Après l’arrêt de l’Anneau des sciences, la fin du contournement ouest lyonnais (COL) et de son cousin à l’Est, le passage de l’A46 Sud en 2 x 3 voies est le dernier projet autoroutier encore dans les tuyaux. Le 29 juin, la préfecture a lancé une concertation publique sur le projet qui fait le plein des oppositions : chez les anti-autoroute, comme chez les pro-autoroute.
Et c’est (re)parti pour un tour. Le 29 juin, la préfecture du Rhône a annoncé le lancement de la concertation publique sur le passage en 2 x 3 voies de l’A46, au sud de Lyon. Dans ce cadre, plusieurs réunions publiques vont avoir lieu dans les communes concernées. Une est prévue ce mardi 6 juillet au soir, à Bron.
Sorte de contournement Est a minima, pour ses détracteurs, ce projet doit permettre de rajouter deux voies à l’A46 Sud entre Ternay (A7) et Manissieux (A43), soit sur une distance de 20,6 kilomètres. Un aménagement est également prévu au nœud de Manissieux. Coût du projet annoncé : 250 millions d’euros. Les maîtres d’ouvrage ? Vinci, en charge des autoroutes du sud de la France (ASF) et la direction général des infrastructures des transports et de la mer (DGTIM).
Un projet autoroutier porté par ASF prévoit de passer l’A46 Sud sur 2 x 3 voies. Crédit : ASF
Objectif de ce projet autoroutier : fluidifier la circulation à « toutes les échelles » et « participer à trouver une solution de franchissement viable à l’Est de Lyon », selon les termes de la consultation préalable. Un enjeu majeur alors que plusieurs élus de l’Est craignent un report de la circulation d’Ouest en Est, du fait du déclassement de l’ex A6-A7 (aujourd’hui M6-M7).
Problème : ce dernier est (très) loin de faire l’unanimité. Il réussit l’exploit de rassembler l’opposition des écologistes, anti-autoroute, et d’une partie des élus de droite de l’Est lyonnais, à commencer par le maire de Saint-Priest, Gilles Gascon.
Ce dernier plaide toujours pour le développement d’un grand contournement Est pour fluidifier la circulation. Un vieux serpent de mer toujours en panne sèche.
Preuve des tensions liées au projet : une réunion publique n’a pu se tenir, le 1er juillet, du fait de la forte présence d’opposants. Selon la préfecture, ces derniers ont bloqué l’accès à la salle des fêtes.
Une nouvelle réunion publique est prévue à Bron ce mardi 6 juillet.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Le département du Rhône compte 30 aires d’accueil pour les gens du voyage. Déchèterie, autoroute, aéroport… Les lieux d’accueil parlent de la perception que l’on se fait encore de ces populations. Où sont-elles ?
En avril dernier, le juriste William Acker, lui-même voyageur, a publié un livre intitulé « Où sont les gens du voyage ? ». Tout au long des 230 pages de l’ouvrage, il dépeint un tableau sordide des aires d’accueil des voyageurs en France. A côté de déchèteries, asphyxiées par les émanations de l’usine voisine, rendues sourdes par les camions déposant leurs gravas à proximité, toussant à cause de la pollution rejetée par les milliers de voitures qui défilent sur l’autoroute voisine…
Les 30 aires que compte le département du Rhône ne font pas exception à la règle : les gens du voyage se réveillent chaque matin avec une vue imprenable sur l’autoroute, les effluves de la déchèterie voisine ou la bande-son de l’aéroport de Saint-Exupéry. Voire les trois à la fois.
Carte des aires d’accueil des gens du voyage dans le Rhône.
C’est une expression que William Acker a coutume d’utiliser pour résumer la situation française :
« Si tu ne trouves pas l’aire d’accueil, cherche la déchetterie ».
Dans le Rhône, l’adage se vérifie de manière incontestable. Sur les 30 aires d’accueil du département, une dizaine se trouvent à proximité d’une déchèterie ou d’une décharge. En terme de pollution, le Rhône est également servi puisque une dizaine d’aires sont également installées à côté d’autoroutes ou d’aéroports. Quant à celle de Tarare, elle jouit du délicat voisinage de la station d’épuration locale.
Déchèterie, aéroport, autoroute… où sont-elles ?
Pour rendre compte de cet inventaire mené par William Acker, Rue89Lyon vous propose une cartographie des aires d’accueil et de grand passage du Rhône, pour vous donner un aperçu des nuisances auxquelles les gens du voyage sont confrontés chaque jour.
Est-il possible d’améliorer les conditions d’accueil des gens du voyage dans le Rhône, dont on sait qu’elles restent indécentes ? Entretien avec Xavier Pousset, qui fut directeur de l’« Association régionale des Tsiganes et de leurs amis gadjés » (ARTAG) de 2002 à 2019.
L’Association régionale des Tsiganes et de leurs amis gadjés (ARTAG) a été fondée en 1985 à l’initiative d’Anne-Marie Bellon, travailleuse sociale à Villeurbanne. Depuis plus de 30 ans, l’association va à la rencontre des gens du voyage sur les aires d’accueil du Rhône, les accompagne dans leurs démarches et favorise le dialogue avec les « gadjés » (non-voyageurs). Toujours avec le même leitmotiv selon lequel « il n’y aura pas de solutions aux problèmes des gens du voyage sans leur réelle participation ».
Assistant social de formation, Xavier Pousset a été directeur de l’ARTAG de 2002 à 2019. Pour Rue89Lyon, il a accepté de revenir sur la genèse des politiques d’accueil des voyageurs jusqu’au dernier schéma départemental 2019-2025 et sur ce que ces politiques disent de la représentation que nous gardons des voyageurs. Pour lui, dans le Rhône, le problème principal des gens du voyage n’est pas le manque de places dans les aires d’accueil.
Rue89Lyon : Qui sont les gens du voyage ?
Xavier Pousset : Aujourd’hui en France il y a cinq « ethnies » dont quatre ont un tronc commun en Inde. A partir du 7ème siècle, ils ont itinéré tout au long de l’Iran, la Turquie… Un premier regroupement s’est fait dans les pays de l’Est aux alentours de 1400 où ils sont mis en esclavage pour la plupart.
Là vont naître des groupes ethniques au gré des pérégrinations et des lieux de passage. Les Manouches vont plutôt passer par le nord de l’Europe, l’Allemagne ; les Gitans plutôt sur le sud, l’Espagne, l’Afrique du Nord et le sud de la France ; les Sintés vont plutôt passer sur l’Italie, la Suisse ; et les Roms sont beaucoup restés sur les pays de l’Est et certains sont assez présents sur le nord de la France.
La cinquième ethnie, ce sont les Yenisches. L’industrialisation va fixer des gens qui étaient itinérants jusque-là sur un territoire puisque le travail vient à eux. Sont restées itinérantes certaines populations, dont ces ethnies-là.
Comment se sont installées les discriminations à l’égard de ces populations en France ?
On commence à se méfier de ces populations restées itinérantes dès la fin des années 1800. Des lois discriminatoires apparaissent. La loi de 1912 fait apparaître la notion de « nomade ». Ils ont un carnet anthropométrique dit « nomade » qu’ils sont obligés de présenter à l’entrée du village, de faire tamponner à la sortie… Ce sont des gens qui sont extrêmement fichés. Cette loi-là et ce carnet vont servir en 1940 à l’Etat français pour enfermer les gens qui n’avaient pas d’adresse fixe. Ce carnet anthropométrique sera en vigueur jusqu’en 1969 puis remplacé par les carnets et livrets de circulation qui ne seront supprimés qu’en 2017 a l’occasion de loi « Egalité citoyenneté ».
Sont apparus en France tout un tas de terrains dans lesquels ont été enfermés les gens du voyage de 1940 à 1946. Ces gens ont tout perdu. Cet épisode-là a été gommé. On a commencé à faire ressortir ça dans les années 2000-2010. La responsabilité que l’Etat français n’a été reconnue que par François Hollande en 2017. Pour eux, c’est très récent.
« Les résistances, le racisme et le rejet sont tellement forts que très peu d’élus portent la question »
Pour certains voyageurs, les aires d’accueil peuvent faire quasi penser aux camps d’internement nazis ?
L’internement des tsiganes ne relevait exclusivement que de la volonté du gouvernement français. L’arrêté a été pris en avril 1940 soit deux mois avant l’armistice de juin 1940. Ces camps dans laquelle la vie était très très difficile voire mortelle n’avaient pas du tout la même finalité que les camps nazis et demeuraient sous l’entière responsabilité de l’Etat français. Les derniers voyageurs n’ont été libérés qu’en avril 1946, soit un an après l’armistice, sans aucune prise en compte du préjudice subi. Il faudra 70 ans pour qu’un président de la République reconnaisse devant les gens du voyage la responsabilité de l’Etat français, lors de l’inauguration de la stèle sur les ruines du camp d’internement de Montreuil Belley (Maine-et-Loire).
Des gens du voyage toujours vivants aujourd’hui sont nés dans ces terrains d’enfermement. C’est pourquoi je parle de révolution anthropologique. Quand on fait ces aires d’accueil, on ne se rend pas compte de tout ce qu’on touche. Par exemple à Thil, des barbelés ont été installés autour d’une aire de grand passage en mars 2021. Je ne comprends pas pourquoi la commune n’est pas allée demander à l’ARTAG avant de faire ça.
Il y a des aires d’accueil en France avec des miradors. C’est là où le bouquin de William Acker est intéressant. Il met en exergue que même quand on veut apporter une réponse positive en direction de cette population, les résistances, le racisme et le rejet sont tellement forts que très peu d’élus portent la question. Ils essaient de trouver des tas de subterfuges pour ne pas heurter leurs habitants. Au détriment des gens du voyage.
A quand remontent les premières politiques d’accueil des gens du voyage ?
Les premières directives en faveur des gens du voyage apparaissent à la fin des années 50 mais sont très peu suivis des faits. La loi Besson a été écrite en 1990. Simplement, de 1990 à 2000, il y a eu peu de réalisations parce qu’il n’y avait pas un caractère prescriptif et opposable aux communes. Sur le département du Rhône, la seule qui a réagi à cette commande à l’époque, c’est Givors. Dans la loi Besson 2, en 2000, le schéma s’imposait aux communes et l’Etat avait les moyens de se substituer aux communes pour faire ce qu’elles ne voulaient pas réaliser. A partir de 2000, les schémas départementaux ont été beaucoup plus faciles à mettre en place.
« Le département du Rhône a été l’un des départements les plus en avance »
Et dans le Rhône et la métropole de Lyon ?
Dans le Rhône, on a eu la chance d’avoir une configuration institutionnelle et des personnes qui étaient très parties prenantes, je pense au préfet Jean-Pierre Lacroix et à ses sous-préfets François Lalanne et Sébastien Jallet qui ont porté ce dossier-là. Le département suivait, le Grand Lyon aussi, l’ARTAG était partenaire donc totalement associée au mouvement… Entre 2003 et 2008, ça a été une période de construction et d’aménagement. Le département du Rhône a été l’un des départements les plus en avance sur la question des gens du voyage au niveau national. Il l’est encore aujourd’hui.
Le Grand Lyon à l’époque a eu un effet locomotive, Gérard Collomb ayant pris des directives assez sèches par rapport aux communes. La communauté urbaine a porté le schéma départemental pour les communes adhérentes en contrepartie d’une obligation de fourniture le foncier. Gérard Collomb avait mis des conditions qui faisaient que les collectivités avaient tout intérêt à suivre le processus plutôt que se retrouver isolées et tout payer. Le Grand Lyon à l’époque s’occupait de tout, la construction, l’aménagement et la gestion, compétence qu’il assume toujours aujourd’hui.
En même temps que les aires d’accueil, dès le schéma de 2003, on a démarré la construction de l’habitat sédentaire. Des communes ont dû faire les deux : s’occuper des aires d’accueil et de l’habitat sédentaire des gens qui étaient sur leur territoire.
Ces politiques étaient-elles en adéquation avec les besoins des gens du voyage ?
Avant les années 2000, la demande des voyageurs, c’était un terrain pour la famille. Pour eux, les aires d’accueil c’était des terrains sur lesquels ils allaient pouvoir s’arrêter en passant. Ils avaient une vision très schématique et très opérationnelle et efficace. Ils mélangeaient tout de suite itinérance et habitat. Entre 2003 et 2008, ça a été très bien pris en compte et porté par les autorités.
Ça a permis d’éradiquer vers 2017 les derniers bidonvilles de gens du voyage du Rhône. Aujourd’hui, sur le département du Rhône, hormis deux situations qui sont liées à des situations politiques très particulières, tous les bidonvilles où résidaient des gens du voyage depuis des années, des terrains publics qu’ils avaient annexé ou des anciennes aires d’accueil des années 1980 qui avaient mal été gérées et complètement laissées à l’abandon, ont été éradiqués.
Comment ces aires d’accueil ont-elles évolué depuis le début des années 2000 ?
Les aires ont toujours été éloignées parce qu’il a fallu définir du foncier et que les communes ont été beaucoup plus réceptives aux récriminations de leurs habitants qu’aux besoins des gens du voyage. Encore aujourd’hui, existe un rejet extrêmement fort des gens du voyage. Je pense que c’est la population la plus discriminée en France.
Malgré toutes ces difficultés, entre 2000 et 2020, les choses ont progressé. En terme de qualité de vie déjà, sur une aire d’accueil, vous avez l’eau, l’électricité et vous n’êtes pas expulsé le lendemain matin. Ça veut dire que votre espace-temps a changé. Au début des années 2000, l’espace-temps des gens du voyage c’était 24h. Les faire se projeter sur un avenir était surréaliste.
Sur les aires d’accueil, il y a énormément de choses à critiquer, mais il y a eu une nécessaire amélioration des conditions d’habitat des gens du voyage qui leur a été extrêmement profitable. Mais ça a un coût, maintenant ils paient l’eau et l’électricité donc leur économie de survie ne suffit plus.
Comment ces aires d’accueil et logements pour les gens du voyage sont-ils répartis sur le département ?
Sur la métropole de Lyon, le positionnement de Gérard Collomb à l’époque, pour son premier mandat, a fait que le Grand Lyon a pratiquement résolu l’ensemble de ses aires d’accueil. Tandis que dans le département du Rhône, il y a deux points noirs : l’Ozon et Villefranche. Quand je suis parti en 2019, la Communauté de communes du pays de l’Ozon était plus en avance, il y avait quand même une volonté politique de faire. Sur Villefranche, il y a un besoin depuis 2003 mais rien n’a jamais été fait parce que les élus ne tiennent pas leur rôle.
Plus de 100 logements adaptés ont été faits dans le Rhône, à Saint-Priest, Rillieux, Vénissieux, Saint-Genis-Laval… Aujourd’hui, la grosse problématique de l’habitat sédentaire c’est sur le nord du département. C’est l’agglomération de Villefranche qui pose un problème général puisqu’elle n’a rempli aucune obligation depuis le premier schéma de 2003. Elle est totalement en retard.
« Dans le Rhône ou ailleurs concernant les gens du voyage, l’Etat n’a jamais utilisé son pouvoir pour mettre les communes devant leurs responsabilités »
Pourtant l’Etat pouvait forcer les communes à remplir leur obligation…
C’est tout le problème des schémas départementaux et de la politique des gens du voyage : l’Etat n’a jamais utilisé son pouvoir autoritaire pour mettre les communes devant leurs responsabilités.
J’étais plutôt favorable à ça au départ. Compte tenu de la difficulté, de l’exclusion et du racisme que subissent les gens du voyage encore aujourd’hui, y aller par la manière forte n’allait certainement pas faciliter leur inclusion. Pendant 20 ans, j’ai pratiqué et défendu un travail de proximité, auprès des collectivités que ce soit pour la gestion des conflits d’usages, pour l’aménagement et le fonctionnement des aires d’accueil mais aussi des aires de grands passages et la politique de l’habitat sédentaires en associant beaucoup les gens du voyage aux problématiques. Mais le besoin des gens du voyage se site au-delà du stationnement et de l’habitat. Ce besoin nécessite une approche globale peu en phase avec les méthodes des politiques sociales actuelles. Et ça a été une difficulté de la loi Besson : pour beaucoup, répondre aux besoins de stationnement était suffisant pour répondre aux besoins des gens du voyage.
Construire des aires d’accueil n’est pas la solution pour vous ?
On a classé les voyageurs en trois catégories : itinérants, semi-sédentaires ou sédentaires. Or, beaucoup de voyageurs sont les trois à la fois. Je pense qu’aujourd’hui il y a beaucoup trop de places sur les aires d’accueil parce qu’il n’y a pas eu de prise en compte de la sédentarisation ou de la fixation territoriale. Je me rappelle d’une famille près de l’Ain, les grands-parents habitaient une maison, les parents une autre et les petits-enfants avaient repris une caravane. Ils voulaient savoir ce que c’était l’itinérance.
Les gens du voyage ont une défiance naturelle et historique à l’égard de la société, nourrie par ce qu’ils ont subi depuis des dizaines et des dizaines d’années. Par exemple, la construction des aires d’accueil, pour certains voyageurs ça a été la réminiscence des camps d’internement des tsiganes pendant la Seconde guerre mondiale. Des voyageurs m’ont dit « tu te rends compte, ils mettent un portail et quand ils voudront nous enfermer, ils nous enfermeront ».
D’autres ont dit que c’était une restriction des libertés, que sur les communes ils ne pourraient aller que sur l’aire d’accueil et pas ailleurs. Sur une EPCI de 15 communes, s’il y a deux aires d’accueil, ils ne peuvent aller que sur ces deux communes. Ils n’ont pas la même représentation géographique que nous. Pour eux, les limites communales ou départementales, ça ne veut rien dire.
Xavier Pousset, directeur de l’ARTAG dans le Rhône de 2002 à 2019.
Comment faire pour aider les voyageurs qui le souhaitent à se sédentariser ?
Il y a des gens qui sont quasi-sédentaires, qui sont sur les aires d’accueil parce qu’ils n’ont pas d’autres endroits. Dans le schéma départemental, il faudrait mettre en place une MOUS départementale (Maitrise d’œuvre urbaine et sociale) pour traiter deux types de problèmes : la question des gens sédentaires sur des terrains publics ou privés non conformes qu’il ne faut pas laisser dans ces situations, et les gens qui essaient de se sédentariser sur des aires d’accueil en y restant le plus longtemps possible parce qu’ils n’ont pas de lieu où aller.
Toutes les communes du Rhône qui pour le moment n’ont rien fait ou à qui on n’a rien demandé jusqu’à maintenant donneraient du foncier. Ensuite on travaillerait à partir des polygones de vie (zones géographiques de déplacement) des gens du voyage pour déterminer le foncier sur lequel les familles seraient prêtes à aller. Cela soulagerait les communes aujourd’hui porteuses de l’aire d’accueil qui se retrouvent à devoir gérer, seules, des besoins préexistants mais qui apparaissent sur l’aire d’accueil.
On aura moins besoin de places d’aires d’accueil pour les itinérants quand on aura libéré les places de gens qui veulent se sédentariser. Il faut travailler sur l’habitat.
Dans le schéma départemental 2019-2025, la Métropole de Lyon annonce 30 logements adaptés par an. Pensez-vous que ce soit suffisant ?
Trente logements par an, si on se donne six ans, ça fait 180 logements, on aura résolu quand même pas mal de problèmes. La question, c’est où ? Il y a eu un vrai travail des communes sur les aires d’accueil. Toutes les communes de plus de 5000 habitants n’ont pas été obligées de faire des aires parce qu’il n’y avait pas de besoin, où que l’aire de la commune d’à coté suffisait, et ça a été bien accepté.
Simplement, aujourd’hui, ces communes-là qui ont les aires d’accueil, elles ont des gens sur ces aires qui veulent se sédentariser, mais elles peuvent se demander pourquoi ce serait à elles de répondre à cette question de la sédentarisation. Pourquoi pas la commune d’à côté ? Il peut y avoir des conflits.
Que pensez-vous de ce dernier schéma départemental ?
Le schéma départemental actuel me parait récessif. Il semble découvrir des vérités que nous connaissons depuis très longtemps et pour lesquelles les réponses ont du mal à se mettre en place C’est pourquoi je le trouve pour certains domaines pas assez coercitif. Les besoins sont déjà suffisamment clairs et connus notamment par l’ ARTAG qui n’a eu de cesse de faire remonter les informations ces 20 dernières années. Il s’agit d’animer des actions en développant des méthodologies auxquelles les gens du voyage sont associés en tant que partenaires et non pas seulement en termes « d’usagers ».
Le schéma départemental a été fait sur les représentations de la société des gadjés. On fait une commission départementale et puis on nous demande d’amener trois voyageurs pour représenter les gens du voyage du Rhône. Quand on fait une réunion du schéma départemental à la préfecture, ces gens qui n’ont pas du tout ce mode de fonctionnement et qui ont des carences administratives importantes, parfois illettrés, leur participation c’est du flan !
Que pensez-vous de la scolarisation des enfants du voyage ?
Il faut séparer la problématique scolaire en maternelle et élémentaire de celle du second degré. Le monde scolaire a fait beaucoup pour réduire ou supprimer les freins à l’approche du monde scolaire notamment dans le primaire et le préscolaire. Aujourd’hui, la résistance est plutôt du coté des gens du voyage qui ont une perception encore très négative en fonction de leur expérience personnelle souvent difficile en termes d’accueil et de phénomènes de rejet.
Par contre, le second degré conduit inéluctablement beaucoup d’enfants a l’échec scolaire compte tenu des retards accumulés pendant le primaire à cause d’une scolarité encore trop perlée ou bien des représentations du savoir dans le monde des gens du voyage encore trop éloignés des exigences du monde scolaire.
A quel point cette représentation du savoir des gens du voyage diffère-t-elle de celle de l’Education nationale ?
C’est une des questions sur lesquelles l’institution a le plus de mal à se positionner. L’idée, c’est de faire rentrer les gens du voyage dans le monde scolaire. Or, j’ai constaté que le monde scolaire est un monde complètement étranger dans son fonctionnement à la réalité des gens du voyage. Un gamin qui a 9 ans, qui sait à peine lire et écrire, on va le mettre en CM2 parce qu’il a 9 ans. On le conduit à l’échec scolaire. On est dans une représentation selon laquelle les gens du voyage doivent rentrer dans les normes, or on sait qu’ils ont toujours évité de rentrer dans les normes quand ça menaçait leur culture.
Les camions-écoles, par exemple c’était très bien parce que ça pouvait travailler sur l’intérêt de l’accès au savoir pour les gens du voyage. Jusqu’à présent, ils n’avaient pas besoin de l’école pour vivre. Ils ne savaient ni lire ni compter mais ils étaient commerçants, ils faisaient les marchés, la ferraille…
Je pense que la scolarisation des enfants du voyage doit être travaillée avec les parents pour qu’ils aillent vers l’école. Entre ceux qui en ont un très mauvais souvenir et ceux qui ne voient pas bien l’intérêt de l’école dans leur vie d’adulte, il y a tout un travail à faire. Pour que le monde de l’Éducation nationale s’aperçoive aussi que les gens du voyage ont leurs propres représentations du savoir et qu’il faut travailler dessus.
« Ce n’est pas demain que les voyageurs vont rentrer dans le moule ! »
D’une manière générale, comment améliorer la situation des gens du voyage d’après vous ?
La pierre angulaire, c’est le travail de proximité. Pour accompagner les gens du voyage et aussi les collectivités, travailler sur leurs représentations et construire des solutions qui n’existent pas. Ça fait 150 ans que les voyageurs sont comme ça, ça fait 150 que les institutions répondent comme ça. Ce n’est pas demain que les voyageurs vont rentrer dans le moule !
Un des points forts du département du Rhône, ça a été d’inscrire dès le début dans le schéma départemental la nécessité d’une médiation avec les gens du voyage qui a été confiée à l’ARTAG. On va sur les aires d’accueil chaque semaine pour accompagner les gens du voyage dans l’expression de leurs besoins, et aider les collectivités à y répondre. Maintenant, ça commence à se faire dans les autres départements.
Quant au problème de la discrimination, si ce n’est pas porté par le politique, la discrimination continue à se répandre dès qu’elle peut. Je pense qu’aujourd’hui, simplement, nous ne sommes pas assez rigides.
Ce lundi 5 juillet, Grégory Doucet (EELV) a inauguré un nouvel espace au sein du zoo de Lyon : les Forêts d’Asie. La vraie surprise, c’est qu’il l’a fait en présence de l’ancien maire, Gérard Collomb. Le nouvel édile écologiste a annoncé au parc de la Tête d’Or quelques changements -loin des déclarations fracassantes de la campagne municipale. Parmi les annonces : le départ des crocodiles et le non-remplacement du lion à son décès.
Une végétation tropicale, des oiseaux qui tournent au dessus de la tête des visiteurs… Ce lundi 5 juillet, la majorité écologiste a présenté un nouvel espace du zoo du parc de la Tête d’Or de Lyon (lire encadré), intitulé Forêts d’Asie. Ce sont 10 000 végétaux qui ont été plantés pour un nouveau lieu, accueillant des tapirs malais, des gibbons à favoris blancs… Près de 80 nouveaux animaux sont arrivés au parc.
Avant la visite des lieux, une autre faune, plus politique, s’est hâtée de présenter le projet. Comptant dans sa majorité des militants de la cause animale, le maire Grégory Doucet (EELV) était attendu sur le devenir des animaux du zoo de Lyon. Lors de la campagne municipale, la position du candidat écologiste sur son avenir avait provoqué les ires de ses adversaires.
Un tapir malais a été intégré dans cet nouvel espace du zoo du parc de la Tête d’Or à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.
« Les animaux sauvages n’ont pas leur place dans des enclos. Pour autant, nous souhaitons que les Lyonnais, grands Lyonnais et touristes puissent avoir un vrai contact avec une faune qui devrait leur être proche : celle des espèces domestiques (poules, vaches, moutons, chevaux, chèvres ou porcs) », avait déclaré le maire, alors candidat, par communiqué.
Au Zoo de Lyon, Grégory Doucet donne d’abord la parole à Collomb
Un an plus tard, le raz-de-marée semble avoir échaudé les ambitions des écologistes qui ont dans leur gouvernance des militants animalistes. Histoire de ne froisser personne, l’actuel maire Grégory Doucet a donc proposé à son prédécesseur de prendre la parole en premier pour présenter le projet. L’équipe de l’ancien maire Gérard Collomb avait lancé les travaux en 2019.
« Il est important de conserver ce parc. Ce n’est pas seulement un lieu d’attraction pour les Lyonnais, mais aussi pour les habitants de la Région », a sermonné l’ancien maire.
Avec son ancien adjoint, Alain Giordano, ils ont défendu un zoo devant « rester » gratuit, véritable lieu de la préservation de la biodiversité, emboité sur ces points par Grégory Doucet (EELV). Rapidement, le maire actuel est revenu sur l’importance du « bien-être animal » avec son adjoint à la biodiversité, à la nature en ville et à la protection animale, Nicolas Husson.
Gérard Collomb et le maire écologiste Grégory Doucet présentent le nouvel espace de ce zoo de Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon
« Nous avons besoin de prendre soin de notre biodiversité », a déclaré le maire.
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Zoo de Lyon : Gérard Collomb content mais pas trop
Un acte pour améliorer le bien-être animal ? Le décalage du parcours du petit train, afin de préserver la tranquillité des animaux. Un point, a priori anecdotique, qui n’a pas manqué de faire souffler son prédécesseur, Gérard Collomb.
Question bien-être, la taille de l’enclos des panthères de l’Amour va être multipliée par deux. En parallèle, une expertise va également être mené avec l’école VetAgro Sup. Cette dernière sera en charge de « veiller au respect du bien-être des animaux », en opérant des observations régulières.
De même, la Ville doit travailler à la création d’une réserve urbaine de biodiversité européenne. Une manière, pour le maire, de montrer l’importance de protéger des espèces locales au milieu des forêts asiatiques et des plaines africaines. Enfin, en mesure phare, le départ des crocodiles du parc de la Tête d’Or a été annoncé. Ces derniers devraient partir cet été ou au mois de septembre pour le Maroc.
Un communiqué de presse est parti ce lundi soir, du groupe politique d’opposition « Groupe pour Lyon », issu des listes menées par Yann Cucherat et Gérard Collomb. Il met fin à la petite danse commune de l’après-midi. Dans le texte, les élus d’opposition se félicitent de voir naître le projet de l’ancien maire. Mais ils reviennent sur le projet sous-jacent :
« Progressivement, les « grands mammifères » ne seront plus présents au zoo et seront remplacés par des espèces endémiques de l’Europe. Les enfants n’auront donc plus l’occasion d’être sensibilisés aux fragilités des beautés de notre planète et aux enjeux écologiques qui en découlent. »
Entre l’enfermement des grands mammifères et la possibilité de les avoir sous les yeux aisément, les paradigmes s’opposent.
La majorité écologiste reste prudente
Et ensuite ? Alors que les écologistes comptent dans leurs rangs, à la Métropole, la cofondatrice de parti animaliste Nathalie Dehan (EELV), des annonces étaient attendus sur le futur des animaux du parc.
« Nous sommes sur un travail expérimental qui est en train d’être réalisé, annonce Nicolas Husson, adjoint au maire. Certaines espèces vont être amenées à disparaître. Les plus grands spécimens qui ont de moins en moins de place pourraient être concernés. »
La disparition des « grandes espèces » du parc, telles que les girafes, n’est pas prévue tout de suite. Mais le discours tend à préparer les esprits, pour un zoo transfiguré dans un futur plus éloigné.
« Quand il mourra, le lion ne sera pas remplacé par un autre lion », précise l’élu.
Malgré l’irritation de Gérard Collomb alors placé dans le public, cette évolution apparaît, pour l’heure, loin de la révolution annoncée.
Comme un symbole, la présentation du projet s’est tenue devant l’ancien lieu de vie de Baby et Népal, deux éléphants dont le sort avait enflammé la vie politico-médiatique locale et nationale (lire par ailleurs). À l’époque, l’affaire avait suscité des remous sur plusieurs années dont la majorité se serait bien passée. Une prudence qui risque de ne pas convaincre tous les militants de la cause animale. Début juin, une quinzaine d’entre eux ont manifesté contre le zoo du parc de la Tête d’Or.
Le maire écologiste de Lyon reste prudent dans ses annonces sur l’avenir du zoo.Photo : PL/Rue89Lyon.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne, active des leviers « classiques » en matière de sécurité : hausse des effectifs de la police municipale, développement de la vidéosurveillance, mais revendique une politique équilibrée entre répression et prévention. Objectif : obtenir des résultats sur ce terrain sensible qui divise sa majorité de gauche, tout en se démarquant des édiles de droite adeptes d’une politique sécuritaire.
Dès sa prise de fonction, en juillet 2020, une actualité tendue au cœur du quartier du Tonkin a conduit Cédric Van Styvendael, maire (PS) de Villeurbanne à afficher une forme de volontarisme en matière de sécurité, autrement nommée « tranquillité publique » et « lutte contre les incivilités ».
A Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, confronté à l’exaspération d’habitants dans certains quartiers, s’est emparé du dossier de la sécurité. Photo HP/Rue89Lyon
« Dans son numéro d’avril dernier, le journal municipal « Viva » a fait sa une sur la sécurité, accompagnée d’un dossier de six pages consacré à « cette question majeure ».
Jamais on aurait vu ça du temps de [Jean-Paul] Bret qui, à l’instar de toute une génération d’édiles socialistes, a toujours été gêné aux entournures pour traiter cette problématique. »
Elu d’opposition à Villeurbanne, Loïc Chabrier, ex-adjoint PS ayant rejoint La République en marche (LREM), pointe une différence d’approche sur ce terrain sensible entre Jean-Paul Bret, maire PS de Villeurbanne durant près de 20 ans, et son successeur désigné, Cédric Van Styvendael.
« Des questions hystérisées par la droite et l’extrême droite »
Lequel Cédric Van Styvendael, dès sa prise de fonction début juillet 2020, se saisit de cette thématique qui vampirise le débat public (cf le récent scrutin régional). Il s’agit de démontrer que « la gauche ne se défausse pas et peut, en étant à l’écoute des habitants, construire des réponses équilibrées à des questions hystérisées par la droite et l’extrême droite », soutient Cristina Martineau, élue PS et adjointe au maire.
L’actualité de cet été 2020 contraint, il est vrai, le nouveau maire à enfiler sans tarder le bleu de chauffe. Quelques semaines avant son élection, une fusillade a éclaté au niveau de l’arrêt de tram du Tonkin où prospère un des principaux points de deal du secteur. Bilan : 5 blessés.
Parmi les riverains, la stupeur le dispute à la colère. Plusieurs collectifs se constituent pour dénoncer la dérive d’un quartier transformé en haut lieu du trafic de stupéfiants en raison, pour partie, de sa situation géographique « privilégiée » entre le campus de la Doua et le 6e arrondissement de Lyon.
Les habitants somment les pouvoirs publics d’agir pour rétablir la tranquillité publique.
« Un certain laxisme a prévalu pendant le mandat précédent »
Cédric Van Styvendael explique à Rue89Lyon :
« On doit assurer des fondamentaux, ne pas donner un sentiment d’impuissance, sinon il est impossible de construire avec les habitants. »
Cédric Van Styvendael, maire PS
Et de poursuivre :
« En tant que directeur d’Est Métropole Habitat, j’avais alerté Jean-Paul Bret sur une situation dégradée. La campagne électorale a confirmé ce diagnostic. Pour l’opinion publique, le compte n’y était pas.
Afin de relégitimer le travail des élus, on doit assurer des fondamentaux, ne pas donner un sentiment d’impuissance, sinon il est impossible de construire avec les habitants. Une forme d’inaction a cessé en s’appuyant sur un travail partenarial avec un préfet, Pascal Mailhos, qui avait envie de faire bouger les choses. »
Une démarche saluée par Béatrice Vessiller, cheffe de file des écologistes villeurbannais, vice-présidente de la Métropole :
« Un certain laxisme a prévalu pendant le mandat précédent. Il existait de vraies difficultés. Il fallait corriger le tir. »
52 postes, c’est l’effectif théorique de la police municipale. 46 sont actuellement pourvus. L’objectif de la municipalité est de compter 75 policiers municipaux à la fin du mandat (2026). H.P.
La sécurité et la jeunesse : un attelage « singulier »
Avant le scrutin municipal de 2020, Villeurbanne figurait parmi les communes de la Métropole comptant le moins de policiers municipaux. La nouvelle équipe s’emploie, non sans mal, à recoller au peloton et à pourvoir les postes vacants. Un des moyens choisis est de revaloriser le régime indemnitaire des agents afin de ne plus pâtir de la concurrence de collectivités plus attractives.
Yann Crombecque, adjoint délégué à la sécurité, la prévention de la délinquance, la jeunesse et l’éducation populaire (et par ailleurs secrétaire fédéral du PS), fait le compte :
« Aujourd’hui, sur l’effectif théorique de 52 postes, 46 sont pourvus. Nous espérons avoir un service au complet en décembre prochain. D’ici la fin du mandat, en 2026, l’objectif est de compter 75 policiers municipaux, soit une hausse de près de 50% ».
Une délégation dont l’intitulé et les larges contours ont suscité la perplexité.
« La sécurité à Villeurbanne, c’est un job à plein temps », tacle Loïc Chabrier.
« Singulier télescopage entre la sécurité, la jeunesse et l’éducation populaire », estime de son côté un ancien élu PS.
Incivilités : « réduire l’impunité »
En parallèle, Cédric Van Styvendael a signé en février, à titre expérimental, un protocole d’accord avec le procureur de la République afin que les incivilités (tapages nocturnes, entraves à la circulation…) trouvent des réponses judiciaires rapides (dans les 15 jours suivant l’infraction) via le tribunal de proximité (ex-tribunal d’instance).
« Il s’agit de comparutions pédagogiques qui donnent lieu à des rappels à la loi et aux obligations citoyennes, souligne Yann Crombecque. L’auteur des faits reprochés peut être accompagné de ses parents. Nous ne sommes pas dans une vision punitive. »
Dans le même temps, le maire a obtenu une présence renforcée de la police nationale sur le terrain.
« Les interventions et interpellations sont plus fréquentes sur les points de deal, observe-t-il. Ce n’est pas la panacée mais les collectifs d’habitants (Charpennes, Tonkin..) avec lequel nous échangeons régulièrement reconnaissent qu’un travail a été engagé. »
Vidéosurveillance : « passage obligé » pour des moyens humains supplémentaires
Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne, et Yann Crombecque (PS), adjoint à la sécurité. Photo HP/Rue89Lyon
Lors du conseil municipal du lundi 5 juillet, l’extension de la vidéosurveillance intégrée dans le cadre de la PPI (Programmation pluriannuelle des investissements) a fait débat à gauche. Jean-Paul Bret était très réservé quant à l’efficacité de cet outil. Son usage était ainsi limité jusqu’alors sur la ville où sont actuellement recensées 34 implantations dotées chacune de 5 caméras ( 4 fixes et une mobile) pour une centaine de flux vidéo en continu.
« Nous consacrerons 1,6 million d’euros au développement du dispositif afin d’atteindre plus de 300 flux vidéo à la fin du mandat, explique Yann Crombecque. Enregistrer des images sans personne pour les visionner n’avait guère de sens. Depuis quelques jours, deux ASVP (agent de surveillance de la voie publique) sont affectés au centre de supervision urbain (CSU) pour procéder à des vidéo-verbalisations afin de sanctionner notamment les stationnements illicites. Le CSU sera aussi utilisé par la police municipale pour certaines de ses interventions, en lien avec la police nationale. Mais on n’a aucune intention de verser dans Big Brother. »
Une augmentation du nombre de caméras dont la pertinence est contestée dans les rangs de la majorité. A cet égard, Cédric Van Styvendael renvoie à l’accord conclu avec ses partenaires (EELV, LFI, PCF, PRG…) :
« On applique le programme, tout le programme, rien que le programme qui prévoit un déploiement mesuré. La vidéosurveillance n’est ni un totem, ni un tabou. Ce n’est pas l’alpha et l’omega de notre politique mais nous en avons besoin. »
Derrière cette extension programmée se joue un mano a mano entre le maire et le préfet. A l’instar de nombre de ses homologues, le premier sollicite l’Etat afin d’obtenir l’affectation de policiers supplémentaires via en particulier le classement du Tonkin en « quartier de reconquête républicaine ». Le second attend de la Ville qu’elle prenne sa part en développant la vidéosurveillance dont les forces de l’ordre ont, selon lui, besoin dans certains secteurs.
Course à l’échalote ou pragmatisme ?
Davantage de policiers municipaux, davantage de caméras. Pas de quoi satisfaire cet ancien élu PS :
« Mon propos n’est sans doute pas audible au regard des discours sécuritaires qui font florès. Mais s’engager, comme les communes de droite, dans cette course à l’échalote, c’est faire fausse route. Peu à peu, les policiers municipaux réclameront le même statut que les policiers nationaux. La souffrance est bien réelle dans les quartiers mais la sécurité publique relève d’une mission régalienne de l’Etat. S’y substituer, c’est consacrer des moyens dont sera privée la prévention. Les problèmes de sécurité sont corrélés aux inégalités sociales et territoriales. »
A ce discours « old school », Cédric Van Styvendael oppose son pragmatisme mais revendique de marcher sur deux jambes pour assurer la tranquillité publique : répression et prévention. Sur ce second volet, il mentionne le recrutement en cours d’éducateurs (Métropole) et de médiateurs.
Et vient d’organiser, les 3 et 4 juillet, une conférence citoyenne de consensus, « une première en France » au niveau des collectivités locales. L’initiative vise à associer habitants – une vingtaine tirés au sort, issus des conseils de quartier et des centres sociaux – et professionnels à l’élaboration de la stratégie locale de sécurité et de prévention de la délinquance de la Ville. Rue89Lyon les avait rencontrées à l’occasion d’une initiative menée à Vaulx-en-Velin avec citoyens et policiers.
Pas de blabla, assure en substance le maire, soucieux d’explorer de nouvelles voies pour booster la démocratie participative en ces temps d’abstention galopante. Cette coproduction doit déboucher sur une dizaine de propositions d’actions concrètes qui seront présentées aux Villeurbannais et que le conseil municipal intégrera totalement ou partiellement dans sa « politique de gauche » en matière de tranquillité publique.
Sécurité à Villeurbanne : « une légère amélioration depuis un an »
Le collectif d’habitants « Tonkin Pai(x)sible » s’est créé après une fusillade dans le quartier en juin 2020. DR
Tristan Chaigne, membre du collectif d’habitants « Tonkin Pai(x)sible » créé après la fusillade survenu en juin 2020 dans le quartier explique :
« Je réside dans le quartier depuis une dizaine d’années. La situation s’est dégradée au fil du temps. Il y a des points noirs. Rue Jacques Brel par exemple, les riverains subissent la présence permanente de dealers. C’est l’enfer même si la police passe régulièrement.
Avant le scrutin municipal, nous avions rencontré le candidat Cédric Van Styvendael. En tant que directeur d’Est Métropole Habitat, il avait été confronté aux problèmes que nous soulevions. Il nous a donné l’impression de ne pas avoir d’a priori, de ne pas être anti-vidéosurveillance par exemple. Je ne pense pas que le clivage gauche-droite soit pertinent en matière de sécurité. »
Son analyse porte sur la délinquance :
« Les victimes sont aussi ces jeunes qui dealent. Il ne faut pas opposer répression et prévention. Mais le trafic génère tellement d’argent. Quand la police fait tomber une équipe, une autre la remplace aussitôt. Mettre davantage de policiers, de caméras, est-ce que ça suffira pour améliorer sensiblement les choses ?
Depuis un an, on peut dire qu’il y a une légère amélioration. Le maire affiche son dynamisme mais est-ce que derrière ça suit ? Un processus a été enclenché. Nous avons des rencontres régulières avec les autorités : Ville, police, préfecture, procureur de la République. En revanche, avec l’Education nationale, c’est la cata, ce sont les moins réactifs. Pourtant, des dealers squattent à proximité d’écoles du quartier. »
« Agir mais pas à la manière hyper réactionnaire des maires LR à Bron ou Rillieux »
Jacques Vince, conseiller municipal EELV, coprésident du groupe écologiste. DR
Jacques Vince (EELV), co-président du groupe « Les écologistes », inscrit dans la majorité de Cédric Van Styvendael, s’exprime ainsi sur la question :
« On a une vraie difficulté de tranquillité publique sur Villeurbanne dans ce domaine. Il faut répondre à la grogne ou l’exaspération d’habitants mais sûrement pas à la manière hyper réactionnaire des maires LR comme Bréaud (Bron) et Vincendet (Rillieux-la-Pape) qui sont surtout dans la communication. »
Il poursuit :
« Le préfet nous force la main pour le développement de la vidéosurveillance. En contrepartie, nous obtiendrons des moyens humains. C’est le principe de réalité. Notre groupe (13 élus) n’a pas l’intention d’être rigide sur cette question. Des caméras seront installées aux abords des écoles, ce point fait consensus, elles serviront également à développer la vidéoverbalisation et à surveiller des points de deal. La vidéoprotection rassure les gens mais elle ne résout pas grand-chose. Il faudra dresser un bilan.
La présence humaine est essentielle. Voilà pourquoi nous sommes favorables au recrutement de policiers municipaux qui sont devenus la police de proximité. Nous soutenons sans réserve la conférence citoyenne de consensus. Il est sain qu’un outil de démocratie participative permette de plancher sur ce sujet de la sécurité qui exacerbe les passions. »
« Nous sommes contre cette surenchère vers toujours plus de sécuritaire »
Agathe Fort (La France insoumise), adjointe au maire. DR
Agathe Fort, encartée chez La France insoumise, est adjointe au maire. C’est à elle que revient le discours sur le « sécuritaire » :
« Les habitants demandent davantage de sécurité. Nous recevons beaucoup de doléances. C’est une réalité. Pour y répondre, il y a des mesures à court terme. L’installation de caméras en fait partie. Notre groupe (9 élus) est opposée à la vidéosurveillance.
Nous sommes contre ce modèle de société, cette surenchère vers toujours plus de sécuritaire. »
Elle estime que :
« On constate qu’avec l’Etat, c’est donnant-donnant : si vous vous voulez plus de présence humaine (policiers, médiateurs), nous dit en substance le préfet, il faut développer la vidéoprotection sur certains secteurs. La municipalité va s’y plier de manière mesurée. Il est exact que ce déploiement avait été intégré dans l’accord conclu avec Cédric Van Styvendael (PS).
Mais si dans quelque temps, il s’avère que le dispositif n’améliore pas la tranquillité publique, nous demanderons son retrait. La délinquance trouve son origine dans les inégalités, les discriminations. C’est sur ce terrain que nous luttons. Un combat de long terme pour le renforcement des politiques sociales. »
« Le maire marche sur des œufs car sa majorité est divisée sur ces questions »
Jonathan Bocquet (PRG), adjoint au maire :
« La sécurité est une compétence de l’Etat mais ce sont souvent les populations les plus précaires qui subissent les incivilités, la délinquance. Il est donc légitime que la gauche s’en empare. On ne peut s’en laver les mains. Il faut répondre aux attentes des habitants sans déroger à nos valeurs. La vidéoprotection peut être utile. Mais on s’attache d’un autre côté à multiplier les espaces de participation comme c’est le cas avec la conférence citoyenne de consensus. La ville est un laboratoire pour la gauche et on a trouvé un bon équilibre en matière de sécurité. »
Quant à Loïc Chabrier (LREM), conseiller municipal siégeant dans l’opposition :
« Bien sûr le style, le ton ont changé par rapport à Jean-Paul Bret. Mais pour l’heure, je vois surtout de la communication, des poncifs, des généralités dans le discours de Cédric Van Styvendael. Sur le fond, rien de révolutionnaire, d’innovant. Les actions sont classiques. La convention passée avec le parquet a une portée très limitée. Le maire marche sur des œufs car sa majorité est divisée sur ces questions de sécurité. Le PRG est plus proche de notre groupe dans ce domaine que des ‘insoumis’ qui font preuve d’angélisme. »
Voilà tout juste un an, Cédric Van Styvendael était élu maire du bastion socialiste de Villeurbanne, à la tête d’un rassemblement rose-vert-rouge. Ambitieux, le quadra prétend faire de sa ville un laboratoire de la gauche, envisageant de jouer un rôle dans le renouveau du PS. Avant d’accueillir le congrès de son parti en septembre, il recevra, le 12 juillet, Anne Hidalgo, en campagne pré-présidentielle.
Comparaison n’est pas raison, notamment en matière électorale. Mais en découvrant les résultats du premier tour des régionales à Villeurbanne en juin 2021, le socialiste Cédric Van Styvendael, successeur de Jean-Paul Bret (PS) il y a un an, a dû sinon se rengorger, du moins se dire que son parti lui doit une fière chandelle.
Quinze mois plus tôt, au soir du premier tour des municipales, le même écart sépare les deux formations politiques, à la différence près que le PS mène alors la danse. Pour son baptême du feu, Cédric Van Styvendael, 46 ans, jamais élu, jamais candidat jusqu’alors, réussit à devancer la candidate des Verts, Béatrice Vessiller, pourtant solidement implantée dans la deuxième ville de l’agglomération : 33,2% contre 27,4%.
Novice en politique, Cédric Van Styvendael (PS) a été élu maire de Villeurbanne en juin 2020. Photo HP/Rue89Lyon
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[Série] C’est une ferme urbaine en plein cœur de Lyon. Rue Crépet, à Gerland (7ème arr.), des bacs de terres se sont posés sur la Zac des Girondins. Sur ces anciens lieux industriels, les tomates poussent sur le bitume. Une expérimentation d’agriculture urbaine en attendant la construction de 120 logements.
C’est l’un des derniers vestiges de l’époque industrielle du quartier de Gerland. Au centre de la Zac des Girondins, entouré de grues et d’immeubles, la « Halle des Girondins » est plantée au milieu d’une zone en phase de reconversion. Gérée par la coopérative Plateau urbain (lire par ailleurs), cette ancienne fumisterie de 1000 m2 a vu s’installer devant sa porte depuis une ferme urbaine, au cœur de Lyon.
Là, à l’endroit où certains habitants venaient travailler pour l’entreprise de ramonage Maillet, des radis, des courges et des autres légumes se sont mis à pousser.
« Certains habitants nous parlent de l’usine quand ils viennent acheter des légumes », sourit Matthieu Arar.
Ingénieur agronome, ce dernier est en charge de l’exploitation de la ferme urbaine des Girondins, située rue Crépet (Lyon 7ème), pour l’entreprise qu’il a co-fondé : Ma ville verte. En juin 2020, il a posé ses bacs remplis de terreaux pour commencer une activité de maraîchage. Ce mardi de début juin, l’ingénieur, ses stagiaires et un de ses associés sont un peu « dans le rush ». Carottes, oignons, fraises… Ils récoltent les derniers produits pour les vendre directement aux clients, arrivant devant le halle vers 17h.
« Regarde-là celle-ci, elle ressemble à une carotte de Mario ! », plaisante Matthieu Arar.
Deux membres de l’équipe Ma ville verte à la Zac des Girondins de Gerland. Photo PL/Rue89Lyon.
Des plantations dans de grands bacs
Dans sa ferme urbaine, les légumes « originaux » s’exposent sans complexe. Le maraîcher aime à expérimenter des variétés peu connues, quitte à surprendre ses clients. L’an dernier, il avait planté des tomates « monstrueuses », une variété lyonnaise qui peut peser jusqu’à un kilo. « On a pour ambition de faire redécouvrir des variétés locales. », souligne-t-il.
L’équipe travaille ainsi avec le CRBA (Centre de ressources de botanique appliquée) pour tenter des nouvelles choses. Rien que sur les tomates, les agriculteurs plantent une quinzaine de variétés différentes. Autrement dit : il y a du choix.
En ce début juin, la ferme urbaine est en train de changer de couleur. Les derniers légumes d’automnes laissent la place aux poivrons, courgettes, etc.
Impossible en effet de prendre le temps de la dépollution des sols : la ferme est là pour un temps limité. Un projet immobilier mené par Alliade Habitat verra naître en 2024 quelque 120 logements sociaux (lire par ailleurs) dans un ensemble plus large. C’est ce même bailleur qui a financé les installations nécessaires pour la ferme urbaine. En attendant, la Serl, en charge de l’aménagement de l’ensemble de la Zac pour la Métropole de Lyon, laisse le terrain à titre gracieux.
À Lyon-Gerland, une ferme urbaine pour tester de nouvelles techniques agricoles
Pour l’heure, 400 m2 sont exploités par les agriculteurs. À terme, ce chiffre va passer à 600 m2. Sur le sol, du paillage fait frontière avec l’ancien sol pollué. Dans les bacs, on retrouve des déchets, du composte et des terreaux pour permettre aux plants de se développer au mieux. Histoire de ne pas perdre de la place, certains sont plantés dans des bottes de foin faisant frontières entre les bacs.
Ce maraîchage urbain suit les préceptes de l’agriculture bio. Mais le « label AB » ne peut être donné car les plantations ne se sont pas directement en pleine terre.
Manque de foncier oblige : l’objectif est d’avoir des légumes pouvant être plantés et récoltés plusieurs fois par an. Et, pour gagner de la place, les agriculteurs s’amusent à expérimenter toutes sortes de techniques en mêlant, par exemple, des pousses de maïs, d’haricots et de courges.
Les fraisons sont associées à la ciboulette dans la ferme urbaine. Photo PL/Rue89Lyon.
« C’est une technique ancestrale amérindienne, souligne Matthieu Arar. Le maïs sert de « tuteur » [une tige droite sortant du sol permettant de guider le plant] autour duquel les haricots vont venir s’entourer. Ces derniers vont protéger la courge du soleil. »
De même, les fraises et la ciboulette sont plantées ensemble. L’aromatique va ainsi éviter la profusion de la « mouche de la fraise ». Un travail de quasi-ingénierie agricole pour l’agronome. Quand on l’écoute, le lieu prend des airs de grand laboratoire. Importante, la rentabilité économique passe au deuxième plan.
Modèle économique : expérimenter pour mieux développer
Pour les questions économiques, il faut s’adresser à la cousine de Matthieu Arar, Anaïs Jeantet. Tous deux âgés de 35 ans, les cousins ont monté l’entreprise Ma ville verte il y a six ans. Un objectif : rapprocher la ville, dont ils viennent, et la campagne.
Ancienne attachée commerciale, Anaïs est en charge du développement de l’activité. Elle assume le fait que ce modèle économique ne soit pas encore à l’équilibre. « On est pas encore dans de la rentabilité ! » Elle souligne ne pas viser des « marchés de niches » contrairement à certains collègues parisiens cultivant des produits à haute-valeur ajoutée, comme le safran. Tout le quartier doit pouvoir venir se nourrir chez-eux. Pour cela, ils affichent des prix proches de ceux pouvant se retrouver sur les marchés du 7ème arrondissement.
« C’est un lieu d’expérimentation. On veut déjà montrerce qu’on fait ! »
Dans sa bouche, les termes « convivialité », « découverte ludique », « pédagogie » et « lien social » reviennent régulièrement. Des mots importants pour l’entreprise et pour Alliade Habitat. Le bailleur social a souhaité que le jardin permette « d’ouvrir le quartier ». L’idée : brasser les populations et faire découvrir les légumes, et leurs vies, aux citadins.
Pour arriver concrètement à cela, des activités sont organisées. Des visites de site, l’accueil de formations, et même un escape game qui devrait ouvrir début juillet (lire par ailleurs). L’objectif est double : faire découvrir les lieux et équilibrer le modèle économique. Dans le même temps, ils vendent leur production aux restaurants du secteur pour vendre des produits frais.
« Nous travaillons avec trois, quatre restaurateurs, indique Matthieu Arrar. On espère en toucher plus avec la fin du confinement. »
Pour le reste, l’entreprise Ma vie verte équilibre le budget des lieux avec ses autres activités. La structure a créé une quarantaine de jardins collectifs. Elle assure encore la gestion d’une quinzaine d’entre eux.
« Par exemple, on a un jardin de 60 m2 sur l’immeuble de RTE [Réseau de transport électrique] », précise Anaïs Jeantet, en montrant le bâtiment voisine de la Zac des Girondins.
Face à la pénurie de foncier disponible, les toits semblent constituer une réserve inépuisable de place pour l’agriculture urbaine. Or, c’est justement là que les producteurs comptent aller.
L’équipe de Ma ville verte dans la ferme urbaine de la Zac des Girondins. Photo PL/Rue89Lyon.
Prochaine destination : les toits de Lyon
Après la construction des logements de la Zac des Girondins, Ma ville verte prendra de la hauteur. Sur l’îlot 6 du projet immobilier, juste derrière la barrière cachant actuellement les travaux, Alliade habitat veut réaliser une ferme urbaine sur 1000 m2 de toiture.
« Entre les deux projets, il y a une continuité dans le temps, et de l’ancrage », reprend Anaïs Jeantet.
En faisant connaître l’agriculture urbaine via la ferme urbaine éphémère, les maraîchers plantent les graines de leur future production. La surface exploitée devrait être légèrement supérieure avec 600 m2 à l’air libre et 400m2 sous serre.
Reste à savoir si l’exercice sera pérenne. Prudente, Anaïs Jeantet ne veut pas communiquer sur les chiffres liés à la vente de produits. « C’est trop tôt », nous dit-elle. Mais, comme beaucoup de tenants de l’agriculture urbaine, les cousins l’assurent : il y a un marché pour l’agriculture urbaine. « Le problème reste toujours le foncier », commente Matthieu Arar.
Comme leurs confrères du 8e cèdre, les membres de Ma ville verte se montrent confiants. L’entreprise, qui compte aujourd’hui quatre membres, mise sur les projets de restructuration ou l’exploitation de toitures pour continuer cette activité. Différence majeure avec leurs collègues du quartier des États-Unis : ils pourront compter jusqu’à la fin de l’expérimentation sur les travailleurs de la « Halle des Girondins », gérée par Plateau urbain. Cette dernière accueille 19 structures du champ culturel, artistique et social. Un public de choix pour faire vendre des légumes locaux.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Le président de la Métropole, l’écologiste Bruno Bernard, veut verdir la Vallée de la chimie au sud de Lyon. Un pari qui vise à faire de l’une des dix plus grandes plateformes industrielles françaises, « un territoire exemplaire en matière de transition écologique ». Il a affiché cette volonté lors d’une visite presse ce vendredi 2 juillet.
« Aujourd’hui, ce qui est important c’est de réaffirmer le rôle de l’industrie dans la Métropole ».
Le ton est donné. Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard (EELV) qui a lui-même dirigé une entreprise de dépollution, ne dira aucun mal des industriels lors de la visite presse organisée dans la Vallée de la chimie ce vendredi 2 juillet. Alors que la Vallée de la chimie représentait 26% des émissions de CO2 de la métropole en 2020 et que les pollutions sont légion – sans parler des risques technologiques – les écologistes à la tête de la Métropole ne comptent pas se détourner de ce territoire stratégique qui s’étend du 7ème arrondissement de Lyon à Givors et qui regroupe 7 000 établissements et 76 000 emplois.
La zone concentre les efforts et les investissements en matière économique de la Métropole. Une stratégie qui doit être renforcée avec la crise du Covid-19, selon Bruno Bernard. La Vallée de la chimie est présentée comme un atout à exploiter dans la relocalisation des activités industrielles. Pas de dilemme entre industrie et écologie pour la Métropole écolo qui entend faire de la zone « l’Usine énergétique métropolitaine » :
« Un lieu de déploiement de et production d’énergies vertes au service d’une industrie écoresponsable et tournée vers l’avenir », selon le dossier de presse.
Vers des activités plus vertes dans la Vallée de la chimie
« Nous voulons maintenir nos industries tout en les accompagnant vers la sobriété énergétique », poursuit Bruno Bernard.
Il s’agit « d’accélérer le mouvement » tout en enjoignant l’Etat à investir dans les énergies vertes. Plus globalement, 17 Millions d’euros ont ainsi été déboursés par la Métropole pour financer une centaine de projets industriels jugés compatibles avec la transition énergétique. Une politique déjà impulsée sous l’exécutif précédent.
Une démarche de verdissement engagée avant l’arrivée des écologistes
Terenvie est « l’exemple phare ». C’est une des trois entreprises que Bruno Bernard a visitées ce vendredi.
La plateforme située à Feyzin est dédiée à la valorisation des terres issues des travaux du BTP et publics, provenant à 95% de la Région. Ce projet d’économie circulaire est issu de « l’Appel des 30 », émis par la Métropole de Lyon en 2014. Soit bien avant l’arrivée des écologistes à la tête de la Métropole en 2020.
Lancée il y a deux ans, Terenvie a retraité 140 000 tonnes de terres, notamment grâce à la phytoremédiation. Les hydrocarbures polluants sont éliminés via des bactéries produites par des racines de luzernes déposées dans la terre. La terre est ensuite réincorporée en cimenterie ou en remblaiement de carrière. Parmi les objectifs de la plateforme : recycler 70% des déchets du BTP et refertiliser la terre afin qu’elle soit réutilisable pour la végétalisation de la métropole de Lyon.
Le Président de la Métropole de Lyon Bruno Bernard (au centre) prend la pose sur le site de Terenvie dans la Vallée de la chimie le 2 juillet 2021.Photo : ED/Rue89Lyon
« Une prise de conscience des industriels de l’urgence écologique »
Dans cette démarche pour faire verdir leurs activités aux industriels, Bruno Bernard se montre optimiste et évoque « une prise de conscience de l’urgence écologique ». Selon le président de la Métropole, si cette prise de conscience est animée par des convictions environnementales, elle est aussi motivée par des raisons économiques, à savoir l’augmentation progressive du coût des énergies fossiles.
Afin d’attirer de nouvelles entreprises qui souhaiteraient se mettre au vert, la Vallée de la chimie fait l’objet d’importants investissements fonciers. 40 Millions d’euros ont été déboursés par la Métropole en terrains afin d’implanter de nouvelles activités industrielles considérées « vertes ». A l’image du site Symbio qui verra le jour sur 8 hectares d’anciennes friches en 2023. L’entreprise productrice d’hydrogène dédié à la mobilité devrait s’étendre sur 25 000 m2 et produire 20 000 systèmes hydrogènes par an.
Christian Duchêne, maire de Saint-Fons (divers gauche soutenu par EELV), qui était de la visite se montre satisfait. Sa commune accueille une grande partie de la Vallée de la chimie :
« l’implantation de nouvelles industries permet de renouer avec la tradition industrielle de Saint-Fons, de transformer la ville et de créer de nouveaux emplois ».
L’élu pointe néanmoins un paradoxe, renforcé par cette stratégie de revalorisation. A Saint-Fons, ces entreprises à la pointe de la technologie, attirant les chercheurs et les investisseurs, continuent de côtoyer une population confrontées à de nombreuses difficultés sociales et économiques.
Terres excavées traitées afin d’être revalorisées sur la plateforme Terenvie à Feyzin, dans la Vallée de la chimie.Photo : ED/Rue89Lyon
Du 9 au 11 juillet, se tient à Dieulefit (Drôme) les premières rencontres estivales autour de la prison et, plus largement, des questions de privation de liberté (rétention administrative, garde à vue, hospitalisation sous contrainte…). Au menu de Concertina, une programmation éclectique alliant conférences, arts et temps festifs.
La prison qui concerne « en priorité les pauvres et les minorités ethniques » doit faire parler au-delà du cercle des militants anti-carcéraux ou des associations caritatives. C’est en partant du constat que l’enfermement est un enjeu majeur, que les rencontres Concertina ont été pensées.
Pour se retrouver « en physique » et discuter plus généralement des questions de privation de liberté, ont été imaginées des « rencontres estivales » accessibles pour les professionnels comme pour le grand public.
Cette première édition s’étalera du 9 au 11 juillet à Dieulefit, petite ville du sud de la Drôme, « territoire de résistance », là où « nul n’est étranger ».
Au programme de Concertina : des conférences bien sûr dont une discussion entre Jean-Marie Delarue (contrôleur général des lieux de privation de liberté de 2008 à 2014) et l’avocat lyonnais François Saint-Pierre. Dominique Simonnot, actuelle Contrôleur générale sera également présentes le samedi soir.
Parmi les thèmes abordés, on trouve la question d’actualité du Covid-19, abordée sous l’angle du traitement de la surpopulation carcérale, « le degré zéro de la politique », comme est intitulée cette conférence de Damien Scalia, directeur du Centre de recherche en droit pénal de l’Université libre de Bruxelles.
Mais aussi : « À quoi bon la peine ? », « La prison et les présences animales » ou bien encore « un monde sans prison ? »
Outre ces discussions formelles, le public est invité à se retrouver tout le temps de ces rencontres autour d’une buvette pour « tailler une bavette ».
Particularité également de ces rencontres estivales, le mélange d’une programmation académique et de propositions artistiques avec des films, des concerts, des spectacles de rue et des expositions.
C’est le Lyonnais Bernard Bolze, fondateur de l’Observatoire international des prisons et administrateur-fondateur du site d’information Prison insider qui est à l’origine de Concertina. Naturellement, l’association Prison Insider, basée à Lyon, est un partenaire privilégié de ces rencontres.
La démarche est notamment soutenue par la municipalité de Dieulefit et la communauté de communes.
A noter également, un partenariat avec l’École supérieure de journalisme de Montpellier (ESJ-PRO) dont des étudiants vont assurer la couverture de l’événement, notamment en radio.
> Concertina, « rencontres estivales autour des enfermements », du 9 au 11 juillet à Dieulefit (Drôme) Plus d’infos sur le site de Concertina
Prison. Photo d’illustration CC Hedi Benyounes / Unsplash
Une fois de plus, la place Gabriel Péri de la Guillotière et ses alentours incarne l’épine dans le pied des écologistes. Mercredi 30 juin, lors de la réunion publique sur le devenir de ce quartier, l’ambiance a très vite tourné au vinaigre. Récit.
Mercredi 30 juin à 19 heures, la salle Edouard Herriot est bondée au Palais de la Mutualité à la Guillotière (Lyon 7è). De nombreux habitants se sont déplacés pour assister et tenter de participer à la réunion publique organisée par la Ville de Lyon autour du « plan d’actions pour la place du Pont ». La réunion est organisée en partenariat avec la Métropole.
C’est le maire de Lyon Grégory Doucet, qui prend la parole en premier. Son ton est grave :
« Je sais votre attachement au quartier, mais je comprends le sentiment de danger, les nuisances, le fatalisme… parfois même la peur. »
Il aborde ensuite la richesse multiculturelle du quartier. La Ville de Lyon a d’ailleurs réutilisé le vieux nom « place du Pont » plutôt que « place Gabriel Péri » pour communiquer autour de son plan d’actions et insister sur ces racines historiques.
Grégory Doucet insiste sur la volonté de la Ville de ne pas gentrifier cette place.
Le micro est ensuite donné aux deux maires du 7è et du 3è, Fanny Dubot et Véronique Dubois-Bertrand. Elles expliquent certaines plaintes, demandes et idées qui ont émergé des 9 ateliers de consultation menés cette année. Ces thématiques sont regroupées en quatre catégories : « Une place centrale qui relie les quartiers », « Une place investie par et pour les riverains » , « Une place tranquille » et « Un carrefour de la solidarité ».
A la conférence de presse préambulaire à la réunion publique pour la place Gabriel Péri au le Palais de la Mutualité. De gauche à droite : Béatrice Vessiller, vice-présidente de la Métropole, Grégory Doucet, maire de Lyon, Véronique Dubois-Bertrand, maire du 3e et Fanny Dubot, maire du 7ePhoto : LS/Rue89Lyon
L’animateur de la soirée demande de choisir la catégorie que le public souhaite aborder en priorité. C’est la catégorie « Une place tranquille » qui reçoit le plus de votes.
Le maire de Lyon, Grégory Doucet prend donc la parole pour énumérer les dispositifs policiers qui ont été mis en place depuis son élection, tout en listant le nombre d’amendes, d’arrestations et d’interventions policières qui ont été conduites sur la place Gabriel Péri.
« Je veux que ça change sur la place Gabriel Péri »
Une dizaine de minutes après le début de la prise de parole du maire, une voix s’élève du fond du balcon de la salle :
« Je n’en peux peux plus ! Il y en a marre ! C’est un vrai coupe-gorge. Je suis commerçant de la place et je craque. J’ai voté pour vous. Ce n’est même pas que la situation est de pire en pire, c’est que c’est devenu invivable ! »
Un homme interrompt le discours du maire de Lyon, Grégory Doucet en hurlant.Photo : LS/Rue89Lyon
La silhouette qu’on distingue mal vocifère, sa voix déraille. Sur la scène, l’animateur tente de reprendre la parole, Grégory Doucet déclare comprendre et connaître la souffrance qu’exprime l’homme debout sur le balcon, il explique qu’il va préciser les dispositifs mis en place par la ville dans quelques instants. L’homme le coupe :
« On en a marre d’écouter, je veux que ça change, on veut tous que ça change ! »
Une salve de hourras et d’applaudissements accueillent la prise de parole. Grégory Doucet reprend sous quelques huées. Le maire aborde une nouvelle fois le déficit de police nationale à Lyon, ainsi que l’aide de la préfecture pour mener jusqu’à deux interventions par jour pour lutter contre les incivilités et la délinquance :
« Sur un an, 560 procès verbaux ont été dressés pour non-respect des mesures sanitaires, 517 pour stationnements illégaux et il y a eu 86 interpellations sur la place Gabriel Péri. »
Alors une autre voix s’élève, de la fosse cette fois :
« On parle d’un quartier multiculturel depuis le début, mais il n’y a pas de multiculturalité dans la salle, on est entre blancs ! »
L’animateur s’agace :
« On attend la fin de la présentation s’il vous plaît, vous aurez 45 minutes pour parler. »
Un autre voix s’élève encore :
« Pas de censure s’il vous plaît ! »
L’animateur répète alors que les habitants pourront s’exprimer à leur guise durant la deuxième phase de la réunion publique. La salle,prend son mal en patience.
« On veut déplacer la population de la place Gabriel Péri »
Au bout d’une heure et demie de discours et de présentations tenus par Grégory Doucet mais aussi par Béatrice Vessiller, la deuxième vice-présidente de la Métropole de Lyon, chargée de l’urbanisme et du cadre de vie, le débat public débute.
Un homme au premier rang prend le micro et fait une déclaration :
« Moi j’aimerai bien pouvoir acheter du poisson frais et commerce équitable, avoir des magasins zéro déchets. Je trouve que le quartier manque de concept store qui sont à vocation écologique. »
et, ajoute en se tournant vers la foule :
« Les jeunes, est-ce que vous êtes prêts à faire des quartiers verts ? »
Silence. Le maire de Lyon, lui, répond tout sourire :
« Je suis très sensible à ce que vous me dites, on va élargir le trottoir et laisser la place à d’autres types de commerces. »
A la réunion publique pour la place Gabriel Péri, c’est la thématique « une place tranquille » qui l’emportePhoto : LS/Rue89Lyon
Grégory Doucet détaille pendant de longues minutes le projet de diversification des commerces, d’élargissement du trottoir notamment sur le cours Gambetta, en supprimant les places de parking. Il passe ensuite la parole à son adjointe à l’emploi, l’économie durable et locale et l’insertion, Camille Augey qui précise le projet.
Quand l’animateur reprend le micro il annonce :
« On va prendre trois dernières questions en même temps. »
Un grognement de colère parcourt l’assistance. Au final, le débat public aura été bien court.
On donne le micro à une femme :
« Il y a des gens qui ont été mis à l’écart : pourquoi la moitié du quartier n’est pas au courant de cette réunion ? J’ai l’impression que ce plan d’action a été réalisé pour plaire à un certain type de personne et en exclure un autre. On veut déplacer la population, et c’est grave. »
« J’ai peur que la Place du Pont devienne la place Dupont. »
Et l’habitante de déclarer avec ironie :
« Vous êtes écologistes, donc forcément, vous ne pouvez pas être racistes… »
Grégory Doucet et Béatrice Vessiller s’offusquent mais le micro est déjà à un autre habitant : Nourredine, qui déclare être commerçant sur la place depuis 33 ans :
« Le problème, c’est le tramway et le métro. On déplacerait ça de la place Gabriel Péri, ça irait mieux. »
Il veut raconter une histoire qui lui arrive souvent dans son magasin :
« Des jeunes poursuivis par la police viennent régulièrement se cacher dans mon magasin. Alors, quand un policier passe le pas de ma porte, je n’imagine même pas qu’il puisse vouloir m’acheter quelque chose, je demande directement : « vous venez chercher qui ? »»
Mais il se fait couper plusieurs fois pendant son intervention par l’animateur de la réunion :
« Monsieur, il fallait parler pendant les ateliers. »
Et Nourredine de répondre :
« J’ai fait huit ateliers sur les neuf. Maintenant c’est mon moment. »
Micro tendu à quelques habitants lors de la réunion publique pour la place Gabriel Péri au Palais de la Mutualité.Photo : LS/Rue89Lyon
« J’ai peur que la Place du Pont devienne la place Dupont. »
« On ne peut pas se loger dans le quartier »
Un autre homme est interrogé :
« Le problème c’est le marché sauvage, les dealers, les vendeurs de cigarettes. Il faut évacuer tous ces gens, cette population qui rôde au coude à coude. »
Les élus répondent à une question sur deux, Béatrice Vessiller se trompe de droit de préemption et parle du droit de préemption urbain alors qu’il s’agit de celui commercial. Grégory Doucet déclare que la répression ne doit pas être envisagée comme seule réponse :
« Je veux bien envoyer tous les jours des cars de CRS, mais les problèmes seront revenus le lendemain. »
A la conférence de presse avant la réunion publique sur la place Gabriel Péri au le Palais de la Mutualité. De gauche à droite : Béatrice Vessiller, vice-présidente de la Métropole, Grégory Doucet, maire de Lyon, Véronique Dubois-Bertrand, maire du 3e et Fanny Dubot, maire du 7ePhoto : LS/Rue89Lyon
Alors que l’animateur clôt la séance, d’autres voix fusent :
« Ce n’est pas un débat ! »
Ou :
« Vous n’avez donné la parole qu’à une seule femme ! »
Une dernière habitante prend la parole :
« Vous parlez beaucoup de répression, qu’en est-il de la répression des locations Airbnb ? On ne peut pas se loger dans le quartier, l’exemple de la conciergerie Luckey est criant ! »
Grégory Doucet met alors en avant la lutte contre l’habitat insalubre entreprise conjointement avec la Métropole, qui a racheté deux bâtiments rue Paul Bert et rue Moncey pour en faire des immeubles de logements sociaux.
De nombreux habitants ont quitté la réunion la mine soucieuse fâchés. Dans le brouhaha du départ, des critiques fusaient sur la courte durée du débat et les prises de paroles très longues des élus.
Retour sur le plan d’actions pour la place Gabriel Péri
La Ville de Lyon a organisé 9 ateliers de concertation entre janvier et mai 2021. 110 habitants y ont participé, selon la Ville. Chaque atelier avait un thème différent : habitat, bien vivre, hygiène… Le neuvième atelier, ajouté en dernière minute, s’interrogeait sur la place des femmes dans l’espace public. Sur 300 propositions, la Ville en a gardé 50 qui continueront d’être étudiées : des toilettes écologiques aux espaces d’expression participatifs en passant par les festivals de cinéma (lire quelques propositions en encadré).
Grégory Doucet a tout de suite mis en avant trois axes de prise en charge des problématiques de la place : intensifier la présence policière, intensifier la vidéoverbalisation et renforcer l’accompagnement social avec le CCAS.
A propos du marché à la sauvette entre l’arrêt de tram et la bouche de métro, la Ville prône l’accompagnement social comme première réponse à ce « marché de la misère ». Il va aussi être proposé aux vendeurs à la sauvette d’aller vendre leurs marchandises sur une brocante légale organisée une à deux fois par semaine dans la ville. Le lieu n’a pas encore été décidé.
Une maison de projet va être installée dans l’ancien poste de police pour recueillir la parole habitante. Une autre maison, cette fois-ci des services publics sera aussi implantée dans le quartier : elle aura pour but la médiation vers des services de santé et un accompagnement social et professionnel.
Pour ce qui est de l’hygiène, la Ville veut installer des urinoirs écologiques, ce qui a déjà été fait place Raspail, mais cette fois-ci il s’agira de toilettes mixtes installées sur les berges du Rhône.
« Les commerçants prendront sous leur aile les femmes »
A propos de la place des femmes dans l’espace public, Fanny Dubot, la maire du 7è a tenté de modérer ses récentes sorties :
« Il y a des femmes qui se sentent vulnérables et d’autres non sur la place Gabriel Péri. »
Cette phrase a été répétée plusieurs fois par la maire du 7è mais aussi Grégory Doucet.
Le maire et la maire du 7e ont fièrement brandi la solution pour lutter contre le harcèlement de rue, le dispositif « Angela ». Fanny Dubot a déclaré :
« Nous allons demander aux commerçants de protéger les femmes qui se font harceler. »
Gregory Doucet a déclaré quant à lui :
« Les commerçants prendront sous leur aile les femmes qui rencontrent des difficultés. »
Outre des expressions qui interrogent comme « protéger », « prendre sous son aile », des questions se posent sur la mise en pratiques : les commerçants sont-ils d’accord ? Comment faire après minuit ?
Le plan d’action « dessiné par la Ville de Lyon pour la place Gabriel Péri » doit désormais entrer dans une phase de concrétisation.