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Dans l’académie de Lyon, une rentrée scolaire « dans le flou »

Dans l’académie de Lyon, une rentrée scolaire « dans le flou »

A deux jours de la rentrée scolaire de ce jeudi 2 septembre, le syndicat du Snes-FSU dénonce un manque de « moyens criant » dans l’académie de Lyon et un « flou général » du gouvernement sur le protocole sanitaire censé être appliqué après-demain.

« Flou » et « doutes », ce sont les deux termes qui reviennent le plus souvent pour qualifier cette rentrée de septembre 2021 dans les écoles, collèges et lycéens de l’académie de Lyon. Après deux années scolaires largement bouleversées par l’épidémie de Covid-19, le retard s’accumule pour les élèves qui ont dû s’habituer tant bien que mal à suivre leurs leçons parfois en classe, un masque sur le visage, parfois à la maison, derrière un écran.

Cette rentrée de septembre 2021 se distingue aussi par un nombre particulièrement élevé d’élèves à accueillir dans l’académie de Lyon, conséquence logique d’une hausse démographique constante, en particulier dans le Rhône. Malgré ces difficultés prévisibles, les syndicats dénoncent une rentrée « dans le flou sur tous les points ».

Dans l’académie de Lyon, « des conditions d’encadrement des élèves très dégradées pour cette rentrée »

Ce jeudi 2 septembre, près de 3900 élèves supplémentaires feront leur rentrée dans l’académie de Lyon – qui englobe l’Ain, la Loire et le Rhône – dont 1105 dans les seuls collèges du Rhône. Du jamais-vu sur les années précédentes. Dans le Rhône, pour le secondaire, trois nouveaux établissements scolaires ont été livrés pour cette rentrée : deux collèges à Lyon 7e et Saint-Priest et un lycée à Lyon 7e également. Ces ouvertures se font à effectif constant, sans recrutement de personnels pour la vie scolaire.

Le 27 août dernier, à l’occasion d’une conférence de presse, le recteur de l’académie de Lyon, Olivier Dugrip, a annoncé en guise de « moyens supplémentaires pour 2021/2022 » la création de 100 équivalent temps plein (ETP) dans les établissements scolaires du second degré.

Un chiffre qui fait doucement rire Rindala Younès, secrétaire académique du Snes-FSU :

« Le compte n’y est pas. Dans la réalité, il n’y a que 18 vrais postes de créés. Le reste, ce sont des heures supplémentaires que devront se répartir les enseignants déjà en poste, ce qui représente une augmentation de leur charge de travail et de leur nombre de classes et donc d’élèves. Les conditions d’encadrement des élèves sont très dégradées pour cette rentrée. »

nouveau collège Gisèle Halimi 7e arrondissement Lyon 2 septembre 2021
Le nouveau collège Gisèle Halimi, dans le 7e arrondissement de Lyon, doit ouvrir pour la rentrée du 2 septembre 2021. Au 31 août

Rindala Younès pointe la différence de taille avec le rentrée 2017 qui avait vu la création de 281 postes enseignants dans les collèges et lycées de l’académie de Lyon pour accueillir 3326 élèves supplémentaires. Et ce n’est pas tout, poursuit-elle :

« Le recteur a dit que la priorité serait donnée à l’égalité. On en doute. L’allocation progressive de moyens est divisée par trois cette année. »

D’après le gouvernement, cette allocation progressive de moyens (APM) assure « la répartition des moyens d’enseignement et d’éducation aux établissements proportionnellement aux difficultés économiques, sociales et scolaires de leurs élèves ». Concrètement, l’APM permet aux établissements scolaires les plus défavorisés de l’académie d’accroître leur nombre d’heures.

« Le recteur a dit que la priorité serait donnée à l’égalité. On en doute. »

Or, après deux années scolaires à moitié en distanciel, le retard scolaire s’accumule, en particulier pour les élèves issu·es des milieux les plus défavorisés, constate Nadège Pagliaroli, secrétaire départementale du Snes-FSU du Rhône et également professeure d’anglais dans un collège de Feyzin.

« En collège, nous avons demandé un aménagement de programmes pour pallier les conséquences de la crise sanitaire, que nous n’avons pas obtenu, déplore-t-elle. Le dispositif Devoirs faits a seulement été rendu obligatoire pour les élèves de 6e. Or, ça peut être fait par n’importe quel personnel de l’établissement, donc pas forcément des enseignants. Il y a aussi un dispositif de e-Devoir fait avec des personnels qui sont censés être là si des élèves se connectent. Ça ne nous satisfait pas du tout. Nous, ce qu’on veut, c’est plus de moyens, plus de professeurs pour plus de temps en classe et mieux encadrer les élèves. »

rentrée scolaire Lyon
Rinadla Younès, secrétaire académique du Snes-fsu et Nadège Pagliaroli, secrétaire départementale pour le Rhône, lors de leur conférence de presse de rentrée le 31 août.Photo : OM/Rue89Lyon

Quant aux enseignant·es, Jean-Michel Blanquer a annoncé le 25 août dernier une revalorisation de leurs salaires, avec entre 29 et 57 euros nets en plus par mois. Les AESH sont également concerné·es par cette maigre prime. Pour les plus précaires d’entre elles et eux, leur salaire mensuel passera ainsi de 779 euros à… 782. Quant aux surveillant·es, eux, ils ne toucheront pas un centime.

« Ce n’est pas comme ça que notre métier va attirer de nouveaux enseignants, constate Rindala Younès avec amertume. Cette année, 600 postes n’ont pas été pourvus au concours. »

Un protocole sanitaire difficile à appliquer dans l’académie de Lyon

Au-delà des questions de moyens, cette rentrée scolaire de septembre 2021 devra composer à nouveau avec le coronavirus. « Nous sommes en capacité d’accueillir à nouveau tous les élèves », a assuré Olivier Dugrip lors de sa conférence de presse du 27 août.

Une affirmation qui laisse les enseignantes du Snes-fsu sceptiques, tout comme le protocole sanitaire concocté par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dévoilé le 21 août dans un entretien du JDD. On y trouve quatre niveaux de mesures, le vert, le jaune, le orange et le rouge selon la situation épidémique.

Pour le moment, le gouvernement a annoncé que la rentrée de ce jeudi 2 septembre se fera avec le protocole sanitaire de niveau 2, le jaune. Mis à part les couleurs, il y a peu de différence entre les quatre niveaux.

« Nous avons le même objectif que notre ministre, à savoir de laisser au maximum les établissements scolaires ouverts, explique Rindala Younès. L’école à distance, on a bien vu que ce n’était pas l’école. Pour cela, il faut sécuriser les collèges et les lycées, et pour l’instant ça n’a pas été fait. »

Le protocole sanitaire du gouvernement met notamment l’accent sur l’aération des salles de classe. Problème : dans l’académie de Lyon toutes les fenêtres ne s’ouvrent pas, se désole l’enseignante.

« Il y a encore beaucoup d’établissements scolaires dans l’académie de Lyon qui ont des fenêtres qui ne s’ouvrent pas ou qui ne donnent pas sur l’extérieur. Je fais cours dans une salle dont les fenêtres donnent sur l’atelier… On demande des capteurs de CO2. »

Pour l’instant, seuls quelques établissements scolaires ont été équipés avec un ou deux capteurs, qui permettent de mesurer la concentration en CO2 de l’air intérieur et de savoir quand il est nécessaire de le renouveler en aérant pour limiter les risques de contamination au Covid-19.

Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a mis l’accent sur les purificateurs d’air, dont il a équipé quelques lycées. Hors, l’efficacité de tels dispositifs n’a pas été démontrée scientifiquement.

« Il y a eu un grand cafouillage dans l’académie de Lyon, on a bien fait passer les tests mais on n’a jamais reçu les résultats ! »

Quant aux tests, s’ils sont bien arrivés dans les collège et lycée des deux enseignantes, ils n’ont pas été d’une grande utilité.

« Il y a eu un grand cafouillage dans l’académie de Lyon, on a bien fait passer les tests mais on n’a jamais reçu les résultats ! », s’exclame Rindala Younès.

« On a aussi eu très peu de consentement parental, précise Nadège Pagliaroli. Dans mon collège, sur 400 élèves, on a eu une dizaine de familles consentantes. »

Pour les deux enseignantes, le vaccin représente le porte de sortie de cette crise sanitaire. Dans l’entretien accordé au JDD, Jean-Michel Blanquer a également annoncé des campagnes de vaccination dans les collèges et les lycées pour les adolescent·es de plus de 12 ans. Si elles se disent favorables à cette mesure, l’organisation de la vaccination des élèves est encore très floue pour les deux enseignantes.

« Le ministre et le recteur nous disent que tout est prêt mais tout est très flou, soupire Rindala Younès. Nous sommes très inquiets sur l’organisation de cette campagne de vaccination. Qui va emmener les élèves se faire vacciner ? Est-ce que les infirmières vont devoir vacciner les élèves ? Nous avons demandé à ce que les équipes soient renforcés. La rentrée, c’est demain pour nous et après-demain pour les élèves, et l’épidémie c’est maintenant ! »

« La laïcité, en classe ça va être à 35 élèves et avec une note au bout »

Et le reste de l’année scolaire ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices que la rentrée. Un baccalauréat remanié attend les lycéen·nes à la fin de l’année scolaire. Il se fera à 40 % en contrôle continu et intégrera une nouvelle matière : l’éducation morale et civique (EMC), qui jusque-là n’était pas notée. Elle le sera désormais et mettra l’accent sur la laïcité.

« La laïcité, c’est le point de communication du moment, soupire Nadège Pagliaroli en levant les yeux au ciel. C’est une question essentielle, qu’il faut travailler profondément, pas pour faire de la communication et stigmatiser nos élèves. Il n’y avait pas d’obligation d’évaluation en EMC jusqu’à présent, ce qui permettait aux élèves de s’exprimer librement. »

« C’est la différence entre les effets de manche du gouvernement et la pratique, résume Rindala Younès. La laïcité, en classe ça va être à 35 élèves et avec une note au bout. »

Pour dénoncer ces conditions de rentrée 2021 particulièrement difficiles et protester contre le manque de moyens endémique dans l’Education nationale, les syndicats de l’Education nationale appellent à une grève le jeudi 23 septembre. Un cortège partira à 14h de la place Guichard pour rejoindre le rectorat, dans le 7e arrondissement de Lyon.

« Toute l’année dernière, on a dit que ça n’allait pas, mais on refait une rentrée dans le flou sur tous les points, soupire Nadège Pagliaroli. Pourtant, l’école a joué son rôle pendant cette crise. Aujourd’hui, on demande un plan d’urgence pour l’Education nationale. »

#protocole sanitaire

Métropole de Lyon : Bruno Bernard marqué à la culotte dès sa rentrée politique

Métropole de Lyon : Bruno Bernard marqué à la culotte dès sa rentrée politique

Ce lundi, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, a fait sa rentrée politique sur le thème de l’agriculture dans une exploitation maraichère à Rillieux-la-Pape. Une rentrée quelque peu contrariée par une petite polémique avec le maire de Charly, commune où elle devait initialement se tenir.

« Il faut être respectueux des institutions. Ici nous avons été accueillis de façon républicaine par le maire. Nous venons parler de la politique agricole de la Métropole, ce n’est pas la conférence de presse du maire. »

Lundi 30 août, Bruno Bernard a visité, aux côtés notamment d’Alexandre Vincendet maire LR de Rillieux-la-Pape, une exploitation agricole située sur la commune. Pour sa rentrée politique il avait donc choisi le thème de l’agriculture. Celle-ci devait initialement se tenir à Charly, petite bourgade du sud-ouest de l’agglomération. Là-bas, la Métropole de Lyon soutient l’installation d’une « ferme semencière » portée le Centre de ressources de botanique appliquée (CRBA) implantée dans le domaine Melchior.

Le lieu était idéal. Il permettait d’illustrer la volonté des écologistes d’améliorer l’indépendance alimentaire du territoire qui reste très faible. Mais aussi celle de développer les cultures de demain mieux adaptées au dérèglement climatique qui s’accélère. Soit la mission de cette « ferme semencière ».

Requalifier des espaces en terres agricoles malgré l’opposition de maires

Oui mais voilà, le maire de Charly, Olivier Araujo (Divers droite), en a profité pour remettre sur la table le projet de cimetière métropolitain. Un projet plus ancien que l’actuelle majorité et qui prévoit de l’installer sur la commune. Il déplore un manque de concertation, menace de nouveau de quitter la Métropole de Lyon et dénonce l’artificialisation à terme de 14 ha de terres en partie agricoles. Pile-poil la thématique de la venue de Bruno Bernard. Las, le président de la Métropole s’en est allé dans l’exploitation Maréchal Fraîcheur à Rillieux-la-Pape pour sa visite de rentrée.

Bruno Bernard Jérémy Camus écolos EELV Métropole Lyon politique agricole
Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, et Jérémy Camus, vice-président de la Métropole en charge de l’agriculture, lors d’une point presse sur la politique agricole en août 2021.Photo : BE/Rue89Lyon

Cette petite polémique montre toutefois le soin que l’exécutif écologiste devra apporter au dialogue avec les maires. Notamment en matière d’agriculture. Un des axes de sa politique agricole concerne justement la préservation des terres agricoles. Les écologistes à la tête de la Métropole de Lyon souhaitent notamment requalifier 60 ha de terres à urbaniser en terres agricoles. Grâce à des modifications du Plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLU-H).

« Cela suscite l’opposition de maires », a reconnu Bruno Bernard.

Par ailleurs, les écologistes ont annoncé dans leur plan de mandat, vouloir augmenter la surface des terres naturelles et agricoles périurbaines protégées. Jérémy Camus, vice-président de la Métropole en charge de l’agriculture, a de nouveau insisté sur le dispositif au cours de cette présentation.

Une politique agricole présentée en juin dernier

Cette visite n’a du reste rien révélé en matière de politique agricole métropolitaine. Cette dernière avait été adoptée lors d’une séance du conseil de Métropole en juin dernier.

Cette « nouvelle stratégie agricole » se situe dans la continuité du « Projet alimentaire du territoire lyonnais » (PATLY) lancé en juin 2019. C’était sous la majorité précédente dirigée par David Kimelfeld (LREM).

La politique agricole écologiste, comme le « PATLY » de David Kimelfeld, vise à développer une agriculture plus « soutenable et de proximité » et une « justice alimentaire ».

Ce n’est donc pas une révolution mais un « changement d’échelle » comme le reconnaissait le vice-président Jérémy Camus, en charge de « l’agriculture, alimentation et résilience du territoire ». Ce dernier, pour conclure les débats, a insisté sur l’effort financier de la collectivité : un « budget multiplié par quatre » à 12 millions d’euros de 2021 à 2026 « contre 3,2 millions » pour le mandat précédent.

Écoles, collèges, lycée : quels sont les nouveaux établissements scolaires dans la métropole de Lyon ?

Écoles, collèges, lycée : quels sont les nouveaux établissements scolaires dans la métropole de Lyon ?

Écoles, collèges, lycée : pour cette rentrée de septembre 2021, six nouveaux établissements scolaires ouvriront leurs portes dans la métropole de Lyon. Où sont-ils ?

638 300. C’est le nombre d’élèves attendu·es dans l’académie de Lyon pour cette rentrée de septembre. Dans la métropole de Lyon, la population connaît une hausse constante depuis dix ans. D’après l’Insee, en 2008 il y avait 229 000 enfants de moins de 14 ans sur le territoire. En 2018, ils étaient près de 260 000. Cette augmentation constante du nombre de jeunes habitants dans la métropole de Lyon signifie de nouvelles places à trouver dans les établissements scolaires à chaque rentrée, et la nécessité d’en construire de nouveaux.

Ainsi, pour cette rentrée de septembre 2021, six nouveaux établissements scolaires ouvriront leurs portes à Lyon et dans les communes alentour.

Trois nouvelles écoles primaires pour la métropole de Lyon

Trois nouvelles écoles primaires accueilleront les plus jeunes dès ce jeudi :

    l’école primaire Anne Sylvestre à Lyon 8el’école primaire Émile Bertrand à Décines-Charpieul’école primaire Katherine Johnson à Vaulx-en-Velin

Ces trois nouveaux établissements scolaires ne suffiront cependant pas pour scolariser tous les petits habitants de la métropole de Lyon. Ainsi, de nouvelles écoles primaires ouvriront à leur tour leurs portes dans les années à venir :

    une école primaire à Confluence en 2022l’école primaire Duvivier-Cronstadt à Lyon 7e en 2022l’école primaire Jinkgo à Lyon 7e en 2023une école maternelle à Vaise, à Lyon 9e, en 2023une école primaire rue Bataille, à Lyon 8e, d’ici la fin du mandatune école primaire dans le quartier Vaise-Industrie, à Lyon 9e, d’ici la fin du mandat

Un lycée et un collège neufs pour le 7ème arrondissement de Lyon

Deux nouveaux collèges ouvrent cette année 2021-2022 :

    Le collège Gisèle Halimi à Lyon 7e (ZAC des Girondins), d’une capacité de 700 élèves, devait ouvrir ses portes ce jeudi 2 septembre. En raison d’un retard pris dans la construction à cause de la crise sanitaire, l’établissement n’est pas encore en mesure d’accueillir des élèves. A la veille de la rentrée scolaire, la Métropole et l’Académie de Lyon ont annoncé que celle-ci serait décalée d’une semaine pour les collègien.nes de Gisèle Halimi et fixée au mardi 7 septembre.le collège Simone Veil à Saint-Priest, d’une capacité de 750 élèves
Le nouveau collège Gisèle Halimi, dans le 7e arrondissement de Lyon, doit ouvrir pour la rentrée du 2 septembre 2021.
Le nouveau collège Gisèle Halimi, dans le 7e arrondissement de Lyon, doit ouvrir pour la rentrée du 2 septembre 2021.Photo : OM/Rue89Lyon

Enfin, un nouveau lycée général et technologique est inauguré, spécialisé dans le numérique :

    le lycée du Docteur Charles Mérieux à Lyon 7e, d’une capacité d’environ 800 élèves
lycée lyon Auvergne-Rhône-Alpes établissements scolaires
Le lycée docteur Charles Mérieux à Gerland (Lyon 7ème) est l’ancien siège de Sanofi-Pasteur. Il ouvre ces portes début septembre.Photo : LB/Rue89Lyon

Une manifestation pour le vaccin contre le Covid-19 ce lundi à Lyon

Une manifestation pour le vaccin contre le Covid-19 ce lundi à Lyon

Un « collectif citoyen » organise un rassemblement en faveur d’un vaccin contre le Covid-19 ce lundi 30 août à Lyon. Les manifestants sont attendus en fin d’après-midi sur la place Antonin Poncet.

Depuis mi-juillet, chaque samedi, les rues de Lyon sont investies par des personnes qui s’opposent au vaccin contre le Covid-19 et/ou au pass sanitaire.

Ce lundi 30 août, une nouvelle mobilisation est prévue dans le centre-ville de Lyon, cette fois-ci en faveur du vaccin.

centre vaccination vaccin Covid-19 Lyon Part-Dieu
Le centre de vaccination Covid-19 du centre commercial Part-Dieu à Lyon, le 3 août 2021.Photo : ED/Rue89Lyon

Le rassemblement, intitulé « Fraternité citoyenne, tous vaccinés pour plus de liberté partagée », est annoncé à partir de 18h ce lundi sur la place Antonin Poncet, dans le 2e arrondissement de Lyon. A la manœuvre, un « collectif citoyen » récemment constitué pour défendre le vaccination contre le Covid-19.

L’une des têtes de ce mouvement est l’ancien journaliste Jacques Boucaud, également responsable presse de la campagne de David Kimelfeld (ex-LREM) pour les dernières élections métropolitaines. Au micro de France Info, il explique vouloir contre-balancer les discours des manifestant·es anti pass-sanitaire et/ou anti-vaccin :

« Ils font beaucoup de bruit, mais ils sont minoritaires, quand on compare les chiffres des mobilisations aux près de 50 millions de Français qui sont vaccinés. Mais, aujourd’hui, on n’entend qu’eux, avec des propos qui sont effrayants. […] On a décidé de nous faire entendre, de montrer que nous, on est d’accord pour se faire vacciner. On veut montrer qu’une grande part de la population veut se sortir de la situation dans laquelle on est depuis un an et demi. On sait les discours des scientifiques et les études des vrais spécialistes qui démontrent bien que le vaccin est la seule solution pour sortir de cette pandémie. »

Grève des agents municipaux de Lyon : les écologistes pris entre deux feux

Grève des agents municipaux de Lyon : les écologistes pris entre deux feux

Augmentation du temps de travail et limitation du droit de grève des agents de la Ville de Lyon : des mesures qui ressemblent bien peu à la nouvelle majorité écologiste ? C’est pourtant les écolos et leurs alliés de gauche qui, aux manettes de la municipalité, les feront appliquer au 1er janvier 2022. Du côté des agents municipaux, une semaine de grève se prépare.

Perturbations à prévoir dans les écoles, les crèches ou encore les bibliothèques lyonnaises pour cette semaine de rentrée. Une intersyndicale regroupant les six syndicats de la Ville de Lyon (CGT, SUD, UNSA, CFDT, CFTC, FO) a déposé un préavis de grève du lundi 30 août au vendredi 3 septembre et une manifestation est prévue le 2 septembre devant l’hôtel de ville et les mairies d’arrondissement.

En cause : l’augmentation du temps de travail pour les près de 8300 agents de la municipalité ainsi que la modification des modalités de leur droit de grève.

Des mesures qui passent d’autant plus mal qu’elles sont portées par une majorité municipale de gauche réunissant écologistes, insoumis et membres du Parti socialiste.

« On ne savait pas qu’il y avait l’augmentation du temps de travail dans le programme d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) ou de La France Insoumise (LFI) », ironise Sébastien Douillet, secrétaire général de la CGT Ville de Lyon, le syndicat majoritaire.

Grégory Doucet Lyon agents grève
Grégory Doucet, à la préfecture du Rhône, au soir du second tour des élections régionales 2021 –Photo : OM/Rue89Lyon

Faire travailler les agents de la Ville de Lyon 1607 heures

De fait, l’augmentation du temps de travail de ces fonctionnaires ne fait pas partie du programme d’EELV ou de LFI mais bien de celui d’Emmanuel Macron. Lors de sa campagne présidentielle, il avait promis de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, dont 70 000 dans la territoriale.

Une fois devenu Président de la République, c’est la loi de transformation de la fonction publique, votée en août 2019, qui lui permet de parvenir à son objectif. Celle-ci supprime les journées de congés et les réductions du temps de travail hebdomadaire exceptionnelles ou « extra-légales », acquises par les salariés de la municipalité.

A Lyon, les agents disposent ainsi de 3 jours de congés payés en plus des cinq semaines réglementaires.

« Deux de ses jours ont été conquis suite au mouvement de Mai 1968. Le troisième c’est ce qu’on appelle le « jour du maire » : un jour supplémentaire offert aux agents », explique Vincent Gras, secrétaire général de la section CFDT de la Ville de Lyon. 

S’ajoutent à cela différentes journées de repos occasionnelles comme les trois jours de congés payés acquis après l’obtention d’une médaille d’honneur et des réductions journalières du temps de travail comme celle d’une demi-heure accordée aux femmes ayant des enfants de moins de deux ans. Finalement, les agents de la Ville de Lyon, qui ont pour l’heure une base annuelle de travail de 1582 heures, devront désormais en travailler 1607.

La réforme a été évoquée avec eux depuis le printemps lors de réunions informelles, les comités de dialogue social, crispant sévèrement les syndicalistes qui y assistaient. Les municipalités ont jusqu’au 1er janvier 2022 pour faire appliquer cette loi de transformation de la fonction publique, la délibération du conseil municipal la validant sera donc prise avant la fin de l’année. D’où l’urgence de la situation à la mairie de Lyon et le déclenchement de cette grève de rentrée.

Laurent Bosetti après sa nomination d'adjoint au maire de Lyon
Laurent Bosetti, adjoint en charge de la Promotion des services publicsPhoto : AB/Rue89Lyon

La Ville de Lyon s’oppose à la loi mais la fait appliquer

Au sein du conseil municipal, on ne peine pas à afficher son désaccord avec cette loi, sans aller toutefois jusqu’à la refuser.

« Nous pensons que c’est une mauvaise loi car elle stigmatise les fonctionnaires en laissant penser qu’ils ne travaillent pas assez. Les députés Insoumis ont voté contre à l’Assemblée nationale. Néanmoins une fois la loi votée nous sommes tenus de la faire appliquer sous peine de voir notre décision retoquée, voire attaquée au tribunal administratif, par la préfecture », soutient Laurent Bosetti, adjoint chargé de la promotion des services publics et élu France insoumise.

Pour les syndicats, hors de question de sacrifier les jours de congés d’agents aux conditions de travail difficiles, mal payés et qui sont en première ligne durant cette crise sanitaire.

« Il est possible de ne pas appliquer cette loi. Un certain nombre de municipalités l’ont déjà fait et c’est ce que demande l’intersyndicale », soutient Vivent Gras de la CFDT.

Il rappelle l’initiative de certaines mairies communistes notamment en banlieue parisienne.

« Même Gérard Collomb n’avait pas touché au droit de grève des agents de la Ville de Lyon »

Autre mesure inattendue mise en place par des élus de gauche : la modification des modalités du droit de grève pour les agents municipaux, permise elle aussi par la loi de transformation de la fonction publique.

Jusqu’alors, ceux-ci avaient la possibilité de se mettre en grève 1 heure à 24 heures par jour et d’être payés en conséquence. Au 1er janvier 2022, les agents perdront automatiquement un jour de salaire, quel que soit le temps de grève effectué dans une journée. Autrement dit : ils n’auront plus la possibilité de faire moins d’un jour de grève.

« Casser notre droit de grève, c’est nous priver de la possibilité de revendiquer de nouvelles avancées à l’avenir. Même Gérard Collomb n’y avait pas touché », s’indigne Sébastien Douillet de la CGT.

A cela s’ajoute l’obligation faite aux agents de prévenir de leur mouvement de grève 48 heures à l’avance.

« C’est déjà ce que nous faisons. L’intersyndicale est d’accord pour rendre ce délai de prévenance obligatoire. C’est une concession que nous faisons. En contrepartie, la majorité doit renoncer à ôter une journée de salaire pour toute heure de grève. Pour l’heure, on nous refuse toute discussion sur ce point », regrette Vincent Gras de la CFDT.

La majorité contre « la grève à moindre frais » dans les cantines lyonnaises

Mais pour l’élu Insoumis, principal interlocuteur des syndicats représentants les agents de la Ville de Lyon, la question de la modification du droit de grève est un point crucial. Notamment parce qu’elle permettrait de mettre fin aux grèves à répétition dans les cantines scolaires.

Laurent Bosetti développe :

« Dans les cantines, une seule heure de grève posée à midi par quelques agents suffit à paralyser le service. Les parents sont obligés de venir chercher leurs enfants à l’école, ce qui coupe leur journée. Ils sont à bout, se sentent pris en otage et nous envoient des lettres de plaintes et des pétitions. Certains nous disent qu’ils vont envoyer leurs enfants dans le privé, d’autres qu’ils risquent le licenciement à force de manquer le boulot.

Il ajoute :

« Comme ces grèves sont particulièrement visibles et impactantes à peu de frais, elles sont devenues le principal levier syndical que ce soit pour des mots d’ordre locaux mais aussi pour des mots d’ordres nationaux auxquels la municipalité ne peut pas répondre. Or la grève doit être un dernier recours ».

Aux syndicalistes qui soulignent le paradoxe de voir un élu insoumis dénoncer des grèves auxquelles son parti à lui-même appelé (par exemple contre la réforme des retraites en 2019) Laurent Bosetti répond : qualité du service public.

« Oui, ce n’est pas une position confortable pour moi, mais en tant qu’élu en charge du service public je dois m’assurer que celui-ci fonctionne le mieux possible. Or ces grèves à répétition lui nuisent « .

Ville de Lyon agents grève
Rassemblement des agents des écoles de la Ville de Lyon devant l’hôtel de Ville le 14 janvier 2021, à l’appel de la CFTC, SUD et Unsa qui avaient déposé un préavis de grève qui courait depuis mi-décembre pour dénoncer les conséquences des protocoles sanitaires Covid sur les conditions de travail.Photo : LB/Rue89Lyon

Grève des agents de la Ville de Lyon : quelle porte de sortie ?

Dans cette atmosphère de confrontation frontale entre syndicats et élus, on aperçoit néanmoins une porte de sortie. Si elle supprime les jours extra-légaux, la loi de transformation de la fonction publique permet en revanche de prendre en compte le calcul de la pénibilité des métiers et de la compenser en attribuant des jours de congés. Les jours de congés extra-légaux supprimés par la loi seraient alors remplacés par des jours légaux accordés aux métiers pénibles.

« Il est possible de reconnaître tout un tas de métiers comme pénibles, notamment les métiers de terrain. La municipalité s’engage à avoir la définition la plus extensive de la pénibilité. Tout cela sera l’objet de discussions lors de réunions avec les syndicats », avance Laurent Bosetti.

Reste à savoir quelle part des 8300 agents bénéficiera de cette reconnaissance de pénibilité. A Paris, Anne Hidalgo a elle aussi choisi d’en faire bénéficier un maximum d’agents. Pour ce faire, elle a octroyé des jours de repos « au titre de l’intensité et l’environnement de travail induisant une pénibilité spécifique à la ville-capitale », une décision retoquée par la préfecture au début du mois d’août.

Pour ce qui est du droit de grève, en revanche, la municipalité écologiste ne semble pas vouloir revenir sur sa décision. Bien au contraire. La Ville de Lyon semble décider de passer en force. Dans une note de service « à l’attention des agents de la Direction de l’Education et de la Direction de l’Enfance » datée du 23 août dernier, le directeur général des services annonce que les nouvelles modalités de l’exercice du droit de grève sont mises en application « à compter du 31 août 2021 ». Soit un jour après le début du préavis qui court jusqu’au 3 septembre.

Hélène Surrel, directrice de Sciences Po Lyon : « la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est une question fondamentale pour moi »

Hélène Surrel, directrice de Sciences Po Lyon : « la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est une question fondamentale pour moi »

[Entretien] Elle a pris ses fonctions le 1er juillet dernier, succédant au très politique Renaud Payre, qui était directeur de Sciences Po Lyon depuis 2016 et vice-président de la Métropole depuis un an. Hélène Surrel sera aussi la première femme à diriger l’établissement lyonnais. Une juriste qui annonce qu’elle ne tremblera pas face aux défis qui attendent l’école, ébranlée après #SciencesPorcs et un an et demi de crise sanitaire.

C’est un petit séisme pour l’école lyonnaise de Sciences Politiques : pour la première fois en 70 ans d’histoire, c’est une femme qui va diriger l’IEP situé au 14 avenue Berthelot. Professeure de droit public, Hélène Surrel, directrice depuis le 1er juillet, n’en est pas à son coup d’essai à Sciences Po Lyon.

Elle a exercé au cours de sa carrière de nombreuses fonctions administratives au sein de Sciences Po Lyon. Après une campagne où elle était la seule candidate, elle succède donc à Renaud Payre, vice-président de la métropole en charge du logement, et compte bien imposer son style. Rue89 Lyon a pu l’interroger par deux fois, début juillet et fin août, pour évoquer avec elle ses projets et ses positionnements autour de #SciencesPorcs et des accusations d’islamogauchisme.

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« Hallucinations Collectives » : la nouvelle édition de l’Autre Cinéma à Lyon

« Hallucinations Collectives » : la nouvelle édition de l’Autre Cinéma à Lyon

Le Comoedia (Lyon 7e) accueille la 14ème édition du festival « Hallucinations Collectives ». L’occasion de découvrir des pépites cinématographiques à la fois inclassables et transgressives.

Hallucinations Collectives Lyon
Le film japonais « Belle » (2021) découvert au festival de Cannes, a été sélectionné pour l’ouverture du festival « Hallucinations Collectives ».

Avis aux cinéphiles qui n’ont pas froid aux yeux. Le festival « Hallucinations Collectives » revient au Comoedia du 31 août au 6 septembre. Au programme, des œuvres laissées en marge de l’histoire « officielle » du cinéma. Des films délicieusement surprenants voire dérangeants.

Cette année l’organisation du festival change afin de s’adapter aux contraintes sanitaires. La traditionnelle compétition de longs-métrages laisse sa place à une sélection de films n’ayant pas pu sortir en salle. Le « Cabinet des curiosités » regroupant les pépites hors thématiques est élargi et remplace exceptionnellement la catégorie « Carte blanche ».

Plus de 25 films à l’affiche d’ »Hallucinations collectives »

film triangle Christopher Smith festival Hallucinations collectives Lyon
A l’affiche du festival, le film « Triangle »(2009) de Christopher Smith

Pour cette 14ème édition, deux thématiques sont à l’honneur.

    « Le Mysticisme par la face Est » explore les rituels, folklores et autres spiritualités de la Russie à Honk-Kong et de la Turquie au Japon. « Rêves en ricochets : entre avant-garde et exploitation » plonge les spectateurs dans trois rêveries en noir et blanc, liées les unes avec les autres.

« Dementia », « Cold fish », « Sur le globe d’argent »… Les films sélectionnés promettent d’être avant-gardistes, parfois horrifiques et toujours hypnotiques. Pour les cinéphiles les plus avertis, l’incontournable « soirée de la Provoc’ et du mauvais goût » en hommage à la nuit de Canal+, aura lieu vendredi 3 septembre.

Plus d’informations sur le site du festival « Hallucinations Collectives »

#Hallucinations collectives

L’« Amazon régional » de Laurent Wauquiez : récit d’un coûteux échec

L’« Amazon régional » de Laurent Wauquiez : récit d’un coûteux échec

D’abord promu comme une place de marché, puis comme un catalogue des commerces et artisans d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’« Amazon régional » de Laurent Wauquiez Jachetedansmaregion.fr accumule les failles depuis son lancement en décembre 2020 : irrespect du RGPD, référencement inefficace et nombreux commerces aux liens inopérants ou erronés. Un carambolage numérique qui a coûté 80 000 euros à la Région.

Laurent Wauquiez l’avait promis :

« Un Amazon régional. Un Amazon 100 % Auvergne-Rhône-Alpes ! »

Une place de marché capable de rivaliser toute l’année avec le géant de Seattle. Annoncé en novembre 2020, disponible en décembre, que reste-t-il neuf mois plus tard de la plateforme Jachetedansmaregion.fr ? Car comme l’avertissait Laurent Wauquiez :

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Angélina Lanza, fillette casse-cou devenue athlète paralympique à Lyon

Angélina Lanza, fillette casse-cou devenue athlète paralympique à Lyon

En août 2021, la rédaction de Rue89Lyon dressait le portrait de quatre athlètes de participant aux Jeux paralympiques de Tokyo. Trois ans plus tard, ils sont tous en course pour les épreuves de Paris, du 28 août au 8 septembre. À cette occasion, nous rediffusons leurs portraits. Ici, celui d’Angélina Lanza. 

Originaire du Togo, Angélina Lanza a découvert l’athlétisme durant son enfance, à Grenoble. Dans l’espoir de canaliser l’énergie de la petite fille, son père décide l’inscrire dans un club d’athlétisme. Aujourd’hui âgée de 28 ans, Angélina Lanza pratique toujours l’athlétisme, à Lyon.

Elle représentera la France pour la deuxième fois, aux Jeux paralympiques de Tokyo. Compétitrice dans l’âme, la jeune femme a un adversaire de taille à affronter lors de ces Jeux paralympiques : elle-même. Et elle est compte bien repousser ses limites.

De la petite fille « un peu hyperactive » à l’athlétisme paralympique à Lyon

Toute petite, elle fait preuve d’une belle énergie qui pousse son père à lui trouver une activité dans laquelle elle puisse se dépenser.

« J’étais un peu hyperactive, à courir de partout, se souvient-elle en rigolant. Quand j’avais une dizaine d’années, mon père m’a inscrite à l’athlétisme pour canaliser mon énergie. »

Courses, lancers, sauts… L’athlétisme séduit immédiatement la petite fille, en particulier le sprint et le saut en longueur. Du haut de ses 10 ans, Angélina Lanza fait déjà preuve d’un bel esprit de compétition. Elle s’entraîne dans un club valide, sans prendre conscience des séquelles laissées par une poliomyélite, contractée durant l’enfance.

« La maladie a touché mes muscles et mes nerfs. J’ai appris à vivre avec ces séquelles sans problème mais je manque de d’amplitude. Il y a des mouvements que je ne suis pas capable de faire, même si j’ai appris à m’adapter. »

A 17 ans, Angélina Lanza concourt au niveau régional. A l’occasion d’une compétition, sa route croise celle de l’ancien entraîneur du pôle France athlétisme handisport de Lyon, Jean-Baptiste Souche, qui lui fait découvrir le monde du handisport.

« Je m’épanouissais chez les valides mais dans le milieu du handisport, on joue à armes égales. Le handisport m’a permis de passer au niveau supérieur. »

Et on peut dire que Jean-Baptiste Souche ne s’est pas trompé. Dès sa première compétition d’athlétisme handisport, à l’occasion des championnats de France de janvier 2011, Angélina Lanza ramène la médaille d’or.

Commence alors une carrière de sportive de haut niveau à Lyon, et les entraînements d’athlétisme passent de trois fois par semaine à sept ou huit fois par semaine.

« J’ai toujours eu l’esprit de compétition, avoue la jeune femme. Une fois que j’ai eu découvert le mouvement handisport, j’ai été plus sérieuse dans ma pratique sportive et j’ai eu pour ambition de faire les Jeux. »

« Mon objectif, c’est de tout donner à chaque fois »

Cinq ans plus tard, Angélina Lanza se présente à ses premiers Jeux paralympiques, à Rio. Cette année-là, l’athlète ne décroche aucune médaille. Pourtant, elle estime s’être surpassée.

« J’ai fini 4e au saut en longueur et 5e au 200 mètres, en battant mes records. Pour les médias, ces places sont souvent synonyme d’échec mais pas pour moi car j’ai été à mon meilleur niveau le jour J. Mon objectif, c’est toujours de tout donner à chaque fois, pour voir jusqu’où je suis capable d’aller. »

En 2018, elle rafle les médailles aux championnats d’Europe d’athlétisme handisport deux Berlin : deux médailles d’or en saut en longueur et en 200 mètres, et une médaille d’argent en relais 4×100 mètres. De quoi démarrer du bon pied pour les Jeux paralympiques de Tokyo.

La performance, c’est bien, mais ça ne suffit pas, affirme la jeune femme. Pour elle, l’aventure humaine que représente la préparation aux Jeux est au moins aussi importante. L’athlétisme doit rester ce qu’il a toujours été pour elle : du plaisir.

« J’adore le sprint, j’aime la vitesse, voir jusqu’à quel point je suis capable d’aller vite. J’aime aussi le saut en longueur et la sensation que j’ai dans les airs, pendant le saut. Tout va à la fois très vite et très lentement. J’ai l’impression de voler, que le temps s’est un peu arrêté et d’un coup je suis dans le sable. J’aime beaucoup cette sensation. »

« C’est grâce à mon père, et mes proches, que j’en suis là aujourd’hui »

Aujourd’hui, Angélina Lanza habite à Lyon et est chargée de communication à la SNCF en parallèle de sa pratique de l’athlétisme à haut niveau. Son statut d’athlète lui permet d’adapter son temps de travail en fonction de ses entraînements.

Pour la jeune femme, il est hors de question d’abandonner la compétition. Elle compte bien repousser ses limites aux Jeux paralympiques de Tokyo.

« Bien sûr, je pense aux Jeux paralympiques de Paris, en 2024, qui devraient être un beau spectacle, mais l’échéance, c’est Tokyo. »

A Grenoble puis à Lyon, comme à Tokyo, Angélina Lanza pourra compter sur le soutien de son père, qui lui a permis de s’épanouir dans l’athlétisme. Quand il l’a inscrite pour la première fois, se doutait-il que cette petite fille de 10 ans s’envolerait un jour pour les Jeux paralympiques ? C’est possible, répond Angélina Lanza dans un rire :

« Au fond de lui, je pense que mon père avait une petite idée. Il m’a toujours soutenue et dit que j’avais du potentiel, sans jamais me mettre la pression. C’est grâce à lui, et mes proches, que j’en suis là aujourd’hui. »

Angélina Lanza athlétisme lyon
Angélina Lanza participera aux Jeux paralympiques de Tokyo.Photo : DR
#Athlétisme#Handisport#Jeux paralympiques de Tokyo

Etudiant à L’EM Lyon issu d’un milieu modeste : « Je me suis coupé de mes racines pour ne plus regarder en bas »

Etudiant à L’EM Lyon issu d’un milieu modeste : « Je me suis coupé de mes racines pour ne plus regarder en bas »

[Série] Après une enfance passée en banlieue parisienne et une scolarité en réseau d’éducation prioritaire, Praveein devient étudiant à l’EM Lyon. « Un nouveau monde », pour ce fils de laborantin et de femme de ménage, originaires du Sri Lanka. Déterminé à réussir, Praveein décide de « couper ses racines » qui le relient à son milieu modeste, pour ne plus jamais avoir à « regarder en bas ».

A la veille de sa dernière année d’études supérieures, le jeune homme de 22 ans revient sur son expérience. Second témoignage dédiée aux traversées sociales entre milieu modeste et écoles prestigieuses.

etudiant EM Lyon
Praveein dans la maison de ses parents en banlieue parisienne où il vient passer les vacances scolaires. Photo : DR

« Mes parents ont fui la pauvreté et la guerre civile du Sri Lanka. Ce passé, ils m’en parlent peu. Je sais simplement que mon père est arrivé dans les années 1980 en Allemagne. Puis il s’est installé en France, où il a obtenu son BEP. Ma mère est arrivée quelques années plus tard. Elle a enchaîné pas mal de petits boulots, avant de devenir femme de ménage.

Je passe une partie de mon enfance à Evry, au sud-est de Paris, dans un environnement assez modeste. Je partage alors ma chambre avec un de mes grands frères. Alors que je suis en primaire, nous déménageons avec ma famille dans l’Essonne, dans la ville de Ris-Orangis. Toute ma scolarité se déroule en zones d’éducation prioritaire.

« J’éprouve de la honte vis-à-vis de mon milieu d’origine »

Selon mes parents, pour s’intégrer, il faut bien travailler à l’école. Alors je suis toujours le premier de la classe. Ma mère et mon père suivent de très près les études de mes frères et moi. Pour être satisfaisants, nos résultats doivent être supérieurs à 16/20. Il s’agit de s’assurer un meilleur avenir que celui de nos parents, sans travail les week-ends pour arrondir les fins de mois et sans la menace constante du chômage.

C’est à l’école que je réalise que je viens d’un milieu populaire. Les autres élèves ont des cadeaux pour Noël et pour leur d’anniversaire. Pas moi. J’éprouve de la honte vis-à-vis de mon milieu d’origine. Une forme de rejet aussi.

Au fond, j’ai le sentiment d’avoir une enfance un peu gâchée. Je réalise progressivement que je n’ai pas la possibilité de développer pleinement mon potentiel. Cette frustration devient un moteur lorsqu’elle me pousse à travailler, mais elle est parfois source de tensions avec mes proches.

« Un retard accumulé pendant 16 ans ne se rattrape pas en quelques mois »

Dès le lycée je commence à me construire en opposition à mon milieu social d’origine. J’adopte les codes du « bon élève » et j’apprécie discuter avec mes professeurs. Arrivé en classe préparatoire, j’observe comment les étudiants se comportent. Ils ont un savoir-être différent des élèves de mon lycée. Ils ont aussi une aisance sociale que je n’ai pas. Pas encore.

La prépa est une désillusion. Jusque là, j’étais un excellent élève. Mais je viens d’un lycée dans lequel c’est un exploit si tout le monde obtient le Bac. Je réalise alors qu’au pays des aveugles, le borgne est roi… En prépa je suis entouré de jeunes qui ont fréquenté de très bons lycées et sont bien préparés aux études supérieures. Je me sens stupide à côté d’eux.

De 17/20 en sortant du lycée, je passe à 9/20 de moyenne en prépa. Je me retrouve parmi les dix derniers de la classe. Un retard accumulé pendant 16 ans ne se rattrape pas en quelques mois. Je dois travailler deux fois plus que les autres pour arriver au même résultat. C’est de cette manière que je réussis à me hisser à la moitié du classement ma classe.

« Je dois contracter un prêt de 44 000 euros »

Mon objectif est d’intégrer les plus grandes écoles de commerce, comme HEC ou l’ESCP. Je rate de peu ces concours. Je rentre à l’EM Lyon, un peu par résignation. Mes parents ne connaissent pas l’univers des grandes écoles : que j’intègre l’EM Lyon ou une autre école, c’est la même chose à leurs yeux. Ils auraient tout de même préféré que je fasse une école d’ingénieurs, comme mes frères aînés.

Pour payer ma scolarité à l’EM Lyon je dois contracter un prêt de 44 000 euros. L’idée de devoir rembourser une telle somme m’angoisse un peu. Même si je devrais être en mesure de trouver du travail après mes études, cette dette importante reste dans un coin de ma tête. Je sais que certains étudiants n’ont pas cette pression, car leurs parents prennent entièrement en charge leur scolarité.

Dans les grandes écoles de commerce il y a des choses qu’il faut vite apprendre. Participer aux soirées par exemple permet de « réseauter ». Durant les soirées ou le week-end d’intégration de l’EM Lyon, certains étudiants dépensent une somme d’argent qui me paraît folle. Impossible pour moi de m’y rendre sans vérifier d’abord mon compte en banque.

Les grandes écoles représentent un monde fermé : il faut intégrer les codes de ceux qui y sont pour pouvoir y entrer. Je suis prêt à épouser tous les codes du milieu social auquel j’aspire. Alors pour rentrer dans le moule, je me suis auto-formaté.

Contrairement à certains amis qui disent ne pas vouloir oublier d’où ils viennent, je ne me sens pas partagé entre deux mondes. Je sais où je vais et je ne regarde plus d’où je viens.

Mes racines, je les ai coupées. Je ne peux pas vivre dans un monde qui n’est plus le mien.

« Des incompréhensions entre mon entourage et moi »

J’ai beaucoup changé et mes parents l’ont remarqué. Une distance s’est instaurée entre eux et moi. Nous avons des désaccords sur nos valeurs et nos manières de vivre. Récemment j’ai acheté deux costumes sur-mesure pour 500 euros avec mon argent. Mes parents m’ont dit que c’était du gâchis, que j’aurai pu acheter dix costumes premier prix avec cette somme.

La valeur de l’argent a changée à mes yeux. Pour mes parents qui ne sont pas dépensiers, il s’agit d’une valeur monétaire. Moi je vois l’argent comme un investissement. Acheter ces costumes de qualité était un moyen de ne pas arriver comme un « pitre » dans mon stage au sein d’une grande entreprise. Le paraître est très important dans la classe sociale la plus élevée. Je l’ai intégré.

Dans mon parcours, il y a une part de travail mais il y a aussi une part de chance. J’ai eu accès aux bonnes informations au bon moment et je suis bien entouré. Depuis mon entrée dans l’enseignement supérieur, je bénéficie grâce à l’association Article 1 de l’accompagnement d’un « parrain » qui est dans la vie active. Il me conseille et m’a aidé à trouver un stage.

Mon regard a changé par rapport à la notion de méritocratie. Avec le temps j’ai réalisé qu’il fallait prendre en compte le travail mais aussi le milieu social d’origine dans la réussite. Aujourd’hui, je reconnais l’utilité des mesures qui permettent un accès plus large aux grandes écoles. J’aimerais m’engager en faveur de l’égalité des chances.

Si je veux vivre la vie de quelqu’un qui est dans un milieu social favorisé, je voudrais également pouvoir redonner ce qu’on m’a donné. Alors un jour, j’espère à mon tour pouvoir parrainer un étudiant et ainsi participer à son ascension sociale. »

#Em Lyon