-Lès-Lyon, l’accompagnera cette année. De quoi l’inciter à durer encore et poursuivre sa carrière le plus longtemps possible ?

« Ce sont des choix qui ne sont pas neutres, tempère-t-il. Il y a une vie de famille à gérer aussi. La compétition, cela signifie partir plusieurs semaines par mois, des fois un mois sur l’année, etc. »

À voir donc. D’ici là, Tokyo sera passé et, surtout, Paris, l’un des grands objectifs du champion. Le pongiste sait que les jeux 2024 arriveront « très » vite après le Japon. Il a ainsi prévu de ne prendre que deux semaines de repos après la compétition, histoire de continuer sur sa lancée. 

Peut-être reviendra-t-il déjà de ces jeux avec une médaille, ou deux. En individuel, il partira en position de troisième favori quand la France, en équipe, sera l’une des deux prétendantes à la victoire. De quoi (largement) patienter, avant les paralympiades françaises.  


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