[Série] Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la Loire, sera la candidate d’une liste d’union entre communistes et Insoumis aux régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est la deuxième fois qu’elle mènera une liste au premier pour ces élections. Dans l’espoir d’être en mesure de fusionner avec les autres forces de gauche pour le second tour.
Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la Loire. Photo CC BY-SA 4.0 par PCF Auvergne-Rhône-Alpes via Wikicommons
Le parcours de Cécile Cukierman
Après des études à Paris, Cécile Cukierman obtient son CAPES en 2001. Elle devient professeur d’histoire-géographie par la suite au collège de Roche-la-Molière dans la Loire. Elle y enseignera jusqu’en 2011.
Parallèlement, elle débute très tôt sa carrière politique. Au PCF, naturellement. Son grand-père était le résistant communiste Georges Cukierman. En 2004, elle devient conseillère régionale de Rhône-Alpes (avant la fusion avec l’Auvergne), mandat qu’elle occupe toujours à ce jour. En 2010, réélue au conseil régional, elle devient conseillère spéciale à l’égalité homme-femme. Entre temps, aux municipales de 2008, elle est élue conseillère municipale d’Unieux (Loire) et devient adjointe en charge de la démocratie participative.
En 2011, elle est élue sénatrice de la Loire, à 35 ans. Elle est réélue en 2017. En 2015, elle avait mené la liste communiste (et MRC) aux élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. Avant de fusionner avec celle du socialiste et président sortant Jean-Jack Queyranne, finalement battue par celle de Laurent Wauquiez (LR).
Une sorte de nouveau « Front de Gauche » pour ces régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes
En 2021, elle mènera de nouveau une liste au premier tour des régionales. Cette fois, l’alliance s’est faite avec La France Insoumise (ainsi qu’avec Ensemble ! et Génération Climat). Recréant ainsi une sorte de Front de gauche, la coalition mêlant principalement le Parti Communiste, le Parti de Gauche (composante de l’actuelle France Insoumise).
L’objectif sera d’être en mesure de fusionner au second tour. L’union de la gauche dès le premier tour était souhaitée par une partie des militants des différents partis de gauche, des écologistes aux communistes. Du côté des communistes, la fédération de l’Allier a ainsi décidé de s’unir à la liste socialiste de Najat Vallaud-Belkacem. Cécile Cukierman a parlé de « félonie ».
Programme pour les régionales 2021
Transports
Développer le transport ferroviaire
Gratuité des transports sur le territoire régional
Transition écologique – Alimentation
Soutien de la région à des projets communaux en matière d’énergies renouvelables
Renforcer la qualité alimentaire en soutenant les filières locales
Éducation
Gratuité des repas dans les restaurants scolaires des lycées et des universités
Aménagement du territoire
Aménagement du territoire autour des services publics
Citoyenneté
Co-gestion avec les usagers des politiques régionales
Têtes de listes PCF-LFI par département d’Auvergne-Rhône-Alpes
Ain : Florence PisaniAllier : Marcelle DesjoursArdèche : Vincent DuguaCantal : Carole TouzyDrôme : Olivier CrennIsère : Émilie MarcheLoire : Cécile CukiermanHaute-Loire : Guy RichardPuy-de-Dôme : Boris BouchetMétropole de Lyon : Farouk AbabsaRhône : Jérémy MartinezSavoie : Sébastien PointetHaute-Savoie : Magali Romaggi
A Lyon, le collectif contre la loi « sécurité globale » a compilé les nombreux éléments qu’il considère comme anticonstitutionnels de la loi. En espérant que ce dossier pèse dans la décision du Conseil constitutionnel, saisi par des députés le 21 avril et qui doit donner sa réponse dans un mois.
TNP de Villeurbanne, le 22 avril 2021Photo : OM/Rue89Lyon
« Mais notre règne arrivera / Quand votre règne finira / Nous tisserons le linceul du vieux monde / Car on entend déjà la tempête qui gronde / C’est nous les canuts / Nous sommes tout nus. »
Le Chant des Canuts, bien connu à Lyon, résonne sur la place Lazare-Goujon. Au pied du TNP de Villeurbanne, occupé depuis plus d’un mois par des professionnels du spectacle, une dizaine de personnes sont réunies ce jeudi 22 avril pour faire entendre leurs revendications. Professionnels de la culture, Gilets jaunes, syndicats de journaliste ou encore Ligue des Droits de l’Homme, tous se sont regroupés pour s’opposer à la loi « sécurité globale ». Celle-ci a été définitivement adoptée le jeudi 15 avril par l’Assemblée nationale. A Lyon comme dans une vingtaine de villes françaises, des collectifs s’organisent pour lui barrer la route.
A Lyon, Marianne et Gnafron en tête de la contestation contre la loi « sécurité globale »
En haut des marches du TNP, une jeune femme déguisée en Marianne, longue robe claire et bonnet phrygien sur la tête, s’empare du micro :
Avec cette nouvelle loi dite « de sécurité globale », Marianne formule la crainte générale des personnes présentes : une dérive autoritaire du pouvoir vers le « totalitarisme ». Le mot est lâché, ponctué de sifflets et d’applaudissements enthousiastes. A Lyon, les manifestations contre cette loi se sont succédé depuis la première mobilisation, le 17 novembre 2020.
TNP de Villeurbanne, le 22 avril 2021Photo : OM/Rue89Lyon
Face à Marianne, une marionnette du célèbre Gnafron surgit, pour annoncer la suite des événements. Dans une vingtaine de villes françaises – dont Lyon, Rennes ou Toulouse par exemple – les collectifs contre la loi font remonter aux députés les points qui leur semblent les plus problématiques dans cette loi. Une manière d’apporter leur pierre à l’édifice et de muscler la saisine du Conseil constitutionnelle en date du 21 avril. D’après Gnafron, le problème est simple : la loi « sécurité globale » va à l’encontre de la Constitution française.
Une loi anticonstitutionnelle sur le fond ?
Devant le TNP, Gnafron pointe du doigt pour commencer l’un des rapporteurs de la loi « sécurité globale », Jean-Michel Fauvergue. Député LREM de la 8ème circonscription de Seine-et-Marne, ancien patron du RAID, l’homme est également propriétaire d’une société de formation dans le domaine de la sécurité comme l’a révélé la lettre A. Or, la loi dite « de sécurité globale » fait la part belle à la sécurité privée, justement. Pour Gnafron, il s’agit clairement d’un conflit d’intérêt.
Appuyé par Marianne, Gnafron s’époumone maintenant sur le recours aux technologies de surveillance de masse, facilité par la loi en question. A commencer par la vidéosurveillance, testée de manière expérimentale par la SNCF et qui serait étendue aux transports en commun. Les chambres d’isolement des Centres de rétention administrative (CRA) pourraient elle aussi être placées sous vidéo-surveillance, 24h sur 24h et sur simple décision du chef de service.
Quant aux drones, qui inquiètent particulièrement Marianne :
« Ils vont pouvoir entrer par ma fenêtre et savoir avec qui couche la République ?! »
En théorie, non. Dans la pratique, l’encadrement de ces nouvelles technologies semble léger, prévient Georges Mounier, de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) :
« Sur les drones, les garanties du respect de la vie privée et de l’inviolabilité du domicile sont factices. Il y a aussi le problème des caméras mobiles, dans les hélicoptères, les voitures ou les caméras-piétons. Avec cette loi, leur flux sera retransmis en direct aux forces de l’ordre. Ce qui nous fait peur, c’est que ce soit le début d’un contrôle biométrique, avec plus tard un contrôle facile comme c’est le cas en Chine. »
Une loi anticonstitutionnelle sur la forme aussi ?
Il n’y a pas que le contenu de la loi qui pose problème. La manière dont la loi a été élaborée et proposée est, elle aussi, contraire à la Constitution, affirme Alexandre Buisine, du Syndicat national des journalistes (SNJ) :
« Il y a un problème vis-à-vis de la séparation des pouvoirs. Une proposition de loi est censée être d’origine parlementaire mais on a vu que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a très largement inspiré celle-ci. »
Les députés ont saisi le Conseil constitutionnel le 21 avril pour que ce dernier se prononce sur la conformité ou non de cette loi à la Constitution française. Devant le TNP de Villeurbanne, les militants espèrent que leurs contributions donneront du poids à cette saisine. Réponse dans un mois.
Ce vendredi 23 avril, une manifestation est prévue à 11h30 au départ du TNP occupé de Villeurbanne pour protester contre la réforme de l’assurance-chômage.
A l’initiative de cette manifestation lyonnaise, on trouve toujours le collectif Occupons 69 regroupant les personnes qui occupent le TNP de Villeurbanne depuis plus d’un mois. Les co-signataires de l’appel sont nombreux : les syndicats Solidaires, CGT mais aussi Alternatiba/ANV Rhône, des Gilets jaunes ou encore ATTAC Rhône.
Classiquement, le cortège partira du TNP occupé de Villeurbanne, place Lazare-Goujon et s’achèvera devant l’Opéra, également occupé, situé place de la Comédie (Lyon 1er).
Dès 10h30 devant le TNP de Villeurbanne deux concerts sont prévus : un premier « percussif » par les techniciens du spectacle du Tarn, nommé Flight Case on Tour, puis par un musicien lyonnais : Théo Charaf (folk-blues acoustique).
Réforme de l’assurance-chômage : “une attaque contre toutes les personnes précaires”
Dans leur communiqué, les organisateurs de la manifestation dénoncent une « précarisation massive » que porte cette réforme de l’assurance-chômage :
“Les différentes catégories et situations sociales visées sont nombreuses : intérim, personnes handicapées, stage, travail saisonnier, études, service civique, CDD de très courte durée, temps partiels (très majoritairement occupés par des femmes).”
Une première manifestation contre la réforme de l’assurance-chômage organisée par ce même collectif avait eu lieu le 7 avril dernier. Le TNP occupé de Villeurbanne est aussi à l’origine d’autres événements plus artistiques pour protester contre cette réforme, tel qu’un Marathon de danse.
Les danseurs marathoniens, pour les un mois d’occupation du TNP, à Villeurbanne et contre la réforme de l’assurance-chômagePhoto : LS/Rue89Lyon
[Série] Fabienne Grébert a été désignée candidate écologiste pour les élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. Faute d’union de la gauche dès le premier tour elle pourrait être l’adversaire (en plus probablement du RN) de Laurent Wauquiez au second tour.
Fabienne Grébert, tête de liste écologiste aux régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, lors d’un point presse devant le siège du conseil à régional à Lyon. Photo PL/Rue89Lyon
Le parcours de Fabienne Grébert
Diplômée de Science Po Lyon et de l’IAE de Chambéry (où elle est actuellement maîtresse de conférences associée), elle commence sa carrière dans la publicité et le marketing. Elle est devenue par la suite consultante spécialisée dans les transitions écologiques des entreprises.
Fabienne Grébert n’est pas issue d’Europe Écologie – Les Verts (EELV). Elle vient de Nouvelle Donne, un parti de gauche fondé en 2014 par l’ancien socialiste Pierre Larrouturou. Un parti notamment favorable à une réduction du temps de travail qui regroupe anciens militants du PS, d’EELV ou encore du Front de Gauche (alliance du Parti de Gauche et du PC). Un parti qui au gré des élections et des choix locaux, est un partenaire de ces formations de gauche.
Fabienne Grébert, élue conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2015 sur une liste d’union avec les écologistes et le Front de Gauche devient la première élue du parti sous l’étiquette Nouvelle Donne. Elle préside le groupe des élus du Rassemblement Citoyen Écologique et Solidaire (élus écologistes et de LFI) au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.
La désignation de Fabienne Grébert
Les militant·es écologistes ont préféré Fabienne Grébert à Maud Tavel. L’adjointe d’Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, qui est elle issue des rangs d’EELV. La désignation d’une candidate issue d’un partenaire n’a pas été évidente. Un recours a été déposé pour contester le processus de désignation. Elle n’a par ailleurs pas vraiment reçu de soutien massif de Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon. Qui lui préférait Maud Tavel. Benoît Hamon (Génération.s) et Delphine Batho (Génération Écologie) sont déjà venus la soutenir.
Éric Piolle au soutien de la candidate écologiste aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Fabienne Grébert est partie tôt en campagne. Le camp écologiste, dans la logique de sa stratégie aux élections locales de 2020, n’ayant pas vraiment montré d’envie débordante de faire l’union de la gauche le plus tôt possible. Elle mène depuis une campagne de terrain active. Pour l’heure, les sondages laissent peu d’espoir face au président sortant Laurent Wauquiez (LR). Les écologistes espèrent toutefois faire fructifier leurs bons résultats aux élections locales de 2020. En Auvergne Rhône-Alpes, ils avaient remporté la Métropole de Lyon, les mairies de Lyon et Annecy notamment et conservé la ville de Grenoble.
D’ailleurs, Éric Piolle le maire de Grenoble a annoncé qu’il serait présent sur la liste écologiste en Isère. En dernière position, non éligible, probablement. Officiellement, sa candidature se veut une promotion pour ces élections régionales, perdues au milieu des thématiques nationales qui se mettent en place en vue de la présidentielle de 2022. Une élection à laquelle il semble penser lui qui sillonne la France. Sa présence pourrait servir ses intérêts comme ceux de Fabienne Grébert en lui apportant davantage d’exposition.
Programme de Fabienne Grébert pour les régionales 2021
Transition écologique – Économie
3,6 milliards d’euros pour une « transition écologique et solidaire » avec 100 000 emplois espérés dans les filières du bois, des énergies renouvelables, du vélo
Création de deux nouveaux parcs naturels régionaux. Objectif de 8 millions d’arbres plantés
Soutien à l’agroforesterie et lutte contre l’artificialisation des sols
Objectif d’aide à la rénovation énergétique de 500 000 logements
Transports
Rénovation de lignes de TER et créations de nouvelles
Services de transport à la demande dans des territoires enclavés
RER métropolitains autour des grandes agglomérations
400 millions d’euros pour un plan vélo régional
Formation professionnelle
Plan de formation professionnelle en direction de métiers « non délocalisables » notamment dans l’économie sociale et solidaire, l’agriculture biologique
Emploi – Solidarité
Revenu d’autonomie expérimenté pour les 18-25 ans
Éducation – Citoyenneté
Rénovation énergétique de 576 lycées
Création d’une convention citoyenne régionale de la transition écologique pour évaluer le bilan et l’impact de la Région
Têtes de listes écologistes aux régionales par département d’Auvergne-Rhône-Alpes
À Lissieu, au nord de Lyon, l’abattage d’une centaine d’arbres dans le bois de Montvallon n’est pas passé inaperçu. Ces chênes âgés de 100 à 120 ans se trouvaient sur un espace boisé classé de près d’un hectare. Si des riverain·es s’indignent, parlant de « carnage » écologique, le propriétaire assure avoir tout fait dans les règles. Ce dernier a notamment sollicité la Métropole de Lyon, dirigée par les écologistes, qui a rendu un avis favorable.
« C’est un carnage ! Quand on vient ici, on se demande ce qu’il s’est passé. On dirait que la forêt a été frappée par un ouragan, ou des obus. »
Gregory Dufour est dépité. Ce père de famille habite Lissieu, petite commune de 3 000 habitant·es dans le nord-ouest de la Métropole de Lyon. Situé à 20 mètres de sa maison, le bois de Montvallon a été rasé il y a quelques semaines, en mars.
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Après les déclarations de pré-campagne électorale d’Emmanuel Macron, la préfecture du Rhône et de la région a annoncé ce mardi 20 avril l’arrivée de 144 policiers supplémentaires en 2021 pour la Métropole de Lyon.
Ces derniers mois, les soirées ont été émaillées de scènes d’émeutes dans différents quartiers de la métropole de Lyon. Récemment, la commune de Rillieux-la-Pape et le quartier de la Duchère ont connu des violences suite au grave accident de scooter d’un adolescent. Certain·es habitant·es accusent toujours la police d’être impliquée dans l’histoire.
En réponse aux feux d’artifice et incendies de véhicules, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la couleur ce dimanche 18 avril dans un entretien accordé au Figaro : en 2022, il y aura « plus de bleu sur le terrain ». Précisément, à un an des élections présidentielles, Emmanuel Macron a confirmé son objectif de 10 000 policiers supplémentaires sur le territoire national d’ici 2022.
144 policiers supplémentaires pour la métropole de Lyon
Déclinant la communication présidentielle, la préfecture du Rhône a détaillé ce mardi 20 avril les nouveaux effectifs attendus pour la métropole de Lyon. Au total, 144 postes supplémentaires sont prévus : 135 pour Lyon et alentours ainsi que 9 autres pour le territoire de Givors et Grigny.
Dans la métropole, la répartition de ces nouveaux effectifs ne sera connue qu’ultérieurement, mais la préfecture a d’ores et déjà précisé que sur les 135 policiers annoncés, il y en aurait 25 pour Vaulx-en-Velin et 10 pour Rillieux-la-Pape. Les autres communes concernées sont celles de Lyon, Bron, Caluire-et-Cuire, Chassieu, Décines-Charpieu, Ecully, Feyzin, La Mulatière, Meyzieu, Oullins, Pierre-Bénite, Sainte-Foy-lès-Lyon, Saint-Fons, Saint-Priest, Vénissieux et Villeurbanne.
En 2021, ce sont 144 policiers supplémentaires qui seront affectés dans la métropole de #Lyon, dont : 🔵 25 pour le #QRR de @vaulxenvelin69 🔵 10 pour le #QRR de #Rillieux 🔵 9 pour le secteur Givors/Grigny https://t.co/Y815im7cYj
— Préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) April 20, 2021
Vaulx-en-Velin et Rillieux-la-Pape classés « quartiers de reconquête républicaine » en janvier
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé ces nouveaux effectifs dans les deux communes dès la fin janvier. Depuis le début de l’année, Vaulx-en-Velin et Rillieux-la-Pape ont en effet été étiquetés « Quartiers de reconquête républicaine » (QRR). Plus précisément, ce sont les quartiers du Mas du Taureau pour Vaulx-en-Velin et la Ville Nouvelle pour Rillieux-la-Pape qui sont concernés. C’est également le cas de huit autres communes françaises dont La Ricamarie, vers Saint-Etienne, et Annemasse.
Mais de quoi parle-t-on ? La définition de « quartiers de reconquête républicaine » a suivi la mise en place de la police de sécurité du quotidien (PSQ). Cette dernière a été annoncée par Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur à l’époque, début 2018 et expérimentée dans plusieurs quartiers de grandes villes françaises, dont le 8ème arrondissement de Lyon puis les Minguettes, à Vénissieux, l’année suivante. Dans ces « quartiers de reconquête républicaine » donc, les effectifs de police sont renforcés pour « une action accrue contre les trafics et une nouvelle relation à la population », d’après le ministère de l’Intérieur.
Ce classement d’une partie de Vaulx-en-Velin et de Rillieux-la-Pape s’est fait dans le cadre de la troisième vague de nomination de « quartiers de reconquête républicaine ». La première vague, en 2018, a concerné 15 quartiers qui ont vu leurs effectifs de police renforcés. Ils ont été suivis par 17 autres en 2019 (dont plusieurs à L’Isle-d’Abeau, La Verpillère, Villefontaine et Grenoble) puis par 7 autres (à Vaulx-en-Velin et Rillieux-la-Pape notamment) en janvier dernier.
[Série] Présentation des candidats aux élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de François Hollande a débuté son parcours politique à Lyon. Elle sera la candidate du Parti Socialiste aux régionales. Faute d’accord avec les Verts notamment.
Le 16/04/2021 à Villeurbanne (69), Najat Vallaud-Belkacem, candidate à aux élections régionales de juin 2021, rencontre les membres de l’association Vitacolo. Photo Houcine Haddouche/Rue89Lyon
Le parcours de Najat Vallaud-Belkacem
Née au Maroc, elle arrive en France à 5 ans. Elle grandit notamment dans la Somme. Plus tard, à Sciences Po Paris elle rencontre celle qui deviendra la femme de Gérard Collomb, Caroline Collomb. Si elle commence sa carrière professionnelle en tant que juriste, c’est donc par son entremise qu’elle contribuera au démarrage de sa carrière politique à Lyon et dans la région. Elle entre au Parti Socialiste et devient conseillère auprès de Gérard Colomb, devenu maire de Lyon en 2001.
Son premier mandat, elle l’obtient justement à des élections régionales. Celles de 2004, sur la liste du socialiste Jean-Jack Queyranne. Elle deviendra ensuite conseillère municipale de Lyon (et adjointe de Gérard Collomb) ainsi que conseillère départementale du Rhône jusqu’à son entrée au gouvernement (sans toutefois renoncer à ses indemnités).
Après avoir été porte-parole de Ségolène Royal en 2007, elle l’est avec plus de succès en 2012 auprès de François Hollande. Elle sera ministre durant tout son mandat. Ministre du droit des femmes, de l’égalité, de la Jeunesse et des Sports puis ministre de l’Éducation nationale.
En 2017, au moment de la débâcle du Parti Socialiste à l’élection présidentielle, elle se présente aux législatives à Villeurbanne, bastion socialiste. Elle sera aussi emportée par la vague de La République en Marche et perdra face au novice Bruno Bonnell. Qu’elle retrouve lors de ces élections régionales 2021. Figure appréciée chez les militants socialistes, elle ne briguera pas la tête de son parti dans cette période délicate. Sans mandat, elle travaille alors dans l’édition chez Fayard. Puis à l’institut de sondage Ipsos et elle devient par la suite directrice France de l’ONG contre la pauvreté One, fondée par le chanteur Bono du groupe U2.
Les régionales 2021 marquent donc son retour en politique. Avant de choisir de revenir en Auvergne-Rhône-Alpes, elle a aussi lorgné un temps sur l’Île-de-France.
Son investiture et l’absence d’union de la gauche
Sa candidature et son départ en campagne marquent l’échec de l’union de la gauche en Auvergne-Rhône-Alpes. Le Parti socialiste et Najat Vallaud-Belkacem ont même proposé qu’elle ne soit pas candidate au profit d’une liste d’union menée par les écologistes. EELV a préféré que les formations de gauche mesurent le rapport de force entre elles au premier tour avant de s’unir au second tour.
Son aura nationale a permis aux socialistes de trouver une figure que personne n’a contesté pour mener cette campagne électorale expresse. Les listes du PS ont déjà obtenu le soutien de plusieurs petits partis de gauche : les Radicaux de Gauche, la Gauche Républicaine et Socialiste, Cap Écologie (fusion de Cap21 et de l’Alliance écologiste indépendante), la Manufacture de la Cité de Renaud Payre, le Parti Communiste de l’Allier (le PCF présentera par ailleurs une liste commune avec LFI) et le Partit Occitan.
Najat Vallaud-Belkacem, ce qu’elle représente
Durant cette période, elle deviendra l’épouvantail pour une partie de la droite réactionnaire et de l’extrême droite. De nombreuses fausses informations circulent sur sa personnes ou son action. Concernant notamment la prétendue théorie du genre à l’école ou sa vraie identité, Claudine Dupont, en faisant circuler une fausse carte d’identité. Des épisodes qui renforceront sa figure auprès des militants socialistes et d’une partie des électeurs de gauche. Mais elle peut apparaître aussi comme un repoussoir pour d’autres, déçus ou mécontents du quinquennat de François Hollande.
Son début de campagne est assez frais. Hésitant sur son point de chute dans un premier temps, elle a par ailleurs tenté avec sa formation une union de la gauche dès le premier tour. Elle est donc apparue ces derniers temps sur le terrain de sujets plus transversaux et souvent des marqueurs de gauche. Comme la laïcité ou la désignation des vaccins comme des biens publics. Depuis l’absence d’accord avec le pôle écologiste, elle a peu à peu débuté sa campagne de terrain.
Les têtes de listes du PS et alliés par département d’Auvergne-Rhône-Alpes
Ain : Florence Blatrix-ContatAllier : Yannick MonnetArdèche : Laurent UghettoCantal : Franck ReyDrôme : Samuel ArnaudIsère : Marie-Noëlle BattistelLoire : Marie-Hélène RiamonHaute-Loire : Laure VillardPuy-de-Dôme : Anna AuboisMétropole de Lyon : Najat Vallaud-BelkacemRhône : Bernard ChaverotSavoie : François CheminHaute-Savoie : Jean-Baptiste Baud
Programme de Najat Vallaud-Belkacem et du PS pour les régionales 2021
Économie – Emploi – Formation professionnelle
Création d’un fonds « Impact Avenir » pour entrer au capital de certaines entreprises
aides aux entreprises conditionnées à l’emploi, la décarbonation et plus value-sociale
emploi des 18-30 ans : Garantir l’accès au 1er emploi pour les 18-30 ans avec le renforcement de la formation professionnelle et en se portant garant et en prenant en charge les coûts de formation, transport ou même logement.
Création d’un revenu socle pour les 18-30 ans
Prêt à taux zéro jusqu’à 50 000 euros
Objectif de 500 000 entrées en formation professionnelle
Création d’une Foncière sociale solidaire régionale pour aider à l’accession à la propriété
Finir la réalisation du Lyon-Turin
Transports
1000 voitures électriques avec chauffeur pour les trajets du quotidien
RER à la Lyonnaise
Prime individuelle pour l’achat d’un vélo électrique ou non
Santé
Recrutement de 1000 soignants pour garantir une accès au soin rapide
Création de 200 maisons de santé
Services publics
création de 1000 comptoirs de solidarité pour regrouper dans les petites villes les services publics, internet, activités associatives et citoyennes
1 000 solutions d’hébergement pour les victimes de violences conjugales
Éducation
Création de 4 nouveaux lycées
Rénovation de 38 lycées
Cantine scolaire dans les lycées en bio
Repas à 1 euro pour les familles modestes
Lycéens équipés en numérique
Création d’un service d’aide à la réussite scolaire et à l’accompagnement pour Parcoursup
Écologie – Développement durable
Aide à la réhabilitation thermique de 100 000 logements
Fonds de réserve pour les aléas climatiques à destination des agriculteurs
Développer les exploitations maraîchères aux abords des grandes villes
Structurer la filière bois régionale
Plan de 2 milliards d’euros pour la transition économique de la montagne
Citoyenneté – Culture
Création du Parlement climatique et social (citoyens, experts et ONG) pour accompagner la transition écologique de la région, installé à Clermont-Ferrand.
150 millions dédiés aux associations
Plan de relance pour la culture
Sécurité
1 000 agents dans une brigade de la sécurité et du civisme autour des lycées pour assuré la sécurité en lien avec la Police nationale et la Police municipale
Plan anti-rodéos pour les villes concernées
Soutien aux polices municipales
Dans une ambiance qui se voulait la plus festive possible, plusieurs centaines d’étudiants ont fait la queue pour bénéficier d’une distribution alimentaire organisée ce samedi 17 avril, au parc Blandan (7ème arrondissement de Lyon). Reportage par temps de Covid.
A 15 heures, au pied de la résidence universitaire Blandan, la queue commence à s’étirer. La file conduit à de nombreux stands de distributions et s’achève sur une odorante paëlla géante.
Sous les tonnelles : des fruits frais, des œufs, des légumes, des boîtes de conserve, des chocolats de marque… Les produits proposés sont pour la plupart issus de dons ou de stocks d’invendus.
La queue a duré toute l’après-midi. Jusqu’à vider tous les stands.Au total, 400 étudiants (selon les organisateurs) ont bénéficié des généreux dons des associations.
Sur une scène improvisée, musiciens et groupes de musique se succèdent pour accompagner les étudiants qui font la queue : les Monada, l’Homme en noir ou encore la Troupe sont régulièrement interrompus par Farid Nasri, président de l’association Ouhlala qui remercie au micro les associations participant à l’événement.
Ouhlala, c’est le nom de l’association qui a mis en place cette distribution pour soutenir les jeunes face à la crise du Covid. Cette structure, qui organise habituellement des ateliers autour de l’humour dans les établissements scolaires, a débuté les distributions à destination des étudiants en décembre 2020. Elle en est à sa 7ème édition. Chacune a un thème. Cette fois-ci, c’est l’Espagne. Tous les participants ont ainsi pu repartir avec une généreuse part de paëlla en plus d’autres produits distribuées par les associations.
Français comme étrangers, à la fac comme en écoles. La population est bigarrée sous le soleil d’avril. Qu’ils soient venus seuls ou à plusieurs, les étudiants ne pas cachent leur plaisir de voir de nouveaux visages. Malgré cela, la plupart d’entre eux ne se départissent pas d’une mine inquiète.
« Je vais vraiment avoir besoin d’argent »
Louise est étudiante en master de mandarin à Lyon 3. C’est la première fois qu’elle se rend à une distribution en faveur des étudiants. Elle en a été informée via les réseaux sociaux.
Louise rencontre des difficultés financières, mais ce n’est pas la seule raison qui l’a aidée à franchir le pas :
“Je suis venue pour la paëlla, on ne va pas se mentir, je n’ai pas souvent l’occasion d’en manger. En plus, là, elle est faite par un restaurateur.”
La jeune étudiante n’a jamais été très riche, mais elle considère que la crise du Covid l’a particulièrement précarisée :
“Le Crous et le Restaurant Universitaire sont bien moins souvent ouverts qu’avant. Je dois faire les courses plus régulièrement, ça me coûte, et c’est parfois très compliqué de joindre les deux bouts avec la bourse qui arrive en retard.”
Louise, étudiante dans la queue pour récupérer des denrées alimentaires.Photo : TG/Rue89Lyon
“Ça m’avait vraiment beaucoup aidée. Quand j’avais encore cours, j’y allais tout le temps.”
Louise cherche activement un job. Elle est fatiguée de compter ses sous et craint le pire pour la suite :
“Je vais vraiment avoir besoin d’argent, pour cet été. Les bourses ne sont pas versées durant les congés estivaux, et je dois faire un stage pour valider mon master. Celui-ci ne sera probablement pas rémunéré. »
L’étudiante appréhende particulièrement les mois de juillet et août.
“Je devrai me nourrir, j’aurai mes abonnements de train, de TCL qui continueront malgré tout, je ne sais pas comment je vais faire.”
Elle craint d’ailleurs de rencontrer des difficultés pour trouver un stage :
“Je recherche dans les ressources humaines ou le marketing. C’est des domaines où il y a beaucoup de demandes de stage et pas beaucoup d’offres…”
Louise considère que cette collecte a particulièrement ensoleillé sa journée, d’une part car elle s’en retourne chez elle les bras plein de denrées alimentaires, mais aussi car elle a rencontré de nouvelles personnes.
> Retrouver le témoignage de Louise et d’autres étudiants dans le reportage vidéo ci-dessous. Par Tao Gassin.
« Nous, les étudiants, sommes tout le temps seuls. Je n’en peux plus »
Marie est étudiante infirmière à l’IFSI Clémenceau de Lyon Sud, à Saint-Genis-Laval. C’est le cocktail précarité et solitude qui rend son quotidien difficile :
“On est tout le temps tout seul, je n’en peux plus.”
Marie a été sollicitée deux fois en tant qu’élève infirmière. Elle a dû prêter main-forte, comme renfort Covid, dans un hôpital. Durant le premier confinement puis une autre fois, plus brève, il y a quelques mois. Au final, c’est uniquement dans ces situations qu’elle a pu entretenir une vie sociale.
“Quand on a été démobilisés, on a été renvoyés en cours, donc devant nos ordinateurs pour les visioconférences, seuls chez nous. ”
Elle ajoute :
“On ne voit plus personne, on reste enfermés chez nous. C’est difficile de garder le contact, même avec les personnes dont on se sent proches.”
Marie, étudiante infirmière est repartie chargée de la distribution alimentaire.Photo : LS/Rue89Lyon
Marie est une habituée des distributions :
« Ce n’est pas la première fois que je viens, ni la dernière ! Les distributions m’aident à finir le mois sereinement. »
En attendant, les évènements comme celui-ci ont un effet positif sur le moral de la jeune femme :
“Je suis contente d’être venue aujourd’hui. On crée du lien, on voit des gens, on peut discuter un petit peu, même de la pluie et du beau temps, il y a des sourires.”
Elle conclut :
“Je souhaite vraiment que la vie sociale reprenne, qu’on puisse s’en sortir.”
« Ça soulage du stress des fins de mois »
Amine a 26 ans et Meryem en a 23. Les deux amis sont étudiants en stratégie commerciale et marketing et viennent du Maroc. Amine raconte :
“On est arrivé en février. Notre formation est financée par une association. On est là pour deux ans d’études.”
Comme pour la plupart des étudiants, le Covid a été synonyme de difficultés financières pour la jeune fille et le jeune homme. Ceux-ci font donc attention à leurs dépenses. :
“Le lait et le jus de fruit ça coûte cher ici. Ce genre d’événement c’est vraiment bien, nous pouvons y manger des produits qu’on n’achète pas d’habitude.”
Amine, étudiant en stratégie commerciale et marketing
Niveau vie sociale, c’est le néant.
“On est arrivés en février, on n’a rencontré personne.”
Meryem et Amine, deux étudiants assis au soleil après avoir récupéré de nombreuses denrées à la distribution alimentaire.Photo : TG/Rue89Lyon
Meryem ajoute :
“Je n’ai rien visité, rien vu de la France. On est chez nous tout le temps, enfermés avec les devoirs. Ce n’est vraiment pas ce qu’on imaginait.”
Amine a eu connaissance de l’événement via un mail de leur école :
“On a discuté un peu avec le staff qui distribue. Ce qui est super bien, c’est surtout la musique, c’est pour ça qu’on profite du soleil pas très loin.”
Amine, étudiant en stratégie commerciale et marketing
Amine et Meryem sont surtout étonnés par le nombre d’aliments qu’on leur a donnés. Le jeune homme montre ses sacs :
“À la base on était venus pour prendre une part de paëlla ! On tient deux semaines facile avec ça. Ces réserves nous soulageront du stress des fins de mois.”
Amine, étudiant en stratégie commerciale et marketing
Meryem ajoute :
“Il y avait tout un circuit avec des gens adorables qui nous disaient qu’on pouvait prendre de tout. On n’avait pas prévu assez de sacs, on a été en acheter à l’extérieur.”
Dans leurs grands sacs de course, on trouve des œufs, de la salade, des boîtes de conserve, des gâteaux, des oranges… et de la paëlla !
Un ramadan de la solitude pour les étudiants musulmans
Meryem et Amine sont assis sur un des bancs du parc Blandan, profitant du soleil avec leurs victuailles. Et contrairement à d’autres étudiants assis plus loin, ils ne grignotent pas.
“On fait le ramadan, on ne peut pas manger là tout de suite, mais ce n’est pas grave, on mangera à la tombée du jour.”
Meryem, étudiante en stratégie commerciale et marketing
Pour Amine le ramadan est particulièrement difficile cette année :
“Le ramadan est déjà fatigant psychologiquement, mais là on ne ne dort vraiment pas assez, on se lève à 5 heures et on a cours à 8 heures. Les nuits sont courtes.”
Farid Nasri vante les mérites des bénévoles présentes à la distribution alimentaire pour les étudiants.Photo : LS/Rue89Lyon
Surtout, la convivialité de la rupture du jeûne est rendue impossible par le couvre-feu. Amine explique :
“Meryem et moi on n’habite pas à côté, nos autres amis qui font le ramadan non plus. On a fait la rupture du jeûne ensemble une seule fois, et on a passé la nuit chez une amie.”
« C’est difficile de se projeter »
Hasnae est dans la même situation que Meryem et Amine. Scolarisée en MBA [master international] à l’IDRAC, une école de commerce lyonnaise, elle est aussi marocaine. Arrivée il y a trois mois, elle jeûne pour le ramadan. Elle quitte l’événement les mains pleines. Elle a préféré capitaliser sur les impérissables, un des sacs qu’elle porte est rempli de pâtes, de riz, de blé. L’autre de bouteilles de lait et de jus d’orange :
“Je mangerai ce soir !”
Pour la jeune fille, les finances vont mal et le moral aussi, même si, comme de nombreux étudiants, elle est gênée d’en parler :
“Je pensais que je pourrais travailler un peu, mais avoir un job étudiant actuellement, c’est mission impossible. C’est difficile de se projeter.”
Elle aimerait partager ses soucis et se changer les idées avec des amis :
“Je n’ai rencontré personne avec qui être ami. Comme tous les cours sont en visioconférence c’est vraiment dur de se faire des copains. Comment suis-je supposée rencontrer qui que ce soit ?”
La longue attente des étudiants pour récupérer des denrées alimentaires, à Lyon 7Photo : LS/Rue89Lyon
La jeune fille avait imaginé son séjour universitaire en France bien différemment :
Anthropocène : phénomène complexe pour désigner une idée assez simple – la Terre est désormais directement affectée par les actions des êtres humains. Comment en parler, comment le figurer, comment le montrer ? Quels outils avons-nous à notre disposition ? Parmi les formats possibles : l’exposition. Comment celle-ci traite ce sujet et en retour comment est-elle impactée par lui ?
Voici ici exceptionnellement deux textes, le premier de Nicola Delon et Julien Choppin (Encore Heureux), Michel Lussault et Valérie Disdier (École urbaine de Lyon); le second de Martin Guinard-Terrin co-curateur des Luma Days à Luma Arles
Énergies Désespoirs, un monde à réparer est un dispositif qui présente des mondes qui s’effondrent et d’autres qui sont reconstruits et réparés collectivement. Cette exposition explore deux versants de notre planète en mouvement : les données scientifiques de l’Anthropocène qui documentent la crise de l’habitabilité de la Terre, et les initiatives contemporaines à différentes échelles qui esquissent une réparation à l’œuvre..
Il reste à construire une nouvelle manière de faire système
Notre époque est trouble, comment y faire face ? Quantité de doutes ne sont plus possibles : le réchauffement, les inégalités, l’épuisement des ressources, la pollution, la disparition de la biodiversité, la pandémie,… tout ce qui nous désespère est documenté, s’appuie sur des données scientifiquement avérées.
Tous ces changements qui remettent en cause l’habitabilité de la Terre ont une origine et une manifestation locales, et c’est tout autant le cas des actions et des expériences constructives. Des énergies sont à l’œuvre partout, à partir de lieux que notre espèce saisit, transforme, organise, invente et installe. Il reste à construire, à partir des lieux-microcosmes, à partir des citoyens, une nouvelle manière de faire système pour que toutes ces énergies locales deviennent le vecteur d’un autre changement global qui sera la réorientation de nos manières d’habiter.
Sur une invitation du Centquatre-Paris, le dispositif spécialement conçu et réalisé pour l’exposition prend la forme d’un ensemble de 120 tableaux grand format peints par l’artiste Bonnefrite. Aux 50 peintures de désespoirs en noir et blanc répondent 50 peintures d’énergies en couleur, disposées dos à dos. Chaque peinture est accompagnée d’un court texte qui complète l’image avec des indications quantitatives et des mises en perspective.
La vision d’un monde qui s’effondre ou se reconstruit
Selon le sens de visite, le visiteur peut avoir la seule vision d’un monde qui s’effondre (changement global, crise climatique, crise de la biodiversité, injustices environnementales, épuisement des ressources, pollutions généralisées) ou au contraire celle d’un monde qui se reconstruit (résistances, relocalisations, coopératives citoyennes, invention et stratégies de basse technologie,…). Ce parti-pris scénographique d’un parcours recto-verso propose d’assumer une ambivalence troublante autour de ce qui nous affecte.
En tant que vecteur d’un imaginaire engagé, ce travail graphique cherche à transmettre une émotion directe, mais aussi une pensée collective. Au sein de cette collection visuelle, sont disséminés des slogans issus des manifestations et des luttes pour le climat. Ils ont été choisis pour leur puissance rhétorique, mais aussi pour leur humour et leur décalage. Ensemble, images et mots se répondent pour traduire une impression lucide à la croisée des intuitions intimes et personnelles face aux grands enjeux politiques d’aujourd’hui.
Par Nicola Delon et Julien Choppin (Encore Heureux), Michel Lussault et Valérie Disdier (École urbaine de Lyon)
Exposition « Énergies Désespoirs, un monde à réparer »
Commissariat et scénographie : Encore Heureux, Nicola Delon et Julien ChoppinCommissariat scientifique : École urbaine de Lyon, Michel Lussault et Valérie DisdierDessins et peintures : Bonnefrite
Exposition du 29 mai au 1er août 2021 au Centquatre-Paris.
La biennale de Taipei a récemment fermé ses portes après avoir accueilli de nombreux spectateurs à Taiwan, qui reste très peu touché par la pandémie. L’exposition a posé une question à ses visiteurs : sur quelle planète vivez-vous ? Alors que la réponse paraît évidente – la Terre ! – ce n’est pas la même chose de vivre comme des Modernes qui utilisent les ressources de six planètes et de vivre dans les limites d’une seule planète, fragile et limitée.
Comme s’il existait plusieurs versions de la Terre
Affiche de la biennale de Taipei 2020 par Lu Liang. DR
Dans un contexte où les démocraties connaissent une montée des populismes et où les dictatures présentent des menaces de plus en plus pressantes, notre hypothèse est que le changement climatique ne sera pas simplement une question parmi d’autres mais risque de réorganiser entièrement les discussions politiques.
En effet, les désaccords sont de plus en plus nombreux sur la manière de garder le monde habitable, non seulement parce que les opinions politiques divergent, mais surtout parce que nous ne semblons pas être d’accord sur ce dont la terre est faite. Certains pensent même aujourd’hui que la Terre est plate !
C’est comme s’il existait plusieurs versions de la Terre, avec des propriétés et des capacités si différentes qu’elles sont comme des planètes distinctes. Leur attraction gravitationnelle influence énormément la façon dont vous vous sentez, la façon dont vous vous comportez et, bien sûr, la façon dont vous prévoyez votre avenir.
Imaginer alors de nouvelles rencontres diplomatiques
Si nous devions présenter brièvement notre planétarium (qui est bien sûr métaphorique), nous pourrions dire qu’il y a la planète de ceux qui veulent continuer à se moderniser sans tenir compte des frontières planétaires (planète GLOBALIZATION). Mais cette planète semble avoir peu d’attrait pour ceux qui se sentent trahis par le système économique actuel et qui ont besoin de se cacher derrière les murs de leur État-nation pour se protéger (planète SÉCURITÉ).
Sans parler de ces quelques privilégiés qui peuvent se permettre de penser qu’ils s’échapperont sur Mars quand la situation tournera mal ici-bas (planète ESCAPE). Cette discussion a lieu alors que le mode de vie sur une planète TERRESTRE, qui pourrait concilier des formes de prospérité tout en restant dans les limites planétaires, reste encore à inventer.
Chacune de ces versions du monde implique un mode de vie différent et une représentation propre, que nous explorons grâce à des artistes, des scientifiques et des militants qui saisissent intuitivement quelque chose de cette situation. Ces derniers nous aident à devenir sensibles à cette étrange situation. Combien d’autres planètes existent dans cette constellation ? Où se trouvent les visiteurs ? Voici les questions qui se posent à l’heure où il est nécessaire de réfléchir à la planète que vous voulez habiter. D’où la nécessité d’inventer une nouvelle configuration pour les discussions politiques entre les habitants de ces différentes planètes, la nécessité d’imaginer de « nouvelles rencontres diplomatiques. »
Par Martin Guinard-Terrin co-curateur des Luma Days à Luma Arles
> Conférence du mercredi 21 avril : « Curateurs de l’anthropocène, de l’art à l’architecture »
Avec :
– Valérie Disdier. Historienne de l’art et urbaniste. Après avoir créé en 2001 et dirigé Archipel Centre De Culture Urbaine (Lyon), elle est, depuis 2018, responsable du pôle programmation et diffusion de l’École urbaine de Lyon. Parmi les formats qu’elle développe, seule ou collectivement depuis une vingtaine d’années, la question de l’exposition est récurrente : Georges Adilon (2001, Rectangle, Lyon), Nouvelles vagues (2007, Archipel, Lyon), Ici et le monde (2009, SAM, Basel), La ville en marchant (2017, Archipel, Lyon), Des Milliers d’Ici (2019, Halles du Faubourg, Lyon), Énergies Désespoir (2021, Centquatre, Paris).
– Martin Guinard-Terrin. Après une formation en arts visuels et en histoire des arts, il a travaillé sur plusieurs projets interdisciplinaires traitant de la mutation écologique. Il a notamment collaboré avec Bruno Latour sur quatre projets internationaux. En 2016, il a co-commandité l’exposition Reset Modernity ! au ZKM. Puis, il a dirigé une plateforme d’ateliers (Reset Modernity ! Shanghai perspective) dans le cadre du 2116, Shanghai Project, dirigé par Hans Ulrich Obrist et Yangwoo Lee. Il a été le commissaire, avec Reza Haeri, d’une itération d’un projet similaire en Iran (Reset Modernity ! Tehran perspective). En parallèle, il travaille sur une autre exposition au ZKM. Il est actuellement co-curateur des Luma Days à Luma Arles
Animation : – Jérémy Cheval : Architecte Urbaniste Ph.D., spécialiste des transformations sociales et spatiales en Chine, il est le coordinateur du Pôle Formation de l’École urbaine de Lyon.