Après des négociations menées durant plusieurs mois, le grand rassemblement de la gauche pour les élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes se solde par un échec. Pourtant, face à un Laurent Wauquiez (LR) ultra-favori, celui-ci semblait indispensable. Chronique d’un désaccord structurel, notamment lié à la perspective des élections présidentielles de 2022.
« À un moment, il faut dire aux électeurs ce qu’on veut faire pour eux. » Elle s’est lancée officiellement ce dimanche. Najat Vallaud-Belkacem a annoncé via la presse locale sa candidature aux élections régionales de juin 2020, en Auvergne-Rhône-Alpes.
Sifflant par la même occasion la fin de la partie « négociations », avec les autres partis de gauche, Europe-Ecologie-les-Verts (EELV) en particulier, mais aussi La France insoumise (LFI) et le Parti communiste (PC).
Le PS a cru parvenir à l’union en Auvergne-Rhône-Alpes pour les régionales 2021
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Ce lundi 15 mars, le conseil de Métropole de Lyon va adopter les objectifs des écologistes pour renforcer la Zone à Faibles Emissions (ZFE). Pour le moment, une seule nouvelle mesure coercitive : les véhicules des particuliers Crit’Air 5 ne pourront plus circuler en 2022. Pour le reste, l’élargissement du périmètre de la ZFE et la méthode pour sortir du diesel en 2026 seront décidés après une concertation lancée cette année.
L’écologiste Bruno Bernard le proclame : la Métropole de Lyon compte se placer en pionnière des politiques d’amélioration de la qualité de l’air en France.
Les véhicules les plus polluants des particuliers interdits en 2022
Le plan pour renforcer la ZFE voté lundi 15 mars en conseil de Métropole. Il se décline en trois axes :
Interdiction des véhicules personnels vignette Crit’Air 5 à partir du 1er janvier 2022. Élargissement du périmètre de la ZFE.Interdiction de tous les véhicules diesel des particuliers à partir du 1er janvier 2026.
S’agissant de l’élargissement du périmètre et de l’interdiction progressive des véhicules les plus polluants, aucune date précise n’a été inscrite. On connaît seulement la date pour les Crit’Air 5 et l’objectif (2026) pour les véhicules roulant au diesel.
Pierre-Bénite et Écully dans le périmètre de la ZFE ?
Concernant l’agrandissement de la ZFE, l’exécutif écologiste envisage dans un premier temps d’inclure dans la ZFE les communes de Pierre-Bénite et Écully ainsi que la M6/M7. Cet élargissement devra être discuté lors d’une concertation.
Rappelons que pour l’heure la ZFE correspond aux communes de Lyon, et d’une bonne partie des communes de Villeurbanne et Caluire-et-Cuire (à l’intérieur du périphérique). Mais le périphérique lyonnais et la M6/M7 (anciennement autoroute A6/A7) qui traverse Lyon sont exclus de ce périmètre.
Périmètre actuel de la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon.
Une année de concertation
Lors de la présentation à la presse de ce plan, les écologistes ont sorti le parapluie. Le calendrier pourrait être modifié s’il s’avère irréalisable ou si la concertation fait apparaître une opposition.
Des mesures d’accompagnement sont d’ores et déjà en réflexion, ainsi que des régimes dérogatoires. Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président en charge des déplacements précisait :
« On se donne l’année pour réfléchir à tout ça, on a lancé de nombreuses études dont nous présenterons les résultats durant la concertation. »
Selon Jean-Charles Kohlhaas, les professionnels qui ont fait appel aux mesures d’accompagnement pour changer leurs véhicules suite à la mise en place de la ZFE décidée sous David Kimelfeld (prédécesseur de Bruno Bernard) ne sont pas très nombreux .
Des aides financières seront aussi mises en place pour le rachat de véhicules particuliers. Mais pour l’instant, le type d’aide et les montants prévus n’ont pas été communiqués.
Malgré ce flou pointé par l’opposition (lire plus loin), Jean-Charles Kohlhaas défend la méthode et le calendrier écologiste :
“Il y a 6% de renouvellement du parc automobile chaque année. Plus tôt on envoie un message fort, plus les personnes y penseront au moment de changer leur voiture. Entre 2019 et 2020 on est passés de 46 000 véhicules diesel à 28 000 dans la métropole .”
Difficile contrôle du respect de la ZFE
En matière de lutte contre la pollution atmosphérique et donc de ZFE, les collectivités sont dépendantes de l’Etat pour faire appliquer les restrictions de circulation. Puisque cela dépend aujourd’hui de contrôles de police et, dans le futur, de la mise en places de contrôles automatisés.
Actuellement, selon la Métropole de Lyon, les très rares contrôles de police n’ont pas permis le respect des normes en vigueur.
Bruno Bernard, le président écologiste de la Métropole de Lyon, à la conférence de presse sur le renforcement de la ZFE le 12 mars 2021Photo : LS/Rue89Lyon
Bruno Bernard avait misé sur l’instauration d’un système de lecture automatique par radar des plaques dès le 1er janvier 2022 pour sanctionner les contrevenants.
“On a demandé au gouvernement. Ce ne sera sûrement pas prêt avant 2023.”
A Lyon, quelques centaines de conducteurs ont été verbalisés selon Jean-Charles Kohlhaas qui précise :
“Souvent c’était en même temps que pour autre chose, la police arrêtait quelqu’un parce qu’il avait grillé un feu rouge et en faisant le tour du véhicule il remarquait qu’il était en infraction par rapport à la ZFE.”
Pour l’opposition, des mesures « anti-sociales »
L’opposition n’a pas bien accueilli ce renforcement de la ZFE. En témoigne le communiqué du groupe Progressistes et Républicains, présidé par David Kimelfeld, prédécesseur de Bruno Bernard à la tête de la Métropole, intitulé :
« Évitons de faire de la ZFE une Zone de Forte Exclusion ».
Le groupe proche de La République en Marche craint que ces mesures ne laissent sur le carreau les plus démunis :
« Concrètement, ce sont des milliers de foyers, souvent parmi les plus modestes au vu des véhicules concernés, qui ne pourront plus entrer dans le périmètre de la ZFE d’ici début 2022. »
Le groupe Rassemblement de la Droite, du Centre et de la Société civile (LR) reproche aussi des échéances précipitées et une absence actuelle d’accompagnement des publics ciblés :
“Ce sont des mesures anti-sociales. Elles vont imposer à plus de 300 000 propriétaires à changer leur véhicule dans un délai restreint et pour les plus modestes qui n’auront pas la capacité financière à renoncer à l’usage de leur voiture ”
Pour ces élus de la droite LR :
“La volonté réelle est de diminuer drastiquement le nombre de voitures surtout dans l’hyper-centre et d’empêcher les habitants de la périphérie de s’y rendre en voiture par une remise en cause de la liberté fondamentale d’aller et venir : « chacun chez soi », voilà le vrai crédo de cette majorité !”
Les collombistes d’Inventer la Métropole de Demain, (LREM) ont aussi témoigné leur désaccord :
« Alors qu’il aurait fallu présenter un vrai plan de lutte contre la pollution de l’air, l’exécutif nous propose de valider seulement un objectif politique : la sortie du diesel d’ici à 2026. »
Panneau d’entrée de la Zone à faibles émissions (ZFE), quai Paul Sédaillan dans le 9ème arrondissement de Lyon.Photo : LB/Rue89Lyon
La Métropole de Lyon et le Sytral (autorité organisatrice des transports en commun à Lyon) ont annoncé le déploiement d’aides à destination des étudiants. Transport, logement, emploi et stage… Les représentants d’organisations étudiantes sont plutôt mitigés sur l’ensemble du dispositif pourtant vanté par les élus à majorité écologiste.
Le conseil de la Métropole du 25 janvier 2021 a ordonné la création d’un groupe de travail portant sur la précarité étudiante. Ce groupe de travail s’est réuni chaque jeudi du mois de février.
Un mois plus tard, le 25 février, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, a annoncé les nouvelles aides d’urgences qui vont entrer en vigueur pour lutter contre la précarité étudiante.
Les prélèvements mensuels TCL de tous les étudiants qui ont pris un abonnement annuel pourront être annulés pour le restant de l’année à partir du mois de mars. Pour les étudiants boursiers ou bénéficiant d’une aide d’urgence, il est possible de se faire rembourser le mois de janvier et de février.
En sus, une mesure pérenne sera mise en place à partir de septembre prochain. Les élèves boursiers pourront bénéficier d’un tarif mensuel TCL de 10 euros. Les 18-25 ans bénéficieront d’un tarif réduit, qui passe de 32,50 euros à 25 euros.
Thomas, président de l’association la MIFA, à Lyon 3 et étudiant en troisième année de licence de droit, déclare :
« C’est une bonne chose. Tout le monde demandait ce changement de tarif. C’était la première chose à faire. C’est un débat qui est relancé depuis des nombreuses années, maintenant que c’est fait on peut se réjouir. »
« On trouve ça bien que les boursiers soient pris en compte comme ça. Mais il y a beaucoup d’étudiants qui ne rentrent pas dans les critères d’attribution de la bourse et qui sont aussi dans la galère. »
Elle illustre :
« Les étudiants étrangers passent en dernier pour les logements Crous et ne touchent pas les bourses. Il s’agit d’une population particulièrement précaire, qui devrait être considérée au moins comme les boursiers. »
Le mercredi 24 février, Bruno Bernard, président du Sytral et de la Métropole à l’initiative de la mesure a déclaré à 20 minutes :
« Il nous reste à discuter le périmètre [du dispositif, ndlr] pour intégrer les étudiants les plus précaires qui n’ont pas accès aux bourses. »
Bruno Bernard, président de la Métropole avec Grégory Doucet (masqué), maire de LyonPhoto : Houcine Haddouche/Rue89Lyon
250 000 euros pour lutter contre la fracture numérique
Pour lutter contre la fracture numérique universitaire et éviter le décrochage scolaire, la Métropole de Lyon apportera une aide supplémentaire de 250 000€ pour équiper les étudiants en clefs 4G et en ordinateurs portables.
Cette mesure est en réalité une reconduite de celle qui avait été prise par David Kimelfeld en juillet dernier. La somme allouée à cette aide numérique était alors du double : 500 000 euros. Selon Jean-Michel Longueval :
« Dès fin septembre on avait tout consommé. Dans un deuxième temps il fallait qu’on évalue la demande, en plus l’université a débloqué des sous en propre donc on ne savait pas trop au niveau de l’évaluation des besoins. »
Jean-Michel LonguevalPhoto : Ville de Bron, Dominique Perron
Cette subvention est versée à la communauté des établissements qui gèrent eux-même l’affectation de l’argent. Pour Laura Lehmann de Gaelis, cela ne garantit pas l’égalité d’aide entre les étudiants et l’assurance que tous ceux qui en ont besoin pourront être aidés :
« Quand ils ont donné la première enveloppe, chaque université utilisait cette aide comme elle l’entendait. Tous les étudiants n’avaient pas accès aux aides numériques sur les mêmes critères. En plus, certains établissements ont mis des fonds propres : Lyon 1 avait ouvert un programme “tous connectés” par exemple. »
Le siège de l’Université de Lyon, situé rue Pasteur. Le bâtiment accueille également un IUT de Lyon 3 et une résidence universitaire. Il a été inauguré en 2016 par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education nationale.Photo : PP/Rue89Lyon
Pour Thomas de l’association la MIFA à Lyon 3 :
« On en a toujours bien besoin, surtout des clés 4G. Ça peut servir aux étudiants comme aux profs : le wifi dans nos locaux n’est pas forcément super. »
« Il faudra répartir les aides selon des critères plus justes »
Pour Lucile, étudiante à Lyon 2 et militante pour Solidaires :
« Lyon 2 avait prévu au début de l’année scolaire 200 clés 4G pour 30 000 étudiants, ils ont clairement sous-estimé le nombre d’étudiants qui sont dans le besoin. Des moyens supplémentaires ça ne peut pas faire de mal, mais il va falloir que ça soit une vraie aide, pas sous forme de bons d’achats… »
Laura Lehmann, présidente de Gaelis (Groupement des Associations et Elus étudiants de Lyon Indépendants et Solidaires) et étudiante en sciences politiques à Lyon 3 ajoute :
« Les clés 4G et les cartes sim qui vont être mises à disposition seront sans doute délivrées d’après une attestation sur l’honneur aux élèves qui en font la demande, sur le principe de la bonne foi. Il faudra évaluer ça avec des critères les plus justes possibles. »
Selon Jean-Michel Longueval, vice-président de la métropole de Lyon en charge des universités et de la vie étudiante, il n’existe toujours pas de bilan chiffré de l’utilisation de la première enveloppe d’aide de la métropole :
« Il ne faut pas oublier que cette aide de la métropole est un complément de budget. Il s’évalue aussi avec les retours, ce qu’on entend. »
500 emplois saisonniers pour les étudiants
La Métropole de Lyon va également se mobiliser sur l’emploi des jeunes à la recherche de stages et de jobs d’été. Elle proposera ainsi 1000 stages sur l’année 2021 et créera 500 emplois saisonniers.
Laura Lehmann déclare :
« Pour l’instant on n’a pas eu beaucoup d’éléments sur comment cela va s’organiser. C’est un premier pas qui est important, mais ce n’est pas avec cette annonce qu’on va pouvoir dire que dans un mois, tous les étudiants qui cherchent un stage ou un emploi vont pouvoir trouver. »
Pour la présidente de Gaelis il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin :
« Il n’y a pas de solution miracle, il faut une politique d’embauche qui soit plus ambitieuse, dans certains secteurs il y a des liens qui peuvent être faits, que le message soit passé. »
Selon Quentin Taïeb, président de l’UNI à Lyon 3 et étudiant en troisième année de licence en sciences politiques, la proposition de nouveaux emplois saisonniers aux étudiants est une très bonne nouvelle :
« Je dis bravo. Il en faudrait plus mais c’est bien. »
Lucile de Solidaires apprécie aussi la création des emplois saisonniers :
« On ne crache jamais dessus. Il y a beaucoup d’étudiants qui attendent d’avoir un job pour reprendre un appartement à Lyon. Sinon ils sont trop dans la galère. Mais bon 500 jobs, à l’échelle de Lyon… »
1000 stages pour les étudiants à la Métropole
Au sujet des stages, les étudiants sont un peu moins enthousiastes. Pour Quentin Taïeb, cette mesure pourrait aussi se révéler piégeuse :
« Il y a stage et stage. On ne peut pas proposer à un étudiant de bosser trois euros par heure si c’est pour un stage qui ne correspond pas à son ambition professionnelle. Il faut rester prudent. »
La plupart des masters des universités de Lyon 3 ne délivrent leurs diplômes qu’au terme d’un stage de fin d’étude. D’après Lucile de Solidaires :
« Il y a des classes où deux tiers de la promo n’ont pas trouvé de stage. Des étudiants qui ont fini leur master 2 de psychologie l’an dernier ne peuvent pas avoir le titre de psychologue parce qu’ils n’ont toujours pas réalisé leur stage de fin d’étude. »
Jean-Michel Longueval, vice président de la métropole de Lyon en charge des universités et de la vie étudiante rappelle qu’il ne s’agit que d’un coup de pouce :
« Chaque service de la Métropole a déjà des quotas de stagiaires. On en a élargi le nombre. Pour le reste, on va mobiliser le réseau des entreprises, les syndicats patronaux, les chambres syndicales. On fait jouer notre réseau. »
Prolongation du dispositif d’accompagnement psychologique
Le dispositif d’accompagnement psychologique d’écoute et de soutien aux étudiants porté par la fondation ARHM (centre hospitalier Saint Jean de Dieu) et l’Institut Régional Jean Bergeret (IRBJ), pleinement créé et financé par la Métropole de Lyon, sera prolongé au-delà du mois de juin.
Ce dispositif consiste en des consultations psychologiques gratuites, individuelles ou collectives, pour rompre la solitude dans laquelle se trouvent les étudiants.
Comme pour bon nombre des mesures prises à destination des étudiants et mises en place suite à la fermeture des facs, il est difficile d’estimer si et dans quelle mesure le dispositif est utile. La Métropole n’a pas procédé à des évaluations chiffrées. Pourtant, Jean-Michel Longueval déclare que le dispositif est une réussite :
« On a eu que des retours positifs ! »
Il manque quand même le nombre d’usagers réguliers, ou une évaluation de la part des étudiants. Les étudiants interrogés connaissent rarement plus d’une personne qui en a l’usage, mais les retours semblent, dans l’ensemble, plutôt positifs. Laura Lehmann (Gaelis) semble d’ailleurs en savoir un peu plus que le vice-président :
« Il y a les numéros verts et des live instagram ont lieu tous les mardis soirs avec des thématiques accessibles, comme celle du bien-être. Tous les programmes sont gratuits, et avec un bon suivi. »
Elle ajoute :
« On peut faire les consultations en visio comme en présentiel. 40% des étudiants qui consultent reviennent pour un second et un troisième rendez-vous. »
Pour Thomas, de l’association la MIFA, à Lyon 3 :
« On n’en entend pas trop parler parce que c’est tabou, mais aussi, ceux qui ont le plus besoin d’aide psychologique, ce sont souvent les étudiants étrangers. C’est les plus isolés. »
A la manufacture des tabacs, le campus reste résolument vide, les étudiants sont en distanciel.Photo : LS/Rue89Lyon
Lucile (Solidaires) déclare :
« Les Centres Médico-Psychologiques des facs sont débordés, les consultations sans suivi, les dispositifs insuffisants. Il ne faut pas prolonger le dispositif de la Métropole, il faut le pérenniser. »
« Les étudiants veulent retourner en cours plutôt que d’aller chez un psy »
A cette remarque, Jean-Michel Longueval répond que ce n’est pas à la Métropole de s’occuper de cela, qu’il s’agit d’un dispositif d’urgence.
Pour Lucile c’est une réponse facile :
« La santé psychologique des étudiants, personne ne veut s’en occuper. Sans doute que ce serait à l’Etat et aux collectivités territoriales de mettre un dispositif pérenne en place. Les universités n’ont pas les moyens, elles ne peuvent pas faire grand chose sans les financements. »
Pour Quentin Taïeb, président de l’UNI à Lyon 3, c’en est assez des dispositifs psychologiques, ce dont les étudiants ont besoin, c’est de la réouverture des facs :
« J’ai pas mal de retours d’étudiants qui sont dans l’incompréhension. La plupart souhaiterait pouvoir retourner en cours plutôt que d’aller chez un psy, le mal-être vient beaucoup de ça. Si les étudiants pouvaient parler à leurs amis, à leurs profs, en vrai, ça irait déjà un peu mieux. »
Quentin Taïeb déplore d’ailleurs que la mesure de mise à disposition de grands espaces événementiels inutilisés pour faire cours proposée par l’opposition n’ait pas été retenue par la Métropole.
Pour Jean-Michel Longueval, cette mesure n’allait pas dans le sens des priorités des facultés lyonnaises :
« L’objectif des établissements c’est de revenir dans leurs locaux à eux, c’est aussi ça que veulent les étudiants. Je ne pense pas qu’ils veulent prendre un bus pendant une heure pour aller suivre un cours à Eurexpo. »
Un bus de soutien psychologique, de distribution et d’information pour les étudiants
La Métropole de Lyon, aux côtés du CROUS, de l’IRBJ et du SSU (Service de Santé Universitaire), a mis en place un dispositif de « Rencontres aller-vers » au sein de son bus info-santé-social sur l’ensemble du territoire.
Dès la semaine du 12 mars, ce bus se déplacera à proximité des restaurants universitaires des campus, pour apporter des informations autour des questions de santé, d’accès aux droits des étudiants, et leur distribuer des équipements de protection individuelle ainsi que des produits d’hygiène.
L’utilité d’un bus a été questionnée par plusieurs étudiants. Lucile de Solidaires, elle, s’en amuse :
« Pourquoi un bus ? Un bus comme un bus scolaire mais qui distribue des serviettes hygiéniques et des prospectus dans toute la ville ? Ça m’a fait rire. »
Pour Quentin Taïeb (l’UNI), il s’agit d’une opération de communication :
« La Métropole se saisit du sujet maintenant, alors que ça fait des mois que la plupart des grosses associations étudiantes font des distributions régulières et de la sensibilisation aux droits, pareil pour les organismes d’aide. »
Pour Thomas de la MIFA, ce bus pourrait s’avérer très utile :
« Je pense que c’est une bonne mesure. On est informés sur nos droits de bourse ou de CAF par exemple mais on n’est pas tant informé de comment fonctionnent les mutuelles et les protections sociales par exemple. »
Il explique :
« Auparavant, il y avait une sensibilisation à l’utilité de la mutuelle étudiante obligatoire en première année de fac. Maintenant plus, la mutuelle on en comprend l’utilité quand on en a le plus besoin. »
Lucile abonde en ce sens :
« Quand on tracte au début de l’année, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’informations que les étudiants ne possèdent pas. Les aides financières ponctuelles sont très méconnues par exemple, comme les aides ponctuelles du Crous ASAA et ASAP. »
Pour ce qui est des distributions de première nécessité, Thomas considère qu’il n’y en a jamais trop :
« Pour l’instant on n’a jamais entendu parler de surplus à la fin d’une distribution, tout part toujours. »
« La prévention par les pairs a ses limites »
Il y a aussi des personnels d’accompagnement et d’écoute qui se déplaceront avec le bus. Etudiants bénévoles, services civiques… Laura Lehmann a déjà fait remonter l’information selon laquelle ces personnels manquent de formation. Cela se ressent dans l’aide prodiguée aux étudiants en difficultés :
« Même pour eux c’est lourd à porter. On demande à des jeunes en service civique au Crous de faire de la pratique préventive : faire du porte-à-porte chez tous les étudiants qui connaissaient les personnes qui ont fait des tentatives de suicide par exemple. »
Pour les aider à effectuer leur tâche plus sereinement, Laura Lehmann a proposé une solution :
« La Métropole pourrait financer la formation de premiers secours en santé mentale. Ça revient à 300 ou 400 euros par jeune. »
Elle ajoute :
“La prévention par les pairs a ses limites, c’est une trop grande responsabilité. Surtout que d’une structure à une autre (le Crous ou le service de santé universitaire par exemple) ils n’ont pas forcément les mêmes outils, ils ne vont pas orienter de la même manière.”
Cela ne relève pas directement de la compétence de la Métropole. Jean-Michel Longueval ne manque pas de le rappeler :
« Je suis d’accord que c’est un métier, l’écoute psychologique. Les services civiques n’ont pas vocation à remplacer un professionnel, c’est pour ça qu’on a la plateforme Bergeret. Mieux qualifier les jeunes bénévoles et services civiques c’est un débat qu’il faut porter avec le Crous.
Il ajoute :
“On réfléchit quand même pas mal à ces problématiques de santé mentale dans le monde universitaire. Avec des médecins du SSU et à l’initiative des universités de Lyon, on a pensé à créer un centre de santé mentale, ils bossent sur ce dossier en tout cas.”
1,3 millions d’euros pour le fonds d’urgence d’impayés de loyers, inutilisé par les étudiants
Côté logement, la Métropole de Lyon a voté un budget total de 1,3M€ pour le fonds d’urgence d’impayés de loyers, budget qui comprendra les impayés de loyers des étudiants également.
Tout comme l’aide numérique citée plus haut, ce fond d’urgence est une reconduite de juillet dernier. Là encore, difficile de mettre la main sur une estimation chiffrée de son utilisation par les étudiants. Une chose est sûre, le fond n’a pas rencontré un franc succès, par méconnaissance du dispositif. Jean-Michel Longueval l’admet :
« Ce fond a été renouvelé, mais la première fois les étudiants n’ont pas eu beaucoup recours à ce fond. Ils ne savaient pas qu’il existait. On va mobiliser les bailleurs privés déjà, leur dire qu’ils peuvent y avoir recours avec leurs locataires et on va aussi communiquer à ce propos dans le journal de la Métropole. »
Il reconnaît en sus ne pas avoir d’estimation de la population étudiante qui est en difficulté de logement :
« On peut avoir du mal à chiffrer : combien de dossiers sont en souffrance d’impayés, qui est en procédure, et qui ne l’est pas ? »
D’après Lucile de Solidaires, la Métropole a essayé de se reposer sur les étudiants associatifs :
« Ils avaient tendance à vouloir qu’on fasse du travail gratuit pour eux. Ils nous ont demandé de faire des enquêtes auprès des étudiants par exemple. On a déjà notre travail syndical, on n’est pas là pour faire le travail pour lequel on n’est pas payés. »
La résidence étudiante Jean Mermoz a été construite dans les années 70.
Pour Quentin Taïeb, une fois de plus, la Métropole arrive après la guerre :
« Ils débloquent des fonds pour les impayés de loyer, c’est super, mais les étudiants les plus précaires ont déjà rendu leurs appartements depuis longtemps. Il faudrait plutôt penser à agrandir les résidences universitaires pour quand tout le monde va revenir. »
Lucile de Solidaires déclare que pour régler le problème des logements étudiants, il faudrait d’abord aider les étudiants à retrouver massivement des jobs :
« La plupart des étudiants qui ont rendu leur appartement ou leur chambre, ils se remettront à en chercher quand ils auront trouvé un job étudiant ou saisonnier pour faire rentrer des sous. »
Elle ajoute :
« De toute façon, il faudra un jour se mettre en face du fait qu’à Lyon, le logement étudiant c’est vraiment une galère. Les chambres Crous sont insuffisantes en nombre par rapport aux demandes. Il y a des résidences privées hors de prix qui se font de l’argent sur le dos des étudiants. »
Un bilan mitigé à propos de ces mesures annoncées par la Métropole donc, et qui laisse à certains jeunes le sentiment qu’il n’y a toujours pas de réflexion long terme amorcée sur le sort des étudiants.
A la manufacture des tabacs, le campus reste résolument vide, les étudiants sont en distanciel.Photo : LS/Rue89Lyon
L’opposition force de proposition
Dès les premières réunions, l’opposition avait formé un groupe de travail transpartisan composé des groupes Progressistes et Républicains, (proches de LREM avec à leur tête David Kimelfeld, ancien président de la Métropole) mais aussi Synergies Métropole (composé des maires des Mont d’Or et Val de Saône de centre droit), Inventer la Métropole de Demain (proches de LREM et anciennement groupe de Gérard Collomb dont le président est Louis Pelaez) et Métropole pour Tous.
Ils ont porté à la connaissance des élus un document reprenant plusieurs mesures en matière de transports, de logement, d’alimentation et de formation. Comme s’en est amusé Jean-Michel Longueval :
« Ils ne nous ont pas attendus pour commencer à travailler. »
Pour Laura Lehmann, présidente de Gaelis (Groupement des Associations et Elus étudiants de Lyon Indépendants et Solidaires) et étudiante en sciences politiques à Lyon 3, le conseil a su s’écouter malgré les divergences politiques :
« Le groupe Les Progressistes et Républicains, Lyon et la Métropole en commun ont porté des éléments importants en conseil, et la Métropole s’est vraiment saisie de ces sujets. Il y avait des contributions de toutes parts, de plus ils nous demandaient vraiment notre avis à nous, les étudiants. »
Pour Lucile, étudiante à Lyon et 2 et représentante du syndicat Solidaires étudiant.e.s Lyon, la constitution de ce groupe de travail s’est révélée être une bonne chose, mais elle se méfie des effets d’annonce :
« Je crois que les étudiants ne font plus trop confiance aux mains tendues des politiques. Les dernières mesures qu’on nous a annoncées avant celles-ci, c’était celles du gouvernement : Les 150 euros auxquels la majorité des étudiants auraient droit, les chèques psy… On n’en a toujours pas vu la couleur. »
Villeurbanne et Lyon ont tardé à suivre le mouvement. Mais c’est finalement le cas. Le TNP (théâtre national populaire) situé sur la commune de Villeurbanne est occupé par des intermittents et acteurs du secteur culturel depuis ce vendredi matin.
À la suite du théâtre de l’Odéon à Paris et de plusieurs autres structures en France (Strasbourg, Pau, Nantes ou encore Orléans), c’est au tour d’un lieu emblématique de l’agglomération de Lyon, le TNP de Villeurbanne, d’être investi par des acteurs culturels.
L’assemblée y est pour l’heure hétéroclite, composée d’intermittents, pour beaucoup travaillant dans le spectacle vivant, et de militants appelant à une « convergence des luttes » des métiers précaires.
L’assemblée générale de ce vendredi 12 mars a abouti sur la décision de rester dans le théâtre. Une loge a été ouverte pour que les occupants puissent y dormir au moins ce week-end.
« Il se peut que, dans les jours à venir, le mouvement prenne de l’ampleur », nous promet l’un des comédiens présents.
L’hypothèse d’une occupation de l’Opéra de Lyon a également été évoquée. Un lieu central dans l’agglomération, qui s’est malgré la fermeture des lieux trouvé sous les projecteurs récemment, avec la baisse de ses subventions municipales.
Photo prise par un des comédiens présents à l’assemblée générale du 12 mars 2021. DR
Au TNP à Villeurbanne, la demande d’une nouvelle « année blanche »
Le « collectif unitaire 69″ donne écho, à l’échelle de Lyon, aux revendications déjà portées depuis plusieurs semaines. Il s’agit principalement de la prolongation de l’ »année blanche » pour les intermittents qui, faute de travail, ne peuvent assurer un quota d’heures suffisant pour obtenir des indemnités chômage.
En 2020, le gouvernement avait fait en sorte que cette absence d’horaires travaillés n’impacte pas le système indemnitaire des intermittents. Offrant une « année blanche » aux intermittents, basée sur les indemnités reçues en 2019, avant la crise Covid-19. Mais rien n’est acté pour 2021, alors que les structures culturelles restent fermées et que la grande majorité des acteurs ne peut toujours pas travailler.
Lyon aimerait être une ville-test pour la réouverture des lieux culturels
La mobilisation permet aussi de remettre sur la table la question d’une ré-ouverture des lieux. Le petit mot du porte-parole du gouvernement, convenant lui-même de l’absurdité de voir un « Sephora » (boutique de cosmétiques) ouvert mais pas un théâtre, a continué d’atterrer les premiers concernés.
Selon nos informations, le maire (EELV) de Lyon, Grégory Doucet, s’est rendu en toute discrétion au ministère de Roselyne Bachelot la semaine dernière afin d’émettre des propositions très localisées. Il souhaiterait que Lyon puisse être une ville-test pour que les structures culturelles, théâtres ou encore musées, puissent a minima accueillir des scolaires, en petits groupes.
Mais difficile d’imaginer que le gouvernement fasse de Lyon un phare culturel, bénéficiant politiquement à un maire écologiste, à quelques mois des élections présidentielles.
La ministre Roselyne Bachelot acculée
La jauge des lieux de spectacle voire des cinémas remplie à 35% est à l’étude dans les services ministériels, mais sans calendrier ni date précise.
« Je milite, à ce point de la connaissance de la pandémie, pour une ouverture globale, à la même date, des lieux de culture mais avec des protocoles de sécurité adaptés [à chaque lieu] et concertés avec les professionnels », a assuré Roselyne Bachelot.
La ministre maintes fois interpellée, notamment lors des Victoires de la musique classique à Lyon, devrait l’être de nouveau lors de la cérémonie des César de ce vendredi soir.
Ce samedi, se tient à 14h place Bellecour un nouveau temps de revendications à Lyon contre la loi « sécurité globale » et autres textes jugés liberticides. Après plusieurs manifestations en décembre (lire ici, là, là, là et encore là) et en janvier (lire ici et là), c’est un rassemblement qui est organisé par la coordination lyonnaise. Sans musique, suite une interdiction posée par la préfecture du Rhône.
Assez classiquement, le rassemblement qui doit se tenir ce samedi place Bellecour devait alterner discours et musique.
Il était prévu des prises de paroles – de journalistes, avocats, défenseurs des libertés, et autres représentants de victimes de violences policières – entrecoupées de musique avec Le Son du Peuple et Oddateee.
Dans un mail envoyé aux organisateurs, la préfecture a interdit les intermèdes musicaux en mettant en avant le risque que ce rendez-vous revendicatif devienne un événement festif alors que le Rhône a été placé en « surveillance renforcée » sur le plan sanitaire.
Dans un communiqué, le collectif « NON à la loi sécurité globale » dénonce « l’arbitraire total des injonctions préfectorales » :
« Quelles différences entre notre rassemblement et la manifestation festive et revendicative des commerçants indépendants, le 8 décembre, avec chars, DJ, danse aux lanternes, soupe à l’oignon et vin chaud ? Quelles différences avec les manifestations revendicatives et musicales du monde de la culture et de soutien à La Maskarade encore le week-end dernier ? »
Aucun arrêté préfectoral sur cette question musicale n’a été pris. C’est un simple mail qui a été envoyé. En revanche, le préfet du Rhône a une nouvelle fois signé un arrêté qui interdit de manifester dans une grande partie de l’hypercentre de Lyon.
Contactée par Rue89Lyon, la préfecture du Rhône n’a pas donné suite.
La loi « sécurité globale » arrive au Sénat
Sur l’événement Facebook appelant à ce nouveau rassemblement, les organisateurs n’exigent pas seulement le retrait de l’article 24 de cette loi « sécurité globale » mais son retrait « total ». La proposition de loi arrive en séance plénière le 16 mars au Sénat.
En outre, il est demandé « le retrait du projet de loi dit « séparatisme », l’abandon des décrets du 2 décembre 2020 sur le fichage de masse et le rejet du nouveau schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) ».
Manifestation contre la loi « sécurité globale » du 28 novembre 2020 à Lyon.Photo : DD/Rue89Lyon
A Lyon, l’instauration de façon temporaire par la municipalité écolo du menu sans viande dans les cantines avait été contestée par trois recours. Le tribunal administratif de Lyon vient de lui donner raison.
Au retour des vacances d’hiver, la municipalité écolo avait décidé d’instaurer un menu unique dans les cantines scolaires de la Ville de Lyon. Une décision temporaire et guidée par la dernière mouture du protocolaire sanitaire de l’Éducation nationale, restreignant encore davantage les brassages des élèves et leur nombre à table lors des repas de midi.
Polémique et recours en février 2021, rien en mai 2020
Comme à la sortie du premier confinement au mois de mai 2020, l’actuelle municipalité a instauré le menu sans viande comme menu unique. Comme à l’époque de Gérard Collomb, la municipalité justifiait sa décision d’un menu unique par la nécessaire fluidification d’un service méridien aux horaires encore étalées.
Pour le choix du menu en question, elle s’est là aussi portée sur la solution évitant au maximum les restrictions alimentaires des enfants. Le menu sans viande, mais avec poisson ou œuf, a donc été retenu. Il est l’unique menu unique servi à midi dans les cantines scolaires jusqu’aux vacances de printemps.
Plat végétarien à base de Blé et légumes. DR
Cette décision n’avait pas suscité de contestation en 2020. Le mois dernier, dans la foulée d’une réaction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, l’instauration temporaire d’un menu unique sans viande dans les écoles de Lyon a cette fois déclenché une polémique nationale.
Parallèlement, la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, la FDSEA, a décidé de contester cette décision devant la justice administrative. Tout comme des particuliers, présentés comme parents d’élèves. Des conseillers municipaux d’opposition, issus du groupe Droite, Centre et Indépendants, dont Étienne Blanc et Pierre Oliver, ont également engagé une troisième procédure contre la décision de la Ville de Lyon.
Les premiers y voient un coup de poignard fait aux éleveurs et notamment ceux de la région. Les autres tiennent notamment au respect du maintien de 4 repas carnés minimum sur un cycle de 20, tel que le prévoient les dispositions en matière de qualité nutritionnelle des repas scolaires d’un arrêté ministériel du 30 septembre 2011. La Ville de Lyon se mettrait ainsi en faute.
Saisi en référé, le tribunal administratif de Lyon a rendu sa décision ce vendredi 12 mars 2021. Il rejette les demandes de suspension portées par la FDSEA et des individus qui l’avaient saisi. Et donne raison aux arguments de la Ville de Lyon, s’appuyant notamment sur le caractère temporaire de la mesure.
« Pas de nature à créer d’incidences graves pour les filières agricoles »
Dans son ordonnance, le tribunal note que la décision de la Ville de Lyon a permis de respecter le protocole sanitaire renforcé dans les cantines. Il estime par ailleurs que la portée temporaire du menu unique sans viande « n’apparait pas de nature à créer d’incidences graves pour les filières agricoles d’élevage ».
Concernant les règles nutritionnelles, le tribunal administratif note que, à la date de sa décision, un « cycle complet de 20 repas n’est au demeurant pas encore achevé » et qu’en l’état « la méconnaissance effective des dispositions (…) n’est encore que potentielle ».
Il enjoint toutefois la Ville de Lyon de « réévaluer dans les meilleurs délais la situation, en coordination notamment avec les services de l’éducation nationale, afin de rechercher les conditions d’un retour à un fonctionnement normal, dans toute la mesure où les conditions sanitaires le permettront ».
En clair, d’ici quelques jours la Ville de Lyon contreviendrait aux règles de l’arrêté ministériel de septembre 2011 mais le juge retient le caractère exceptionnel de la mesure dans le contexte sanitaire actuel.
C’est un enregistrement audio qui en donne les contours, dans un article de Mediapart. Laurent Wauquiez compte distribuer adroitement ses subventions aux villes LR et aux territoires à conquérir en vue de sa réélection.
La stratégie est claire depuis le début du mandat de Laurent Wauquiez à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il travaille depuis lors à sa réélection. Et pour cela, il cherche à orienter au mieux l’action de la collectivité et son budget de 5 milliards d’euros.
Il a recruté un spécialiste de la carte électorale chez Les Républicains, Ange Sitbon, pour passer au crible toute demande de subvention. Un euro dépensé dans un territoire doit rapporter une fois les élections (re)venues. Un rôle central pour Ange Sitbon dont le recrutement à grands frais et le statut contractuel ainsi que celui de son équipe ont fait tiquer la Chambre régionale des comptes. Nous évoquions d’ailleurs ce rôle de cet « ange noir » en 2017.
Capture d’écran du site Street press qui a consacré une enquête à Ange Sitbon le conseiller politique de Laurent Wauquiez.
Des « territoires qui n’ont pas vocation à être arrosés »
Médiapart s’est penché sur les subventions et investissements de la Région lors des exercices 2017, 2018 et 2019. Résultat : trois fois plus de subventions pour les communes de droite, la Haute-Loire département le plus subventionné, le Puy-en-Velay commune la plus aidé par la Région.
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne- Rhône-Alpes lors de ses voeux 2019. Le 28 janvier 2019 au musée des Tissus et des Arts Décoratifs.Photo : MG/Rue89Lyon
Le site d’information publie également des enregistrements audio datant de 2016 issus d’une réunion de travail de nouvel exécutif régional. Une réunion, dont nous avions parlée quelques jours après, et qui fixait la stratégie du mandat à venir. On entend Laurent Wauquiez et son conseiller Ange Sitbon expliquer leur méthode. En des termes très clairs.
Le conseiller spécial parle de « territoires qui n’ont pas vocation à être arrosés ». Le tout frais président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes évoque lui la ville de Villeurbanne. Fief du Parti Socialiste dont est issu le précédent président de région (Jean-Jack Queyranne).
Il évoque alors la recherche d’une « méthode de travail » pour appréhender cette ville où la droite vient encore de faire de mauvais score. Une commune qu’il n’a pas « forcément l’intention d’arroser ».
« Rééquilibrage des aides » ?
Cédric Van Styvandael, maire PS de Villeurbanne, a réagi. Il annonce avoir saisi « le Préfet de Région pour qu’il sollicite la Chambre régionale des comptes, dans l’objectif de disposer d’une évaluation objective d’éventuelles disparités d’attribution de fonds publics de la Région non justifiée par des réalités de terrain ».
De son côté, l’opposition socialiste à la Région annonce saisir officiellement « le PNF (Parquet national financier, ndlr) d’éléments nouveaux et de preuves permettant de corroborer des faits susceptibles d’être qualifiés de détournements de fonds publics. Nous saisissons également la Chambre Régionale des Comptes de ces mêmes faits ».
Du côté du cabinet de Laurent Wauquiez, on adapte la communication à l’interlocuteur. À Médiapart, on fait savoir que « sur l’ensemble du mandat qui s’achève, les politiques de subvention sont équilibrées » et « sans lien avec l’appartenance politique des élus ».
À Tribune de Lyon, c’est l’inverse, la Région dit assumer « totalement le rééquilibrage des aides. Par le passé, la Région n’aidait majoritairement que les communes des métropoles urbaines gérées par les socialistes ».
Dans le Rhône, le variant anglais est désormais largement majoritaire. Le département est un des rares de la région où les hospitalisations continuent d’augmenter comme les admissions en réanimation pour des cas de Covid-19.
La situation à Lyon et dans le Rhône semble ambivalente. Commençons par une certitude : l’épidémie de Covid-19 continue de circuler activement dans le département. Au 5 mars 2021, le taux d’incidence indiquait 231 cas positifs pour 100 000 habitants dans le Rhône (soit près de 5 fois plus que le seuil d’alerte). Le département comme la métropole de Lyon se situent toutefois en-deça de la moyenne nationale.
L’épidémie progresse-t-elle ces derniers jours ? Pas forcément. Malgré un dépistage toujours en progression, le taux d’incidence est resté stable depuis une semaine. Le taux de positivé, lui, est en léger recul.
Dans le Rhône, le variant anglais représente au moins 65% des cas
Et pourtant les variants du virus, notamment celui dit anglais, sont là. Le variant anglais est désormais largement majoritaire dans le Rhône comme dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Décrit comme plus contagieux que la souche originelle, voire plus létal, il continue de progresser depuis le début de l’année.
Depuis lundi 8 mars, nous disposons des données quotidiennes sur les variants.
Que montrent ces données ? Comme l’indiquait Santé Publique France, depuis le début de l’année les variants, et surtout la souche anglaise, sont progressivement devenus majoritaires dans les départements de la région.
Au 7 mars, le variant anglais est ainsi majoritaire dans les échantillons étudiés dans 11 des 12 départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. Seule la Haute-Loire comptait à ce jour plus de cas issus de la souche majoritaire jusqu’ici (l’écart tendant à se réduire toutefois).
Dans le Rhône, le variant anglais représentait au 7 mars sur une semaine au moins 65% des tests PCR positifs testés. La souche « traditionnelle » représentant moins de 20% des cas positifs.
La variant anglais à l’origine de la hausse des hospitalisations dans le Rhône ?
Selon les chiffres de Santé Publique France, le variant anglais aurait pris le dessus sur la souche classique dans le Rhône à partir de mi-février (les données démarrant au 18 février 2021). Ce variant, décrit comme plus contagieux, a-t-il eu des conséquences ?
Une semaine après, à partir du 25 février, les hospitalisations ont commencé à repartir à la hausse dans le département. Les admissions en réanimation pour des cas de Covid-19 augmentant elles depuis globalement depuis mi-janvier.
On serait alors tenté d’y voir une corrélation. Et une explication à la situation de plateau, en place depuis plusieurs semaines. A mesure que le variant anglais prenait le dessus, la souche classique était en perte de vitesse. L’augmentation des cas générés par le premier étant globalement compensée par la diminution de ceux imputés à la seconde. Les courbes se croisaient.
Une corrélation qui pourrait expliquer pourquoi dans le Rhône, alors que l’épidémie ne connaissait pas de rebond brutal, la tension hospitalière continuait malgré tout de rester élevée pour se dégrader encore ces derniers jours.
Une aggravation de l’épidémie à venir dans le Rhône ?
Est-ce à dire alors que le pire est à venir à Lyon et dans le Rhône ? D’autres départements de la région montrent que ce n’est pas forcément une évidence.
Dans le Cantal, par exemple, le variant anglais est quasi hégémonique, représentant au 7 mars 80% des cas positifs testés. Les hospitalisations continuent toutefois de diminuer. Les réanimations y sont faibles même si elles sont en augmentation depuis la fin février. Même évolution ou presque en Savoie et Haute-Savoie, deux autres départements où le variant anglais représente entre 65% et 70% des cas.
Est-ce là les premiers effets de la vaccination ? Le Cantal est un des départements de la région où la couverture vaccinale était la plus forte fin février, notamment pour les personnes les plus âgées. Même si elle reste encore faible, elle était à cette date deux fois supérieure à celle du Rhône par exemple.
Évolution stable en Auvergne-Rhône-Alpes
À l’échelle d’Auvergne-Rhône-Alpes, la situation de l’épidémie semble rester stable. Toujours dans cette tendance ambivalente : taux d’incidence stable, taux de positivé en baisse (avec un dépistage en hausse) et baisse des hospitalisations qui laisseraient penser que l’épidémie décline.
Dans le même temps, les admissions en réanimation ne faiblissent pas ni la pression sur ces services hospitaliers et le taux de reproduction du virus (R0) est repassé au-dessus de 1.
Ce vendredi 5 mars, une dizaine de livreurs se sont rendus au siège lyonnais de la plateforme Uber Eats, avenue Georges Pompidou dans le troisième arrondissement. Majoritairement syndiqués CGT Uber Eats et Deliveroo, ils ont protesté contre les blocages des comptes de livreurs jugés abusifs. Ils répèteront l’action vendredi prochain à partir de 14h30, toujours au siège d’Uber Eats à Lyon.
La CGT livreurs a notamment porté les cas d’une trentaine de blocages de comptes devant les cadres d’Uber Eats. Ludovic Rioux, délégué CGT livreurs considère que ceux-ci ne représentent que “la face émergée de l’iceberg” :
“Ce sont seulement ceux qu’on a rencontrés, ceux qui sont venus vers nous. On n’a pas de visibilité sur la boîte. On pense qu’il y a au moins dix fois plus de blocages qui ont lieu dans le silence et la résignation.”
Pour Elias et Yacine, qui vivaient de leurs revenus de livreurs, la notification du blocage de leur compte est tombée comme un couperet. Yacine a 22 ans. Cela fait presque deux ans qu’il travaille pour Uber Eats.
“C’était il y a un peu plus de deux semaines. J’ai été surpris d’avoir été bloqué par Uber, c’était vraiment du jour au lendemain. Je me suis levé, je me suis mis sur le net pour prendre mes premières commandes de la journée et là j’ai vu que j’étais bloqué.”
« Il n’y a pas de numéro de téléphone pour les travailleurs à Uber Eats »
“Là, je stresse, parce que quand tu te fais bloquer comme ça, tu sais que c’est presque impossible d’avoir une vraie personne au téléphone. Avant, j’étais chez Deliveroo, ils m’ont fait le même coup. Les cadres d’Uber Eats sont injoignables, il n’y a pas de numéro de téléphone pour les travailleurs.”
Capture d’écran d’un livreur Uber Eats bloqué.
La première personne à laquelle pense Yacine est Ludovic Rioux, délégué syndical CGT livreur :
“J’ai tout de suite appelé Ludo. On en a parlé, et j’ai participé à l’action qui a eu lieu vendredi.”
Lors de cette action, Yacine a pu aborder son blocage avec des cadres d’Uber Eats :
“Le soir même j’ai été débloqué.”
« Ce blocage d’Uber Eats m’a saigné à blanc »
Selon Ludovic Rioux, délégué CGT livreurs, ces déblocages à la marge attestent du caractère arbitraire de la fermeture des comptes :
“Cela montre bien que les blocages sont abusifs et injustifiés, sans aucune prise en compte de la perte sèche que représente le temps où les livreurs ne peuvent pas travailler.”
Yacine, faute de moyens, a dû rendre le véhicule qu’il louait pour livrer. Il n’a plus assez d’argent de côté pour payer la caution d’un nouveau. Il a beau avoir été débloqué, il ne peut plus travailler.
“Ce blocage de deux semaines m’a saigné à blanc. J’en ai vraiment assez, ce n’est pas la première fois en plus. Une fois j’ai été bloqué pendant plusieurs jours parce que le robot de reconnaissance faciale d’Uber Eats trouvait que je ne ressemblais pas à mes photos.”
La CGT Uber Eats/Deliveroo Lyon au siège d’Uber, le 5 mars dernier pour demander le déblocage d’une trentaine de livreurs.
Elias a 25 ans. Lui aussi a rejoint Uber Eats après avoir été bloqué arbitrairement par la plateforme Deliveroo. Depuis quelques semaines, son compte de livreur Uber Eats a à son tour été verrouillé sans explication.
“Il y a trop de livreurs, donc Uber Eats propose aux nouveaux livreurs d’être “activés” dès qu’ils en “désactivent” un autre. On est tous sur des sièges éjectables en fait.”
“C’est majoritairement des anciens qui se font virer”
Elias estime avoir laissé à Uber Eats son temps, son argent, et même sa santé :
“Tout est bidon, les raisons pour lesquelles ils te virent, même les assurances auxquelles ils t’obligent à souscrire et qui ne te remboursent rien. Je me suis fait renverser deux fois, la première fois je me suis cassé le coude et la seconde fois l’épaule.”
Il poursuit :
“Non seulement je n’ai eu aucune indemnité mais en plus quand le pompier qui s’est occupé de moi a appelé la plateforme, la seule chose qu’ils voulaient savoir c’est : est-ce que j’allais être capable d’acheminer la livraison.”
Elias s’en va chez un concurrent, sans grand espoir, et avec beaucoup d’amertume :
“C’est un licenciement abusif, ils nous jettent sans souci. C’était mon seul moyen de revenus, j’avais des charges à payer. Quand ils m’ont laissé sans emploi, je me suis retrouvé avec les huissiers aux fesses.”
Elias se console avec les cercles de solidarité qu’il a pu trouver auprès de ses camarades livreurs, eux aussi tour à tour bloqués :
“C’est majoritairement des anciens qui se font virer, c’est ça aussi qui me dégoûte.”
« Les titres de séjours ne peuvent pas être prolongés »
Ludovic Rioux, délégué syndical CGT livreurs, affirme essayer de dialoguer avec Uber Eats depuis plus d’un mois à ce sujet :
“Ils disent “on va discuter”, et puis ils ne répondent plus. Ils disent “on va régler ça” pour montrer patte blanche, et ensuite ils ajoutent “au cas par cas” pour ne pas qu’on ait de vision d’ensemble.”
La CGT UberEats/Deliveroo Lyon au siège d’Uber, le 5 mars dernier pour demander le déblocage d’une trentaine de livreurs. Deux visages ont été anonymisés.
Il ajoute :
“Les cadres de la plateforme refusent les accords écrits, les courriers, tout ce qui peut laisser une trace. Ils ne donnent jamais d’échéance.”
Pour le délégué syndical, les livreurs sont à la merci du froncement de sourcil d’un restaurateur, d’un client, ou de la plateforme :
“Le motif qu’ils invoquent le plus souvent pour fermer un compte c’est “commande frauduleuse” c’est-à-dire quand la commande n’est pas arrivée à bon port. Parfois, les clients déclarent que leur commande n’est pas arrivée, comme ça ils se font rembourser.”
Il énumère :
“Ou alors la notation d’un livreur qui baisse tout d’un coup à la discrétion d’un restaurateur , ou alors ils virent d’après un soupçon de partage de compte… Ou encore, la plateforme Uber Eats n’admet pas que des titres de séjours puissent être prolongés, alors ils ferment tout simplement les comptes.”
Le 5 mars dernier, les cadres d’Uber Eats ont refusé de s’engager à prendre des décisions en faveur des livreurs. Ce vendredi, ceux-ci espèrent au moins obtenir la réhabilitation de la trentaine de livreurs bloqués.
Intrusion dans les locaux
En réponse à notre demande d’entretien, Manon Guignard, porte-parole d’Uber Eats, a envoyé un long mail à Rue89Lyon. Elle a vilipendé la manière dont la CGT-livreurs a tenté de faire valoir ses revendications.
A ce stade, les versions s’opposent complètement :
« Au sujet de l’intrusion : […] L’entrée de nos locaux a été forcée par ce groupe d’individus, blessant également l’agent de sécurité présent sur les lieux. Ces agissements vont à l’encontre de l’exercice légitime d’un droit d’exprimer un désaccord, de manifester ou d’exercer un droit de grève. Nous avons dû faire appel aux forces de l’ordre. »
De même, elle nie l’indisponibilité des cadres d’Uber Eats :
« Nous avons mis en place un cadre de dialogue avec les livreurs et les collectifs. Un référent local propose des rendez-vous réguliers pour échanger avec tous les livreurs qui le souhaitent afin de pouvoir revenir sur tous les sujets qui concernent leur activité […] »
Elle ajoute :
« Les livreurs peuvent également se rapprocher du service support directement depuis leur application s’ils le souhaitent. A Lyon, nous avons échangé à plusieurs reprises avec le groupe affilié à la CGT. »
De plus, selon la porte-parole d’Uber Eats, la société projette des améliorations de son système :
« Nous allons prochainement tester une fonctionnalité sous forme d’un code unique que le client devra partager avec le livreur au moment de la remise de la commande. Cela permettra de garantir que la livraison a bien été effectuée et récupérée. »
Elle affirme qu’une autre fonctionnalité vient d’être mise en place pour éviter les suspensions de compte pour usurpation d’identité considérées comme abusives par les livreurs :
« Nous avons mis en place depuis février 2021 une procédure d’appel qui permet aux livreurs de pouvoir demander à ce que la décision soit revue lorsqu’elle a été prise suite à un signalement de partage de compte. […] Une fois la demande de procédure d’appel engagée, le livreur concerné pourra obtenir un retour sous une semaine. »
« Ils ne voulaient pas nous écouter »
Ludovic Rioux affirme ne pas avoir connaissance de cette procédure pour contester ces suspensions de compte :
« Quand on est bloqués sur l’application on ne peut faire qu’une seule chose : On va sur le bouton « aides » et on clique sur « Je n’arrive pas à me connecter », on écrit un petit message et après on attend qu’une réponse négative ou positive nous arrive. »
Il ajoute :
« C’est quand même fort qu’ils appellent ça une procédure d’appel. Normalement une procédure d’appel c’est devant la justice. Là c’est le même patron qui t’a déjà viré une première fois à qui tu demandes « vous me virez toujours ? ». Ils s’en fichent de toute façon, ils n’ont à se justifier devant personne. »
Questionné à propos de l’accusation de blessure du vigile, Ludovic a exprimé de la surprise :
« Je ne pense pas qu’on l’ait blessé, on l’a poussé pour rentrer et il nous a poussés pour ne pas qu’on entre. A aucun moment nous n’avons essayé de lui faire du mal, on n’est pas stupide. »
Il poursuit :
« Ce n’est pas vrai qu’ils acceptent de nous voir, on est venus en forçant l’entrée parce que justement ils ont refusé toutes nos demandes d’audiences. Et même quand on était là-bas, ils ne voulaient pas écouter nos revendications. »
La CGT Uber Eats/Deliveroo Lyon au siège d’Uber, le 5 mars dernier pour demander le déblocage d’une trentaine de livreurs.
Après les scènes d’émeutes qui se sont déroulées notamment jeudi dernier à la Duchère, une habitante de ce quartier populaire de Lyon a pris la parole sur son blog.
A Rue89Lyon, nous connaissons bien Amaria, le long de reportages sur la Duchère et la rénovation urbaine gigantesque (lire ici et là).
Depuis quatre ans, elle tient un blog « Ma cité vue de l’intérieur », sur les opérations de démolition, les reconstructions, réhabilitations et leurs conséquences sur les habitants.
Elle « souhaite prendre et donner la parole et montrer à [son] échelle la complexité de ce sujet trop souvent simplifié, ignoré ou bâclé », écrit-elle dans son « à propos ».
Amaria a elle-même vécu les galères du relogement, sa barre HLM de la Sauvegarde étant aujourd’hui démolie. À 41 ans, cette mère de trois enfants, vit désormais dans un autre secteur de la Duchère.
Le centre de la Duchère, la troisième colline de Lyon.Photo : LB/Rue89Lyon
« Ce qui se passe à la Duchère : un rideau qui tombe sur une scène qui se gangrène depuis des années »
Amaria s’était tu pendant plusieurs mois. Elle a repris la plume à la suite de ces scènes d’émeutes déclenchées après un accident de scooter dont les circonstances restent indéterminées. Le conducteur, un adolescent de 13 ans, a été grièvement blessé. Une enquête confiée à l’IGPN a été ouverte.
Dans son texte, Amaria essaye de comprendre les « causes profondes » de cette flambée de violence.
« J’écris ce billet pour partager ma tristesse et mon inquiétude devant un tel spectacle de désolation ».
« Aujourd’hui, ce qui se passe à la Duchère n’est qu’un rideau qui tombe sur une scène qui se gangrène depuis bien des années. (…)
L’absence d’inclusion et d’emploi des jeunes et des moins jeunes, voilà les origines du mal et du mal être. Certains critiquent l’uberisation, mais qui donne du travail sans discriminations à nos enfants en dehors d’Uber ? Les jeunes s’y ruent avec dynamisme et engouement.
On ose dire après cela qu’ils sont fainéants et qu’ils ne veulent pas travailler ? Quelle entreprise implantée à la Duchère a employé un Duchèrois ou une personne issue d’un autre QPV (quartier sensible) comme convenu au départ ? »
Elle ajoute :
« Aujourd’hui, c’est la récolte des graines de l’abandon et du mépris de nos besoins plantées jadis que l’on se prend un pleine figure. La solution est simple: Nous avons soif de justice. Les quartiers prioritaires le sont au chômage, à l’exclusion, à la discrimination et à la pauvreté. A l’injustice.
Les milliards [de la rénovation urbaine, ndlr] dont on a tant entendu parler et que l’on nous reprocherait presque d’avoir dilapidé ont été investis dans le bâti au détriment de l’humain. Ni la mixité, ni l’ascension sociales ne sont au rendez-vous. C’est pire qu’avant et ça ne va pas aller en s’améliorant ».