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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Venez manger au salon des vins naturels de Lyon ce week-end

Venez manger au salon des vins naturels de Lyon ce week-end

Et avec ça, que mange-t-on ? « Sous les pavés la vigne à Lyon » est un salon des vins naturels, bio, qui programme pas moins de 68 vigneron·nes venu·es avec des bouteilles inédites à déguster. A quoi s’ajoutent un débat nourrissant, mais aussi des choses à manger de manière plus traditionnelle mais non moins intéressantes. Passage en revue des stands « food », pour se mettre en appétit.

Le vin naturel, c’est bien. Accompagné de quelques huîtres, on a presque envie de dire que c’est mieux, c’est en tout cas une option à laquelle il faut réfléchir sérieusement. Cette année encore, le duo des Mollusques, qui sévit dans de nombreux endroits recommandables à Lyon, a préparé « la popotte » pour accompagner huîtres naturelles, produits de la mer et crevettes. Mayo-maison cela va sans dire.

Pas loin, les « Cosi di Giusi » qui seront disponibles dans l’Atrium du Palais de la Bourse. Charcuterie et fromages italiens, de Sardaigne plus exactement, région d’origine de Giusi. Elle vit en Auvergne où elle a elle aussi organisé à plusieurs reprises un salon des vins naturels. En sandwiches ou sur une assiette, ses produits sélectionnés sont accompagnés de légumes marinés et cuisinés par ses soins, selon l’envie.

Les cookies d’Agathe seront ce samedi 6 et ce dimanche 7 novembre présentés en édition limitée par Rue89Lyon. Ils sont (évidemment) « 100% fondants, 100% indépendants ». On a dans notre entourage des personnes talentueuses, qui savent faire de la pâtisserie une affaire sérieuse. Agathe Hemet a officié quelques temps chez le traiteur zéro déchet Les Dames de la cantine et s’est envolée depuis quelques semaines vers d’autres lieux pour continuer à se former.

Bien que secrète, on peut malgré tout révéler la présence, dans sa recette, de pépites de chocolat noir, de caramel beurre salé…

Comme chaque année, fidèles au rendez-vous, on retrouvera Mattia Carfagna (charcuterie et fromages italiens), mais aussi Profil Grec (huile d’olive, miel, feta…).

Pour cette 7e édition, que l’on a hâte d’ouvrir enfin après une année de coupure contrainte, le torréfacteur bien connu à Lyon viendra présenter différents crus -à déguster avec les cookies, pourquoi pas !

Dates : les samedi 6 et dimanche 7 novembre

Lieu : le Palais de la Bourse (Lyon 2e), métro Cordeliers.

Tarif et billetterie : 10 € la journée ou 15 € le pass 2 jours (voir billets coupe-file), comprenant un verre griffé offert et l’accès à toutes les dégustations, animations, expos, débat et dédicaces…

Programmation : à suivre sur les réseaux sociaux.

Fromage et charcuterie italienne sur le stand de Mattia Carfagna au salon "Sous les pavés la vigne" 4e édition à Lyon. Photo Rue89Lyon
Fromage et charcuterie italienne sur le stand de Mattia Carfagna au salon « Sous les pavés la vigne » 4e édition à Lyon. Photo Rue89Lyon

Lyon : une scission politique dans le cortège des anti-pass sanitaire ?

Lyon : une scission politique dans le cortège des anti-pass sanitaire ?

Pour ce seizième samedi de mobilisation, les manifestants qui constituaient jusqu’alors à Lyon le cortège anti-pass sanitaire classé à droite se sont divisés. Les organisateurs habituels se voient privés du gros de leurs troupes au profit d’une organisation nouvelle : « Lyon pour la Liberté ».

À Lyon, les divisions entre manifestants opposés au pass sanitaire sont une habitude. Pendant tout l’été et jusqu’au début du mois d’octobre, deux cortèges aux couleurs politiques bien distinctes ont sillonné la ville le samedi.

L’un à l’initiative de groupes de Gilets jaunes et d’organisations de gauche, parfois déclaré en préfecture, a manifesté pour la dernière fois le 9 octobre.

L’autre, déposé par des groupes covido-sceptiques, plutôt classés à droite, au premier rang desquels on trouvait le collectif contre la « Coronafolie ». Connu pour partager sur les réseaux sociaux les positions publiques de Florian Philippot (fondateur du mouvement Les Patriotes et ancien numéro 2 du Front National), il se revendique malgré tout apartisan. Ce deuxième cortège reste le seul à être encore présent dans la rue chaque samedi.

Banderole de tête de la manifestation organisée par « Lyon pour la liberté » le 30 octobre . Crédit : GB.

Le collectif contre la « Coronafolie » dépassé

Or, ce dernier cortège rescapé a fini par se fissurer. Samedi 30 octobre, deux parcours distincts ont de nouveau été déclarés en préfecture par des manifestants anti-pass qui auparavant luttaient ensemble au sein de la manifestation de droite.

Un trajet a ainsi été déposé par un collectif récemment créé : « Lyon pour la Liberté ». Il a défilé sur le parcours le plus pratiqué des anti-pass sanitaire, des Brotteaux à la place du Maréchal-Lyautey (Lyon 6e). Le second parcours, a été déclaré par les organisateurs historiques, dont le collectif contre la « Coronafolie ». Il a cheminé entre la place Jean-Macé (Lyon 7e) et la place Carnot (Lyon 2e).

Les deux manifestations débutant toutes deux à 14h, la division des effectifs a été immédiate. Si la semaine précédente, la manifestation anti-pass avait rassemblé 800 personnes selon la préfecture et les organisateurs, la manifestation des collectifs historiques a réuni ce samedi moins d’une centaine de personnes, quand les nouveaux venus de « Lyon pour la Liberté » en ont réunies 300 selon la préfecture et 600 selon les organisateurs .

Une scission en gestation

Le collectif « Lyon pour la Liberté » a vu le jour dans le courant du mois de septembre. Thibault Pillet, la vingtaine, est la figure publique du collectif et souvent au micro en tête de cortège.

« Il est constitué d’un groupe de jeunes amis qui ne voulaient pas que les manifestations ressemblent à une foire à la saucisse et ont voulu apporter leur touche au cortège. »

Banderole de tête de la manifestation anti-pass organisée par le collectif contre la « Coronafolie » le 30 octobre. Crédit : GB.

Cette scission est l’aboutissement d’un processus plus long.

« Lyon pour la Liberté » a tout d’abord manifesté avec les autres collectifs anti-pass. Le 15 octobre, lors du 14e samedi de manifestation, Thibault Pillet déclare en son nom une manifestation sur le même parcours que le collectif contre la « Coronafolie ». Une semaine plus tard, le collectif « Lyon pour la Liberté » officialise son existence en co-déclarant la manifestation anti-pass sanitaire de droite aux côtés des organisateurs habituels.

Au bout de trois semaines, celui-ci dépose finalement son parcours avant les autres collectifs et choisit l’itinéraire le plus pratiqué par les manifestants anti-pass. Efficace pour attirer à lui une bonne partie des manifestants.

Une manifestation récupérée ?

Pour Dominique Garret du collectif contre la « Coronafolie », il s’agit clairement d’une « trahison ».

« Ils ont agi sans nous concerter et ne nous ont pas laissé le choix puisqu’ils ont déclaré leur manifestation avant nous. Finalement ils ont été indélicats et irrespectueux et on ne veut plus rien avoir affaire avec eux.»

L’organisateur historique des manifestations anti-pass décrit alors une véritable manœuvre de récupération :

« Ils ont commencé à animer le cortège avec nous, ce qu’ils faisaient plutôt bien d’ailleurs, puis ils ont profité de mon absence pour récupérer du monde.»

Autre version du côté de Thibault Pillet :

« Je n’aime pas le terme de récupération. Nous n’avons rien contre le collectif contre la « Coronafolie » mais nous n’avons pas à leur demander l’autorisation pour déclarer nos manifestations. On a mis beaucoup de moyens et d’énergie pour dynamiser ces manifestations, on est parti de rien et ça a plu aux gens. Maintenant on a le vent en poupe et c’est sans doute cela qui fait du mal aux autres organisateurs ».

Fracture générationnelle ou politique au sein des anti-pass sanitaire à Lyon ?

De fait, ce samedi 30 octobre, les jeunes avaient clairement choisi leur manifestation : celle des Brotteaux et étaient complètement absents de la manifestation qui partait de Jean Macé à l’initiative du collectif contre la « Coronafolie ».

L’ambiance en tête de cortège était également très différente d’une manifestation à l’autre. Banderole « Pass vaccinal = Covictature. Ni antivax, Ni cobaye » pour la manifestation du collectif contre la « Coronafolie ». La même que depuis des semaines.

Étendard représentant des Gaulois en armes appelés à se battre contre « la tyrannie » pour le collectif « Lyon pour la Liberté ». Fleurissent également en tête de cette manifestation partant des Brotteaux, les drapeaux bleu blanc rouge et ceux de la province du lyonnais, dans une esthétique qui rappelle celle des militants identitaires locaux.

Adrien Lasalle, cadre de l’association d’extrême droite radicale dissoute Génération Identitaire a d’ailleurs été photographié aux côtés du collectif lors de la manifestation anti-pass sanitaire du 25 septembre. Thibault Pillet refuse toutefois toute affiliation avec un quelconque groupe politique, soulignant que son collectif demeure avant tout « citoyen ».

Il explique même s’être désolidarisé de la manifestation contre la « Coronafolie » pour ses accointances supposées avec l’extrême-droite. Il s’était pourtant affiché à la tribune de précédents cortèges à Lyon avec des membres des Patriotes ou partageait sur Twitter certains tweets de Damien Rieu, cadre identitaire. Des contenus désormais supprimés.

Un argument qu’emploie également Dominique Garret du collectif contre la « Coronafolie », fustigeant « les ambitions et les liens politiques » de Thibault Pillet, sans vouloir en dire davantage.

A gauche au premier plan, Adrien Lasalle de feu Génération Identitaire lors de la manifestation anti pass sanitaire du 25 septembre. Crédit : capture d’écran Twitter – Compte Thibault Pillet.

Des collectifs qui se rejoignent sur les thèses complotistes

Autre point commun des deux manifestations : les références aux théories identifiées comme complotistes. Thibault Pillet rappelle ainsi que derrière les divisions politiques, ce qu’il souhaite c’est « l’union du peuple contre le Great Reset ». Une théorie qui considère que le Covid-19 serait une occasion d’imposer un nouvel ordre mondial.

Quant au collectif contre la « Coronafolie », l’affiche d’appel à manifester qu’il a diffusé pour le samedi 30 octobre parle d’elle-même. Elle représente un bâteau nommé « Pharmagedon », sur la voile duquel sont mêlés, entre autres, les logos de Google, de l’ONU et de la pyramide Illuminati.

Conférence à Lyon : « Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés »

Conférence à Lyon : « Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés »

Les tiers-lieux, autrement dit les espaces culturels et créatifs, les espaces de coworking, les ateliers partagés, les fablab aux services hybrides, sont le plus souvent associés aux espaces les plus métropolisés, ceux où les intensités en tous genres sont les plus fortes et où se situent de nombreuses friches disponibles temporairement.

Pourtant, de nombreuses autres expérimentations se font en dehors des territoires très urbanisés. Quelles sont-elles ? Répondent-elles à des besoins singuliers ? Empruntent-elles des modes opératoires différents ? Convoquent-elles d’autres acteurs ? Ces questions seront abordées au cours de la session des « Mercredis de l’Anthropocène de ce 3 novembre ».

Cette séance se déroulera de 18h30 à 20h à l’Hôtel71 (Lyon 2e) dans le quartier Confluence, sur les bords du Rhône. La présentation d’un pass sanitaire valide et le port du masque sont obligatoires. À écouter également en podcast. Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la Rentrée Anthropocène #2021.

Retrouvez ci-dessous le texte écrit par Raphaël Besson, expert en socio-économie urbaine et docteur en sciences du territoire. Ce texte a également été publié dans le journal Cabanon Vertical :

Le Cabanon Vertical, les nouvelles règles de la méthode urbanistique

Le Cabanon Vertical s’inscrit dans une nouvelle génération d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes, d’artistes, de designers ou encore de constructeurs, qui tente de renouveler les modalités théoriques et pratiques de la fabrique urbaine.

La nouvelle poétique urbaine proposée par Le Cabanon Vertical est fondée sur la coopération, la transdisciplinarité, le prototypage, l’expérimentation, le non-programme, le transitoire, l’éphémère, l’économie des moyens et la culture ancrée dans l’espace public.

Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés Une photo par Gilles Gerbaud
Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés. Une photo par Gilles Gerbaud.

Loin des logiques de programmation et de planification, Le Cabanon Vertical invente de nouvelles installations et scénographies urbaines au fil des rencontres, des lieux et des situations. Le Cabanon Vertical fait confiance à l’improvisation, aux situations et aux individus. Mais le collectif propose aussi de nouvelles règles urbanistiques, qui consistent à s’inspirer des méthodes de l’anthropologue et du médiateur, et à s’engager dans un activisme doux, une micro-politique du quotidien.

Une démarche d’anthropologue

Le Cabanon Vertical emprunte à l’anthropologie une méthode de production fondée sur le terrain. Les architectes du Cabanon s’immergent, observent et participent, afin de comprendre de l’intérieur l’univers spatial, social, symbolique et imaginaire des territoires.

Avec Le Cabanon Vertical, il n’existe pas de modèle a priori, qu’il soit théorique, social ou spatial. L’enjeu est de faire la ville in situ, plutôt que de plaquer des hypothèses architecturales ou sociétales pré-définies, indépendamment des ressources, des matériaux, des savoir-faire, des usages et des individus.

Il y a chez Le Cabanon Vertical une aptitude à s’immerger dans les situations réelles, à saisir les opportunités, et à transformer les contraintes en sources d’inspiration. Le Cabanon Vertical cultive le déjà-là et une certaine errance méthodologique consistant à se laisser porter, flotter.

Cette méthode de conception par l’immersion, la coopération et l’expérimentation, permet d’inventer ici et maintenant des dispositifs architecturaux créatifs et ingénieux vis-à-vis de défis urbains et socio-économiques inédits.

Par ailleurs, et à l’instar de la démarche anthropologique, Le Cabanon Vertical prend comme objet d’investigation des unités sociales et spatiales de faible ampleur, à partir desquelles le collectif tente d’élaborer une nouvelle esthétique urbaine.

Cabanon Vertical fait de « l’acupuncture urbaine » et s’intéresse à « l’hyper qualitatif », aux « micro-détails ». Pour le Cabanon, l’enjeu de l’urbanisme contemporain réside moins dans la construction de grands objets architecturaux, que dans la mise en œuvre de dispositifs « micro urbains » ou « micro-architecturaux » aptes à créer du lien social et des communautés.

Une posture de médiateur des lieux

L’œuvre du Cabanon Vertical ne porte pas sur l’édification d’architectures totémiques, mais sur la création de « sculptures-lieux ». Ces « sculptures-lieux » ont vocation à « créer du désir » et aménager des espaces relationnels et conviviaux au cœur des villes.

Dans ce processus, le rôle des architectes du Cabanon consiste moins à créer, construire ou concevoir, qu’à coordonner et déclencher une dynamique d’échanges entre des individus et des communautés. Ces derniers se rêvent en médiateurs ou en « maîtres ignorants ».

Ils cherchent avant tout à faciliter les liens, en créant des espaces de coopération et d’expérimentation propices à l’émancipation. Pour cela, ils inventent de nouveaux outils comme la balade commentée, la boite à idées, la carte sensible, l’esquisse martyre, le chantier éducatif ou des guides pratiques et utiles à la création d’espaces transitoires et partagés.

Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés Une photo par Gilles Gerbaud
Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés. Une photo par Gilles Gerbaud.

L’objectif est que tout un chacun ait accès au code source de la fabrique urbaine, et soit libre d’exprimer son imaginaire et ses capacités créatives. Dans cette ingéniosité du quotidien, Le Cabanon Vertical tente de révéler aux individus la possibilité de devenir des acteurs à part entière de leur ville et de leur devenir.

Un activisme doux

En incitant les individus à agir et à créer dans leurs espaces du quotidien, Le Cabanon Vertical défend un activisme doux ou « d’intensité quotidienne ». Cet engagement se différencie d’un militantisme politique traditionnel. Il est humble, diffus, invisible. Mais il s’inscrit dans une diversité de lieux, d’espaces publics et de situations sociales.

Il bâtit ici et maintenant des espaces publics permettant aux individus d’échanger, de fabriquer et de créer en commun. Des espaces d’en bas de chez soi, qui ouvrent la possibilité d’une réappropriation par le bas des infrastructures et des politiques urbaines.

Dans cette critique par le faire et cet engagement dans une micro-politique du quotidien, Le Cabanon Vertical ne cherche pas à changer le monde de manière radicale. La tactique est plus subtile et l’hypothèse forte. Elle réside dans le postulat suivant : que les micro-expérimentations, les micro politiques et les micro-solutions inventées dans les installations du Cabanon, auront cette capacité, par effet d’accumulation, à transformer le régime dominant de production urbaine, sociale ou culturelle.

« Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés » une conférence en direct le 3 novembre de 18h30 à 20h puis disponible en podcast.

Avec :

– Antoine Daval, cofondateur de Colab Studio, structure qui mise sur l’intelligence collective dans tous les territoires pour développer des stratégies de plateforme pour la transition écologique.

– Raphaël Besson : expert en socio-économie urbaine et docteur en sciences du territoire. En 2013, il fonde « Villes Innovations », un bureau d’étude localisé à Marseille, spécialisé dans les stratégies d’innovation urbaine et les politiques de transition territoriale. Chercheur associé au laboratoire PACTE-CNRS, ses travaux portent sur les Tiers Lieux, les politiques culturelles territoriales, les politiques d’innovation urbaine, et les approches repensant les relations entre homme, nature et vivant dans la fabrique urbaine et territoriale.

Animation : Valérie Disdier

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#tiers-lieu

Rencontrez Valérie Murat à Lyon, en lutte contre les pesticides dans le vin

Rencontrez Valérie Murat à Lyon, en lutte contre les pesticides dans le vin

Valérie Murat, porte-parole de l’association « Alerte aux toxiques » qui dénonce l’utilisation de pesticides dans le vin, participera à un débat au salon Sous les pavés la vigne à Lyon, le samedi 6 novembre prochain. Entretien.

Fille de vigneron, Valérie Murat milite depuis dix ans contre l’utilisation de pesticides en viticulture. Depuis sa région natale du Bordelais, où sont cultivés les prestigieux vins de Bordeaux, elle est la porte-parole de la petite association « Alerte aux toxiques ». En septembre 2020, l’association rend publiques les résultats accablants de l’analyse d’une vingtaine de bouteilles, dont de nombreux Bordeaux : de nombreuses substances actives différentes ont été retrouvées, dont certaines particulièrement nocives pour la santé.

Commence alors un bras de fer juridique avec le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) ainsi que 25 autres professionnels du monde du vin qui portent plainte contre l’association et contre Valérie Murat elle-même, pour « dénigrement collectif de la filière ». Le 25 février dernier, les plaignants l’ont emporté en première instance et Valérie Murat comme l’association ont été condamnées à débourser 125 000 euros en dommages et intérêts, en réparation du « préjudice moral d’atteinte à l’image des vins du bordelais » d’après la décision du tribunal. Valérie Murat a fait appel. Mais celui-ci est contesté. Récit d’un combat.

Valérie Murat pesticides vin Bordeaux Lyon
Valérie Murat lors du rassemblement de soutien, le 13 octobre devant la cour d’appel de Bordeaux. DR

Elle sera présente à Lyon les 6 et 7 novembre pour parler vin, viticulture, bordelais, labels trompeurs et bien sûr pesticides au salon des vins naturels Sous les pavés la vigne.

« Dans le Bordelais, on est à la bourre sur l’agriculture biologique ou en biodynamie »

Rue89Lyon : Quand a commencé votre combat contre l’utilisation de pesticides dans le vin ?

Valérie Murat : J’ai perdu mon père en 2012 d’un cancer broncho-pulmonaire lié à l’utilisation de pesticides de synthèse. Mon père a été vigneron pendant 40 ans, de 1958 jusqu’à sa retraite en 2002. On lui a diagnostiqué ce cancer en avril 2010. Il a obtenu un certificat médical de maladie professionnelle au bout de quatre mois, ce qui est rarissime.

En Gironde, ma camarade Marie-Lys Bibeyran et moi, on lutte depuis une dizaine d’années. Mais on était souvent rattachées à d’autres associations qui ne sont pas forcément représentatives de ce qui se passe dans le Bordelais. On s’est dit qu’il fallait s’inscrire dans des assos et collectifs d’ici. Voilà comment  j’en suis venue à créer l’association « Alerte aux Toxiques », en novembre 2016. De son côté, elle a crée le Collectif Infos Médoc Pesticides (CIMP).

Pourquoi avoir ciblé en particulier le Bordelais ?

Parce que je vis ici ! La viticulture chimique, qu’on appelle plus poliment « conventionnelle », est la viticulture majoritaire en France, et plus particulièrement dans le Bordelais parce qu’on est à la bourre, ici. Le Bordelais, la plus grande appellation de France avec ses 60 000 hectares, est à peine à 12 % des propriétés certifiées en bio ou en biodynamie.

Mon sentiment personnel, c’est que ce retard est lié à l’histoire de Bordeaux et à la féodalité qu’il y a ici, en lien avec les grandes propriétés. C’est un petit milieu tenu par très peu de monde. Dans son livre « Les Raisins de la misère », Ixchel Delaporte montre la misère dans laquelle vivent les saisonnier·es et les permanent·es de grandes propriétés viticoles du Bordelais, avec des bouteilles à plusieurs centaines, voire milliers d’euros pour certaines. Le vin est devenu source de profit, et particulièrement le vin de Bordeaux parce que c’est une appellation prestigieuse.

« Pour produire du vin HVE, on utilise les pesticides les plus dangereux sur le marché »

En septembre 2020, l’association « Alerte aux toxiques » a publié le résultat d’analyses faites sur des vins au label « haute qualité environnementale » (HVE). Pourquoi avoir choisi ces vins ?

Depuis 2018, on avait déjà analysé plus de 20 bouteilles. On avait commencé en janvier 2018 avec le vin de Bernard Farges, l’actuel président du CIVB. Déjà à l’époque, on n’avait pas été déçues puisqu’on avait trouvé 16 résidus différents et quatre agent cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR).

On a pris la décision de lancer des analyses de vins HVE en décembre 2019. On voulait faire un focus sur ces vins parce que HVE ça veut dire « haute valeur environnementale ». Pour les consommateur·rices de vin, cela amène à penser que c’est produit sans pesticides. Comme ce sont des vins très accessibles dans les commerces, supermarchés, on s’est dit qu’il fallait alerter les consommateur·rices.

Le 25 février dernier, l’association « Alerte aux toxiques » ainsi que vous-mêmes avez été condamnées en première instance. La justice a notamment ordonné le retrait de ces analyses. Que montraient-elles ?

Sur les 22 bouteilles analysées, on a trouvé en moyenne huit substances actives par bouteille. Dans toutes les bouteilles analysées, il y avait des perturbateurs endocriniens. Il n’y avait pas que des vins de Bordeaux, il y avait un AOC Cabardès et du Champagne parce que je voulais voir ce qui se passait dans les autres régions. C’est la même chose. Il n’y a pas une seule bouteille dans laquelle on n’a rien retrouvé. Dans la moins chargée, on a trouvé quatre résidus différents, dans la plus chargée 14.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Ça veut dire que pour produire du vin HVE, on utilise les pesticides les plus dangereux sur le marché. Ce label se veut rassurant, mais si le vin tombait aussi sous l’obligation légale d’afficher sa composition, je ne suis pas sûre que les consommateur·rices auraient toujours envie d’en boire en voyant qu’on a utilisé du folpet ou du mandipropamid, et les risques auxquelles ça correspond pendant les pulvérisations. Le mandipropamid, par exemple, c’est une des pire substances : elle est cancérogène, toxique pour la reproduction, perturbateur endocrinien…

Puisqu’il y a des pesticides dedans aussi, quelle est la différence entre un vin HVE et un vin sans label du coup ?

Et bien je vous retourne le question ! (rires)

« En viticulture, il y a un nouveau label super, qui est un gage de confiance : le label « en conversion biologique » »

Quels sont les label dans lesquels les consommateur·rices peuvent avoir confiance dans ce cas ?

L’agriculture biologique. Le label AB évince totalement l’utilisation de pesticides de synthèse pour produire des vins. Les viticultures biologiques et en biodynamie sont les seules à devoir fournir des analyses en résidus de pesticides aux organismes qui les contrôlent, et il y a des contrôles inopinés.

Il faut savoir que les agriculteur·rices qui ont fait le choix de s’orienter vers l’agriculture biologique n’ont pas fait la démarche HVE. Et celles et ceux qui sont en HVE ne se destinent pas à la conversion biologique.

En viticulture, il y a un nouveau label super, qui est un gage de confiance : le label « en conversion biologique ». C’est pour les propriétés qui se sont engagées dans le changement de pratique, vers l’agriculture biologique ou en biodynamie, qui se sont inscrites à l’agence bio et qui se sont engagées à faire le travail technique pour être certifiées dans deux ou trois ans maximum. Pour l’obtenir, il faut montrer qu’on a arrêté d’utiliser des pesticides de synthèse.

Et le vin naturel ?

Pour le vin naturel, les professionnels auxquels on peut faire confiance, ce sont ceux qui sont inscrits au syndicat des vins naturels, présidé par Jacques Carroget [qui sera également présent au salon « Sous les pavés la vigne à Lyon », ndlr]. Ceux qui ont signé cette charte du syndicat sont forcément en vin bio ou en biodynamie, donc ils n’utilisent plus les pesticides de synthèse depuis fort longtemps.

Vignes nord beaujolais sans pesticides vin Lyon
Ces vignes du beaujolais, au nord-ouest de Lyon, donneront un vin sans pesticides.Photo : PL/Rue89Lyon

« Cette plainte, c’est une procédure-bâillon pour me réduire au silence parce que les analyses commençaient à faire du bruit »

Suite à ces analyses de septembre 2020, le CIVB ainsi que d’autres professionnels du monde du vin ont porté plainte pour « dénigrement collectif à l’égard de la filière des vins de Bordeaux ». Le 25 février, l’association « Alerte aux Toxiques » et vous-même avez été condamnées à payer 125 000 euros de dommages et intérêts. Où en est la procédure ?

On a dû commencer à payer. On paie 800 euros par mois depuis le 15 avril dernier. Nous devons leur verser 125 000 euros. Il me faudrait 11 ans pour m’acquitter de cette somme, en versant l’intégralité de mon salaire mensuellement. Pour donner un ordre d’idée de grandeur, l’association, en 2020, avait un budget de 5000 euros. Le CIVB, c’était 19 millions d’euros…

On a fait appel mais le CIVB et les 25 autres plaignants ont déposé une demande de radiation de notre appel. Le 10 novembre, nous saurons si nous pouvons faire appel ou pas.

Quelles seraient les premières mesures à prendre selon vous ?

Je rêve que dans le Bordelais, on arrête au moins les pesticides les plus dangereux, pour commencer. C’est une mesure qu’on réclame au CIVB depuis dix ans avec Marie-Lys Bibeyran. Aujourd’hui, la société civile est hyper informée et elle est hyper inquiète. Il y a 132 écoles enclavées dans les vignes en Gironde, avec des gosses qui sont exposés à des perturbateurs endocriniens tous les ans, d’avril à septembre.

Ce n’est pas difficile à mettre en place et en plus ça permettrait de faire des économies parce que, les pesticides, ça coûte cher !

#Valérie Murat

Sorties et culture à Lyon : la sélection de novembre 2021

Sorties et culture à Lyon : la sélection de novembre 2021

Une petite sélection culture pour ce mois de novembre 2021 à Lyon. Un large éventail de sorties : spectacles, projections et expositions qui pourraient donner envie de sortir malgré le passage à l’heure d’hiver. 

Les Ecrans du Doc, 10 ans de cinéma et de documentaire

Un anniversaire qui peut enfin être célébré. Pour sa dixième édition, le festival dédié à l’art du documentaire déploie une programmation riche et passionnante.

Les Ecrans du Doc, au Toboggan, présentera notamment l’émouvant docu de la jeune Lina Soualem « Leur Algérie », qui n’a bénéficié que d’un passage express dans les salles de Lyon, sera projeté. Dans les thèmes de prédilection, qui collent à l’actualité, l’engagement citoyen d’une jeunesse, face à l’urgence climatique notamment, aura une place toute particulière.

Différentes personnalités, des historiens, artistes ou auteurs accompagneront les rencontres avec les réalisatrices et réalisateurs. Flore Vasseur présentera son reportage et plaidoyer pour l’action écologique, « Bigger than us », qui fait le récit du voyage de Melati, 18 ans, d’abord engagé contre l’invasion du plastique dans son pays l’Indonésie.

Les Ecrans du Doc, du 19 au 28 novembre. Programmation et infos sur le site du Toboggan.

Des vanités au Musée des Beaux-Arts

Estampes, gravures, dessins, peintures, sculptures et installations ont été sélectionnés en vue de l’exposition « À la mort, à la vie! Vanités d’hier et d’aujourd’hui ». Plus de 150 œuvres provenant du Musée des Beaux-Arts, du Musée d’art contemporain de Lyon, et d’une exposition privée.

Leur sélection illustre la réflexion d’artistes depuis le XVe sur l’aspect éphémère de l’existence humaine et le passage du temps. Et ce, tout en célébrant la beauté de la vie, illustrée par le symbole de la vanité, ses typologies et différentes représentations.  

Du 27 novembre 2021 au 7 mai 2022. Plus d’informations sur le site du musée des Beaux-Arts

Le festival Interférences fait son retour à Lyon

Le retour du Festival Interférences aura lieu du 10 au 20 novembre. À la croisée des domaines, du documentaire à la recherche, la 6e édition du festival proposera une multiplicité de problématiques à travers les films proposés. 

Les projections auront lieu dans différents cinémas de Lyon et Villeurbanne, ainsi que dans des bibliothèques municipales, et accueilleront une soixantaine d’invités. Chercheurs, sociologues, anthropologues, historiens et réalisateurs seront présents pour accompagner les projections et les débats autour des différentes thématiques.

Ainsi, seront entre autres abordés : les rapports de genre, le féminisme, les colonisations, l’agriculture biodynamique et l’éducation. La 6e édition du festival répartira les 44 films sur 31 séances. Elle s’organisera autour de 5 parcours thématiques: manières de faire, corps accords, en interactions, transmettre et dedans dehors. 

Le festival présentera également une compétition de documentaires de création soumis à un jury professionnel et à un jury étudiant. Les 6 films en compétition seront projetés tout au long du festival, la remise des prix aura lieu lors de la soirée de clôture, le 20 novembre à 19h. 

Le Royaume par GABRIEL LAURENT, LAURENT REYES
FRANCE | 2018 | 57 MINUTES

Du 10 au 20 novembre. Plus d’informations sur le site du festival interférences.

Une fête du vin naturel, avec Rue89Lyon qui offre son verre

C’est la 7e édition d’un salon des vins, naturels et actuels, que la rédaction de Rue89Lyon co-organise avec l’éditeur Nouriturfu. « Sous les pavés la vigne à Lyon », ce sera les 6 et 7 novembre prochains au Palais de la Bourse (samedi et dimanche de 10h à 19h). Plus de 70 vigneron·nes qui n’attendent que de vous rencontrer, après bientôt deux ans sans événement.

Un débat sera organisé le samedi après-midi sur les pesticides, avec la lanceuse d’alerte Valérie Murat. Le dimanche après-midi, Rue89Lyon offre une dégustation spécifique à l’occasion de ses 10 ans, avec des bouteilles joliment (et sainement) produites en… 2011 -date anniversaire !

Toutes les infos mises à jour sur la page Facebook et ici.

Retour sur la mobilisation des prostituées à Lyon à la bibliothèque de Part-Dieu 

La bibliothèque de la Part-Dieu propose une nouvelle exposition, en écho à l’évènement « À corps et à cris ». Mais également à la table ronde du 20 novembre sur la mobilisation des prostituées lyonnaises en juin 1975. 

L’exposition « 1975: La révolte des prostituées à Lyon » permettra de revenir sur cet évènement qui a marqué la mémoire lyonnaise. Mais elle permettra avant tout de présenter la revue dessinée « Les Rues de Lyon » de Nicolas Feyeux. 

Du scénario au storyboard, en passant par les planches originales et un entretien du scénariste et dessinateur Nicolas Feyeux, l’exposition rendra compte du processus de création. 

Des archives de presse (Le Progrès, Libération), des textes datant de la mobilisation de 1975, ainsi que le documentaire « Les prostituées de Lyon parlent » seront également présentés à l’exposition. 

Du 2 novembre au 31 décembre. Plus d’informations sur le site de la bibliothèque de Part-Dieu.

(Re)faire société : un festival des idées à la Villa Gillet

Du 13 au 20 novembre à Lyon sociologues, chercheurs, philosophes, juristes ou encore journalistes seront invités à participer à « (Re)faire société: mode d’emploi ». Ce « festival des idées » programme une vingtaine de conférences-débats aux contours passionnants. Ils doivent rendre compte de réflexions sur des thèmes liés à la cohésion sociale, au modèle de société dans lequel nous vivons, à la lutte contre le réchauffement climatique… 

Le festival prend comme point de départ l’idée que la mondialisation, la concurrence territoriale ou encore les risques écologiques divisent de plus en plus notre société. Il donnera la parole à des experts afin de répondre à une question principale : sommes-nous encore capables de « vivre ensemble», de « faire société » ?

Plus d’informations sur le site de la Villa Gillet.

Micro Mondes : le festival des arts immersifs 

Le festival Micro Mondes sera au Centre dramatique national de Lyon du 16 au 28 novembre. Il présentera 5 spectacles mettant en avant la création contemporaine et notamment les formes artistiques immersives. 

Les différentes installations théâtrales, spectacles et ateliers utiliseront l’image, le son ou les sensations tactiles afin d’impliquer le public et de favoriser la rencontre avec les artistes. 

Le festival, programmé par l’équipe du TNG (Théâtre nouvelle génération) proposera différents projets. Telle qu’une adaptation du texte Les Aveugles de Maurice Maeterlick en réalité virtuelle, par Julien Dubuc-Invivo. Ou encore un voyage sonore basé sur La Horde du Contrevent d’Alain Damasio, par Philippe Gordiani et Nicolas Boudier. 

Plus d’informations et programmation complète sur le site du TNG

Vigneronne dans le Beaujolais : « Inadmissible de polluer les sols pour un produit de plaisir »

Vigneronne dans le Beaujolais : « Inadmissible de polluer les sols pour un produit de plaisir »

En amont du salon Sous les pavés la vigne à Lyon, que Rue89Lyon co-organise avec Nouriturfu, nous sommes allés à la rencontre de vigneronnes du Beaujolais, pour parler de l’évolution de la profession et des vins. À Chenas, au nord du vignoble, Elisa Guérin nous a fait découvrir une exploitation passée progressivement en bio.

Dans la lumière orangée de ce début d’automne, les couleurs de la vigne brillent particulièrement du côté de Chenas, dans le Beaujolais. A l’horizon, le Moulin à vent permet de situer tout de suite le vin produit ici. Entre ses pieds de vigne, Elisa Guérin montre la végétation qui a poussé sur la première parcelle passée en bio.

« On n’est pas sur un sol lunaire ici ! »

En balayant les lieux du regard, elle ausculte avec méfiance les « peillons », des touffes d’herbes qui se sont mises à pousser entre les vignes.

« Les sols peuvent être assez pauvres. Certes, c’est en partie à cause d’engrais chimiques mis dans le passé mais c’est aussi structurel. Il faut éviter qu’il y ait une trop forte concurrence pour l’azote ou l’eau. Et les peillons en consomment. »

Un à un, elle donne les noms de toutes les (micro)plantes présentes dans le sol. La jeune vigneronne est une habituée de la partie « technique » et agronomique des vignes. À Lyon, elle a d’abord passé un DUT en génie biologique et agronomie. Puis, elle est allée à Agrosup Dijon pour un diplôme d’ingénieur avant un stage de six mois en Angleterre pour étudier l’impact du réchauffement climatique sur les vignes anglaises.

« Ils pensent là-bas qu’ils pourront faire du rouge comme en Bourgogne dans une vingtaine d’années », commente-t-elle.

Elisa Guérin, vigneronne du Beaujolais, reprend peu à peu les vignes de son père ©PL/Rue89Lyon
Elisa Guérin dans ses vignes, à Chenas.Photo : PL/Rue89Lyon

Une vigneronne du Beaujolais baignée dans les vins de la bande de Morgon

Sensibilisée aux questions écologiques, la jeune femme découvre le vin nature au lycée. Là, elle rencontre Ophélie Dutraive, Jules Métras, Alex Foillard… Autant de descendants de la bande du Morgon.

« Ils ont eu une influence énorme sur le secteur, constate Elisa Guérin. Depuis une dizaine d’années, on commence à les considérer réellement comme des révolutionnaires. »

Introduite dans ce milieu-là, elle commence à ramener du vin nature à la maison. A l’époque, son père est dans le conventionnel. Attiré par le concept, il craint un peu les risques d’une possible transformation. Il ne passera finalement le pas qu’avec sa fille. En 2018, après avoir travaillé à temps plein en tant que commercial pour le distributeur Terroirs d’avenir à Paris, elle s’installe officiellement avec lui et fait sa première cuvée.

« J’ai toujours trouvé inadmissible de polluer les sols pour un produit de plaisir », note-t-elle.

Depuis, l’exploitation est en pleine mutation. À l’image de plusieurs membres de sa génération, cette vigneronne change les manières de faire dans le Beaujolais. Avec son père, elle a fait passer une première parcelle en bio. Deux autres suivront l’an prochain. Progressivement, les 4,5 ha du domaine devraient suivre, sans label.

« Je ne suis pas très « label. » Je préfère faire visiter directement les vignes à mes clients », précise-t-elle.

Elisa Guérin, vigneronne du Beaujolais, reprend peu à peu les vignes de son père ©PL/Rue89Lyon
Elisa Guérin dans ses vignes, à Chenas.Photo : PL/Rue89Lyon.

L’écologie : du vin nature à la capsule d’étain des bouteilles

Si elle cherche à éliminer les pesticides et les produits de synthèse, elle ne s’interdit pas d’ajouter un peu de souffre, dans la limite des doses autorisées en bio.

« On est toujours dans des doses dix fois moins importantes que du vin plus « industriel. » »

Via une cuve installée dans la maison familiale, elle fait goûter un vin qui veut rassembler un maximum d’arômes en bouche. Un travail qui se fait via une macération carbonique à froid, typique du Beaujolais. Suivent les questions autour de la fermentation.

« On cherche de la rondeur, de l’équilibre, indique-t-elle. Et à faire des vins fruités. »

Un des facteurs qui explique le retour actuel du beaujolais sur les tables de Lyon.

Philippe Guérin travaille avec sa fille Élisa, vigneronne dans le Beaujolais, à Chenas.
Philippe Guérin travaille en binôme avec sa fille.Photo : PL/Rue89Lyon.

La nouvelle vigneronne du Beaujolais : moins de vrac, et plus de bouteilles

A côté de ce retour au « nature », la jeune femme se détache de quelques traditions du cru. À commencer par la production du vin… En vrac. De plus en plus, elle passe par une vente à la bouteille.

« Cela dit, il y a sûrement un travail à faire pour réduire l’empreinte carbone de la bouteille », réfléchit-elle.

La bouteille de « sa mère », une bouteille de Chiroubles, n’a, par exemple, pas de capsule d’étain. Une façon d’éviter une pollution inutile.

Autre changement par rapport à la précédente génération : une manière de travailler. La benjamine de la famille Guérin a conservé un métier à mi-temps, à Paris, à Terroirs d’avenir. Une chose inconcevable dans l’ancienne génération.

Des vignes du beaujolais
Des vignes du nord Beaujolais, du côté du Moulin à vent.Photo : PL/Rue89Lyon

Vigneronne en Beaujolais : « Si tu accordes de l’importance aux mecs misogynes, ils ont tendance à l’être encore plus »

Son père gère, pour l’instant, le travail de la vigne. De son côté, elle s’occupe de la partie commerce et vinification. Une partie longtemps réservée aux hommes, comme nous le faisait remarquer Claire Chasselay, mais qu’elle aime bien.

Dans la famille, elle est la seule à avoir voulu reprendre, très tôt, le domaine familial, sans ses deux frères. De quoi casser pas mal de clichés sur le machisme chez les vignerons.

« Si tu accordes de l’importance aux mecs misogynes, ils ont tendance à l’être encore plus », écarte-t-elle quand on évoque le sujet.

Elle préfère relever que ces derniers « t’écoutent encore plus » quand ils ont compris que tu maîtrisais le sujet. Dans un milieu qu’elle juge « pas plus misogyne qu’ailleurs », elle note tout de même quelques vannes par-ci par-là.

« Bien sûr, on m’a déjà demandé ‘Est-ce que tu sais conduire un fourgon ?’ »

Dans une fratrie composée de deux fils et d’une fille, « il n’allait pas de soi » que ce soit elle qui reprenne l’exploitation familiale. Reste que c’est Elisa qui reprend les rênes.

« Mais on a pris le nom de « Famille Guérin », commente-t-elle. Comme ça, mes frères pourront aussi me rejoindre. Si jamais. »

En fin d’entretien, en regardant ses bouteilles, elle parle d’une autre femme, sur le fil :

« Zut, j’ai oublié de te parler de ma mère ! »

Cette dernière a travaillé longtemps avec son père, à mi-temps à l’exploitation. Aborder le rôle des mères dans les vignes n’est toujours pas le premier réflexe. Alors que, comme Claire Chasselay, autre vigneronne du Beaujolais, nous le disait lors d’une rencontre aussi riche, « il y a eu des mères » avant elles, qui n’ont jamais bénéficié de lumière ni même de titre.

#Chenas

Vin naturel : où en trouver et en boire à Lyon ?

Vin naturel : où en trouver et en boire à Lyon ?

[Carte] Le vin nature ou naturel, comme vous voulez, continue de couler et de faire son lit à Lyon. Voici une carte, sûrement non exhaustive, des cavistes, bars, restaurants et autres lieux où on trouver à Lyon et dans la métropole.

Rue89Lyon pousse le bouchon du vin nature à Lyon depuis plusieurs années. Les 6 et 7 novembre 2021, se tiendra la 7e édition de « Sous les pavés la vigne », le salon du vin nature que nous organisons avec Nourriturfu.

D’autres, avant nous, ont participé à diffuser à Lyon et sa région le vin nature. Qu’ils soient cavistes, restaurateurs, bistrotiers ou à l’occasion d’évènements (comme le salon des Débouchées ou Vin passion à Bron), ils ne sont aujourd’hui plus si rares à proposer ce type de vins à Lyon.

Vin naturel à Lyon : de 30 à 60 spots sur la carte

Nous avions réalisé une première carte des bons spots où trouver du vin naturel à Lyon -en 2014. Elle comprenait une trentaine de lieux. Après une mise à jour, la nouvelle version proposée ici en comporte une soixantaine.

Plus nombreux, les lieux où trouver du vin nature à Lyon sont aussi plus divers. Boulangeries, fromageries apparaissent dans cette recension. Dernièrement, c’est même un chai de vin nature, comme une bonne vieille cave coopérative, qui a vu le jour à Lyon.

Fruit du travail de vigneron·nes qui sont « allés contre l’uniformisation de leur territoire », comme le dit Bertrand Perrin, dénicheur de vin naturel pour des tables lyonnaises, ce type de produit raconte souvent son terroir et son évolution. Mais aussi une autre façon de produire, de cultiver et in fine de consommer. Avec un petit goût de retour aux sources :

« J’ai quand même des clients d’un certain âge. Or, qu’est-ce qu’ils me disent ? Qu’ils retrouvent aujourd’hui le goût du vin d’autant »

Manu Ferra, patron du bouchon Le Garret

Le vin naturel pourrait même avoir donné un petit coup de fouet local au beaujolais, celui qu’on appelle aussi le «troisième fleuve» de Lyon. Ce vin d’à-côté mais qui n’avait plus vraiment la cote par ici. Les vigneron·nes qui le produisent aujourd’hui en version naturelle contribuent grandement à lui redonner ses lettres de noblesse, ou à le promouvoir.

Aidez-nous à compléter la carte des spots de vin nature

Voici donc réunis ici tous les lieux que nous avons pu recenser proposant du vin nature. Certaines adresses ont sûrement dû nous échapper. Parce que s’il est bien souvent mis en avant dans l’identité de ces lieux, certains en proposent sans tambour ni trompette. Presque naturellement.

Vous proposer du vin nature à votre comptoir, sur vos tables, dans votre boutique et nous vous avons oublié ? N’hésitez pas à nous le dire en commentaire ou à hello@rue89lyon.fr en nous indiquant comme objet de mail « Carte vin nature Lyon ».

Retrouvez la liste des lieux cartographiés sur la carte :

Lyon – La Duchère : « On s’est foutu de la gueule de ce club de foot pendant 20 ans »

Lyon – La Duchère : « On s’est foutu de la gueule de ce club de foot pendant 20 ans »

Jean-Christophe Vincent est le nouveau président du club de football « Lyon – La Duchère ». Il évoque l’échec récent du projet « Sporting Club de Lyon », le rôle social du club qu’il entend poursuivre tout en le mêlant à un nouveau projet sportif. Mais aussi sa volonté farouche d’obtenir de nouvelles infrastructures et la rénovation du stade Balmont, pour lesquelles cet ancien politique a d’ailleurs sollicité les collectivités locales -et même Emmanuel Macron.

Jean-Christophe Vincent est devenu président du club « Lyon – La Duchère » en mai 2021. Impliqué au club depuis 2008 et l’arrivée de son prédécesseur, Mohamed Tria, il a pris les rênes du club après l’échec du projet Sporting Club de Lyon, qui ambitionnait une accession en Ligue 2. Aujourd’hui en National 2, équivalent de la quatrième division, le club a encore changé de nom pour reprendre celui de son quartier, la Duchère, dans le 9e arrondissement de Lyon.

Après l’interlude Sporting Club de Lyon, voilà l’ancienne AS Duchère devenue « Lyon – La Duchère ».

Autrefois « éminence grise » au Parti Socialiste dans le Rhône, Jean-Christophe Vincent s’est notamment retrouvé en charge des élections en tant que secrétaire général du groupe socialiste à la Région Rhône-Alpes (sous Jean-Jack Queyranne). Jean-Christophe Vincent ou « JCV » a par la suite mis son entregent politique aux services de la société Serfim (BTP), puis du promoteur immobilier 6e Sens Immobilier où il est désormais directeur délégué en charge des relations publiques.

Le groupe immobilier est entré au capital du club avant d’en devenir l’actionnaire majoritaire. Notamment dans le but de porter le projet Sporting Club de Lyon. Toujours salarié de 6e Sens Immobilier, il partage donc son temps entre le club et l’acteur immobilier.

JCV évoque auprès de Rue89Lyon le nouveau projet sportif et social du club. Un « Lyon – la Duchère » dans lequel il a fait entrer de nouveaux visages. Pour tous, le développement sportif doit être vu comme un moteur pour l’action sociale que mène le club.

Rue89Lyon : L’ancien président du club Mohamed Tria est parti, mais est-ce que l’échec du projet du Sporting Club de Lyon peut être considéré aussi comme celui d’une partie de votre équipe actuelle et de l’actionnaire majoritaire ?

Jean-Christophe Vincent Lyon la Duchère
Jean-Christophe Vincent, président du club de foot Lyon – La Duchère et directeur délégué de 6e Sens Immobilier. Photo DR

Jean-Christophe Vincent : Il y a eu une période avant le Sporting Club de Lyon et une période après le Sporting Club de Lyon.

Avant, c’est notamment tout le travail exceptionnel qu’a fait Mohamed Tria sur le volet social autour de l’insertion professionnelle, de la santé, de la citoyenneté et de la scolarité.

Après, il y a eu le projet Sporting Club de Lyon à partir de 2019 avec une ambition métropolitaine. Clairement, ça a été un échec sportif. De la Ligue 2 [2e division nationale, ndlr] comme ambition on se retrouve en National 2 [4e division nationale, ndlr]. Un échec financier aussi parce que 6e Sens Immobilier a dû mettre beaucoup d’argent pour maintenir le club à flot, le club aurait fermé ses portes sinon.

Le club avait alors le troisième budget de National 1 [3e division nationale, ndlr].

Pourquoi ça n’a pas fonctionné ? Est-ce seulement une raison sportive ou plus structurelle ? Est-ce que ce projet n’est pas arrivé trop tôt ?

La saison dernière, on avait de bons joueurs ; sauf que ça n’a jamais pris. Ça n’a jamais pris sur le plan sportif, entre joueurs, avec les coachs ou avec la direction. Mais ça n’a pas pris non plus parce qu’en termes d’organisation, d’infrastructures, on n’était pas organisé pour.

Après plusieurs saisons terminées dans le haut du classement de National 1, ce n’était pas incohérent de penser à la montée en Ligue 2. Mais il manquait beaucoup de choses en termes d’organisation. On a aussi connu des problèmes qui sont assez communs quand on passe d’un statut associatif à un niveau semi-professionnel.

Lesquels ?

En changeant de statut, on dépend du fonctionnement et du financement du football professionnel. C’est-à-dire en grande partie de la vente de joueurs formés au club et de la vente des droits télévisuels. Sauf qu’en National, on n’a pas de droit télé, ou quasiment pas. Et on ne vend pas de joueurs.

Ce troisième échelon du foot est vraiment « bâtard ». Ce n’est plus du tout amateur. Les gens sont bien payés pour jouer au foot. Mais en même temps il n’y a pas de rentrées d’argent, il n’y a aucun commerce qui est lié au foot à ce niveau-là.

Il peut y avoir des ventes de joueurs mais c’est epsilonesque à l’échelle d’un club comme « Lyon – La Duchère ». On est donc obligé d’avoir des entreprises qui acceptent de mettre de l’argent, à fonds perdus. 

Les rémunérations dissimulées ? « Ce qui se passait avant, il faut arrêter d’être faux-cul, ça se fait de partout »

Donner plus de moyens à cet échelon permettrait d’arrêter par exemple le système de paiement dissimulé des joueurs via les frais kilométriques, qui vaut d’ailleurs au club de la Duchère une enquête ouverte par le procureur ?

Si tu te fais prendre en excès de vitesse et que devant et derrière toi certains roulaient plus vite, la pire des excuses vis-à-vis de la police c’est de lui dire : « eh vous avez vu les autres ? ». Ce n’est pas un système de défense, j’en conviens.

Néanmoins, tous les clubs comme nous fonctionnent comme ça. Écoutez, on est en train de recruter un responsable administratif. Dans le club où il travaille actuellement, il est officiellement en CAP Métiers du sport. C’est quelque chose qu’on fait faire aux éducateurs ou aux joueurs mais pas à quelqu’un qui a un Bac+5 comme lui ! Sauf que le CAP est largement financé par l’État.

Des moyens pour contourner les choses, il y en a plein qui existent… 

Le système des frais kilométriques, c’est une pratique qui existe, totalement généralisée et totalement connue de la Fédération Française de Football (FFF) et de la Ligue de Football. À partir de la création de la SASP, toutes ces pratiques ont complètement disparu. Mais il ne faut pas tirer sur une ambulance. Le milieu associatif, au-delà du football et même du sport, fonctionne avec des bouts de ficelle. C’est bien parce que mon prédécesseur voyait les limites de ce système qu’il a initié la création de cette SASP. Depuis sa création, on est droit dans nos bottes.

Et ce qui se passait avant, il faut arrêter d’être faux-cul, ça se fait de partout. Si la justice veut être sérieuse, qu’elle fasse une enquête généralisée avec la FFF sur l’ensemble des clubs de football. Et qu’ils nous proposent des solutions. Pour indemniser un bénévole, pour donner une prime de match, pour payer des arbitres référents, on fait comment ? Il n’y a pas de solution en fait.

À un moment, je veux bien qu’on ait une enquête sur le dos, je veux bien qu’on tire à boulets rouges sur mon prédécesseur, mais ce club n’est pas différent des autres. Il est même mieux que les autres parce qu’au moins il fait tout pour rentrer dans le rang. On a la chance aussi d’avoir un investisseur fort qui veut que les choses soient très cadrées.

Qu’est-ce que vous avez modifié dans l’organisation du club depuis cette saison  ?

La volonté, pour le moment, c’est de structurer le club. On a renforcé l’équipe des éducateurs. On a hiérarchisé les choses aussi dans la direction sportive notamment. Sonny Anderson [ancien joueur de l’OL, ndl] est arrivé pour s’occuper de l’équipe 1, en tant que conseiller sportif, aux côtés d’un directeur technique et d’un directeur de la performance.

Sonny Anderson, c’est votre Bernard Lacombe à vous (Bernard Lacombe ancien joueur de l’OL a longtemps été conseiller sportif de Jean-Michel Aulas, ndlr) ?

Le mode de fonctionnement avec Jean-Michel Aulas, c’est en effet quelque chose dont on s’inspire à notre petite échelle, avec Sonny. On a essayé de professionnaliser cette partie. Avec Mohamed Metoui, le directeur technique, ils constituent à eux deux la direction sportive. Avec le coach, ce sont eux qui assurent le recrutement des joueurs.

Émilien Jeannot est directeur de la performance. Il est en lien avec les préparateurs physique sur la performance sportive. Mais aussi sur la performance alimentaire et mentale. On a un directeur de toute la partie organisationnelle, Nordine Belhout, qui gère différents intendants.

Et il y a aussi toute la partie préformation, formation, post-formation, école foot et section féminine. On a maintenant un directeur pour chacun de ces cinq pôles.Ils ont chacun un certain nombre d’éducateurs sous leur responsabilité.

Ce n’était pas le cas avant ?

C’était structuré différemment. Mohamed Mitoui a souhaité le faire comme ça.

Quel est le nouveau calendrier du projet sportif pour atteindre la Ligue 2 ?

Il n’y a pas de calendrier établi. On a une volonté de remonter en Nationale 1 rapidement, si possible cette année. Mais bon, on a payé pour voir… On a vu que ce n’était pas forcément l’argent qui faisait le bonheur. 

« Le projet Sporting Club de Lyon a fait un peu de mal à la vie associative du club de la Duchère »

Quel a été l’impact du projet Sporting Club de Lyon sur la partie associative et l’école de foot du club de « Lyon – La Duchère » ? 

Il a fait un peu de mal à la vie associative. On réactive très fortement ce qui a été fait de façon extraordinaire à partir de 2008 et qui était en déclin ces dernières années. Douze personnes ont intégré l’association et la direction de l’association.

Quelles actions seront-elles en charge de mener ?

Romain Blachier est chargé du  projet culturel parce qu’on veut que le stade de Balmont devienne une place culturelle. Mickaël Sabatier, longtemps élu dans le 9e arrondissement et qui le connaît parfaitement, intervient sur les questions de citoyenneté.

Lotfi Ben Khelifa, à défaut de connaître la Duchère, connaît parfaitement Les Minguettes à Vénissieux et les quartiers populaires. C’est quelqu’un de très important pour nous sur les questions de laïcité et de citoyenneté. Avec Mickaël Sabatier ils mettent en place un Parlement des enfants.

On a fait revenir Ines Dahmani qui a créé la section féminine de l’AS Duchère dans le passé. Elle va s’occuper plus largement de la féminisation du club. Par exemple, tous les évènements sur la précarité menstruelle seront sous sa direction. On lance une campagne sur la précarité menstruelle avec de l’information, de la formation, des interventions  d’infirmières et d’une thérapeute. Mais c’est aussi une action dans le recrutement où actuellement à compétences égales on recrute d’abord des femmes. On veut aussi avoir des éducatrices qui agissent auprès des jeunes garçons et pas seulement auprès des jeunes filles.

On a aussi fait entrer Marion Aunier qui participait à l’association Cap Devoir à la Duchère, pour la partie scolarité. On a fait appel à Grégory Cuilleron notamment pour la mise en place d’une section handisport à moyen-long terme. On veut travailler dans le temps sur cette question et pas simplement faire une journée de sensibilisation pour un petit coup de projecteur.

On va aussi travailler aussi sur un incubateur d’entreprises avec Philippe Martelo qui travaille chez Seb. Et on a comme président, Guillaume Targe, des miroiteries Targe bien connues à Lyon. C’est un nom reconnu et un homme engagé dans tout ce qui est formation professionnelle. Il a pris des gens qu’il a formé de A à Z.

On a aussi fait entrer Yvon Perez dont le père a créé le club.

Pour rapprocher le club de la Duchère de son quartier, « j’ai mis tout le monde en campagne électorale »

Comme vous, parmi ces personnes, certaines sont des anciens du Parti Socialiste (Romain Blachier, Ali Kismoune, Lotfi Ben Khelifa, Soundes Boujday qui a aussi rejoint le club). Pourquoi avoir fait appel à ce « réseau PS » ?

On a voulu une certaine mixité. On a aussi par exemple dans l’association Isabelle Ebanga, une infirmière de La Duchère. Après avoir discuté longuement avec elle, je me suis dit qu’elle avait tout compris. Je lui ai proposé de nous rejoindre. L’idée, c’était d’avoir des hommes et des femmes, des gens qui soient de la Duchère mais aussi extérieurs. On a une véritable mixité. Les gens qu’on a fait entrer dans l’association amènent des gens de leurs réseaux, de leurs territoires…

Le point commun de ces personnes est qu’ils ont des compétences reconnues. L’autre critère est celui de la confiance. Je n’ai pas envie de donner autant de mon temps et d’avoir des gens qui sont prêts à me planter un couteau dans le dos.

Ce club ce n’est pas un club dirigé par des potes. C’est un club né comme le quartier, dans les années 1960, avec des déracinés : des rapatriés d’Algérie, des travailleurs du Maghreb, puis leurs familles. C’est le club de ses habitants au moment de la création. Ce quartier a quelque chose de particulier. Ce club n’existe que par son quartier. C’est au cœur du projet : on veut que les gens se réapproprient leur club de foot.

Comment faites-vous, concrètement ?

La première chose, c’est la mobilisation. J’ai mis tout le monde en campagne électorale. Je ne dis pas que je fais gagner les campagnes mais je sais les organiser (sourire). Alors, on est sur les marchés, on est devant les écoles, on est en lien avec les centres sociaux et les collèges, on va dans les halls d’immeuble, on va aux sorties de métro… On parle aux gens et on leur distribue des places.

On est passés de 100 à 200 personnes aux matchs, avant le Covid, à 800 personnes sur les 3 derniers matchs à domicile [interview réalisée le 14 octobre 2021, ndlr]. Je pense qu’on atteindra les 1000 personnes en décembre, c’est l’objectif que j’ai fixé.

« Pourquoi est-on allé sacrifier un équipement public sur lequel on jouait, alors qu’on en manquait déjà ? »

Vous avez écrit à Emmanuel Macron ainsi qu’aux élus des collectivités locales. Pourquoi ?

On rencontre un énorme problème. On s’est foutu de la gueule de notre club pendant 20 ans. Ce club n’a jamais été une priorité pour Gérard Collomb, dans le cadre du Grand Projet de Ville (GPV) et de l’aménagement de la Duchère. Cet aménagement est formidable mais il s’est fait en piétinant complètement le club.

Pourquoi ?

Probablement parce qu’il raisonnait en termes d’attractivité et de rayonnement international pour Lyon. Le développement du club de la Duchère ne l’intéressait pas de ce point de vue-là.

Qu’est-ce qui pose problème dans l’aménagement du quartier pour le club ?

On nous a collé la Halle Diagana [halle d’athlétisme située en bordure du stade de Balmont inaugurée en 2012, ndlr]. Elle reflète ce vieux schéma d’élus qui pensaient que des gens d’un quartier populaire seraient très contents d’avoir un équipement d’excellence. Mais c’est un équipement qui est complètement déconnecté de la vie du quartier. On aurait pu l’implanter n’importe où ailleurs, à Gerland, à Confluence ou à Parilly. Mais à la Duchère, il n’a aucun sens. Très peu de gamins du quartier vont dedans.

Autre exemple, on a mis le complexe Sport dans la ville à Vaise [dans le quartier de l’Industrie, ndlr] sur un terrain qu’on utilisait. Au lieu de rénover un terrain, on l’a confié à une structure qui pouvait s’installer ailleurs et n’avait pas besoin nécessairement d’un ancrage dans le 9e arrondissement.

Pourquoi est-on allé sacrifier un équipement public sur lequel on jouait et alors qu’on en manquait déjà ? Non seulement on n’a pas pensé au développement du club mais on nous a volontairement contraints.

On ne peut pas accueillir plus de 600 enfants actuellement. Les élus ne sont pas encore venus nous voir les mercredis après-midi. Je leur dis de venir et de m’expliquer comment jouer à 140 sur un terrain.

Cela crée même une situation paradoxale : certains de ces gens qu’on refuse, ils créent leurs clubs à côté et demandent à la mairie des créneaux horaires pour utiliser les terrains. Et la mairie nous dit qu’il est normal d’offrir des créneaux aux autres ! Mais ces gens qui ne sont pas avec nous, c’est à cause du manque d’équipements. On préférerait qu’ils soient avec nous. On est doublement cocus dans cette histoire.

« Le club de ‘Lyon – La Duchère’ doit refuser 150 gamins par an »

Le club de Lyon La Duchère n’a donc pas vraiment de place… à la Duchère ?

On dispose du stade de la Sauvegarde qui va être refait d’ailleurs. Après, on est dispersés. On a quelques équipes de jeunes et l’équipe 1 qui s’entraînent à la Plaine des Jeux [à Gerland, Lyon 7e, ndlr] où l’état des terrains et de l’éclairage est défectueux. Régulièrement on n’a pas de lumière le soir, l’an dernier on a eu trois chevilles cassées à cause de nids de poule dans la pelouse, très souvent elle est trop haute. Certaines de nos équipes n’ont parfois pas accès à des vestiaires.

La conséquence de ce manque de terrains est qu’aujourd’hui on est obligé de refuser 150 gamins par an. Cela crée une frustration énorme dans le quartier. On dit aux gens « au club de la Duchère vous êtes chez vous » ; et eux ils nous disent « alors pourquoi vous ne nous prenez pas ? ». 

Avec ces contraintes, le club serait alors cantonné dans son rôle de « centre social » d’une certaine manière au détriment de sa vocation de club de foot ?

On n’est pas un centre social. On ne fait pas le boulot des centres sociaux qui d’ailleurs le font très bien à La Sauvegarde ou sur le Plateau. On n’est pas là pour ça. On a une vocation particulière et singulière parce qu’on est sur un territoire singulier. Notre équipe veut contribuer à entretenir toutes les énergies positives qu’il y a dans ce quartier.

« Au club de ‘Lyon – La Duchère’, ce qu’on fait est politique »

Le club joue malgré tout un rôle social important et reconnu dans le quartier. Cela veut dire que les élus au fond s’en fichent du club ?

On fait partie des acteurs auxquels on s’adresse dès qu’il y a un problème dans le quartier. C’était le cas sous Mohamed Tria et je le vois depuis que je suis président. L’accident de scooter en mars dernier, par exemple, c’était un jeune du club. Là, on est allé directement à la rencontre du maire pour proposer de pacifier les choses dans le quartier. Nos éducateurs sont allés à la rencontre des jeunes car parmi les gamins qui balançaient des pierres il y avait aussi des gamins du club. Il nous a semblé normal de proposer notre aide. Grâce à nos éducateurs ça a été efficace.

Alors, après on nous demande comment on pourrait nous aider. En commençant par nous donner des terrains, en fait ! Ces gamins qu’on ne peut pas prendre, ce sont pour certains potentiellement des gamins qui vont aller zoner, qui ne bénéficieront pas du soutien scolaire, des stages de 3e qu’on met en place, de nos initiatives en matière de citoyenneté ou de santé…

Par le passé, les relations entre Mohamed Tria et Gérard Collomb ont pu être compliquées, notamment au sujet du maintien de la subvention de la Ville de Lyon au club. S’il n’a jamais été sur les listes de l’ancien mairie de Lyon (et du 9e arrondissement), il le soutenait encore aux élections de 2020. Des personnalités au sein du club, on l’a vu, sont comme vous issues du PS. Cela peut-il être aussi un problème pour vous et pour le club ?

Je fais de la politique au quotidien. Ce qu’on fait est politique. Mais on a une diversité politique au sein du club. Entre l’actionnaire majoritaire et moi par exemple on n’a pas les mêmes opinions politiques et ça nous pose aucun problème.

Je veux être en position de parler de la même manière à Laurent Wauquiez (président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ndlr) et à Grégory Doucet (maire EELV de Lyon, ndlr). D’ailleurs, du temps où je travaillais pour Jean-Jack Queyranne (président PS de la région Rhône-Alpes de 2004 à 2015, ndlr) j’ai ferraillé pour avoir une aide de la Région pour notre action « Ton métier c’est ton but ». Quand Laurent Wauquiez est arrivé, il a augmenté la subvention et a même financé des minibus puis la moitié de la réfection de la pelouse du stade. Sans aucune contrepartie politique ni d’image.

On a également des partenariats avec la Marine Nationale, avec une association de veuves de combattants parce qu’on oublie qu’on a des zones de guerre et des familles endeuillées, qui pourraient être vus comme des partenariats politiques. Mais ce n’est pas le cas. Le club est ouvert à tout le monde.

« J’ai demandé qu’on nous accompagne pour rénover le stade de Balmont et créer un centre de formation »

Vous demandez finalement à être reconnu comme un club sportif et pas seulement comme un acteur social du quartier ?

On arrive toujours à être considéré pour ce qu’on fait au niveau social mais pas pour ce qu’on représente sportivement. On n’arrive pas à convaincre les élus, de l’ancienne comme de la nouvelle majorité municipale et métropolitaine, que ce qu’on fait au niveau sportif sert aussi au niveau social.

Ce que fait le club en matière sociale, depuis Mohamed Tria, va bien au-delà de ce que font d’autres clubs y compris les plus grands comme l’OL. Tout cela ne fonctionne que si tu donnes envie aux gens de venir, aux gamins de rêver et aux familles de quoi être fières dans leur quartier.

Qu’on le veuille ou non, qu’on le déplore ou non, c’est comme ça que ça fonctionne : l’équipe 1 est la locomotive de ce qu’on fait. Pour nous, quand ça devient très sérieux, à partir de 15 ans, on doit dire au revoir aux trois-quarts des gamins. Parce qu’on ne peut plus avoir qu’une seule équipe par catégorie par manque d’infrastructures. On ne peut plus tous les accueillir, y compris ceux du quartier, car on doit aussi en parallèle être dans la recherche d’un niveau footballistique et en éliminer.

Notre rêve c’est bien entendu d’avoir des enfants du quartier qui jouent en équipe première. Mais c’est compliqué parce qu’on n’a pas de centre de formation.

Stade Balmont Lyon La Duchère
Le stade Balmont accueille les matchs du club de l’équipe 1 de Lyon – La Duchère. Photo DR

Vous leur avez demandé quoi à Emmanuel Macron et aux présidents des collectivités locales à ce sujet dans votre courrier ? De nouvelles installations ?

Je leur ai demandé qu’on soit accompagné sur un développement sur 10 ans. Je connais la valeur de l’argent public, je n’attends pas des miracles du jour au lendemain. Les collectivités locales, qui nous accompagnent déjà, ne peuvent pas tout faire toutes seules. Mais je pense que dans le GPV, il y a eu un grand oublié, c’est le club de la Duchère.

Je leur ai demandé  trois choses : la réfection du stade Balmont qui est en sale état et qu’il faut mettre aux normes de la Ligue 2; deux stades d’entraînement à la Duchère ou à proximité; à terme un centre de formation.

« On aura vraiment réussi si on arrive à faire du club le deuxième de Lyon, avec son centre de formation au cœur de la Duchère »

Une section sportive est en place avec le collège Schoelcher de la Duchère. Va-t-elle être poursuivie et évoluer ? 

On s’est vu avec l’équipe du collège Schoelcher pour passer un cap. On souhaite rendre la section plus élitiste. Dans l’optique d’un futur centre de formation, j’aimerais qu’il y ait une section sportive football complète tout au long de la scolarité dans le quartier. Je souhaite alors rencontrer le lycée La Martinière (un de trois sites est implanté à la Duchère, ndlr). Il possède des filières sport-études mais pas en football. On a donc une section sportive au collège mais pas au lycée. Je veux les convaincre de le mettre en place.

Dans ma logique on aura vraiment l’impression d’avoir réussi si on arrive à faire du club le deuxième de Lyon avec son centre de formation au cœur de la Duchère. Si on remonte en National 1 dans un, deux ou trois ans et qu’on a la Ligue 2 en objectif d’ici trois, cinq ou sept ans, il faudra faire un centre de formation. C’est une obligation pour un club de Ligue 2 dans les trois années suivant son accession.

Si on peut être l’équipe dirigeante qui conduit le club en deuxième division, ce qui aurait dû être le cas en 1993 (l’AS Duchère avait sportivement obtenu son accession en deuxième division mais elle a été refusée administrativement, ndlr), on en sera très fier. Mais j’aurais vraiment l’impression d’avoir accompli mon devoir si parallèlement on a pu implanter un centre de formation dans le quartier. Et ça aurait un sens extraordinaire de l’avoir à la Duchère dans cet écosystème que je viens de décrire.

Une équipe première constituée de joueurs formés au club et du quartier, c’est un objectif ? Est-ce faisable ?

C’est un véritable objectif d’avoir des gamins formés chez nous en équipe 1. Déjà, d’ici deux saisons on veut avoir 50% de notre effectif constitué de joueurs venant du bassin sportif lyonnais. Il y a plein d’autres bons clubs dans le secteur comme le GOAL FC (Grand Ouest Association Lyonnaise Football Club, fusion des clubs de Anse, Chasselay, Tassin-la-demi-Lune et Champagne-au-Mont-d’Or, ndlr), Saint-Priest et je ne parle même pas des clubs qui jouent plus haut encore comme Villefranche-sur-Saône ou Bourg-Péronnas et Annecy pour aller plus loin.

On veut vraiment privilégier le recrutement au sein de ce bassin. On croit à ce modèle. On pense qu’un joueur qui vient d’ici draine sa famille, ses amis et est attaché à son territoire. Le projet collectif est plus simple à construire.

Si ces perspectives sportives se représentent, le projet de club métropolitain du Sporting Club de Lyon avec une ambition métropolitaine ne va-t-il pas resurgir ?

Le projet du Sporting Club de Lyon dans le stade de l’ancien Matmut Stadium à Vénissieux est complètement abandonné. On ne peut pas dire aux gens “c’est votre club” et partir à Vénissieux quand on devient professionnel. 

« Pour notre action de soutien scolaire on voudrait créer la salle de classe idéale« 

Pour revenir sur l’action sociale, le club organise également des stages, gratuits, qui allient pratique du football et découverte de métiers et activités socio-éducatives (auxquels Rue89Lyon a pu participer, ndlr). Quelles autres actions avez-vous prévu de lancer dans ce secteur ?

On poursuit ces stages. Pour la première fois, il y aura un stage 100% féminin. On met en place également un pôle de santé mentale. L’objectif premier est d’être dans l’anticipation de tout ce qui est agressions sexuelles et pédocriminalité.

On sait que le milieu du sport est touché et se dévoile peu. Ce qui se passe aujourd’hui avec l’Église, se passera demain avec le monde du sport. Pour l’instant ce sont des tentatives individuelles. On écoute encore trop peu les sportifs sur ce sujet. Ce pôle aura une référente qui met en place des permanences pour que les enfants puissent venir la voir. Les éducateurs peuvent aussi être les premiers témoins de violences au sein des familles.

On ne veut pas se substituer aux professionnels et aux centres sociaux mais offrir une porte d’entrée.

Vous assurez notamment du soutien scolaire pour les enfants du club. Allez-vous mettre en place de nouvelles actions sur ce thème ? 

On continue le soutien scolaire via nos éducateurs comme on faisait jusqu’ici. Mais on est aussi en lien avec l’ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’enseignement,ex-IUFM, organisme de formation des professeurs, ndlr). Des professeurs en formation vont venir à partir des vacances de la Toussaint pour donner des cours aux gamins.

On est d’ailleurs en discussion avec la Ville de Lyon pour récupérer les rez-de-chaussée de la Halle Diagana, côté rue, pour mieux les accueillir. On voudrait y faire notre « salle de classe idéale ». Actuellement, on les fait travailler dans le club house. Je veux travailler avec les professeurs et les gamins pour savoir ce que serait une salle de classe idéale : quelle disposition, quel matériel, comment on y travaille ?

Les jeunes licenciés de l'AS Duchère qui ont créé l'hymne officiel du club
Les jeunes licenciés de l’AS Duchère qui ont créé l’hymne officiel du club. Photo BE/Rue89Lyon

« On voudrait faire de la Halle Diagana le siège du club »

Vous évoquez votre volonté d’intégrer une partie des locaux de la Halle Diagana pour les cours de soutien scolaire. Quel espace le club occuperait-il ? Seulement pour du soutien scolaire ?

Dans ces rez-de-chaussée de la halle, des commerces étaient prévus mais ne se sont jamais faits. J’ai proposé à la Ville de Lyon qu’on investisse une partie de ces lieux. On a besoin seulement de 600 à 700 m2 sur les 6000 m2 au total.

On voudrait en faire le siège de notre club, y installer nos bureaux et rapatrier les bureaux des éducateurs actuellement à la Plaine des jeux à Gerland. On voudrait également installer une boutique et un espace pour les supporters. Un espace où on peut vendre des maillots mais surtout où on paye le café aux gens du quartier.

On voudrait également occuper une partie de ces locaux de la halle Diagana pour implanter un incubateur d’entreprises. Cela nous permettrait de coordonner leur encadrement. Dans le réseau de nos partenaires on a un tas de directeurs ou directrices d’entreprises comme JC Decaux, Keolis, Dalkia qui sont prêts à donner de leur temps chaque semaine ou chaque mois.

C’est une simple volonté ou bien ce projet de centraliser le siège du club dans la halle Diagana est plus avancé ?

On a fait travailler les architectes qui ont construit la Halle Diagana. Ils nous ont fait des premiers plans. On a rendez-vous le 23 novembre prochain à la mairie de Lyon pour présenter le projet, les plans de cet espace et le financement du projet. 

Vous parliez du GPV et de la rénovation du quartier de la Duchère. Est-ce que vous voyez une évolution en cours du quartier ? Cette ambition de centre de formation et de filière sportive complète dans le quartier serait-elle de nature à modifier ou poursuivre la transformation du quartier ? 

Si on arrive à mettre en place cette véritable filière sportive et scolaire d’excellence sportive, on peut améliorer la mixité sociale qui n’existe pas actuellement dans le quartier. Comme on est un bon club de foot, si demain on a une filière complète les parents de quartiers plus huppés ou des Mont d’Or voisins mettront peut-être leurs enfants au collège Schoelcher, qui fait déjà un travail formidable, ou au lycée de la Martinière.

On le voit déjà avec les nouveaux habitants qui arrivent dans le quartier. Ils veulent mettre leurs enfants au club. Il n’y a pas de raison que demain ils ne mettent pas leurs enfants à Schoelcher, a fortiori s’il y a une perspective d’intégrer un sport études par la suite au lycée La Martinière.

Dans la région parisienne, le club du Red Star est aussi un club à la forte identité populaire. Son président en 2010 le définissait comme un club  « naturellement à gauche ». Certains de ses supporters sont par ailleurs membres d’organisations antifascistes. Par le passé des membres du groupe antifasciste de la Jeune Garde Lyon sont venus au stade de Balmont. Lyon La Duchère pourrait-il être le Red Star de Lyon ?

Le Red Star est un modèle mais on ne veut pas être utilisé par les uns ou par les autres à des fins politiques. Des membres de la Jeune Garde sont venus quelques fois en effet mais à ma connaissance ils ne viennent plus. Que des gens viennent et fassent du bruit pour soutenir l’équipe, ça ne me pose aucun problème évidemment. Mais si c’est pour s’opposer à telle ou telle personne que je fais venir au stade et qui ne correspond pas à leur ligne politique, là ça ne me va pas du tout.

Le stade c’est la maison de tous les gens du quartier. Les jours de match, le club vend ses merguez de son côté mais on leur propose de cuisiner et de venir vendre la nourriture aux spectateurs. S’ils n’ont pas tout vendu, on leur paye la différence pour ne pas qu’ils perdent de l’argent.

Mon rêve c’est que demain on ait suffisamment de monde au stade Balmont pour qu’on ait des stands de nourriture de Turquie, d’Algérie, d’Espagne, de la nourriture juive, de la bonne cuisine française et de Lyon… Je vais d’ailleurs proposer à la mairie de Lyon qu’on installe autour du stade de Balmont un grand drapeau français et des drapeaux de tous les pays d’origine de gens du quartier.

Moi, je n’aime pas les extrémistes de tout bord mais j’accueille tout le monde au club. Il est à tout le monde, c’est un club laïc et républicain et il offre ainsi une ouverture sur le monde. On respecte toutes les options religieuses et politiques mais on n’embête personne avec ça. »

>> Rue89Lyon a animé des ateliers et encadré des jeunes du club pour raconter la confection de l’hymne du club de la Duchère. Des actions d’éducation aux médias réalisées avec le soutien de la direction régionale des affaires culturelles. Par ailleurs, notre projet éditorial « Quartiers connectés » a reçu un soutien financier de la part de 6e Sens Immobilier.

>> Entretien réalisé le 14 octobre 2021.

Agressions sexuelles : un rapport fustige la direction de l’ENS Lyon

Agressions sexuelles : un rapport fustige la direction de l’ENS Lyon

L’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche avait été chargée d’une enquête au sein de l’ENS de Lyon suite à des révélations d’agressions sexuelles. Un rapport a été publié mercredi 27 octobre, mettant en cause la direction de l’établissement.

Vingt-sept : c’est le nombre de « situations d’agressions sexuelles » répertoriées dans son rapport par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche depuis 2017 à l’école normale supérieure de Lyon (ENS Lyon). Vingt-six d’entre elles ont été subies par des étudiantes, et neuf situations pourraient être qualifiées de viol. D’après la commission d’inspecteurs :

« L’établissement n’avait pas suffisamment pris la mesure du problème. »

La direction a été informée de quinze situations au fil des ans, et n’a engagé qu’une seule procédure disciplinaire.

Jean-François Pinton, le directeur de l’école est accusé par plusieurs victimes d’avoir essayé d’étouffer les affaires en appelant à la modération, notamment au cours d’une réunion le 25 février dernier. Cela aurait aggravé le climat social dans l’école. Camille Borne, déléguée du personnel CGT a déclaré à Libération :

« Il n’y a aucune modération à avoir lorsqu’il s’agit de violences sexuelles. »

À l’ENS Lyon, des agressions « mises sous le tapis »

Cela fait pourtant plusieurs années que l’ENS est dans la tourmente. Une tourmente globale qui dénonce l’inaction des établissements scolaires face aux agressions sexuelles et viols et qui visent notamment des écoles sélectives. Un mouvement qui s’est articulé autour du hashtag #SciencesPorcs sur les réseaux sociaux à partir de février 2021.

Déjà, à l’époque, plusieurs témoignages glaçants au sujet des agressions sexuelles à l’ENS Lyon ont défrayé la chronique : des récits de viols dans un article de Libération, le récit d’un système de mise en garde entre étudiantes pour cibler et éviter les agresseurs dans un autre de franceinfo. Mediacités a par ailleurs assuré un suivi allant de 2018 à 2021 qui épingle l’inaction de la direction au fil des années. On peut y lire Zoé, élue au conseil des études et de la vie étudiante (CEVE) de l’école :

« [Pour ces affaires] On cherche des preuves matérielles alors qu’on sait que dans ce genre de dossier, il n’y en a pas. Et même quand on en a, des affaires passent sous le tapis. C’est une blague entre élues à l’ENS, mais on a l’impression que pour qu’une affaire soit prise au sérieux, il faut qu’il s’agisse d’un viol avec violence en plein cours devant tout le monde. »

Entrée du site Descartes de l'ENS Lyon, à Gerland. ©LB/Rue89Lyon
Entrée du site Descartes de l’ENS Lyon, à Gerland.Photo : LB/Rue89Lyon

L’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche a donc prononcé sept recommandations. On y lit notamment la nécessaire refonte du rôle du référent chargé de la mission « égalité discrimination » et qui doit être plus clairement défini. La commission demande aussi à faire respecter les dispositions qui interdisent la consommation d’alcool dans l’école, ses lieux de restauration et de résidence.

A Lyon, le choix du privé pour fuir le collège public de secteur

A Lyon, le choix du privé pour fuir le collège public de secteur

Dans la métropole de Lyon, de nombreux parents tentent d’éviter le collège public du quartier en lui préférant un collège privé, au détriment de la mixité sociale.

Georges Clémenceau, Garbiel Rosset, Jean de Verrazane, Victor Schoelcher, Elsa Triolet… Autant de collèges publics de la métropole de Lyon dont le nom revient souvent dans la bouche des parents d’élèves. Devant les écoles primaires, ils et elles échangent leurs astuces pour contourner la carte scolaire des collèges et envoyer leurs rejetons dans un établissement à la meilleure réputation.

Certain·es décident ainsi d’inscrire leur enfant en spécialité musique ou d’en faire un gamin bilingue pour obtenir une affectation dans un collège particulier de la métropole de Lyon. D’autres utilisent carrément l’adresse d’un membre de la famille qui habite dans un autre quartier.

Enfin, de manière plus simple et plus sûre, ou en dernier recours après que les tentatives de dérogation aient été refusées, un nombre non négligeable de parents se tournent vers les collèges privés.

Quelle que soit la stratégie d’évitement retenue, toutes ont la même conséquence : une mixité sociale en chute libre, en particulier dans les quartiers qui pâtissent d’une mauvaise réputation, héritage d’un passé industriel, ouvrier ou populaire.

Le nouveau collège Gisèle Halimi, dans le 7e arrondissement de Lyon, doit ouvrir pour la rentrée du 2 septembre 2021.
Le nouveau collège Gisèle Halimi, dans le 7e arrondissement de Lyon, a ouvert ses portes à la rentrée de septembre 2021.Photo : OM/Rue89Lyon

Dans l’académie de Lyon, des inscriptions en collège privé en augmentation constante

Infirmier libéral dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux, Farid Ben Moussa fait partie de l’association No Ghetto qui milite pour favoriser la mixité sociale dans les collèges publics de la métropole de Lyon. Dans un précédent article, il nous racontait ses années collège aux Minguettes, dont il garde un très mauvais souvenir. Devenu père de famille, il a décidé d’éviter à sa fille de connaître la même expérience et l’a inscrite dans un collège privé de la métropole de Lyon, La Xavière, en fin de primaire.

« Dans mon collège public des Minguettes, j’ai vu des choses qui ne devraient pas exister, raconte-t-il. J’ai vu des profs se prendre des coups de tournevis, des bagarres générales, des histoires de malade que je ne veux pas que ma fille connaisse. Moi, je suis passé entre les balles par chance. L’école publique, c’était une sorte de poids qu’on m’a dit de porter. A aucun moment je n’ai été aidé dans l’école publique, ça a été la pire des choses qui me soit arrivée. »

Dans la métropole de Lyon, le nombre d’élèves inscrits dans les collèges d’enseignement privé (catholique) sous contrat connaît une augmentation modérée mais constante. D’après les chiffres de l’enseignement catholique de l’académie de Lyon, en 2016, il y avait 20 847 adolescents dans les collèges privés de la métropole, contre 22 299 en 2021.

Cette augmentation constante du nombre d’inscriptions a permis à certains établissements de se développer largement. C’est le cas du centre scolaire de La Xavière, ouvert en 1927 et qui compte aujourd’hui trois écoles, trois collèges et un lycée. Du côté des Maristes, un nouveau lycée a ouvert ses portes à la rentrée de septembre 2021, sur la commune de Meyzieu, à l’est de Lyon.

D’après les chiffres de l’académie de Lyon, la proportion d’élèves dans le public et dans le privé reste stable ces dernières années : aux alentours de 70% dans le public, et 30% dans le privé.

Le collège et le lycée des Lazaristes, dans le 5e arrondissement de Lyon, est un établissement scolaire privé d'enseignement catholique, sous contrat avec l'Etat.
Le collège et le lycée des Lazaristes, dans le 5e arrondissement de Lyon, est un établissement scolaire privé d’enseignement catholique, sous contrat avec l’Etat.Photo : OM/Rue89Lyon

A Vaise, « à peine la moitié des élèves de primaire ont intégré le collège public de secteur »

Cette image de quartier mal famé ne colle pas qu’à la peau de Vénissieux ou de Vaulx-en-Velin. A Vaise, dans le 9e arrondissement de Lyon, tous les moyens sont bons pour éviter le collège public de la place Ferber, Jean de Verrazane.

Habitante de Vaise, Marie* est mère de deux filles adolescentes, dont une scolarisée en 3e au collège Jean de Verrazane. Depuis son entrée en 6e, Marie* a assisté à plusieurs conseils d’administration et de discipline de l’établissement, ce qui lui a permis de prendre le pouls des familles et des enseignants du collège. Elle constate que de nombreux parents ont refusé d’inscrire leur enfant à Jean de Verrazane :

« Force est de constater qu’à peine la moitié des élèves de primaire ont intégré le collège public de secteur à cause de sa réputation, déplore-t-elle. Le collège Jean de Verrazane pourrait bénéficier d’une mixité positive s’il était attractif. Malheureusement, les familles ayant un peu de moyens privilégient le privé et la mixité du collège n’est pas représentative de la mixité du quartier. »

C’est le cas de Myriam*. Cette couturière de Vaise élève seule sa fille. En 6e, elle a préféré l’inscrire dans un collège privé de la Croix-Rousse, dans le 4e arrondissement de Lyon, plutôt qu’elle mette un orteil à Jean de Verrazane et sa « trop mauvaise réputation », à en croire ses amies et leurs enfants. Elle raconte ne s’être pas sentie « en capacité » de suivre sa fille dans un collège public avec cette réputation.

Pour elle, « un collège privé était une évidence ».

Marie* reconnaît qu’il existe des collèges plus calmes que Jean de Verrazane. La faute à un manque de moyens dans l’Éducation nationale qui ne permet pas un accompagnement optimal des élèves, selon elle. Si sa fille aînée se plaît à Jean de Verrazane, l’environnement du collège s’est avéré inadapté à sa fille cadette.

« J’ai préféré l’inscrire, à contre cœur, dans un collège privé de Lyon. A Saint-Louis-Saint-Bruno, où beaucoup d’enfants du quartier sont déjà scolarisés. »

A Lyon 7e, les collèges publics Clémenceau et Rosset ont mauvaise presse

Même son de cloche dans le 7e arrondissement de Lyon. Laurène, auxiliaire de puériculture, a emménagé dans la Cité Jardin de Gerland en 2012. Ses deux filles ont fait leur école primaire dans le public. A l’entrée au collège, sa fille aînée a été affectée à Gabriel Rosset.

Hors de question de l’envoyer là-bas, affirme Laurène, catégorique :

« Je suis plutôt favorable au public, mais j’aurais voulu qu’elle aille à Gisèle Halimi [le nouveau collège de Lyon 7e, ouvert en septembre 2021 dans la ZAC des Girondins]. Depuis que ma fille aînée est en CE2, nous nous renseignons sur le collège de notre secteur, Gabriel Rosset, et ce que nous en entendons par des parents, des élèves, des professeurs ou dans la presse est de pire en pire : bagarre au couteau, professeurs démissionnaires, coupures de chauffage, élèves de 6e scarifiant un autre élève de 6e… »

collège public Gabriel Rosset Lyon 7
L’entrée du collège Gabriel Rosset (Lyon 7e), lundi 11 février 2019.Photo : PB/Rue89Lyon

Laurène connaît des parents qui ont tenté d’obtenir des dérogations pour éviter Gabriel Rosset, sans succès. Elle n’a pas voulu prendre de risque. Sa fille a donc fait sa rentrée de septembre au collège privé des Chassagnes, à Oullins, au sud de Lyon.

Emilie* travaille à la Métropole de Lyon. Elle habite elle aussi dans le 7e arrondissement de Lyon, un peu plus au nord que Laurène. Son fils aîné n’a donc pas été affecté au collège Gabriel Rosset mais à Clémenceau, dans le quartier de la Guillotière.

Après avoir longuement hésité, Emilie* a préféré l’inscrire dans le privé, au collège jésuite Saint-Louis de la Guillotière, toujours dans le 7e arrondissement de Lyon. « Un petit collège très cocooning, avec peu d’élèves bien suivis » décrit-elle. Très différent du collège public Clémenceau et son millier d’élèves, ou peu s’en faut.

« Ces stratégies d’évitement pourrissent la mixité sociale des collèges publics »

«  Se tourner vers le privé, c’est se tromper de colère, c’est autant d’argent qui n’est pas mis dans le public, réagit Rachel, habitante de Vaise depuis une vingtaine d’années. Il faut arrêter de faire son marché, l’Éducation n’en est pas un ! »

Cette enseignante-chercheuse de l’Université de Lyon, originaire du 9e arrondissement de Lyon, défend bec et ongles l’enseignement public. Son fils vient de finir sa scolarité au fameux collège Jean de Verrazane, et elle y inscrira également sa fille quand celle-ci entrera en 6e. Pour elle, ces stratégies d’évitement de certains collèges publics par les parents aggravent la situation :

« Ces stratégies d’évitement des classes moyennes pourrissent la mixité sociale, affirme-t-elle. Il y a 20 ou 30 ans, Vaise était un quartier industriel mal famé. Aujourd’hui, Vaise affiche un profil avec de catégories socio-professionnelles (CSP) dominé par les cadres et professions intermédiaires, typique des secteurs urbains gentrifiés.

En clair, si tous ces ménages faisaient le choix de scolariser leurs enfants dans les collèges et lycées publics de secteur, ceux-ci refléteraient cette réalité socio-économique et il n’y aurait plus de débat concernant le caractère plus ou moins mal famé de tel ou tel établissement… »

Une relative mixité sociale que semble confirmer certains indicateurs socio-économiques.

Carte 1 : le niveau de revenus (en noir le secteur d’affectation du collège Jean de Verrazane à Lyon 9e)

Carte 2 : la part d’ouvriers dans la population ( en noir le secteur d’affectation du collège Jean de Verrazane à Lyon 9e)

Carte 3 : la part de cadres dans la population ( en noir le secteur d’affectation du collège Jean de Verrazane à Lyon 9e)

Carte 4 : part de la population vivant dans un ménage dont les revenus sont inférieurs à 60% du revenu médian annuel en France en 2018 ( en noir le secteur d’affectation du collège Jean de Verrazane à Lyon 9e)

Tous les parents interrogés se disent en faveur de l’enseignement public. Beaucoup auraient préféré inscrire leur enfant dans le collège public de secteur, mais disent ne pas être prêts à essuyer les plâtres du manque de moyens endémique de l’Éducation nationale.

Emilie*, par exemple, dit assumer pleinement son choix d’avoir inscrit son fils dans le privé, au détriment de la mixité sociale du collège Clémenceau.

« Le comble, c’est qu’on retrouve cette mixité sociale dans le privé, constate-t-elle. Au collège Saint-Louis de la Guillotière, mon fils a des camarades de classe qui viennent de partout, beaucoup de Vénissieux ou de Saint-Fons. Mais le privé est aussi une des raisons de la disparition de la mixité sociale dans le public. C’est compliqué. »

« La Métropole de Lyon aura-t-elle le courage de retracer la carte scolaire des collèges ? »

Dans un précédent article, nous avions montré que le tracé de la carte scolaire s’alignait dans certains quartiers avec les limites socio-économiques invisibles. Ce découpage ayant pour effet que les enfants de certains quartiers voisins ne se mélangent pas. Cette absence de mixité sociale est particulièrement visible dans certains quartiers de Lyon dont le 9e arrondissement et le plateau de la Duchère.

Comment faire pour convaincre les parents qui hésitent à scolariser leur progéniture dans le collège public de secteur ? Dans le 9e arrondissement de Lyon, Marie* assure que de nombreux parents auraient inscrit leur enfant à Jean de Verrazane si le collège public avait pu leur proposer des options attractives comme une section musique ou une classe bilingue. Mais le collège n’a obtenu ni l’une ni l’autre de la part du rectorat.

« Je regrette le fait que la mixité sociale dans l’enseignement public ne soit pas encouragée et soutenue par le gouvernement. Il y a de beaux discours mais pas grand-chose derrière », se désole-t-elle.

Pour l’association vénissiane No Ghetto, qui milite pour qu’il y ait davantage de mixité sociale dans les collèges de la métropole de Lyon, la solution tient en deux mots : carte scolaire. Compétence de la Métropole de Lyon, la carte scolaire découpe le territoire métropolitain en secteurs, correspondant chacun à un collège public précis. Une refonte de cette carte pourrait permettre d’améliorer la mixité sociale dans les quartiers où c’est nécessaire comme la Duchère, les Minguettes, le Tonkin ou Mermoz, mais aussi Bellecombe et Montchat.

« J’ai constaté que les nouvelles équipes de la Ville et de la Métropole de Lyon étaient présentes aux conseils d’administration, affirme Rachel. Je les sens plus concernés par le sujet que leurs prédécesseurs. Les élus de la Métropole de Lyon auront-ils le courage de retracer les périmètres de la carte scolaire des collèges ? »