1er mois à 1€

Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Violences policières à Lyon : le procès de deux agents de la BAC reporté dans un climat tendu

Violences policières à Lyon : le procès de deux agents de la BAC reporté dans un climat tendu

Ce vendredi 1er avril devait s’ouvrir à Lyon le procès de deux agents de la BAC pour des violences policières contre Arthur Naciri. Devant une audience incrédule, l’audience a été renvoyée pour la quatrième fois.

De vifs échanges, ce vendredi après-midi au tribunal, ont tendu une atmosphère déjà lourde dans cette affaire médiatique que Rue89Lyon avait lancée en publiant les premières images des violences. Récit.

« Ça me fait péter un plomb ! »

Ces mots, ce sont ceux d’Arthur Naciri. Ce vendredi 1er avril 2022, le jeune homme s’est rendu au tribunal de Lyon pour la troisième fois pour assister au procès de deux policiers jugés pour des faits de « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » à son encontre. Ces derniers sont accusés de lui avoir « brisé la mâchoire » et neuf dents, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites datant de décembre 2019.

Ce vendredi, le matin précédent l’audience programmée de longue date, Arthur Naciri a appris que le procès allait être renvoyé pour la quatrième fois. Une annonce faite dans un climat de fortes tensions qui a emmené un geste d’intimidation incompréhensible du côté d’un soutien des policiers.

Devant une salle pleine de journalistes, le tribunal a expliqué devoir décaler le procès à cause d’une autre affaire, retenue sur cette même date. « Nous n’avons, de plus, reçu le complément d’information que la semaine dernière », a complété la magistrate. Elle a alors proposé alors de juger l’affaire le 13 septembre. Une date qui ne convient par ailleurs pas à l’un des deux policiers.

« Serait-il possible de décaler la date après le 18 septembre ? », a demandé leur avocat, Laurent-Franck Liénard.

Violences policières à Lyon
Arthur Naciri à la sortie de son troisième passage au tribunal de Lyon, le 1er avril 2022.Photo : PL/Rue89Lyon.

Une scène d’intimidation devant la salle d’audience à Lyon

Devant des soutiens d’Arthur Naciri médusés, la juge a ainsi accordé cette demande à la défense. Prévue initialement le 10 décembre 2020, le procès aura lieu (en théorie) le 22 septembre 2022. Soit presque trois ans après les faits (lire par ailleurs).

Assez vite, les esprits se sont échauffés. En sortant de la salle d’audience, Arthur Naciri a apostrophé les policiers d’un : « Bonnes vacances ! », faisant référence à sa demande de report. Un des soutiens de l’agent, non identifié, est revenu sur ses pas. Après avoir marché quelques mètres, il est venu pointer son visage à quelques centimètres du visage d’Arthur. L’index sur le nez, il lui a ainsi intimé de se taire avec un « chut », avant de repartir.

Fait devant témoins, ce geste d’intimidation a envenimé une ambiance déjà délétère. Le jeune homme a fini par retenir son père pour que personne n’en vienne aux mains.

« Non mais vous vous rendez compte ? Dans un palais de justice ! », a crié son père.

« Je vais encore passer tout l’été à penser à ça »

Interrogé à chaud, le jeune homme était hors de lui :

« Je vais encore passer tout l’été à penser à ça, a-t-il lancé. La raison de tout ça, c’est que la justice est nulle, voilà. »

Il a aussi craqué :

« Ils veulent que je fasse une grève de la faim ou quoi ? »

Cela fait deux ans et demi qu’il attend ce procès. Depuis les images de sa bouche ensanglantée révélées par Rue89Lyon, l’affaire a eu une résonance médiatique importante. Mais l’aspect juridique patine.

« On avait trouvé que la justice allait vite lorsque l’on a eu notre première date de procès. Aujourd’hui, on peut juste dire qu’elle a retrouvé son rythme normal », ironise avec une pointe d’aigreur son avocat, Thomas Fourrey.

Ce dernier ne comprend pas le motif du renvoi. Le fameux « complément d’information », une expertise vidéo de l’affaire, était sur son bureau depuis février. Pourquoi le tribunal ne l’a-t-il pas eue avant ?

« Ce dossier est un symbole, il montre que l’institution judiciaire va mal. Les magistrats ne sont pas assez nombreux et on voit ici les conséquences de cette situation. »

Du reste, l’avocat d’Arthur Naciri s’interroge sur l’attitude du « comparse » des agents venu défier son client. « J’espère qu’il y aura des retombées à ce propos ».

La guerre des images encore reportée

Parti à la va-vite avec les prévenus, l’avocat de la défense, Laurent-Franck Liénard, n’est pas resté pour répondre aux questions de la presse. Dans ce contexte tendu, il n’a pas pu préciser la raison de la demande de ce report. En-tout-cas, après avoir réalisé un coup de poker en février 2021, il éloigne encore le moment de la bataille des images.

Car celles-ci sont bien là. Révélées par Rue89Lyon, des photos et vidéos ont permis de réaliser plusieurs analyses du jour du drame.

Les soutiens d'Arthur Naciri
Violences policières à Lyon : des images de la bouche ensanglantée d’Arthur Naciri ont été montrées à la sortie du tribunal.Photo : PL/Rue89Lyon.

Vidéos de violences à Lyon : la nouvelle expertise n’identifie toujours pas le policier

Selon les conclusions de l’expertise du service national de la police scientifique, que Rue89Lyon s’est procurées, un policier est incriminé. Elles s’appuient, notamment, sur les vidéos tournées par les caméras de surveillance autour de la place Bellecour.

Le rapport, demandé par l’avocat des deux policiers, identifie un agent, responsable de plusieurs coups de BTD (bâton télescopique de défense). Arrivé au moment du coup fatal, l’arbre, selon le rapport, empêche de voir le responsable.

« Le porteur de téléphone s’éloigne, ne permettant pas d’en décrire plus », indique même le rapport. Un affirmation (un regret ?) qui résonne tout particulièrement avec les débats ayant eu cours l’année dernière contre la loi de sécurité globale.

« Nous n’apercevons pas de coups portés au visage d’Arthur Naciri », indique la police scientifique.

Pourtant, le rapport médical, lui aussi demandé par le tribunal est clair : les liaisons au niveau de la face sont évocatrices de l’utilisation « d’un objet contondant, sans pouvoir préciser le type d’arme utilisée ». Le jeune homme ne s’est donc pas cassé les dents en tombant sur le trottoir, ce que la défense avait pu suggérer.

Une analyse montre des violences de deux policiers

En face, le collectif de soutien aux victimes de violences policières Flagrant Déni a une autre version des faits. « On a les mêmes images, commente l’un d’eux. La différence, c’est qu’on n’a pas cherché la même chose. »

https://twitter.com/FlagrantDeni/status/1508872800999809026

Grâce à un travail de concordance des différentes sources d’images, de deux vidéos et de photos prises sur le moment, le collectif (autrefois appelé comité contre les violences policières) retrace le moment où la victime se fait attraper par les forces de l’ordre, tiré par terre, et frappé au sol.

Il montre qu’un policier a été oublié car ils sont au moins deux à avoir donné des coups de tonfa à Arthur.

Mais pour l’avocat des agents, Laurent-Franck Liénard, cette vidéo n’a que peu de poids face à la nouvelle expertise de la police scientifique. Elle reste à son avantage : le policier porteur du coup au visage n’est pas identifié. Une « brebis galeuse », selon les termes qu’il avait lui-même employés l’an dernier, courrait toujours au sein de la police, mais ne serait aucun de ses deux clients.

Violences policières à Lyon : une première manche judiciaire en attente

Il faudra attendre pour confronter leurs versions. L’avocat de la partie civile, Thomas Fourrey, a demandé à la juge si le tribunal pouvait s’attarder sur une nouvelle vidéo. Cette dernière a accepté. Cela jouera-t-il en faveur d’Arthur Naciri ? Méfiant, son avocat appelle à la prudence pour la suite.

« La première instance n’est parfois que la préparation de l’appel. Il faudra être patient… »

À ce rythme, la partie pourrait continuer jusqu’en 2024. Une chose qui ne semble pas faire peur au jeune homme. Arthur Naciri travaille actuellement toujours pour payer ses frais dentaires. Via le procès, il espère bien se les faire rembourser. « Et en attendant, eux [les agents de la brigade anti-criminalité, BAC, ndlr], ils continuent de travailler comme si de rien n’était… », s’est-il agacé.

En septembre, son avocat pourrait demander à ce que les agents soient jugés pour « violences en réunion ». Cette qualification pourrait alors aboutir à la condamnation des deux policiers avec un facteur aggravant. Si le procès a bien lieu, le verdict sera lui connu un mois plus tard.

#Tribunal de lyon

Manifestations à Lyon : l’hélicoptère de la gendarmerie n’aurait pas dû filmer

Manifestations à Lyon : l’hélicoptère de la gendarmerie n’aurait pas dû filmer

Un recours avait été déposé en avril 2021 à Lyon contre l’utilisation d’un hélicoptère, muni d’une caméra, pour la surveillance de manifestations. Le tribunal administratif de Lyon vient de juger cette utilisation illégale, à l’époque, égratignant au passage la préfecture du Rhône.

Mercredi 30 mars, le tribunal administratif de Lyon s’est prononcé sur un recours déposé en avril 2021. Un manifestant contre la projet de loi « Sécurité globale » jugeait l’utilisation d’un hélicoptère de la gendarmerie, muni d’une caméra dotée d’un puissant zoom, illégale.

Des manifestations à Lyon surveillées par hélicoptère et par drone

Le tribunal administratif de Lyon lui a donné raison. Le tribunal a estimé notamment que la caméra autorisait « l’identification de personnes, la transmission de ces images et leur enregistrement », ce qui « en fait des données à caractère personnel au sens des dispositions de la directive européenne du 27 avril 2016 », dans sa décision selon l’AFP.

Or, en dehors de situations de nécessité absolue, aucune base légale n’existait à l’époque pour permettre l’utilisation d’une telle caméra et d’une captation des images. Un argument soulevé notamment par l’avocat du plaignant, Yannis Lantheaume.

Pour lui, son utilisation dans le cadre du maintien de l’ordre viole un certain nombre de grandes lois françaises, à l’instar des drones doublement retoqués par le Conseil d’État. Certaines manifestations contre la loi « Sécurité globale » avaient en effet été surveillées par un drone à Lyon.

hélicoptère Lyon
L’hélicoptère de la gendarmerie survole la manifestation. Acte XI des « Gilets Jaunes » samedi 26 janvier 2019.Photo : MG/Rue89Lyon

Le tribunal administratif de Lyon contredit la préfecture du Rhône sur l’enregistrement et la conservation des images de surveillance

Dans cette affaire, la préfecture du Rhône a assuré que les images n’étaient pas enregistrées et conservées. Dans sa décision, le tribunal administratif indique que « contrairement à ce que l’administration fait valoir, ces données sont également enregistrées et conservées pendant 30 jours ».

L’hélicoptère, muni de sa caméra puissante, est devenu un incontournable des mobilisations depuis cette garde à vue à ciel ouvert d’octobre 2010 place Bellecour. Ce nouveau dispositif de surveillance des manifestations s’est imposé avec une facilité déconcertante à l’occasion des manifs contre la loi Travail au printemps 2016, puis des actes des Gilets jaunes. Et enfin des manifestations contre la loi « Sécurité Globale ». Il s’avère donc que ce recours aux hélicoptères dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre avait pris quelques libertés avec la loi française.

Cette décision ne changera toutefois pas grand-chose. Depuis ce recours d’un manifestant, le cadre légal a changé. Depuis ce début d’année, la pratique est désormais légale. Cette décision du tribunal administratif de Lyon vaut donc pour le passé. Mais ne devrait pas clouer au sol l’hélicoptère de la gendarmerie et sa caméra pour de futurs cortèges considérés « à risques » par la préfecture du Rhône.

Laeticia, vendeuse à Lyon : après Macron, elle votera Mélenchon

Laeticia, vendeuse à Lyon : après Macron, elle votera Mélenchon

[Parcours d’électeurs] Après avoir donné sa voix à Emmanuel Macron en 2017, Laeticia, vendeuse à Lyon, votera pour Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle du dimanche 10 avril.

A l’occasion des présidentielles 2022, des étudiants en journalisme de l’université Lyon 2 sont allés à la rencontre d’électeurs et électrices. Nous publions leurs portraits.

A 24 ans, Laeticia est un exemple du basculement d’un vote jeune d’Emmanuel Macron vers Jean-Luc Mélenchon. Née  à Lyon, elle y a fait ses études de droit et y réside toujours. Malgré un diplôme de master en Droit des affaires, elle est vendeuse dans une boutique de vêtements.

« Je suis déçue par Emmanuel Macron  »

« Déception », c’est le mot que cette jeune Lyonnaise, prononce pour expliquer son choix. Lors de l’élection présidentielle précédente, Laeticia avait 19 ans et venait de faire ses premiers pas à la faculté de droit de l’Université Lyon 2.

Pour son premier vote, elle avait accordé son suffrage à Emmanuel Macron, le plus jeune président de l’histoire de France.

«  Comme beaucoup de jeunes, je voulais voter pour un président de la nouvelle génération, dynamique et positif. Je pensais qu’il allait faire quelque chose en faveur des jeunes pour améliorer leurs conditions de vie. »

Mais, au fil des années, elle s’est rendu compte qu’elle avait eu « tort » :

« Je suis vraiment déçue ».

Laeticia est issue d’une famille modeste. Son père est un aide-soignant dans un établissement de santé publique à Lyon et sa mère est Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Laeticia plaint ses parents qui peinent à subvenir à leurs besoins et à ceux de ses deux sœurs adolescentes.

« J’ai quitté le nid familial depuis deux ans, afin d’alléger le fardeau des charges pour mes parents. Avec la cherté de la vie et un Smic à 1200 euros, c’est devenu impossible de boucler les fins de mois. »

« J’ai fait de longues années d’études, et à la fin je me trouve vendeuse dans un magasin de prêt à porter« 

La dégradation du pouvoir d’achat, l’augmentation du taux de chômage et de la pauvreté, ainsi que la précarité étudiante, ce sont autant de raisons qui ont motivé la décision de Laeticia. 

« J’ai fait de longues années d’études, et à la fin je me trouve vendeuse dans un magasin de prêt à porter, pour un salaire qui ne me permet même pas d’arrondir les fins des mois. C’est injuste », regrette-t-elle.

Dans ce contexte, elle exprime notamment son désarroi quant au projet d’Emmanuel Macron, de réforme des retraites qui doit porter l’âge de départ légal à 65 ans, estimant qu’une telle mesure pourra augmenter davantage le taux de chômage.

« Je vais voter pour Jean-Luc Mélenchon, car je suis convaincue que c’est le candidat qui pourra apporter un réel changement positif.»

Elle se fait plus précise :

« Jean-Luc Mélenchon veut que la retraite soit à 60 ans. Je pense que c’est une bonne proposition, car elle  permettra aux retraités de profiter de leur vie et aux jeunes d’avoir plus d’opportunités d’emploi. »

Elle salue aussi la proposition du candidat de l’Union populaire de créer 100 000 emplois jeunes payés au Smic qui sera revu  à 1400 euros. 

« Cela me laisse espérer  que je pourrai, peut-être, décrocher un emploi dans mon domaine d’études qui est Droit de la propriété intellectuelle des créations artistiques et esthétiques. »

A Lyon, Laeticia votera Mélenchon après avoir voté pour Macron. ©DR
A Lyon, Laeticia votera Mélenchon après avoir voté pour Macron.Photo : DR

Laeticia met l’accent également, sur la « montée inquiétante » de l’extrême droite :

« On ne peut pas espérer un avenir meilleur avec des candidats qui tiennent des discours haineux et qui divisent les français. Ils ne proposent rien de concret pour le peuple. Ils ne parlent que de l’immigration  et des religions. »

Pour la jeune diplômée en droit, Jean-Luc Mélenchon est le candidat qui « incarne le plus les valeurs de la République française, liberté, égalité, fraternité ».

Sorties et culture en avril 2022 à Lyon, la sélection de la rédaction

Sorties et culture en avril 2022 à Lyon, la sélection de la rédaction

Y’a plus de saison ma bonne dame. On ne sait pas si, comme à notre habitude, l’adage météo peut être utilisé pour cette sélection de sorties ou, autrement dit, si « en avril, on te conseille de ne pas te découvrir d’un fil », car le faux printemps précède une saison glaciale, et inversement.

Mettez plusieurs couches pour pouvoir les ôter et, dans tous les cas, sortez. Si vous avez repéré quelques bons plans qui n’apparaitraient pas ci-après, faites-en écho via les commentaires !

Du documentaire sur la troisième colline de Lyon, avec Histoires vraies au CinéDuchère

Pour la 22e année, Ciné Duchère propose, avec le festival « Histoires vraies [.DOC] », des rencontres autour du film documentaire.

Les films sont divers mais tous engagés : « écologie, résistance civile, sociologie, art et conflits politiques ».

Toutes les projections auront lieu dans cette ancienne église de la Duchère devenue un cinéma classé art et essai, au 308 avenue Andreï Sakharov (Lyon 9).

A noter, la projection de « The Journey of the Others » dans le cadre du festival « Palestine en vue ». Synopsis :

« Les acteurs du Freedom Theatre, dans le camp de réfugiés de Jénin, ont un rêve ambitieux : jouer leur spectacle « Le Siège » à l’Université de New-York. La pièce a été annulée trois fois auparavant sous la pression du gouvernement israélien et l’arrestation d’un comédien sans justification au dernier moment ne serait pas surprenante.

Quitter la Palestine avec la pièce est un exploit au nom de la liberté. Entre répétitions et histoire du Théâtre de la Liberté, le voyage se prépare. Sur les planches pendant leurs jours de vacances, vingt enfants oublient pendant quelques heures les souffrances liées à l’occupation. »

Le film sera suivi d’un débat avec Mohammad Bakri, réalisateur, acteur et producteur palestinien.

Histoires vraies au CinéDuchère, du 31 mars au 3 avril.

Quais du Polar, une édition traditionnelle en 2022

Une édition qui retrouve ses atours traditionnels et c’est plutôt réjouissant. Après 2021 et un événement monté en extérieur et parfois sous la pluie, le festival de rencontres littéraires Quais du Polar va se nicher de nouveau au Palais de la Bourse (Lyon 2e).

Une masterclass de Michel Bussi ce vendredi après-midi, qui promet de donner quelques secrets de fabrication, mais aussi moult rencontres et conférences dont les invité·es comme les contenus nous séduisent franchement. En voici un petit aperçu :

Ouvrir des livres puis rencontrer des auteurs et autrices IRL, voilà ce que promet cette édition, c’est à la fois très traditionnel mais évidemment rafraîchissant, en 2022.

Tout le programme de Quais du polar 2022 en ligne. Festival les 1er, 2 et 3 avril.

Les dix ans de la soirée « ARM ABER SEXY »

C’est le slogan qu’a longtemps revendiqué la ville de Berlin, « arm aber sexy » signifie « pauvre mais sexy ». Inventée par Olivier Rey lorsqu’il était directeur de la salle du Lavoir, puis organisée avec la fameuse Isa (aux manettes également pour ce samedi 3 avril), cette soirée clubbing a généré une petite ambiance plus que sympathique dans le 1er arrondissement de Lyon pendant des années.

Megaphonim. lyon sorties culture avril
Megaphonim. DR

C’est le Sucre à Confluence qui célèbre donc cet anniversaire avec un line-up très appréciable : Tushen Raï, l’un des patrons du label Hard Fist ; Megaphonim, un groupe israélien contestataire ; et Damon Jee, fabricant de mélodies dark disco. Dansez donc, maintenant.

ARM ABER SEXY 10 ans, au Sucre, le samedi 3 avril.

Fouad Boussouf à la Maison de la Danse

Son spectacle est qualifié d’ »explosif et sensuel ». Fouad Boussouf présente « Näss » (les gens), à la Maison de la Danse, ce mois. La performance relève de l’ivresse, l’idée générale est aussi d’entrer dans une transe pour sept interprètes. « Näss » est inpiré par le groupe de musique mythique Nass El Guiwane qui a fait connaître la culture Gnawa dans les années 1970.

"Näss" de Fouad Boussouf, présenté à la Maison de la Danse. DR
« Näss » de Fouad Boussouf, présenté à la Maison de la Danse. DR

« Näss » à la Maison de la Danse (Lyon 8e), du 12 au 15 avril.

Hallucinations Collectives : retour de l’anormal pour le festival de l’Autre Cinéma à Lyon

Après une 14ème édition programmée en été pour cause de Covid, la 15ème édition revient, comme les oeufs, pour la période pascale, toujours au cinéma Le Comoedia (Lyon 7e).

Au programme, le festival de l’Autre Cinéma propose des œuvres laissées en marge. Paroles d’organisateurs :

« Ce sont plus généralement des films « étranges », d’une façon ou d’une autre, ce qui a justement bien souvent conduit à leur marginalisation. Des films fragiles et orphelins, dans l’ombre du cinéma mainstream et des incontournables de l’histoire « officielle » du 7ème art ».

En avril 2022, 28 films sont projetés dans le « on » ainsi que des courts métrages.

En ouverture le 12 avril, « Hallucinations Collectives » propose en avant-première française, « Dark glasses », le dernier film de Dario Argento. Synopsis d’un film d’horreur interdit au moins de 16 ans :

« Une prostituée italienne, rendue aveugle par un tueur en série lors d’une attaque, recueille un enfant dont la vie a également été détruite par les actions du maniaque. Il va devenir son allié dans une lutte terrifiante pour se débarrasser définitivement du tueur en série… »

Hallucinations collectives, du 12 au 18 avril.

Un spectacle sur le vote dans l’entre-deux-tours à la MMI

Et si on vous invitait à voter pour… le meilleur système de vote ? En plein entre-deux-tours des élections présidentielles 2022, la Maison des mathématiques et de l’informatique (MMI) propose une programmation très à-propos. Il s’agit d’un spectacle estampillé « théâtre-débat », participatif, signé par la compagnie Terraquée.

C’est quoi, une majorité ? C’est quoi, l’opinion publique ? C’est quoi, une élection juste ? Pour répondre à ces question ont été imaginés un « I.N.D.E.C.I.S », soit un « Institut National pour la Décision Électorale Contrôlée par des Insubmersibles Scientifiques », avec des chercheurs qui devraient mener la danse du débat et des réflexions.

« Et si on votait autrement », à la MMI, le jeudi 14 avril à 18h30. A partir de 14 ans.

Législatives 2022 : des victoires écologistes sont-elles encore possibles à Lyon ?

Législatives 2022 : des victoires écologistes sont-elles encore possibles à Lyon ?

Aux prochaines élections législatives de juin 2022, les écologistes tenteront d’obtenir des sièges de députés à Lyon et dans le Rhône.

Malgré la position dans les sondages de leur candidat à la présidentielle Yannick Jadot, ils fondent quelques espoirs sur certaines circonscriptions de Lyon. Ils y avaient obtenu de bons résultats aux élections municipales et métropolitaines de 2020.

Des écologistes sortants sur la 2e circonscription à la faveur des changements de casaque

À gauche, les écologistes fondent quelques espoirs pour ces législatives 2022. Forts de leurs victoires aux élections municipales à Lyon et métropolitaines, certaines circonscriptions au cœur de Lyon pourraient leur être favorables, sociologiquement au moins.

À la faveur des changements de casaque, les écologistes se retrouvent même en position de « sortants » dans la 2e circonscription. Hubert Julien-Laferrière, ancien socialiste parti chez LREM, a quitté la majorité en cours de mandat (mais pas son siège) pour rejoindre Génération Écologie, partenaire d’EELV. Le parti écologiste doit normalement le soutenir en juin 2022, même si son cas crée des remous et des désaccords au sein des groupes militants locaux.

Ses changements d’orientation ont en effet exacerbé des tensions, mais sa position de sortant reste alléchante pour le parti qui se retrouve tout à coup possiblement très bien placé sur cette circo.

Hubert Julien-Laferrière au 2ème tour des législatives à la préfecture du Rhône le 18 juin 2017. ©HH/Rue89Lyon
Hubert Julien-Laferrière le soir du 2ème tour des législatives à la préfecture du Rhône le 18 juin 2017.Photo : HH/Rue89Lyon

La 3e circonscription du Rhône, la meilleure chance des écologistes aux législatives ?

Assez logiquement, les écologistes fondent quelques espoirs sur les 1ère et 3e circonscriptions du Rhône ainsi que sur la 6e circonscription, celle de Villeurbanne. Sophia Popoff, conseillère municipale de Lyon, sera la candidate EELV dans la 1ère circonscription, face notamment au député sortant Thomas Rudigoz (LREM).

Marie-Charlotte Garin, directrice de cabinet de la maire du 5e arrondissement de Lyon, sera candidate dans la 3e circonscription. Cette 3e circonscription est, sur le papier, une des circonscriptions représentant le plus d’espoir pour les écologistes. Le député sortant, Jean-Louis Touraine (PS puis LREM), ne se représente pas. De plus, cette circonscription est composée d’une partie des 7e, 3e et 8e arrondissements. Trois arrondissements où les écologistes avaient enregistré parmi leurs meilleurs scores aux élections locales de 2020.

C’est la conseillère métropolitaine de Villeurbanne Zemorda Khelifi qui se présentera dans la 6e, circonscription (qui recoupe les contours de ville), selon le quotidien régional Le Progrès. A moins qu’un accord n’intervienne avec le Parti Socialiste qui a investi Cristina Martineau pour ces législatives.

Le PS avait réussi, avec Cédric Van Styvaendel, à conserver la mairie en 2020. Dans une situation moribonde et face à un candidat écologiste à l’élection présidentielle qui ne décolle pas dans les sondages, on voit mal le PS ne pas tout faire pour tenter de garder la main dans ce bastion.

En dehors de Lyon, bien peu d’espoir pour les écologistes aux législatives 2022 dans le Rhône

Par ailleurs, la presse locale indique que Benjamin Badouard sera candidat dans le 4e circonscription qui comprend une partie du 3e et le 6e arrondissement. Une circonscription historiquement favorable à la droite, remportée par Anne Brugnera (LREM) en 2017. Autre circonscription bien peu favorable pour les écologistes : la 5e, celle comprenant notamment Caluire et Limonest. C’est Nathan Guedj, une des chevilles ouvrières d’EELV lors des dernières élections départementales dans le Rhône notamment, qui sera candidat.

Emmanuelle Lonaret et Thomas Fournier, seront candidats respectivement sur les 13e et 14e circonscriptions du Rhône. La 13e, comprenant notamment Meyzieu, une partie de Saint-Priest, Décines, Meyzieu ou Jonage, semble très peu favorable aux écologistes.

La 14e circonscription, comprenant Vénissieux, Feyzin, Saint-Fons et une autre partie de Saint-Priest, est bien plus favorable à la gauche. Mais ce secteur pourrait également faire l’objet d’un accord entre les différentes forces de gauche, notamment le PCF bien implanté avec sa candidate et maire de Vénissieux, Michèle Picard.

#Législatives

Législatives 2022 : ces maires LR de la métropole de Lyon qui repartent pour un tour

Législatives 2022 : ces maires LR de la métropole de Lyon qui repartent pour un tour

Aux élections législatives de juin 2022, des maires Les Républicains (LR) tenteront de (re)gagner leur siège de député dans le Rhône et la métropole de Lyon. Désormais, la règle du non cumul des mandats leur empêchera de conserver leur poste de maire, entraînant ainsi de possibles changements à la tête de certains communes.

Deux députés LR sortants en 2022 dans le Rhône

Lors des élections législatives de 2017, Les Républicains avaient conservé deux circonscriptions. Sur la 8e, Patrice Verchère, député depuis 2007 avait conservé son siège. Élu maire de Cours en 2020, il avait laissé son fauteuil à sa suppléante, Nathalie Serre. Qui se présentera sous les couleurs LR en juin prochain.

Bernard Perrut, député de la 9e circonscription, au cœur du Beaujolais, avait lui aussi conservé son siège en 2017. Il se représentera cette année encore.

Beaucoup de maires LR désignés pour les législatives dans le Rhône

Philippe Cochet, réélu dès le premier tour à Caluire, se félicite en tant que président de l'UMP du Rhône de la vague bleue dans le Grand Lyon. Crédit : Pierre Maier.
Philippe Cochet, réélu dès le premier tour à Caluire, se félicite en tant que président de l’UMP du Rhône de la vague bleue dans le Grand Lyon. Crédit : Pierre Maier.

Ailleurs dans le Rhône, le parti a désigné bon nombre de têtes connues. Bien souvent des maires. C’est le cas de Pascal Blache, maire du 6e arrondissement de Lyon, candidat sur la 4e circonscription. Une circonscription perdue par la droite en 2017 au profit de LREM. Il était déjà candidat en 2017.

Sur la 5e circonscription, qui englobe Caluire-et-Cuire, l’ancien député et actuel maire de la ville, Philippe Cochet repartira en campagne.

Sur la 7e circonscription (Bron, Rillieux, Vaulx-en-Velin), le maire de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet, patron du parti dans le Rhône, retentera sa chance. Il avait perdu de peu en 2017 face à Anissa Khedher (LREM) sur une circonscription jusque-là traditionnellement à gauche.

Les chances de ces deux candidats sont réelles. Candidats tous les deux dans la même circonscription aux élections métropolitaines de 2020, Plateau-Nord-Caluire (différente des circonscriptions législatives mais englobant leurs communes respectives), ils avaient largement remporté l’élection. Ils avaient par ailleurs étaient largement réélus dans leurs communes aux élections municipales la même année.

Sur la 11e circonscription, c’est Paul Vidal le maire de Toussieu qui a été investi par son parti. Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite, sera candidat sur la 12e circonscription tout comme Gilles Gascon, maire de Saint-Priest, sur la 13e circonscription.

S’ils venaient à l’emporter, tous ces devraient quitter leur fauteuil de maire. Dans l’hypothèse bien évidemment où ils souhaiteraient siéger en tant que députés.

Des candidates dans les circonscriptions du Rhône difficilement gagnables ?

Anne Prost
Anne Prost, tête de liste d’Étienne Blanc (LR) dans le 5e arrondissement de Lyon aux municipales 2020. Photo BE/Rue89Lyon

Dans des circonscriptions plus difficilement gagnables, notamment dans Lyon, les LR ont fait le choix d’élus d’arrondissement ou candidats au dernières élections municipales. Bien souvent des femmes. Anne Prost, tête de liste LR dans le 5e arrondissement de Lyon aux municipales de 2020, a été investie sur le 1er circonscription. Elle devrait avoir face à elle Jean-Stéphane Chaillet, 1er adjoint de Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement de Lyon. Non investi par son parti il est pour l’heure toujours candidat.

Affiche campagne législatives Jean-Stéphane Chaillet
Affiche de campagne de Jean-Stéphane Chaillet, candidat LR dissident aux législatives 2022 sur la 1ère circonscription du Rhône. Photo BE/Rue89Lyon

Myriam Fogel-Jedidi, tête de liste dans le 1er arrondissement aux élections municipales en 2020, sera elle candidate sur la 2e circonscription du Rhône. Idem pour Béatrice de Montille, conseillère municipale de Lyon, élue dans le 3e arrondissement et candidate dans la 3e circonscription. Pas de candidat désigné chez les LR à Villeurbanne où le parti ne compte plus aucun élu municipal.

Sophie Cruz, la femme de Christophe Guilloteau président LR du conseil départemental du Rhône, retentera sa chance sur la 10e circonscription. Elle avait brigué le siège en 2017, pour tenter de prendre la suite de son mari, député sortant, qui ne pouvait plus cumuler. Elle avait été emportée par la vague LREM. Enfin, Réjane Clapet, qui a mené la liste LR à Corbas en 2020, a été investie par son parti sur la 14e circonscription.

L’avenir incertain d’Angélina, dernière vendeuse d’animaux vivants sur les marchés de Lyon

L’avenir incertain d’Angélina, dernière vendeuse d’animaux vivants sur les marchés de Lyon

Le nouveau règlement des marchés de Lyon prévoit de mettre fin à la vente d’animaux vivants sur les marchés. Angélina, éleveuse dans l’Ain, est l’unique commerçante concernée par cette future réglementation.

Dimanche 20 avril, sur le marché de la Place Guichard, c’est le stand d’Angélina qui fait l’attraction. Des enfants se penchent sur les poules, se pressent pour toucher les lapins quand d’autres jettent des regards inquiets aux pintades qui cacabent dans leur cage.

Depuis 9 ans, c’est une habitude pour Angélina qui abandonne sa ferme du côté de Belley dans l’Ain pour vendre ses animaux sur ce marché populaire du 3e arrondissement. C’est ici qu’elle dégage quasiment un tiers de ses bénéfices.

Une cliente, Myriam, est venue exprès depuis Saint-Priest pour acheter deux poulets. Elle veut les utiliser pour un couscous qu’elle compte partager avec ses voisins.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Harcèlement sexuel à Lyon 2 : Jacques Gerstenkorn sanctionné

Harcèlement sexuel à Lyon 2 : Jacques Gerstenkorn sanctionné

La section disciplinaire de l’Université Lumière Lyon 2 a rendu sa décision concernant Jacques Gerstenkorn, professeur de cinéma accusé de harcèlement sexuel par 11 anciennes étudiantes de la fac. Une affaire que Rue89Lyon avait révélée en septembre 2021.

Lundi 15 mars, la section disciplinaire de l’Université Lumière Lyon 2 a rendu sa décision concernant Jacques Gerstenkorn. Le professeur de cinéma, en poste à Lyon 2 depuis les années 90, est accusé par plusieurs anciennes étudiantes de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle pour l’une d’entre elles.

Quatre de ses victimes avaient contacté Rue89Lyon en avril 2021 pour raconter l’emprise que Jacques Gerstenkorn aurait eu sur elles, 15 ans auparavant, et les conséquences sur leurs carrières et leur vie personnelle.

Une de ces femmes aurait également été agressée sexuellement par le professeur, qui avait proposé de diriger sa thèse. Elles avaient également contacté la cellule anti-discriminations de Lyon 2, qui avait ouvert une enquête administrative. Les conclusions de celle-ci avaient abouti à la saisine de la section disciplinaire et à la suspension de Jacques Gerstenkorn le 9 septembre dernier.

Lisez la suite pour 1€

En profitant de notre offre d’essai, résiliable en ligne à tout moment.

Pour accéder à cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?

Les informations exclusives, les enquêtes et certains reportages constituent l’édition abonnés de Rue89Lyon. En tant que média indépendant, nos ressources proviennent de nos lectrices et lecteurs abonnés, aucun milliardaire ni groupe bancaire ne nous finance.

Nous demandons à nos lecteurs une faible contribution pour disposer à Lyon d’un média vigie des pouvoirs locaux, capable d’enquêter et de traiter les enjeux locaux en profondeur et dans la durée.

Chaque abonnement compte. Toutes nos recettes sont investies dans un journalisme local indépendant, dont la force et la réactivité dépend directement du nombre d’abonnés actifs.

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
#Guillaume Protière#Jacques Gerstenkorn

Extrême droite : collecte pour l’Ukraine le matin à Lyon, baston l’après-midi à Clermont-Ferrand

Extrême droite : collecte pour l’Ukraine le matin à Lyon, baston l’après-midi à Clermont-Ferrand

Trois membres du groupuscule d’extrême droite Lyon Populaire sont impliqués dans l’agression de militants antifascistes samedi après-midi à Clermont-Ferrand. Cette expédition punitive a été menée aux côtés de néonazis locaux.

Samedi 26 mars 2022, rue de la Charité (Lyon 2e), le matin, des militants de Lyon Populaire sont de sortie. Devant un magasin Super U, à quelques mètres de la place Bellecour, cinq membres du groupuscule héritier du Bastion Social organisent une récolte « pour les civils ukrainiens subissant la guerre ».

Ils rassemblent, derrière une table recouverte d’un drapeau ukrainien, denrées alimentaires, matériel médical et produits d’hygiène. Ces dons sont censés être ensuite envoyés aux réfugiés ukrainiens via des convois organisés avec les Braves, réseau communautariste blanc implanté en Europe de l’Est, au nom de la « fraternité européenne ».

Voilà pour la vitrine officielle. Ensuite, place à la baston. Trois militants ont pris la route de Clermont-Ferrand dans la foulée, pour se joindre aux néonazis locaux et « chasser » des militants antifascistes.

extrême droite Lyon
Le groupuscule d’extrême droite Lyon Populaire organisait une récolte pour les réfugiés ukrainiens, ce samedi 26 mars à Lyon. Capture d’écran compte Telegram de Lyon Populaire.

Le Guignol Squad à Clermont-Ferrand : l’extrême droite lyonnaise s’exporte

A Clermont-Ferrand, les Lyonnais retrouvent leurs camarades locaux au bar, accompagnés de nationalistes venus de Bourg-en-Bresse. L’occasion d’observer la manifestation « contre les extrêmes-droites et leurs idées » qui se tient dans les rues de la capitale auvergnate. Depuis la terrasse, ils observent et préparent leur expédition punitive.

La manifestation terminée, les nationalistes vont « chercher » les militants antifascistes, rassemblés à proximité de la Maison du peuple, espace culturel et syndical clermontois. L’attaque est brève mais violente. Les nationalistes « rattrapent et corrigent » certains antifascistes, assénant coups de casque, coups de ceinture et frappant un jeune tombé au sol. Bilan de l’attaque : deux blessés parmi les antifas selon nos confrères de Mediacoop.

Les assaillants – seize selon eux-mêmes, une quarantaine selon les antifas locaux – ne sont pas inconnus. Ils ne se cachent pas non plus, en témoigne leur revendication publiée sur le canal Telegram Ouest Casual. Il y a d’abord les locaux de l’étape, militants de Clermont-Ferrand Nationaliste. Un groupe qui affiche, en ligne ou sur les murs, son idéologie néonazie et n’hésite pas à revendiquer ses agressions sur Telegram, où son canal est régulièrement suspendu.

A leurs côtés, trois militants de Lyon Populaire sont venus grossir les rangs nationalistes, sous la bannière du Guignol Squad. Un prête-nom utilisé par les militants radicaux lyonnais pour revendiquer leurs actions violentes, apparu durant le mouvement des Gilets Jaunes.

Photo de revendication de l'attaque du 26 mars à Clermont Ferrand sur Ouest Casual un groupe qui compte plus de 15 000 followers et diffuse quotidiennement de la propagande identitaire et néonazie ainsi que des vidéos d’agressions
Photo de revendication de l’attaque du 26 mars à Clermont Ferrand sur Ouest Casual un groupe qui compte plus de 15 000 followers et diffuse quotidiennement de la propagande identitaire et néonazie ainsi que des vidéos d’agressions

Des habitués du coup de poing

Parmi les Lyonnais en vadrouille, on retrouve des têtes connues des mobilisations rhodaniennes.

Selon nos informations, Eliot Bertin, l’un des leaders de Lyon Populaire impliqué en juin dernier dans des violences rue Mercière, est présent au cours de cette attaque. E., autre membre actif de Lyon Populaire, était également de la partie, assénant un coup de pied au militant à terre. Un habitué des rassemblements nationalistes. Membre du service d’ordre de la Manif pour Tous en octobre 2020, il était également présent lors des violences du 31 janvier 2021, en marge d’une manifestation organisée par la Manif pour tous. Aux côtés de militants lyonnais armés de gants coqués ou de ceintures, il participait ce jour-là à l’attaque de la contre-manifestation, objet contondant en main.

Eliot Bertin et E. sont accompagnés d’un troisième militant de Lyon Populaire, reconnaissable à son polo Fred Perry. Présent à la récolte de samedi matin, on le retrouve effectuant un salut du Kühnen l’après-midi. Un salut à trois doigts en vogue à l’extrême-droite pour contourner la législation sur le salut nazi.

Contactée ce lundi, la préfecture du Puy-de-Dôme nous a répondu que « personne n’avait été interpellée ».

#Lyon Populaire

Chemsex à Lyon : « Il y a un grand rajeunissement des consommateurs »

Chemsex à Lyon : « Il y a un grand rajeunissement des consommateurs »

[Pourquoi le chemsex explose 1/2] Anthony Plasse est responsable du pôle addictions de l’association LE MAS et directeur du Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) Pause Diabolo, à Lyon 3e. Depuis un an, il constate une augmentation de la pratique du chemsex à Lyon, chez des personnes de plus en plus jeunes.

Rue89Lyon : En quoi consiste le chemsex ?

Anthony Plasse : Il s’agit de l’usage de substances psychoactives pendant des rapports sexuels.

Quand est-ce que cette pratique est apparue en France ?

Je dirais que le phénomène s’est structuré à partir de début 2010. A ce moment-là, c’était essentiellement de la cocaïne, du GHB et certaines formes d’amphétamines qui ont commencé à être consommés.

Depuis le début des années 2010, on a des nouveaux produits de synthèse qui commencent à apparaître. Et il y en a beaucoup. Pour vous donner une idée, il y en une dizaine de nouveaux depuis janvier.

Il y a des produits un peu phares comme la 3MMC. C’est un stimulant qui a des effets relativement proches de la cocaïne avec une désinhibition en plus, une sensation de se connecter à l’autre… Il y a un pourcentage non négligeable de chemsexeurs qui ont commencé par la cocaïne puis qui ont poursuivi avec la 3MMC parce qu’elle est moins chère et elle est très facile à trouver.

La 3MMC, par exemple, ne s’achète pas sur le dark net mais sur le web classique. Si vous tapez « 3MMC achat » dans Google, vous pouvez acheter de quoi passer votre samedi soir. C’est aussi facile que ça.

Un des nombreux sites web où acheter de la 3MMC, drogue star du chemsex, en tapant simplement "3MMC achat" sur Google. Capture d'écran.
Un des nombreux sites web où acheter de la 3MMC, drogue star du chemsex, en tapant simplement « 3MMC achat » sur Google. Capture d’écran.

« A Lyon, j’en vois qui passent la porte en me disant pratiquer le chemsex et avoir 19 ans mais je ne suis pas sûr qu’ils les ont »

Donc n’importe qui, même des mineurs, peut en acheter ?

Exactement. Et puis ça commence à désacraliser l’image qu’on a de l’usage de drogue. Dans l’imaginaire collectif, la drogue s’achète sous un lampadaire déconnant dans une ruelle sombre. Le fait de pouvoir l’acheter sur internet, ça facilite ce premier pas.

Quel est le profil des personnes pratiquant le chemsex que vous rencontrez à Lyon ?

Avant, le chemsexeur était un gars de 35 ans, gay, jeune cadre dynamique, qui passait son samedi soir comme ça. Le profil type était souvent celui-là. Depuis une grosse année, on voit un grand rajeunissement des consommateurs. J’en vois qui passent la porte en me disant avoir 19 ans, mais je ne suis pas sûr qu’ils les ont. Il y a aussi des jeunes femmes, même s’il y en a peu.

Anthony Plasse, responsable du pôle addictions de l’association LE MAS et directeur du CAARUD Pause Diabolo, à Lyon 3e, travaille sur le chemsex depuis plusieurs années.
Anthony Plasse, responsable du pôle addictions de l’association LE MAS et directeur du CAARUD Pause Diabolo, à Lyon 3e, travaille sur le chemsex depuis plusieurs années. DR

Comment expliquez-vous ce rajeunissement ?

Au niveau des applications de rencontre, il y a certaines personnes qui mettent une pression : si la personne ne consomme pas de produits, il n’y aura pas de rencontre.

« Le chemsex commence à sortir de la sphère LGBT pour concerner les hétérosexuels »

Ce sont les mentions « plan chemsex » que l’on voit sur certains profils Tinder, par exemple ?

Exactement. Comme personne n’aime être ostracisé, on se retrouve avec des personnes qui consomment pour ne pas se sentir exclu.

On le voit au niveau des jeunes, mais aussi des plus âgés. Des gens d’une cinquantaine d’années qui, pour garder une forme d’attrait vis-à-vis de leurs pairs, se mettent à consommer des produits.

Le noyau dur de la consommation, c’est tout de même les soirées chemsex gays, mais le public s’étend. Petit à petit, on commence à sortir de la sphère LGBT pour concerner les hétérosexuels.

Est-ce que les jeunes qui pratiquent le chemsex que vous rencontrez à Lyon consommaient déjà de la drogue avant ?

Pour certains, le chemsex est la porte d’entrée vers d’autres consommations, et notamment vers l’injection, ce qui n’est pas anodin. Mais au-delà d’autres produits, le geste de s’injecter quelque chose, c’est quand même une étape franchie par rapport aux gestes d’inhaler et de sniffer.

Quelqu’un qui arrête l’héroïne par exemple, peut continuer à injecter son médicament de substitution parce qu’il est accro au geste. Au même titre que les gens qui ont arrêté de fumer des cigarettes mais biberonnent leur vapoteuse.

Comment est-ce que les gens tombent dedans ?

Il y a différents cas de figure. On a des personnes un peu expérimentées qui voulaient pimenter leur vie sexuelle et qui, même si elles ne maîtrisaient pas les produits, ont quand même fait un choix éclairé. Ensuite, on a des gens qui voulaient de meilleurs performances sexuelles, des gens qui n’assument pas certaines pratiques sexuelles un peu hard qu’ils veulent avoir, la peur du regard de l’autre… Il y a beaucoup de choses, mais ce qui revient c’est une envie de performance et une envie désinhibition.

« Avec le chemsex, on croise les risques de consommation de produits avec ceux liés aux pratiques sexuelles : overdoses, VIH, hépatites… »

Quels sont les risques encourus par les chemsexeurs ?

Un des problèmes, c’est que les produits utilisés s’injectent. L’usage de drogue, comme toute chose, s’apprend, et souvent par les pairs. Au niveau des chemsexeurs, c’est quand même plus compliqué, on est un peu dans l’auto-apprentissage. On en voit qui passe la porte du CAARUD avec le bras comme un œuf parce que trouver une veine, c’est quelque chose qu’on n’improvise pas.

Une fois que la consommation a eu lieu, on se désinhibe, on s’amuse tout le week-end. On croise les risques de consommations de produits et les risques liés aux pratiques sexuelles : overdoses, VIH, hépatites, IST (infections sexuellement transmissibles, ndlr)…

Après, il y a quand même quelques points sur lesquels on est positivement surpris. Globalement, dans la communauté gay, les gens sont sensibilisés au risque du VIH et ils ont un peu le même rapport à la seringue qu’au préservatif. Le vendredi, certains viennent prendre 200 seringues. Ils ne prennent pas de risques, à chaque fois qu’ils piquent, c’est avec une nouvelle seringue.

« Certaines personnes ne peuvent plus se masturber sans prendre de produits »

Peut-il y avoir des interactions problématiques entre certains produits ? Pour avoir une érection malgré la consommation de produits, certains chemsexeurs doivent prendre du Viagra par exemple.

Alors là, on multiplie les risques et on est candidat à l’arrêt cardiaque. Il y a des cocktails comme ceux-là qui ne marchent pas très bien : les produits de synthèse et le Viagra, le GHB et l’alcool… Ce n’est vraiment pas une bonne idée.

Et au-delà des risques sanitaires, quelles peuvent être les conséquences sur la vie des chemsexeurs ?

On se retrouve avec des personnes qui sont dans un état addictif profond et qui n’arrivent plus à avoir de vie sexuelle sans produit. On en a eu qui ne pouvaient même plus se masturber sans prendre de produits. Le dés-ancrage dans le produit est d’autant plus dur que l’ensemble de votre vie sexuelle y est conditionnée. Pour l’instant, ça concerne plus des trentenaires que des petits jeunes, mais ça va venir.

« A Lyon, j’essaie de porter la question du chemsex auprès des élus. Au niveau national, il n’y a pas de réponse »

Comment faire pour encadrer un peu cette pratique du chemsex et limiter les risques ? A Lyon, je n’ai encore vu aucune campagne de prévention sur le chemsex.

Jusqu’à présent, les seuls qui se sont vraiment mobilisés sur le sujet c’est la Ville de Paris. On peut interroger le fait que ce soit une ville qui prenne position, et pas une instance d’État comme l’ARS (agence régionale de santé, ndlr). C’est toujours une bonne chose quand les collectivités se mobilisent, mais c’est aussi un aveu de réponse régalienne insuffisante.

A Lyon, j’essaie doucement de porter la question du chemsex auprès des élus. Au niveau national, il n’y a pas de réponse.

Comment est-ce que vous prenez en charge ces personnes qui pratiquent le chemsex, au CAARUD Pause Diabolo de Lyon 3e ?

La porte d’entrée chez nous, au CAARUD ou au laboratoire, c’est l’usage des drogues, et c’est pour tout le monde. On est dans une politique de réduction des risques. Quelqu’un qui ne veut pas arrêter, on ne peut pas l’envoyer en cure, alors on va faire de l’accompagnement éducatif aux risques liés à l’injection.

Il va pratiquer une injection devant nous et on va décortiquer ce qui convient ou pas, lui donner du matériel, lui parler des produits qu’il consomme, de comment réduire les risques, les doses…

Un des plus gros problèmes des drogues, c’est qu’elles sont agréables. Malgré ça, est-ce que certains trouvent vraiment ce qu’ils y cherchent, ou est-ce qu’ils sont pris dans une spirale dont ils n’arrivent pas à sortir ? C’est une question à se poser.

Il y en a qui sont droits dans leurs bottes, qui nous disent qu’ils y trouvent parfaitement ce qu’ils sont venus y chercher ; et estiment qu’ils n’arrêteront pas. On a d’autres personnes qui sont quand même plus fébriles dans leur position et, là, ça vaut le coup de travailler tout ça.

Ça peut être avec un psychologue, un éducateur, un infirmier… En général, c’est plutôt une question de personne que de poste. Une fois qu’il y a un lien avec une personne, on essaie de le préserver, quitte à ce qu’il y ait une passation dans un second temps.

« Je ne dis pas qu’il faille faire confiance à son dealer attitré, mais quand le dealer attitré c’est Google, j’aurais encore moins confiance »

Vous avez mentionné l’existence d’un laboratoire.

Nous avons également un laboratoire, indépendant mais rattaché au CAARUD.

Je ne dis pas qu’il faille faire confiance à son dealer attitré, mais quand le dealer attitré c’est Google, j’aurais encore moins confiance. Je prends l’exemple d’une jeune fille qui pensait consommer un certain produit, alors qu’en fait elle en a consommé un autre pendant des mois, avec des effets d’accoutumance beaucoup plus élevés. Elle s’est retrouvée dans une situation précaire.

Au laboratoire, avec un micro-échantillon, on peut analyser le produit des gens et leur faire un retour, pour qu’au moins ils soient parfaitement conscients de ce qu’ils prennent. Si vous venez au CAARUD, on vous le fait sur place, sinon on a des collecteurs un peu partout en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est gratuit et anonyme.

Le laboratoire est mobile, donc on essaie de l’amener dans le milieu festif où il y a beaucoup de jeunes qui ne savent pas se droguer et surtout qui ne savent pas ce qu’ils consomment. Quand vous êtes au fond des bois et qu’un type avec une capuche vous vend de la drogue, objectivement vous ne savez pas ce que vous prenez.

Le laboratoire est un projet qui a été porté par Médecins du Monde et qu’on a repris en région. A l’heure actuelle, il n’est pas du tout financé par l’ARS, c’est l’association Le Mas le qui finance en fonds propre. Les choses avancent doucement. On a des interlocuteurs plutôt intéressés, autant au niveau de la Ville de Lyon que de la Métropole, mais sur le volet de la santé, ce n’est pas leur compétence sur le papier. Globalement, la santé c’est quand même sous la tutelle de l’ARS, et là on est dans le temps long et des réflexions nationales.

« Dans l’imaginaire collectif, tant que vous n’êtes pas un punk à chien devant le Monoprix, tout va bien »

Pour résumer, à Lyon vous constatez qu’il y a des gens de plus en plus jeunes et novices qui se mettent à pratiquer le chemsex, et en parallèle l’accès aux drogues pour le faire est facilité. Est-ce qu’on peut parler d’urgence sanitaire ?

Clairement. On a été stupéfait de voir à quel point c’est affreusement facile de se procurer ces produits de synthèse. Et pour des coûts qui ne sont pas si élevés.

Il y a un autre problème, c’est qu’une bonne partie des chemsexeurs ne s’identifient pas comme consommateurs de drogues qui auraient besoin d’une structure médico-sociale. Quelqu’un qui consomme plus de trois fois par mois un produit – tout sauf le cannabis –, ça commence à devenir questionnant.

Dans l’imaginaire collectif, tant que vous n’êtes pas un punk à chien devant le Monoprix, tout va bien. Moi, dans ma file active, j’ai des punks à chien du Monoprix et j’ai aussi des CSP+ !

#chemsex