Ne vous armez pas, il ne s’agit pas d’un véritable poulpe géant mais d’une structure artistique d’ampleur, déployée durant un chantier de deux mois qui sera visible dès ce mercredi dans la cour centrale des Subsistances (Lyon 1er): le Kraken.
180 mètres de tentacules, 15 mètres de hauteur et 25 de largeur. La bête a de quoi impressionner. Il s’agit du Kraken, une pieuvre impressionnante qui va abriter nombre des spectacles et concerts, DJ sets programmés par les Subs de mai à juillet prochains.
Le Kraken en place aux Subs.Photo : AC/Rue89Lyon
Le Kraken est une figure souvent utilisée dans les récits fantastiques (et notamment les légendes scandinaves médiévales), pour sa capacité à impressionner, muni de tentacules capables d’étranglement et de harceler les bateaux. On se rappelle aussi Paul le devin (un poulpe qui prédisait les résultats de matches de foot). Notons que ce calmar a le vent en poupe, met par excellence de tout chef affilié à la bistronomie. Mais celui des Subs s’appelle bien le Kraken et il sera suffisamment gigantesque pour accueillir une partie de la programmation printanière et estivale.
Cette structure de bois et la création scénographique ont été conçues par le collectif syrien UV lab.
Le Kraken sera « réveillé » ce mercredi 4 mai, par une mise en lumière et en sons spécifique, un DJ set (Le Frit) et une performance visuelle à partir de 20h30.
Du 4 au 8 mai, c’est l’Open Kraken, avec de quoi faire chavirer les spectateurs lyonnais -habitués ou non- des lieux.
Le vendredi 6 mai, l’artiste palestino-syro-ukrainien Nidal Abdo nous invite à tester ce nouveau dancefloor, en compagnie de la DJ tunisienne Aïda Salander présentée comme spécialiste des soirées Queer parisiennes.
S’étaler, mais à la verticale : encore marginale il y a quelques années, la pratique de la surélévation d’immeuble commence à être utilisée à Lyon et dans la métropole. Une manière d’augmenter l’offre de logements tout en limitant la bétonisation des terres.
Mais à elle seule, la surélévation ne peut pas répondre à des besoins immobiliers croissants, ni ne peut faire redescendre les prix du foncier.
D’ici quelques mois, des échafaudages enlaceront le bâtiment et une large bâche blanche coiffera tout l’espace au-dessus du toit, tel un gigantesque parapluie. Un harnachement nécessaire pour l’immeuble du 26 quai Claude Bernard, dans le 7e arrondissement, car son sommet sera ouvert aux quatre vents pendant plusieurs semaines. Et pour cause : sa toiture va être enlevée et deux étages supplémentaires vont venir le couronner.
Le bâtiment, idéalement situé à deux pas du Rhône, comptera ainsi six nouveaux logements, pour une surface totale additionnelle de 360m². C’est Adamia, groupe immobilier lyonnais spécialisé dans la surélévation d’immeuble, qui assurera la maîtrise d’œuvre du chantier.
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La France Insoumise et Europe-Ecologie-les Verts ont réussi à s’entendre pour les législatives. Le parti socialiste et le parti communiste poursuivent les négociations au niveau national pour faire partie de cette nouvelle union de la gauche. Comme on pouvait s’y attendre, sur les circonscriptions jugées « gagnables », ça crispe, autour de Villeurbanne et de Vénissieux.
Les écologistes s’en sortent bien. Leur négociation avec la France Insoumise, avec qui ils ont signé un accord pour les législatives, leur a permis d’obtenir d’avoir des têtes de liste dans quatre circonscriptions dans le Rhône et à Lyon, sans adversaire à gauche.
Premier arrivés, premiers servis ?
Le parti socialiste et le parti communiste poursuivent quant à eux les négociations et espèrent aussi décrocher des têtes de liste dans certaines circonscriptions du Rhône. En réalité, chaque parti vise une circonscription en particulier : Villeurbanne pour le PS et Vénissieux pour le PC.
Deux territoires où des parachutages en provenance de l’Union Populaire (le mouvement lancé par LFI pour la présidentielle 2022) ont déjà fuité. Il semble peu probable que le parti de Jean-Luc Mélenchon retire lesdites candidatures, tant elles comptent pour lui.
Aux législatives, les socialistes veulent Villeurbanne
Pour les socialistes, la circonscription de Villeurbanne est particulière. Un maire de gauche (Cédric Van Styvandael, PS) y est élu sans discontinuer depuis une centaine d’années, et ils ont tous été socialistes depuis 1947. C’est aussi l’une des seules circonscriptions en France à être exactement calquée sur les frontières d’une ville.
Dans les discussions menées actuellement au niveau national, logiquement le PS pousse pour que sa candidate, Cristina Martineau, aussi adjointe à la Ville de Villeurbanne, soit celle de l’union de la gauche.
D’autant plus que EELV a réussi à récupérer des circonscriptions à Lyon, ville où le maire est écologiste, comme le souligne Sandrine Runel, adjointe socialiste à la mairie de Lyon :
« La jurisprudence qui dit que Lyon est écologiste, donc on donne des circonscriptions aux écologistes, pourrait être appliquée à Villeurbanne. »
Mais face à elle, Cristina Martineau a un adversaire de taille pour mener campagne à gauche dans cette circonscription. Rien de moins que le gendre de Jean-Mélenchon, Gabriel Amard, également conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes, qui a été positionné. Si l’adjointe dit « respecter » le choix des insoumis, elle « s’interroge sur ce parachutage » :
« À Villeurbanne, on vient de passer cinq ans avec un député En Marche fantôme [Bruno Bonnell, ndlr], qu’on a pas vu sur le terrain et qui n’a pas fini son mandat. Je crois que les villeurbannais méritent plus de respect. Moi, je suis une habitante de Villeurbanne et je suis, du fait de mon mandat d’adjointe, engagée auprès des villeurbannais. »
Déterminée, elle plaide aussi pour qu’une candidature féminine ne soit pas écartée au profit de celle d’un homme.
« Ce n’est pas tout de faire la parité sur les investitures, envoyer des femmes au pouvoir c’est aussi faciliter leur victoire sur des circos gagnables », veut rappeler Cristina Martineau.
Parachutage face à la maire communiste à Vénissieux
À Vénissieux, c’est un peu la même configuration, mais le bras de fer va se faire avec les communistes. Le très médiatique Taha Bouhafs, journaliste et militant antiraciste, est pressenti pour être le candidat de la France Insoumise. Face à lui, la maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard, est investie depuis déjà plusieurs semaines par le parti.
Raphaël Debû, secrétaire départemental du PCF plaide pour sa candidate et tente l’argument judiciaire pour écarter son adversaire :
« Nous pensons que si l’on veut vraiment gagner le maximum de députés et déjouer le scénario de Macron, Michèle Picard est la mieux placée pour l’emporter, du fait de son implantation. Nous avons d’ailleurs un vrai problème éthique, au vu des condamnations pour injure raciale du candidat qui pourrait être parachuté dans la 14e. »
Taha Bouhafs a en effet été condamné en première instance pour « injure en raison de l’origine » après avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab « d’arabe de service », alors qu’elle défendait des policiers accusés de violences policières. Il a fait appel de cette décision.
Fortement soutenu publiquement par l’Union Populaire ces derniers jours, difficile de concevoir que le jeune homme originaire de l’Isère ne puisse pas être investi.
Vers des exceptions à l’union de la gauche ?
Mais Vénissieux n’est pas le seul territoire qui pourrait faire des déçus chez les communistes. Investi dans la 3e circonscription, l’adjoint communiste du 7e arrondissement, Boris Miachon-Debard ne devrait pas pouvoir être candidat puisque cette circonscription a été attribuée à EELV. Même s’il plaide pour l’union, il porte une position à contre-courant, et propose un premier tour avec plusieurs forces de gauche dans certaines circonscriptions :
« Il faut que les personnes investies soient en capacité de battre les candidats d’En Marche et de porter une vraie campagne. Cela va à la responsabilité d’échanges locaux. Si on ne se met pas d’accord sur une figure, on ne va pas interdire le peuple de gauche de choisir qui peur incarner la victoire de la gauche. C’est la démocratie. »
Alors que les discussions vont bon train à Paris, Cristina Martineau pourrait être fixée sur son sort dans les heures ou les jours qui viennent. Quand on lui demande si elle pourrait partir seule si elle n’était pas investie, elle élude :
« Ce besoin d’union, je le respecte et il est en cours de discussion. J’attends avant de me prononcer sur quoi que ce soit. Mais pour la reconstruction de notre parti, je veux respecter les militants socialistes qui se sont mobilisés pendant la campagne, malgré les sondages. Je suis aujourd’hui leur porte-parole et nous discuterons entre nous puis nous verrons ce que nous allons faire. »
Un accord va-t-il être trouvé ce mardi 3 mai, par ailleurs date anniversaire du Front populaire ?
A la veille de cette date symbolique, 1000 militants du PS ont lancé un appel à leur premier secrétaire Olivier Faure, l’enjoignant à mener une consultation -dans un temps qui est court (les élections législatives se tiendront les 12 et les 19 juin prochains). Cet appel est notamment mené depuis Vaulx-en-Velin, dont la maire PS Hélène Geoffroy a déjà montré son désaccord vis-à-vis de ce qu’elle qualifie de « soumission au programme de LFI ».
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
La Villa Gillet propose durant quasi tout le mois de mai une nouvelle édition de son festival « Littérature Live ».
Malgré les difficultés que traverse cette infrastructure culturelle basée à Lyon, subissant une coupe sèche et subite des subventions de la Région, ce numéro du festival dédié à la littérature et au débat d’actualité s’ouvre dès ce mardi 3 mai.
En 2022, « Littérature Live » sera particulièrement axée sur le concept de fiction et de récit du monde, qui fera la part belle aux rencontres avec de grands noms du roman.
Prologue ce mardi 3 mai avec l’auteur et réalisateur Atiq Rahimi (Goncourt 2008 pour Syngué Sabour), qui a publié un dialogue mené avec sa fille Alice Rahimi, elle aussi présente à Lyon. Il s’agit de la correspondance qu’ils ont entamée en 2020, pendant le confinement.
Atik Rahimi et sa fille Alice Rahimi.Photo : hélène bamberger
Puis le festival battra son plein, à partir de la mi-mai. On relève notamment cette incursion dans une littérature engagée qui se veut témoin et d’une époque, proposée au travers de la rencontre entre Stefan Hertmans, auteur belge qui se penche sur l’histoire du XXè siècle, avec Milton Hatoum, écrivain qui raconte les violentes répressions de la dictature militaire au Brésil, pendant les années 1970.
L’auteur de « Connemara », Nicolas Mathieu (prix Goncourt en 2018 avec « Leurs Enfants après eux »), parlera d’une quête du bonheur aux côtés de l’auteur islandais Jón Kalman Stefánsson, lui aussi expert du récit des destins.
Des lectures-conférences, une création radiophonique de haute volée à partir du podcast Bookmakers de Richard Gaitet (sur Arte radio)… Le programme est riche et il s’agit de plonger dedans pour trouver de quoi assouvir ou ouvrir un appétit de littérature.
L’annonce de cet événement roboratif nous donne l’occasion de rappeler que la Région et son président Laurent Wauquiez ont décidé une coupe sèche de toutes les subventions versées jusque là à la Villa Gillet, qui a pourtant fourni un travail conséquent sur la littérature et les idées dans tout Auvergne-Rhône-Alpes. Le festival propose d’ailleurs des rencontres dans toute la région ce mois.
Après deux ans de crise sociale et sanitaire, les cinémas ont encore du mal à se remettre à Lyon. Les spectateurs ne reviennent plus aussi fréquemment dans les salles, même si toutes les restrictions ont été levées. Tour d’horizon local.
Alors que le soleil revient à Lyon, le temps n’est toutefois pas au beau fixe dans les cinémas de la métropole. Le premier trimestre 2022 n’a pas marqué un retour des spectateurs dans les salles obscures. La faute à la crise sanitaire qui se poursuit, avec un fort pic de contaminations en janvier, lesquelles contaminations commencent à peine à quitter le plateau où elles s’étaient stabilisées.
Les plus inquiets sont les cinémas d’art et d’essai, qui craignent de grandes difficultés économiques à venir. Du côté des cinémas attachés à un grand groupe, on encaisse mieux et on « investit sur l’innovation » pour faire revenir les spectateurs.
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La manifestation du 1er Mai a rassemblé entre 4000 et 6000 personnes cette année à Lyon. Les mots d’ordre étaient variés (retraites, pouvoir d’achat, solidarité internationale…) et sous-tendus par l’espoir palpable d’une union de la gauche pour les élections législatives à venir. Récit.
Entre 4000 et 6000 personnes ont manifesté ce 1er mai à Lyon, selon les chiffres de la préfecture ou de l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, CNT, Unef). Sous un soleil radieux et dans une ambiance festive, le cortège s’est élancé de la place Jean Macé vers 11 heures, direction la place Bellecour.
Le contraste avec l’année dernière frappe d’emblée. Pas de pluie, plus de monde et (presque) aucune tension entre les manifestants et la police. De quoi ravir Yveline et Aimé, un couple de retraités qui ne rate jamais un défilé du 1er Mai. Les deux sont partis à la retraite à 60 ans et ont en travers de la gorge le projet de réforme voulu par Emmanuel Macron, récemment réélu président de la République.
« C’est bien d’être en retraite, encore faut-il être y arriver en bonne santé et bien vieillir. Partir à 65 ans, comme le souhaite monsieur Macron, ce n’est pas possible. Je suis là pour ceux qui travaillent encore et pour revaloriser les retraites de ceux qui y sont déjà », insiste Yveline.
Son mari Aimé abonde, chiffres à l’appui :
« J’ai récemment remis la main sur une fiche de pension de 2014. En huit ans, j’ai perdu plus de 200 euros net. Et ça, c’est sans tenir compte de l’inflation. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je suis là essentiellement pour le pouvoir d’achat. Et pour soutenir les jeunes. »
Yveline et Aimé, retraités, ratent rarement un 1er mai à Lyon.Photo : Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon
Retraites dignes, protection du pouvoir d’achat face à l’inflation, défense des services publics, autant de revendications portées par l’intersyndicale dans son appel à manifester. Sans oublier l’attachement à la paix et la solidarité avec les travailleurs et travailleuses du monde entier. Des thèmes très présents sur les pancartes et banderoles de ce 1er Mai lyonnais.
Les antifascistes proches de la GALE en tête de ce 1er Mai à Lyon
Après la dissolution du groupe antifasciste GALE, banderole de circonstance lors du 1er mai à Lyon.Photo : Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon
Un 1er Mai à Lyon bien différent de l’année dernière
Le risque de voir ce cortège de tête isolé du reste de la manifestation est grand. Mais les événements de l’année dernière ne se sont pas reproduits. La police, à bonne distance de la manifestation, n’a pas chargé. Et il n’y pas eu de heurt entre le service d’ordre de la CGT et ce cortège de tête.
Lorsque la police bloque la rue de la Barre devant l’Hôtel-Dieu et fait usage du canon à eau après quelques jets de pétards, le service d’ordre de l’intersyndicale resserre les rangs et fait avancer la manifestation.
« Dans un contexte de banalisation des idées d’extrême droite et de réformes anti-sociales à venir, il faut imposer un rapport de force dans la rue. Et il ne doit être parasité par personne. Ni les fascistes, ni la police. Ce n’est qu’avec l’unité de tous les salariés que nous obtiendrons une hausse des salaires. »
Au 1er Mai, les organisations politiques attendues au tournant pour les législatives
Le cortège arrive place Bellecour deux heures après le départ, avec, en queue de manifestation, quelques drapeaux de l’Union populaire et d’EELV.
Les organisations politiques de gauche se savent attendues au tournant par les manifestants, comme Paulo. Sur sa pancarte, ce message : « 3ème tour : la vraie gauche est de retour ! »
« C’est un clin d’œil aux élections législatives qui approchent. Je suis rassuré que les gens répondent au rendez-vous aujourd’hui après un second tour de la présidentielle aussi lamentable. La solution ne passe pas que par les urnes. Mais j’espère que cette mobilisation va rappeler aux partis à la gauche du PS qu’il est plus que jamais nécessaire de s’unir », met en garde celui qui milite chez Greenpeace.
C’est aussi ce qu’espèrent Michel et Elisabeth, venus avec leur petit garçon. C’est leur première manifestation depuis le début de la crise sanitaire en 2020. Ils subissent coupes budgétaires et restructurations dans leur secteur d’activité – chez GrDF pour l’un, aux Hospices civils de Lyon (HCL) pour l’autre – et veulent que ça cesse. L’élection présidentielle et la qualification de la gauche au second tour, ils y croyaient.
Après le 1er Mai à Lyon, un mini-meeting en amont des législatives
Alors que la manifestation se termine en musique place Bellecour avec la fanfare de l’ENS, Boris Miachon Debard, adjoint à la Maire du 7ème arrondissement et membre du PCF, démarre son meeting sur le Pont de la Guillotière. Il se positionne comme candidat aux élections législatives sur la 3ème circonscription du Rhône.
Boris Miachon Debard, candidat du PCF dans la 3ème circonscription du Rhône, en meeting lors du 1er mai. Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon
La prise de parole est suivie par quelques dizaines de personnes, dont Marie-Charlotte Garin, candidate probable dans la même circonscription, sous l’étiquette EELV cette fois. Sans rancune ?
« On appelle l’union de nos vœux, peu importe qui la représentera. Boris a invité tout le monde à venir aujourd’hui. À l’heure où je parle il n’y a pas d’accord au niveau national. Or, c’est à cet échelon que ça se joue. Mais je sais que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Chacun prendra ses responsabilités si campagne unitaire il y a », prévient l’écologiste.
Alors qu’un accord national de la gauche en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains est toujours en discussion ce dimanche, Lyon reste un des secteurs où ça coince.
Rue89Lyon vous propose sa sélection de sorties pour ce mois de mai 2022 dans l’agglo de Lyon.
On dit que la rosée de mai fait tout beau ou tout laid. Ce proverbe devrait nous inciter à sortir, car c’est maintenant que semble être donné le ton pour toute la saison estivale. Alors dehors les gens -et n’hésitez pas à partager dans les commentaires vos propres idées et bons plans.
Festival « Les Fabricants » au théâtre de la Renaissance
Mettre en valeur de nouveaux projets, faire émerger une nouvelle scène. C’est ce que le projet intitulé « L’Artist Diploma – CréationS » permet depuis 10 ans, avec un cursus de deux ans post master du CNSMD (conservatoire national supérieur musique et danse), qui ouvre à un·e musicien·ne la possibilité de porter un projet personnel à la scène.
Cette formation professionnalisante est menée en collaboration avec Le Théâtre de La Renaissance et la Ferme du Vinatier et aboutit donc à des représentations, lors d’un festival justement baptisé « Les Fabricants ».
Il sera possible pour cette 8ème édition de découvrir notamment Léa Koster, âgée de 27 ans.
Elle a débuté la musique à l’âge de 6 ans avec la percussion et le piano et a révèle un goût pour l’improvisation et la composition plus que précoce puisque, à l’âge de 10 ans, elle dépose ses premières œuvres à la SACEM avant de remporter le second prix du concours Perku en Herbe.
Il sera possible aussi d’écouter une saxophoniste et performeuse, Yui Sakagoshi (à voir dans la vidéo ci-après) ; ou encore Yi-Hsuan Chen pour des percussions, encore une fois, et un spectacle de danse et d’ombres.
180 mètres de tentacules, 15 mètres de hauteur et 25 de largeur. La bête a de quoi impressionner. Il s’agit du Kraken, une pieuvre impressionnante qui va abriter nombre des spectacles et concerts, DJ sets programmés par les Subs de mai à juillet prochains.
La structure et la création scénographique ont été conçues par le collectif syrien UV lab. Le vendredi 6 mai, l’artiste palestino-syro-ukrainien Nidal Abdo nous invite à tester ce nouveau dancefloor, en compagnie de la DJ tunisienne Aïda Salander présentée comme spécialiste des soirées Queer parisiennes.
Soumaila Tounkara (en gogo dancing le vendredi 6 mai). DR
Le Kraken sera « réveillé » ce mercredi 4 mai, avec une mise en lumière et en sons spécifique. Du 4 au 8 mai, c’est donc l’Open Kraken, avec de quoi faire chavirer les spectateurs lyonnais -habitués ou non- des lieux.
La 7ème édition de ce festival de cinéma très particulier aura lieu du 5 au 8 mai dans plusieurs salles de l’agglo.
Un programme riche pour « On vous ment ! », qui met en avant des œuvres cinématographiques flirtant avec le documentaire et la fiction. Il s’agit d’un genre spécifique, celui du faux documentaire, « trop méconnu » selon Matteo Migliaccio et Nicolas Landais, fondateurs de l’événement.
Pour donner le ton, la soirée d’ouverture permettra de voir ou de revoir le cultissime « C’est arrivé près de chez vous » de Rémy Belavaux, Benoit Poelvoorde et André Bonzel (lequel coréalisateur sera présent), au cinéma Le Comoedia (Lyon 7e).
Des films sont mis en compétition, comme dans tout festival de cinéma qui se respecte. André Bonzel, toujours, présentera dans ce cadre son nouveau film « Et j’aime la fureur ». On a particulièrement envie de voir un film signé Banjong Pisanthanakun et intitulé « The Medium », qui suit une équipe souhaitant tourner un film sur le chamanisme en Thaïlande. Le tournage doit -évidemment- déraper dans l’effroi…
Toute la programmation de « On vous ment ! » (longs et courts métrages) est à consulter sur le site du festival.Du 5 au 8 mai 2022.
Soirée de soutien à l’agenda culturel Ville Morte
Il s’agit en réalité d’un peu plus qu’un « agenda culturel » pour Lyon et sa métropole. Le collectif « Ville Morte » réunit des passionnés de musique, de concerts, des activistes culturels de Lyon qui parle de ce qui s’y passe, notamment dans ses strates alternatives voire underground. « Un agenda lyonnais de la contre-culture plus ou moins souterraine », dit le collectif lui-même, qui organise donc une soirée de concerts, afin de récolter quelque argent :
« Mensuel papier depuis le printemps 2015, on a du se contenter depuis 2020 du site web villemorte.fr pour *les raisons qu’on sait* mais aussi pour cause de caisse vide. Il est temps de remplir à nouveau nos coffre-forts et de reprendre les bases de la diffusion papier de l’agenda un peu partout dans le Grand Lyon !
De quelques centaines à un millier d’exemplaires mensuel, photocopié, […] un numéro nous coûte environ une cinquantaine d’euros par mois. Nos autres frais recouvrent l’hébergement web, et on avance parfois l’impression d’affiches ou le fond de caisse pour certaines organisations. On coûte pas cher et on roule pas à l’essence mais on a quand même besoin (d’un peu) de sous ».
Il s’agit donc d’une véritable soirée de soutien qui a pour but que « Ville Morte » fasse reparaître son fanzine et ses infos sous format papier. Cela aura lieu à Grrrnd Zero, avec le groupe de post-punk La Hess, le rock (noise) de Max Lampin, et Canari Gros Calibre.
Le festival « Littérature Live » à la Villa Gillet
La Villa Gillet a préparé une nouvelle édition de son festival « Littérature Live » particulièrement axée sur le concept de fiction et de récit du monde, qui fera la part belle aux rencontres avec de grands noms du roman. Stefan Hertmans, auteur belge qui se penche sur l’histoire du XXè siècle, sera mis en dialogue avec Milton Hatoum, écrivain qui raconte les violentes répressions de la dictature militaire au Brésil, pendant les années 1970.
L’auteur de « Connemara », Nicolas Mathieu (prix Goncourt en 2018 avec « Leurs Enfants après eux »), parlera d’une quête du bonheur aux côtés de l’auteur islandais Jón Kalman Stefánsson, lui aussi expert du récit des destins.
Des lectures-conférences, une création radiophonique de haute volée à partir du podcast Bookmakers de Richard Gaitet (sur Arte radio)… Le programme est riche et il s’agit de plonger dedans pour trouver de quoi assouvir ou ouvrir un appétit de littérature.
L’annonce de cet événement roboratif nous donne l’occasion de rappeler que la Région et son président Laurent Wauquiez ont décidé une coupe sèche de toutes les subventions versées jusque là à la Villa Gillet, qui a pourtant fourni un travail conséquent sur la littérature et les idées dans tout Auvergne-Rhône-Alpes.
Reporté et reporté, voilà enfin le concert de Peter Hook programmé de façon (croisons les doigts) certaine. Figure incontournable, patron de la new-wave et de la musique post-punk, est-il encore besoin de présenter celui qui a fondé et officié au sein de Joy Division ou encore de New Order ?
L’objet de cette tournée exceptionnelle en France est un hommage rendu à Ian Curtis. Quarante ans après la mort du chanteur et parolier emblématique de Joy Division, son ex-camarade de jeu a voulu, avec « Peter Hook & The Light« , lancer une tournée hexagonale baptisée « Joy Division : A Celebration », pendant laquelle le groupe ainsi formé interprètera les albums « Unknown pleasures » et « Closer ». Dans leur intégralité !
Syndicats, collectifs et partis politiques appellent à se rassembler pour le 1er Mai, place Jean Macé à Lyon, pour le traditionnel cortège de la fête internationale des travailleurs. Avec pour principal mot d’ordre le pouvoir d’achat.
Rendez-vous annuel du mouvement social, la manifestation du 1er Mai de 2022 se tiendra comme à son habitude à Lyon et ailleurs. Après deux années fortement marquées par le Covid, c’est sous le signe d’un nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron que le rassemblement s’organise cette année. Ce sera la première manifestation après l’élection présidentielle, après un premier mandat marqué par de nombreux mouvements sociaux.
Comme traditionnellement, à Lyon, le rendez-vous est donné à 10h30 place Jean Macé par les syndicats. Cette année, Force ouvrière va exceptionnellement défiler auprès de l’intersyndicale (CGT, FSU, Solidaires, CNT, UNEF et CNT SO). Les années précédentes, les syndicalistes FO se réunissaient, à part, dans le 4ème arrondissement, devant la plaque des canuts.
Les revendications portent sur la défense des salaires, des services publics et des retraites, pour un 1er mai « sous le signe de la défense du pouvoir d’achat, de l’attachement à la paix et aux libertés. »
L’appel à un « bloc » en tête de cortège pour ce 1er Mai à Lyon
En 2021, le défilé avait été entaché par un conflit entre le cortège de tête et la CGT. Entre 3000 et 5000 personnes (selon la préfecture ou l’intersyndicale) avaient défilé. Cette année à nouveau, un appel à former un « bloc antifasciste autonome rouge et noir » circule.
Seront également dans la rue différentes organisations politiques comme la France Insoumise, le NPA, le PCF, EELV ou le PS. Avec peut-être une banderole unitaire si un accord est trouvé entre les différents partis de gauche pour les législatives. Même s’il faudrait passer au-dessus des actuels désaccords nationaux et des tensions locales.
Il y a 151 ans naissait la Commune de Lyon dans le quartier de la Guillotière. Beaucoup moins connue que la Commune de Paris, elle a surtout été composée d’insurrections. Une commémoration est organisée ce samedi 30 avril.
Elle fait partie de l’histoire méconnue de la ville. La Commune de Lyon a marqué les années 1870 et 1871. Si elle n’a rien de comparable avec la Commune de Paris, puisque les communards n’ont jamais vraiment réussi à s’installer au pouvoir, elle est l’histoire de soulèvements – plus ou moins réussis – et d’une répression sanglante.
Une première insurrection débute le 28 septembre 1870, alors que le père de l’anarchisme russe Mikhaïl Bakounine est de passage à Lyon, mais elle échoue. S’en suit le 20 décembre 1870 une révolte ouvrière et révolutionnaire à la Croix-Rousse, qui retrouve vite le calme.
Les principaux évènements de la Commune de Lyon vont se dérouler au printemps 1871. Les communards tentent de prendre l’Hôtel de ville, place des Terreaux, le 22 mars, puis quelques jours plus tard la mairie de la Guillotière, mais ils échouent à deux reprises à conserver le pouvoir.
Une commémoration pour les communards morts à la Guillotière
La bataille de la place Gabriel Péri, du 30 avril fut la plus meurtrière. Une commémoration est organisée ce samedi 30 avril 2022 à 15 heures pour honorer les communards tombés au combat. Les Amis de la Commune de Paris, de l’IHS-CGT Rhône-Alpes et la Fédération du Rhône de la Libre Pensée organisent le rassemblement.
« Notre projet [est] de célébrer les évènements de la Guillotière qui causèrent une trentaine de victimes et mirent fin à la Commune de Lyon. »
Les associations demandent aussi le dépôt d’une plaque et d’un texte explicatif sur la place Gabriel Péri. Une proposition que la mairie de Lyon avait commencé à examiner en 2021, se montrant plutôt favorable.
[Interview] Zoé Salamand, Maïa Boumpoutou et Grégoire Potin travaillent ensemble à « Bizarre ! », un lieu hybride situé à Vénissieux qui déniche, accompagne et produit en concert de nombreux artistes rap et hip hop de la région de Lyon.
À ses débuts, Bizarre ! s’est montée comme une association de promotion des cultures urbaines et du rap pour l’agglomération de Lyon. En 2016, la Ville de Vénissieux a proposé de mettre a disposition un lieu dédié et de transformer l’association en régie autonome personnalisée. Avec le théâtre de Vénissieux, Bizarre ! fait alors partie de La Machinerie : une structure juridique et administrative qui gère les deux équipements et dont la Ville de Vénissieux est le principal subventionneur.
Le lieu, situé à une centaine de mètres au sud de l’arrêt de tramway Joliot-Curie-M. Sembat, dans un décor pour le moins industriel, est reconnaissable de loin, avec sa façade colorée, réalisée par le street artiste OSRU (autrement appelé Solal Immediato).
Le bâtiment regroupe un grand nombre d’espaces sur une zone ramassée : un plateau de création de 160 m² dédié à la danse est aux espaces numériques, un espace multimédia de 35 m² entièrement dédié à la création vidéo et sonore, des locaux de répétitions avec une cabine d’enregistrement, et surtout, une salle de concert de 200 m² qui peut accueillir 390 personnes debout.
C’est dans ce lieu qui croise de nombreux professionnels et savoir-faire que Zoé Salamand, Grégoire Potin et Maïa Boumpoutou ont accueilli Rue89Lyon.
C’est suite à un appel à projet que L’artiste OSRU (Solal Immediato) a été choisi pour peindre les 180 m2, dont 35 m2 de portail de Bizarre ! à VénissieuxPhoto : LS/Rue89Lyon
« Le gros de notre travail n’est pas d’être une salle de concert de rap de la métropole de Lyon, mais plutôt d’accompagner les artistes »
Rue89Lyon : Qu’est-ce qui vous a séduits dans le projet ?
Grégoire Potin : Quand on se penche sur la programmation de Bizarre !, on voit qu’on a seulement une vingtaine de levers de rideaux par an. En réalité, le gros de notre travail n’est pas d’être une salle de concert, mais plutôt d’accompagner les artistes, d’aller stimuler la créativité chez les jeunes. En Suisse, où j’étais auparavant, ça existait assez peu et ça me manquait dans mon travail.
Zoé Salamand : Comme on travaille avec la Ville de Vénissieux, une partie de mon job consiste à soutenir l’action culturelle sur le territoire. Je fais notamment de l’éducation artistique dans les classes ; je vais régulièrement dans les établissements scolaires avec des artistes, en ce moment avec le rappeur L’Officier Zen par exemple, pour des sessions créatives avec les élèves.
Parfois, quand je vois un lycéen qui a beaucoup de potentiel, je lui propose de candidater dans nos programmes. On a vraiment une action en synergie avec le territoire.
« À Bizarre ! des connections entre beatmakers et rappeurs se font au quotidien »
Quels types d’accompagnements proposez-vous ?
Grégoire Potin : Il existe déjà le forfait basique, sans direction artistique de notre part, pour utiliser nos studios. Pour celui-ci, c’est un peu « premier arrivé, premier servi » car on est vraiment pas cher, nos tarifs sont en lien avec le pouvoir d’achat des vénissians. Ensuite, on a deux types de dispositifs, pour les amateurs et pour les professionnels.
Zoé Salamand : Je m’occupe des dispositifs pour les amateurs et il y a d’abord les ateliers, qui sont un peu un moyen de repérage. On accueille entre 10 et 12 personnes pour pratiquer un peu soit le rap soit la soul pendant cinq séances, qui se concluent par une session d’enregistrement. Ça permet de faire ses premiers pas dans la pratique, et ça peut déboucher sur un autre type d’atelier plus intermédiaire : « Le Labo ». Là, c’est neuf séances avec des répétitions générales parce que, l’objectif final, c’est d’aller sur scène pour un concert ouvert au public.
Il y a finalement le dispositif « La Relève », où on choisit cinq projets amateurs avec des esthétiques et provenances diverses qui peuvent s’apporter mutuellement.
De gauche à droite : Maïa Boumpoutou, en charge de la communication de Bizarre !, Zoé Salamand, attachée aux relations publiques et chargée de l’accompagnement des artistes amateurs puis Grégoire Potin, directeur artistique et de la programmation.Photo : LS/Rue89Lyon
Grégoire Potin : Par exemple, la rappeuse KLM a participé au « Labo », puis au « Plan B » [dispositif professionnalisant de Bizarre !].
Zoé Salamand : Il y a aussi Malix, qui a été repéré dans le collège Elsa Triolet [à Vénissieux], qui a participé au « Labo », pour finalement passer de l’autre côté et faire la promo de « La Relève ».
Grégoire Potin : On est une petite équipe et Bizarre ! est un lieu de vie où se croise beaucoup de professionnels, il y a donc forcément une synergie qui se crée. Tout le monde identifie les artistes qu’on suit, professionnels ou amateurs. Il y a des connections entre beatmakers et rappeurs…
« Il n’y a pas d’objectif lucratif pour Bizarre ! : on ne fait pas partie de l’industrie du rap »
Quels sont vos dispositifs à destination des professionnels ?
Grégoire Potin : Il faut se dire que les amateurs qu’on suit vont déjà commencer à avoir des demandes pour qu’on les aide à passer professionnels : comment fait-on pour signer en label, répondre à une interview… Nous, on représente une première réponse.
Ensuite quand on parle en réalité plutôt de dispositifs professionnalisants : il n’y a pas d’objectif lucratif à Bizarre !. Il n’y a pas d’enjeu financier entre nous et les artistes, on ne fait pas partie de l’industrie de la musique. On peut faire s’entraîner gratuitement un artiste dans notre salle, sans contrepartie. Si on décide de le programmer en première partie d’un concert par exemple, il sera payé.
Quand un label entre dans le jeu pour un artiste qu’on suit, c’est la fin de l’action de Bizarre !. Alors, évidemment, on le conseillera toujours si il ou elle en a l’envie, mais on n’est plus directement acteur du décollage de l’artiste.
C’est notre objectif final : les artistes qui sortent de Bizarre ! doivent pouvoir rencontrer des partenaires. C’est valorisant d’avoir des groupes qui se font signer par des labels, qui font la Une de gros médias.
Notre dispositif professionnel s’appelle « Plan B ». Le B est pour Bizarre !. Chaque année, en mai, on reçoit des candidatures pour accompagner des artistes sur douze mois. L’année dernière on en a reçu 90. On garde toujours six projets musicaux et une compagnie de danse. On les aide sur l’aspect pratique en mettant à leur disposition les studios, parfois en proposant des coachs. On organise aussi des sessions pour aborder la gestion administrative, la communication, le statut d’intermittent : c’est une formation très complète.
« À Bizarre ! on propose nos artistes rap de la région de Lyon à des scènes de repérages français »
Concrètement, au bout d’un an avec Bizarre !, avec quoi partent vos artistes ?
Maïa Boumpoutou : Une expérience variée, du réseau, une posture professionnelle… On a un rôle de prescripteurs sur le territoire. On essaie de mettre en avant nos talents avec différents projets. Par exemple, on sort des capsules vidéos inédites à la sauce Colors [une chaîne youtube qui compte presque 6 millions d’abonnés et propose les prestations de talents dénichés dans de nombreux pays, ndlr], avec tous les artistes qui participent au dispositif Plan B.
Grégoire Potin : On propose nos artistes à des scènes de repérages français. Le premier dispositif français, Buzzbooster, a d’ailleurs été initié à Lyon, par la Lyonnaise des Flows [un label lyonnais historique, ndlr]. C’est un concours annuel en deux temps qui réunit dix régions, et une quinzaine de structures.
On va notamment y envoyer Li$on, Svudvde, Sixnueve, Oso… Ils se produiront devant une centaine de professionnels du rap. Tejdeen a participé au Plan B puis a été lauréat régional de BuzzBooster. Aujourd’hui, il a signé chez un tourneur. Son EP est même il y a quelques semaines.
On parle de rap avec Zoé Salamand, Maïa Boumpoutou et Grégoire Potin dans les locaux de Bizarre ! à VénissieuxPhoto : LS/Rue89Lyon
Il y a aussi les Inouis du Printemps de Bourges, c’est le même principe que BuzzBooster, mais toutes esthétiques musicales confondues. Par exemple, Lazuli a été sélectionnée pour s’y produire.
« On essaye de ne pas avoir la vision d’une salle qui n’accueille qu’un public de centre ville »
Quel public accueilliez-vous à vos concerts ?
Grégoire Potin : On essaye de ne pas avoir la vision d’une salle qui n’accueille qu’un public de centre ville. La programmation est très variée : en automne, on organise une battle de rap qui a évolué avec son audience. Là, c’est surtout un public masculin de trentenaires.
D’autres fois on laisse des labels vénissians comme BD Records programmer les artistes et, là, on reçoit au moins 80% de Vénissians, souvent jeunes.
Sur certains concerts on observe qu’on accueille un public lyonnais similaire à celui du Sucre ou du Ninkasi pour voir des artistes comme Moussa ou Joana qui font du hip hop assez hybride.
On n’est pas dupes sur les publics qu’on touche. C’est pour ça qu’on veut qu’il y ait des classes des lycées du territoire qui viennent aux concerts de Bizarre !. Ou encore des groupes des centres de loisirs de la ville. On veut que tout le monde se sente bien en passant la porte.
Zoé Salamand : Surtout que le public hip hop écoute énormément de choses, très variées. On essaye souvent de faire des « co-plateaux » qui ne sont pas évidents en termes d’esthétiques pour mélanger et stimuler les publics. Pour l’instant ça n’a jamais loupé, enfin je n’en ai pas l’impression.
Avez-vous une politique de parité ou de quotas dans vos programmations comme vos dispositifs ?
Grégoire Potin : On ne met pas de tête d’affiche féminine pour mettre une tête d’affiche féminine. Il n’y en a pas besoin. Lala &ce, Chilla, Lazuli : il suffit d’ouvrir les yeux pour voir qu’il y a énormément de rappeuses talentueuses. On est complètement paritaire pour notre finale de BuzzBooster, et ça s’est fait naturellement.
Zoé Salamand : Le travail se fait en amont. Quand j’interviens dans les classes de collège et de lycée, c’est là que j’observe que les filles se sentent exclues, qu’elles se censurent. Là, c’est mon rôle de ne pas les lâcher, de leur prendre la main, parfois même de les pousser à candidater pour l’un ou l’autre de nos dispositifs.
Grégoire Potin : En revanche, je remarque quand même que 80% des artistes dans les catalogues nationaux proposés aux programmateurs sont des hommes, ce n’est pas représentatif de la réalité des territoires. Autre exemple : à Lyon, il y a de plus en plus de femmes qui participent à nos open mic [scène ouverte, ndlr].
« S’il y a une histoire de #metoo ou quelque chose dans ce genre sur un rappeur, ça dégage »
Vous essayez d’encourager une production musicale lyonnaise vertueuse à de multiples égards. Est-ce que cela peut rentrer en conflit avec certains rappeurs ?
Grégoire Potin : Déjà, si il y a une histoire de #metoo ou quelque chose dans ce genre sur un rappeur, ça dégage. J’attends que la justice intervienne avant de ré-envisager la programmation d’un artiste.
Zoé Salamand : Je pense qu’on peut trouver des rappeurs représentatifs de partout, sans qu’ils soient problématiques dans leurs sons. Pour autant, il y a un vrai jeu de personnage avec le hip hop, représentatif à la fois d’une mouvance et d’un quotidien, on ne va pas arrêter de s’y intéresser même si il peut parfois être un peu choquant.
« Si on devait faire un parallèle : les lyonnais dans la scène rap française sont comme les suédois dans la pop internationale ; tu ne le sais pas forcément, mais ils sont partout. »Photo : LS/Rue89Lyon
Grégoire Potin : Ce n’est pas grave qu’un rappeur clive ou soit cru, s’il y a une vraie proposition artistique. On veut être fidèle à nos valeurs, mais sans lisser quoi que ce soit. Je trouve que, pour l’instant, on y arrive bien.
« Les gens de Lyon sont partout dans le rap français »
On entend souvent que le rap lyonnais a du mal a dépasser les frontières de la région, quelle est votre analyse ?
Zoé Salamand : Lyon ça pète aussi, ça dépend d’où on met son curseur. Lapwass a eu une énorme influence nationale avec l’Animalerie par exemple. On n’a pas notre Orelsan ou notre Nekfeu mais quand on regarde les salles parisiennes, il y a tous les soirs des lyonnais qui s’y produisent : Tedax Max, L’Allemand, Sasso sans parler de ceux qu’on a déjà cités…
Maïa Boumpoutou : Si on devait faire un parallèle : les lyonnais dans la scène rap française sont comme les suédois dans la pop internationale ; tu ne le sais pas forcément, mais ils sont partout.
Grégoire Potin : A Lyon, on a plein de singularités en plus, on est une ville pionnière du rap, notamment dans la drill française par exemple. Menace Santana, Ashe 22, la F sont… lyonnais.