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Lyon : l’écologie et le social « sont toujours liés » au Camp climat

[Reportage] Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants de l’écologie se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais, pour un Camp climat. Objectif : former à de potentielles actions non violentes et travailler sur la mise en place d’alternatives écologiques.  

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Le camp climat d'Alternatiba

Il ferait presque un peu frais à Ranchal ce vendredi matin. Devant la salle des fêtes municipale, une quinzaine de tentes se sont installées depuis quelques jours. Un camping « couche tôt », un camping « couche tard », une scène pour accueillir les groupes… Les lieux auraient presque l’allure d’un petit festival.

À une heure et quart de Lyon, la petite commune du Beaujolais accueille depuis trois jours un des rassemblements importants des militants de l’écologie : le Camp climat de l’association Alternatiba ANV Rhône.

« Depuis deux ans, nous l’organisons à l’échelle locale, commente Tatiana Guille, une porte-parole d’Alternatiba Rhône. Avant le Covid, cela se faisait au niveau national. »

Pour cette deuxième édition, cinq jours de conférences et formations sont prévus. En tout, une centaine de personnes, principalement de Lyon et du Rhône, sont venues parler écologie. Parmi eux, des membres d’Alternatiba, mais aussi d’autres associations amies comme Extinction Rebéllion, Quicury ou même le collectif d’aide aux sans-abri de Lyon. « Je suis venu travailler sur quelques points techniques », sourit une de ses membres. Quelques simples sympathisants ont également fait le déplacement.

Se définissant souvent comme « éco-anxieux », les participants cherchent à s’investir pour un monde plus respectueux de l’environnement.

Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants de l'écologie se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais, pour un Camp climat.
Un atelier du Camp climat d’Alternatiba consacré à la coordination des actions non-violentes.Photo : PL/Rue89Lyon.

Un Camp climat dans le Beaujolais : l’écologie de la coordination d’actions non-violentes à l’atelier couture

Le programme est serré. Apprendre à organiser un événement militant, conférence sur la pollution de l’air… Sur un tableau, les différentes activités de la matinée sont affichées. À côté, un panneau établie les différentes tâches de la journée à faire. Tenir le bar, faire la plonge ou encore préparer le petit déjeuner font parties des potentielles missions. Chaque participant est appelé à réaliser une activité bénévole dans la journée. Une manière de pousser tout le monde à s’investir dans l’événement.

Dans le caveau de la salle des fêtes, là où se tient le bar du camp, des militants parlent d’actions non-violentes coups de poing, telles des occupation de banques. À Lyon, Alternatiba ANV Rhône est notamment connue pour bloqué durant deux heures la plateforme logistique d’Amazon. Une action qui se construit en amont. Tagueurs, afficheurs, observateurs… Le rôle de chaque activiste potentiel est décrit, en fonction de son degré d’investissement et de son désir de prendre des risques, ou non.

« Il est important de donner la cible de l’action le plus tard possible », commente un militant d’une quarantaine d’années.

Il passe en revue tous les détails techniques d’une opération, du lancement de l’action non-violente, à une potentielle garde à vue : « Souvent, certains activistes ne connaissent la cible de l’événement qu’une fois sur place », abonde son voisin.

En face de lui, ils sont une petite dizaine à écouter et poser quelques questions, quelque peu fatiguées par la nuit au camping. Certains ont veillé assez tard. Rassemblant un public assez jeune, les lieux accueillent aussi quelques têtes grisonnantes venues du secteur ou d’ailleurs. Parmi elles, Hélène, 57 ans, s’est retrouvée à l’atelier couture.

« Ma fille fait partie de l’événement, indique-t-elle. J’ai planté des graines durant son éducation. Ça n’a pas pris tout de suite mais, maintenant, c’est elle qui me donne des leçons ! »

À côté d’elle, des jeunes militants jouent de la machine à coudre.

« Essaye de perdre le moins de tissus possible », intime Laurane, 25 ans.

Cette ancienne service-civique d’Alternatiba est venue animer l‘atelier.

« C’est important de montrer pourquoi l’industrie textile n’est actuellement pas soutenable, indique-t-elle. L’idée est de démontrer qu’on peut éviter de tout jeter au moindre trou. »

Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants écologistes se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais.
L’atelier couture du camp climat d’Alternatiba.Photo : PL/Rue89Lyon

Écologie à Lyon : relier en permanence écologie et social

Curieusement, ce matin-là, c’est une formation, somme-toute, classique qui fait le plein. Dans la salle principale, deux militants proposent une présentation de l’histoire syndicale. 

Sur la vingtaine de personnes dans le public, seuls quatre personnes sont syndiqués. Sous le regard du sociologue Bernard Friot, l’exposé revient sur leur intérêt pour les différentes luttes menées par les associations écologistes. « On a quand même en France un taux de syndicalisation parmi les plus bas d’Europe », note un participant. 

Pour Alternatiba, l’atelier est une manière de rapprocher le combat écologique et social. 

« Les deux questions sont toujours liées », appuie Tatiana Guille. 

À 20 ans, l’une des porte-paroles de l’association souligne « la place importante » prise à Lyon de « Plus jamais ça ! ». Lancé au début du premier confinement via une tribune, ce mouvement avait vu la signature de l’ancienne ministre Cécile Duflot, de Jean-François Julliard de Greenpeace, et surtout de Philippe Martinez de la CGT. Une union que l’association veut pérenniser sur le terrain lyonnais.

« Il y a eu un travail en ce sens avec les syndicats lors des Marches pour le climat », note-t-elle. 

Durant cinq jours, une centaine de militants et sympathisants de l'écologie se sont rendus à Ranchal, à une heure au nord de Lyon, dans le Beaujolais, pour un Camp climat.
Le Camp climat d’Alternatiba s’est tenu du 18 au 22 août.Photo : PL/Rue89Lyon.

Écologie à Lyon : la pollution de l’air et la ZFE au menu de la rentrée

Un rapprochement qui résonne avec les thèmes de prédilection d’Alternatiba. Pour cette rentrée 2021, l’association veut focaliser son travail sur la pollution de l’air et sur les luttes sociales. Or, sur Lyon, ces deux questions risquent d’être liées par un sujet : la Zone à faible émission (ZFE)

Cet automne, la Métropole de Lyon va lancer une concertation sur le renforcement de la ZFE. Objectif dès 2022, exclure tous les véhicules classés crit’air 5 des particuliers de la ZFE, soit les véhicules diesel immatriculés avant le 31 décembre 2000 ainsi que les véhicules essence datant d’avant le 1er janvier 1997. La mesure en fait tousser beaucoup, même à gauche. Certains soulignant que les plus précaires ont souvent les véhicules les plus polluants, car plus anciens.

« On est pour la ZFE, mais il faut qu’elle soit accompagné d’une dimension sociale importante », indique Tatiana Guille, en référence à ces problématiques.

Pour l’heure, la position d’Alternatiba n’est pas clairement établie cependant. Durant cette même matinée, une table ronde avait d’ailleurs lieu, sur le sujet. 

« Il faut être sûr que la vignette Crit’Air soit juste socialement », ajoute Brigitte, une militante en charge du dossier.

Un nouveau positionnement avec la Métropole de Lyon

Un exemple qui se place dans une réflexion plus globale sur le positionnement de l’association militante, vis-à-vis des nouveaux exécutifs écologistes à la tête de la Ville de Lyon et de la Métropole.

Se réclamant apartisane, l’association est cependant (beaucoup) plus proche des positions de l’actuelle majorité, que de la précédente.

« Est-ce qu’on doit critiquer la Métropole ? Normalement, c’est ce qu’on faisait durant le mandat de Collomb et Kimelfeld qui n’allaient absolument pas dans notre sens, commente Florent, dans l’association depuis 2019. Mais on voit qu’il y a aussi un gros travail à faire sur la bataille culturelle. Est-ce que notre rôle n’est pas aussi de les aider à la gagner ? »

Le militant estime que la difficulté est de ramener les populations des quartiers populaires, premières victimes de la pollution de l’air, vers les questions écologiques. Pour cela, il faudra peut-être aller dans le sens de l’institution.

« S’il y a des choses qui ne nous plaisent pas, on le dira », prévient de son côté Tatiana Guille.

En attendant, l’association, qui compte une centaine de membres actifs, va dérouler ses actions. Parmi elles, une Vélorution prévue le 25 septembre. 

Le camp climat d'Alternatiba
Les questions écologiques et sociales étaient au coeur du camp climat d’Alternatiba.Photo : PL/Rue89Lyon.

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