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Immobilier : densifier Lyon, encore et toujours ?

Lyon et le cœur de la métropole sont déjà très densément peuplés. Plus de 10 000 habitants au km², pour le territoire. Les nouveaux projets urbains de surélévation, les chantiers d’ampleur sur les friches urbaines comme à La Saulaie à Oullins, Grandclément à Villeurbanne, Gerland à Lyon,

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Une vue du secteur du sous-quartier des Girondins, à Gerland : le Brickwall et le Vill’Arboréa Plaza font face, pour le moment, à un terrain vague ©LB/Rue89Lyon

font-ils courir un risque de rendre cette densité indésirable ?

Loger les néo-lyonnais sans augmenter l’étalement urbain. Tel est le casse-tête que doivent résoudre les urbanistes, architectes et élus locaux aujourd’hui. « C’est un vrai sujet », confirme Roelof Verhage, maître de conférences en urbanisme et directeur de l’Institut d’Urbanisme de Lyon.

“Avec la loi qui promulgue le Zéro artificialisation nette des sols en 2050 et l’obligation d’une forte réduction dès 2030, cela rend nécessaire de construire là où c’est déjà urbanisé”. 

Densifier la ville existante est une donnée incontournable “à court terme”, reconnaît Raphaël Michaud, adjoint au maire de Lyon en charge de l’urbanisme. “Lyon est une ville accueillante et on veut qu’elle le reste”, poursuit-il, indiquant par là qu’il n’est pas question de fermer la porte au nez de ceux qui souhaitent venir vivre entre Rhône et Saône.

Et ils sont nombreux. Entre 2008 et 2019, dans le département et la métropole, la population a augmenté de près de 11%, passant au total de 1 690 498 à 1 875 747 habitants, d’après les chiffres du recensement publiés par l’INSEE en décembre. Dans Lyon intra-muros, la population est passée de 483 181 à 529 570 habitants, soit une hausse de 9,6%. Même si ces chiffres datent d’avant la crise sanitaire, la tendance ne va pas s’inverser du jour au lendemain.

Les projets d’aménagement urbain se multiplient dans le coeur de la Métropole, partout où c’est encore possible : La Saulaie à Oullins, Grandclément à Villeurbanne, le Vallon des hopitaux à Saint-Genis-Laval, etc. Avec à la clef des milliers d’habitants supplémentaires. A Gerland, par exemple, avec les chantiers en cours sur la ZAC des Girondins et le Pup Ginko, la population doit passer de 340 00 aujourd’hui à 400 00 en 2025.

terrains friches ZAC quartier Saulaie Oullins
Derrière le métro d’Oullins, les terrains en friche accueilleront de nouvelles constructions dans le cadre du projet d’aménagement urbain de La Saulaie, qui doit compter plus de 800 nouveaux logements.Photo : ED/Rue89Lyon

Une densité mal perçue

Comment rendre alors cette densification acceptable, elle qui est souvent source d’appréhension : crainte d’embouteillages, d’entassement, d’une tranquillité qui s’envole, etc. ? Preuve en est actuellement : certains riverains du quartier Pernon, dans le 4e arrondissement, qui s’inquiètent de la future construction de trois nouveaux immeubles d’habitation.

Les élus locaux se disent conscients de cet écueil. D’autant plus dans une France qui rêve de pavillon avec jardin et où la promiscuité citadine a montré ses limites durant la crise sanitaire.

Raison pour laquelle la densification sera encadrée de près, certifie Béatrice Vessiller, vice-présidente à la métropole de Lyon, en charge de l’urbanisme.

« Dans ces nouvelles opérations d’aménagement, on exige des opérateurs d’avoir de l’espace entre les immeubles, de préserver l’ensoleillement. On a une réflexion sur la taille des logements aussi, pour que les appartements aient des balcons, etc. ».

L’exécutif métropolitain s’est aussi exprimé à plusieurs reprises pour dire qu’il souhaitait avant tout densifier les secteurs proches des gares TER ou des lignes de transport en commun, comme à proximité de la future station de métro à Saint-Genis-Laval, ou près de la gare de Collonges-au-Mont-d’Or.

“Nous sommes favorables à la densité, mais du bon usage de la densité. Cela ne doit pas se faire n’importe où […]. Il faut que cela se fasse là où il y a des commerces et des services, que cela soit bien desservi pour que les nouveaux habitants puissent se déplacer à pied ou en transport en commun”, poursuit l’élue.

densifier Lyon : La bulle de vente de l'opération portée par BNP-Paribas et Vinci sur le Pup Ginkgo à Gerland. ©LB/Rue89Lyon
La bulle de vente de l’opération immobilière portée par BNP-Paribas et Vinci sur le Pup Ginkgo à Gerland.Photo : LB/Rue89Lyon

Intensifier plutôt que densifier Lyon

Béatrice Vessiller rappelle cependant que les élus métropolitains n’entendent pas densifier partout, tout le temps : “Sur la ZAC Grandclément, on a plutôt demandé à réduire le nombre de logements qui étaient proposés par les promoteurs”.

Plutôt que de densification, certains parlent en ce sens “d’intensification”, c’est-à-dire atteindre une “ville de courtes distances” :

“Une forme de ville où il y a tout à proximité, où la marche à pied et les transports en commun sont importants”, explique Roelof Verhage.

En quelque sorte, accentuer ce qui fait déjà aujourd’hui l’attrait des villes, soit la proximité des biens et services. Les élus écologistes y voient se dessiner les prémices d’une vie décarbonée, où la voiture céderait la place petit à petit au vélo, à la marche, aux transports en commun.

Dans la nouvelle mouture du PLU-H, actuellement en phase d’enquête publique, les normes de création de places de stationnement pour chaque nouvel immeuble bâti seront par exemple réduites, selon un zonage différencié.

Rééquilibrer le développement des territoires

La végétalisation fera aussi partie de la panoplie des actions pour rendre la ville plus agréable et plus apte à affronter le changement climatique, avec notamment la création de parcs – comme celui de trois hectares à Grandclément – et des coefficients de pleine-terre à préserver ou créer dans les nouvelles constructions.

Par ailleurs, les écologistes ont annoncé dans leur plan de mandat vouloir augmenter la surface des terres naturelles et agricoles périurbaines protégées.

Surtout, l’exécutif s’en est déjà expliqué : il espère réussir à plus long terme à rééquilibrer le développement économique et démographique à l’échelle de l’aire métropolitaine lyonnaise, incluant Saint-Etienne, Roanne, Vienne, etc.

Pour Béatrice Vessiller, « il faut que le développement territorial se fasse à cette échelle. Il y a un équilibre à trouver avec nos territoires voisins”.


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