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ZFE à Lyon : les écologistes présentent leur projet final et son périmètre élargi

ZFE à Lyon : les écologistes présentent leur projet final et son périmètre élargi

Après plusieurs mois de concertations et près de deux ans de réflexion, les écologistes à la tête de la Métropole de Lyon ont présenté le projet final de la Zone à faibles émissions (ZFE) lors du conseil de la Métropole du 26 septembre. À droite, comme à gauche, des critiques ont continué de se faire entendre.

Depuis le 1er septembre 2022, tous les véhicules les plus polluants, classés Crit’Air 5 ou non-classés ne peuvent plus circuler à Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire. La Métropole de Lyon a instauré une Zone à Faible Émissions (ZFE) pour les particuliers comme les professionnels, comme l’oblige la loi, pour réduire la pollution de l’air et les décès prématurés qui y sont liés. Cette loi prévoit aussi l’exclusion des véhicules Crit’Air 4 et 3 d’ici 2026.

Ce lundi 26 septembre au conseil de la Métropole de Lyon, le dossier de la ZFE a franchi une étape supplémentaire. La majorité écologiste a présenté la totalité de son projet pour les années à venir. Le conseil a renvoyé le dossier de la ZFE à une nouvelle consultation cet automne 2022, dossier qui devrait être voté en mars 2023 pour son application effective.

Les écologistes à la tête de la Métropole de Lyon ont défendu à nouveau leur volonté d’interdire la circulation des véhicules Crit’Air 2 à partir du janvier 2026 dans le périmètre central de la ZFE (Lyon, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, une partie de Bron et Vénissieux) et non dans un périmètre élargi présenté ce lundi. Cette décision a suscité de nombreuses critiques des oppositions, mais aussi au sein de la majorité composée par les écologistes avec d’autres groupes de gauche.

Un projet enrichi du bilan de la consultation des habitants de la métropole de Lyon

Du 8 décembre 2020 au 12 juillet 2022, la Métropole de Lyon a sondé ses habitants sur le sujet de la ZFE, lors de réunions publiques ou par une consultation en ligne. Selon Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président en charge des déplacements et de l’intermodalité, cette concertation a reçu 30 000 contributions.

Le vice-président en a évoqué les conclusions lors de ce conseil du 26 septembre, avant de développer le projet que les écologistes souhaitent mettre en place pour la ZFE. « L’idée est d’avoir un dossier acceptable pour les habitants avec la juste contrainte », a-t-il affirmé.

Panneau d'entrée de la Zone à faibles émissions (ZFE), quai Paul Sédaillan dans le 9ème arrondissement de Lyon. ©LB/Rue89Lyon
Panneau d’entrée de la Zone à faibles émissions (ZFE), quai Paul Sédaillan dans le 9ème arrondissement de Lyon.Photo : LB/Rue89Lyon

De cette concertation, les écologistes ont retenu 5 axes :

    Prévoir un dispositif ZFE acceptable en définissant la juste contrainteRendre soutenable la transition des citoyens et des professionnels via le dispositif d’accompagnementGarantir l’atteinte des objectifs du projet par la mise en place d’un dispositif de contrôle efficace et d’évaluation des effets du projetDévelopper les modes de transport alternatifs et les infrastructures permettant d’assurer les déplacements internes à la ZFE et garantir son accessibilitéCommuniquer sur les enjeux du projet et informer sur ses modalités de mise en œuvre

Un calendrier de mise en place de la ZFE qui reste le même et extension du périmètre

Certains conseillers métropolitains ont ironiquement félicité la majorité écologiste d’avoir reculé sur le calendrier et l’extension de l’interdiction aux Crit’Air 2, en limitant l’interdiction au cœur de la ZFE. En réalité, le projet reste le même que celui que prônait Jean-Charles Kohlhaas en février dernier.

Sans surprise sur son contenu, les écologistes ont présenté un calendrier précis de l’extension de la ZFE jusqu’en 2026. Jean-Charles Kohlhaas est revenu sur la raison de l’extension des interdictions de circulations aux véhicules Crit’Air 2 :

« Pour ces véhicules diésels récents, les filtres à particules ne fonctionnent que lorsque le moteur est chaud. Dans le périmètre central, sur des distances inférieures à 5 kilomètres, le moteur n’est pas suffisamment chaud pour que le filtre soit efficace. Donc, dans le périmètre central, les Crit’Air 2 sont aussi polluants que les Crit’Air 3. »

Le calendrier de mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE) dans la Métropole de Lyon. DR
Le calendrier de mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE) dans la Métropole de Lyon. DR

Si l’emplacement du « périmètre central » était déjà connu, le périmètre étendu a été dévoilé par les écologistes dans le dossier issu de la consultation. Voici les délimitations de ces deux zones :

    Périmètre central : ensemble des arrondissements de Lyon, Caluire-et-Cuire et les secteurs de Villeurbanne, Bron et Vénissieux situés à l’intérieur du périphérique Laurent BonnevayPérimètre étendu : communes limitrophes du périmètre central, à savoir les secteurs de Villeurbanne, Bron et Vénissieux situés à l’extérieur du périphérique Laurent Bonnevay et Pierre- Bénite, Saint-Genis-Laval, Oullins, La Mulatière, Sainte-Foy-lès-Lyon, Sathonay-Camp, Fontaines-sur-Saône, Rillieux-la-Pape, Vaulx-en-Velin, Saint-Fons, Chassieu, Saint-Priest, Décines-Charpieu, Mions et Corbas.

Les voies rapides métropolitaines (M6/M7 et périphérique Laurent Bonnevay) seraient ainsi inclues dans le périmètre de la ZFE.

Des dérogations possibles à la ZFE dans la métropole de Lyon

Le dossier présenté par les écologistes précise aussi quelles seront les dérogations possibles à la ZFE. En mars dernier, une première dérogation avait déjà été mise en place pour les ménages possédant une Crit’Air 5 ou non-classés, qui habitent ou travaillent dans le périmètre de la ZFE et au revenu fiscal de référence de moins de 19 600 euros par part. Ils pourront continuer de circuler avec leur voiture jusque fin 2023.

À cela s’ajoute une nouvelle dérogation pour les détenteurs d’une Crit’Air 2, qui habitent ou travaillent dans le périmètre de la ZFE, et dont le revenu fiscal de référence par part est également inférieur à 19 600 euros. Les dérogations individuelles seront accordées pour une durée comprise entre le 1er septembre 2025 et le 31 décembre 2027.

Enfin, les écologistes ont précisé l’exemption qu’ils prévoyaient pour les « petits rouleurs ». Les personnes qui circulent de manière occasionnelle au sein du périmètre de la ZFE (central et étendu) pourront faire une demande spécifique auprès de la Métropole. La dérogation sera délivrée pour un nombre de jours limité par an, restant à définir.

Des aides étendues à ceux qui travaillent dans la ZFE

Seule modification apportée au projet des écologistes : le vote d’un amendement déposé par le groupe d’opposition « La Métropole de demain ». Il prévoit l’extension des aides à l’achat de nouveaux véhicules aux personnes ne résidant pas dans la ZFE (centrale ou étendue), mais qui y travaillent.

« C’est une faille dans le dispositif, donc nous sommes favorables à cet amendement », a reconnu Jean-Charles Kohlhaas. L’amendement a été adopté à l’unanimité par le conseil de la Métropole.

Le tableau des montants des aides de la Métropole de Lyon pour les personnes qui habitent ou travaillent dans la ZFE. DR
Le tableau des montants des aides de la Métropole de Lyon pour les personnes qui habitent ou travaillent dans la ZFE. DR

Ces aides seront disponibles pour les publics concernés au plus tard à partir du 1er septembre 2023, espèrent la majorité écologiste. L’accès aux aides sera fermée petit à petit, selon la vignette Crit’Air des véhicules possédés par les ménages.

    Le 31 décembre 2024 pour les véhicules Crit’Air 5 Le 31 décembre 2025 pour les Crit’Air 4 Le 31 décembre 2026 pour les Crit’Air 3 Le 31 décembre 2027 pour les Crit’Air 2

Des doutes au sein de la majorité sur la ZFE à Lyon

Le dossier présenté par les écologistes n’a pas réussi à rassurer l’ensemble du conseil métropolitain. Des critiques se sont faites entendre, de la part des groupes d’opposition, mais aussi chez les élus communistes et insoumis.

« Quelle nouvelle offre accueillera les conducteurs qui opteraient pour un usage des transports collectifs ? Il faudra multiplier par deux, ou par trois, les fréquences de lignes de bus. Mais cela exploserait le budget du Sytral », a soulevé Laurent Legendre (LFI), du groupe Métropole insoumise, résiliente, solidaire.

Du côté des communistes, on s’inquiète surtout de l’extension de l’interdiction aux véhicules Crit’Air 2, dans le périmètre central, et des difficultés pour les ménages les plus précaires à changer leurs voitures pour des véhicules électriques, ou hybrides, plus chers.

« Ils nous faut entendre les inquiétudes populaires. (…) Le périmètre étendu concerne tout l’est populaire et non l’ouest lyonnais. La contrainte de la ZFE est d’abord tournée vers les milieux populaires », a exprimé Pierre Alain-Millet (PCF).

Une inquiétude à laquelle le vice-président en charge des déplacements, Jean-Charle Kohlhaas, a tenu à répondre :

« L’enjeu d’améliorer la qualité de l’air à l’Est est bien plus important qu’à l’Ouest. La santé des habitants, au bord du périphérique, est beaucoup plus un enjeu que d’améliorer la qualité de l’air à l’ouest. En ouvrant la zone de la Métropole à l’Est, nous ouvrons les aides à tous ceux qui y habitent. »

L’élu a aussi tenu à rappeler l’ouverture de plusieurs lignes de tramway à l’horizon 2026 dans la Métropole de Lyon, pour accueillir un plus grand nombre d’usagers.

Des groupes d’oppositions qui restent très critiques sur la ZFE

« Je partage une grande partie des appréhensions de mes collègues communistes et insoumis, et je ne pensais pas dire ça un jour dans ce conseil métropolitain. Votre ZFE correspond aux zones les plus industrielles de la métropole, avec beaucoup d’ouvriers, où est la justice sociale ? Vous auriez pu le compenser avec des mesures d’accompagnement à hauteur de l’enjeu mais le compte n’y est pas », abonde Christophe Geourjon (UDI), élu centriste d’opposition au sein du groupe Inventer la Métropole de demain.

Il s’oppose aussi à l’ouverture de l’interdiction aux véhicules Crit’Air 2, rejoint par les groupes Synergies, Progressistes et Républicains, et le Rassemblement de la droite, du centre et de la société civile.

« Même si les mesures d’aides et de dérogations ont été repensées, nous alertons tout de même sur leur impact qui sera limité sans une communication forte et compréhensible sur le sujet. La méconnaissance de la ZFE est d’ailleurs un autre point mis en évidence par la concertation », expose David Kimelfeld du groupe Progressistes et Républicains

En effet, la concertation a pointé qu’un tiers des habitants des périmètres de la ZFE n’étaient pas encore informés de l’existence de cette mesure, et donc des aides possibles. Plusieurs groupes ont alors demandé l’envoi d’un courrier individualisé aux détenteurs de véhicules Crit’Air 2 à 5. Jean-Charles Kohlhaas a expliqué avoir tenté cette manœuvre :

« Nous avons sollicité l’État, pour que nous puissions envoyer ce courrier, il nous a répondu que nous ne pourrons pas avoir accès au fichier recensant les coordonnées des conducteurs. Nous avons demandé à la préfecture de le faire, et le préfet a dit non. Je vous invite à ce que nous relancions tous ensemble le préfet pour lui demander de répondre à notre demande. »

En discussion depuis 2020, cette ZFE étendue aux particuliers se précise à Lyon. La concertation réglementaire et les prochains conseils métropolitains pourront cependant y apporter d’autres modifications.

Droit au logement opposable (Dalo) à Lyon : dysfonctionnements et retards en série

Droit au logement opposable (Dalo) à Lyon : dysfonctionnements et retards en série

En mars 2022, en France et à Lyon, on a célébré les quinze ans de la loi pour le Droit au logement opposable (Dalo). C’est aussi cette année que la préfecture du Rhône, confrontée à d’importants retards dans le traitement de ces dossiers “Dalo”, a décidé d’en rejeter plusieurs centaines, sans même les étudier. Avant de faire finalement machine arrière sous la pression. Un épisode qui illustre les difficultés récurrentes à faire appliquer pleinement cette loi.

« On se voit à la maison », me dit-il au téléphone. Avant de rectifier : « enfin… la petite pièce plutôt ». Je comprends mieux pourquoi en arrivant chez lui. Voilà plus de deux ans que Yacine (le prénom a été modifié) vit dans un studio de moins de 20m² situé dans une commune à proximité de Lyon, avec sa femme et ses trois enfants mineurs.

Une salle d’eau sur la gauche après la porte d’entrée, un petit couloir avec placards et kitchenette. Puis la fameuse « petite pièce ». Dix mètres carrés, tout au plus.

Un lit est installé contre le mur côté nord. Même chose côté ouest, sous la fenêtre. Et deux lits superposés sont collés à la cloison côté sud. Un matelas rangé dans un coin est « casé » le soir venu au milieu de ce qui reste d’espace libre, pour faire un cinquième couchage. 

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#DALO

Cleim Haring : « Il y a eu une rupture entre les générations de rap à Lyon »

Cleim Haring : « Il y a eu une rupture entre les générations de rap à Lyon »

Cleim Haring, anciennement Libre Penseur, arpente le paysage rap de Lyon depuis plus de 20 ans. En tant qu’artiste, fan, et depuis récemment, organisateur d’événements rap, il retrace les métamorphoses du genre à Lyon.

Cleim Haring a grandi dans le 5e arrondissement de Lyon, dans le cossu quartier du Point du Jour à Saint-Just. Le rappeur de 36 ans n’est pourtant pas issu d’une famille favorisée. Fils d’ouvrier et d’une mère qui a enchaîné les petits contrats, il dit avoir été intrigué par la jeunesse dorée qui fréquentait les établissements scolaires de son quartier.

Il commence le rap tôt, dès le collège. Après le lycée, il raconte n’avoir même pas tenté de s’inscrire à la fac, sachant déjà qu’il voulait vivre du rap. Dans les années 2000, il arbore le blaze « High Tech » avant d’opter pour « Libre Penseur ». Puis il rejoint le collectif Zéro Pointé, dans lequel ont brillé dans lequel ont brillé Ilenazz, Ethor skull, Na.k, futurs MC de l’Animalerie.

En 2008, Cleim Haring se détache de Zéro Pointé pour tenter de trouver son style seul. Il sort à cette époque cinq projets, dont Libre Jazzeur et Electron Libre, tantôt en CD, tantôt en accès libre sur MySpace. Il monte alors son propre label avec 4 Romain, un rappeur de Montpellier, issu du groupe Rouge à lèvres.

Cleim Haring organise des événements autour du rap à Lyon au travers des Plavace Party. Photo @cleis____ogr
Cleim Haring organise des événements autour du rap à Lyon au travers des Plavace Party. Photo @cleis____ogr

Alors que la carrière du musicien décolle doucement, il disparaît brutalement des radars et ne revient que quatre ans plus tard avec un nouveau style, un nouveau projet ainsi qu’un nouveau blaze : Cleim Haring, contraction de son prénom, Clément, et du nom de l’artiste Keith Haring. Un tournant dans sa carrière, marqué par des instrus plus posées et surtout des clips ambitieux. Certains réalisés par Valentin Petit, qui a aussi travaillé à ceux de Roméo Elvis et Nekfeu.

Après trois EP et quelques scènes, Cleim Haring fonde un nouveau collectif, « Plavace », avec qui il sort deux EP, avant que l’engouement des musiciens ne retombe suite au décès d’un des membres fondateurs du groupe. Depuis, Cleim Haring organise surtout les « Plavace Party », des rendez-vous mensuels où sont programmés les talents lyonnais. Il raconte à Rue89Lyon son analyse de 20 ans de rap à Lyon.

« On distribuait des CD de rap à l’arrache dans les rues de Lyon »

Rue89Lyon : Comment était-ce d’être un rappeur avant les années 2000 à Lyon ?

Cleim Haring : Enfants, on a tous été influencés par Oxmo Puccino, IAM… On écoutait ces albums en boucle, de toute façon on n’avait pas le choix, on n’avait pas 200 CD. J’ai toujours eu envie de faire pareil que mes idoles. Adolescent, j’ai surtout écrit sur mon ennui. On n’était pas très nombreux à s’essayer vraiment au rap. Dans le 5e, on devait être moins d’une dizaine de gamins.

Mon premier collectif [Zéro Pointé, ndlr] était composé de la moitié de l’Animalerie. J’étais le plus jeune. On prônait un rap bienveillant, on s’intéressait à la culture hip-hop des États-Unis. Un jour, Oster lapwass a pris sa caméra et nous a filmés, mais sans enjeu, pour se marrer.

J’ai sorti ma première tape en 2003. C’était une street tape composée de plusieurs morceaux, des maquettes pour la plupart. On faisait circuler des CD qu’on avait gravés nous-mêmes ; en espérant qu’ils tombent entre de bonnes mains.

C’est Casus Belli qui avaient inspiré cette tendance, ils ont été dans les premiers à faire ça, distribuer des CD comme ça, à l’arrache. La vision un peu plus business du rap est venue bien plus tard.

On savait que si on voulait percer, si on voulait vivre un peu de la musique, il fallait être repérés par une maison de disque. Ça semble absurde à l’heure ou tout est possible en indépendant. À l’époque, sans label on était rien.

J’ai quitté le collectif parce que je rêvais de faire des sons à la Kanye West, Pharell Williams. Les gars souhaitaient rester dans des sonorités Boom-bap, je les comprends, c’est cool aussi.

« 2010, c’était l’arrivée du rap alternatif à Lyon »

Rue89Lyon : Pourquoi Libre Penseur a-t-il disparu brutalement ?

Cleim Haring : On a monté un label avec 4 Romain, un ami de Montpellier issu du groupe Rouge à lèvres. On a trouvé notre public, c’était cool. 2010, c’était l’arrivée d’un nouveau rap : les codes du genre commençaient à se fissurer, il y avait des artistes qui posaient déjà sur de la house. J’ai pu être produit par mon propre label. Ça a d’abord été un soulagement, et puis après j’ai été repéré par Sony Music. Évidemment, j’ai voulu aller chez eux, mais les personnes avec qui j’étais dans mon label ne m’ont pas aidé.

Tout s’est effondré du jour au lendemain. Ils voulaient rester indépendants et moi je rêvais d’une visibilité à l’américaine. C’était la période du renouveau du rap, avec Némir, Set et Match. Je voulais en être, ça ne s’est pas fait.

Rue89Lyon : Pourquoi ne pas avoir gardé le blaze de Libre Penseur ?

Cleim Haring organise des évènements rap à Lyon au travers des Plavace Party. Photo par @1993initiales
Cleim Haring organise des évènements rap à Lyon au travers des Plavace Party. Photo par @1993initiales

Cleim Haring : Je voulais tourner la page, ça me hantait cette occasion manquée. Et puis Libre Penseur, ça sonne très militant comme blaze. Je ne suis pas un rappeur militant, encore moins maintenant. Je ne veux pas être de ces artistes qui passent leur temps à dénoncer dans leurs textes pour se donner de la profondeur alors qu’à côté ils ne s’impliquent dans rien. Je veux être honnête.

En revanche, il y a d’autres thèmes que je trouve beaucoup plus porteurs, comme l’amour, au sens large du terme. Avec le projet Cleim Haring je voulais vraiment proposer quelque chose de plus pop. Ça m’a permis de me reconstruire en tant qu’artiste. J’ai fait trois EP, tous autour de la couleur bleue : Soledad, Suncold et Cerbère. J’ai fait une scène à Paris en 2015, on a fait un tour localement, mais je n’arrivais pas trop à m’y retrouver économiquement.

« Ma plus grande peur est d’être dépassé »

Rue89Lyon : Ça fait presque deux ans que Cleim Haring n’a rien sorti, pourquoi ?

Cleim Haring : Le collectif Plavace m’a pris trop de temps pour relancer des choses en solo. Avec Olivier au son, Morfal au beatmaking, Atry et Sëmo au rap. On a sorti les EP Jacobins, Voltaire, on a fait des feat avec Tedax Max puis avec Casus Belli, c’était top.

On a fêté les un an de Plavace en septembre 2022, mais chacun s’était un peu détaché du projet. J’en ai profité pour porter un nouveau concept en organisant les Plavace Party avec des rappeurs émergents de Lyon et d’autres plus anciens.

J’essaye de les organiser dans des lieux qui attirent des publics différents : la péniche Loupika, le Food Society. On a aussi lancé un podcast, le Podcavast, où on parle des rappeurs de l’ancienne génération notamment.

Ma plus grande peur est d’être dépassé. Organiser les Plavace Party me donne le sentiment que je suis où il faut, quand il faut : je donne de la force au rap lyonnais.

« Quand j’ai commencé, il n’y avait que des périurbains : Vénissieux, Vaulx-en-Velin. Aujourd’hui, je vois une grosse proposition de rap de centre-ville à Lyon »

Rue89Lyon : Quels changements majeurs vois-tu entre les différentes générations de rappeurs et rappeuses à Lyon ?

Cleim Haring : C’est difficile de résumer 20 ans de rap, surtout à l’heure où les nouveaux rappeurs percent en six mois. J’ai l’impression que plus ça va, plus le temps se raccourcit, les carrières vont plus vite.

Déjà, il faut se dire qu’aujourd’hui, le marché est saturé de propositions artistiques diverses, c’est beaucoup plus compliqué d’exister. Paradoxalement, tu peux percer plus facilement avec juste un ordi et un logiciel de mixage dans ta chambre ; et en même temps, j’ai du mal à voir comment les artistes peuvent durer. C’est difficile de ne pas se faire oublier. Il y a tellement de musique à consommer que c’est rude de retenir l’attention sur le long terme.

Cleim Haring, en concert de rap à Lyon. Photo par @instaajcb
Cleim Haring, en concert de rap à Lyon. Photo par @instaajcb

Il y a plus d’artistes qui débarquent pour faire du fric, qui parlent d’argent très vite, ça existait beaucoup moins quand j’ai commencé. Le truc, c’est que tout le monde a eu la même idée en même temps. Aujourd’hui, je dirais que gagner de l’argent, c’est vraiment compliqué dans le rap.

La communauté rap de Lyon a vraiment évolué de façon exponentielle, il y a quand même une belle émulation qui laisse émerger plein de nouveaux talents. Aussi, j’ai remarqué qu’il y avait de plus en plus d’artistes de centre-ville. Quand j’ai commencé, il n’y avait que des périurbains : Vénissieux, Vaulx-en-Velin. Aujourd’hui, je vois une grosse proposition de rap de centre-ville.

Dans le fond, ce qui perdure, c’est surtout l’état d’esprit à la lyonnaise. Il ne s’agit pas d’un style musical, plus de l’état d’esprit à la Lyonzon, héritée de 800 industrie [géniteurs du bien connu slogan « 69 la trik », ndlr] : revendiquer la pagaille, être « à la zeub » tout en évitant au maximum de se mélanger.

« Lyon n’est pas qu’une ville techno, c’est une ville de rap aussi »

Rue89Lyon : Lyon a-t-elle sa place entre Marseille et Paris ?

Cleim Haring : Bien sûr. On dit « Lyon ville techno » mais non, pas seulement, c’est une histoire de marketing. Lyon est une ville de rap aussi. Si on a été invisibilisés à l’échelle nationale c’est parce que personne n’a signé en gros label dans l’ancienne génération.

La nouvelle scène pense que le rap lyonnais n’existait pas avant 2015, parce qu’il n’y a pas ou peu de traces, que ce soit sur Youtube ou sur les sites spécialisés. Les interviews sont sorties en fanzines, on pressait nous-mêmes nos CD. On n’a pas eu de IAM lyonnais au retentissement national, majoritairement parce qu’on n’avait pas d’économie du rap solide.

Il y a quand même eu des scènes, des concerts, des compilations comme 69Connexion qui a réuni pas mal d’artistes lyonnais en 2006. Je m’en souviens, il y avait la queue à la Fnac. Mais tu parles de ça à un jeune rappeur de 18 ans d’aujourd’hui, il n’aura pas la référence. Je pense qu’il y a eu une vraie rupture, accentuée par le contraste entre le côté niche de l’époque et l’énorme démocratisation d’aujourd’hui. »

Boycott Qatar 2022 : un collectif demande à l’équipe de France de ne pas se rendre à la coupe du monde de foot

Boycott Qatar 2022 : un collectif demande à l’équipe de France de ne pas se rendre à la coupe du monde de foot

Les appels au boycott de la Coupe du monde de foot au Qatar se multiplient. Le collectif Boycott Qatar 2022 nous a contacté pour publier une lettre ouverte destinée aux joueurs de l’équipe de France. Nous avons décidé de reproduire ce texte qui a été initialement publié sur So Foot.

Alphonse, Mike, Hugo, Jonathan, Lucas, Presnel, Théo, Ibrahima, Benjamin, Jules, William, Mattéo, Boubacar, Adrien, Aurélien, Wissam, Kingsley, Moussa, Karim, Christopher, Antoine, Kylian… vous pouvez, si vous faites preuve de courage, entrer dans la légende.

Des stars du foot vous ont fait rêver quand vous étiez enfants. Aujourd’hui, c’est vous qui faites rêver les plus petits, les jeunes et même les plus grands. Pour eux, pour nous, vous êtes des exemples.
En Inde, au Népal, au Pakistan, au Bangladesh, au Sri-Lanka et dans d’autres pays d’Asie et d’Afrique, des milliers d’enfants ne reverront jamais leur papa. Attirés par la promesse d’un bon salaire, des hommes se sont endettés et ont quitté leur famille pour les chantiers de la Coupe du monde du Qatar.
Arrivés à Doha, on leur a pris leur passeport. On les a forcés à travailler tous les jours. On leur a interdit de démissionner et de quitter le chantier. On ne les a pas payés ou très peu. On ne leur a pas donné suffisamment de nourriture et d’eau. Il faisait 40°C, ou plus encore…
6500 hommes au moins sont morts là-bas. Morts d’accident, de soif, de fatigue et, pour plusieurs centaines d’entre eux, en se suicidant… Comment imaginer les conditions de travail ? Comment imaginer l’horreur ?

Coupe du monde au Qatar 2022 : « Personne ne peut ignorer ces morts »

Personne ne peut ignorer ces morts, ces mères sans fils, ces femmes sans mari, ces enfants sans papa.
Vous, joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde, vous êtes les seuls à pouvoir leur rendre réellement hommage. Vous êtes les seuls à pouvoir sanctionner l’organisation qatarie et le monde du football qui a laissé l’horreur se produire. Vous êtes les seuls à pouvoir changer le cours des choses : VOUS NE POUVEZ PAS ALLER LÀ-BAS.

Porter un T-shirt blanc ou effacer certains sponsors de vos maillots ne suffira pas. Ce n’est pas une Coupe du monde comme les autres : VOUS NE POUVEZ PAS ALLER LÀ-BAS. Ce serait comme aller nager dans des milliers de litres de sang ou sur des tas d’ossements… VOUS NE POUVEZ IGNORER L’HORREUR.
Depuis des années, vous avez rêvé de cette Coupe du monde. Aujourd’hui, elle est là. Elle va enfin commencer… Mais ce n’est pas une Coupe du monde comme les autres. Vous le savez. Vous devez être courageux pour prendre la bonne décision, individuellement, en pleine conscience.
N’y allez pas.

Dans cette décision, vous ne serez pas seuls. Hormis les organisateurs et tous ceux qui gagnent beaucoup d’argent grâce à cet événement, qui pourra être déçu ? Les fans de foot et tous les autres, les clubs, des centaines de millions de personnes et des enfants du monde entier admireront votre courage et votre dignité. Vous serez admirés. Vous serez aidés et soutenus par tous les défenseurs des droits de l’homme. Vous serez des exemples d’humanité.
Sauvez votre honneur. Entrez dans la légende. Montrez l’exemple : n’y allez pas.
Par respect pour eux, pour nous et pour vous ; pour que le courage et l’audace prennent la place de l’indifférence coupable : n’y allez pas.
La mort de ces milliers d’hommes sur les chantiers qataris ne passera plus inaperçue. On vous admirera pour ça. Le monde sera marqué par votre action. Vous serez, vraiment, des héros de l’histoire. 

Al Wakrah Stadium à Doha, un stade construit pour la coupe du monde de foot au Qatar. CC Matt Kieffer/Flickr

Jazz à Lyon : « Il y a moins d’endroits qu’avant où on peut s’exprimer musicalement »

Jazz à Lyon : « Il y a moins d’endroits qu’avant où on peut s’exprimer musicalement »

[Interview] Baignée dans le monde de la musique depuis petite, Lisa Caldognetto a découvert le jazz à Lyon lors d’une jam-session. Désormais animatrice des jam-vocales du plus ancien club de jazz européen encore en activité, le Hot Club, la chanteuse a joué dans de nombreux festivals de jazz reconnus.

A Lyon, Lisa Caldognetto est connue pour être la blonde des Glossy Sisters et de Loop DeLuxe. C’est aussi la chanteuse qui anime les Jam-sessions du Hot Club de Lyon. Il ne faut pas espérer l’attraper trop tôt dans la matinée, car Lisa Caldognetto vit, en grande partie la nuit, de sa passion pour le jazz.

Assise dans la rue de l’Arbre Sec, à seulement quelques mètres des anciens locaux du Baryton où elle a fait ses premières jam-sessions, la chanteuse plonge, non sans humour, dans ses souvenirs. De la découverte du jazz à de grandes scènes comme la nuit du Jazz Magazine au Trianon à Paris, elle revient sur 18 ans de carrière. Rencontre.

« J’ai la majorité musicale »

Rue89Lyon : Qui est Lisa Caldognetto ?  

Lisa Caldognetto : Je suis Lyonnaise, j’ai 37 ans et j’ai la majorité musicale. J’ai toujours baigné dans le milieu artistique avec ma maman qui dessinait beaucoup et mon papa pianiste autodidacte et passionné de jazz. Pour ma première scène, j’avais formé un trio afin d’animer une soirée de mes parents dans un restaurant. Depuis, j’ai co-monté le groupe des Glossy Sisters avec Marion Chrétien en 2014. J’ai aussi créé le duo Loop DeLuxe. En ce moment, je suis invitée avec le Skokiaan brass band avec qui j’ai fait dernièrement Jazz à Vienne.

Jazz à Lyon, Lisa Caldognetto à Jazz à Vienne avec SKOKIAAN BRASS BAND ©Franck Benedetto
Lisa Caldognetto invitée par Skokiaan Brass Band à Jazz à ViennePhoto : Franck Benedetto 2022.

Quelle relation entretenez-vous avec Lyon ? 

Tout d’abord, je suis née à Lyon et j’y ai toujours vécu. Lyon est la ville où j’ai développé mon réseau musical dans le milieu du jazz. J’entretiens naturellement ce réseau durant les jam-sessions, où je rencontre des petits jeunes et je retrouve les habitués.

J’ai aussi connu l’évolution du jazz à Lyon. Je me souviens de la grande époque où on commençait au Péristyle sous l’Opéra et on finissait au Second Souffle en faisant de la musique jusqu’à tard. Désormais, on ne peut plus finir aussi tard et beaucoup de bars ont fermé, il reste donc peu d’endroits où on peut « jamer » (faire des jam-sessions, soirées d’improvisation, ndlr).

« Gamine, je pensais que le jazz appartenait à une autre génération »

Comment êtes-vous passée d’une carrière musicale classique à la musique jazz ?

Il y a eu plusieurs raisons. Premier responsable : mon père. J’ai réalisé que, malgré moi, je connaissais énormément de morceaux de jazz et que je pouvais les chanter. Pourtant, plus jeune, je n’avais jamais prêté attention à ce style musical.

Gamine, je pensais détester le jazz, car je croyais que ça appartenait à une autre génération. Deuxièmement, j’ai tissé des liens très forts avec le groupe Laomé, où j’ai joué. C’est dans ce groupe que j’ai rencontré Marion Chrétien (avec qui elle a monté le groupe des Glossy Sisters, ndlr), qui m’a emmenée faire ma première jam-session au Phoebus.

Ça a été un déclic. Je ne connaissais pas les « bœufs ». Pourtant, cela ne m’a pas empêché de monter sur scène et de « scatter ». C’était de l’improvisation et j’ai découvert que je savais faire. À partir de là, j’ai commencé à comprendre que le jazz était fait pour moi et que je savais le chanter. Finalement, je pense que c’est le style musical qui me suivra jusqu’au bout, mais je fais quand même aussi un peu de funk, de soul, de gospel et de variété française.

« C’est la nuit que ma vie musicale prend vie »

Qu’est-ce que la nuit signifie pour vous ? 

C’est la nuit que ma vie musicale prend vie, que le travail commence. Au début, j’étais un oiseau de nuit, mais, maintenant, j’aspire de plus en plus à jouer en plein jour, notamment dans des festivals.

Qu’est-ce que vous appréciez dans les soirées jam-sessions ?

Avant tout, pour que je passe une bonne soirée, il me faut un bar avec de la musique. C’est le principe des jams. Ensuite, ce que j’apprécie avec les jams, c’est qu’on peut se découvrir et découvrir d’autres gens. Une jam-session est un endroit où on vient pour s’essayer sur scène, que cela soit vocalement ou instrumentalement.

Toutefois, ce n’est pas réservé aux personnes qui s’y connaissent en musique et tout le monde peut venir et passer une bonne soirée, notamment en tant que public. En jam, j’aime quand le public réagit, cela me donne l’envie d’animer et de faire des blagues sur scène.

Enfin, j’aime les jam-sessions parce que l’énergie est festive même si la musique ne se prête pas forcément à la danse.

« Dans les jam-sessions, on est obligés de s’écouter, c’est le moment où on comprend le jazz »

Comment les jam-sessions ont-elles forgées vos habitudes et pratiques artistiques ?

Les jam-sessions ont forgé mes habitudes dans le jazz, qui est une musique particulière avec énormément d’improvisation. Elles impliquent beaucoup d’écoute et de compréhension entre les musiciens.

On communique simplement en se faisant des signes, voire juste en se regardant. Dans les jam-sessions, on est obligés de s’écouter beaucoup et c’est le moment où on comprend comment marche le jazz. En revanche, ce n’est pas en jam que j’ai appris ma façon d’interagir avec le public. Effectivement, depuis mes débuts, je fais beaucoup de soirées d’animation, sur des péniches ou dans des mariages. Dans ce cadre-là, j’essaye d’établir une connexion, de les faire chanter.

Avec qui sortez-vous la nuit ?

Ça m’arrive souvent de sortir seule en jam ou pour aller voir des concerts, mais j’ai l’impression que je ne serai jamais seule. En soirée, je vais toujours trouver quelqu’un que je connais. Après, ça reste beaucoup entre amis musiciens.

« Dans le jazz, il y a un côté très élitiste, source de sexisme »

Qu’est-ce que ça implique pour vous d’être une femme dans le monde de la nuit ? 

Tout d’abord, j’entends beaucoup parler du fait que d’être une femme dans la musique, c’est toujours plus compliqué et qu’il y a beaucoup de sexisme. C’est vrai. Mais, si je considère mon expérience de chanteuse, j’ai l’impression que j’y aurai toujours ma place. Je trouve qu’en tant que femme, on est souvent demandée, comparé à une instrumentiste.

En fait, la différence, c’est qu’il y a moins d’instrumentistes et elles ont donc plus de difficultés à trouver un travail. Néanmoins, le sexisme s’applique même aux chanteuses, notamment sur l’image qui est attendue de nous.

De plus, dans le jazz, il y a un côté très élitiste, source de sexisme. C’est un milieu d’instrumentistes masculin ou, si on n’a pas fait d’études, on est moins bien vu. Ainsi, pour se faire une place, pas seulement en tant que chanteuse, mais aussi en tant que musicienne, il faut avoir du caractère et s’imposer.

Jazz à Lyon, The Glossy Sisters ©Michel Piedallu
Lisa Caldognetto au centre de la photo, accompagnée des membres du groupe The Glossy Sisters en concert au Chateau de GrignanPhoto : Michel Piedallu 2018.

Vous qui jouez depuis 18 ans, quel a été l’impact du covid sur vos pratiques artistiques ?

Déjà, il y a les endroits où on jouait de la musique et qui ont fait faillite.

Après, de manière plus personnelle, le covid m’a impactée au niveau de ma santé mentale. C’est arrivé insidieusement, mais où au bout d’un an à ne plus rien faire, j’ai tout remis en question, j’étais à deux doigts de changer de métier et d’aller sauver les baleines. Dès que je suis remontée sur scène, j’ai arrêté de me poser la question.

« Avant, on avait plus de facilités à faire une semaine de jam à Lyon »

Comment le monde de la nuit a-t-il évolué selon vous ? 

Il y a moins d’endroits qu’avant où on peut s’exprimer musicalement à Lyon en sortant le soir. Certes, il y a des scènes et des festivals de partout, mais on ne peut pas y aller et monter sur scène.

Avant, il y avait beaucoup plus de lieux comme ça, c’était plus facile de se rencontrer. Malheureusement, un grand nombre de lieux ont fermé. À l’époque, on avait plus de facilités à faire une semaine de jam. Du lundi au samedi, il y avait une soirée jam quelque part. 

Parmi les lieux qui ont fermé, je me souviens du Phoebus dans les pentes où j’ai fait ma première jam. Il y avait aussi le Baryton (Lyon 1er). On finissait très tard les soirées, ça n’avait rien à voir avec maintenant. Je repense également au Bémol 5 qui a fermé, il y a 2 ans. C’était un restaurant où il y avait toujours des soirées musicales.

Lisa Caldognetto au Bémol 5 à Lyon (2020)

Enfin, avant le Hot Club, je faisais des jams au Second Souffle. C’était un restaurant avec des soirées concerts tout le temps. Il y avait un joli piano à queue. La bienveillance que j’applique dans mes jams est venue du Second Souffle où on jouait sans être jugé.

Ça m’a brisé le cœur quand le Second Souffle a fermé. Maintenant, je fais des jams au Hot Club. Le nom fait peur à tout le monde, comme c’est l’un des plus vieux clubs d’Europe, mais c’est génial de chanter là-bas.

En 18 ans d’expérience, avez-vous rencontré des artistes que vous admirez ?

J’ai un souvenir que je ne peux pas oublier. C’était il y a deux ans, j’étais à Tahiti avec les Glossy Sisters. On était invitées à la première édition du festival Jazz Soul de Tahiti organisé par China Moses, qui est la fille de Dee Dee Bridgewater.

Déjà, China était directrice de la programmation et nous a choisies. Mais ensuite, on a passé une semaine dans l’hôtel de Dee Dee Bridgewater, son équipe, et on a bœufé ensemble. On a passé vraiment beaucoup de temps à chanter et à danser avec cette figure du jazz.

#Jazz

Un rassemblement en soutien aux mobilisations en Iran à Lyon

Un rassemblement en soutien aux mobilisations en Iran à Lyon

La diaspora iranienne de Lyon organise ce samedi 24 septembre un rassemblement en soutien aux mobilisations qui se multiplient en Iran depuis la mort de Mahsa Amini. Cette jeune femme de 22 ans est décédée après son interpellation le 13 septembre dernier par la police locale pour un foulard mal mis.

Les Iraniens et Iraniennes de Lyon organisent ce samedi 24 septembre un rassemblement en soutien aux révoltes qui éclatent un peu partout dans le pays. Le 13 septembre dernier, la jeune Mahsa Amini, 22 ans et originaire du Kurdistan, se rend à Téhéran rendre visite à sa famille. Elle est alors interpellée par la police des mœurs iranienne pour un foulard mal mis. Tombée dans le coma suite à son arrestation, la jeune femme décède trois jours plus tard. Depuis, les mobilisations contre le pouvoir iranien se multiplient, à l’initiative des militant·es kurdes et des Iraniennes.

« Les manifestations ont gagné toutes les villes en Iran »

À Lyon, la diaspora iranienne suit les événements avec inquiétude. Dans un communiqué, ils et elles rendent compte de la situation sur place :

« Une vague de manifestation traverse le pays en premier lieu dans les régions kurdes ou une grève générale a été annoncée par les militants kurdes. Puis, les manifestations ont gagné toutes les villes en Iran. Les femmes coupent leurs cheveux, un symbole de deuil chez les IraniennEs et aussi un geste de contestation contre l’islam et le régime islamique en Iran. »

Le décès de Mahsa Amini a mis le feu aux poudres :

Mahsa Amini, sur l’affiche appelant au rassemblement à Lyon.

« Les manifestations sont particulièrement massives au Kurdistan iranien où, depuis cinq jours, des dizaines de milliers de manifestants pacifiques descendent dans les rues au cri de « À bas le dictateur (Khamenei) ! À bas la république islamique ! Non au voile islamique ! » Des femmes brûlent en public leur voile islamique, lancent le slogan féministe kurde « Jin, Jiyan, Azadi » (Femme, Vie, Liberté). […] Il y a depuis le 20 septembre une extension de ces manifestations à Ispahan, Tabriz et dans une dizaine d’autres villes iraniennes. »

Un rassemblement en soutien aux mobilisations en Iran organisé ce samedi dans le centre-ville de Lyon

En raison de la coupure par le régime de l’accès aux réseaux sociaux, les informations tombent au compte-goutte. Les Iraniens et Iraniennes de Lyon insistent sur la violence de la répression de ces mobilisations. D’après leurs chiffres, 13 personnes ont déjà été tuées, et des milliers d’autres interpellées.

En signe de solidarité, la diaspora iranienne de Lyon appelle à un rassemblement ce samedi 24 septembre sur la place Bellecour, à partir de 15h.

La place Bellecour en août 2016 © RC/Rue89Lyon
La place Bellecour en août 2016Photo : RC/Rue89Lyon

Deux nouveaux accidents à la raffinerie de Feyzin, au sud de Lyon

Deux nouveaux accidents à la raffinerie de Feyzin, au sud de Lyon

[Info Rue89Lyon] Deux nouveaux accidents ont été enregistrés à la raffinerie, au sud de Lyon, depuis début septembre. Quatre salariés sont toujours en arrêt pour accident de travail.

Le 9 juillet, un incendie avait nécessité la mise à l’arrêt de la raffinerie de Feyzin, au sud de Lyon. La CGT avait tiré la sonnette d’alarme concernant plusieurs dysfonctionnements sur le site, propriété du groupe Total, et redoutaient de nouveaux accidents. Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour voir leurs craintes se vérifier. Le 9, puis le 16 septembre, deux nouveaux accidents ont été enregistrés à la raffinerie. Quatre salariés ont été blessés et se trouvent toujours en arrêt de travail.

« A la raffinerie de Feyzin, en deux ans, il y a déjà eu 11 accidents graves qui auraient pu entraîner la mort »

Que s’est-il passé ? Le 9 septembre, les salariés de la raffinerie essaient un équipement pour pallier l’absence d’une turbine de secours sur l’eau de réfrigération de la distillation atmosphérique. L’un d’eux est fouetté par un gros tuyau. Blessé au niveau des jambes et sonné, il s’est vu prescrire un arrêt de travail jusqu’à la fin du mois.

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La curieuse défense des policiers de la BAC de Lyon face à Arthur Naciri

La curieuse défense des policiers de la BAC de Lyon face à Arthur Naciri

Ce jeudi 22 septembre étaient jugés deux policiers de la BAC de Lyon. Devant une salle comble, ils ont témoigné pour la première fois sur les faits de violence qu’ils sont accusés d’avoir commis à l’encontre du jeune Arthur Naciri, en décembre 2019. Récit.

C’était un procès attendu depuis très longtemps. Ce jeudi 22 septembre, deux policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Lyon. Le premier, le brigadier M, était accusé d’avoir exercé des violences volontaires sans incapacité temporaire de travail (ITT), en sa qualité de personne dépositaire de l’autorité publique. A ses côtés, l’agent P était présent pour des violences similaires, commises cette fois-ci avec une arme et ayant entrainé une ITT de 21 jours. A la suite d’une enquête, notamment, menée par l’IGPN, tous deux étaient présentés comme les responsables du passage à tabac ayant littéralement « brisé les dents » d’Arthur Naciri il y a près de trois ans.

Renvoyé et reporté à quatre prises, ce procès se faisait attendre depuis le 10 décembre 2019. Ce jour-là, Arthur Naciri, 23 ans au moment des faits, avait été victime d’un matraquage de la part de plusieurs policiers en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites. Grâce aux photos révélées par Rue89Lyon et via des vidéos tournées ce jour-là, une enquête avait pu être menée.

Un travail de longue haleine repris en détail ce jeudi 22 septembre 2022, devant une sixième chambre remplie à bloc avec d’un côté, les proches du jeune homme ; de l’autre, ceux des policiers mis en cause. De quoi donner à l’audience une tension toute particulière.

Affaire Arthur Naciri : des images accablantes présentées à la salle

« Asseyez vous messieurs, je crains que le dossier ne soit assez long », intime la présidente.

Gros avantage de ce dossier : une masse de photos et de vidéos considérable. Ce jeudi après-midi, la présidente commence donc par reprendre l’ensemble de l’enquête avec les déclarations faites par les prévenus et les différents procès verbaux dressés.

Sur la télévision, la juge fait défiler les images d’Arthur Naciri, la bouche ensanglantée. Puis, les vidéos prises par deux amateurs ce jour-là. À l’heure des manifestations contre la loi de sécurité globale, l’affaire avait montré l’importance de pouvoir filmer les forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions.

« S’il n’y avait pas eu le téléphone portable et la vidéo, M. Naciri n’aurait rien pu prouver », rappelle Thomas Fourrey, avocat de la partie civile.

Pour les policiers de la BAC de Lyon, Arthur Naciri était « un élément perturbateur, pas une menace »

Puis, les deux policiers de la BAC de Lyon sont appelés à la barre. Dans un langage technique et travaillé, les deux agents tentent d’expliquer pourquoi le jeune homme s’est retrouvé dans cette situation, de l’avis de tous, anormale.

« Mon action physique est venue écarter un perturbateur venu gêner dans une situation de crise », indique le brigadier M.

Âgé d’une quarantaine d’années et de loin le plus costaud des deux agents à la barre, c’est le brigadier M qui a tiré Arthur Naciri vers le groupe, avant que le jeune homme ne soit entouré de policiers et mis à terre. Selon le policier, son objectif n’a jamais été d’interpeller le jeune homme qui n’a commis aucune infraction : « Il était un élément perturbateur, pas une menace. » Le but, de base, aurait été de mettre de côté Arthur Naciri. Puis, celui-ci « résistant », le brigadier n’aurait eu d’autre choix que de l’amener à terre, ne sachant « pas quoi faire d’autre pour [se] protéger [lui-même] ».

Une explication qui semble peu convaincre le tribunal. « On ne voit pas trop comment ce jeune homme aurait pu se débattre », s’étonne la présidente. Puis, rapidement, les débats s’attardent sur le comportement du brigadier M après cette action. Pourquoi ne pas avoir stoppé les collègues qui frappaient le jeune homme quand l’agent M s’est lui même mis en retrait ? Pourquoi ne pas leur avoir dit d’arrêter ? N’ayant aucune raison d’être interpellé, Arthur Naciri n’aurait jamais dû être traité de la sorte… « De loin, j’ai cru qu’ils étaient en train de faire une maîtrise au sol », tente le policier. Il indique également avoir réalisé un signe de main à la fin de la scène pour intimer à ses collègues d’arrêter. Une explication qui laisse le tribunal dubitatif.

« Si c’était à refaire, je suis sûr qu’Arthur Naciri ne passerait pas devant moi »

Alors, le brigadier M reprend une défense que son avocat, Laurent-Franck Liénard, avait esquissée lors d’un précédent renvoi, en février 2021. Le responsable n’est pas dans la salle, non. Il y a un mouton noir chez les policiers, et personne ne le connaît.

« Quand j’ai vu à mon retour que le manifestant était parti, je me suis rendu compte que quelqu’un avait fait une bêtise. Depuis trois ans, je justifie la bêtise de quelqu’un d’autre », déclare M.

Cette ligne sera celle de la défense tout au long du procès. Oui, il y a eu dysfonctionnement policier « majeur » . Oui, ce qui s’est passé est « illégitime », pour reprendre les mots de l’avocat des agents de la BAC, spécialiste de ce type de dossiers.

« Mais je ne sais toujours pas comment M. Naciri a perdu ses dents, indique Laurent-Franck Liénard. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché ! »

Droit dans ses bottes, le brigadier M de la BAC de Lyon conteste avoir fait autre chose que son devoir. « Si c’était à refaire, le referiez-vous ? » lui demande l’avocat de la victime, Thomas Fourrey. « Si c’était à refaire, je suis sûr que votre client ne passerait pas devant moi », risque M, agacé, avant de se reprendre : « Je ne le ferai pas. » Lui comme son collègue assurent ne pas connaître le policier coupable.

« On voit le tonfa dans la bouche d’Arthur Naciri »

Pas de quoi convaincre les proches d’Arthur Naciri, loin de là. « Nous sommes certains que c’est vous qui avez porté le coup », lâche l’avocat Thomas Fourrey. Photos à l’appui, il tente de confondre le brigadier M. « Est-ce que vous vous reconnaissez sur cette image ? Avec le pantalon gris ? »

En reprenant une à une les images des deux vidéos tournées par des témoins, le père d’Arthur est persuadé d’avoir identifié l’agent M comme responsable du coup de tonfa (une matraque télescopique) ayant brisé la mâchoire de son fils. Pour lui, pas de doute, une image montre M avec sa matraque à la main, des traces de dents dessus.

« On voit le tonfa dans la bouche de mon client », marque Thomas Fourrey, photos en main. Selon lui, le brigadier M était totalement en position pour asséner le coup ayant fait « exploser » la bouche d’Arthur. Ce faisant, il demande une requalification des accusations envers le policier, afin que soit prise en compte cette nouvelle pièce dans le dossier. De ce fait, il innocente, en partie, l’autre policier présent, l’agent P.

« Je n’aimerais pas être à votre place, à me dire que c’est mon collège qui va payer à ma place », grince Thomas Fourrey à son intention.

« On peut frapper un homme à cinq et le laisser la gueule en sang sans l’interpeller ? »

Aux côtés du brigadier M, son collègue, l’agent P, ne bronche presque, pas. Il lance à peine deux regards inquiets en direction de son avocat. Les vidéos ont démontré qu’il avait donné au moins cinq coups de tonfa à Arthur Naciri. L’agent P parlait de deux à trois coups dans sa déclaration initiale.

Le policier est formel. Dans un contexte de manifestation et de tensions, il a cru à une interpellation. Selon lui, ses coups de matraques ont toujours été réalisés vers les jambes. A aucun moment il n’a touché de visage. Son but : neutraliser Arthur Naciri.

« Nous avions eu un message qui annonçait une arrivée de « black bloc » et nous avions essuyé des projectiles », avance-t-il pour remettre du contexte à « l’interpellation ». Quand on lui répond que les images ne montrent pas de tensions, il lâche, à moitié dans sa barbe : « dans la vidéo, il n’y a pas tout… »

En réponse, l’avocat d’Arthur Naciri monte dans les tours : « Mais il est où le danger ? » Tout au long des débats, revient la question de connaître le degré exact de tensions au moment des faits. Côté défense, elle est mise en avant pour expliquer l’interpellation. Côté partie civile, on parle d’une baisse des tensions lors de cette fin de manif. Quoi qu’il en soit, l’erreur lors de l’intervention est plus que caractérisée.

« Donc, on peut frapper un homme à cinq et le laisser la gueule en sang sans l’interpeller ? », poursuit Thomas Fourrey.

Dans sa plaidoirie, l’avocat demande à ce que soit caractérisée « une scène unique de violences. » Son argument ? Si personne n’est clairement identifié, tout le monde doit payer.

« Quand ça se passe à Vénissieux, on ne cherche pas à savoir qui est responsable », tacle-t-il.

« Pourquoi n’y a-t-il que deux policiers aujourd’hui au tribunal ? »

Reste que, malgré les photos, malgré les vidéos et les témoignages… La défense peut jouer sur un certain « flou ».

« La semaine dernière, j’ai chuté, raconte Laurent-Franck Liénard dans un début de plaidoirie quelque peu surréaliste. Si je n’avais pas mis ma main devant ma bouche, je me serai fracassé la mâchoire. »

Lyon Arthur Naciri
Le jugement a été rendu au tribunal de Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon

Puis l’avocat reprend : est-ce que les dents sont tombées lors de la chute ? Lors d’un coup de poing ? Un coup de tonfa ? Qui devrait être vraiment à la barre aujourd’hui ? Pas de doute, il y a des manques importants dans ce procès.

« Quand le commandant de police voit M. Naciri la bouche en sang et ne fait rien, la première faute est là, rappelle-t-il. Autre chose, vous parlez de « la meute » responsable des faits. Pourquoi n’y a-t-il que deux policiers aujourd’hui au tribunal ? »

Dans un numéro d’équilibriste avec le droit, il renvoie la responsabilité du jugement au tribunal administratif et non au pénal. En passant par le tribunal administratif, Arthur Naciri aurait déjà pu être indemnisé de ses 20 000 euros de frais dentaires. Au passage, il accuse le jeune homme d’avoir fait « un doigt d’honneur » à un policier, une demi-heure avant les faits.

Affaire Arthur Naciri : un délibéré attendu en novembre

Autant d’incertitudes qui rendent l’issue du procès peu lisible. Les policiers seront-ils condamnés dans cette affaire ? Pour quel motif ? Face à une interpellation « incompréhensible », le procureur a requis dix mois de prison assortis d’un sursis pour les deux agents de la BAC de Lyon, logés à la même enseigne.

Une demande qui semble avoir convaincu Arthur Naciri. Soulagé à la sortie du procès, le jeune homme a paru heureux de pouvoir faire entendre sa voix, remerciant plusieurs fois les juges de « prendre au sérieux » sa situation.

Après quatre heures de procès, la sixième chambre s’est vidée. Les proches des policiers sont sortis par la porte arrière du tribunal, quand la partie civile passait par l’entrée, évitant des tensions comme lors du dernier renvoi de l’affaire, en avril. Le délibéré de cette affaire sera donné le 24 novembre au tribunal correctionnel de Lyon.

Étudiants « sans facs » à Lyon : état des lieux à la rentrée

Étudiants « sans facs » à Lyon : état des lieux à la rentrée

Suite à la mise en place de sélection à l’entrée à l’université et à l’entrée en master, de nombreux étudiants se retrouvent sans affectation alors que la rentrée a déjà eu lieu à Lyon. Ces « sans facs » se mobilisent pour se faire une place sur les bancs de l’université, déjà saturés.

Cette année, les « sans-facs » ont pris un peu d’avance. Le 2 septembre, avant même la rentrée universitaire, le comité des sans-facs a organisé une manifestation dans une cour de l’université de Lyon 2. Banderoles, slogans scandés au mégaphone, petits déjeuners partagés et visite d’élus lyonnais ont ponctué la mobilisation, réitérée le 16 septembre.

Soutenus par le syndicat Solidaires étudiants et l’UNEF Tacle (une section de l’UNEF), les étudiants sans fac ont demandé à être reçus par la présidence de l’université, afin de lui présenter une trentaine de dossiers.

« La campagne des sans-facs a pour but d’inscrire les étudiant•es refusé•es à l’université, mais aussi d’exiger l’exonération des frais d’inscription des étudiant•es étranger•es hors UE qui ne peuvent pas se permettre de payer cette somme (2 770€ pour une année de licence et 3 770€ en master, ndlr) », écrit le comité dans un communiqué.

La sélection à l’université pénalise les étudiants lyonnais

Depuis quelques années, ces mobilisations de rentrée sont légion, à Lyon comme ailleurs. En 2021, deux étudiants avaient mené une grève de la faim devant l’Université Lyon 2. Puis, les bureaux de la présidence de Lyon 2 avaient été occupés une journée pour demander l’inscription d’une quinzaine d’étudiants non-inscrits.

Plusieurs réformes sont responsables de ce phénomène. Une plus forte sélection à l’entrée en licence ou en master expliquent en partie que des étudiants se retrouvent à la porte des universités. La situation a aussi été aggravée par l’augmentation du nombre d’étudiants. La France a observé un pic de naissances autour des années 2000, un pic qui n’a pas été suivi par l’ouverture de places supplémentaires en université.

En 2016, une première réforme a instauré une sélection entre la troisième année de licence et la première année de master, laissant plusieurs milliers d’élèves sans affection à chaque rentrée en France. En contrepartie de cette décision, un « droit à la poursuite d’études » est instauré en 2017 (puis modifié par décret en 2021). Mais il n’est, en pratique, pas appliqué pour tous.

La plateforme « Parcours Sup » est lancée en 2018. Celle-ci instaure une concurrence encore plus rude entre les élèves pour l’entrée en licence et laisse des candidats sur le carreau.

En France, 94 187 candidats n’ont pas reçu d’affectation de Parcours Sup à la mi-juillet 2022, alors que venait de débuter fin-juin une phase complémentaire, proposant de nouvelles places aux étudiants. Le nombre de candidats sans affectation, qui ont abandonnés, ou qui n’en ont eu aucune après cette seconde phase n’est pas encore connu.

« On est légitimes à avoir ces places car on a validé notre L3 ou notre bac »

L’absence d’affectation, et donc de vision sur leur futur scolaire et professionnel, a plongé bon nombre d’étudiants dans la détresse. Sana, étudiante en droit à Lyon 2, n’a pas pu entrer en master de droit social. Par dépit, elle a accepté une place en licence professionnelle de droit, qui ne correspond pas à son projet professionnel :

« Cela fait 5 mois que je me rends malade. J’ai atteint un niveau d’anxiété que je n’ai jamais eu auparavant. Cela s’aggrave quand je vois qu’en face on ne fait rien pour résoudre le problème. On nous dit d’attendre ou d’aller en licence professionnelle. »

Du côté de l’université Lyon 2, on déplore un manque de moyens qui les empêche d’accueillir plus d’élèves dans certaines filières. Une de leurs solutions, assumée, est donc de réorienter certains élèves :

« On essaye de leur trouver des alternatives qui restent dans le même champ professionnel. On comprend bien qu’un étudiant qui veut faire du droit n’acceptera pas une licence de sciences politiques. »

Chaque rentrée depuis quatre ans, des étudiants dits "sans facs" se retrouvent sans affectation dans une université. À Lyon, une trentaine d'entres eux se mobilisent pour obtenir une place à Lyon 2. ©MA/Rue89Lyon
Chaque rentrée depuis quatre ans, des étudiants dits « sans facs » se retrouvent sans affectation dans une université. À Lyon, une trentaine d’entres eux se mobilisent pour obtenir une place à Lyon 2.Photo : MA/Rue89Lyon

En attendant une place en master, Sana trouve du réconfort auprès des autres étudiants du comité des sans-facs. Elle ne s’était jamais mobilisée avec un syndicat ou une organisation étudiante auparavant.

« On ne se connaissait pas et on s’est tous réunis pour la même raison. Nous sommes solidaires et on ne lâchera pas. Nous nous savons légitimes à avoir ces places car nous avons validé nos années. »

Pour trouver une place en fac : un recours possible auprès du rectorat de Lyon

À ses côtés dans la lutte se trouve Rayane, 26 ans, qui a décroché sa licence de Sciences politiques à Lyon 2 et n’a pas non plus trouvé de place en master de sciences politiques ou de sociologie.

« J’ai déposé 10 candidatures à Lyon, Rennes et Saint-Étienne et j’ai été refusé. J’ai fait un recours auprès du rectorat en juin et je n’ai à ce jour aucune réponse positive. Je suis un peu démoralisé, je ne sais pas quoi faire. On me dit que j’aurai peut-être une place ailleurs mais chercher un appartement dans une autre ville en dernière minute, c’est compliqué. »

Boursier, il sera contraint de renoncer à cette aide si il perd son statut d’étudiant. Comme Rayane, nombreux sont les étudiants à tenter un recours au rectorat, qui est censé leur garantir une place en fac, prioritairement dans leur université d’origine. En 2021, 1 400 étudiants ont effectué un recours dans la région. Deux filières sont principalement en tension : le droit et la psychologie.

L’université Lyon 2 : épicentre de la mobilisation des étudiants sans fac

À Lyon, la mobilisation des sans-facs se concentre sur l’université Lyon 2 car les organisations syndicales et étudiantes y sont plus actives. La présidence est également perçue comme plus sensible aux mobilisations étudiantes, et est réputée pour son ancrage historiquement à gauche.

Depuis, la première mobilisation des sans-facs le 2 septembre, le nombre de dossiers a grandi. Ils sont à présent plus d’une quarantaine à demander une inscription ou une exonération de frais pour les étudiants étrangers hors Union européenne (voir ci-dessous).

Ils ne sont pas les seuls à attendre une place. L’université Lyon 2 a reçu 179 demandes venues du rectorat, qui leur a transmis les recours des élèves qui l’ont saisi. À cela s’ajoute aussi les étudiants qui ont fait des recours directement auprès des doyens et responsables de filières, sans passer par le rectorat.

« On essaye de trouver des solutions pour les dossiers communiqués par le comité des sans-facs mais on ne peut pas les faire passer en priorité. On souhaite maintenir l’égalité d’accès à l’université et même ceux qui ne sont pas passés par les organisations étudiantes ont des droits. »

Les étudiants étrangers hors UE demandent une exonération à Lyon 2

Au problème des étudiants sans-affection s’ajoute celui des étudiants étrangers issus de pays extérieurs à l’Union Européenne, qui ont une affection mais qui ont eu la désagréable surprise de voir leurs frais de scolarité exploser.

Une réforme nommée « Bienvenue en France » pouvait être mise en place dès la rentrée 2019 mais s’est vue appliquée plus récemment en fonction des universités qui gardaient une marge de manœuvre. Celle-ci prévoit que ces élèves déboursent 2 770 euros pour une année de licence ou 3 770 euros pour un an en master. C’est le cas de Mohammed Asnad, en licence 2 de Sciences politiques.

« Je suis comorien. J’étais inscrit à l’université de l’île de la Réunion où il n’y avait pas ces frais là. J’ai fait le choix précipité de venir à Lyon, et c’est en m’inscrivant à Lyon 2 que j’ai découvert que je devais payer 2 770 euros. Je ne peux pas sortir cette somme car je n’ai pas encore trouvé de travail à côté de mes études, et mes parents ne peuvent m’aider que de temps en temps. »

Dès le 2 septembre, les sans facs se sont mobilisés avec les syndicats étudiants pour obtenir une place à l'université Lyon 2. ©MA/Rue89Lyon
Dès le 2 septembre, les sans facs se sont mobilisés avec les syndicats étudiants pour obtenir une place à l’université Lyon 2 ou une exonération pour les étudiants étrangers hors UE.Photo : MA/Rue89Lyon

À l’université Lyon 3, il a été choisi d’exonérer totalement les étudiants de ces frais pour l’année 2022-2023. À Lyon 2, les frais ont été appliqués pour cette rentrée, avec une exonération possible :

« Notre université s’engage comme elle le peut. On a établi un tableau et des conditions pour que les étudiants puissent être exonérés. Avant, cette exonération était prise en charge par l’État, maintenant elle se fait sur le budget de l’université », explique l’université Lyon 2.

La lutte des sans-facs se poursuit à Lyon

Pour l’heure, le comité des sans-facs demeure insatisfait et dénonce le fait qu’aucune solution n’a été trouvée par la présidence pour la trentaine de dossiers. Sana affirme craindre d’être « menée en bateau », en dépit des réunions hebdomadaires entre le comité et l’administration de Lyon 2 sur le sujet.

Une commission spéciale a eu lieu le mercredi 21 septembre dernier en présence de la présidence et de représentants de plusieurs organisations étudiantes, au sujet des étudiants sans affectations. Une mobilisation a aussi été organisée à cette occasion par le comité des sans-facs.

Quelques jours auparavant, les sans-facs de Lyon ont reçu le soutien de deux députés du Rhône, issu de la Nupes : Gabriel Amard (Villeurbanne) et Hubert Julien-Laferrière (2eme circonscription de Lyon). Tous deux ont réalisé une courte vidéo d’encouragement sur leurs réseaux sociaux. À défaut de pousser les murs des universités pour accueillir les sans-facs, peut-être souhaiteront-ils pousser pour plus de moyens à l’université entre les murs de l’Assemblée nationale.

Le salon du vin naturel revient à Lyon en novembre 2022

Le salon du vin naturel revient à Lyon en novembre 2022

Le salon du vin naturel « Sous les pavés la vigne à Lyon » est de retour et se tiendra cet automne, le samedi 5 et dimanche 6 novembre, au Palais de la Bourse. À la manœuvre, on retrouve l’éditeur Nouriturfu et votre site d’info local préféré, Rue89Lyon, pour une huitième édition qui s’annonce festive, engagée. Consultez le programme !

« Sous les pavés la vigne » est un événement qui s’est installé il y a bientôt dix ans à Lyon, et on aime à penser qu’il a sans doute participé à modifier l’éventail des propositions wine et food dans la ville. Les acteurs historiques du vin naturel travaillent de longue date à convaincre qu’il s’agit désormais de se préoccuper aussi bien de ce que l’on verse dans son verre que de ce que l’on met dans son assiette.

Le salon permet de poursuivre le dialogue et, cette année encore, de débattre de sujets d’actualité, tels que la question des violences sexistes et sexuelles dans les milieux du vin et de la bière.

À la pointe d’une révolution agricole indispensable, les vigneronnes et les vignerons du salon vous feront déguster des productions exceptionnelles et souvent introuvables à Lyon.

Le salon du vin naturel, c’est aussi des débats, des dédicaces…

📍 Au cœur de la ville, au Palais de la Bourse (Cordeliers, Lyon 2e).
📍 Un casting de 70 exposants : vigneron·nes (têtes d’affiche et néo), des spiritueux, de la bière, mais aussi de quoi se restaurer avec les mets délicats de La Petite Syrienne.
📍 Un débat d’actu indispensable : « En finir avec les violences sexistes et sexuelles dans les milieux du vin et de la bière », avec Isabelle Perraud (vigneronne), Anaïs Lecoq (autrice et journaliste), Céline Pernot-Burlet (autrice et illustratrice), le samedi 5/11 à partir de 15h.
📍 Une dizaine d’auteurs et d’autrices en dédicace, ainsi qu’une déambulation poétique…
📍 « Des mag’ sous le macadam » (happening autour de magnums rares).
📍 Le salon en direct et en différé sur RadioVino.

70 exposants qui célèbrent le vin naturel

(Liste non exhaustive des domaines présents, mise à jour sur l’événement Facebook du salon)

🍷 𝗔𝗹𝘀𝗮𝗰𝗲 : Domaine Muller-Koeberlé, Domaine Neumeyer, Les Funambules, Domaine Achillée & Pépin, Domaine Gross, Domaine Dreyfuss, Le Clos Liebau, Domaine Kleinknecht
🍷 𝗕𝗲𝗮𝘂𝗷𝗼𝗹𝗮𝗶𝘀 : Domaine des Côtes de la Molière, Prunelle de Navacelle
🍷 𝗕𝗼𝘂𝗿𝗴𝗼𝗴𝗻𝗲 : Domaine Bruno Dangin
🍷 𝗟𝗼𝗶𝗿𝗲 : Clos du Tue-Boeuf, Domaine Maunoury, Domaine La Bénisson Dieu, De Vini, Vignoble du Rab, Domaine Les Grandes Vignes, Domaine du Mortier, Domaine de la Tourlaudière
🍷 𝗥𝗵𝗼𝗻𝗲 : Justine Vigne, Stéphanie Rougnon, Château Boucarut, Clos de T, Vignoble de Jape-Loup, Domaine Morlanche, La Têtue, Mourguettes, Le Cri de L’Araignée
🍷 𝗕𝗼𝗿𝗱𝗲𝗹𝗮𝗶𝘀 : Château Gombaude-Guillot & Satellite Wines, Château Fredignac, Château Le Geai
🍷 𝗦𝘂𝗱-𝗢𝘂𝗲𝘀𝘁 : Sylvain Jougla, Danis dans la vigne
🍷 𝗟𝗮𝗻𝗴𝘂𝗲𝗱𝗼𝗰 : Domaine des Amiel, Domaine du Verdouble, Domaine Obrière, Domaine de Pélissols, Château Layne-Barrac, Mas Lasta, Domaine Bernatas, Thierry Arcier
🍷 𝗥𝗼𝘂𝘀𝘀𝗶𝗹𝗹𝗼𝗻 : Domaine Vinoceros, Domaine des Helianthèmes, Domaine Terres de Mallyce
🍷 𝗣𝗿𝗼𝘃𝗲𝗻𝗰𝗲 : Domaine Dal Canto, Domaine Fondugues-Pradugues, Domaine de Costebonne & L’Abri
🍷 𝗕𝗲𝗹𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲 : Les Vintrépides
🍷 𝗜𝘁𝗮𝗹𝗶𝗲 : Massimo Coletti, Podere Anima Mundi
🍷 𝗔𝗿𝗺𝗲́𝗻𝗶𝗲 : Kenats, Trinity Canyon Vineyards, WineArt, Alluria, AreWine, Gevorkian, GN Winery
🍺 𝗕𝗶𝗲𝗿𝗲 : Valdaz
🥃 𝗦𝗽𝗶𝗿𝗶𝘁𝘂𝗲𝘂𝘅 : Distillerie du Chant du Cygne, Cœur de Cuivre, L’Atelier du Bouilleur, L’Eau des Vivants, Domaine des Hautes Glaces, Distillerie du Renard
🍲 𝗙𝗼𝗼𝗱 : La Petite Syrienne, Les Mollusques (huîtres naturelles et autres nourritures non-terrestres)
📚 𝗗𝗲́𝗱𝗶𝗰𝗮𝗰𝗲𝘀 : Céline Pernot-Burlet & Alessandra Fottorino (In Vino Femina), Philippe Rapiteau (Guide des vins des îles), Louis Mesana (La Quille du siècle), Anaïs Lecoq (Maltriarcat), Olivier Grosjean et Antonin Iommi-Amunategui (Glou Guide)
🌐 𝗔𝘂𝘁𝗿𝗲𝘀 : Le Bal des Ardents (librairie), RadioVino (webradio spécialisée), Les Poulettes Russes (happening poético-vinique)

Toutes les infos pour venir au salon

    Dates : les samedi 5 et dimanche 6 novembre.Horaires : de 11h à 19hLe débat « En finir avec les violences sexistes et sexuelles dans les milieux du vin et de la bière » : samedi à 15hLieu : le Palais de la Bourse (Lyon 2e), métro CordeliersTarif et billetterie : 10 € la journée ou 15 € le pass 2 jours (voir billets coupe-file), comprenant un verre griffé offert et l’accès à toutes les dégustations, animations, débat et dédicaces…Gratuit pour les abonné·es à Rue89Lyon. Et si vous ne l’êtes pas encore, c’est la bonne occasion de nous soutenir (il y a une promo le temps du salon)Programme complet : à suivre sur les réseaux sociaux.
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