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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Expulsion du squat de Feyzin : un satisfecit pour la préfecture, pas pour les associations

Expulsion du squat de Feyzin : un satisfecit pour la préfecture, pas pour les associations

Les forces de l’ordre ont évacué les familles du squat de Feyzin, ce jeudi 16 septembre. Si la préfecture met en avant une opération s’étant déroulée « dans le calme », les associations s’inquiètent du devenir de plusieurs de ses ex-occupants.

L’information avait fuité sur les réseaux sociaux, mercredi dans l’après-midi. Ce jeudi 16 septembre, à 7 heures, les forces de l’ordre sont intervenues pour évacuer les habitants du squat de Feyzin, résidant dans l’ancienne école Georges-Brassens.

Depuis février 2020, cet ancien établissement scolaire était occupé par des personnes sans logement. Propriétaires des lieux depuis 2012, la société Total Raffinage avait demandé leur expulsion. Se sachant sous la menace d’une évacuation depuis juillet, 65 personnes étaient présentes à l’arrivée des forces de l’ordre.

Selon la préfecture, 48 personnes, dont 21 mineures, ont été mises à l’abri dans un centre d’hébergement d’urgence, géré par l’armée du Salut – soit à la caserne Chabal de Saint-Priest, critiquée par les associations pour ses conditions d’accueil « peu dignes ». Trois personnes vont être hébergées dans le cadre du dispositif d’aide au retour volontaire et 14 personnes ont refusé la proposition de mise à l’abri, dans ce cadre du dispositif d’aide au retour volontaire. Selon les associations, ces familles proviennent en majorité d’Europe.

Dans un communiqué, les services de l’Etat se félicitent d’une opération s’étant « déroulée dans le calme (…) à la suite d’un travail partenarial. » Une vision loin d’être partagée par tous les associatifs présents sur place.

Squat de Feyzin : des familles toujours en attente de solution

Présente lors de l’intervention, Berthe, une membre de l’association CLASSES (Collectif lyonnais pour l’accès à la scolarisation et le soutien aux enfants des squats), s’étonne du dispositif policier jugé disproportionné, mis en place pour cette intervention. Selon les photos transmises, on pouvait compter près de 15 de camions de police présents ce jeudi matin. Annoncée au dernier moment, l’opération a dû être gérée avec les familles par les associations. « Alors que ce n’est pas notre rôle », nous dit-elle.

« Ils semblent profiter du plan de résorption des bidonvilles pour contrôler les habitants, et leur situation administrative, constate Berthe. Ce n’est pas le but de la démarche. »

Elle souligne également que deux familles, une roumaine et une bosniaque, étaient toujours sans solution au moment du départ.

Même constat pour la CALLE (Coordination d’Actions pour le Logement à Lyon et environs). Les militants s’alarmaient ce jeudi matin d’une expulsion « sans préavis et avec un dispositif massif ». Selon eux, « très peu de propositions de relogement » avaient été annoncées encore à 10 heures.

Une partie des habitants non présents

En juillet, l’avenir des habitants du squat de Feyzin avait déjà inquiété le « Collectif intersquats exilé.es Lyon et environs » et le « Collectif soutiens/migrants de la Croix-Rousse. » Dans une lettre ouverte, ces derniers avaient noté que plus d’une centaine d’habitants étaient toujours en attente d’une solution d’hébergement. Et cette intervention ne réglera pas le problème, selon eux.

Prenant les exemples de l’Amphi Z et du collège Maurice-Scève, ils analysaient que ces fermetures n’avaient mené qu’à de nouvelles ouvertures de squat.

Au moment de l’intervention ce matin, il ne restait plus que 65 personnes à Feyzin. Une partie des habitants avait disparu avant l’arrivée des services de l’Etat. 

Une occupation dans la foulée à Lyon

[Mise à jour du 17 septembre à 10h]

Dans la foulée de l’expulsion, le gymnase Clémenceau, situé 66 rue béchevelin, dans le 7e arrondissement de Lyon, a été occupé pour donner une place aux personnes toujours sans solution. Les collectifs de soutiens et la CALLE ont débuté des négociations.

Selon un soutien présent, les services de l’Etat ont proposé des hébergements pour trois familles, soit une douzaine de personnes, sur Bron et Francheville. D’après la CALLE, la préfecture s’est engagée à recevoir une vingtaine de personnes isolées et à débloquer des rendez-vous avec l’office français de l’intégration et de l’immigration (OFII). Une réussite quand on connaît les difficultés pour avoir accès à ces fameux rendez-vous.

Un bon point, selon une militante, qui montre que l’action, juste après l’expulsion, a payé. Les occupants ont quitté les lieux à 22 h.

A Lyon et dans la région, les enfants sont-ils plus touchés par le variant « delta » du covid ?

A Lyon et dans la région, les enfants sont-ils plus touchés par le variant « delta » du covid ?

Au début du mois de juillet 2021, un nouveau variant du coronavirus, plus contagieux, a parmi d’autres facteurs provoqué une quatrième vague épidémique. Dans les hôpitaux de Lyon et de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les enfants et les ados sont-ils plus touchés par ce variant du covid ?

La première vague de la Covid-19 a particulièrement touché les personnes âgées et les plus fragiles. A Lyon comme dans le reste de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la deuxième et la troisième vagues ont été particulièrement fortes avec un variant du virus plus contagieux. Depuis début juillet, une nouvelle souche virale est à l’œuvre. Baptisée variant « indien » puis « delta », sa contagiosité accrue a provoqué une quatrième vague épidémique.

Ce nouveau variant serait également plus virulent que les deux autres et toucherait également les enfants, qui avaient été relativement épargnés lors des deux premières vagues. Qu’en est-il sur le terrain ? Dans les hôpitaux de la métropole de Lyon, quel est le profil des patient·es en réanimation ?

Les enfants et les ados plus touchés par le variant « delta » du coronavirus à Lyon et dans la région

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les enfants, les adolescent·es et les jeunes adultes semblent particulièrement contaminé·es par ce nouveau variant de coronavirus, à en croire les données de Santé publique France. Depuis début juillet, le taux d’incidence est en augmentation constante chez les 10-30 ans. Si les chiffres semblent se tasser depuis début août dans ces classes d’âge, ce sont désormais les plus jeunes qui sont touché·es. Chez les moins de dix ans, le taux d’incidence augmente de manière régulière depuis un peu plus d’un mois.

Faut-il y voir un effet de la rentrée scolaire ? Au 7 septembre 2021, les taux de positivité des tests tournent autour de 2%. Sauf pour les moins de 14 ans, où ils dépassent les 12%. Un chiffre à prendre avec des pincettes, souligne Santé publique France, au regard de la campagne de dépistage plus accrue auprès des enfants scolarisés.

Devant l'hôpital de la Croix rousse, à Lyon, qui accueille des patients touchés par le coronavirus.
Devant l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.

13 enfants hospitalisés à Lyon et dans la région pour une forme grave du coronavirus

Si les enfants et les adolescent·es semblent être plus facilement contaminé·es par ce nouveau variant de coronavirus, font-ils des formes plus graves de la maladie ? Contrairement à certains posts inquiétants relayés sur les réseaux sociaux ou aux articles de presse sur des services pédiatriques pleins à craquer à l’étranger, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, cela fait plus d’un an qu’il n’y a pas eu aussi peu de population très jeune hospitalisée.

Le nombre d’hospitalisations enregistrées dans les hôpitaux de la région au 7 septembre rejoignent les chiffres de la première vague, lors de laquelle les plus jeunes ont été largement épargnés. Une situation hospitalière rassurante, qui doit sûrement beaucoup à l’expérience de prise en charge des malades du coronavirus acquises depuis le printemps 2020.

Au plus fort de la première vague, mi-avril 2020, il y avait 8 jeunes de moins de 19 ans hospitalisé·es dont 3 en réanimation. Au 7 septembre, on compte 13 jeunes en hospitalisation conventionnelle dont 5 dans les services de soins critiques (dont la réanimation). Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est la deuxième vague qui a fait le plus de mal : à son pic, début novembre dans la région, il y a eu jusqu’à 39 enfants et adolescent·es hospitalisé·es, dont 8 dans les services de soins critiques. Un triste record qui n’a plus jamais été atteint, même au pic de la troisième vague, mi-avril 2021.

Deux décès ont quand même été enregistrés chez les moins de 14 ans lors de la troisième et de la quatrième vagues : l’un avec des comorbidités signalées, l’autre sans.

Un profil constant des personnes admises en réanimation

Plus généralement, le profil des personnes admises en réanimation à la suite d’une forme grave du coronavirus reste constant. Les plus touchés sont les individus de sexe masculin, avec une proportion un peu plus forte de femmes depuis la troisième vague. Elles représentent désormais un tiers des admissions en réanimation, contre un quart lors des deux premières vagues.

Quant aux comorbidités, les différentes vagues épidémiques viennent confirmer ce qui avait déjà été identifié lors de la première vague : les personnes décédées des suites du coronavirus souffraient pour beaucoup d’obésité et/ou d’hypertension artérielle.

Damien, infirmier non vacciné à Lyon : « Il aurait été plus honnête de nous licencier »

Damien, infirmier non vacciné à Lyon : « Il aurait été plus honnête de nous licencier »

A partir du 15 septembre, les soignants de Lyon n’ayant pas entrepris les démarches vers la vaccination vont être suspendus de leurs postes. Parmi eux, Rue89Lyon a rencontré Damien, 37 ans, infirmier aux urgences. Il a été suspendu, et n’est donc pas à son poste ce mercredi, à l’hôpital Edouard-Herriot où il travaille depuis 2013. 

Rue89Lyon : Quelle est votre situation aujourd’hui ?

Damien, infirmier aux urgences de l’hôpital Edouard-Herriot : Je me suis mis en grève en juillet. Mouvement que j’ai repris fin août. J’ai reçu le 14 septembre, à 14 heures, une convocation pour un rendez-vous ce mercredi 15 septembre, à 11 heures, avec la direction. Vu le délai, j’ai demandé un report pour préparer l’entretien. Nous avons notamment le droit de venir avec un délégué syndical. Il faut que j’organise cela. Je sais que je ne peux plus me rendre sur mon lieu de travail. Mon salaire a été suspendu (même si je ne le touchais déjà plus en tant que gréviste).

C’est une première dans la fonction publique. En théorie, cela arrive seulement lors de fautes très graves. De ce fait, je trouve que la mesure est, quand même, exagérée. Ce qui nous dérange (lire par ailleurs, ndlr), ce n’est pas tant le vaccin que le chantage à la vaccination qui a été fait. Pour moi, la mise en place du pass sanitaire amène une discrimination supplémentaire.

Cette situation va mettre en danger l’hôpital. Même si nous ne sommes pas (du moins « plus ») nombreux à ne pas être vaccinés, l’impact peut être énorme sur des services déjà en souffrance. 

Il paraît peu probable que le gouvernement revienne sur sa mesure. Vous êtes coincé. Que comptez-vous faire ?

On verra. Quand ils se rendront compte du manque de personnel, ils devront peut-être se réadapter. En attendant, j’ai un petit pécule. Je vais attendre deux, voire trois mois, histoire de voir comment la situation évolue. Je vais demander une disponibilité à la direction lors de notre entretien. Mais, je ne suis pas certain que ce soit acceptée. Dans l’idée, ils vont nous obliger à démissionner. 

« Je suis infirmier car cela correspondait à mes valeurs »

Il aurait été plus honnête de nous licencier. Beaucoup se vaccinent aujourd’hui par dépit, plus que par conviction. Ils ont conscience qu’ils n’auront aucun droit s’ils démissionnent. Du reste, s’il y a besoin, je changerai de travail.

Depuis le 15 septembre, le personnel hospitalier de Lyon et d'ailleurs n’ayant pas commencé les démarches vers la vaccination va être suspendu de son poste.
Des soignants manifestent devant l’ARS le 15 septembre.Photo : PL/Rue89Lyon

Vous quitteriez l’hôpital public ?

Si la situation se tasse, je ne pense pas que je retournerai dans l’hôpital public. Nous ne faisons pas un travail « de bouche ». Je suis infirmier à l’hôpital depuis 10 ans, parce que cela correspondait à mes valeurs. Pour moi, c’est un lieu de santé ouvert à tous, sans discrimination. Ce n’est plus le cas avec le pass sanitaire. 

« Aujourd’hui, ils privilégient l’embauche de vigiles plutôt que l’ouverture de lits »

Je suis infirmier depuis 2009. Je reste positif : peut-être que cet arrêt sera une ouverture vers autre chose ? Mais, pour l’instant, ça donne un coup sur la tête. Si je dois remettre ma blouse, je travaillerais sûrement dans le libéral, à la campagne. Si cela est possible. Actuellement, il est impossible d’exercer sans pass sanitaire. On est bloqué de partout.

Plusieurs de vos collègues finissent par se tourner vers la vaccination. Ce ne sera pas votre cas ?

Non. Je ne suis pas une personne à risque. Je ne suis pas pour autant contre le vaccin. Il était important de vacciner, pour les protéger, les personnes souffrant de maladies graves, les personnes âgées, les personnes fragiles, etc. J’ai travaillé à l’hôpital durant la crise. C’est dans ces catégories-là qu’il y a eu le plus de décès. 

Je ne me considère pas comme anti-vax. Je suis vacciné contre l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite [des vaccins obligatoires pour travailler à l’hôpital, ndlr]. Mes enfants sont aussi vaccinés contre l’hépatite B. Mais, j’ai vu pendant un an et demi les contradictions de nos gouvernants dans la gestion de la crise. J’ai perdu confiance dans un gouvernement qui n’a rien fait pour renforcer la structure de l’hôpital. Aujourd’hui, ils privilégient l’embauche de vigiles plutôt que l’ouverture de lits.

Depuis le 15 septembre, le personnel hospitalier de Lyon et d'ailleurs n’ayant pas commencé les démarches vers la vaccination va être suspendu de son poste.
Damien, 37 ans, est suspendu depuis le 15 septembre.Photo : PL/Rue89Lyon

Journées du matrimoine et du patrimoine 2021 à Lyon, petite sélection

Journées du matrimoine et du patrimoine 2021 à Lyon, petite sélection

Ce week-end, les 18 et 19 septembre, c’est la nouvelle édition des Journées Européennes du Patrimoine, au coude-à-coude avec la 5e édition des journées du Matrimoine en Rhône Alpes qui mettent plus particulièrement à l’honneur les productions émanant de femmes.

L’occasion de contempler une histoire artistique, culturelle et sociale au travers de spectacles ou encore d’ateliers. Petite sélection non exhaustive.

Balade urbaine – Où sont les femmes?

L’association Filactions organise des balades urbaines dans l’idée de réintégrer les femmes, souvent oubliées, dans le patrimoine local lyonnais. Formant donc ce que l’on peut appeler le matrimoine. Cette balade permettra de découvrir des artistes, poètes, réalisatrices voire des résistantes, dont on croise l’héritage et les empreintes laissées sur Lyon tous les jours sans pour autant les identifier.

Les 18 et 19 septembre. Prix libre, lieux de rendez-vous, réservation obligatoire et plus d’infos ici.

Vous avez dit « #CREATRICES » ?

Le CNSMD (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon) ouvre ses portes dans le 1er et le 9e arrondissements de Lyon, afin de découvrir ses lieux et son histoire tout en mettant en avant des femmes artistes, travaillant aujourd’hui ou par le passé, à travers visites guidées, chorégraphies et univers musical déployé.

Les samedi 18 et dimanche 19 septembre. Informations et réservations sur le site du CNSMD.

Vernissage de l’exposition « Ça fait des siècles que les femmes demandent l’égalité »

L’exposition « ça fait des siècles que les femmes demandent l’égalité », dont le titre est particulièrement explicite, sera inaugurée ce vendredi 17 septembre. Relatant la parole de 12 femmes, sous la forme de citations et d’affiches.

Ce vernissage est l’occasion de découvrir l’exposition avec Anne-Monteil Bauer, intervenante de l’association « Si/Si, les femmes existent », organisatrice de l’évènement.

Vernissage ce vendredi 17 Septembre à 18h30 la MJC de Monplaisir, plus d’infos sur www.mjcmonplaisir.net

Une exposition « Et si l’art m’était conté… »

L’association « Les Amis de la Place Antonin Poncet » retrace l’évolution du corps humain, de l’Antiquité à nos jours, au fil de son exposition « Et si l’art m’était conté… ».

Vous trouverez 14 panneaux, en visite libre, reproduisant des œuvres d’art du Musée des Beaux-Arts de Lyon et de lieux lyonnais, hors des murs et à la rencontre des personnes en balade dans la ville.

Accès gratuit sur la place Anthonin Poncet (Lyon 2e).

Un atelier de tissage, avec les enfants

Sortie familiale prévue pour décvouvrir les coulisses de la maison des Canuts, le musée privé de la Soie de Lyon. Ses ateliers sont ouverts pour une démonstration de tissage sur un authentique métier à bras Jacquard, du XIXe siècle, suivi d’un atelier avec des petits métiers à tisser sur lesquels les enfants devraient pouvoir réaliser leurs propres tissus de soies.

Samedi 17 et dimanche 18 de 10h à 11h, tarif unique de 7€ et réservation obligatoire sur www.maisondescanuts.fr ou au 0478286204

Une résidence artistique accessible de Gamut au Fort de Saint-Just

Lieu de résidence artistique, le Fort de Saint Just, construit au XIXe siècle sur les hauteurs de la colline de Fourvière, accueille l’association Gamut et l’association Ateliers de la Mouche, qui proposent une visite guidée des artistes et collectifs qui cohabitent dans ce monument historique.

Le samedi 18 septembre de 11h à 16h30, plus d’infos sur le site de l’association.

#Journées du Matrimoine

A46 Sud à Lyon : un projet « à contresens de l’objectif climat »

A46 Sud à Lyon : un projet « à contresens de l’objectif climat »

Le 28 septembre, la concertation sur le projet de passage en 2 x 3 voies de l’A46 Sud prendra fin à Lyon. Dans ce cadre, nous donnons la parole à Clément Machon et Benoît Kieffer, deux « shifters », soit des bénévoles qui diffusent les idées de « The Shift project », un think-tank militant pour une économie libérée de « la contrainte carbone ». Pour ces derniers, l’étude d’impact du projet comporte des erreurs.

Dans le cadre du projet d’élargissement de l’A46 Sud en 2×3 voies, à Lyon, une concertation publique a lieu afin de recueillir les avis et critiques de chacun. Comme dans tout projet d’envergure, une étude d’impact carbone fait partie des informations apportées pour alimenter le débat. Elle conclut à une réduction de 65.000 tonnes par an des rejets de CO2 grâce à cet élargissement. Cette étude d’impact est pourtant truffée d’hypothèses discutables.

Tout d’abord, la quantité de CO2 que le projet est censé faire économiser est très surprenante. Pour atteindre une réduction de 65 000 T de CO2 par an, le porteur de projet mise sur une fluidification de la circulation qui permettrait aux véhicules de rouler à une vitesse plus adaptée (moins émissive). Vinci considère ainsi que, élargissement ou pas, le même nombre de véhicules circuleront dans le corridor.

Comment peut-on tenir un tel raisonnement malgré 50 ans de travaux scientifiques sur l’induction de trafic ? En effet, les différents retours d’expérience prouvent qu’élargir une route, ou la dédoubler, ne suffit pas à faire disparaître les bouchons.

Un projet autoroutier porté par ASF prévoit de passer l'A46 Sud sur 2 x 3 voies. Crédit : ASF
Un projet autoroutier porté par ASF prévoit de passer l’A46 Sud sur 2 x 3 voies. Crédit : ASF

A46 Sud : « Plus il y a de voies, plus il y a de voiture »

Au contraire, cela conduit systématiquement à l’augmentation du trafic sur le tronçon. Cela vient du report de circulation environnante vers les nouvelles voies et de l’encouragement à rouler plus, jusqu’à revenir aux encombrements initiaux. 

Tout personne ayant vécu à Lyon ces dernières années aura pu constater de visu que plus il y a de pistes cyclables qui facilitent la circulation à vélo, plus il y a d’usagers du vélo. C’est exactement le même mécanisme qui est à l’œuvre lorsqu’on élargit des autoroutes embouteillées : plus il y a de voies, plus il y a de voitures.

Par exemple, en 2016, l’A9 était doublée par l’A709 à Montpellier, passant de 2×3 voies à 2×6 voies, avec la promesse de supprimer les bouchons. Pas plus tard que la semaine dernière, Midi Libre publiait un appel à témoignage “vous subissez les bouchons quotidiens sur l’A709? Venez témoigner”. La situation sur le terrain est ainsi très éloignée des promesses, surtout quand ces dernières ont négligé l’induction de trafic. 

L’élargissement de l’A46 va donc entraîner une hausse du trafic, sans réduire son niveau de congestion, ce qui conduira à une augmentation des émissions de CO2.

« La légèreté avec laquelle le sujet CO2 est traité par Vinci contraste avec la situation qui est la nôtre aujourd’hui »

De plus, il convient de chiffrer l’impact sur le trafic à une échelle plus globale, c’est-à-dire sur l’ensemble du réseau routier environnant, et non pas uniquement sur le tronçon concerné par l’élargissement. En effet, le projet A46 manque de vision systémique. Qui, dans les utilisateurs de l’A46, ne l’emprunte que pour aller de son entrée à sa sortie ?

Tout changement sur cette portion d’un trajet effectué a inévitablement une conséquence sur le reste du trajet puis sur les autres trajets. Il n’est plus possible de continuer naïvement à élargir les autoroutes en ignorant les conséquences de nos investissements sur le fonctionnement global des transports et de la société.

La légèreté avec laquelle le sujet CO2 est traité par Vinci contraste avec la situation qui est la nôtre aujourd’hui. Les émissions de CO2 doivent être réduites dès maintenant, comme les Etats, dont la France, s’y sont engagés lors de la COP21. Pour rappel, les Etats se sont engagés à garder le réchauffement climatique sous les 1,5°C, du fait des conséquences catastrophiques qu’auront chaque demi-degré supplémentaire de réchauffement. 

L’atteinte de cet objectif nécessite des changements systémiques profonds. La société appelle à une relocalisation de ses industries et de ses ressources pour transporter moins loin nos biens, notre nourriture et nos services. Ainsi il est plus que dommage de mettre 250 millions d’euros dans un projet qui n’aide en rien à changer le paradigme actuel.

Miser sur l’électrique n’est pas suffisant, pour The Shift project

Mais surtout, le monde des transports échoue année après année à réduire ses émissions. L’électrification est trop lente (voire au point mort pour les camions), les maigres gains d’efficacité sur les moteurs thermiques sont réinvestis dans des consommations supplémentaires (climatiseurs, voitures plus puissantes, plus lourdes, plus confortables pour parcourir plus de kilomètres, etc.). Dans ce contexte, un projet qui aura comme conséquence à court terme d’augmenter le trafic est à contresens de l’objectif climat.

L’objectif numéro 1 en matière de transports doit être la réduction du trafic routier, pas son hypothétique fluidification.

S’il convient de se réjouir de l’opportunité d’une concertation publique, le processus démocratique ne peut pas fonctionner sans certains prérequis fondamentaux. L’accès à une information robuste et complète, permettant le jugement puis la décision, est naturellement une des exigences les plus fortes.

Il est donc particulièrement problématique que Vinci promette le beurre et l’argent du beurre : une forte amélioration des temps de parcours, mais pas plus de camions, ni plus de voitures, ni plus de CO2. Cela n’est pas possible. 

Notre association demande donc de reprendre l’étude d’impact pour qu’elle intègre les éléments présentés ci-après, de manière à pouvoir ensuite tenir un débat honnête sur la pertinence du projet dans le contexte de lutte contre le dérèglement climatique.

#bouchons lyonnais

Tirs de LBD à Lyon : la responsabilité de l’Etat engagée ?

Tirs de LBD à Lyon : la responsabilité de l’Etat engagée ?

Lors de la Coupe du monde de football de 2018, des policiers de la BAC de Lyon ont tiré au LBD à plusieurs reprises dans un appartement de la place Bellecour où Kévin* et ses amis regardaient le match. Trois ans plus tard, la plainte des parents du jeune homme a été classée sans suite. Leur avocat a décidé d’engager la responsabilité de l’État.

Le 15 juillet 2018, Lyon est en ébullition alors que la France et la Croatie disputent la finale de la Coupe du monde de football. Place Bellecour (2e), le jeune Kévin* (le prénom a été modifié), âgé d’une vingtaine d’années, et ses copains ont investi l’appartement familial pour suivre le match.

En début de soirée, ils aperçoivent les forces de l’ordre qui font un usage abondant de gaz lacrymogène sur la place Bellecour, sans faire la distinction entre d’éventuels fauteurs de trouble et les familles avec enfants. Kévin et ses amis interpellent des policiers de la BAC de Lyon, postés au pied de l’immeuble. Les jeunes et les policiers échangent quelques insultes.

Soudain, un policier de la BAC épaule son LBD et tire à deux reprises en direction de la fenêtre de l’appartement. Les balles manquent les jeunes hommes, mais l’une d’elles vient se loger dans le plafond du séjour.

trou LBD place Bellecour Lyon
Trou de la balle de LBD dans l’appartement des parents de Kévin*. Article de Rue89Lyon. DR

Les parents de Kévin, prévenus par leur fils, appellent à plusieurs reprises le commissariat du 2e arrondissement de Lyon et l’hôtel de police pour avoir des explications. Comme ils n’en obtiennent pas, ils décident de porter plainte le 28 janvier 2019 et font également un signalement à l’IGPN (inspection générale de la police nationale, ou « police des polices »).

Le 6 février, la direction départementale de la sécurité publique répond par courrier que les policiers ont bien réagi en tirant :

« Je […] réaffirme que lors de cette soirée, dans un contexte de guérilla urbaine, les policiers engagés dans une mission délicate de maintien de l’ordre public, ont agi avec tout le professionnalisme qui sied à ce genre de situation. »

Ainsi, aucune suite n’est donnée au signalement. Quant à la plainte, les parents de Kévin n’ont pas de nouvelles non plus malgré leurs relances. D’après Le Progrès, l’insistance du père lui a même valu 28 heures de garde-à-vue.

Au-delà de la frayeur causée à leur fils et à ses amis, les parents de Kévin doivent débourser plus de 1000 euros pour réparer le trou causé par la balle de LBD dans le plafond de l’appartement dont ils sont locataires.

« Une disproportion énormissime » de la réaction des policiers de la BAC

Policiers avec LBD à Lyon
Policiers avec des LBD lors de l’Acte XI des « gilets jaunes » à LyonPhoto : MG/Rue89Lyon

En décembre 2020, ils décident de recourir aux services d’un avocat, en l’occurrence Yannis Lantheaume. Quand l’avocat entame les démarches, il apprend que la plainte déposée par les parents de Kévin a été classée sans suite.

D’après ce même courrier de la DDSP en date du 6 février 2019, les policiers ont dû tirer au LBD « pour se protéger et faire cesser les jets de projectile en provenance de [leur] appartement ».

Le policier à l’origine du tir de LBD a bien été identifié, mais n’a pas été inquiété. Avec ses collègues de la BAC, ils ont porté plainte pour outrage et pour des jets d’eau, de glaçons et de bouteilles. Kévin et ses amis ont bien été condamnés quelques jours plus tard, mais uniquement pour outrage.

Un tir de LBD en réaction à des insultes ? Pour l’avocat Yannis Lantheaume, il y a « une disproportion énormissime ». L’avocat a donc décidé de saisir le tribunal administratif pour engager la responsabilité de l’État :

« L’enjeu, c’est de mettre sur le devant de la scène judiciaire le fait de doter d’armes aussi dangereuses des agents de police un peu cow-boys. »

Yannis Lantheaume n’en est pas à son coup d’essai concernant les tirs de LBD. En novembre 2020, il avait déjà fait condamner l’État pour un tir de LBD dans la jambe d’une manifestante (lire ici).

#LBD

Ferme urbaine à Lyon-Duchère : « Les habitants pensaient que le potager ne leur était pas destiné »

Ferme urbaine à Lyon-Duchère : « Les habitants pensaient que le potager ne leur était pas destiné »

[Reportage] A la Duchère, dans le secteur de la Sauvegarde (Lyon 9e), une ferme urbaine a pris racine depuis début mai sur des terrains en friche, au milieu des immeubles. Si le potager nourrit certains habitants du quartier, c’est avant tout un lieu d’expérimentation pour former de futurs maraîchers.

Ce premier vendredi de septembre, il y a foule à la sortie de la prière de la mi-journée. Sur le chemin du retour de la mosquée, les fidèles de la Duchère s’arrêtent au compte-gouttes pour acheter quelques légumes disposés sur des blocs de béton. Ce jour-là, ils trouvent potimarrons, tomates et carottes tout juste cueillis.

Le prix est imbattable et la provenance aussi. Un circuit ultra-court puisque le potager est situé quelques mètres derrière ce lieu de vente bricolé. Pour les pastèques, Anna – une des quatre salariés en insertion du potager – encourage les clients à franchir la clôture pour aller les cueillir directement.

Omar s’exécute :

« Je les ai touchées mais elles ne sont pas encore mûres. Pour l’être, elles doivent sonner creux et avoir le cul jaune. Je le sais, en Algérie, je viens de la région des pastèques, Boumerdès ».

ferme urbaine Lyon Duchère maraîchage urbain
Omar, un habitant de la Sauvegarde, sur le lieu de vente improvisé devant le potager de la Duchère.Photo : LB/Rue89Lyon

Omar repart finalement avec une botte de carottes à un euro « pour la purée de [sa] petite fille ».

Cet habitant de 60 ans, dont « 20 ans à la Sauvegarde », est aussi vice-président du conseil de quartier :

« C’est un projet que nous soutenons car il est fait pour les habitants. Au lieu que le terrain soit vide, il y a un jardin potager. Il faudrait que ça s’agrandisse et que ça se fasse connaître. Ça manque de publicité ».

À Lyon 9e, l’expérience de ferme urbaine ne durera que deux ans à la Duchère 

Depuis mai dernier, un potager de 900 m2 a remplacé l’ancien centre commercial de la Sauvegarde, édifice typique de l’urbanisme de grands ensembles des années 60 et 70.

Avec la nouvelle phase du renouvellement urbain de la Duchère, le secteur de la Sauvegarde, a fait l’objet de quelques démolitions de barres avant les futures reconstructions.

Dans l’entre-deux, outre potimarrons, tomates et carottes, des courgettes, des poireaux, des haricots, des aubergines, ou encore du maïs poussent. Le terrain est prêté gratuitement par l’aménageur de la Métropole de Lyon – la Serl – à l’association Aiden (lire encadré) qui œuvre pour l’insertion professionnelle notamment via le maraîchage.

potager Duchère Sauvegarde agriculture urbaine
Les pieds de tomates dans le potager de la Duchère.Photo : LB/Rue89Lyon

Tout est cultivé en bio mais sans le label. Car cette expérience de ferme urbaine ne durera que deux ans avant l’édification d’une « Halle agriculturelle » (lire encadré). Trop court pour demander la certification.
Depuis que les légumes sont apparus dans ce sous-quartier de la Duchère, Anna et les autres salariés n’ont récolté que des « retours archi-positifs » de la part des habitants.

« Au début, ils pensaient que le potager ne leur était pas destiné, témoigne Anna. Un jour, j’ai pris les devants et j’ai dit aux gens qui passaient que c’était une production pour les habitants, avec un circuit le plus court possible ».

Des craintes que des habitants du secteur de la Sauvegarde avaient exprimées dans les colonnes de Rue89Lyon : un projet urbain « fait pour les nouveaux habitants et non pour les anciens ».

« Avec ce potager, on veut proposer l’étape d’après, une professionnalisation »

Cette ferme urbaine à la Duchère est une des expériences d’agriculture urbaine qui émergent dans la métropole de Lyon.

La particularité de cette expérience perchée sur la troisième colline de Lyon porte sur le processus de professionnalisation des personnes impliquées.

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Le formateur d’Aiden Samuel, à l’origine de ce projet de ferme urbaine à Lyon. En train d’expliquer à un salarié en insertion la culture des pommes de terre sous carton.Photo : LB/Rue89Lyon

Le formateur, Samuel, 39 ans, est responsable d’activité au sein de l’association Aiden. Il a participé au lancement de la ferme de l’Abbé Rozier en 2015, non loin de là. Entre deux rangs de légumes, il raconte la genèse du projet :

« A l’association, on a vu passer plusieurs personnes en insertion qui avaient un projet agricole mais ne voulaient pas quitter la ville. Parallèlement, on a constaté le développement de l’agriculture urbaine et des enjeux de compostage ».

Il précise l’idée du projet :

« Après l’insertion par le travail, on veut proposer l’étape d’après, une professionnalisation. Ici, contrairement aux chantiers d’insertion que l’on mène à la ferme de l’Abbé Rozier, ce sont tous des personnes qui veulent créer leur activité en lien avec l’agriculture, dans une dimension plutôt urbaine ».

Cette professionnalisation passe tout d’abord par la formation des personnes. Hormis Anna, aucun des salariés en insertion avait une expérience dans le maraîchage. Cette femme de 37 ans recherche déjà un terrain autour de Lyon ou ailleurs pour s’installer.

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Anna au milieu des carottes du potager de la Duchère.Photo : LB/Rue89Lyon

Les autres – Thomas, Cédric et Tchik – ont le parcours plus classique des salariés en insertion. Avant leur arrivée sur le potager, ils étaient loin du maraîchage.

Avec un CDD d’insertion renouvelable par tranche de quatre mois, chacun peut rester jusqu’à deux ans dans la structure et donc suivre le projet jusqu’à son terme. Fin août, au terme de leur première période de quatre mois, tous ont renouvelé leur contrat.

Thomas, 31 ans, ancien étudiant passé par Sciences Po Lyon et les petits boulots, est en passe de toucher au but en trouvant une cohérence entre ses convictions « qui passent par la décroissance » et une activité professionnelle :

« Je cherche du concret. Là, je peux apprendre le métier de maraîcher. »

Cédric, 42 ans, vient plutôt des espaces verts. Il a été progressivement convaincu par l’idée d’une ferme urbaine dans ce quartier du 9e arrondissement de Lyon. Il l’explique un arrosoir à la main :

« Au début, je me disais que ça allait être vandalisé ou pillé. Mais hormis une ou deux salades qui ont disparu, il n’y a rien eu. Plus ça avance et plus ça me plaît. Les gens nous encouragent, ça nous motive encore plus notamment pour les tâches pénibles comme le désherbage ».

Désormais Cédric se prend à rêver d’un bout de terrain pour faire pousser des salades à Charbonnières-les-Bains.

Cédric en train d’arroser les salades du potager de la Duchère.Photo : LB/Rue89Lyon

Le plus dubitatif de tous était Tchik. Quatre mois après le premier coup de pelle, il est « à fond ». A 34 ans, il envisage de monter un projet en lien avec son pays d’origine, la République Démocratique du Congo (RDC) :

« Dans ma région, les gens manquent de nourriture. A l’avenir, je pourrai utiliser les techniques apprises ici pour mieux planter des légumes en Afrique. »

« Quelque soit le modèle économique, c’est la question du foncier qui va limiter le développement du maraîchage urbain »

Tchik fait part de ses projets, en train d’arroser les plantes à l’entrée d’une des nouvelles copropriétés de la sauvegarde. En ce moment, il travaille la moitié de son temps à l’entretien des espaces verts chez des particuliers ou dans des copropriétés et l’autre moitié dans le potager.

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Tchik devant une copropriété de la Sauvegarde pour laquelle Aiden s’occupe des espaces verts.Photo : LB/Rue89Lyon

Selon le « professeur » Samuel, comme le surnomme Tchik, il serait illusoire de vouloir vivre à 100% de la vente des produits issus d’un maraîchage urbain :

« Aujourd’hui, on s’accorde pour dire qu’il faut au moins 4 000 m2, soit un stade de foot, pour qu’un paysan puisse vivre du maraîchage. Ici nous en avons 900 m2. Ça ne suffit donc pas. Il faut compléter le chiffre d’affaires issus de la seule vente des légumes ».

Qui plus est, avec des prix inférieurs aux prix du bio de grande surface, la vente de la production ne suffit pas pour équilibrer les comptes de l’entreprise d’insertion.

Pour « sécuriser » ce modèle économique de la ferme urbaine à Lyon, Samuel mise sur trois piliers :

    La vente de la production : sur place ou par un système de paniers comme les Amap, notamment en direction des personnes âgées.L’animation : en accueillant sur la parcelle des groupes d’habitants ou des écoles. Le potager devient alors un support pédagogique.L’entretien des espaces verts et autres services proposés aux particuliers et aux copropriétés (compostage, animation d’un potager).

Dans l’idée de Samuel, chacun des piliers doit contribuer pour un tiers au chiffre d’affaires global.

Actuellement, l’activité se déroule au sein de l’association Aiden. Prochainement, une entreprise d’insertion dédiée au potager va être créée pour laquelle les subventions ne vont représenter « que » 30% des revenus.

« Quelque soit le modèle économique, c’est la question du foncier qui va limiter le développement du maraîchage urbain ».

Samuel ne fait guère d’illusion :

« Le foncier, on ne l’aura pas dans le parc privé. Ce sont les bailleurs sociaux ou les collectivités, qui sont en attente de ce type de projet, qui peuvent nous mettre à disposition des terrains. Comme Grand Lyon Habitat dans le 8e arrondissement ».

Samuel lorgne également du côté des domaines religieux sur la colline de Fourvière.
Le message est transmis.

#ferme urbaine

Métropole de Lyon : la gouvernance des écologistes jugée « anti-démocratique »

Métropole de Lyon : la gouvernance des écologistes jugée « anti-démocratique »

Dans une tribune publiée ce dimanche, les élus d’opposition de droite, au sein de la Métropole de Lyon, tire à boulets rouges sur la gouvernance des écologistes. En cause : la méthode et la légitimité-même de cette collectivité, au format unique en France. 

Faut-il mettre fin à la Métropole de Lyon telle qu’elle se présente administrativement ? Dans un communiqué, des élus (dont 44 maires et 22 conseillers métropolitains) attaquent le fonctionnement de l’institution lyonnaise, dimanche 12 septembre. Signée par « les Maires de la Métropole de Lyon », la tribune rassemble principalement l’aile droite de l’assemblée et s’attaque au fonctionnement de la collectivité, sous la gouvernance des écologistes depuis 2021. Le maire de Charly Olivier Araujo (DVD), habitué des attaques vis-à-vis de la Métropole, Gilles Gascon (LR), maire de Saint-Priest, Alexandre Vincendet (LR), maire de Rillieux, font partis des signataires.

Ils attaquent une « entité désincarnée sans lien avec les territoires qui la composent. » Et pointent les faiblesses d’une institution unique en France responsable, selon eux, de « générer de dangereux déséquilibres sur le plan démocratique, territorial, social et environnemental. »

« [Le modèle lyonnais] constitue une soumission à un phénomène de métropolisation dont les vertus sont depuis longtemps décriées et dénoncées par de nombreux auteurs et universitaires », marquent-ils.

Gouvernance de la Métropole de Lyon : le retour des « petits maires »

Critique n°1 : le manque de représentativité des maires au sein de la nouvelle Métropole. Depuis 2020, seuls 22 maires, sur les 59 du territoire, siègent au conseil métropolitain. Une vieille antienne qui avait déjà provoqué des remous du temps de l’ancienne mandature, dirigé par Gérard Collomb.

Ce sujet avait d’ailleurs coûté la place de président de la Métropole à l’ancien ministre. Les élus « Synergie », guidés par Marc Grivel (signataire de la tribune), avaient peu goûtés de perdre du pouvoir à ce sujet. Les « petits maires » de l’ouest lyonnais continuent ainsi un combat initié sous le précédent combat.

D’ailleurs, les « collombistes » ne se sont pas joints à la rédaction de cette tribune. Et pour cause, difficile de remettre en cause le projet-phare de leur ancien patron Gérard Collomb. Vendredi 10 septembre, Louis Pelaez, proche de l’ancien ministre, s’est lui fendu d’un communiqué contre la gouvernance du président de la Métropole, Bruno Bernard (EELV).

« Ce n’est pas notre modèle institutionnel qui est responsable du mépris envers les maires et de la perte des moyens financiers communaux mais la gouvernance d’EELV et ses alliés ! »

Il reproche notamment à l’exécutif métropolitain de favoriser Lyon et Villeurbanne « en ne laissant que des miettes aux 57 autres communes »

L'opposition de droite de la Métropole de Lyon attaque aux boulets rouge la majorité écologiste.
Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, lors d’une point presse sur la politique agricole en août 2021. Photo BE/Rue89Lyon

A Lyon, une opposition rassemblée contre la gouvernance des écologistes

Sur ce point, la droite « classique » et les proches de Gérard Collomb se retrouvent, comme lors des élections municipales, sur les critiques anti-verts.

« La gestion de la Métropole est le fait d’un exécutif sûr de lui-même, qui agit pour des intérêts partisans et une vision dogmatique sans chercher à comprendre les besoins réels des habitants et les attentes des populations de nos communes », attaque les élus de droite.

Dans le même panier, ils critiquent les principales mesures des écologistes comme la Zone à faible émission, la mise en place de la régie publique de l’eau… Mais c’est bien le côté anti-démocratique d’une structure « loin des communes » qui est au cœur du problème soulevé. Pour eux, ils faut revenir sur la loi MAPTAM à l’origine de l’institution.

Du côté des pro-Collomb, on souligne que Gérard Collomb n’avait « jamais fait l’objet de tels tirs croisés unanimes contre sa gouvernance ». Une affirmation à nuancer. L’ancien ministre a été (très) fréquemment attaqué pour sa vision individuelle du pouvoir

Une chose est certaine : plus de six ans après les débuts de la Métropole de Lyon, cette spécificité institutionnelle française fait encore couler de l’encre. Elle continue à diviser l’hémicycle et d’anciens amis politiques.

#institutions

Comment Jacques Gerstenkorn a régné sur la fac de cinéma de Lyon 2 pendant 30 ans

Comment Jacques Gerstenkorn a régné sur la fac de cinéma de Lyon 2 pendant 30 ans

Suite aux révélations de Rue89Lyon sur les accusations de harcèlement et d’agression sexuels visant Jacques Gerstenkorn, professeur de cinéma à l’Université Lyon 2, les réactions pleuvent. Malgré les coups de pression actuellement subis par les ex-étudiantes qui ont décidé de témoigner auprès de nous, elles maintiennent la totalité de leurs propos.

Rue89Lyon continue de mener l’enquête sur ce département cinéma. Des ex-étudiants racontent l’ambiance de l’époque et l’entre-soi universitaire qui a favorisé ces situations d’emprise.

D’après le Larousse, le terme « omerta » était à l’origine utilisé dans le milieu mafieux sicilien pour désigner la loi du silence et plus généralement le « refus de répondre à toute personne étrangère à une mafia, par crainte de représailles ». Dans le langage courant, le mot a gardé cette idée d’un mutisme imposé et entretenu par la peur. Si on est loin des réseaux mafieux, il semble qu’une omerta soit en vigueur dans ce département de fac, mêlant les caractéristiques si spécifiques de l’enseignement supérieur à celles toutes aussi microcosmiques du cinéma. Et où, dans les deux cas, les places sont chères.

A la Cinéfabrique, école de cinéma ouverte à Lyon en 2015, où Jacques Gerstenkorn intervenait également, l’ambiance est électrique. Le nom de l’enseignant a, là aussi, disparu de la liste des intervenant·es. Dès la rentrée, des étudiant·es de l’école se sont empressé·es d’imprimer l’enquête de Rue89Lyon et de la placarder dans le hall.

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#Jacques Gerstenkorn

Vignerons dans le Beaujolais : « Être le moins interventionniste possible »

Vignerons dans le Beaujolais : « Être le moins interventionniste possible »

[Portraits] Ils observent, goûtent, testent et prennent des risques parfois, avec une seule idée en tête, laisser la nature s’exprimer dans le vin nature. Voyage dans le Beaujolais, à la rencontre de vignerons et vigneronnes « nature ».

« On n’a jamais vu quelqu’un caresser un tracteur ! »

Nathalie Banes, vigneronne d'Oingt avec son cheval. ©Matthieu Perret
Nathalie Banes, vigneronne d’Oingt avec son cheval et son chien.Photo : Matthieu Perret

« Un vin nu, honnête et libre ! » C’est ce que l’on peut lire sur une grande enseigne avant d’entrer dans la ferme de Nathalie Banes à Oingt, qui ne se dit pas vigneronne, mais transporteuse d’émotions dans un vignoble pas comme les autres.

Alors qu’elle travaillait dans le milieu de la bijouterie à Lyon, Nathalie décide de tout plaquer il y a cinq ans pour se lancer dans l’aventure du vin :

« J’ai d’abord acheté un hectare et demi de vignoble. C’est une zone où les terres restent encore accessibles. »

C’est à Oingt, remarquable village en pierres dorées à trente kilomètres de Lyon, que Nathalie a élu domicile avec ses deux chevaux de trait comme associés.

« J’ai tout appris sur le tas, avec l’idée d’intégrer ma passion pour le cheval dans les champs, d’abord parce que c’est bien plus économique que l’achat d’un tracteur et que ça ne tasse pas les sols, et
puis parce que c’est quand même plus sympa… On n’a jamais vu quelqu’un caresser un tracteur ! »

Casser l’image du « vin chic »

Depuis le début de son aventure, Nathalie exprime des convictions fortes :

« Je veux casser l’image du vin chic. Alors, oui, le travail avec des animaux, c’est fastidieux, mais je veux être plus autonome dans mon travail. Aujourd’hui, pour beaucoup, être vigneron, c’est acheter les savoirs d’experts : faire appel à un œnologue, un biologiste… et c’est beaucoup de connaissances qui se perdent. »

Dans cette quête d’autonomie, Nathalie a fait appel à L’Atelier Paysan, une coopérative qui accompagne les agriculteurs à autoconstruire les outils dont ils ont besoin. C’est avec leur aide qu’elle a pu fabriquer un traîneau adapté à ses chevaux afin qu’ils transportent du matériel dans les vignes.

« Sans intrus ni intrants, sans artifice ni maléfice », peut-on lire sur l’étiquette de ses bouteilles. On pourrait même allonger la liste : sans levure exogène, et même sans utilisation de détergent pour nettoyer les cuves… Nathalie croit fermement que si le vivant est respecté, la nature donne un vin de qualité. Ici, pas de recherche de standardisation : chaque année apporte des conditions différentes et le vin « porte le goût de l’histoire ». Pour faire découvrir son jus naturel, Nathalie privilégie la vente directe :

« De cette manière, je peux faire de la pédagogie, expliquer ma démarche… et les gens sont contents de partir avec une bouteille et l’histoire qu’il y a derrière. »

«C’est la course à la production qui a fait oublié le bon sens paysan »

C’est en 1870 que commence l’histoire du vignoble, alors que les grands-parents de Florence Subrin débutent le travail de la terre. Ses parents prennent la suite en intégrant une coopérative. Elle raconte :

« Mon père croyait au collectif, pour lui, l’union faisait la force. Mais le groupement s’est industrialisé et mes parents n’y trouvaient plus leur compte. »

En 2013, à près de 60 ans, ses parents prennent un virage à 180 degrés vers une culture paysanne et biologique. Ils entament alors une longue transition, que poursuivent Florence et son cousin Geoffroy depuis 2017. Florence déclare :

« Mes grands-parents avaient déjà intégré les principes de la biodynamie, c’est des pratiques ancestrales. C’est la course à la production qui a fait oublié les principes de base et le bon sens paysan. »

Florence Subrin, et son cousin Geoffroy. Deux vignerons du Crêt de Bine, Sarcey ©Matthieu Perret
Florence Subrin, et son cousin Geoffroy. Deux vignerons du Crêt de Bine, SarceyPhoto : Matthieu Perret

Le Crêt de Bine suit un cahier des charges en biodynamie :

« Nous essayons au maximum d’être alignés sur le calendrier lunaire pour les soins que nous apportons dans les vignes, nous voulons faire un vin artisanal, soigné et personnel. »

Aujourd’hui, leur domaine compte huit hectares, qui évoluent sous l’attention minutieuse de Florence, Geoffroy et leur apprenti Ismaël. Ici, on croit au pouvoir de l’autorégulation du raisin, ce qui n’empêche pas de fournir un environnement optimal pour que la vigne prospère : décoctions de plantes pour prévenir les maladies, haies et nichoirs à insectes pour favoriser les complémentarités fertiles…

Et parfois, quelques interventions délicates doivent advenir :

« En juin, nous avons dû couper la moitié des grappes sur certaines parcelles car il y en avait trop et ils n’auraient pas pu mûrir pleinement. Il faut avoir une récolte raisonnée pour un raisin de qualité. »

Pour le futur, les deux cousins ne souhaitent pas s’étendre, mais développer encore mieux leurs techniques pour un sol (et donc un vin) toujours plus généreux, avec un nouveau projet d’agroforesterie pour multiplier les échanges fertiles.

« Le bio n’est pas une fin en soi mais un long chemin de vie »

Terres Vivantes, c’est d’abord une rencontre sur les bancs du lycée agricole entre deux passionnés du vivant, Ludovic et Marie Gros. Ludovic raconte :

« Je suis né dans le Beaujolais, j’ai fait des études de viticulture puis, de sommelier. Ensuite, je suis parti du côté des restos friqués pour découvrir leur univers du vin. Mais je n’étais pas à ma place, je suis donc retourné sur les terres de mes grands-parents en 1995, avec Marie. »

Ensemble, ils débutent, convaincus que le bio est la bonne marche à suivre, mais la transition ne se fait pas du jour au lendemain ! Ludovic explique :

« Nous avons commencé en agriculture conventionnelle, en coopérative, et nous avons progressivement remis en question nos pratiques pour aller vers plus de naturel. Le bio n’est pas une fin en soi mais un long chemin de vie ! »

En 2009, ils achèvent leur conversion et depuis 2019 distillent un peu de biodynamie dans leur travail :

« Nous voulons être le moins interventionnistes possible en intégrant plus de vie dans les vignes. Quand on voit des vignes toutes propres, ça fait bizarre… car on le sait, une vigne qui grimpe dans un arbre n’est jamais malade. Alors maintenant il y a des haies dans nos parcelles et de plus en plus d’arbres entre les lignes, ça attire les oiseaux et plein d’autres petits animaux. »

De nouvelles techniques pour « se sauver de l’incendie »

Mais la crise viticole des années 2000 frappe de plein fouet le couple nouvellement installé. En réaction, ils décident de partager leurs terres en deux et de vouer une partie à la culture du blé. 19 poignées de semences anciennes de blé récupérées lors d’une bourse d’échange de l’ARDEAR plus tard, et ce sont quatre hectares de terre cultivées qui voient le jour ! En 2020, le couple cultive toujours du blé. Ludovic raconte :

« Aujourd’hui, nous avons un tout petit atelier de transformation du blé avec un moulin astrié en pierre granitique. Il ne produit que 15 kg de farine à l’heure, mais ça suffit à Marie pour faire deux fournées par semaine de 150 et 120 kg de pains pour une Amap villeurbannaise les jeudis, et pour le marché fermier qui a lieu chez nous les vendredis. »

Et pour pallier aux impasses techniques qu’ils rencontrent, aussi bien côté vin que côté pain, le couple expérimente :

« On cherche des solutions pour éviter l’ajout de cuivre dans le raisin. Mais il n’y a pas d’étude qui nous donne la recette magique, alors on essaie de comprendre par nous-mêmes mais aussi, bien sûr, en partageant avec les vignerons et avec nos quatre enfants qui nous apportent beaucoup. »

Pour lui, il faut inventer de nouvelles techniques pour « se sauver de l’incendie » et les vignerons peuvent faire partie de cette ingénierie positive qui façonnera le vin de demain.