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Angélina Lanza, fillette casse-cou devenue athlète paralympique à Lyon

Angélina Lanza, fillette casse-cou devenue athlète paralympique à Lyon

En août 2021, la rédaction de Rue89Lyon dressait le portrait de quatre athlètes de participant aux Jeux paralympiques de Tokyo. Trois ans plus tard, ils sont tous en course pour les épreuves de Paris, du 28 août au 8 septembre. À cette occasion, nous rediffusons leurs portraits. Ici, celui d’Angélina Lanza. 

Originaire du Togo, Angélina Lanza a découvert l’athlétisme durant son enfance, à Grenoble. Dans l’espoir de canaliser l’énergie de la petite fille, son père décide l’inscrire dans un club d’athlétisme. Aujourd’hui âgée de 28 ans, Angélina Lanza pratique toujours l’athlétisme, à Lyon.

Elle représentera la France pour la deuxième fois, aux Jeux paralympiques de Tokyo. Compétitrice dans l’âme, la jeune femme a un adversaire de taille à affronter lors de ces Jeux paralympiques : elle-même. Et elle est compte bien repousser ses limites.

De la petite fille « un peu hyperactive » à l’athlétisme paralympique à Lyon

Toute petite, elle fait preuve d’une belle énergie qui pousse son père à lui trouver une activité dans laquelle elle puisse se dépenser.

« J’étais un peu hyperactive, à courir de partout, se souvient-elle en rigolant. Quand j’avais une dizaine d’années, mon père m’a inscrite à l’athlétisme pour canaliser mon énergie. »

Courses, lancers, sauts… L’athlétisme séduit immédiatement la petite fille, en particulier le sprint et le saut en longueur. Du haut de ses 10 ans, Angélina Lanza fait déjà preuve d’un bel esprit de compétition. Elle s’entraîne dans un club valide, sans prendre conscience des séquelles laissées par une poliomyélite, contractée durant l’enfance.

« La maladie a touché mes muscles et mes nerfs. J’ai appris à vivre avec ces séquelles sans problème mais je manque de d’amplitude. Il y a des mouvements que je ne suis pas capable de faire, même si j’ai appris à m’adapter. »

A 17 ans, Angélina Lanza concourt au niveau régional. A l’occasion d’une compétition, sa route croise celle de l’ancien entraîneur du pôle France athlétisme handisport de Lyon, Jean-Baptiste Souche, qui lui fait découvrir le monde du handisport.

« Je m’épanouissais chez les valides mais dans le milieu du handisport, on joue à armes égales. Le handisport m’a permis de passer au niveau supérieur. »

Et on peut dire que Jean-Baptiste Souche ne s’est pas trompé. Dès sa première compétition d’athlétisme handisport, à l’occasion des championnats de France de janvier 2011, Angélina Lanza ramène la médaille d’or.

Commence alors une carrière de sportive de haut niveau à Lyon, et les entraînements d’athlétisme passent de trois fois par semaine à sept ou huit fois par semaine.

« J’ai toujours eu l’esprit de compétition, avoue la jeune femme. Une fois que j’ai eu découvert le mouvement handisport, j’ai été plus sérieuse dans ma pratique sportive et j’ai eu pour ambition de faire les Jeux. »

« Mon objectif, c’est de tout donner à chaque fois »

Cinq ans plus tard, Angélina Lanza se présente à ses premiers Jeux paralympiques, à Rio. Cette année-là, l’athlète ne décroche aucune médaille. Pourtant, elle estime s’être surpassée.

« J’ai fini 4e au saut en longueur et 5e au 200 mètres, en battant mes records. Pour les médias, ces places sont souvent synonyme d’échec mais pas pour moi car j’ai été à mon meilleur niveau le jour J. Mon objectif, c’est toujours de tout donner à chaque fois, pour voir jusqu’où je suis capable d’aller. »

En 2018, elle rafle les médailles aux championnats d’Europe d’athlétisme handisport deux Berlin : deux médailles d’or en saut en longueur et en 200 mètres, et une médaille d’argent en relais 4×100 mètres. De quoi démarrer du bon pied pour les Jeux paralympiques de Tokyo.

La performance, c’est bien, mais ça ne suffit pas, affirme la jeune femme. Pour elle, l’aventure humaine que représente la préparation aux Jeux est au moins aussi importante. L’athlétisme doit rester ce qu’il a toujours été pour elle : du plaisir.

« J’adore le sprint, j’aime la vitesse, voir jusqu’à quel point je suis capable d’aller vite. J’aime aussi le saut en longueur et la sensation que j’ai dans les airs, pendant le saut. Tout va à la fois très vite et très lentement. J’ai l’impression de voler, que le temps s’est un peu arrêté et d’un coup je suis dans le sable. J’aime beaucoup cette sensation. »

« C’est grâce à mon père, et mes proches, que j’en suis là aujourd’hui »

Aujourd’hui, Angélina Lanza habite à Lyon et est chargée de communication à la SNCF en parallèle de sa pratique de l’athlétisme à haut niveau. Son statut d’athlète lui permet d’adapter son temps de travail en fonction de ses entraînements.

Pour la jeune femme, il est hors de question d’abandonner la compétition. Elle compte bien repousser ses limites aux Jeux paralympiques de Tokyo.

« Bien sûr, je pense aux Jeux paralympiques de Paris, en 2024, qui devraient être un beau spectacle, mais l’échéance, c’est Tokyo. »

A Grenoble puis à Lyon, comme à Tokyo, Angélina Lanza pourra compter sur le soutien de son père, qui lui a permis de s’épanouir dans l’athlétisme. Quand il l’a inscrite pour la première fois, se doutait-il que cette petite fille de 10 ans s’envolerait un jour pour les Jeux paralympiques ? C’est possible, répond Angélina Lanza dans un rire :

« Au fond de lui, je pense que mon père avait une petite idée. Il m’a toujours soutenue et dit que j’avais du potentiel, sans jamais me mettre la pression. C’est grâce à lui, et mes proches, que j’en suis là aujourd’hui. »

Angélina Lanza athlétisme lyon
Angélina Lanza participera aux Jeux paralympiques de Tokyo.Photo : DR
#Athlétisme#Handisport#Jeux paralympiques de Tokyo

Etudiant à L’EM Lyon issu d’un milieu modeste : « Je me suis coupé de mes racines pour ne plus regarder en bas »

Etudiant à L’EM Lyon issu d’un milieu modeste : « Je me suis coupé de mes racines pour ne plus regarder en bas »

[Série] Après une enfance passée en banlieue parisienne et une scolarité en réseau d’éducation prioritaire, Praveein devient étudiant à l’EM Lyon. « Un nouveau monde », pour ce fils de laborantin et de femme de ménage, originaires du Sri Lanka. Déterminé à réussir, Praveein décide de « couper ses racines » qui le relient à son milieu modeste, pour ne plus jamais avoir à « regarder en bas ».

A la veille de sa dernière année d’études supérieures, le jeune homme de 22 ans revient sur son expérience. Second témoignage dédiée aux traversées sociales entre milieu modeste et écoles prestigieuses.

etudiant EM Lyon
Praveein dans la maison de ses parents en banlieue parisienne où il vient passer les vacances scolaires. Photo : DR

« Mes parents ont fui la pauvreté et la guerre civile du Sri Lanka. Ce passé, ils m’en parlent peu. Je sais simplement que mon père est arrivé dans les années 1980 en Allemagne. Puis il s’est installé en France, où il a obtenu son BEP. Ma mère est arrivée quelques années plus tard. Elle a enchaîné pas mal de petits boulots, avant de devenir femme de ménage.

Je passe une partie de mon enfance à Evry, au sud-est de Paris, dans un environnement assez modeste. Je partage alors ma chambre avec un de mes grands frères. Alors que je suis en primaire, nous déménageons avec ma famille dans l’Essonne, dans la ville de Ris-Orangis. Toute ma scolarité se déroule en zones d’éducation prioritaire.

« J’éprouve de la honte vis-à-vis de mon milieu d’origine »

Selon mes parents, pour s’intégrer, il faut bien travailler à l’école. Alors je suis toujours le premier de la classe. Ma mère et mon père suivent de très près les études de mes frères et moi. Pour être satisfaisants, nos résultats doivent être supérieurs à 16/20. Il s’agit de s’assurer un meilleur avenir que celui de nos parents, sans travail les week-ends pour arrondir les fins de mois et sans la menace constante du chômage.

C’est à l’école que je réalise que je viens d’un milieu populaire. Les autres élèves ont des cadeaux pour Noël et pour leur d’anniversaire. Pas moi. J’éprouve de la honte vis-à-vis de mon milieu d’origine. Une forme de rejet aussi.

Au fond, j’ai le sentiment d’avoir une enfance un peu gâchée. Je réalise progressivement que je n’ai pas la possibilité de développer pleinement mon potentiel. Cette frustration devient un moteur lorsqu’elle me pousse à travailler, mais elle est parfois source de tensions avec mes proches.

« Un retard accumulé pendant 16 ans ne se rattrape pas en quelques mois »

Dès le lycée je commence à me construire en opposition à mon milieu social d’origine. J’adopte les codes du « bon élève » et j’apprécie discuter avec mes professeurs. Arrivé en classe préparatoire, j’observe comment les étudiants se comportent. Ils ont un savoir-être différent des élèves de mon lycée. Ils ont aussi une aisance sociale que je n’ai pas. Pas encore.

La prépa est une désillusion. Jusque là, j’étais un excellent élève. Mais je viens d’un lycée dans lequel c’est un exploit si tout le monde obtient le Bac. Je réalise alors qu’au pays des aveugles, le borgne est roi… En prépa je suis entouré de jeunes qui ont fréquenté de très bons lycées et sont bien préparés aux études supérieures. Je me sens stupide à côté d’eux.

De 17/20 en sortant du lycée, je passe à 9/20 de moyenne en prépa. Je me retrouve parmi les dix derniers de la classe. Un retard accumulé pendant 16 ans ne se rattrape pas en quelques mois. Je dois travailler deux fois plus que les autres pour arriver au même résultat. C’est de cette manière que je réussis à me hisser à la moitié du classement ma classe.

« Je dois contracter un prêt de 44 000 euros »

Mon objectif est d’intégrer les plus grandes écoles de commerce, comme HEC ou l’ESCP. Je rate de peu ces concours. Je rentre à l’EM Lyon, un peu par résignation. Mes parents ne connaissent pas l’univers des grandes écoles : que j’intègre l’EM Lyon ou une autre école, c’est la même chose à leurs yeux. Ils auraient tout de même préféré que je fasse une école d’ingénieurs, comme mes frères aînés.

Pour payer ma scolarité à l’EM Lyon je dois contracter un prêt de 44 000 euros. L’idée de devoir rembourser une telle somme m’angoisse un peu. Même si je devrais être en mesure de trouver du travail après mes études, cette dette importante reste dans un coin de ma tête. Je sais que certains étudiants n’ont pas cette pression, car leurs parents prennent entièrement en charge leur scolarité.

Dans les grandes écoles de commerce il y a des choses qu’il faut vite apprendre. Participer aux soirées par exemple permet de « réseauter ». Durant les soirées ou le week-end d’intégration de l’EM Lyon, certains étudiants dépensent une somme d’argent qui me paraît folle. Impossible pour moi de m’y rendre sans vérifier d’abord mon compte en banque.

Les grandes écoles représentent un monde fermé : il faut intégrer les codes de ceux qui y sont pour pouvoir y entrer. Je suis prêt à épouser tous les codes du milieu social auquel j’aspire. Alors pour rentrer dans le moule, je me suis auto-formaté.

Contrairement à certains amis qui disent ne pas vouloir oublier d’où ils viennent, je ne me sens pas partagé entre deux mondes. Je sais où je vais et je ne regarde plus d’où je viens.

Mes racines, je les ai coupées. Je ne peux pas vivre dans un monde qui n’est plus le mien.

« Des incompréhensions entre mon entourage et moi »

J’ai beaucoup changé et mes parents l’ont remarqué. Une distance s’est instaurée entre eux et moi. Nous avons des désaccords sur nos valeurs et nos manières de vivre. Récemment j’ai acheté deux costumes sur-mesure pour 500 euros avec mon argent. Mes parents m’ont dit que c’était du gâchis, que j’aurai pu acheter dix costumes premier prix avec cette somme.

La valeur de l’argent a changée à mes yeux. Pour mes parents qui ne sont pas dépensiers, il s’agit d’une valeur monétaire. Moi je vois l’argent comme un investissement. Acheter ces costumes de qualité était un moyen de ne pas arriver comme un « pitre » dans mon stage au sein d’une grande entreprise. Le paraître est très important dans la classe sociale la plus élevée. Je l’ai intégré.

Dans mon parcours, il y a une part de travail mais il y a aussi une part de chance. J’ai eu accès aux bonnes informations au bon moment et je suis bien entouré. Depuis mon entrée dans l’enseignement supérieur, je bénéficie grâce à l’association Article 1 de l’accompagnement d’un « parrain » qui est dans la vie active. Il me conseille et m’a aidé à trouver un stage.

Mon regard a changé par rapport à la notion de méritocratie. Avec le temps j’ai réalisé qu’il fallait prendre en compte le travail mais aussi le milieu social d’origine dans la réussite. Aujourd’hui, je reconnais l’utilité des mesures qui permettent un accès plus large aux grandes écoles. J’aimerais m’engager en faveur de l’égalité des chances.

Si je veux vivre la vie de quelqu’un qui est dans un milieu social favorisé, je voudrais également pouvoir redonner ce qu’on m’a donné. Alors un jour, j’espère à mon tour pouvoir parrainer un étudiant et ainsi participer à son ascension sociale. »

#Em Lyon

Accueil des Afghans à Lyon : « Trouver des places, c’est toute la difficulté de cette opération »

Accueil des Afghans à Lyon : « Trouver des places, c’est toute la difficulté de cette opération »

[Entretien] La préfecture du Rhône a annoncé l’ouverture de 270 places d’hébergement pour accueillir des personnes en provenance de Kaboul. Pour le moment, 85 Afghans ont déjà été accueillis à Paris pour être transférés à Lyon et Villeurbanne et d’autres pourraient les rejoindre prochainement. C’est l’association Forum réfugiés qui a été chargée de l’hébergement de ces 85 personnes depuis le 24 août. Son directeur général, Jean-François Ploquin, répond aux questions de Rue89Lyon.

Forum Réfugiés a accueilli 85 Afghans sur Lyon et Villeurbanne dans la nuit du 24 au 25 août.
Forum Réfugiés a accueilli 85 Afghans sur Lyon et Villeurbanne dans la nuit du 24 au 25 août. Photo : Forum Réfugiés

Rue89Lyon. La préfecture a annoncé mardi l’ouverture de 150 places sur Lyon et Villeurbanne pour accueillir des Afghans et Afghanes. Comment s’est organisé cet accueil ?

Jean-François Ploquin. On s’inscrit dans une deuxième séquence d’accueil. La première a eu lieu après le 15 août et la prise de Kaboul par les Talibans. Dans un premier temps, le gouvernement français a décidé de centraliser l’accueil des Afghans en Île-de-France en sollicitant les associations locales. Les Afghans devaient être accueillis en dehors du dispositif national d’asile donc plutôt dans le parc hôtelier. Puis les événements se sont précipités et les dispositifs en Île-de-France ont été saturés.

Et à Lyon ?

Au début de cette semaine, le gouvernement a demandé aux préfets des différentes Zones de défense de voir avec les associations locales pour accueillir des Afghans, dont Forum réfugiés pour la Métropole de Lyon. En Auvergne-Rhône-Alpes, un objectif de 250 places a été fixé, c’est-à-dire environ la contenance d’un vol. Dans la pratique, il y a des écarts. Sur la totalité des personnes du vol, il y en a qui sont accueillies par des proches à l’aéroport et puis il y a le problème des capacités d’accueil. Trouver des places, c’est toute la difficulté de cette opération.

Accueil des Afghans à Lyon : « Il s’agit essentiellement de familles avec des enfants »

Combien d’Afghans ont été pris en charge par Forum réfugiés sur la métropole de Lyon ?

Sur le vol qui est arrivé à Roissy en provenance de Kaboul dans la nuit de mardi à mercredi, Forum réfugiés a accueilli 85 personnes qui ont été logées sur Lyon et Villeurbanne. Il s’agit essentiellement de familles avec des enfants, dont les âges vont du bébé aux jeunes adultes. Il y a aussi quelques personnes isolées.

Forum Réfugiés a accueilli 85 Afghans sur Lyon et Villeurbanne dans la nuit du 24 au 25 août.
Il s’agit essentiellement de familles avec enfants, certains âgés de quelques mois, d’autres majeurs depuis peu. Photo : Forum Réfugiés

Où est-ce que ces 85 personnes en provenance d’Afghanistan ont été logées ?

Au début, le gouvernement ne voulait pas utiliser les places du dispositif national d’asile car il n’y a déjà pas de place pour les demandeurs d’asile actuels. La solution, c’était l’hôtel. Sauf que même le hôtelier est congestionné dans une ville comme Lyon. Toute la difficulté réside dans le fait de créer et de maintenir des capacités sur Lyon. Il y a des volontés affichées et claires des acteurs sur ce dossier, mais c’est très dur de créer des places à Lyon. C’est le cas ailleurs aussi.

« Des Afghans accueillis au centre de transit de Lyon et dans un bâtiment prêté par la Ville de Villeurbanne »

Quelles solution a été trouvée pour héberger ces personnes ?

On a mis en avant le centre de transit créé à Lyon en 1997 pour permettre ce genre d’accueil rapide. Il est d’une capacité de 100 places. L’État ne paie pas des places vides, donc il s’agit de places occupées et qui peuvent être rendues vacantes par une orientation accélérée des occupants à la sortie. Dans ce centre, des places avaient déjà été vidées pour permettre la réalisation de travaux ce qui a permis d’accueillir 50 personnes. Les autres ont été logées dans un bâtiment mis à disposition par la Ville de Villeurbanne, mais il n’était pas équipé donc il a fallu trouver des meubles, de l’électroménager… Ces places ne sont pas venues empiéter sur les places mises à disposition par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) pour les demandeurs d’asile.

Combien de temps ces personnes seront-elles hébergées ?

Les personnes sont accueillies pour une durée de 15 jours dont 10 jours de quarantaine étant donné que l’Afghanistan est sur la liste rouge des pays touchés par le covid. Pendant ces 15 jours, des infos leur seront données sur l’asile en France, leurs droits… Au bout des 15 jours, les personnes qui demandent l’asile seront redéployées par l’OFII sur les places du dispositif national d’asile. C’est un sas très court d’accueil.

Est-ce que ces accueils en urgence sont habituels pour vous ?

Cet accueil a une dimension un peu sportive, d’autant plus que des salariés sont encore en congés. Il s’agit à la fois d’un événement soudain mais qui a également un caractère ordinaire pour les professionnels. On a fait un appel à volontariat dans les autres services de l’association et huit salariés sont montés à Roissy pour aller récupérer les Afghans en bus. Il y a un petit côté mission spéciale.

Pourtant, ce n’est pas la première fois. Accueillir 85 personnes c’est très modeste par rapport au nombre d’habitants de la métropole de Lyon. En 1999, on a accueilli 500 personnes du Kosovo, les années suivantes ça a été un bus de Palestiniens, puis les gens de Calais bien sûr. Il y a un caractère récurrent, tous les trois ou quatre ans.

A Lyon, des manifestations éclatées contre le pass sanitaire ce samedi

A Lyon, des manifestations éclatées contre le pass sanitaire ce samedi

Ce samedi 28 août, plusieurs manifestations sont prévues contre le pass sanitaire à Lyon. Trois rassemblements ont été annoncés pour cette septième semaine de mobilisation.

Les manifestations reprennent en marche dispersées ce samedi 28 août. Pour cette septième semaine de mobilisation consécutive, un rassemblement et deux manifestations sont prévues à Lyon contre la mise en place du pass sanitaire. Le rassemblement mené par le collectif « Contre la Coronafolie », partant habituellement des Brotteaux, n’aura pas lieu. Du moins, pas dans sa forme habituelle.

À Lyon : les bibliothécaires contre le pass sanitaire

Ce samedi 28 août à 10h, une partie des bibliothécaires de la Ville de Lyon se rassembleront devant la bibliothèque Marguerite Yourcenar (Lyon 3e) à la suite d’un appel syndical. Dans un tract signé par Sud et la CGT de la Ville de Lyon, les agents s’opposent à la mise en place du pass sanitaire pour « l’accès à la culture ».

« La mise en place du passe sanitaire est contraire à notre mission de service public qui garantit un accès libre, gratuit, ouvert à toutes et tous, sans discrimination et sans justification de l’usage qui en est fait, indique le tract. Alors que les bibliothèques jouent un rôle d’information, de conseil, de médiation (numérique notamment) et d’orientation pour un public parfois hésitant face à la vaccination ou démuni face aux outils à mobiliser, il nous faudrait lui fermer les portes au moment où ces enjeux sont les plus cruciaux ? »

Du côté de l’UD CGT du Rhône : une action en semaine mais pas le samedi

Cet appel local n’est cependant pas suivi par un appel interprofessionnel. L’Union départementale (UD) CGT du Rhône n’invite pas ses membres à participer à un quelconque cortège ce samedi.

L’UD CGT ne s’associe pas au cortège hospitalier qui partira d’Édouard-Herriot. Elle se méfie « des appels fourre-tout où les mots d’ordres ne sont pas claires. »

« De plus, traditionnellement, les manifestations du samedi sont davantage des mouvements citoyens », souligne Jérôme Bation, de l’UD CGT.

Ce jeudi 26 août, une action 100% CGT a eu lieu devant la préfecture du Rhône sur les conséquences du pass sanitaire. Objectif : s’opposer aux licenciements et suspensions de poste dans le milieu hospitalier qui pourraient avoir lieu avec la mise en place du pass.

Un cortège soignant aux contours flous

Répondant à l’appel de la section FO de l’hôpital Edouard-Herriot, de Sud et du collectif hospitalier 69, un cortège de soignants s’élancera à 13h30 de Grange-Blanche, direction Bellecour.

« Cette loi pousse les employeurs à appliquer les sanctions en passant par des contrôles que nous condamnons, indiquent-ils. Nous refusons ces remises en cause pure et simple du secret médical et des missions de soins de nos secteurs. »

La question étant : qui sera réellement dans le cortège ?

Contacté jeudi soir, Dominique Garret, un des organisateurs des manifestations « Contre la Coronafolie » explique qu’il n’y avait pas de cortège prévu ce samedi au nom du collectif. Selon lui, certains membres pourraient se joindre à cette manifestation de soignants. Mais pour l’heure, les discussions n’avaient pas abouties. « Certains cadres syndicaux sont en désaccords avec leur base », avance-t-il.

Il leur reproche d’être pour la vaccination obligatoire. Une affirmation qui devrait faire grincer du côté du syndicat Sud de l’hôpital Edouard Herriot. Ce dernier avait lancé une grève, le 29 juillet, contre cette même vaccination obligatoire.

Encore une fois, ces prises de position montrent la difficulté à définir clairement ce mouvement. Côté CGT, on craignait de se retrouver à marcher aux côtés de partisans d’extrême droite.

En cause, notamment, la présence de groupes proches de Florian Philippot ou d’autres groupes d’extrêmes droite dans le cortège. Dominique Garret tient à rappeler, lui, que son but est de « rassembler » dans une optique apartisane.

Ce samedi 28 août, plusieurs manifestations sont prévues contre le pass sanitaire à Lyon.
La mise en place du pass sanitaire inquiète pour les plus précaires.Photo : PL/Rue89Lyon.

Un rassemblement non déclaré sur la place Sathonay

Enfin, un dernier rassemblement aura lieu, à 14h, sur la place Sathonay. Relayé notamment par le groupe anti-fachiste Lyon et ses environs (Gale), il se positionnera pour la levée des brevets sur les vaccins, pour la gratuité des tests PCR et antigénique et pour le retrait du pass sanitaire.

Comme les semaines précédentes, ce dernier n’a pas été déclaré en préfecture.

A noter également : un appel à tenir une « assemblée de lutte contre le pass sanitaire » place Guichard à samedi 18h a été diffusé sur le site Rebellyon.

Lyon à 30 km/h : « Répondre à un besoin d’apaisement »

Lyon à 30 km/h : « Répondre à un besoin d’apaisement »

Alors que l’été a été marqué par plusieurs accidents graves dans la métropole de Lyon, Fabien Bagnon a annoncé le passage de Lyon en ville 30 km/h pour 2022. Trois autres communes de la métropole appliquent déjà cette mesure. Le 26 août, Ecully a également candidaté pour intégrer ce dispositif.

Lyon sera une « ville 30 km/h » en 2022. Fabien Bagnon, l’a annoncé à nos confrères de Tribune de Lyon. Le vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives représente le président de la Métropole, compétent en matière de police de la circulation.

La Ville de Lyon va donc suivre le même chemin qu’Oullins, première commune de la métropole concernée par cette réglementation, Poleymieux-au-Mont-d’or et Fontaine Saint-Martin.

Au Sud, la Mulatière a aussi annoncé son intention de passer à 30 km/h. Le 26 août, Sébastien Michel (LR), maire d’Ecully, a emboité le pas à ces communes en annonçant être candidat à ce dispositif.

Plusieurs villes de la métropole de Lyon vont donc dans le même sens que Paris, où la vitesse devrait baisser dès ce 30 août.

« La voirie sera par défaut limité à 30 km/h, hors voies rapides, précise Fabien Bagnon à Rue89Lyon. Les communes sont en train de regarder où elles veulent maintenir des axes limités à 50 km/h. »

La Métropole, via son vice-président, Fabien Bagnon, a annoncé le passage de Lyon en ville 30 km/h.
A Oullins, toute la ville a été limitée à 30km/h.Photo : DD/Rue89Lyon

À Lyon : 30 km/h pour des raisons de sécurité

Chiffres à l’appuie, l’élu défend une mesure de prévention routière qui répond « à un besoin d’apaisement ». Selon lui, un piéton a 90% de chance de s’en sortir lors d’un contact à 30 km/h avec une voiture. Ce chiffre passe à 20% à 50 km/h. Il est nul à 70.

« C’est un enjeu de sécurité routière et de bruit, poursuit-il. Suivant la voirie, il s’agit aussi d’assurer le confort des cyclistes et piétons. Pour ces derniers, il y a la question de pouvoir traverser les passages piétons. »

Reprenant un peu de code de la route, il rappelle que les automobilistes sont censés s’arrêter quand un piéton attend pour traverser une route. « Actuellement, le piéton a compris qu’il n’était pas prioritaire. »

Contrairement à l’agglomération grenobloise, précurseur dans le domaine, cette évolution n’a pas été menée directement par la Métropole. Le vice-président a fait le choix de rencontrer les élus et de leur proposer cette évolution, sur la base du volontariat. Objectif : que cette évolution concerne deux Grand lyonnais sur trois.

« Le concept de ville 30 est extrêmement pertinent sur un secteur dense. Il l’est moins quand il y a moins de piéton », constate-t-il.

Une limitation sur le boulevard Laurent Bonnevay

Dans le même sens, un réduction de la vitesse sur le boulevard Laurent Bonnevay, côté Villeurbanne, est prévue. Fabien Bagnon a annoncé que la limitation passerait de 70 à 50 km/h sur cette portion longeant le parc de la Feyssine et la Doua.

Ces déclarations font suite à plusieurs accidents graves survenus à Lyon et dans son agglomération. Le 23 août, un piéton a été grièvement blessé lors d’un accident avec une voiture sur le boulevard Laurent Bonnevay. Dans la montée de Choulans, deux accidents mortels ont eu lieu cet été. Des travaux de sécurisation sont notamment prévus sur cette parcelle. Un couloir va être créé pour des bus et vélos et la vitesse va être, là aussi, limitée à 30 km/h.

#Sécurité routière

Laurent Wauquiez renonce à la présidentielle

Laurent Wauquiez renonce à la présidentielle

Ce jeudi soir, Laurent Wauquiez, fraîchement réélu président d’Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé qu’il renonçait à l’élection présidentielle.

Dans un « thread » publié sur Twitter, Laurent Wauquiez a annoncé qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle.

« Être candidat à l’élection présidentielle, c’est une décision que l’on prend non parce que l’on en a simplement envie, mais parce que c’est un moment où on se sent en situation de rassembler son camp et de réunir les Français. Je considère que pour moi ce moment n’est pas venu ».

Comme raison avancée, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes avance la « multiplication des candidatures » à droite :

« je ne veux pas ajouter de la division à la division ».

Il en profite pour un mettre un coup à Xavier Bertrand qui avait refusé début juillet sa proposition avancée avec Valérie Pécresse, Bruno Retailleau et Hervé Morin d’organiser « une primaire ouverte de la droite et du centre ».

« Certains candidats expliquent même qu’ils se présenteront sans accepter de règle commune ».

Le 27 juin dernier, la liste LR a largement remporté l’élection régionale. Dans la foulée, Laurent Wauquiez a été réélu président de la Région pour un mandat de sept ans.

Après des consultations menées tous l’été, l’ex-président des Républicains a donc fait le choix d’attendre son moment sur ses terres.

Laurent Wauquiez a certainement regardé les enquêtes d’opinion. Xavier Bertrand semble en effet avoir davantage de faveurs de l’électorat de droite. Mais pas suffisamment pour espérer se qualifier pour le second tour.

Laurent Wauquiez élection presidentielle
Laurent Wauquiez avant l’assemblée plénière du Conseil régional, le 19 juillet 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
#Elections présidentielles 2022

À Charly, le maire s’oppose au projet de cimetière de la Métropole de Lyon

À Charly, le maire s’oppose au projet de cimetière de la Métropole de Lyon

Le maire de Charly élu il y a un an, Olivier Araujo, s’en prend à la Métropole de Lyon et à son projet de cimetière. Il reproche à la Métropole écolo de vouloir « sacrifier 14 hectares de terres agricoles ».

Ce jeudi 26 août, le maire de Charly (divers droite), Olivier Araujo, attaque la Métropole de Lyon sur un projet de cimetière, selon lui, XXL.

Dans un communiqué publié sur son site, il reproche à la collectivité de travailler sur un chantier de 14 hectares à l’entrée de sa commune, sans l’avoir concerté. Une bétonisation dans le sud lyonnais qui ne passe pas.

« La superficie nécessaire, 140 000 m2, soit 35 terrains de foot, est aujourd’hui constituée de surfaces agricoles et de chemins pédestre, affirme-t-il. C’est une zone de vie, de promenades, de découvertes du monde agricole particulièrement appréciée par l’ensemble du bassin de vie du Sud-Ouest lyonnais. »

Plus encore que le projet, la ville regrette la « méthode » employée par la Métropole.

« Si la Commune de Charly n’est plus décisionnaire sur son propre territoire, nous nous interrogeons de l’intérêt de rester au sein d’une Métropole qui décide seule de notre avenir », déclare son maire, Olivier Araujo, anciennement sur la liste de Laurent Wauquiez aux dernières élections Régionales.

Cette sortie du maire de Charly intervient après l’offensive des élus du groupe LR de la Métropole en juillet. « Représentant 29 communes de la métropole », ils menacent de « quitter » la Métropole tant ils se sentent « méprisés » par l’exécutif écolo au sujet de la Programmation pluriannuelle des investissements (PPI).

Pour la Métropole de Lyon : un cimetière contre la saturation

Une menace « politique » répond-on à la Métropole de Lyon.

Concernant plus particulièrement cette question de cimetière, il y avait déjà eu des échanges en amont », affirme-t-elle. Selon elle, les deux autres cimetières métropolitains du territoire, installés à Bron et Rillieux, sont en cours de saturation. Ils le seront d’ici six à sept ans. Pour cette raison, un nouveau projet de cimetière devient urgent.

« Une étude a été lancée en 2017 pour trouver un nouveau lieu. Accessible facilement en TCL, bien localisé, le site de Charly s’est trouvé être le lieu optimal », affirme la communication de la Métropole.

Si elle ne nie pas les chiffres du maire de Charly, elle rappelle que le projet n’en est qu’à son début. Des études de sol et un travail pour l’acquisition du foncier va être, notamment, nécessaire. Les travaux devraient débuter lors du prochain mandat.

« De plus, les 14 hectares ne seront occupés que dans 40, voire 50 ans, marque-t-elle. Lors de sa création, le cimetière ne fera que 6 ha. »

Elle parle ainsi « d’optimiser » les hectares restant avec des projets pour « ramener du dynamisme agricole ». De plus, le cimetière peut aussi être un lieu de vie et de sauvegarde des sols, selon elle. Alors que certains avaient été choqués de la transformation du cimetière de la Guillotière en « refuge de la biodiversité », elle note que les lieux pourraient rester des lieux de promenade. « Le site aurait ainsi vocation à être un lieu de recueillement, de promenade, et un refuge pour la biodiversité. » Pas certain que cela convainc le maire de Charly.

Vélo : que vont devenir les « coronapistes » de Lyon ?

Vélo : que vont devenir les « coronapistes » de Lyon ?

Les « coronapistes », ces couloirs réservés aux bus et aux vélos peints sur le goudron de la métropole de Lyon au premier déconfinement, devaient être temporaires. Un an après leur arrivée pouvoir, le nouvel exécutif écologiste souhaite les pérenniser dans leur quasi-totalité.

Depuis plus d’un an de crise sanitaire, les habitant·es de la métropole de Lyon ont davantage enfourché leur vélo plutôt que prendre le risque de croiser le coronavirus dans les transports en commun.

Pour répondre à cet afflux de nouveaux cyclistes, des voies jusque-là réservées aux voitures sont devenues en un coup de peinture jaune des couloirs pour les bus et les vélos, rapidement baptisés « coronapistes » dans les conversations.

Alors que la France affronte une quatrième vague épidémique, la vie a repris un rythme – presque – habituel. A Lyon, le trafic automobile a retrouvé sa densité et ses embouteillages d’avant la crise sanitaire.

Le nouvel exécutif écologiste arrivé à la tête de la Métropole de Lyon il y a un peu plus d’un an compte bien inciter les habitants à se tourner vers des mobilités moins polluantes et moins encombrantes. Dans cette optique, que vont devenir les « coronapistes » de Lyon ?

Du coronavirus aux 95 km de « coronapistes »

Le 11 mai 2020, les Françaises et les Français pointent à nouveau le nez dehors après avoir été confiné·es plusieurs semaines en raison de la première vague de coronavirus. Petit à petit, le travail en présentiel reprend et les plus jeunes retrouvent le chemin de l’école.

Se pose alors la question de reprendre les transports en commun dans un contexte de crise sanitaire, en particulier dans les grandes villes comme Lyon. S’entasser dans un tram ou une rame de métro bondée, toucher les sièges et les barres d’un bus fréquenté par des dizaines de personnes par jour… Hors de question pour de nombreuses personnes qui se tournent alors vers la voiture, mais aussi le vélo comme à Lyon.

La Métropole de Lyon, à l’époque dirigée par David Kimelfeld, recourt alors à « l’urbanisme tactique » pour réaménager la voirie et annonce la mise en place de 77 km d’aménagements d’urgence. A Lyon, ces aménagements se sont traduits en grande majorité par des couloirs réservés aux bus et aux vélos peints en jaune sur la chaussée.

lyon vélo coronapiste avenue Jean Jaurès
Piste cyclable provisoire « cononapiste » avenue Jean Jaurès à Gerland, Lyon 7ème. Photo du 7 mai 2020. Elle a depuis été pérenniséePhoto : LB/Rue89Lyon

Un mois et demi plus tard, les écologistes sont largement élus à la Métropole comme à la Ville de Lyon.

« On parlait beaucoup du monde d’après au premier déconfinement, se souvient Fabien Bagnon, vice-président aux mobilités de ce nouvel exécutif métropolitain écologiste. C’était une aubaine. Parfois, les crises précipitent certaines décisions. »

Tout l’été, les pistes cyclables fleurissent sur l’asphalte de la métropole lyonnaise. Entre celles qui ont été mises en place par l’exécutif métropolitain précédent et l’actuel, on compte aujourd’hui 95 kilomètres de « coronapistes » sur le territoire.

« Au-delà des problèmes de pollution, de bruits et d’accidents, la voiture pose aussi un problème de consommation de l’espace public et donc de congestions, développe Fabien Bagnon. Nous voulons partager l’espace différemment pour donner plus de place à autre chose que la voiture individuelle et rendre ces alternatives à la voiture plus efficaces. Les coronapistes ont permis de faire de la place au vélo. Nous allons les utiliser en attendant une pérennisation qualitative. »

Fréquentation vélo record en 2020 dans la métropole de Lyon

Il y a tout juste un an, en septembre 2020, le Réseau Action Climat (RAC) publiait un sondage réalisé dans les métropoles de Lyon, Paris et Aix-Marseille pour évaluer la réception de ces nouveaux aménagements urbains. Dans ces trois métropoles, les habitants se sont prononcés largement en faveur des « coronapistes ». Dans l’agglomération lyonnaise, 75% des répondants ont dit y être favorables et jusqu’à 89% pour les moins de 35 ans.

Un engouement pour les « coronapistes » que viennent confirmer les chiffres de la Métropole de Lyon. Sur l’année 2020, les compteurs ont enregistré plus de 30 millions de déplacements à vélo sur le territoire, soit une hausse de 12% par rapport à l’année précédente. Et la tendance semble se poursuivre : ces records de fréquentation ont été battus récemment, avec 11526 passages vélos enregistrés le 11 juin dernier sur le pont Lafayette (contre 6018 en moyenne journalière).

velo lyon coronapiste piste cyclable rue Garibaldi
La « coronapiste » de la rue Garibaldi devenu voie de bus et piste cyclable définitive (Lyon 7ème).Photo : LB/Rue89Lyon

Quelles « coronapistes » pérennisées à Lyon ?

Ces aménagements d’urgence, peints rapidement en jaune sur la chaussée et censés être temporaires, devraient donc être pérennisés. Mais pour avoir une belle piste cyclable, il faut compter environ deux ans, explique Fabien Bagnon :

« Nous avons déjà pérennisé 51 kilomètres de coronapistes. Le reste le sera petit à petit. Pour chaque coronapiste, on étudie les retours d’expérience et les flux. La Montée de la Boucle par exemple, qui a fait polémique au début, accueille aujourd’hui 300 à 400 vélos par jour. »

Concrètement, toutes les « coronapistes » qui existent actuellement devraient être transformées en aménagements cyclables dignes de ce nom. A l’exception de deux d’entre elles, précise Fabien Bagnon :

« Nous avons des interrogations sur la coronapiste du quai Gailleton. Elle est très peu utilisée car le quai est très routier, il n’y a que quelques dizaines de vélos par jour dessus. Il y a aussi la coronapiste du quai Charles de Gaulle, dans le 6e arrondissement de Lyon, où il y a peu de vélos. Nous réfléchissons à modifier ces aménagements en gardant si possible de la place pour le vélo. »

Sans oublier le Réseau express vélo (REV), projet d’autoroute cyclable chère aux écologistes dont les contours devraient se préciser courant septembre.

Etudiant à Sciences Po Lyon : « Je suis passé par le programme égalité des chances »

Etudiant à Sciences Po Lyon : « Je suis passé par le programme égalité des chances »

[Série] Après une enfance passée dans un HLM à Lyon et une partie de sa scolarité en réseau d’éducation prioritaire, Mehdi* (prénom modifié) franchit les portes de Sciences Po Lyon. Un « décalage », pour ce fils de mécanicien et d’aide soignante, issu d’un milieu modeste. L’ascension lui fait éprouver la sensation de grand écart, entre son milieu d’origine et celui dans lequel il tente de trouver sa place.

Désormais en master en « affaires internationales », le jeune homme de 22 ans revient sur son expérience.

etudiant transclasse Sciences Po Lyon
Dans les Instituts d’Etudes Politiques, 68% des étudiants sont issus de catégories socioprofessionnelles très favorisées, selon une étude publiée par l’Institut des Politiques Publiques en janvier 2021.Photo : Elena Do/ Rue89Lyon

« Dès l’école primaire, j’ai une envie de réussir et la volonté d’être le meilleur à tout prix. Je veux avoir un bel avenir, la possibilité de partir en vacances et ne pas devoir constamment choisir. Dans ma famille, on fait attention à nos dépenses, mais comme beaucoup de français. Je ne me suis jamais privé de rien. Au fond, je veux réussir pour rendre fiers mes parents et pour être fier de moi. J’ai envie de me dire que j’ai accompli quelque chose.

Dans mon collège, je constate rapidement que l’échec est la règle et la réussite l’exception. Malgré l’implication des professeurs, beaucoup de mes camarades ne décrochent pas leur brevet. A côté, je suis ce qu’on appelle un très bon élève. J’ai ce qu’on appelle des « facilités » et l’envie d’apprendre plein de choses.

« Sciences Po Lyon m’a aidé à me construire : je me suis souvent senti encouragé par mes professeurs »

Je change d’environnement social en rentrant au lycée Ampère Saxe (Lyon 3e). De nouveaux préjugés font leur apparition. Alors que je rentre en cours, un élève lance à haute voix : « Celui-là a réussi à se tromper le jour de la rentrée, il devrait être en STMG ! ».

Aux yeux de certains, c’est inconcevable qu’un petit arabe soit en première scientifique et non en filière technologique. Dans ma classe de 37 élèves, nous sommes seulement deux à être d’origine maghrébine.

En Terminale je découvre que mon lycée bénéficie du programme égalité des chances et démocratisation de Sciences Po Lyon. Cette grande école, on ne me l’a jamais présentée. Je me renseigne seul et je découvre que les débouchés sont nombreux. A la dernière minute, je décide de m’inscrire au programme. Pendant un an, un après-midi par semaine, je prépare le concours d’entrée aux Instituts d’Etudes Politiques (IEP). Le jour du concours je passe les épreuve en survêtement pour être à l’aise, tandis que d’autres candidats sont en costume trois-pièces.

Avec surprise, j’obtiens mon Bac mention très bien et le concours Sciences Po. J’ai du mal à y croire.

Le syndrome de l’imposteur

Je me sens à ma place à l’IEP. Les amis que je me fais me ressemblent par certains aspects mais je n’ai pas de mal à m’ouvrir aux autres. Je suis un peu comme un caméléon : je m’adapte. Parfois je ressens tout de même un décalage avec les autres élèves, surtout lors de mes premières années d’études. Le « syndrome de l’imposteur » m’est familier : particulièrement quand je rends un travail ou que je réussi quelques chose. Sans que cela soit intentionnel, certains étudiants peuvent me faire des remarques qui me font comprendre que c’est étrange que je sois dans cette école.

Mes références culturelles et ma manière de parler sont différentes de certains étudiants. Parfois je remarque le sourire de mes camarades lorsque je présente un exposé. On ne me prend pas toujours au sérieux. Je suis souvent en survêtement, mais ce n’est pas un manque de respect à mes yeux. J’ai tendance à m’exprimer de façon nonchalante devant les autres étudiants et je n’aime pas utiliser des termes pompeux. Moi je préfère aller directement dans le concret, en utilisant des mots simples.

(suite…)

Pass sanitaire à Lyon : la crainte du coup dur pour les plus précaires

Pass sanitaire à Lyon : la crainte du coup dur pour les plus précaires

Mis en place début août, le pass sanitaire pourrait engendrer des difficultés importantes pour les sans-abri et les sans-papiers de Lyon. Pour l’instant, les différents acteurs du social ne remarquent pas de dysfonctionnements majeurs, mais restent « vigilants ».

Depuis le 9 août, l’organisation des centres hospitaliers commence à changer à Lyon avec la mise en place des nouvelles règles liées au pass sanitaire. À l’hôpital, les patients venant pour des consultations (hors urgences) doivent montrer patte blanche. Il est demandé une attestation de vaccination complète, un test PCR ou antigénique de moins de 72 h ou encore une preuve d’un test positif au Covid-19 datant d’au moins 11 jours, et de moins de six mois.

Une démarche qui peut se révéler vite complexe quand on vit dans la rue.

« Quand on a interrogé la direction sur la situation des SDF, ils étaient bien embêtés », grince Chaïbia Khaif-Janssen, secrétaire de la section Sud de l’hôpital Edouard-Herriot, dans le 3e arrondissement de Lyon.

Opposée à la mise en place du pass, la représentante syndicale s’inquiète de l’accueil réservé aux patients les plus précaires de l’hôpital. Souvent sans carte vitale, parfois sans carte d’identité, difficile de les imaginer avec un QR Code. Si des pavillons sont accessibles sans pass, tous ne se le sont pas.

« La pathologie psychiatrique, on ne la détecte pas tout de suite quand quelqu’un entre à l’Hôpital, note-t-elle. Or, c’est là que ça peut exposer. »

Une mise en place encore « floue » du pass sanitaire à Lyon

Le pass sanitaire pourrait engendrer des difficultés importantes pour les plus fragiles notamment sur l’accès aux soins à Lyon.
La mise en place du pass sanitaire à Lyon inquiète certaines associations venant en aide aux plus précaires.Photo : PL/Rue89Lyon.

Pour l’heure, difficile de juger les effets du pass sanitaire. Les restrictions se mettent toujours en place petit à petit. De leur côté, les acteurs du social s’adaptent au jour le jour, guettant de potentielles modifications.

« Beaucoup de choses sont encore assez floues pour nous », constate Maud Bigot, directrice opérationnelle du pôle urgence du Samu social 69.

Elle s’interroge sur les conséquences de ces réglementations pour un public éloigné de l’actualité. Pour cause, les hôpitaux semblent être un des seuls endroits où cette réglementation peut vraiment toucher les sans-abri. Ils sont peu à être concernés par la mise en place du pass pour les terrasses, cinémas, etc. « A la limite, la question va peut-être se poser pour les bibliothèques, note-t-elle. Certains y trouvent refuge en journée. »

Bref, le sujet semble lointain. Difficile alors de mobiliser sur la question un public dont la priorité est, avant de se soigner, de se loger et de se nourrir. Pourtant, en l’absence de médecin traitant, ces personnes ont tendance à consulter davantage dans les hôpitaux, quand elles sont prises en charge par des travailleurs sociaux. Et donc, d’avoir besoin du fameux pass.

Vivant à la rue, elles sont également plus susceptibles de développer des formes graves de maladie. La directrice opérationnelle prend l’exemple d’un sans-abri ayant un rendez-vous à l’hôpital pour soigner sa tuberculose. Ce dernier pourra-t-il continuer à s’y rendre normalement ? « Pour l’instant, ce ne sont que des questions » , précise-t-elle. Ces dernières restent en suspens, cependant.

« Le risque, c’est qu’on ne puisse pas faire une consultation classique et que cela finisse, in-fine, par un passage aux urgences », commente Chaïbia Khaif-Janssen, du syndicat sud.

Le pass sanitaire, un « frein supplémentaire » dans l’accès au soin

Du côté de Médecins du Monde, la crainte est également présente. « Nous restons vigilants », commente sa coordinatrice à Lyon, Laure Courret. Hormis en 2020, l’ONG accueille chaque année près de 1600 personnes rien que dans son centre d’accès aux soins de la Part-Dieu. Pour elle, le risque est de créer un « frein supplémentaire » à l’accès au soin pour des personnes souvent perdues dans les démarches administratives. De Paris, l’association s’est d’ailleurs opposée à la mise en place du pass sanitaire « tant que chacun n’aura pas un accès effectif à la vaccination ».

« Les populations accompagnées par Médecins du Monde en France sont parmi les plus exclues et les plus précarisées car elles sont sans domicile fixe, migrantes, travailleuses du sexe, mineur.e.s non accompagné.e.s, etc. indique l’association. Elles sont éloignées des structures de soins et subissent des obstacles majeurs à leur accès aux droits et aux soins : 70 % n’avaient pas de couverture maladie en 2020 et 91% vivaient en habitat précaire. »

Pour les demandeurs d’asile et les sans-papiers, le pass devient un contrôle de plus. Une barrière supplémentaire difficile à accepter dans un quotidien où la crainte d’une expulsion est permanente.

« L’accès à l’information est difficile quand l’on ne parle pas la langue, pour le pass sanitaire comme pour la vaccination, constate Laure Courret. Le passage par la plateforme doctolib, par exemple, peut-être complexe. »

À Lyon, la vaccination en hausse chez les plus précaires

Question vaccination, le Samu social et Médecins du monde saluent la mise en place de plages horaires sans rendez-vous, au grand stade de Décines. Un premier pas même si les lieux semblent encore difficilement accessibles pour un public précaire. De même, sans interprète, se rendre sur place peut se révéler complexe pour une personne migrante. 

À cela s’ajoutent les méfiances vis-à-vis du vaccin connues par une partie de la population. Ce qui n’empêche pas une augmentation de la demande en vaccination, selon l’ONG.

Plus globalement, cette nouvelle restriction met toujours plus en lumière des problèmes de fonds sur l’accès au soin, à la nourriture ou au logement.

« Pour la majorité des personnes que nous voyons, essayer de trouver une douche ou avoir accès à l’alimentation peut prendre une journée, rappelle Laure Courret de Médecins du Monde. Nous, cela nous prend un quart d’heure. »

Des modifications réglementaires qui créent de la confusion

Aller à la pêche aux informations est complexe, pour les bénéficiaires comme pour les associatifs. Du fait de la crise, les réglementations varient en permanence, créant un flou, même pour certains professionnels de santé.

Selon Médecins du Monde, certaines pharmacies ont ainsi demandé à des personnes migrantes de payer leurs tests PCR et antigéniques. En cause ? Une nouvelle règle qui concerne, en théorie, les touristes. Pour l’heure, les tests Covid continuent d’être gratuits pour les personnes sans droits. Ils sont néanmoins, depuis le 7 juillet, pris en charge uniquement s’ils relèvent d’un caractère médical pour les personnes venant en séjour temporaire en France. Dans ce cas-là, une ordonnance est nécessaire. Une nouvelle règle qui a pu créer des incompréhensions.

« À chaque décret, un temps d’adaptation est nécessaire pour les professionnels, constate Laure Courret. Forcément, tous ces changements créent énormément de confusion. » 

Chez Médecins du Monde, on reste donc vigilant sur de potentielles mesures qui pourraient devenir discriminatoires. L’ONG espère également voir ouvrir des plages horaires sans rendez-vous du côté du centre de vaccination de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon.

En attendant, tout le monde s’adapte comme il peut, au cas par cas. Le mois d’août reste calme en terme d’activité. Le véritable test de cette extension du pass sanitaire aura sûrement lieu à la rentrée.

#Médecins du Monde