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Gaël, 24 ans, adepte du chemsex à Lyon : « C’était juste pour mieux baiser »

[Pourquoi le chemsex explose 2/2] Gaël a pratiqué le chemsex de ses 19 à ses 22 ans. Ce Lyonnais témoigne de trois années passées à enchaîner les gang-bangs sous GHB (drogue de synthèse), et de l’addiction dans laquelle il est tombé petit à petit.

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« Je m’appelle Gaël (le prénom a été modifié), je suis originaire de Lyon, je vais avoir 24 ans bientôt. Je suis tombé dans le chemsex après m’être séparé de mon copain, quand j’avais 19 ans.

Au moment de ma rupture, j’ai papillonné un peu, j’ai rencontré pas mal de mecs. C’est un pote, mais aussi un plan cul, qui m’a initié au chemsex. Un jour, il m’a proposé de prendre du GHB.

Au début, j’ai hésité. Puis il m’a mis un petit coup de pression en m’expliquant que c’était trop bien, que ce serait même mieux…

Si je refusais, j’avais peur de passer pour le mec frileux ou rabat-joie. Je voulais qu’on dise de moi que j’étais sexy.

« Avant le chemsex, j’étais plus timide. Avec les produits, je ne me reconnaissais pas mais ça m’a permis de prendre confiance »

Le fait d’être totalement désinhibé, j’ai tout de suite accroché. La relation sexuelle était mieux, durait plus longtemps, sans douleur… Je trouvais que le plaisir était décuplé.

A ce moment-là, je me disais que c’était comme ça que j’envisageais ma vie sexuelle.

J’ai continué à prendre du GHB et du GBL. Je suis devenu un peu papillon de nuit. Je sortais beaucoup, je côtoyais pas mal de mecs, j’avais besoin de voir que je séduisais les garçons. J’ai commencé à participer à quelques gang bangs. J’avais besoin de GHB ou de GBL pour tenir la route, j’avais envie qu’on dise que j’assurais au lit. C’était pour mieux baiser.

Si un mec me plaisait, je n’avais aucune inhibition à passer à l’acte. Je ne me demandais plus si j’allais assurer, si ça allait marcher, si le mec allait rentrer… Avant le chemsex, j’étais plus timide, je n’aurais jamais osé allumer un mec, il fallait m’apprivoiser avant de m’enlever ma culotte. Avec les produits, je ne me reconnaissais pas forcément, mais ça m’a aussi permis de prendre confiance en moi.

« Trois fois par semaine, je me faisais sauter par plusieurs gars. Des produits tournaient toute la soirée : GHB, GBL, 3MMC, crystal meth… »

Trois fois par semaine, je me faisais sauter par plusieurs gars. Ça commençait comme un apéro normal, qu’on peut faire chez des amis, puis il y avait une tension sexuelle assez forte qui montait et des mecs venaient livrer des produits qui tournaient toute la soirée : GHB, GBL, 3MMC…

Il y avait aussi de la crystal meth. Ça, j’ai jamais voulu tomber là-dedans, par contre. L’injection non plus. C’est une limite que je me suis fixée. L’injection, ça me renvoyait vachement l’image de la toxicomanie. Il y avait de ça, puisque j’avais besoin de ces produits, mais symboliquement je ne voulais pas m’injecter. Je savais aussi qu’il ne fallait pas mélanger le GHB et l’alccol, donc je faisais attention à ne pas trop boire.

Dans ces soirées, consommer n’était pas une obligation. Personne ne nous a forcés à rien du tout. C’était souvent les mêmes mecs, un peu plus vieux que moi, environ 35 ans. Certains étaient en couple avec des femmes.

J’étais étudiant à cette époque. C’était un peu compliqué le lendemain matin de suivre les cours mais j’ai réussi à tout valider.

J’ai fait ça pendant deux ou trois ans ans à peu près, puis j’ai senti que je ne pourrais pas durer comme ça pendant des années. J’ai toujours fais pas mal de sport, je fais de la danse et je sentais que ça avait un impact. J’avais parfois des palpitations quand je faisais des efforts physiques importants, ce qui ne m’arrivait jamais avant.

Et puis il y avait l’image que j’avais de moi. J’avais 21 ans et j’avais déjà couché avec des dizaines de mecs.

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Sur les réseaux sociaux, il est très facile de se procurer de quoi organiser une soirée chemsex. Capture d’écran Facebook.

« Je me réveillais parfois avec des douleurs anales, sans savoir ce que j’avais fait de ma soirée »

J’avais aussi peur qu’il y ait des photos ou des vidéos qui puissent tourner sur les réseaux sociaux ou sur des sites de cul. Je me réveillais parfois avec des douleurs anales, sans savoir ce que j’avais fait de ma soirée.

L’overdose, ça ne m’a jamais trop inquiété. Au niveau du VIH, je me faisais tester assez régulièrement. Je ne voulais pas jouer avec le feu ; il n’y avait pas toujours des protections.

Tout ça a fait que j’ai pris conscience que le chemsex n’était pas bon, surtout pour ma santé.

Par la suite, ça m’a manqué, quand je me suis retrouvé avec un mec. A une époque, j’ai eu un mec pendant quelques mois et je ne prenais pas mon pied, clairement. Je simulais. Ce n’était pas forcément sa faute, mais je n’avais pas les mêmes sensations de « no limit » que sous produit. Quand un mec me prenait en missionnaire pendant 15 minutes, je me faisais chier. D’habitude, au début d’une relation, c’est toujours cool, et là je ne retrouvais pas ça.

Quand j’utilisais mes sextoys seul, j’arrivais à avoir un pseudo-orgasme, mais ce n’était pas comparable à ce que je pouvais avoir sous GHB.

Une amie était un peu au courant mais je sentais une forme de jugement de sa part, donc je n’étais pas hyper à l’aise pour en parler. J’avais peur qu’on me prenne pour une salope.

« Lors d’une soirée classique, j’ai rencontré Mattéo. Tout n’a pas tout de suite tourné autour du cul »

Au bout de deux ou trois ans, j’ai un peu arrêté ces soirées et de prendre des produits pour préserver ma santé. J’ai continué à sortir et à fumer beaucoup plus. Lors d’une soirée classique, j’ai rencontré Mattéo (le prénom a été modifié), qui n’était pas du tout dans ce milieu-là.

On a sympathisé, et je me suis dit qu’il se passait un truc bien. Mattéo était plus posé. Tout n’a pas tout de suite tourné autour du cul. Ça m’a aidé, le fait qu’on se découvre, avec des moments tendres, plutôt que de passer direct au cul. Je voulais attendre un peu avant de coucher avec lui. Quand on a fait l’amour pour la première fois, c’était cool. Je me suis dit que je n’avais pas besoin de prendre de produits. On a une sexualité plus classique, et c’est très bien. Ça fait sept mois qu’on est ensemble.

Si Mattéo me proposait de prendre des produits, je lui répondrais non, que j’ai essayé et que je n’ai pas besoin de ça pour prendre du plaisir avec lui. J’ai envie de tendresse, de câlins… Mattéo ne sait pas tout ce que j’ai fait, encore aujourd’hui. Il sait que j’ai eu pas mal d’expériences mais je ne suis jamais entré dans les détails.

« Le matin, quand je me réveillais, je pensais aux produits et au cul. Ça prenait beaucoup trop de place dans ma vie »

Aux personnes qui souhaitent expérimenter le chemsex, je leur dirais de faire attention à ne pas tomber dans des addictions et à ne pas faire de mauvaises rencontres. Je conseillerais de se fixer un laps de temps bien défini, se faire tester régulièrement, prendre de la Prep et surtout de se fixer des limites : pas d’injection, par exemple.

Il faut sentir quand on perd le contrôle, et quand on commence à développer une addiction.

Je ne me considérais pas comme addict à l’époque, je ne pouvais pas me l’avouer. Aujourd’hui, avec le recul, je peux le dire. Le matin, quand je me réveillais, je pensais au produit et au cul. Ça prenait beaucoup trop de place dans ma vie. 

Ressentir le désir dans les yeux de plein de mecs autour de soi, c’est cool quand on a 20 ans (rires). Mais j’aurais en fait bien aimé qu’on me mette en garde. Ça aurait duré moins longtemps. »


#chemsex

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