Pour ce premier article, je vais vous raconter les premiers jours de liberté sous contraintes d’un bracelet électronique. De prime abord c’est un détail mais qui, dans la réalité, complexifie de manière non négligeable une sortie de prison déjà forte en émotion.
Me voilà ici, de retour dans le mouvement du monde, noyée parmi la foule. J’ai le sentiment d’avoir attendu ce moment si longtemps. La sortie, une date gravée et qui, il me semble, sera difficile à oublier. Je crois que l’on rencontre rarement ce type de sentiment : une bouffée d’oxygène si forte qu’il serait possible de s’évanouir. D’autant que j’ai la chance de ne pas vivre cela seule et d’être entourée. Je reste persuadée que cela change beaucoup de choses.
Une liberté sous conditions
J’ai eu la chance d’avoir quelques heures de liberté avant que l’on me pose le bracelet. Il fera de ma vie, une liberté sous conditions. Des heures qui sont mises à profit malgré tout, croyez le bien. Fêter ce jour me semble inévitable. Peut-être aussi pour prendre toute conscience de ce qui est entrain de se passer.
Je pense que je réalise la fin du parcours carcéral davantage dans les yeux de ceux que j’aime qu’en mon fort intérieur pour le moment. La sensation que cela est trop beau pour être vrai ?
Toutefois, arrive ce moment fatidique où l’heure du fameux rendez-vous a sonné. A cet instant, sensation d’une petite piqûre de rappel. Celle qui picote un peu plus que les autres : ma liberté n’est que probatoire, c’est un prêt en échange de bon comportement et de bon respect des règles. Rien n’est définitif et à cet instant je m’en souviens.
Le rendez-vous « avant pose de l’appareillage » a commencé par un petit entretien, du type entretien d’embauche, mais avec la nette impression que quoi que je dise, je ne serai pas embauchée..
Bracelet électronique.Photo Rue89Lyon
Le foulard autour de la cheville pour camoufler le bracelet
On me donne les numéros à surtout bien enregistrer en cas de problème. Sauf qu’il n’est pas fait exposé des problèmes susceptibles d’être rencontrés.
Le bracelet électronique en lui-même n’est pas simple à camoufler pour un homme comme pour une femme, surtout en été.. Mais, ne souhaitant pas bannir mes tenues estivales, j’ai opté pour la technique du foulard autour de la cheville. Le début d’une nouvelle mode ?
L’installation du boitier fixe à mon domicile se fait dans la foulée. Il ressemble à un gros téléphone et est paramétré par rapport au périmètre de l’appartement. Me contraignant de ce fait à cet espace durant les nouveaux horaires qui sont les miens.
À 3h du matin, premier bug électronique du bracelet
Les premiers pas se font avec le sentiment de journées bien trop courtes où tout est à faire, où il faut tout recommencer. Je ne me plains pas, je ne retournerais derrière les murs pour rien au monde. Toutefois, il est vrai que le corps se réveille et que la force déployée pour tenir à l’intérieur se confronte à celle déployée pour se faire une place dehors. Un cataclysme me concernant. Ma « To do list » n’en finit pas de s’allonger, et pour couronner le tout j’ai connu mon premier bug électronique.
Ce n’était donc pas des rumeurs ce que j’ai ouïe dire sur les incidents techniques avec le bracelet électronique. Ils ne sont d’ailleurs visiblement pas une nouveauté. Quelle ne fut pas alors ma surprise quand à 3 heures du matin, la ligne fixe de mon bracelet s’est mise à sonner à en réveiller tout l’immeuble.
En ligne avec le numéro du Centre de surveillance, on m’explique alors que j’ai quitté mon appartement plusieurs heures. Cela me semble totalement lunaire alors que je sais que je me trouvais chez moi. Le meilleur arriva par la suite, lorsqu’un Conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) m’appelant pour faire son rapport me maintient que je mens et qu’il est impossible que le matériel dysfonctionne.
La solution est l’autosurveillance
Dans ma position, le pire est de me dire que je suis de bonne foi et pourtant personne ne s’inquiète de ce boitier qui est apparemment un peu fatigué…
Une solution radicale s’offrait à moi afin de pouvoir prouver, quoi qu’il puisse se passer, que je respecte les règles. Cette solution est l’autosurveillance. J’ai ainsi décidé d’installer une petite caméra qui filme la porte d’entrée de mon appartement en permanence. Pour pouvoir prouver le cas échéant que je ne suis pas sortie de chez moi en dehors de la plage horaire autorisée.
Quoiqu’ils seraient encore capables de dire que je suis sortie par la fenêtre, bien que je vive en étage !
15 jours après ma remise en liberté, toujours pas de conseiller de Probation attitré
Aujourd’hui, je suis en période de rodage. J’ai l’impression que la charge mentale m’accable de temps à autre, l’envie de tout faire, de tout vivre, de donner le meilleur de moi-même dans les projets qui me tiennent à cœur et pourtant, le corps dit stop.
L’idée est de prendre les problèmes les uns après les autres en essayant de paniquer le moins possible, et en attendant encore qu’un CPIP me soit attribué.. Oui, parce que 15 jours après le début de ma remise en liberté probatoire je n’ai toujours pas de Conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation attitré. Je ne peux qu’imaginer celles et ceux livrés à eux-mêmes dans les limbes de l’administration, des contraintes, des difficultés financières… Comment font-ils pour réussir là où on nous demande de faire plus que de réussir ?
Mes aventures ne font que commencer. Elles sont le prix de ma liberté. Le prix qui me permet de redevenir moi-même à part entière. Quoi qu’il advienne, je suis prête à tout affronter, tout sera mieux que l’enfermement. Une nouvelle étape qui me donnera je pense, bien des sujets à aborder.
Ce mercredi 21 juillet, le pass sanitaire est devenu obligatoire dans de nombreux lieux de culture et de loisirs. Dans le 7e arrondissement de Lyon, Renée, 95 ans dans quelques mois, n’a pas eu son pass sanitaire. Et l’obtenir sans internet est loin d’être facile.
Renée ne fait pas ses 94 ans. Depuis le décès de son mari il y a une quarantaine d’années, elle vit seule dans leur appartement du 7e arrondissement de Lyon, à deux pas des anciens abattoirs où ils ont tous deux fait une partie de leur carrière.
Rendez-vous chez le kiné ou l’ostéopathe, coiffeur, courses, balades au parc de Gerland… L’après-midi est consacré à la lecture, aux informations et aux visites quotidiennes de sa voisine du premier étage, âgée de 88 ans. Renée est une femme très active pour son âge. Alors qu’elle fêtera dans quelques mois ses 95 ans, elle entend bien rester autonome et continuer à vaquer à ses occupations seule.
Tous les jours, Renée suit de près l’évolution de la situation sanitaire sur les chaînes d’information en continu. Dès que les premiers vaccins ont été disponibles, elle a voulu se faire piquer le plus tôt possible. Mais voilà, comment prendre rendez-vous ? Renée n’a jamais eu d’ordinateur, ne sait pas comment ça fonctionne et connaît encore moins internet. Autant dire que la prise de rendez-vous sur Doctolib était impensable.
Martin, le jeune homme qui occupe l’appartement en face de celui de Renée s’est douté du problème et a proposé de les inscrire au centre de vaccination de Gerland, son amie du premier étage et elle. Vaccinées complètement à la mi-février, les deux femmes avaient retrouvé le sourire derrière les masques à fleurs faits maison qu’elles ont consciencieusement continué à porter.
Ce mercredi 21 juillet, Renée se rend chez le coiffeur du quartier où elle a ses habitudes. Sa coiffeuse lui parle du pass sanitaire et lui explique qu’elle devra le présenter si elle va au cinéma ou au musée par exemple. De retour chez elle, Renée, inquiète, cherche en vain le fameux papier. Mais impossible de mettre la main dessus sans savoir de quoi il s’agit.
« Elle ne sait pas du tout ce qu’est un QR Code »
Elle se résigne à aller solliciter à nouveau son voisin de palier, s’excusant à de multiples reprises du dérangement. Coup de chance, Martin, en congés cette semaine, est chez lui. Il ouvre la porte à une vieille dame très inquiète.
« Elle ne savait pas du tout les démarches à effectuer pour obtenir l’attestation avec le QR code, elle ne savait pas non plus ce qu’est un QR code, ni qui appeler pour avoir des renseignements », raconte-t-il.
Psychologue, lui est vacciné depuis un certain temps. Il montre sa propre attestation de vaccination à la vieille dame, mais le papier ne lui dit rien. Le jeune homme tente de glaner quelques informations sur le site de l’Assurance maladie. Assise à côté de lui dans un fauteuil qui semble disproportionné pour elle, Renée scrute l’écran de l’ordinateur avec circonspection.
Elle extirpe d’un petit sac à main beige plusieurs liasses de papiers, dont une attestation de droits soigneusement rangée dans son portefeuille.
« Perdre mes papiers, c’est ma hantise, explique-t-elle en rigolant. Des fois, je me lève la nuit pour vérifier qu’ils sont bien dans mon sac. »
Il est possible d’obtenir son attestation de vaccination sur le site web de l’Assurance maladie.
« Toutes nos lignes sont actuellement occupées »
A l’aide du numéro de sécurité sociale de la vieille dame, Martin essaie de lui créer un compte sur le site de l’Assurance maladie. Mais voilà, le code confidentiel d’accès est habituellement envoyé par mail. Inutile de préciser que Mme Rive n’a pas et n’a jamais eu de boîte mail. Il entreprend de téléphoner au standard de l’Assurance maladie pour trouver une solution.
Mme Rive pointe du doigt ses appareils auditifs :
« Je préfère que ce soit vous qui appeliez. Moi, je n’entends pas très bien ce qu’on me dit au téléphone. »
Son voisin compose le numéro, mais une voix mécanique lui répond rapidement que « toutes les lignes sont actuellement occupées ». Il a alors l’idée de téléphoner aux Hospices civils de Lyon, et tombe sur le standard. Une femme lui explique qu’elle n’a aucune idée de la démarche à suivre pour obtenir le pass sanitaire dans ces cas-là, et conseille à Renée de se rendre directement au centre de vaccination où elle a reçu ses injections. Celui de Gerland (Lyon 7e) en l’occurrence.
Le centre de dépistage et de vaccination du Palais des sports de Gerland, Lyon 7ePhoto : OM/Rue89Lyon
Renée connaît bien le Palais des sports qui a servi de centre de dépistage covid-19, et qui est uniquement dédié désormais à la vaccination des Lyonnais·es. Elle y a travaillé comme secrétaire, à la fin de sa carrière, et connaît le chemin par cœur. À 94 ans, impossible pour elle de parcourir le kilomètre qui sépare son domicile du Palais des sports. Impossible également de trouver un taxi qui accepte de se déplacer pour un kilomètre de course. Pour le vaccin, c’est la fille de son amie du premier étage qui avait emmenées les deux vieilles dames.
« Ce trajet, je le faisais quatre fois par jour avant, se souvient-elle avec regret. Je faisais beaucoup de montagne aussi. Mais maintenant, c’est impossible pour moi, surtout avec cette chaleur… »
Le standard des Hospices civiles de Lyon communique à Martin le numéro du centre de Gerland, qui aura peut-être plus d’informations sur le pass sanitaire. Mais en appelant ce numéro, il tombe encore une fois sur une voix mécanique, qui lui propose de taper 1, 2, 3 ou 4 selon sa demande. Il essaie toutes les combinaisons possibles, à la fin, la réponse est toujours la même : « toutes nos lignes sont actuellement occupées ».
« Le numéro qu’on nous donne pour les personnes n’ayant pas internet, on le trouve où ? Sur internet ! »
Le jeune homme ne se décourage pas :
« Je suis psychologue donc je connais le fonctionnement des administrations. Je savais que j’allais finir par trouver quelqu’un qui pourrait nous répondre mais que ça allait être long. C’est inadmissible, toutes les personnes qui ne maîtrisent pas l’informatique sont laissées de côté. C’est dangereux, ces personnes peuvent se retrouver isolées, dans un état d’angoisse important. Si Renée avait été toute seule, je pense qu’elle se serait découragée et résignée à ne pas sortir de chez elle. »
Il épluche le site web des Hospices civils de Lyon, dans l’espoir de trouver des informations sur le pass sanitaire ou un autre numéro de téléphone. Mais le seul numéro qui figure est celui qu’il a déjà testé précédemment.
En bas de la page, une ligne précise : « Pour les personnes n’ayant pas d’internet, il faut contacter l’assistance « Tous Anti Covid » par téléphone au numéro suivant : 0800 0871 48 ». Martin assure à Renée qu’ils finiront bien par trouver une solution et compose ce nouveau numéro. Une nouvelle voix automatisée lui répond, en anglais cette fois-ci, que le correspondant demandé n’est pas disponible.
« Le numéro qu’on nous donne pour les personnes n’ayant pas internet, on le trouve où ? Sur internet ! On parle beaucoup de l’isolement des personnes âgées depuis la crise sanitaire, qu’il faut les protéger, mais le système les met dans des situations d’incompréhension et d’angoisse. Depuis un an et demi, le climat est très anxiogène et beaucoup de personnes âgées se sont retrouvées isolées de leur familles suite aux différentes restrictions, ce qui a eu des conséquences psychologiques sur elles. Là, on les remet dans des situations qu’elles ne maîtrisent pas et ne comprennent pas. Certaines personnes âgées peuvent se sentir impuissantes, dépassées, ce qui va alimenter leur angoisse. »
« C’est pas grave, de toute façon je ne vais pas au cinéma. Je ne sors plus beaucoup de chez moi alors… »
Sur son fauteuil, Renée s’affaisse un peu plus à chaque appel avorté. Et se résigne :
« C’est pas grave, de toute façon je ne vais pas au cinéma. Je ne sors plus beaucoup de chez moi alors… »
Martin tente de la rassurer et essaie à nouveau de joindre l’Assurance maladie. Cette fois-ci, une femme en chair et en os répond au bout de quelques sonneries. Il lui expose le problème de la vieille dame. Mais l’employée de l’Assurance maladie n’a pas de solution à lui proposer. Elle met l’appel en pause, le temps d’aller se renseigner. De la musique classique jaillit du micro du téléphone portable de Martin. Renée lance un regard noir au smartphone :
« Mais enfin, il aurait mieux valu qu’ils y réfléchissent avant aux solutions, non ?! Toute seule, je ne sais pas comment j’aurais fait… »
L’employée de l’Assurance maladie reprend la ligne, et propose une demie-solution :
« C’est normal que vous n’ayez pas d’attestation, il n’y en avait pas quand vous avez été vaccinée. Vous pouvez vous rendre au centre de vaccination où vous avez reçu le vaccin, ils vous donneront une attestation. Ou alors vous pouvez attendre votre prochaine consultation avec votre médecin traitant qui peut vous la donner aussi. »
A ces mots, le visage de Renée s’éclaire. Mais l’employée de l’Assurance maladie douche aussitôt son enthousiasme.
« Je vous conseille d’aller au centre de vaccination directement. Pour l’instant, votre médecin traitant peut vous donner l’attestation de vaccination, mais avec le covid, on ne sait jamais si ce qui est vrai aujourd’hui le sera encore demain… »
« Tout est devenu tellement compliqué avec internet »
Devant l’inquiétude manifeste de Renée, Martin décide de régler le problème au plus vite. Il attrape ses clefs de voiture, son masque et propose à la vieille dame de se rendre directement au centre de vaccination de Gerland (Lyon 7e) pour récupérer son pass sanitaire.
Une fois sur place, ils se dirigent vers le vigile posté à l’entrée du centre de vaccination qui les oriente sur un guichet. Là-bas, une employée prend le numéro de sécurité sociale de Renée et lui imprime aussitôt deux exemplaires de l’attestation de vaccination qui servira de pass sanitaire à la vieille dame.
Martin se dit « agréablement surpris » par l’efficacité du centre de vaccination, mais l’absence de prise en compte par le gouvernement des personnes incapables d’utiliser internet l’agace :
« Bizarrement, quand on peut s’adresser à des êtres humains, on trouve des solutions. Je travaille en mission locale et certains patients sont dans la même situation que Renée avec internet. Et pourtant ils ont 20 ans. Ce ne serait pas tant un problème s’il y avait des personnes pour les accompagner dans leurs démarches, mais là au téléphone on tombe sur des robots. C’est complètement déshumanisant et la perte de lien qui en découle laisse les plus fragiles seuls. »
Derrière son guichet, l’employée affirme elle aussi que Renée est loin d’être la seule dans ce cas-là. Elle dit voir défiler beaucoup de personnes âgées, mais aussi des gens qui n’ont pas souhaité télécharger l’application Tous Anti Covid et qui ont tout simplement perdu leur attestation papier.
Sur le chemin du retour, Renée est soulagée. Mais cette expérience lui a violemment rappelé ses faiblesses.
« C’est pas si simple de demander de l’aide, soupire-t-elle. J’ai toujours peur de déranger. Et puis j’ai toujours été une femme indépendante. Avoir besoin des autres, ça me rappelle le fait que je vieillis et que je peux faire moins de choses qu’avant. Je me sens dépassée par les nouvelles technologies. C’est aussi pour ça que je ne sors plus beaucoup, tout est devenu tellement compliqué avec internet. »
Dans une lettre ouverte adressée à la préfecture et à la Métropole de Lyon, deux collectifs reviennent sur la situation des habitants du squat de Feyzin. Ces derniers ont reçu comme commandement de quitter les lieux occupés, sans proposition, selon eux, de relogement.
« Plus d’une centaine d’habitants toujours en attente d’une solution d’hébergement. »
C’est le constat dressé par le « Collectif intersquats exilé.es Lyon et environs » et le « Collectif soutiens/migrants de la Croix-Rousse ». Dans une lettre ouverte adressée à la Préfecture du Rhône et à la Métropole de Lyon, ses membres s’inquiètent du devenir des habitants du squat de Feyzin.
L’ancienne école Georges-Brassens squattée depuis février 2020
Depuis février 2020, l’ancienne école Georges-Brassens est occupée par des personnes sans logement. Propriétaires des lieux depuis 2012, Total Raffinage a demandé leur expulsion. Le 13 juillet, ils ont reçu comme « commandement » de quitter les lieux pour le 15 juillet. Ils demandent la suspension de cette décision qui ne recouvre selon eux aucun caractère d’urgence, au regard de la localisation du bâtiment en bordure de la raffinerie.
« Ce lieu classé PPRT (Seveso) est condamné quel que soit l’usage, comme toute la zone autour. Il n’y a donc pas d’urgence à son évacuation. L’urgence, c’est le relogement. C’est pourquoi nous vous demandons de sursoir à l’expulsion du squat tant qu’il n’y a pas de solution pour les habitants. Nous vous demandons de ne pas faire appel à la force publique traumatisante pour les occupants et leurs soutiens. »
Selon les collectifs, seules deux familles ont reçu des propositions d’hébergement. La centaine de personnes restant a préparé ses affaires : « Mais pour aller où ? »
Après celle de l’Amphi Z et du collège Maurice-Scève, les fermetures de squats n’ont fait que conduire à l’ouverture de nouveaux lieux, analysent les collectifs. Ils reconnaissent un premier pas de la Métropole de Lyon en conventionnant deux squats à Vaise et sur le Cours Lafayette. Ces accords permettent aux occupants d’occuper les lieux jusqu’à juin 2022.
« Et après ? C’est un répit de quelques mois pour les habitants mais, dès l’automne, il faudra nous préparer à occuper d’autres lieux. »
Les collectifs demande des mesures d’urgence pour toutes les personnes, quelle que soit leur situation administrative. Ils souhaitent également l’arrêt des expulsions de bidonvilles dans la Métropole sans « proposition digne » préalable et la mise à disposition de bâtiments inoccupés.
« Nous savons les actions que vous avez jusqu’à présent réalisées et nous vous demandons d’engager les élus et service à construire d’urgence avec nous un plan pour les mois à venir. »
Pour la Métropole de Lyon difficile d’agir sur un lieu appartenant à Total
Contactée, la Métropole de Lyon précise « être vigilante » sur la question des relogements avec les services de l’État, sans donner de garantie. Elle rappelle que le site appartient à un privé, Total en l’occurrence. De ce fait, elle indique ne pas pouvoir retarder une quelconque expulsion.
« Concernant les lieux conventionnés, un accompagnement social et administratif des habitants est prévu », veut-elle marquer. Sans leur garantir un relogement par la suite, elle note que ces procédures de conventionnement de squats pourraient aboutir à des solutions d’hébergement plus pérennes.
« Avec le conventionnement, nous tentons une solution innovante. Cela pourrait donner des idées à d’autres acteurs, publics ou privés. »
Compétente sur l’hébergement d’urgence, la préfecture rappelle de son côté qu’il n’y aura pas « d’évacuation sèche ». Un diagnostique social sera effectué pour déterminer la situation de chaque habitant. Certains se verront proposer une offre d’hébergement, d’autres non, suivant leurs statuts. Ainsi, elle rappelle que, dans le cas de l’évacuation du squat de la Feyssine à Villeurbanne, 47 personnes ont été prises en charge et hébergées. Quatre autres ont été interpellées « au regard de leur situation administrative ».
À la date du 23 juillet, le cabinet du préfet n’avait pas eu vent d’une demande de concours des forces de l’ordre émanant de Total pour évacuer le squat de Feyzin.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
A compter de mercredi 21 juillet, il faudra le pass sanitaire pour accéder aux lieux de culture et loisirs de plus de 50 personnes. A Lyon, où faudra-t-il présenter son pass sanitaire ?
Dans sa dernière allocution du 12 juillet 2021, le président de la République, Emmanuel Macron, a fait le choix de ne pas rendre la vaccination contre le covid obligatoire pour toute la population française malgré un variant plus contagieux du virus, le variant « delta ». Dans tout le pays, le Rhône y compris, les chiffres des nouvelles contaminations avec ce variant commencent déjà à flamber (voir l’évolution du variant « delta » ici).
Pour tenter d’enrayer cette nouvelle vague, le gouvernement a décidé de mettre en place ce 12 juillet un pass sanitaire, sésame indispensable pour accéder aux événements de plus de 1000 personnes. Face à la situation sanitaire du pays, le gouvernement a décidé d’étendre cette obligation de présenter le pass sanitaire dans les lieux culturels et de loisirs recevant plus de 50 personnes, à compter de ce mercredi 21 juillet. A Lyon, de nombreux lieux sont concernés par ce pass sanitaire.
Contrôle du pass sanitaire en France en juillet 2021. Photo CC by Mat Napo via Unsplash
Le pass sanitaire obligatoire dès ce mercredi pour aller au cinéma, au musée, à la salle de sport…
Ainsi, à Lyon comme partout en France, les personnes de plus de 18 ans devront présenter le pass sanitaire pour accéder aux lieux suivants :
CinémasThéâtresMusées et salles d’expositionSalles de sportBibliothèques (sauf universitaires et spécialisées)Salles de spectacle et de concert (et les lieux de culte si des spectacles ou concerts y sont donnés)Festivals assis et deboutParcs d’attraction, zoos et cirques (dont le zoo de la Tête d’Or)Fêtes foraines de plus de 30 stands ou attractionsChapiteaux ou tentesSalles d’audition, de réunion…Salles de jeux et casinosLes événements sportifs
Une obligation repoussée au 30 août pour certaines personnes
Cette obligation de présenter le pass sanitaire a été décalée au 30 août pour certaines catégories de la population :
les adolescent·es de 12 à 17 ans
les salarié·es des lieux et établissements recevant du public, qui devront cependant avoir reçu au moins leur première injection de vaccin au plus tard le 1er août
De nouveaux lieux concernés début août
Et le calendrier ne s’arrêtera peut-être pas là. À partir de début août, de nouveaux lieux pourraient être aussi concernés. Ces dispositions devront faire l’objet d’une loi discutée d’ici là. Si ces mesures venaient à entrer en vigueur, à Lyon comme ailleurs, il faudra alors présenter également le pass sanitaire :
dans les restaurants, cafés ou bars, y compris en terrasse
dans les centres commerciaux
dans les hôpitaux
dans les maisons de retraite
dans les transports en commun pour des trajets longue distance (avion, train et car)
Depuis octobre 2018, Santé commune s’est installé au rez-de-chaussée d’un immeuble d’un quartier de Vaulx-en-Velin. Constitués en association, des soignants (médecins généralistes et sage-femme notamment) accueillent chaque année entre 2000 et 2500 personnes dans ce « lieu de médecine et de vie ». Un mot d’ordre : aller vers les habitants et leur donner une place centrale.
Une salle avec belle fresque, un panneau « servez-vous » avec du café à disposition, des messages en tout genre qui recouvrent les murs…
C’est la salle d’accueil de « Santé commune », proche du Grand Mas, à Vaulx-en-Velin. Dans la multitude de messages muraux, les informations sur la vaccination contre le Covid-19 sont rédigées en « Falc » (facile à lire et à comprendre) avec des dessins. Sur la théière, le mot « thé » est écrit en plusieurs langues. Pour s’adresser à toutes les personnes.
Les informations sont de Santé commune sont illustrées, pour permettre à tout le monde de les comprendre.Photo : PL/Rue89Lyon
Perdu au milieu des immeubles d’un quartier de Vaulx-en-Velin, ce lieu de vie compte une infirmière, une sage-femme et trois médecins généralistes. Il est assez éloigné d’un centre médical classique. Il se situe à proximité des gens, à une porte des appartements de l’immeuble.
« Notre but est de nous adapter à la population, reprend Camille Salmon, chargée de projet à Santé commune. Ici, les gens ne doivent pas passer par un standard et taper 1, ou 2, suivant leur situation, pour entrer en contact avec l’équipe. Ils viennent, on les accueille, et on voit. »
À Vaulx-en-Velin : « Nous sommes des acteurs de notre santé »
Depuis octobre 2018, la jeune femme participe à la vie des lieux qui accueillent les habitants de Vaulx-en-Velin et des publics vulnérables (souffrant de handicaps, public du centre d’accueil de demandeurs d’asile, etc.) À ses côtés, elle nous présente deux Vaudais, habitués des lieux. Des « usagers », pour reprendre ses mots, bien plus investis que de classiques « patients ».
« Nous sommes des acteurs, souligne Kheloudja Haroun, 45 ans. Il s’agit de nos enfants, et de notre santé. »
Mère de trois enfants, cette Vaudaise d’adoption a franchi pour la première fois la porte de Santé commune il y a six mois, pour rencontrer une sage-femme.
« J’ai été accueilli par des gens qui prennent le temps de vous écouter », commente-t-elle.
Dans la salle de réunions, où praticiens et habitants se retrouvent pour parler de l’avenir du centre, elle revient sur un point fort des lieux : les secrétaires médicales rebaptisées « les accueillantes ». Responsables de l’accueil du public, ces dernières parlent plusieurs langues dont l’arabe et l’anglais. Un plus qui facilite la communication et donne confiance à certains habitants, en difficulté avec le Français.
Lors des consultations, des interprètes peuvent être mobilisés par visioconférence pour faire la traduction entre patient et médecin. Le temps de consultation est également doublé par rapport à une séance classique, pour prendre le temps avec la personne malade. Dans le même esprit, le tiers payant est toujours fait de manière complète afin de faciliter les remboursements, pour les personnes en difficulté.
Camille Salmon avec deux Vaudais, utilisateurs de Santé commune Touhami Kenzari et Kheloudja Haroun.Photo : PL/Rue89Lyon
Les habitants de Vaulx-en-Velin au cœur du fonctionnement de Santé commune
Dans le quartier, une population vieillissante et isolée, qui a tendance à se sentir abandonnée. Peu à l’aise avec Internet, éprouvant parfois des difficultés avec le Français, cette dernière peuvent vite se retrouver perdu face aux démarches à faire ou face au langage technique des docteurs.
« Quand j’amène ma mère à l’hôpital, si je ne suis pas là pour l’aider, elle ne comprend rien, commente Kheloudja. C’est une aide essentielle. »
Convaincue par les lieux, elle se rend régulièrement au 14 avenue Voltaire pour voir son médecin, donner des coups de main et monter des projets. Récemment, elle a lancé une initiative sur la précarité menstruelle avec l’équipe. Des boites vont être installées pour collecter, notamment, des serviettes hygiéniques. « Preuve que les idées viennent souvent des habitants », commente Camille Salmon.
Cet été, Kheloudja va venir donner un coup de main, secondée notamment de Touhani Kenzari, un autre habitant habitué des lieux, pour créer un « espace détente » à destination de personnes en forte précarité, voire sans-abris.
À l’entrée, celui-ci a aménagé un espace avec des petites annonces en tout genre. Coiffeur pas chère, épicerie sociale… « Evidemment, il s’agit à chaque fois de venir en aide à ceux qui n’ont pas les moyens. », précise le « presque » retraité de 63 ans.
« Un rapport de pouvoir basé sur la connaissance et l’expérience, mais pas sur la domination »
Loin des hôpitaux aseptisés, surchargés, Santé commune veut être un lieu ouvert aux habitants comme à leurs inspirations. Le centre revendique un fonctionnement au sein duquel le médecin a autant de poids dans les décisions générales que les accueillantes ou la médiatrice santé, chargée d’accueillir les patients.
Un symbole ? Toutes les tables des lieux sont rondes. « J’y tiens, ajoute Camille Salmon. Ça évite les face-à-face. » Les prises de décisions sont toujours prises à dix, de façon collégiale.
« Ici, on a tendance à dire qu’il y un rapport de pouvoir basé sur la connaissance et l’expérience, mais pas sur la domination. Tout peut donc être questionné. Même la connaissance académique. », indique-t-elle.
De cette façon, Santé commune répond à un double besoin : celui d’être accompagné dans la prise en charge et celui d’être pris en charge.
Dans la salle de réunon de Santé commune où les décisions sont prises de façon collégiale.Photo : PL/Rue89Lyon.
À Vaulx-en-Velin, un manque important de spécialistes
À l’image de ce qui peut se passer au Tonkin, à Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, souffre d’un manque de médecins. Souffrant d’une mauvaise image, la ville a du mal à accueillir des spécialistes, préférant la ville voisin.
« Je suis obligé d’amener mon fils chez l’orthophoniste à Villeurbanne, soupire Kheloudja Haroun. Il y a un pédiatre, plus de pédopsychiatre, un seul ORL… Bref, dès que l’on veut voir un spécialiste, il faut aller voir ailleurs ! »
Dans un quartier où les familles monoparentales occupent une place importante, le fait de bloquer des après-midi entières pour aller faire soigner ses enfants reste difficile.
« La santé, quand tu es une maman solo, c’est un travail à plein-temps », souffle Kheloudja Haroun.
Récemment, le collectif Enfants en souffrance de Vaulx-en-Velin a lancé un message d’alerte aux autorités. Lors de leur dernière manifestation, le collectif faisait état de 178 enfants sans prise en charge d’un centre médico-psychologique. 200 enfants sont en attente d’une place chez l’orthophoniste et 87 enfants sont en attente de place en Sessad (structures d’accueil spécialisées pour les enfants en difficulté). Un grave manque dans une ville de 50 000 habitants où les moyens de transports ne sont pas toujours.
« Pour trouver un orthodentiste, c’est aussi la croix et la bannière, râle Kheloudja Haroun. Idem, quand on commence à parler de la CMU (complémentaire santé solidaire), c’est niet. »
Pour pallier ce manque, Santé commune cherche à recruter un orthophoniste et un psychologue. Un premier pas, certes, mais qui restera insuffisant face à l’étendue des manques.
Santé commune se trouve au rez-de-chaussée d’un HLM de Vaulx-en-Velin.Photo : PL/Rue89Lyon.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
À Lyon et dans le Rhône, l’évolution de l’épidémie de Covid continue de se dégrader fortement. Le taux d’incidence du virus connaît des évolutions hebdomadaires très fortes. Et la vaccination ne semble toujours pas redécoller.
Le taux d’incidence de Covid a plus que doublé dans le Rhône en une semaine
Le variant delta était présent, au 16 juillet, dans près de 93 % des tests de dépistage positifs analysés. Il été détecté en moyenne dans 66% des cas une semaine plus tôt.
En parallèle de sa progression, l’incidence du virus progresse très rapidement et fortement. Depuis le dernier point du 13 juillet, le taux d’incidence dans le Rhône a bondi de 150% en une semaine. Au 16 juillet, il était de 96 cas de Covid environ pour 100 000 habitants contre 39 une semaine plus tôt.
Dans la Métropole de Lyon, la progression de l’épidémie est même encore plus forte. Au 16 juillet, le taux d’incidence progresse de 185% environ sur une semaine et a donc été quasiment multiplié par trois (112,3 cas pour 100 000 habitants contre 39,4 cas une semaine plus tôt). Selon les données de Santé Publique France, au 17 juillet, près de 300 nouveaux cas étaient confirmés quotidiennement dans le département.
Même chose à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes (+115% en une semaine).
Progression forte chez les jeunes adultes et vaccination qui n’explose pas encore
La progression de l’épidémie semble particulièrement forte chez les jeunes adultes. Au 16 juillet, sur une semaine, le taux d’incidence à l’échelle régionale progresse ainsi de 151% chez les 20-29 ans sur une semaine et a plus que doublé chez les 30-39 ans.
La vaccination a-t-elle repris suite aux récentes annonces concernant le déploiement du pass sanitaire ? Il est encore un peu tôt pour le dire au regard de statistiques. L’allocution du président de la République s’est déroulée le 12 juillet et les données les plus récentes remontent jusqu’au 18 juillet. On dispose donc d’une petite semaine de recul. Dans le Rhône, à cette date, le rythme quotidien de vaccination pour une première dose ne semblait pas vraiment bouleversé.
Après un mois de juin marqué par une très forte baisse du rythme de vaccination, cette dernière avait repris au début du mois de juillet avant de ralentir de nouveau. On note toutefois un léger frémissement, notamment chez les jeunes adultes (18-24 ans et 25-29 ans).
Au 18 juillet, 56% de la population du Rhône avait reçu au moins une première dose. Un peu plus de 45% était complètement vaccinée. Un taux équivalent à celui constaté au niveau régional.
En conventionnel, le processus de vinification induit de nombreuses manipulations techniques et l’ajout de dizaines d’intrants. Mais pour produire du vin nature certains vignerons déterminés choisissent une autre vinification grâce à une palette de solutions alternatives.
Explications avec Florence Subrin, vigneronne dans le Beaujolais et Frédéric Lignon, caviste nature à Lyon .
Le cocktail détonnant du vin conventionnel
Frédéric Lignon, caviste spécialisé en vins naturels à Vercoquin à Lyon 7e déplore :
« À l’exception des sulfites, allergène potentiel, aucun intrant n’apparaît sur l’étiquette car le vin n’est pas considéré comme un aliment »
Pourtant, la vinification conventionnelle autorise l’emploi d’une cinquantaine de produits « naturels » (colle de poisson, caséine, etc.) ou chimiques (comme le citrate de cuivre) et une dizaine de manipulations techniques, qui visent à améliorer la fermentation, éliminer les dépôts, ou encore corriger la couleur.
En bio, une trentaine d’intrants et quatre techniques restent autorisés. Rien de tout cela n’est admis pour les vins naturels, sauf les fameux sulfites. La fermentation en produit jusqu’à 7 mg/l, mais un ajout de sulfites complémentaires stabilise le vin. Florence Subrin, du domaine du Crêt de Bine à Sarcey témoigne :
« Pour éviter que des cuvées ne tournent au vinaigre, nous en incorporons 25 à 40 mg/l »
Elle applique la charte Demeter, qui autorise 70 mg/l pour les rouges. En comparaison, la limite est fixée à 100 mg/l en bio, et 160 mg/l en conventionnel. En naturel, les vignerons ciblent le « sans sulfites ajoutés », mais ajoutent parfois 10 à 20 mg/l à la mise en bouteille. Le problème des sulfites en excès ? Frédéric explique :
« Ça brûle l’estomac et donne mal à la tête, avec des vins souvent secs et durs. »
Vercoquin, Un caviste spécialisé dans le vin naturel
Du raisin de qualité pour vinifier naturellement
L’essor du vin naturel, à partir de raisins bio, vendangés manuellement et vinifiés naturellement, prouve qu’il est possible de se passer de ces multiples intrants et manipulations. Frédéric, qui estime que la réussite d’une cuvée nature se joue dans les vignes, explique :
« Ils [les viticulteurs ordinaires] corrigent artificiellement les « défauts » du raisin. Pour moi, le gros du travail c’est de cultiver de beaux raisins. Tout découle de cette qualité. »
Les interventions lors de la vinification pourront alors être réduites au minimum. Il souligne :
« Faire du bon vin nature requiert des connaissances œnologiques et techniques pointues »
Les choix tactiques du vigneron
Pour influer sur la vinification, le vigneron « nature » dispose d’une large palette de possibilités. Frédéric énumère :
« Type de cuve, durée de cuvaison ou de fermentation, choix d’assemblages… Le point clé réside dans « l’accompagnement » de la fermentation. Durant trois semaines, le vigneron travaille de 5h à 22h. »
Florence ajoute :
« Il faut contrôler en permanence la composition bactérienne »
En fonction des résultats, le vigneron fait des choix. Frédéric illustre :
« Si la fermentation traîne, il peut faire un pied de cuve, c’est-à-dire récupérer le jus d’une autre cuve pour relancer le processus. Ces vins sont vivants et moins standardisés. Le résultat gustatif ne sera pas exactement le même chaque année. C’est aussi l’intérêt du nature ! »
Pour Ludovic Gros, du domaine des Terres vivantes, à Blace dans le Rhône, cela représente aussi un risque permanent :
« J’expérimente beaucoup mais j’ai toujours peur de perdre une cuvée ! En nature, on manque encore d’études sur lesquelles s’appuyer. »
Ce lundi 19 juillet, le nouveau conseil régional était réuni en assemblée plénière à Lyon sur un thème cher à Laurent Wauquiez, réélu président pour un deuxième mandat : la sécurité.
Le nouveau Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes a pris ses marques. Légèrement remaniée suite aux élections régionales, l’assemblée est toujours présidée par Laurent Wauquiez (LR), largement réélu pour un second mandat. Après avoir abondamment affirmé au long du dernier mandat que la région Auvergne-Rhône-Alpes était « la région la mieux gérée de France », Laurent Wauquiez entend bien en faire aussi « la région la mieux protégée ». Reste que ses compétences sont circonscrites à la gestion des lycées et des TER, notamment.
Le budget sécurité de la Région passe donc de 167 millions d’euros sur le précédent mandat à 310 millions d’euros pour celui-ci. Et tant pis si la sécurité n’est pas, donc, une compétence régionale directe.
La sécurité, priorité de Laurent Wauquiez lors de l’assemblée plénière du Conseil régional, le 19 juillet 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
Des caméras dans les cars scolaires de la région
Les lycées, eux, relèvent directement des compétences de la Région. Laurent Wauquiez a donc décidé de s’en saisir pour se positionner sur cette thématique politique qui lui est chère : la sécurité. Il inscrit également dans ce domaine la lutte contre le harcèlement scolaire.
Et pour ce faire, de nouvelles caméras seront installées d’ici la fin de l’année dans les cars scolaires de la Région, pour dissuader les élèves à commettre d’éventuels faits de harcèlement et de racket.
Lors de la conférence de presse qui a précédé cette assemblée plénière, Laurent Wauquiez a annoncé que tous les cars devraient être sécurisés d’ici la fin de l’année. Pour traiter ces données, un nouveau centre de supervision sera également créé. Lors de la campagne électorale, Najat Vallaud-Belkacem, alors candidate du PS, avait moqué les caméras de Laurent Wauquiez qui n’étaient reliées à aucun poste de police.
Wauquiez crée les « brigades régionales de sécurité » dans les lycées
La Région compte bien poursuivre ce type d’actions à l’intérieur même des établissements scolaires.
Ainsi, une « brigade régionale de sécurité » devrait voir le jour. Celle-ci pourra intervenir auprès des lycées qui en feront la demande, aussi bien dans les établissements scolaires qu’aux abords ou dans les transports scolaires.
Sa composition est encore floue, le dossier de presse de la Région évoquant juste la présence « d’anciens policiers, gendarmes ou douaniers ».
D’une manière plus générale, 10 000 caméras de vidéosurveillance supplémentaires seront déployées dans toutes les communes de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les écologistes accusent Laurent Wauquiez « d’instrumentaliser le Conseil régional » avec des propositions pour la sécurité qu’ils jugent n’être « qu’un tremplin pour ses ambitions présidentielles ». Dans un communiqué, ceux-ci pointent du doigt la priorisation décidée par Laurent Wauquiez : la sécurité, au détriment d’autres compétences régionales :
« Une milice régionale pour surveiller les adolescentes et les adolescents, est-ce la priorité pour nos lycées ? Certainement pas. Nos lycées ont besoin d’être rénovés pour assurer de bonnes conditions d’étude notamment lors de pics de chaleur. Nos lycées et les équipes éducatives ont besoin de moyens pour mettre en œuvre des projets pédagogiques stimulants, permettre à nos élèves de développer leur sens critique, de se familiariser avec les grands enjeux de notre siècle. Nos lycéennes et lycéens ont besoin d’un accès renforcé à la culture mais également à l’éducation et à la prévention que ce soit en matière de sexualité, de santé, d’égalité. »
De la reconnaissance faciale dans les TER
Autre porte d’entrée pour parler sécurité, qui aura bien été le principal thème de cette première assemblée plénière : les transports. En plus de l’augmentation de 50% des effectifs de police ferroviaire d’ici la fin du mandat, Laurent Wauquiez annonce le déploiement, à titre expérimental, d’un dispositif de reconnaissance faciale dans les transports régionaux, censé améliorer la sécurité des voyageur·ses.
Les TER sont concernés ainsi que les gares de la région. Il s’agirait de pouvoir examiner les images filmées a posteriori des faits, pour pouvoir « reconstituer rapidement le parcours des délinquants ou criminels dans les transports régionaux ».
Un dispositif qui a fait bondir les écolos qui contestent sa légalité. Ils ont indiqué avoir contacté la Quadrature du Net, une association spécialisée dans la défense et la promotion des droits et libertés sur Internet. Celle-ci leur aurait affirmé que ces dispositifs de reconnaissance faciale ne s’appuieraient sur aucune base légale.
Des projets similaires avaient été annoncés par la Région PACA pour surveiller l’entrée de deux lycées à Marseille et à Nice. Début 2020, les deux ont été retoqués par le tribunal administratif qui a rappelé que l’encadrement et la surveillance des élèves ne relevait pas de la Région mais des chefs d’établissement, et que de tels dispositifs étaient contraires au règlement général sur la protection des données à caractère personnel (RGPD).
Renaud Pfeffer et Laurent Wauquiez quelques minutes avant l’assemblée plénière du Conseil régional, le 19 juillet 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
« On a du recul, Poutine l’utilise ainsi que la Chine »
Chez les autres partenaires de gauche, ces annonces de recours à la reconnaissance faciale ne passent pas non plus. Olivier Longeon, conseiller régional de l’Union de la gauche de la Loire, raille le projet de Laurent Wauquiez :
« On a du recul, Poutine l’utilise ainsi que la Chine »
Même le Rassemblement national (RN) est d’accord avec les écologistes et la gauche pour s’opposer à la reconnaissance faciale :
« C’est la mode de fouler aux pieds la liberté des Français ! », lance Vincent Lécaillon, conseiller régional (RN).
Laurent Wauquiez, visiblement piqué au vif par la comparaison, réagit d’un ton sec :
« Je ne sais pas si vous savez mais la reconnaissance faciale été utilisée très récemment à Lyon, place Bellecour, pour les rodéos. Une ville de gauche et contrôlée par les Verts, ils ont utilisé la reconnaissance faciale. »
Laurent Wauquiez a probablement en tête à cet instant la condamnation en comparution immédiate d’un « rodéo man » en mai dernier à Lyon. Une affaire dans laquelle la reconnaissance faciale a été utilisée pour l’identifier, selon un article du Progrès, par la police et non par la Ville de Lyon, sur la base d’images de vidéo-surveillance.
Et la conseillère régionale du RN, Isabelle Surply, d’ajouter de l’huile sur le feu en moquant la position de la gauche et des écologistes prônant la défense des libertés individuelles. Mais au final, elle renvoie en dos-à-dos les écologistes et les dispositifs de Laurent Wauquiez :
« Je vous rappelle quand même que vous avez fait fermer des rues à partir d’un certain jour pour empêcher les rodéos, ce qui est extrêmement liberticide (en référence à la fermeture à la circulation de rues dans la presqu’île, temporaires ou définitives, par la mairie de Lyon; ndlr). C’est pour ça que je trouve très gonflées vos idées du côté de la gauche. Qu’est-ce qu’on fait ? On va mettre des millions de caméras et fermer toutes les rues, tous les jours de la semaine ? »
Pour la gauche, le dispositif de reconnaissance faciale de Laurent Wauquiez n’est qu’un effet d’annonce
Mais alors à quoi pourrait donc ressembler ce dispositif ? Quel serait son intérêt alors que la police l’utilise déjà ? Même pas celui d’une utilisation en temps réel. Laurent Wauquiez lui-même a rappelé que la loi ne l’autorisait pas.
Alors, face au tollé général que soulève la reconnaissance faciale, Laurent Wauquiez décide d’employer les arguments massue sans vraiment en dire plus sur son dispositif :
« La reconnaissance faciale en temps réel n’est pas autorisée législativement pour l’instant dans notre pays. Il ne s’agit pas de ça. Il y a la reconnaissance faciale a posteriori. Vous vous êtes fait violer dans une gare, est-ce que vous utilisez la reconnaissance faciale pour identifier son auteur ? Le Rassemblement national nous dit non, EELV nous dit non. Il est de notre responsabilité de protéger nos lycées, nos trains, nos gares. Quand vous votez contre, vous votez contre la possibilité d’utiliser ces logiciels pour trouver des criminels. »
De quoi faire dire à Stéphane Gemmani, conseiller régional de l’Isère élu sur la liste de l’Union de la gauche, qu’il s’agit là de réinventer la roue en quelque sorte et donc d’un effet d’annonce :
« Ici vous nous réinventez le fichier de traitement des antécédents judiciaires (TAJ)(…) Seule la reconnaissance faciale a posteriori par la police est possible à l’aide du fichier du traitement des antécédents judiciaires qui outre les renseignements habituels d’état civil, inclut la photographie portant des caractéristiques techniques permettant de recourir à un dispositif de reconnaissance faciale, dont le contrôle très encadré est supervisé par la CNIL. En conséquence, compte tenu du descriptif fait du dispositif de reconnaissance faciale qui s’apparente bien au TAJ, il convient de dire que les autorités policières et judiciaires n’ont nullement besoin de la Région pour exercer des prérogatives qu’elles exercent déjà sans avoir besoin de l’autorisation du Conseil régional. »
« Les textes légaux ne vous autorisent pas à grand-chose »
Plusieurs membres des listes de l’Union de la gauche ont pris la parole à la fin pour exprimer leur désaccord sur l’approche globale du thème de la sécurité détaillée par Laurent Wauquiez.
En particulier Najat Vallaud-Belkacem, tête de liste PS aux élections régionales et aujourd’hui conseillère régionale Union de la gauche pour le Métropole de Lyon, termine en martelant à nouveau que, malgré le doublement du budget qui lui est alloué, la sécurité n’est pas une compétence de la Région :
« Nous, nous abordons cette question avec sérieux et préférerons toujours l’efficacité des politiques menées aux effets d’annonce. D’abord, pas un mot sur les questions de prévention. Sur tous les sujets qui ont fait l’objet de beaucoup de discussions, reconnaissance faciale, fin des aides régionales, vous savez bien que les textes légaux ne vous autorisent pas à grand-chose au-delà de toutes les dispositions que nous avons ici. »
Suspension des aides régionales pour les « délinquants »
La Région a également décidé de s’en prendre au porte-monnaie pour « mettre fin aux incivilités ». Ainsi, les « délinquants », ceux qui « attaquent les forces de l’ordre et font des rodéos », selon Renaud Pfeffer, vice-président en charge de la sécurité, verront leurs aides suspendues pour une durée variable, pouvant aller jusqu’à trois ans.
Les aides qui pourront leur être sucrées sont le Pass Région, l’aide au permis de conduire, la bourse au mérite, la bourse à la mobilité internationale, les bourses aux étudiant·es en formation sanitaire et sociale, l’aide au premier équipement, les réductions dans les TER, les aides scolaires et le financement des formations professionnelles.
Une mesure inacceptable pour Fabienne Grébert, tête de liste EELV puis de l’union de la gauche aux élections régionales et aujourd’hui conseillère régionale pour la Métropole de Lyon :
« Non, le président de Région n’a pas tous les droits. Non, le président de Région n’a pas les pouvoirs de supprimer des aides à ses administrés. Et si le président de Région voulait être exemplaire, qu’il commence à faire la chasse aux conseillers régionaux qui sont sous le coup d’une décision de justice. »
Infirmier dans un gros établissement de santé mentale à Lyon, Julien Martinez a lancé début juillet le hashtag #InfirmierVacciné pour inciter ses collègues à se vacciner contre le covid-19. Rue89Lyon l’a rencontré.
Rue89Lyon : Vous avez fait partie des premiers à vous faire vacciner, en février. Est-ce que vous aviez quelques craintes au sujet des vaccins ?
Julien Martinez : Je me suis fait vacciner en février, sans aucune hésitation, sur mon lieu de travail. A l’époque, j’étais dans la tranche d’âge où il y avait l’AstraZeneca. Il y a eu les suspicions de thromboses, notamment chez les jeunes. Alors en mai j’ai eu Moderna, un vaccin à ARN. Je n’avais aucune hésitation sur le fait de me faire vacciner.
Après, j’ai réfléchi au fait d’avoir de l’AstraZeneca, puis un vaccin à ARN, est-ce que c’était bien ou pas… Je me suis renseigné, j’ai posé des questions au médecin qui était là pour la pré-consultation avant le vaccin. Pour moi, le bénéfice l’emportait sur le risque au bout du compte, c’est pour ça que je l’ai fait. Ça s’est plutôt bien passé. J’ai eu, comme chaque année quand je me fais vacciner contre la grippe, 38°C de fièvre le soir. J’ai pris un paracétamol et ça s’est bien passé. Aujourd’hui, je vais bien, je n’ai pas eu d’effets secondaires.
Et au niveau de vos collègues à Lyon ? Est-ce que tous se sont précipités sur la vaccination aussi ou est-ce qu’il y a eu des réticences ?
Ça a été timide. Il y a une partie de mes collègues qui s’est fait vacciner tout de suite, une autre partie qui avait eu de l’AstraZeneca et qui s’est quand même posée la question d’avoir un autre vaccin ensuite. Ce qui était légitime. Et j’ai des collègues qui ont préféré attendre mais sans argument très rationnel. Je pense à une collègue qui finalement a eu le covid et qui maintenant est en train de dire qu’elle va se faire vacciner. Au bout du compte, je pense qu’il y a une majorité de mes collègues qui se sont faits vacciner.
« Il nous fallait utiliser les réseaux sociaux pour prendre une place que les infirmier·es anti-vaccins utilisent trop »
Début juillet, vous avez créé sur Twitter le hashtag #InfirmierVacciné. Pourquoi ?
Je discutais avec des collègues sur Twitter, je leur ai dit qu’il faudrait qu’on crée un hashtag qui concerne les infirmier·es.
On forme une population qu’on accuse souvent de ne pas vouloir se faire vacciner. Alors que c’est faux, l’écrasante majorité se vaccine. Il nous fallait utiliser les réseaux sociaux pour prendre une place que les infirmiers anti-vaccins utilisent trop.
On s’est dit qu’il fallait reprendre ce terrain-là. Dans ma vidéo, je ne dis pas d’aller se faire vacciner, je dis ce qui m’a motivé à le faire pour moi et pourquoi je crois qu’il ne faut pas attaquer le vaccin comme une cible politique. Je pense qu’en tant que soignant, on a une certaine exemplarité à avoir. Pour moi, ce hashtag était incitatif, pour éviter d’en arriver à une obligation vaccinale.
En tant que soignant, se vacciner permet de convaincre le grand public. Nous atteindrons la couverture vaccinale si nous jouons le jeu collectivement. La confiance passe par notre comportement. #infirmiervaccinéhttps://t.co/ZbK9OjuJAQ
Je pense que notre discours peut être plus puissant que celui des médecins qui sont un peu moins proches. On connaît tous·tes un·e infirmier·e dans sa famille. On est environ 700 000 en France donc c’est une population énorme.
« Les anti-vaccins font le buzz mais ils ne sont pas très nombreux »
Vous espérez donc remplacer la parole des anti-vaccins sur les réseaux sociaux qui, pour vous, sont minoritaires ? On les entend beaucoup pourtant.
Les anti-vaccins sont très bruyants parce qu’ils sont sur Tik Tok, sur Twitter, sur Instagram, sur Facebook, ils font des vidéos… Ils font le buzz mais ils ne sont pas très nombreux au bout du compte. L’écrasante majorité des infirmier·es sont vacciné·es, pour elles et eux il n’y a pas de débat.
Vous pensez que les réseaux sociaux ont une vraie influence dans la décision des gens quant au vaccin ?
Oui. Je pense que pour les gens qui regardent beaucoup Twitter ou Facebook, le fait de voir ce hashtag avec des infirmier·es qui parlent de leur vaccination, qu’ils et elles en sont content·es, que ça s’est bien passé, ça va les influencer positivement. Même s’ils se posent des questions, ils vont peut-être essayer d’envoyer un message pour échanger. Ils verront qu’il n’y a pas que des anti-vaccins.
Julien Martinez, l’infirmier lyonnais à l’origine du hashtag #InfirmierVacciné pour inciter ses collègues à se faire vacciner contre le covid-19.
Est-ce que des gens vous ont contacté suite à ce hashtag ?
J’ai eu des réactions positives, des personnes qui m’ont remercié, des soignant·es, des médecins, des infirmier·es, des aide-soignant·es qui ont trouvé que c’était une super initiative. Il y a des gens qui ne sont pas soignant·es, qui ont sollicité des collègues pour leur dire qu’ils n’étaient pas anti-vaccins mais qu’ils avaient peur, et mes collègues ont répondu à leurs questions.
Ça a plutôt fait basculer certaines personnes dans l’envie de se faire vacciner. J’ai eu aussi des messages de la part d’anti-vaccins. Les gens qui hésitent, on peut discuter avec eux cordialement, mais les gens radicalisés, je ne suis pas là pour les faire changer d’avis.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé une obligation vaccinale pour les soignants ce lundi 12 juillet (lire ici). Comment est-ce que ça a été reçu auprès de vos collègues ?
Il n’y a pas eu de clivage violent, en tout cas pas dans mon service. C’est vrai qu’on entend sur internet des personnes dire que s’il y a une obligation vaccinale pour les soignant·es, ils et elles raccrocheront la blouse… Je ne suis pas sûr que ce soit cette obligation vaccinale qui impulse ce mouvement. Je pense que le problème est plus profond.
Depuis un an, le système hospitalier a été sur-sollicité, il y a eu la covid bien sûr mais c’est surtout la question de comment on prend soin des soignants. On a été sous-pression pendant un an et demi. Avant la covid, on était déjà sous-pression et en sous-effectif. Je pense que les gens en ont tellement marre qu’à un moment donné, il y a un point de rupture.
« Les soignants qui refusent de se faire vacciner, c’est une façon de dire stop »
Cette opposition au vaccin de certain·es soignant·es traduirait donc plus une colère envers des conditions de travail de plus en plus dures, plutôt qu’une défiance à l’égard des vaccins ?
Oui c’est ça. Le vaccin, c’est quand même un geste politique. Sur le vaccin contre la grippe par exemple, qui n’est pas obligatoire, certaines études disent que les soignants ne veulent pas se faire vacciner non pas parce qu’ils sont anti-vaccins mais parce qu’ils sont épuisés et qu’ils disent que l’administration n’aura pas ça en plus. C’est une façon de dire stop. C’est le corps comme dernier rempart.
Au début, on nous a dit que le masque ne servait à rien, vous avez dû aller travailler sans, puis qu’il était utile… Est-ce que vous pensez que cette communication contradictoire, que cette gestion de l’épidémie par le gouvernement a pu aussi pousser des soignant·es à refuser le vaccin ?
Je pense que c’est effectivement le cas. Cette communication catastrophique, ça a été très violent pour les soignants. Mon hôpital a joué la carte de l’honnêteté, ils nous ont dit qu’on avait pas assez de masques. Je pense qu’ils avaient très peur de le dire mais pour le coup, moi, ça m’a rassuré. Je suis très clair là-dessus. C’est mon boulot, j’y vais quand même. S’il n’y a pas de masque, tant pis.
Le problème fondamental, c’était que des gens ont commencé à prendre les soignants pour des cons. La veille, on nous aurait convoqué si on avait soigné une pathologie respiratoire sans masque, et le lendemain on nous dit qu’il n’y en a pas besoin. Les soignants ont eu le sentiment d’être pris· pour des gros cons.
A titre personnel, que pensez-vous de cette obligation vaccinale pour les soignant·es ?
Je trouve ça toujours dommage quand on oblige quelqu’un. Je pense qu’on aurait pu faire, en amont, un effort de pédagogie. Néanmoins, l’obligation vaccinale, pour les soignant·es, ça ne me choque pas. Ça fait partie du travail. On travaille avec des gens qui sont fragiles et on se doit de les protéger. En tant que soignant·es, on devrait s’obliger à se faire vacciner, on ne devrait pas avoir besoin d’une obligation vaccinale.
Et l’hypothèse d’une obligation vaccinale pour la population générale ?
Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que si vous n’avez pas le vaccin, vous ne pouvez rien faire. Vous n’avez pas de vie si vous n’avez pas le vaccin. Moi, ça me dérange. Je préfère qu’on me dise si c’est obligatoire ou pas, mais pas qu’on fasse semblant. Pour moi, c’est une obligation déguisée. Je pense que cette pseudo-obligation peut braquer les gens, radicaliser leurs positions.
Il y a plein de trucs incitatifs qui peuvent se faire, mais il aurait fallu les faire il y a trois mois. A la Part-Dieu, par exemple, il y a des zones de vaccination libre, sans rendez-vous, je trouve ça bien. Là, on joue sur ce sentiment d’urgence parce qu’il va y avoir, sûrement, une quatrième vague à la rentrée, mais c’est presque trop tard en fait. Même si tout le monde voulait se faire vacciner aujourd’hui, il n’y aurait pas de place pour tout le monde.
« Ce n’est pas aux restaurateurs de vérifier si l’on est vacciné ou pas »
Pour autant, vous êtes d’accord avec le fait qu’il faut que le plus de monde possible soit vacciné pour sortir de cette crise.
C’est toujours regrettable d’obliger les gens à faire quelque chose. Mais la vaccination, c’est un acte collectif. Ce vaccin, on est obligé de le faire, quelque part. On ne peut pas faire comme si on n’existait pas dans une société, sans contact avec les autres. Je dis souvent que la vaccination c’est comme un vélo. Il y a deux roues sur le vélo. Une des roues c’est la protection individuelle : les effets protecteurs du vaccin, soit de ne pas attraper la maladie, soit un risque moindre de la transmettre ou de développer une forme grave.
Le problème, c’est que pour que votre vélo roule, il faut la deuxième roue du vélo. Celle-là, ce n’est pas la vôtre mais celle des autres, c’est-à-dire la vaccination collective. Si vous n’atteignez pas un certain seuil de personnes vaccinées, le virus circule toujours et la vaccination n’est pas efficace. Le problème des personnes qui sont contre les vaccins, c’est qu’elles vont dire « mais regarde, t’as pas l’air con avec ton vélo qui a qu’une roue, toi, tu vois bien qu’il ne marche pas ! ». Sauf qu’ils n’ont pas compris qu’ils font partie du vélo, qu’ils sont les pièces qui permettent d’avoir la deuxième roue.
Quelle est votre position sur la mise en place d’un pass sanitaire pour éviter de recourir à une obligation vaccinale pour la population générale ?
Je suis pour le vaccin, pour les mesures incitatives et pour que tout le monde soit vacciné. Ce qui me dérange fondamentalement dans les décisions qui ont été prises c’est qu’on fait assumer un auto-contrôle social par les gens. Dans une obligation vaccinale, ça se joue entre l’État, le système de soin et les personnes, donc le secret médical peut continuer à être respecté.
Là, on n’est pas obligé de se faire vacciner, mais si on veut faire des choses, il faut montrer son pass sanitaire. C’est les serveurs et les vigiles qui vont le contrôler. Si je vais dans un bar, je dois montrer une donnée médicale au barman, alors que ça ne le regarde pas. Avec une obligation vaccinale, on n’aurait pas ça.
Parlons de la transidentité par exemple. Une personne qui a été vaccinée mais sous le mauvais genre parce que l’état civil n’a pas été changé, elle va dans un bar, elle montre son pass sanitaire. Le barman va être au courant d’un de ses secrets médicaux les plus importants, sa transidentité. Ce n’est pas normal. Entre l’obligation vaccinale pour tous.tes et le pass sanitaire, je suis contre les deux, mais je trouve que le moins pire, c’est quand même l’obligation vaccinale.
[Série] Pour ce premier épisode, nous abordons la question piquante des moustiques tigres à Lyon, qui font désormais systématiquement leur apparition dès le début de l’été. La suppression des insectes représente un enjeu sanitaire majeur, mais à en croire les militants de la biodiversité, les opérations de démoustication ne sont pas sans risques.
Florent est un jeune consultant en stratégie. Début 2020, il s’est installé avec son conjoint dans un appartement qui donne sur la place Bir-Hakeim (Lyon 3e). Il était alors très enthousiaste à l’idée de profiter de son grand balcon. Malheureusement, les moustiques ont contrecarré ses plans :
« Dès les premiers beaux jours, le balcon est devenu impossible à utiliser tellement il y avait de moustiques, majoritairement des moustiques tigres. »
Florent est allergique aux piqûres de moustique, mais ne se laisse pas démonter. Avec son conjoint, ils étendent une moustiquaire géante sur tout leur balcon.
« Le syndicat de l’immeuble nous a immédiatement écrit pour nous dire que cette moustiquaire nuisait à la qualité visuelle de l’immeuble. »
A contrecœur, le couple retire le filet géant.
« C’était vraiment dangereux pour moi, quand je me faisais piquer sur la paupière par exemple, j’avais de gros cocards… »
Alors, Florent et son conjoint placent des spirales collantes sur le balcon, mais face au nombre de moustiques, celles-ci ne sont pas d’une grande efficacité. Florent indique avoir signalé à la mairie et à la Métropole de Lyon la présence préoccupante d’un grand nombre de moustiques. Il n’a constaté aucun changement et ne sait pas si des opérations ont été menées.
« En haut de l’immeuble, il y a un immense toit-terrasse et les appartements qui y avaient accès se sont mis au vert dès le premier confinement. Il y a vite eu de l’eau stagnante. C’est peut-être de là que venaient les moustiques. »
« Ce ne sont pas les mares qui sont favorables au développement des moustiques tigres »
Les moustiques tigres ne se développent pas partout. Leurs larves doivent être déposées dans un petit réservoir d’eau stagnante, comme les moustiques européens. Quentin Brunelle, fondateur de l’association lyonnaise Des espèces Parmi’Lyon qui vise à sensibiliser à la protection de la biodiversité explique :
« Contrairement à l’idée reçue, ce ne sont pas les mares qui sont favorables au développement des moustiques tigres, mais les micro et macro réservoirs. »
Où trouve-t-on ces réservoirs ? Ce n’est pas compliqué : partout. Il peut s’agir d’une toute petite flaque sur le toit d’un immeuble ou sous une dalle de terrasse. Il faut les surveiller dès les premiers jours du printemps, car même si les moustiques tigres n’apparaissent que lors des premières chaleurs, leurs larves, elles, peuvent patienter dans leurs flaques un certain temps.
Présent dans 64 départements français et remontant à grande vitesse vers le nord du pays, l’Aedes albopictus autrement appelé « moustique tigre » est devenu une question centrale durant l’été en France. Pourtant plus petits que les moustiques européens, les diptères originaires d’Asie du sud-est sont bien plus dangereux. Non seulement leurs piqûres sont douloureuses, mais en plus, ils sont susceptibles de transporter des maladies tropicales, les « arboviroses » comme la dengue, le chikungunya ou même le zika.
Carte envoyée par l’ARS d’Auvergne Rhône Alpes à propos de la colonisation des moustiques tigres en France.
Les insectes ne se déplacent pas sur des distances suffisamment grandes pour ramener directement ces maladies des pays où elles sont répandues. En revanche, si une personne atteinte d’une arbovirose arrive en France et se fait piquer par un moustique tigre, il peut transmettre la maladie. Le moustique européen ne peut quant-à-lui pas être porteur d’arboviroses.
Un risque durant l’été 2021 à Lyon ?
Depuis une petite dizaine d’années, les cas de personnes atteintes d’arboviroses restent relativement faibles. En 2016 par exemple, 98 cas de zika ont été déclarés en Auvergne Rhône Alpes :
« Ce sont pour la plupart des personnes qui reviennent de zones où il y a des épidémies. »
En réalité, il y a eu très peu de cas dits « autochtones ». C’est-à-dire des personnes qui ont attrapé des maladies tropicales sur le territoire.
« Les premières transmissions autochtones de la région ont eu lieu en 2019. Deux personnes ont attrapé la dengue à Caluire-et-Cuire. »
Depuis, aucun autre cas de transmission autochtone n’a été déclaré dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Christophe Bellet, responsable opérationnel de l’EID de l’antenne de Décines, s’inquiète tout de même pour cet été :
« Il y a une épidémie de zika à la Réunion, il va sûrement y avoir beaucoup de personnes qui vont en revenir porteuses du virus. »
L’EID ou les ghost busters de moustiques tigres de Lyon
Comment lutte-t-on contre les moustiques tigres à Lyon et ses alentours ? Un peu comme partout où la petite bête zébrée sévit : c’est l’EID (l’Entente Interdépartementale de la Démoustication) qui est chargée d’en limiter la présence. Christophe Bellet, responsable opérationnel de l’EID de l’antenne de Décines explique :
« On a deux volets d’action : la lutte contre la propagation des arboviroses [maladies tropicales] et la lutte contre la nuisance, c’est-à-dire la gêne représentée par les moustiques tigres. »
Les zones d’intervention pour limiter la nuisance sont délimitées par des arrêtés préfectoraux. Dans le Rhône, toutes les communes du département sont inscrites dans cet arrêté à l’exception de Lyon. Christophe Bellet précise qu’à Lyon intramuros, la lutte contre les moustiques nuisants est menée par le service d’écologie urbaine.
Pour lutter contre la nuisance que représente les moustiques tigres, l’EID réalise des opérations de prévention, et pose des larvicides dans des micro-réservoirs. Ceux-ci se présentent sous forme de petites pastilles à mettre dans l’eau. En revanche, la lutte contre les « moustiques vecteurs » concerne uniformément tout le territoire.
« La stratégie de lutte contre les moustiques vecteurs est définie par l’État. Dès qu’une personne est déclarée atteinte d’une arbovirose dans une région où il y a des moustiques tigres, l’Agence Régionale de la Santé nous envoie un signalement des lieux qu’elle a fréquentés. »
Alors, l’EID se rend à ces endroits pour voir s’il y a une présence de moustiques tigres.
« S’il y a des moustiques tigres, l’ARS décide quasiment à chaque fois de procéder à une lutte anti-vectorielle. Évidemment avant de procéder, on étudie la zone : est-ce qu’il y a des écoles, des crèches, des hôpitaux, des Ehpads… »
L’étude de la zone va conditionner le programme de lutte contre le moustique tigre de l’EID : l’utilisation de biocides, larvicides ou piégage.
La pose de larvicides consiste en l’épandage d’un traitement biologique à base de bacille de Thuringe dans les citernes, bidons, vases et pots. La bactérie élimine toutes les larves de moustiques tigres. Christophe Bellet déclare que le piégeage n’est pour l’instant pas très répandu. Il s’agit de poser des appareils qui attirent et piègent les moustiques en diffusant du CO², simulant la respiration humaine ou animale.
Pulvériser des biocides à Lyon « ce n’est pas efficace à 100% »
C’est l’épandage de biocides qui est la solution majoritaire dans le cadre de la lutte anti-vectorielle. Christophe Bellet raconte :
« On prévient la population avec des flyers 48 heures auparavant, on prévient aussi personnellement les apiculteurs. »
Et, deux jours après, les démoustiqueurs reviennent dans le quartier entre 4 et 5 heures du matin à bord d’un gros 4×4. Sur leur véhicule est hissé un imposant canon qui pulvérise un produit à base de deltaméthrine.
« On pulvérise tous les endroits où des moustiques tigres pourraient se reposer sur un rayon de 150 mètres autour de notre point de départ. »
Christophe Bellet temporise :
« Évidemment ce n’est pas efficace à 100%. »
« Pulvériser des biocides ça tue les abeilles sauvages »
Pour Quentin Brunelle, fondateur de l’association lyonnaise Des espèces Parmi’Lyon qui vise à sensibiliser à la protection de la biodiversité :
« Cette pulvérisation d’insecticides de nuit est un désastre écologique. Par exemple, ça tue toutes les abeilles sauvages. »
Un moustique tigre. Une image libre de droit par Pixabay.
Il a réalisé un état des lieux après une opération de démoustication nocturne à Villeurbanne. Il a notamment publié une vidéo sur facebook à ce sujet :
« Il y avait plusieurs dizaines d’espèces d’insectes mortes dans les caniveaux, souvent des pollinisateurs. »
Il ajoute :
« Le moustique tigre est crépusculaire. À 4 heures du matin il est caché pour dormir. »
Marc Maisonnet est co-président du syndicat d’apiculture du Rhône, il déclare lui aussi être inquiet de ces opérations de démoustications nocturnes :
« Sur 200 mètres, il y a tout qui meurt, y compris les oiseaux qui mangent les insectes. On aimerait bien qu’ils se mettent plutôt aux pièges électroniques, qui sont beaucoup moins néfastes pour la biodiversité. »
Il pointe les dangers de cette technique de démoustication pour les ruches :
« En 48 heures, on ne peut pas déplacer une ruche qui contient du miel, et tous les étés il y a du miel dans les ruches. »
Philippe Garin est apiculteur dans la métropole de Lyon, il installe des abeilles dans les jardins privés avec son entreprise « Les abeilles du Lyonnais ». L’été dernier, il a été prévenu qu’une opération de démoustication aurait lieu près d’un de ses ruchers, à Tassin-la-Demi-Lune :
« J’ai eu peur mais aucune ruche ne m’a semblé dépeuplée au lendemain de l’opération. Cependant, je ne sais pas à quelle distance se trouvait la pulvérisation. De plus, mes abeilles dorment la nuit. »
« Il va falloir obliger les Grands lyonnais à mettre du gravier sur les toits terrasses »
Pour les associations comme pour les élus de Lyon et de la Métropole, il est primordial d’abattre le cliché selon lequel les moustiques tigres prospèrent dans les mares.
Quentin Brunelle explique :
« Dans une mare saine, il y a tous les prédateurs du moustique tigre : des coléoptères, des libellules, des mouches, des araignées d’eau qui mangent les larves du moustique… »
Il ajoute :
« S’attaquer aux mares, c’est se tromper de cible. Il y a des personnes qui n’en sont pas informées qui vont jusqu’à vider du liquide lave-vitre dans les points d’eau, c’est grave. »
Pierre Athanaze est vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’environnement, la protection animale et la prévention des risques. Il aimerait s’attaquer aux toits de la métropole pour raréfier les lieux de ponte du moustique tigre :
« Il va falloir obliger les Grands lyonnais à mettre du gravier sur les toits terrasses ou mieux, végétaliser les toits. Ajouter du substrat, et planter des végétaux. »
Pierre Athanaze est le 11e vice-président de la Métropole. Il a à sa charge l’environnement, la protection animale et la prévention des risques.Photo : LS/Rue89Lyon
Nicolas Husson est adjoint au maire de Lyon en charge des questions de biodiversité, de nature en ville et de protection animale. Pour lui aussi, un travail de responsabilisation des concepteurs d’immeubles doit être mené, mais ce n’est pas sa priorité :
« Pour l’instant, ce n’est pas le plan. On communique déjà les mesures de protection contre les moustiques tigres aux citoyens, on leur demande par exemple de couvrir tous leurs réservoirs d’eau par au moins une bâche. »
« Il va falloir apprendre à apprécier l’utilité des araignées »
Il souhaite en revanche lutter contre les moustiques tigres en favorisant le développement de ses prédateurs.
L’élu écologiste a suivi attentivement le projet de la Ligue de Protection des Oiseaux, qui a creusé une mare au cimetière de Loyasse (Lyon 5e) en 2016. L’association y a aussi installé des perchoirs à oiseaux et la tonte de l’herbe n’est plus effectuée que deux fois par an pour que les petites bêtes s’y épanouissent.
Le 11 juillet dernier, un autre refuge labellisé par la LPO a été inauguré dans le cimetière de la Guillotière en partenariat avec la Ville. Nicolas Husson explique que ces îlots de nature dans les cimetières lyonnais sont voués à se multiplier, toujours en partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux :
« C’est grosso-modo toujours la même idée. La mare fait à peine la taille d’une grosse table, mais ça fait partie d’un tout, ça participe à notre projet de trame verte qui régulera la présence des moustiques tigres. »
Nicolas Husson, 16è adjoint à la Mairie de Lyon. Il s’occupe des questions de biodiversité, de nature en ville et de protection animale.Photo : LS/Rue89Lyon
Pour le président de la LPO, Patrice Franco, il faut garder à l’esprit que les premiers prédateurs des moustiques tigres ne sont pas les oiseaux et les chauve-souris :
« Les moustiques tigres volent généralement à deux mètres du sol. L’altitude de chasse habituelle des hirondelles ou des martinets est bien plus haute. »
Quant aux chauve-souris, elles sortent chasser quand la majorité des moustiques tigres n’est plus active. Patrice Franco conclut :
« Il va falloir apprendre à apprécier l’utilité des araignées par exemple, non seulement les araignées d’eau dans les mares, mais aussi les araignées de maison. »
En effet, les moustiques sont un des mets préférés des araignées, particulièrement quand ils sont gorgés de sang.