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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

De la Chine au port de Lyon, la vie rocambolesque des conteneurs

De la Chine au port de Lyon, la vie rocambolesque des conteneurs

Au port Edouard-Herriot de Lyon, des centaines de milliers de conteneurs de marchandises sont traités chaque année. Partis souvent de Chine, ils transitent sur la moitié du globe. Rue89Lyon a retracé le parcours d’une de ses boites métalliques, seule réelle unité de mesure commune à toute la planète.

« Les hommes ne sont pas d’accord sur les religions, ni sur sur les langues, ni sur la question de savoir s’il faut parler en pouces, en kilogrammes… Mais, il y a une chose sur laquelle on est tous d’accord : c’est l’unité du conteneur. »

Ces mots, ce sont ceux de Félix Baezner, directeur général de Capsa. Installée à Vénissieux, son entreprise donne une seconde « voire une troisième ou une quatrième vie » à ces grandes boites en métal qu’on voit sur les camions, les trains et les bateaux.

Dans son entreprise, elles constituent la base du métier de ses équipes. Alors, forcément, le chef d’entreprise voit la vie en rectangle et déborde facilement d’enthousiasme pour ces austères énormes boites de conserves.

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#Port de Lyon

À Lyon, Ariane passe de victime à coupable de violences conjugales

À Lyon, Ariane passe de victime à coupable de violences conjugales

Alors que cette lyonnaise de 46 ans a déposé une plainte et plusieurs mains courantes contre son mari pour violences conjugales sur les vingt dernières années, il aura seulement fallu une seule plainte de son mari -professeur de boxe- pour ouvrir une proposition de composition pénale, déclarer sa femme coupable de violences conjugales et la chasser du domicile.

Malgré une annulation en urgence du jugement par le procureur, dix jours après avoir rendu sa première décision, Ariane devra quand même participer à une formation de sensibilisation aux violences conjugales… du côté des coupables.

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Une soirée de soutien à Ville Morte et son fanzine alternatif lyonnais

Une soirée de soutien à Ville Morte et son fanzine alternatif lyonnais

Il s’agit en réalité d’un peu plus qu’un « agenda culturel » pour Lyon et sa métropole. Le collectif « Ville Morte » réunit des passionnés de musique, de concerts, des activistes culturels de Lyon qui parle de ce qui s’y passe, notamment dans ses strates alternatives voire underground.

« Un agenda lyonnais de la contre-culture plus ou moins souterraine », dit le collectif lui-même, qui organise donc une soirée de concerts, afin de récolter quelque argent :

« Mensuel papier depuis le printemps 2015, on a du se contenter depuis 2020 du site web villemorte.fr pour *les raisons qu’on sait* mais aussi pour cause de caisse vide. Il est temps de remplir à nouveau nos coffre-forts et de reprendre les bases de la diffusion papier de l’agenda un peu partout dans le Grand Lyon !

De quelques centaines à un millier d’exemplaires mensuel, photocopié, […] un numéro nous coûte environ une cinquantaine d’euros par mois. Nos autres frais recouvrent l’hébergement web, et on avance parfois l’impression d’affiches ou le fond de caisse pour certaines organisations. On coûte pas cher et on roule pas à l’essence mais on a quand même besoin (d’un peu) de sous ».

Il s’agit donc d’une véritable soirée de soutien qui a pour but que « Ville Morte » fasse reparaître son agenda et ses infos sous format papier. Cela aura lieu à Grrrnd Zero, avec le groupe de post-punk La Hess, le rock (noise) de Max Lampin, et Canari Gros Calibre.

Le vendredi 13 mai à partir de 19h30, à Grrrnd Zero, à Vauxl-en-Velin métro Carré de Soie. Quelques infos aussi sur les réseaux sociaux.

Pourquoi Lyon manque tellement d’espaces pour promener son chien

Pourquoi Lyon manque tellement d’espaces pour promener son chien

[Série 5/5] A Lyon, les espaces de liberté où les chiens peuvent se dégourdir les pattes sont rares. Des « canisites » aux « aires canines de liberté », où promener son chien sans se retrouver verbalisé ?

Bonne question, nous disent les propriétaires de chiens. Si la taille d’une ville comme Lyon permet de faire de longues promenades, en laisse sur les trottoirs, où peut-on permettre à son chien de réellement se dégourdir les pattes ?

Dans la plupart des espaces verts, les chiens doivent être tenus en laisse ou sont tout bonnement interdits. Souvent, il est autorisé de les lâcher dans de petits espaces clôturés qui ne suffisent pas pour qu’ils se dépensent.

« Ce qu’ils appellent ‘parcs à chiens’ sont des trucs dégueulasses jamais nettoyés »

Fondé en janvier 2020, par un ancien journaliste lyonnais, « Bien-être canin à Lyon » ou Bicalyon milite depuis janvier 2020 pour que le chien soit mieux intégré dans la ville. Les propriétaires qui en font partie ont commencé à répertorier sur une carte les différents espaces autorisés ou interdits aux chiens dans la métropole de Lyon. Dans la ville elle-même, une douzaine de parcs où les chiens peuvent venir se promener, en laisse, ont été répertoriés, ainsi qu’une vingtaine d’autres où les maîtres emmènent leurs toutous se dégourdir les pattes, que ce soit autorisé ou pas.

Une liste qui n’est sûrement pas exhaustive, mais aucune carte similaire officielle n’existe pour le moment à Lyon.

La métropole de Lyon distingue deux types d’espaces réservés aux chiens : les aires canines de liberté et les aires sanitaires.

Les premières sont des espaces assez grands clôturés, en terre ou recouverts de gazon clairsemé. A deux pas de la place Bellecour par exemple, une bande de platanes coincée entre la trémie et la place Antonin Poncet remplit cet office. On peut ainsi y lancer la balle à son chien, en ligne droite uniquement, avec le doux bruit des voitures passant sous la trémie en fond sonore.

A Parilly, à Bron, un parc canin plus grand existe, pourvu d’agrès pour initier votre chien à l’agility (sport canin). En raison de la forte demande, il est très difficile de pouvoir en faire profiter son chien.

Parc à chien aménagé récemment à Gerland, Lyon 7ème.
Parc à chien aménagé récemment à Gerland, Lyon 7e. Cette « aire canine de liberté » peut accueillir au maximum 10 chiens.Photo : OM/Rue89Lyon

Pour les secondes, tout est dans le nom. Il s’agit de véritables « sanitaires » pour chiens : de petits espaces clôturés de terre ou de sable, où ils peuvent aller faire caca sans que leurs propriétaires ne soient obligés de ramasser les déjections. Imaginez une toilette sèche publique à ciel ouvert, où les déjections s’accumulent pendant plusieurs jours. Ces dispositifs, coûteux à l’entretien, ne sont désormais plus plébiscités.

« Nous ne sommes plus dans une logique de petits canisites souvent très odorants et très difficiles à entretenir, confirme Nicolas Husson, adjoint au maire de Lyon délégué à la biodiversité, la nature en ville et la protection animale. Pour le bien-être animal, nous pensons qu’il faut des espaces plus grands, pour que l’animal puisse aussi se dépenser et se sociabiliser avec d’autres chiens, dans des espaces de liberté qui leurs sont dédiés… »

Tiphaine, propriétaire de Isko, un berger australien de 9 ans, a son avis :

« J’évite d’y aller. Ce qu’ils appellent « parcs à chiens », c’est en fait des petits machins pour les besoins du chiens. Des trucs dégueulasses qui ne sont jamais nettoyés. »

Des chiens lâchés illégalement dans les parcs publics

Tiphaine et son compagnon n’hésitent donc pas à prendre leur voiture pour emmener leur chien se balader en périphérie de Lyon, au bois de Serres à Ecully, à Vernaison ou encore au grand parc de Miribel-Jonage.

Pour les ballades quotidiennes à Lyon, plusieurs propriétaires de chiens les lâchent dans certains parcs publics, en espérant ne pas se faire pincer. Victor et Marie, la vingtaine, vont ainsi régulièrement courir et jouer avec leur jeune chien Occi au parc de Gerland. Ils y croisent souvent Sky, un border collie d’une dizaine d’années accompagné de son maître, Martin. Pour lui, pas question de mettre son chien en laisse.

« J’ai adopté Sky à la SPA il y a 7 ans, raconte le jeune homme. Je lui ai appris à être sans laisse immédiatement parce que je ne pouvais pas prendre les transports en commun avec lui. Je n’avais pas de voiture à l’époque. S’il faut porter les bagages ou les courses et tenir le chien en laisse, ça fait beaucoup.

Le promener sans laisse, ça lui permet aussi de se dépenser physiquement et intellectuellement. Dans les parcs à chien, il n’y a pas assez d’espace et trop de chiens, ce qui génère des tensions. Ou alors, il faut aller à l’autre bout de Lyon. »

chien lyon
Martin emmène souvent son chien Sky se balader au parc de Parilly, Lyon 8e.Photo : OM/Rue89Lyon

A Lyon, les propriétaires s’organisent pour de nouveaux espaces où promener leur chien

En amont des élections métropolitaines et municipales de 2020, Bicalyon avait soumis aux candidat·es une convention pour une meilleure place du chien dans la ville. Les élus écologistes Grégory Doucet, actuel maire de Lyon, et Bruno Bernard, actuel président de la Métropole de Lyon, avaient accepté de signer cette charte.

Quelques semaines après être arrivés au pouvoir, la Métropole de Lyon a lancé une mission animale pour réfléchir à une politique directrice pour les animaux de compagnie sur son territoire. Dans ce cadre, le collectif Bicalyon a été sollicité par la Métropole pour donner son avis sur la question.

Les propriétaires de chiens ont fait de nombreuses préconisations, notamment sur la question de l’accès des chiens aux transports en commun de Lyon (TCL), et proposé plusieurs pistes pour une meilleure cohabitation entre les chiens et les humains sur la métropole de Lyon, dont voici quelques exemples :

 » – Rendre certaines places publiques et jardins de quartiers accessibles aux citoyen.ne.s accompagné.e.s par leur chien soit en permanence soit sur des tranches horaires, selon les saisons de l’année.
– Doter chaque commune de le Métropole de Lyon, chaque arrondissement de la Ville de Lyon, d’au moins un espace d’ébats canins en cogestion « Ville – Maîtres » afin de responsabiliser les maîtres.
– Doter tous les grands parcs de la métropole de Lyon d’un espace canin généreux. »

Créée en 2017, l’association « Les truffes de Montluc » s’est elle aussi emparé de la question du manque d’espaces canins, à commencer par le parc du Fort de Montluc qui a été transformé en « espace partagé » avec de nombreux agrès pour pratiquer l’agility avec son chien.

L’année dernière, l’association, devenue le collectif « Les Truffes de Lyon », a notamment lancé une pétition pour demander à la mairie du 7e de revoir le petit espace canin aménagé en 2014 dans le parc Blandan, dans un état « déplorable » et « insécurisant pour les chiens et les autres usagers du parc » d’après la pétition.

Bientôt des parcs à chiens dans les immeubles ?

Vice-président en charge de la protection animale à la Métropole de Lyon, Pierre Athanaze assure que des « Assises de la condition animale » auront lieu prochainement pour discuter de la place des animaux de compagnie en ville. Y sera notamment question de ces espaces où les habitant.es pourront lâcher leurs chiens.

« Il faut en créer plus et mieux, reconnaît-il. A une époque, il y avait des problèmes d’insalubrité. Il faut revoir le concept. Il y a tout un travail qui est en cours auprès des mairies pour développer dans ces espaces des agrès car en ville, les chiens manquent souvent d’activité physique. L’espace public est limité avec la présence de vélos, de voitures, de marchés… Nous pensons également aux copropriétés et aux bailleurs sociaux qui pourraient prévoir des aires canines dans certains grands ensembles. »

Pour la Ville de Lyon, le « bien-être canin est étroitement lié au bien-être des Lyonnaises et des Lyonnais ». Nicolas Husson, adjoint au maire, estime ainsi qu’un des moyens pour améliorer les conditions de vie des chiens en ville passe aussi par la végétalisation de la voirie :

« Offrir une ville plus végétale, au plus près des habitants, est également bénéfique pour le chien, lors des promenades. Les cheminements frais, ombragés, avec des sols plus clairs et moins chauds en été contribuent au bien-être du chien, et offrent de meilleures conditions pour ses voies respiratoires et ses coussinets, développe-t-il.

Quand nous déployons un maillage équitable en points d’eau pour les Lyonnaises et Lyonnais, c’est également bénéfique pour nos chiens l’été, qui aurons de l’eau pour s’hydrater. »

#Espaces verts

« Dessine moi le monde de demain » : à Vénissieux, un collège s’essaie au dessin de presse

« Dessine moi le monde de demain » : à Vénissieux, un collège s’essaie au dessin de presse

A Vénissieux, dans le quartier des Minguettes, les élèves d’une classe de 6ème du collège Jules Michelet ont réalisé des dessins de presse, accompagnés lors de cinq séances par le dessinateur Xavier Lacombe. Les œuvres produites ont été exposées à la Médiathèque de Vénissieux.

Des pingouins sur la banquise à la déforestation causée par l’huile de palme dans le Nutella, en passant par le plastique, les pesticides et l’extraction pétrolière.

Chacun des dessins, qui étaient exposés à la Médiathèque de Vénissieux du 19 mars au 2 avril 2022 a été conçu par les élèves de la classe de 6ème B du collège Jules Michelet, en parallèle des « Rencontres internationales du dessin de presse ».

Chaque élève du collège Jules Michelet a réalisé au moins un dessin de presse, exposé à la Médiathèque de Vénissieux
Chaque élève a réalisé au moins un dessin de presse, exposé à la Médiathèque de Vénissieux

Un projet autour du dessin de presse, fruit d’un partenariat entre l’association Ça Presse et le collège Jules Michelet de Vénissieux

Il y encore quelques mois, aucun n’avait pourtant entendu parler de dessin de presse. Et personne, au sein des élèves, ne connaissait le métier de Xavier Lacombe, dessinateur pour MarianneSiné MensuelUrtikanou encore Mazette.

« D’abord on cherchait une idée, le thème du dessin, ensuite on regardait des photos sur internet pour nous aider à dessiner », raconte Mohamed.

Le projet a été initié par Ça presse, association d’éducation aux médias et, particulièrement, au dessin de presse, et mené conjointement par Xavier Lacombe et trois enseignantes du collège. Ces dernières avaient choisi le thème : le réchauffement climatique, avec un focus sur l’Amérique latine.

« On s’attendait à avoir quelques réticences des élèves du collège ou de leurs parents, à l’idée de travailler sur les caricatures. En fait, rien. » abonde Margaux Padey, professeure d’histoire-géographie. D’autant que le fait d’avoir choisi la question du réchauffement climatique a permis d’éviter dès le départ le côté négatif de la caricature. C’était une façon de montrer qu’il s’agit d’un style de dessin qui ne concerne pas que la religion ».

« On s’attendait à avoir quelques réticences des élèves du collège ou de leurs parents, à l’idée de travailler sur les caricatures. En fait, rien. »

Le projet s’est déroulé en plusieurs phases. Avant l’arrivée du dessinateur Xavier Lacombe, les élèves se sont vus proposer la lectures de contes d’Amérique latine, pour s’imprégner de la culture, puis des livres et documentaires consacrés à l’écologie et au réchauffement climatique.

« Tous les professeurs de la classe ont consacré au moins une heure ou deux au projet lors de leur cours respectif. L’objectif est toujours d’intégrer le projet au programme, de le relier à plusieurs cours pour décloisonner les disciplines. Cela permet d’aller plus dans le fond d’un sujet et de donner aux élèves des grilles d’analyse pour être des citoyens », poursuit Margaux Padey.

Avant de faire des recherche, je savais que la fonte des glaces faisait monter le niveau de l’eau, et que les voitures polluaient, intervient timidement Kamil, assis au fond de la classe.

Autour de lui, les autres élèves confirment. Tous semblaient avoir entendu parler des glaciers.

« On a vu ça aux infos et à l’école aussi, en primaire », complète Coralie.

« Ensuite on a appris par exemple que des animaux ne pouvaient pas survivre avec le réchauffement. Et d’autres, qui d’habitude sont des oiseaux migrateurs et qui bougent avec les saisons, ne se déplacent plus avec le réchauffement. Ils n’ont plus besoin d’aller dans le sud vu qu’il fait chaud partout », poursuit, à son tour, Ajar.

« Et aussi la déforestation », ajoute Rassel, qui a justement choisi de réaliser un dessin sur le Nutella et l’huile de palme.

Initiation au style du dessin de presse dans le collège Jules Michelet aux Minguettes

Le dessinateur de presse Xavier Lacombe est intervenu lors de cinq séances au collège Jules Michelet à Vénissieux
Le dessinateur de presse Xavier Lacombe est intervenu lors de cinq séances au collège Jules Michelet des Minguettes, à Vénissieux.Photo : DR

Le dessinateur Xavier Lacombe détaille l’esprit de son intervention :

« A cet âge-là, la plupart des élèves n’ont jamais ouvert un journal papier et ne connaissent pas le dessin de presse. Donc je commence toujours par présenter mon métier et l’historique de la caricature. Je raconte qu’elle a souvent été un contre pouvoir : contre le pouvoir politique, royal, religieux ; je leur montre des exemples de la révolution française, de l’époque de la loi sur la liberté de la presse. Mais je m’adapte aussi au public. Dans cette classe, aucun élève n’avait jamais entendu parler de Charlie Hebdo. Suivant leur connaissances je m’adapte, je leur explique, je leur montre des dessins ».

Au total, le projet, financé par les cités éducatives de Vénissieux/Saint Fons, se déroulait sur cinq séance de deux heures. A la théorie succédait la pratique.

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Au nord de Lyon, le cannabis CBD et les vaches cohabitent dans les champs

Au nord de Lyon, le cannabis CBD et les vaches cohabitent dans les champs

Depuis que Thomas Muzelle a repris la ferme de son père située au nord de Lyon, aux portes du Beaujolais vert, il diversifie l’activité bovine historique avec des produits à base de CBD, cette molécule et substance active présente dans le plant de chanvre. Un début de filière locale qu’il juge prometteur mais encore entravé par une législation floue autour des cannabinoïdes.

Sur les contreforts des monts du Beaujolais, au nord de Lyon, les paysages dépeignent l’héritage de décennies d’élevage bovin… mais encore de plantations de cannabis CBD.

La famille Muzelle a choisi les hauteurs de Montagny, commune à la frontière des départements Loire et Rhône pour s’y installer. C’était il y a plus de 80 ans. Aujourd’hui encore, Thomas Muzelle, le petit-fils, peut apercevoir depuis la cour ses 70 charolaises se répartir 30 hectares de prairies.

Il a repris la ferme avec sa mère Jocelyne l’année dernière, alors que son père prenait sa retraite. Nulle trace pourtant de l’activité d’élevage dans le nom de la nouvelle société familiale, « Les Plantes de Tomine ».

Dans la serre attenante, les effluves de cannabis CBD chatouillent le nez, à quelques dizaines de kilomètres du centre de Lyon. L’agriculteur de 27 ans explique, d’un ton pédagogue, les dessous de cette production démarrée un an plus tôt.

« C’est ici que je réalise mes semis, dont ceux de chanvre CBD. J’essaie de privilégier les belles variétés, avec du goût, plutôt que le volume. La biodiversité me passionne, j’en ai fait mes études. Après plusieurs contrats en tant que chargé de mission dans le Jura puis dans le coin, j’ai été responsable de culture dans une boîte tournée exclusivement vers la production de CBD. Ça s’est mal terminé, pour pleins de raisons. Mais ça a confirmé ma passion pour la plante et ses bienfaits. »

L’immense majorité du CBD vendue en France est produite à l’étranger

Plants CBD Beaujolais
Les plants de CBD commencent leur vie sous serre. Photo Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon

Thomas Muzelle est alors persuadé qu’elle peut apporter beaucoup à l’exploitation de son père, dont il a hérité des mêmes yeux bleus.

« Il m’a dit que nous n’étions pas plus bêtes que les autres, que nous étions capables de le faire nous-mêmes. D’autant qu’aujourd’hui encore, la plupart des magasins français de CBD sont inondés de produits étrangers, souvent de piètre qualité. »

C’est là tout le paradoxe. Alors que la France est le premier producteur européen de chanvre industriel, utilisé pour la construction ou l’isolation, le gouvernement traîne des pieds dès lors qu’il s’agit d’aborder la question du chanvre bien-être. Ce cannabis, dont la teneur en THC – la molécule responsable des effets psychotropes – ne doit pas dépasser 0,3 % pour être commercialisé, est en revanche chargé en cannabidiol (CBD), une autre molécule aux propriétés relaxantes.

CBD et aromatiques dans le Beaujolais
Thomas Muzelle dans sa parcelle dédiée aux aromatiques, non loin de Montagny (Loire), au nord de Lyon.Photo : Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon

Le 30 décembre 2021, la France a bien publié un arrêté autorisant la culture de fleurs, tout en interdisant leur vente sans transformation. Parmi les motifs invoqués, la difficulté pour la police de distinguer les têtes contenant du CBD de celles, illégales, chargées en THC.

L’agriculteur se retrouve en position de jongler avec cet imbroglio juridique, comme les autres cannabiculteurs français, alors que la filière se développe péniblement.

« Le 30 décembre au soir, je partais en soirée. Au final, j’ai passé mon temps au téléphone avec mon avocat. C’est un stress supplémentaire, alors que mes nuits ne durent souvent pas plus de quatre heures entre les vaches, les aromatiques, le chanvre, bientôt une production maraîchère. Il s’agit de la survie d’une filière qui pourrait tant apporter aux agriculteurs dans leur diversification », développe-t-il avec son léger accent du Sud, vestige de ses quelques années passées à Carcassonne.

Thomas Muzelle veut rester optimiste :

« Mais je reste positif, tant que la France fera partie de l’Union Européenne, ils ne pourront pas nous arrêter. »

Un cadre juridique instable malgré les débuts d’une filière CBD au nord de Lyon

Le 24 janvier 2022, nouveau rebondissement. Saisi par des commerçants du secteur, le juge des référés du Conseil d’État a suspendu à titre provisoire « l’interdiction de commercialiser à l’état brut des fleurs et feuilles de certaines variétés de cannabis, alors même que leur teneur en THC est inférieur à 0,3 % ».

En attendant un jugement sur le fond, Thomas Muzelle continue donc de vendre ses fleurs à fumer au marché de Montagny (dans la Loire) chaque mercredi, mais aussi à des magasins spécialisés. Ou bien directement à la ferme.

Il a aussi un site internet où s’affichent entre autres cosmétiques et infusions mélangeant CBD, verveine, menthe, camomille… Tout est transformé sur place, avec l’aide de sa mère Jocelyne et de sa conjointe Camille.

Aromatiques CBD nord de Lyon
Les Plantes de Tomine transforment le CBD en divers produits.Photo : Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon

« J’essaie de sensibiliser les gens au fait qu’il y a un marché, que toutes ces pratiques liées au bien-être ont été injustement laissées de côté pendant des années. Mes clients ont entre 35 et 90 ans. Les plus jeunes arrêtent le THC grâce au CBD. Pour les autres, il s’agit de mieux dormir ou d’apaiser des douleurs », détaille-t-il.

L’année dernière, il a récolté environ une tonne de matière chanvrière sur ses près de 4 hectares dédiés. Alors que les agriculteurs ont connu une année 2021 catastrophique en raison du gel et que 2022 s’annonce également difficile, lui n’a perdu « que » un cinquième de sa production, en raison des précipitations intenses. Ce qui fait dire à l’agriculteur que le chanvre a une carte à jouer dans un climat bouleversé par l’activité humaine. Il plantera à nouveau cette année après les Saints de glace, avant une récolte six mois plus tard.

Champ CBD nord de Lyon
L’an dernier, Thomas Muzelle avait planté du CBD sur près de quatre hectares, au nord de LyonPhoto : DR

Pour défendre son modèle en polyculture-élevage biologique – sa production d’aromatiques est certifiée, en conversion pour le reste – Thomas Muzelle pense à la fois local et national :

« Je veux faire de ma ferme un espace de pédagogie. Avec des visites, du woofing. Mais aussi apporter au village du lien, c’est une demande très forte. Pour le potager, il est difficile de se fournir localement aujourd’hui. Je souhaite que les voisins viennent cueillir eux-mêmes leurs tomates. »

Le risque d’une industrialisation du CBD qui échappe aux agriculteurs

En parallèle, l’agriculteur du Beaujolais a rejoint l’Association française des producteurs de cannabinoïdes (AFPC). Regroupant environ 300 cannabiculteurs, son objectif est de pérenniser cette filière locale naissante, mais entravée. Joint par Rue89 Lyon, son porte-parole Jouany Chatoux, agriculteur sur le plateau de Millevaches dans la Creuse, résume les enjeux actuels autour de la culture du CBD :

« Comme Thomas Muzelle, je me suis diversifié grâce à la culture du chanvre pour un usage bien-être. Mais la filière historique ne veut pas entendre parler de circuit court, de vente de fleurs brutes. Ils ont une approche purement industrielle. Certains acteurs aimeraient contrôler de A à Z la production et faire des agriculteurs de simple faire valoir avec leur terre. »

Le Creusois établit un parallèle avec d’autres secteurs agricoles aujourd’hui déjà « cartellisés », comme les éleveurs de volailles sous contrat de production. Une situation qui l’interroge.

« L’enjeu, c’est d’avoir une filière agricole créatrice d’emplois et qualitative. Sur nos 300 adhérents, 60 % sont en agriculture biologique. Si la structuration de cette filière CBD échoue, on risque de se retrouver avec des multinationales dont l’unique objectif est la cotation en bourse. »

À l’entendre, il s’agirait d’un immense gâchis car, selon son analyse, le chanvre pourrait être une solution face au dérèglement climatique et aux difficultés financières des agriculteurs.

« Cette plante s’adapte à tous les terroirs. Il existe une multitude de profils génétiques si on nous donne l’autorisation d’explorer des variétés adaptées. Le cycle de production est court, avec une forte résistance aux sécheresses. Nous avons également pas mal d’adhérents sur la Vallée du Rhône. »

Et de conclure :

« Dans des régions viticoles ou arboricoles, comme le Beaujolais au nord de Lyon, la culture du cannabis CBD pourrait permettre aux agriculteurs de sécuriser une production via la diversification. Il suffit d’un hectare pour sortir un revenu suffisant si la législation nous permettait de travailler correctement. »

#CBD

L’Olympique Lyonnais est le club le plus vert de Ligue 1, vraiment ?

L’Olympique Lyonnais est le club le plus vert de Ligue 1, vraiment ?

Selon une étude publiée par l’association anglaise Sport Positive, l’Olympique Lyonnais serait le club le plus écologique de Ligue 1. Le site britannique a rassemblé des informations clés sur la durabilité environnementale pour chaque club de football du championnat français. Mais ce classement souffre d’un grand oubli : l’artificialisation des terres liée à la construction du stade de l’OL à Décines.

Les têtes de gondole fonctionnent bien. Parmi les points positifs retenus en faveur du club de Jean-Michel Aulas, on retrouve la pose de 1000 m² de panneaux solaires sur la toiture du centre d’entrainement et en ombrière d’un parking, l’installation de ruches au sein du Groupama Stadium ou encore le fait que 100% de l’électricité consommée sur le site soit issue de sources renouvelables.

L’impact écologique de la construction du stade de l’Olympique Lyonnais

Ce classement, repris par l’Équipe, est flatteur pour l’OL. Mais l’un des facteurs les plus importants n’a pas été pris en compte : la construction du stade.

En effet, Jean-Michel Aulas, le président du club, a fait construire le Groupama Stadium à Décines, accompagné d’un véritable projet d’urbanisme et commercial : l’OL Vallée. Lorsqu’il a commencé à être évoqué, ce projet ne faisait pas l’unanimité dans la Métropole de Lyon, notamment à cause de son impact environnemental.

Lors de la première révision du plan local d’urbanisme (PLU) de la communauté urbaine, le Conseil général du Rhône avait d’ailleurs émis des réserves au titre des espaces naturels sensibles, du plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée et des périmètres de protection des espaces naturels et agricoles.

Malgré tout, le club et son président Jean-Michel Aulas, pourront par la suite compter sur le soutien des collectivités locales. Du département, alors géré par Michel Mercier (UDI), à la Métropole de Lyon, présidée par Gérard Collomb (alors PS). Les deux collectivités assumeront une garantie bancaire nécessaire au bouclage du financement du stade pour la première, et la réalisation des accès au stade pour environ 200 millions d’euros pour la seconde.

La création de l’OL Vallée, près de 50 hectares artificialisés

La création de l’OL Vallée sur un terrain de 51,5 hectares a impliqué la disparition de dizaines d’hectares de terres agricoles fertiles et l’expropriation d’une trentaine d’agriculteurs. Un projet qui a donné lieu à de nombreux recours dont certains n’étaient pas encore purgés au moment de son inauguration du stade en janvier 2016.

(survoler pour voir le site avant/après la construction du stade de l’OL et de l’OL Vallée)

L’OL Vallée comprend des infrastructures sportives, des bureaux, des commerces, des hôtels et même un centre de loisirs. Dans son dossier de présentation « projet OL land », l’OL Groupe chiffre l’artificialisation des sols à 13 hectares pour le stade (chiffre repris par la GMSI Conseils), le parvis et les équipements connexes, à 9 hectares pour les 16 000 places de parking ou encore à 9 hectares pour le centre d’entraînement. On y retrouve toutefois 3,7 hectares de mail planté.

Il faut ajouter à cela le projet de l’OL Arena, nouveau complexe qui accueillera les futurs matchs de l’ASVEL et certains évènements culturels. Selon une étude d’impact de Soberco environnement, elle s’étendra sur 15 000 m2 soit 1 hectare et demi.

En prenant en compte la création de l’OL Vallée, le club lyonnais perdrait certainement quelques places au classement des clubs écolos. La surface qui a été bétonisée par la création de l’OL Vallée (environs 47,8 hectares) est l’équivalent d’un peu plus de 65 terrains de foot. Sans compter les accès au stade par le périphérique et la station de tramway du T3.

#OL Vallée

Immobilier : densifier Lyon, encore et toujours ?

Immobilier : densifier Lyon, encore et toujours ?

Lyon et le cœur de la métropole sont déjà très densément peuplés. Plus de 10 000 habitants au km², pour le territoire. Les nouveaux projets urbains de surélévation, les chantiers d’ampleur sur les friches urbaines comme à La Saulaie à Oullins, Grandclément à Villeurbanne, Gerland à Lyon, font-ils courir un risque de rendre cette densité indésirable ?

Loger les néo-lyonnais sans augmenter l’étalement urbain. Tel est le casse-tête que doivent résoudre les urbanistes, architectes et élus locaux aujourd’hui. « C’est un vrai sujet », confirme Roelof Verhage, maître de conférences en urbanisme et directeur de l’Institut d’Urbanisme de Lyon.

“Avec la loi qui promulgue le Zéro artificialisation nette des sols en 2050 et l’obligation d’une forte réduction dès 2030, cela rend nécessaire de construire là où c’est déjà urbanisé”. 

Densifier la ville existante est une donnée incontournable “à court terme”, reconnaît Raphaël Michaud, adjoint au maire de Lyon en charge de l’urbanisme. “Lyon est une ville accueillante et on veut qu’elle le reste”, poursuit-il, indiquant par là qu’il n’est pas question de fermer la porte au nez de ceux qui souhaitent venir vivre entre Rhône et Saône.

Et ils sont nombreux. Entre 2008 et 2019, dans le département et la métropole, la population a augmenté de près de 11%, passant au total de 1 690 498 à 1 875 747 habitants, d’après les chiffres du recensement publiés par l’INSEE en décembre. Dans Lyon intra-muros, la population est passée de 483 181 à 529 570 habitants, soit une hausse de 9,6%. Même si ces chiffres datent d’avant la crise sanitaire, la tendance ne va pas s’inverser du jour au lendemain.

Les projets d’aménagement urbain se multiplient dans le coeur de la Métropole, partout où c’est encore possible : La Saulaie à Oullins, Grandclément à Villeurbanne, le Vallon des hopitaux à Saint-Genis-Laval, etc. Avec à la clef des milliers d’habitants supplémentaires. A Gerland, par exemple, avec les chantiers en cours sur la ZAC des Girondins et le Pup Ginko, la population doit passer de 340 00 aujourd’hui à 400 00 en 2025.

terrains friches ZAC quartier Saulaie Oullins
Derrière le métro d’Oullins, les terrains en friche accueilleront de nouvelles constructions dans le cadre du projet d’aménagement urbain de La Saulaie, qui doit compter plus de 800 nouveaux logements.Photo : ED/Rue89Lyon

Une densité mal perçue

Comment rendre alors cette densification acceptable, elle qui est souvent source d’appréhension : crainte d’embouteillages, d’entassement, d’une tranquillité qui s’envole, etc. ? Preuve en est actuellement : certains riverains du quartier Pernon, dans le 4e arrondissement, qui s’inquiètent de la future construction de trois nouveaux immeubles d’habitation.

Les élus locaux se disent conscients de cet écueil. D’autant plus dans une France qui rêve de pavillon avec jardin et où la promiscuité citadine a montré ses limites durant la crise sanitaire.

Raison pour laquelle la densification sera encadrée de près, certifie Béatrice Vessiller, vice-présidente à la métropole de Lyon, en charge de l’urbanisme.

« Dans ces nouvelles opérations d’aménagement, on exige des opérateurs d’avoir de l’espace entre les immeubles, de préserver l’ensoleillement. On a une réflexion sur la taille des logements aussi, pour que les appartements aient des balcons, etc. ».

L’exécutif métropolitain s’est aussi exprimé à plusieurs reprises pour dire qu’il souhaitait avant tout densifier les secteurs proches des gares TER ou des lignes de transport en commun, comme à proximité de la future station de métro à Saint-Genis-Laval, ou près de la gare de Collonges-au-Mont-d’Or.

“Nous sommes favorables à la densité, mais du bon usage de la densité. Cela ne doit pas se faire n’importe où […]. Il faut que cela se fasse là où il y a des commerces et des services, que cela soit bien desservi pour que les nouveaux habitants puissent se déplacer à pied ou en transport en commun”, poursuit l’élue.

densifier Lyon : La bulle de vente de l'opération portée par BNP-Paribas et Vinci sur le Pup Ginkgo à Gerland. ©LB/Rue89Lyon
La bulle de vente de l’opération immobilière portée par BNP-Paribas et Vinci sur le Pup Ginkgo à Gerland.Photo : LB/Rue89Lyon

Intensifier plutôt que densifier Lyon

Béatrice Vessiller rappelle cependant que les élus métropolitains n’entendent pas densifier partout, tout le temps : “Sur la ZAC Grandclément, on a plutôt demandé à réduire le nombre de logements qui étaient proposés par les promoteurs”.

Plutôt que de densification, certains parlent en ce sens “d’intensification”, c’est-à-dire atteindre une “ville de courtes distances” :

“Une forme de ville où il y a tout à proximité, où la marche à pied et les transports en commun sont importants”, explique Roelof Verhage.

En quelque sorte, accentuer ce qui fait déjà aujourd’hui l’attrait des villes, soit la proximité des biens et services. Les élus écologistes y voient se dessiner les prémices d’une vie décarbonée, où la voiture céderait la place petit à petit au vélo, à la marche, aux transports en commun.

Dans la nouvelle mouture du PLU-H, actuellement en phase d’enquête publique, les normes de création de places de stationnement pour chaque nouvel immeuble bâti seront par exemple réduites, selon un zonage différencié.

Rééquilibrer le développement des territoires

La végétalisation fera aussi partie de la panoplie des actions pour rendre la ville plus agréable et plus apte à affronter le changement climatique, avec notamment la création de parcs – comme celui de trois hectares à Grandclément – et des coefficients de pleine-terre à préserver ou créer dans les nouvelles constructions.

Par ailleurs, les écologistes ont annoncé dans leur plan de mandat vouloir augmenter la surface des terres naturelles et agricoles périurbaines protégées.

Surtout, l’exécutif s’en est déjà expliqué : il espère réussir à plus long terme à rééquilibrer le développement économique et démographique à l’échelle de l’aire métropolitaine lyonnaise, incluant Saint-Etienne, Roanne, Vienne, etc.

Pour Béatrice Vessiller, « il faut que le développement territorial se fasse à cette échelle. Il y a un équilibre à trouver avec nos territoires voisins”.

Législatives dans le Rhône : le PS sacrifié à Villeurbanne au profit du gendre de Mélenchon

Législatives dans le Rhône : le PS sacrifié à Villeurbanne au profit du gendre de Mélenchon

Le Parti socialiste a finalement rejoint l’union de la gauche aux législatives. Dans le Rhône, Le PS perd la possibilité de reconquérir son fief de Villeurbanne, et hérite de deux circonscriptions difficilement gagnables.

Après plusieurs jours d’âpres négociations avec la France insoumise, le Parti socialiste rejoint Europe Ecologie les Verts et le Parti communiste dans l’union de la gauche pour les législatives. Un accord a été conclu au petit matin entre la FI et le PS le 4 mai et a été validé par un conseil nationale des socialistes ce jeudi 5. Le PS rejoint ainsi la « Nouvelle union populaire écologique et sociale » (Nupes).

Pour le Rhône, le PS a tenté de garder la 6ème circonscription, celle qui correspond à Villeurbanne, ville historique du socialisme municipal depuis une centaine d’année. Une circonscription particulière puisqu’elle épouse parfaitement les contours de la ville.

Mais Cédric Van Styvandael, maire de Villeurbanne, et les dirigeants locaux du PS n’auront pas réussi à défendre leur candidate, Cristina Martineau. Les socialistes devront donc se ranger derrière le très probable candidat de la France insoumise, Gabriel Amard, le gendre de Jean-Luc Mélenchon, dont le parachutage a fuité il y a quelques jours dans la presse.

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Législatives 2022 : avec la maire de Vénissieux, les communistes entrent en dissidence

Législatives 2022 : avec la maire de Vénissieux, les communistes entrent en dissidence

Michèle Picard, maire communiste de Vénissieux, se considère comme la meilleure candidate de l’union de la gauche pour les législatives 2022 dans sa circonscription et le fait savoir. L’accord national signé entre le PCF et la France insoumise positionne l’Insoumis et journaliste Taha Bouhafs comme candidat dans la 14e circonscription du Rhône. Les communistes soutiennent toujours la candidature de Michèle Picard et veulent faire bouger l’accord.

Dans la nuit du 2 au 3 mai, les communistes ont rejoint l’accord national signé par les Insoumis et les Verts. Des militants PCF sont ainsi investis dans 54 circonscriptions au nom de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Dans le Rhône, le PCF obtient deux candidatures portées par deux syndicalistes CGT : dans la 8e circonscription (nord Beaujolais) avec Cécile Bulin et la 11e (Givors et alentours) avec Abdel Yousfi.

Exit donc notamment : Boris Miachon-Debard, adjoint à l’urbanisme du 7e arrondissement de Lyon, qui voulait être candidat sur la 3e circonscription, Aline Guitard dans la 2e circonscription ou encore Marie-Noëlle Lekouara dans la 4e circonscription.

Quant à la maire de Vénissieux, Michèle Picard, elle a annoncé dès le 3 mai, via un communiqué de la section communiste de Vénissieux, maintenir, pour le moment, sa candidature dans la 14e circonscription. Le titre est clair : « Michèle Picard est la candidate légitime pour unir une gauche populaire, de combats et d’actions ».

La maire de Vénissieux Michèle Picard Versus le parachuté Taha Bouhafs

Même s’il n’est pas officiellement investi, le très médiatique Taha Bouhafs, journaliste et militant antiraciste, est annoncé pour être le candidat de la France insoumise (LFI). Face à lui, la maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard, est donc présentée comme « la meilleure candidate » par ses troupes.

« Elle a déjà battu le député LREM aux élections municipales de Vénissieux et aux élections métropolitaines sur la circo Portes du sud, territoire qui représente 80% de la 14e circonscription. La logique aurait voulu que les négociations nationales le reconnaissent. Ce n’est pas le cas ».

Au niveau départemental, le patron de la fédération, Raphaël Debû, affirme que cette dissidence locale, unique en France, est soutenue par les instances nationales du PCF et par les autres partenaires de gauche :

« On est soutenu par notre direction nationale. Et localement, tout le monde, du PS aux écologistes, nous dit que Michèle Picard est la meilleure. La France insoumise doit l’entendre. Je sais que les législatives sont des élections nationales mais le local a son mot à dire. C’est une décision de parachutage prise à Paris qui ne tient pas compte des réalités locales ».

Mais chez les responsables écologistes et les socialistes locaux, on affirme ne pas soutenir cette dissidence. Mais les échos sont bien différents à EELV ou au PS.

En attendant la convention de la FI ce week-end qui va officialiser la candidature de Taha Bouhafs, le co-secrétaire départemental d’EELV, Nathan Guedj soutient le « candidat unique de la gauche Taha Bouhafs ». Idem, du côté de Benjamin Badouard, porte-parole EELV Rhône-Alpes et co-président du groupe écologiste à la Métropole de Lyon, qui confirme que pour EELV, le candidat sur la 14e est Taha Bouhafs :

« La dynamique historique de l’union doit ramener tout le monde à la raison et sortir de ces conflits internes pour enfin créer l’espoir de l’alternance ».

Chez les socialistes du Rhône, si on on ne soutient pas Michèle Picard, on ne se prive pas de rejeter la candidature de Taha Bouhafs à mots couverts. Une motion du bureau fédéral a même été votée le mardi 3 mai dans ce sens et envoyée à la presse ce mercredi après-midi :

« Nous invitons l’ensemble de nos partenaires à investir des candidat-e-s qui s’inscrivent pleinement dans le respect de [nos] valeurs communes. Il serait particulièrement dommageable, que la grande alternative de Gauche que nous souhaitons proposer aux Françaises et aux Français, soit perturbée par la présence de candidate ou de candidat à un mandat d’élu-e de la République suscitant le trouble et la polémique en raison de condamnation sur le plan judiciaire ».

Avant l’accord national, le patron des communistes du Rhône plaidait pour une candidature Michèle Picard en allant également sur le terrain judiciaire et éthique :

« Nous avons un vrai problème éthique, au vu des condamnations pour injure raciale du candidat qui pourrait être parachuté dans la 14e.  »

Taha Bouhafs a en effet été condamné en première instance pour « injure en raison de l’origine » après avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab « d’arabe de service », alors qu’elle défendait des policiers accusés de violences policières. Il a fait appel de cette décision.

Michelle Picard, maire de Venissieux législatives
La maire de Vénissieux Michelle Picard à la sortie d’une réunion « Sécurité et tranquillité publique » à la préfecture du Rhône, le 24 juillet 2020.

La campagne des législatives de la maire de Vénissieux suit son cours

Après l’accord, Raphaël Debû, maintient que la candidature de Taha Bouhafs est « une erreur de casting » et que ses propos et sa personnalité sont « clivants » :

« Il y a une candidature qui divise et une autre qui rassemble, dans une circonscription où l’on peut battre le candidat marcheur ».

Le secrétaire départemental du PCF revient également sur les candidatures du CRS Damien Monchau pour le RN et d’un autre parachuté, le secrétaire national du syndicat France Police, Bruno Attal, pour Reconquête.

« En face de Taha Bouhafs, l’extrême droite a mis deux flics. On ne veut pas que le débat se focalise autour des violences policières. C’est très important mais ça ne couvre pas tout le champ des préoccupations. Les principaux sujets restent l’emploi, les salaires et le logement ».

Le lancement de la campagne de Michèle Picard prévu avant la signature de l’accord national le 5 mai à la salle Joliot Curie de Vénissieux est donc maintenu. Pour cette troisième tentative, la maire sera accompagnée de son suppléant, Guillaume Dumoulin, syndicaliste CGT (ex-SAD, filiale de Presstalis).

Tous les militants communistes sont au rendez-vous pour tenter de faire passer un message aux Insoumis : le poste de député de cet ex-bastion communiste doit revenir à l’héritière d’André Gerin, ancien maire de Vénissieux et député PCF de 1993 à 2012.

« On va mener la bataille jusqu’au dépôt des candidatures, entre les 16 et le 20 mai, promet Raphaël Debû. On ne voit pas comment on ne pourrait pas faire bouger les lignes et gagner. »

Contacté par Rue89Lyon, Taha Bouhafs n’a pas, pour le moment, donné suite.

[Mise à jour du 9 mai à 9h30] Taha Bouhafs a été officiellement investi le samedi 7 mai par LFI. Le surlendemain, le lundi 9 mai, Sur France 2, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a réitéré le soutien du parti communiste à Michèle Picard en demandant le retrait de la candidature du journaliste.