Le parquet national financier (PNF) enquête sur un proche de Laurent Wauquiez à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, au salaire « disproportionné » selon les termes de la chambre régionale des comptes (CRC) et à la tête d’un « cabinet fantôme » d’après l’opposition. Cette enquête ciblant notamment Ange Sitbon a été ouverte durant l’automne.
Ange Sitbon a été tacticien électoral de l’UMP puis de LR au niveau national et recruté par Laurent Wauquiez au début de son mandat de président d’Auvergne-Rhöne-Alpes, en 2015.
Les éventuelles infractions pénales examinées n’ont pas été précisées par le PNF.
En octobre 2019, un rapport de la CRC sur les premières années de la gestion Wauquiez (2016-2018) avait épinglé, sans le nommer, « la situation atypique d’un responsable de service », dont la rémunération mensuelle – « près de 9000 euros nets » – représentait « plus du double » de la moyenne salariale de ses pairs au sein de la collectivité.
Une vingtaine d’emplois visés par l’enquête
Un montant justifié, selon l’exécutif régional, par le « haut niveau de technicité » et l’importance des missions de cet agent contractuel, engagé comme « coordinateur des relations aux élus ».
La fiche de paie d’Ange Sitbon, risquait de paraître « disproportionnée » au juge administratif, estimait la Chambre.
Le 30 juin, elle a finalement activé la justice pénale en signalant les faits au procureur de Lyon, qui a transmis le dossier au PNF en juillet, en le complétant par un signalement de l’association anticorruption Anticor.
Les critiques de la CRC ne s’arrêtaient pas au cas d’Ange Sitbon. Dans son rapport, elle pointait « une vingtaine d’emplois de ‘chargés de mission vice-présidence’, pourvus essentiellement par des recrutements d’agents contractuels de catégorie A » mais « assimilables » à des postes de cabinet, au-delà du plafond d’effectifs autorisé par la loi. Un véritable « cabinet noir », juge l’opposition socialiste du président de Région.
Après la publication d’un article sur Rue89Lyon annonçant la possible signature d’une convention entre la Métropole et deux squats de Lyon, le collectif « Intersquats exilé⋅es Lyon et environs » nous a contactés. Nous publions le texte issu de nos échanges, sous forme de tribune.
« Dernièrement, de nombreux articles ont fait état de futures ouvertures de centres d’hébergement et de l’arrivée d’«une vraie politique de l’hospitalité» de la part de la nouvelle majorité, notamment concernant les squats. Dans l’article de Rue89Lyon, la Métropole projette de signer une convention avec les occupant⋅es de deux squats, pour en faire des «maisons de l’hospitalité».
L’article L345-2-3 précise que « toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation. » Rue89Lyon
Il y a plusieurs dizaines de squats dans l’agglomération permettant la mise à l’abri de plusieurs centaines de personnes, dont des familles avec enfants.
Après plusieurs années de batailles juridiques et médiatiques pour dénoncer le scandale des personnes à la rue, après la lutte menée par les squats de Lyon et de ses environs pour faire reconnaître le droit au logement pour toutes et tous, cette annonce peut sonner comme une première victoire vers le respect des droits des habitant⋅es (voir encadré).
« La proposition de conventionnement laisse sur le carreau des centaines de personnes »
La proposition de conventionnement pour deux squats est un premier pas, certes, mais elle laisse sur le carreau des centaines de personnes qui restent soumises au froid et aux mêmes difficultés qu’avant. Aujourd’hui la Métropole, le Vinatier ou Lyon Métropole Habitat continuent leurs procédures juridiques :
Des pratiques d’intimidation de la part des huissiers au squat le Maria (à la Guillotière), bâtiment appartenant au Grand Lyon Habitat (un bailleur social de la Métropole), continuent à ce jour.
Malgré les dispositifs d’hébergement proposés aux anciens habitants du collège Maurice Scève, l’opération policière d’ampleur, permise par la demande de la Métropole de Lyon du concours de la force publique, a poussé à fuir de nombreuses personnes qui sont aujourd’hui sans solution d’hébergement.
Le squat de Lafayette fait toujours l’objet d’une procédure en appel de la décision du tribunal lui accordant deux ans de délai. La question n’est pas que l’appel « nous effraie » comme le dit M. Renaud Payre, ce qui interroge c’est pourquoi un répit de deux ans (accordé par un juge) pose problème à la Métropole et à sa « vraie politique de l’hospitalité » ?
Le squat d’Oullins a fait l’objet d’une demande d’expulsion immédiate
Notre lettre du 20 octobre adressée à la Métropole, restée sans réponse, soulevait déjà ces problèmes. Depuis de nouvelles questions se posent.
À la maison Sans Souci, où une trentaine de personnes dont des familles avec enfants ont trouvé refuge depuis le mois d’octobre, les habitant⋅es et soutiens du lieu sont particulièrement inquièt⋅es d’apprendre dans l’article de Rue89Lyon que, « ici, pas question de conventionnement a priori. Les occupants vont devoir partir ».
Si aucune procédure d’expulsion n’a été lancée pour l’instant, ce dont nous pouvons nous réjouir, le fait que toute perspective de conventionnement soit écartée plonge de nouveau les habitant⋅es dans une grande incertitude quant à leur avenir.
Leur volonté, pourtant déjà bien mise en œuvre, est de faire leur maximum pour entretenir d’excellentes relations de voisinage et de tisser du lien avec les habitant⋅es du quartier à travers divers projets (composte, jardinage, atelier, etc). Ces liens sont précieux pour leur insertion et s’inscrivent pleinement dans une démarche d’hospitalité, ne pas envisager que ceux-ci se pérennisent nous interpelle.
Plus récemment et en plein mois de décembre, le squat d’Oullins a fait l’objet d’une demande d’expulsion immédiate de la part de la Métropole de Lyon qui en est propriétaire, demandant la suppression de la trêve hivernale et de tout délai pourtant prévu par la loi. Si M. Renaud Payre explique que demander l’expulsion est une obligation légale, il dit aussi :
« Je comprends que cela effraie. Mais, comme nous sommes propriétaires, nous n’avons pas le choix. »
Exiger que l’expulsion soit immédiate sans même le respect de la trêve hivernale n’est en rien une obligation. De plus, le fait que les nouveaux efforts de la Métropole concernant le logement soient utilisés comme argument face au juge pour demander que l’expulsion soit immédiate à de quoi effrayer.
Nous ne pouvons accepter la distinction entre les « bons » squats, conventionnés, et les « mauvais » squats qui font l’objet de demandes d’expulsion ou d’intimidations. Le conventionnement de certains squats ne délégitime pas l’existence des autres squats et ne saura justifier leur expulsion ou les menaces qui pèsent sur eux, car ils restent malgré tout un dernier rempart avant la rue.
À juste titre, les chiffres du 115 sont rappelés dans l’article de Rue89Lyon :
« Au 18 novembre, 1458 personnes n’ont pas trouvé de solution d’hébergement en appelant le 115 ».
Tant que les logiques d’accueil seront conditionnées aux catégories de l’État, laissant de côté de nombreuses personnes lorsqu’elles sont déboutées de l’asile, lorsqu’elles deviennent majeures ou lorsqu’elles ne répondent pas aux critères et tant que les dispositifs d’accueils seront saturés, nous ne pourrons nous passer des squats.
La politique de petits pas veut-elle dire donner des gages ?
Il convient enfin de clarifier que l’Intersquats n’est pas à l’origine des occupations mais que celle-ci fédère des soutiens de divers collectifs et des habitant⋅es dans leur quotidien et dans leurs revendications. À ce titre, plusieurs questionnements émergent :
La politique de petits pas veut-elle dire donner des gages à certains tout en appliquant l’ancienne politique répressive en même temps ?
Le conventionnement de deux squats ne tient pas lieu de réponse à celles et ceux qui restent en dehors ; ces bonnes résolutions, malheureusement partielles, ne sont-elles qu’un effet de vitrine ou traduisent-elles une nouvelle politique réellement audacieuse qui aurait donc vocation à se généraliser?
Enfin, qu’est-ce qu’une maison de l’hospitalité ? Si c’est une transformation des squats, la Métropole tiendra-t-elle compte de l’expertise des habitant⋅es dans ce domaine, de leurs avis et de leurs besoins ? Un squat conventionné n’en reste-t-il pas moins une occupation temporaire et imparfaite ou peut-il être qu’une étape vers un logement réellement pérenne ? Quant au choix du séduisant terme de « maison de l’hospitalité » ne risquerait-il pas à la longue de cacher toute la précarité restante ainsi que la politique d’accueil indigne des demandeurs d’asile en France ?
Nos demandes concernant les squats
Nous demandons donc à la Métropole, à la Mairie de Lyon, ainsi qu’à Grand Lyon Habitat et au Vinatier de :
Ne pas aller au-devant de procédures juridiques qui mettent en situation de risque les habitant⋅es des lieux, notamment en adoptant une posture de dialogue avec les squats de Oullins, de Caluire et de Sans souci ;
Ne pas recourir à la force et ne pas imposer la présence de la police, de compagnies de sécurité ou d’huissiers dans les lieux de vie ;
De clarifier leur posture vis-à-vis des squats dont les discussions sur un possible conventionnement n’ont pas encore eut lieu, notamment en s’engageant à ne pas demander leur expulsion.
Enfin, après plusieurs rencontres encourageantes avec les élu⋅es de la Métropole au début de l’été, nous déplorons n’avoir pu obtenir depuis mi-juillet de nouveau rendez-vous pour travailler sur cette nouvelle politique de l’hospitalité. Nous réitérons donc notre demande à ce sujet.
Sur le front de la pandémie depuis plusieurs mois, les étudiants infirmiers de la région de Saint-Étienne dans la Loire dénoncent aujourd’hui les pressions et injonctions qu’ils auraient subies. Selon eux, elles auraient un seul objectif : passer sous silence leurs conditions de travail dans les unités Covid et les EHPAD, ainsi que leurs futures lacunes dans la formation en soins infirmiers.
Épicentre de l’épidémie il y a encore quelques semaines, la région stéphanoise a vu ses hôpitaux submergés lors de la deuxième vague de contamination au Covid-19. Dans tous les établissements, privés ou publics, de nombreux étudiants en soins infirmiers ont été réquisitionnés, certains pendant leurs périodes de stage obligatoire.
D’autres ont aussi décidé d’y travailler les soirs ou les week-ends, en plus de leur formation. Tous racontent que le travail fut « pire qu’en mars ».
Anna* (les prénoms des étudiant.es infirmier.es ont été modifiés), étudiante inscrite à l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) Saint-Etienne Bellevue, témoigne auprès de nous :
« On se sent abandonnés, tant au niveau de la rémunération que du suivi de la formation ».
Elle raconte la culpabilisation dont auraient été victimes plusieurs étudiants :
« Certaines directions d’instituts de formation nous disaient que c’était notre rôle d’aller travailler dans les services Covid. Mais nous avions peur, notamment que notre formation soit en danger. »
La « peur des répercussions » pour les étudiants infirmiers à Saint-Étienne
Par le biais d’un vademecum publié en mars, le ministère de la Santé a remis le sort des étudiants infirmiers pendant la crise sanitaire entre les mains des Agences Régionales de Santé (ARS), chargées d’appliquer la politique dudit ministère en région.
« Ils peuvent faire un peu ce qu’ils veulent de nos formations », décrit Bleuenn Laot, présidente de la fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI).
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Département le plus touché par l’épidémie de Covid-19 en France et dans la région il y a quelques semaines, la situation s’est améliorée en Haute-Savoie. Mais les chiffres restent élevés dans le département, notamment en ce qui concerne le taux d’incidence, qui stagne depuis le début du mois de décembre.
Début novembre, le taux d’incidence en Haute-Savoir affichait 1165 cas pour 100 000 personnes. Au 8 décembre, l’indicateur n’affichait plus que 206 cas pour 100 000 habitants. Bien que divisé par 5 en l’espace d’un mois il reste encore très élevé (le seuil d’alerte est fixé par Santé Publique Franceà 50 cas pour 100 000 habitants).
De plus, depuis le début du mois de décembre il diminue moins rapidement. Au 1er décembre, le taux d’incidence était de 207 cas pour 100 000 personnes sur une semaine. Une semaine après, il demeurait à un niveau équivalent.
En Haute-Savoie le taux de positivé continue de baisser mais reste élevé
Le taux d’incidence a donc tendance à stagner depuis le mois de décembre en Haute-Savoie. Et ce même si dans le même temps le dépistage a lui augmenter. En effet, entre le 25 novembre et le 1er décembre 8470 tests avaient été faits dans le département. La semaine suivante, leur nombre était de 13 954 (à partir du 8 décembre, Santé Publique France a introduit dans les statistiques du dépistage les tests antigéniques en plus des tests PCR).
Parmi les tests effectués sur la semaine du 2 au 8 décembre, 12,5 % étaient positifs. Le taux de positivité continue à diminuer depuis la fin du mois de novembre mais il reste élevé.
Covid-19 : diminution lente du nombre d’hospitalisations en Haute-Savoie
Le 17 décembre, le nombre d’hospitalisations en simultané en Haute-Savoie était de 387, contre 460 une semaine auparavant. Leur nombre baisse progressivement depuis la mi-novembre. Elles avaient marqué une certaine stagnation ces derniers jours avant de repartir à la baisse. Les réanimations, en revanche, stagnent sur cette même période. 46 personnes étaient en réanimation en Haute-Savoie le 17 décembre.
L’Isère est désormais le département d’Auvergne-Rhône-Alpes où l’épidémie de Covid-19 circule le plus. Si le taux de positivité a nettement baissé, le taux d’incidence reste élevé et repart à la hausse.
Le taux d’incidence légèrement reparti à la hausse
En baisse depuis début novembre, le taux d’incidence a connu sa première hausse durant la semaine du 1er au 8 décembre. Une hausse significative : +20% sur une semaine. L’indicateur, qui participe à l’évaluation de la dynamique de l’épidémie, affichait 180 cas pour 100 000 habitants contre 148 cas une semaine plus tôt. Un niveau près de 4 fois plus élevé que le seuil d’alerte.
En cette mi-décembre, l’Isère est désormais le département d’Auvergne-Rhône-Alpes où l’épidémie de Covid-19 circule le plus fortement. Dans le même temps, le recul constaté en Haute-Savoie ou dans la Loire, longtemps parmi les plus touchés, s’est poursuivi.
Covid-19 : point positif, le taux de positivité continue de baisser en Isère
L’augmentation du nombre de cas peut s’expliquer en partie par une recrudescence du dépistage. Le nombre de tests (PCR et antigéniques) a quasiment doublé entre le 1er et le 8 décembre en Isère. Malgré cela, le taux de positivité (proportion de tests positifs) a continué de baisser dans le même temps (passant de près de 18% à 11% environ au 9 décembre).
Covid-19 : une stagnation du nombre d’hospitalisations en Isère
Les indicateurs hospitaliers de l’épidémie de Covid-19 en Isère ne montrent pas d’amélioration. Durant les premiers jours de décembre, le nombre d’hospitalisations en simultané a continué sa lente décrue. Toutefois, depuis le 10 décembre les hospitalisations ont légèrement augmenté dans le département. Une évolution qui semble en corrélation avec le net ralentissement de la baisse du taux d’incidence fin novembre et une hausse dans les premiers jours de décembre.
Le nouvel archevêque de Lyon célèbrera sa messe d’investiture ce dimanche 20 décembre. Olivier de Germay, évêque à la ligne très conservatrice, doit prendre la succession du cardinal Philippe Barbarin. Il arrive dans un diocèse de Lyon éreinté, épicentre de la question de la pédophilie dans l’Eglise. Entre caricature réactionnaire et espoir politique pour une communauté de croyants, que deviner des futures impulsions du nouvel archevêque ?
Nous sommes le 22 novembre, 16 heures, place Bellecour à Lyon. Les manifestants sont nombreux. Leur revendication ? “Rendez-nous la messe”. À ce moment, les cérémonies religieuses sont interdites pour cause de confinement et de crise sanitaire.
Dans la foule, on trouve Guillaume. Cet élagueur de 42ans attend avec impatience l’avènement du nouvel archevêque qui sera, selon lui, capable de « rétablir les bonnes mœurs » :
“Le problème, c’est les pratiques. Les jeunes font n’importe quoi, ils ont perdu leurs repères parce qu’il n’y a plus de figure paternelle qui leur dit ce qui est bien ou ce qui ne l’est pas. Le gouvernement fait passer des lois qui sont contraire à la culture et l’histoire françaises, ça n’aide pas ».
Pour lui, c’est clair :
« L’archevêque Olivier de Germay incarne quelque chose de dur et inébranlable, peut-être parce qu’il a été milouf [militaire, ndlr]. Ce qui est important c’est la famille, la vie, la rigueur.”
L’évêque Olivier de Germay incarne avant même son investiture une figure tutélaire pour bon nombre de catholiques lyonnais. Encore choqués par l’affaire dite du « père Preynat » et, corrélée, celle du cardinal Barbarin.
« On est tous des tordus quelque part »
En matière de religion, l’entre-deux a difficilement sa place dans l’opinion et dans la presse : la désignation par le pape François d’Olivier de Germay pour prendre la tête du diocèse de Lyon « la très catholique » n’a pas été épargnée. Libération titre au vitriol : « A Lyon, un ex-officier ultraconservateur pour succéder au cardinal Barbarin ». Au contraire, Paris Match, La Dépêche du Midi ou bien encore La Croix déroulent des témoignages dithyrambiques de nombreux amis et collègues de l’heureux élu : « Boute-en-train », « Très à l’écoute », « Un homme très droit », « Très rigoureux ».
Olivier de Germay est très conservateur : il a marqué les esprits par ses oppositions violentes au droit au mariage pour les personnes du même sexe, au droit à l’avortement, à la loi bioéthique… Il déclare par exemple en novembre 2012 à Corse Net Infos :
“Bien sûr qu’une personne homosexuelle peut appartenir à notre communauté. On est tous des tordus quelque part. Toutefois l’Église lui demandera d’avoir une vie chaste et de suivre un chemin de conversion.”
Au diocèse de Lyon, on indique que cette retranscription de la part du journaliste du site d’information est très « approximative ».
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
En Auvergne-Rhône-Alpes, l’épidémie de Covid-19 n’a pas connu de réelle amélioration ces derniers jours. À l’approche des fêtes de fin d’année, la stagnation constatée les semaiens précédentes se confirme. Le nombre d’hospitalisations a peu évolué et la dynamique de l’épidémie ne semble pas totalement faiblir.(Rue89Lyon propose un point hebdomadaire, celui que vous lirez ci-après a été effectué en date du 17 décembre. Voir le détail département par département).
Lors de notre précédent point hebdomadaire, certains indicateurs semblaient montrer un début de stagnation. Ou à défaut un net ralentissement de la décrue de l’épidémie. L’évolution depuis le 8 décembre confirme cette tendance. À défaut de s’être aggravée, l’épidémie reste très active dans la région. Et ce même si Auvergne-Rhône-Alpes n’est plus actuellement la région où elle circule le plus.
Toutefois, la lecture des indicateurs n’est pas forcément négative.
C’est le confinement saison 2, on a besoin d’info sérieuse et indépendante ! Abonnez-vous à Rue89Lyon gratuitement le premier mois avec le code « confinement2 »
Taux d’incidence en hausse dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes
Le taux d’incidence, indicateur qui participe à l’évaluation de la dynamique de l’épidémie, repart à la hausse. Entre le 1er et le 8 décembre, il a légèrement augmenté (+11% sur une semaine), passant de 144 à 160 cas pour 100 000 habitants.
Il est reparti à la hausse dans tous les départements de la région sur la période. Y compris dans les trois grandes métropoles de la région (Lyon, Grenoble, Saint-Étienne) où il reste supérieur au taux d’incidence moyen constaté en France. Dans la Métropole de Lyon, il est en hausse depuis la fin du mois de novembre.
Quand on regarde dans le détail des catégories de la population régionale on constate un regain de nouveaux cas dans les catégories les plus jeunes. Dans le même temps, il reste stable ou diminue dans celles les plus âgées (60 ans et plus).
Covid-19 : un regain de nouveaux cas en trompe-l’œil en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Ce constat pourrait toutefois être lu de façon positive. En effet, la baisse ou la stabilisation du nombre de nouveaux cas dans les tranches d’âges les plus à risques constitue un évident argument en ce sens.
D’autre part, l’évolution du taux d’incidence au regard de celle du dépistage apporte également un motif d’espoir. Entre le 1er le 8 décembre, les catégories les plus âgées ont été plus testées que les autres sur une semaine. Le dépistage a été multiplié par trois chez les plus de 90 ans et a plus que doublé chez les plus de 80 ans. Dans toutes les autres catégories de la population (à l’exception des 0-9 ans) il a en moyenne était multiplié par deux.
Malgré un dépistage plus important, le taux d’incidence des plus âgés n’a donc pas suivi cette hausse.
C’est le confinement saison 2, on a besoin d’info sérieuse et indépendante ! Abonnez-vous à Rue89Lyon gratuitement le premier mois avec le code confinement2
Covid-19 : le taux de positivité diminue malgré la hausse statistique du dépistage en Auvergne-Rhône-Alpes
Cette hausse statistique du dépistage appelle une précision. Depuis le 8 décembre, Santé Publique France a introduit dans les chiffres de la base Sidep (relative aux tests de dépistage Covid-19) ceux dit antigéniques (test nasophryngés réalisés en pharmacie ou chez les médecins) en plus des tests PCR (réalisés à l’hôpital ou en laboratoire), seuls comptabilisés jusqu’ici. Avec une effet mécanique de hausse du volume de dépistage.
Autre point positif : l’évolution du taux de positivité (proportion de tests positifs). Alors que le dépistage a mécaniquement augmenté (au moins statistiquement), le taux de positivité a continué, lui, de diminuer. Notamment chez les plus âgés. L’évolution inchangée de cet indicateur pourrait ainsi montrer que l’épidémie continue sa lente décrue. L’augmentation du nombre de nouveaux cas pouvant alors s’expliquer en partie par une hausse « artificielle » et statistique du dépistage.
Pour l’heure en tout cas, le regain du taux d’incidence ne s’accompagne pas d’une même évolution du taux de positivité. En clair : plus de tests donc plus de cas détectés mais en proportion plus faible. Le taux de positivité dans la région reste toutefois encore relativement élevé (9%).
Covid-19 : toujours une lente décrue dans les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes
La très lente baisse du nombre de personnes hospitalisées (en simultané) se confirme toujours dans la région. Au 16 décembre, il y avait environ 400 patients Covid-19 hospitalisés de moins en Auvergne-Rhône-Alpes qu’une semaine auparavant. Une baisse globale réelle mais qui cache des disparités et certaines hausses dans certains départements. C’est le cas notamment dans l’Allier, le Cantal ces derniers jours, en Isère et dans le Puy-de-Dôme.
L’Isère, département où l’épidémie était la plus active ces derniers jours
.
Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomer ou rechercher la commune par son nom) :
Nombreux acteurs culturels se sont rassemblés dans plusieurs villes de France, pour protester contre la « rupture d’égalité » et l’interdiction qui leur est faite d’accueillir, de jouer de nouveau devant le public. À Lyon, rendez-vous a été donné devant la DRAC (direction régionale des affaires culturelles d’Auvergne-Rhône-Alpes, représentante locale du ministère de la Culture). Situé quai Saint-Vincent, ce lieu est aussi appelé le « Grenier d’abondance ».
Pierre Desmaret, comédien et metteur en scène, a fait partie de la délégation intersyndicale reçue par le directeur, dans l’après-midi. Il fait le récit de cette rencontre avec un « drac » démuni, dans ce combat pour la réouverture de tous les lieux culturels.
« Ce mépris ressenti par la filière est dangereux »
Pour peu que les masques le laissent voir, il y avait là, ce mardi, une majorité d’artistes, techniciens, enseignants artistiques, artistes plasticiens ainsi que quelques directeurs de salles privées et municipales ; une banderole du TNP tenue par des salariés, et l’adjointe à la culture lyonnaise, Nathalie Perrin-Gilbert.
À noter l’absence de représentants du SYNDEAC dont l’acronyme rassemble, notamment, les centres dramatiques et scènes nationales. Si ce rassemblement reste modeste en regard des mobilisations contre la loi sécurité, il montrait néanmoins que le « milieu » lyonnais tenait à se signaler à l’occasion du maintien de la fermeture des lieux et établissements de culture.
Quasi absents de « l’appel des indépendants« , quelque peu resserré autour des musiques actuelles, les acteurs du spectacle vivant peinaient à trouver une action collective : le gouvernement aura réussi à mettre les soi-disant « non essentiels » contre lui.
Et l’impact psychologique, le « mépris » ressenti par la filière en regard des facilités faites aux lieux de cultes et commerciaux, est peut-être encore plus dangereux que les conséquences de ces fermetures sur l’emploi des artistes, techniciens, permanents, intermittents (s’il en reste) à l’avenir.
« Injonctions contradictoires, conséquences lourdes pour les intermittents »
Revenons à l’événement extra et intramuros de la « cathédrale de la création » (c’est à dire la Drac), le moins en moins bien nommé « grenier d’abondance ».
Après les prises de paroles de, en particulier, l’un des organisateurs de l’action à Lyon, Christophe Jaillet du SFA-CGT, une délégation (composée du syndicat national des arts vivants, de techniciens SNAM-CGT, des enseignants CGT, d’une représentante du collectif unitaire 69, d’artistes plasticiens, et donc de moi-même, représentant la fédération du Spectacle FO), a été reçue par le directeur Marc Drouet et Bastien Colas directeur du pôle Création et Industrie culturelles.
À nouveau les revendications unitaires (oui, absolument toutes les organisations ont signé le document) ont été lues :
soutien pour le travail (demandé par le ministre Jean Castex) en résidence et en création ;
soutien à l’Éducation Artistique et culturelle (EAC) et les conservatoires,
garantie du maintien de l’accès aux droits sociaux
et enfin – si ce n’est surtout – aboutir à la réouverture aux publics des lieux de culture.
Dans un esprit de plateforme revendicative, les artistes plasticien.es sont intervenu.es pour rappeler la situation dramatique dans laquelle certain.es se trouvent.
Les enseignants déplorant la rapidité opportuniste des annonces de réouverture des classes (annoncées par tweet dans la matinée du 15 décembre !), les injonctions contradictoires, menant à des situations compliquées pour le respect des règles sanitaires. Le collectif 69 rappelant la dégradation générale et la paupérisation accélérée des plus précaires ; évidemment.
Les délégués « spectacle vivant » ont exprimé tout l’arbitraire des décisions prises par le gouvernement, l’absence de concertation et de visibilité des soutiens financiers annoncés, et les conséquences prévisibles quant à l’emploi – en particulier – intermittent dans notre secteur. Si cette introduction est un peu longue, nos interventions le furent aussi mais c’était sans compter la « réponse » de Marc Drouet, directeur de la DRAC.
« Maintenir le ‘désir de création’, vraiment ? »
Plus habitué à des séances musclées de négociations entre représentants « paritaires » de nos secteurs, j’ai assisté un peu ébahi à une congratulation sur « l’unité des parties revendicatives », sonnant pourtant comme un avertissement fort que le gouvernement via le ministère devrait entendre.
Ce directeur a fait beaucoup d’efforts pour nous rassembler dans un même mouvement de « défense de la création », nous enjoignant à « redonner du désir de création » a priori aux public(s), aux français, aux citoyens.
Je ne voyais pas bien en quoi toutes et tous ne faisions pas justement ce que nous pouvions pour maintenir du « désir de création » mais j’en ai conclu, sans réponse concrète, qu’il s’agissait, peut-être, de ne pas céder aux sirènes du tout numérique.
On était prié de se rappeler aussi que, si nous étions dans une démarche collective, le truc du Ministère c’était la « CRÉATION » ce qui lui a valu ( et à raison) les foudres de Vincent Bady du SYNAVI, lui rappelant que depuis longtemps les salariés du spectacle alternaient des heures dans le « subventionné » ou le privé et que les compagnies, la plupart du temps non aidées par la DRAC, fournissaient le gros de l’emploi artistique en France tout en étant peu soutenues avant, pendant et après la crise sanitaire par le fonds d’urgence. Un fonds dont l’utilisation reste pour le moins opaque.
Une efficacité des référés pour ouvrir demain ?
Marc Drouet, homme visiblement affable et sûrement compréhensif a rappelé à quel point ses équipes étaient sur le pont et au contact de cette « souffrance sociale » qui a été largement évoquée par les délégués.
Alors, en sachant qu’il ne pouvait pas y avoir d’annonce fracassante, le directeur est apparu bien hors sol, évoquant donc ce « désir de création » que nous redonnerions tous, dans une belle fraternité retrouvée… D’une certaine façon, il est allé lui aussi sur le thème des « Jours heureux », siphonné par Emmanuel Macron qui faisait rien moins qu’une référence au Conseil National de la Résistance.
Au final, la DRAC, en tant que service déconcentré de l’État, n’est d’une part pas forcément le meilleur interlocuteur vis-à-vis de décisions relevant du ministère de l’Intérieur et du cabinet du Premier ministre. Surtout si le directeur reste dans son rôle et ne répond que sur sa « compétence ».
D’autre part, on aura beau regretter l’absence de Roselyne Bachelot à la conférence de presse de Jean Castex, faire dans le sarcastique avec les bandeaux « non essentiels » sur les comptes Facebook, espérer dans l’efficacité des référés pour rouvrir les lieux en janvier, tout ça ne dissimule pas la difficulté centrale pour ce mouvement social, à savoir incarner un réel contrepoids face à ce gouvernement.
Réglons les problèmes structurels d’égalité
Or, ce rassemblement l’exprime, il y a de tels dysfonctionnements sociaux, de tels problèmes structurels d’égalité, d’efficacité budgétaire, qu’on ne peut pas continuer, au Grenier d’abondance comme rue de Valois, à camper sur ces notions de distinction bourdieusienne, sans accroche sur le réel.
Le soutien massif à l’emploi salarié artistique et technicien qui va être nécessaire, ne peut être confié au seul bon vouloir des établissements nationaux et à leurs directions, le fonds d’urgence ne peut pas servir qu’à renflouer les structures privées (pour les loyers par exemple). Quelle couverture sociale pour des plasticiens, des auteurs, précarisés mais « sans patron » donc « sans salaire » ?
La liste du chantier n’est pas exhaustive et, peut-être, chaque service, d’une collectivité ou d’une autre, a pu découvrir, lors de ces deux confinements, toute la richesse et la complexité de la « création » que l’on ne devrait plus justement nommer « présence » artistique.
Dans les services, chez les élus de tous bords, il va bien falloir regarder au-delà des champs de compétence, car au milieu, dans le « no sub’s land », tombent et gisent les communards de la culture et des arts, sur les feuillets déchirés des droits culturels.
Des travailleuses du sexe de Lyon et des associations se mobilisent pour obtenir le retrait des arrêtés municipaux qui permettent de verbaliser les camionnettes occupées par les prostituées. Elles espèrent que la nouvelle majorité écologiste ira dans leur sens et rayera ces textes chers à Gérard Collomb. Prudente, le municipalité se laisse le temps de « la concertation ».
Le 17 décembre, c’est la journée internationale de lutte contre les violences commises contre les travailleuses du sexe (lire encadré).
A Lyon, cette journée résonne de façon particulière. Selon le Strass (le Syndicat du travail sexuel), l’ancienne ville de Gérard Collomb, champion des arrêtés municipaux anti-camionnettes, est une des trois villes de France les plus répressives à ce sujet, avec Paris et Toulouse.
Depuis près de 20 ans, à coups d’arrêtés municipaux, la Ville de Lyon mène la vie dure aux prostituées, comme a pu le constater Jérôme Bénozillo au cours de ses tournées. Depuis 16 ans, le Capotier (une marque déposée) vend ses préservatifs aux prostituées de Lyon et de sa périphérie. De Perrache, où la plupart des camionnettes étaient installées, il les a vu partir à Gerland puis quitter peu à peu Lyon.
« Il devait y avoir plus de 250 camionnettes derrière la gare, se souvient l’entrepreneur. Aujourd’hui, hors période de Covid, on doit en trouver une centaine la nuit dans le 7e arrondissement. »
En 2020, deux arrêtés municipaux interdisant le stationnement des camionnettes de prostituées à Gerland et à Confluence sont toujours en vigueur. Celui concernant le quartier Confluence date de 2007
Les arrêtés municipaux anti-prostituées : une invention de Gérard Collomb
En 2002, l’ancien maire prend un arrêté contre le racolage passif en centre-ville. Il devance ainsi de quelques mois l’instauration de ce délit dans la loi « Sarkozy » de mars 2003 – délit finalement abrogé en 2016. Puis, en 2006, un premier arrêté municipal « anti-camionnettes » est pris pour le quartier sud de Perrache qu’on appelle pas encore Confluence. Il est suivi en 2008 d’autres interdisant le stationnement sur l’ensemble du quartier de Gerland (7e arrondissement et une partie du 8e), là où les prostituées ont finalement déplacé leur camionnette (voir le chronologie à la fin de l’article).
Pour échapper aux PV et mises en fourrière, les prostituées s’éloignent peu à peu en périphérie et sur les routes nationales.
Seules, elles peuvent se retrouver à la merci de malfrats de passage.
« C’est impossible de savoir le nombre exact de filles agressées, car beaucoup n’iront jamais porter plainte, souffle Jérôme Bénozillo. Mais je pense que sur Lyon et sa périphérie, on peut en compter une trentaine sur l’année. »
Certaines ont péri à la suite d’agressions (lire par ailleurs).
Rue Challemel-Lacour, des clients qui se font le plus discrets possible. Photo archive Rue89Lyon.
Selon le Progrès, pas moins de 7800 contraventions pour non respect de l’arrêté municipal sur le stationnement des camionnettes avaient été dressées en 2018 dans le secteur de Gerland.
En comparaison, le procureur faisait état de seulement 36 verbalisation de clients sur Lyon et sa métropole en 2019, dont 30 dans le quartier de Gerland. « Chez les forces de l’ordre, beaucoup soulignent la difficulté d’interpeller un client et de prouver le délit », remarque Antoine Baudry, de Cabiria. Résultat : les camionettes jouent à cache-cache avec les forces de l’ordre.
« Les arrêtés les obligent à changer de place en permanence, reprend Jérôme Bénozillo. Dès qu’une voiture de police arrive, elles bougent.»
Face à ce constat, toutes les associations, y compris le mouvement du Nid, pour l’abolition de la prostitution et opposé politiquement au Strass, se retrouvent unies contre ces arrêtés municipaux et, plus globalement, une politique municipale qui pénalise les prostituées.
En juin dernier, la mairie dirigée encore par Gérard Collomb, avait disposé des plots en bétons, empêchant le stationnement de certaines camionnettes. Bloquées, plusieurs prostitués s’étaient rapatriés sur le quartier de la cité jardin. Là, elles avaient été attaquées à coup de mortier par des individus opposés à leur venue. Des camionnettes avaient été incendiées, comme l’a rapporté le Progrès.
« Avec les mises à la fourrière de très nombreuses camionnettes, c’est une politique contraire à l’esprit de la loi du 13 avril 2016 [qui pénalise les clients de prostituées après avoir aboli le délit de racolage, ndlr] et une nouvelle preuve de la mauvaise direction prise par les autorités locales », s’était insurgé le mouvement du Nid dans un communiqué, à la suite de ces incidents.
Le collectif d’associations qui appelle à manifester ce jeudi 17 décembre ne dit pas autre chose. Mais ses mots :
« Sous les mandats du maire Gérard Colomb, la ville de Lyon a adopté huit arrêtés anti-prostitution ou anti-stationnement de camionnettes, ce qui en fait la ville pionnière et la championne de la répression. L’abrogation en 2016 des dispositions sur le racolage a pourtant émis un message clair : les travailleur·se·s du sexe elles-mêmes ne devraient jamais être pénalisé·e·s pour l’exercice de leur activité. »
La municipalité écolo se donne le temps de la concertation
Associations et travailleuses du sexe mobilisées espèrent donc du changement de la part de la nouvelle majorité écologiste, en théorie favorable à leur cause.
En 2003, puis en 2014, le Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts (EELV) s’était prononcé contre l’usage de ces arrêtés municipaux.
« Compte tenu de ces positions, on a l’impression qu’il n’y a pas de raison que cela ne se fasse pas, constate Cybèle Lespérance, secrétaire générale du Strass auprès de Rue89Lyon. La question : c’est quand ? »
Sept ans après la dernière motion du Conseil fédéral, les écologistes, maintenant au pouvoir à Lyon, se montrent moins catégoriques. L’équipe en place se donne le temps de rencontrer « l’ensemble des acteurs » avant de prendre une position claire.
« Nous récupérons une situation complexe. Pour pouvoir agir, il faut d’abord que nous connaissions tous les leviers », défend Mohamed Chihi – l’adjoint à la sécurité en charge de la question – quand on évoque les diverses motions prises par EELV.
Première mesure concrète : l’équipe a demandé à la police municipale de ne plus verbaliser les camionnettes ne respectant pas les règles de la zone à faible émission (ZFE) car « elles ne circulent pas ».
Pour la suite, Mohamed Chihi veut rencontrer les riverains, associations et acteurs concernés avant de prendre une décision. Lorsqu’on évoque les tensions entre les prostituées et la police municipale, il souligne que cette dernière sera aussi concernée par ces échanges.
« Les forces de l’ordre ont aussi été fatiguées par cette situation. Il y aura un dialogue. »
Récemment élu conseiller métropolitain, l’adjoint à la sécurité représentera la Métropole à la Commission départementale de prévention et de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle. Florence Delaunay, 19ème Adjointe au Maire de Lyon, déléguée aux droits et égalités, représentera pour sa part la Ville de Lyon. Constituée en 2018, plus de deux ans après le vote de la loi, cette commission a pour but de « lutter contre le système prostitutionnel » et d’aider les personnes désirant en sortir.
Début décembre, une rencontre entre trois élus et la directrice de cabinet du maire d’une côté et l’association Cabiria de l’autre a eu lieu en ce sens. Un échange positif pour Antoine Baudry, animateur prévention de l’association.
« Nous les avons sentis ouverts à la discussion. Cela n’a rien à voir avec l’ancienne municipalité. Auparavant, nous étions vraiment dans la répression », constate-t-il.
Du reste, le Strass et Cabiria sont d’accord avec le fait qu’une concertation est nécessaire en amont avec les riverains. Cabiria aimerait même organiser des réunions d’information entre travailleuses du sexe et habitants, à l’image de ce qui avait pu être fait à Gerland, en 2009.
Pour le Strass, tout l’enjeu sera de faire remonter cette question dans les priorités de la municipalité.
« Le sort des travailleuses du sexe est rarement à l’ordre du jour », souffle Cybèle Lespérance.
Pour la secrétaire générale du Strass, Lyon a une importance stratégique. Si la mairie change de politique à l’endroit des travailleuses du sexe, son exemple pourrait être suivi par d’autres villes.
Récemment, une décision du tribunal administratif de Lyon est allée dans son sens. L’instance a invalidé un arrêté anti-camionnette pris par la mairie de Chassieu. Pour Lyon, en revanche, le temps du recours est passé. Seule la nouvelle municipalité peut retirer l’arrêté.
Crise sanitaire : une situation toujours critique
Avant cela, il faudra traiter en priorité les conséquences dévastatrices de la crise sanitaire et économique. L’activité des prostituées a chuté avec le (re)confinement. Jérôme Bénozillo peut en témoigner. Depuis un mois et demi, le Capotier a vendu 20 boites de 144 préservatifs. Hors confinement, c’est le chiffre qu’il vend en une demi-journée.
Souvent sans autres sources de revenu que leurs passes, les travailleuses du sexe sont dans une situation d’extrême précarité. Certaines sont contraintes d’accepter des rapports non protégés, soumises à un manque de clientèle, selon les associations. « Difficile également d’obliger les clients à porter un masque », remarque Antoine Baudry. Pour leur venir en aide, Cabiria a mis en place une nouvelle cagnotte.
« On a pu parer au plus urgent grâce à la cagnotte du premier confinement, mais beaucoup conservent des dettes de logement à rembourser », constate Antoine Baudry.
À l’échelle nationale, Cybèle Lespérance et le Strass rencontreront ce 17 décembre Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Le syndicat espère remettre sur la table la création d’un fond d’aide national pour les travailleuses du sexe, enterré par l’ancienne ministre, Marlène Schiappa.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Pas vraiment identifié comme pasionaria de la culture jusque là, le président écologiste de la Métropole de Lyon Bruno Bernard a décidé de ferrailler sur ce terrain. S’emballant dans la presse quotidienne régionale ce dimanche, il y a évoqué l’éventuelle réouverture de deux musées dont sa collectivité a la compétence.
Se montrant prêt à contrer les sinistres annonces ministérielles pour le secteur, l’élu EELV n’a finalement pas transformé son coup de com’ en coup d’éclat.
Le musée des Confluences et le musée archéologique Lugdunum se situent dans le giron des compétences de la Métropole de Lyon. Ici comme ailleurs, le travail artistique et programmatique s’est poursuivi pendant toute la période de confinement. Et comme pour l’ensemble des structures et des acteurs culturels, les annonces de Jean Castex de ce 10 décembre, ne les autorisant ni à ouvrir pour ces vacances de fin d’année ni à se projeter, ont été très difficiles à encaisser.
Aussi, lundi matin, lors d’un point presse en amont du conseil de métropole, Bruno Bernard assurait-il que ses services étudiaient « toutes les possibilités et notamment juridiques » pour ouvrir les deux musées. En réunissant les conditions sanitaires déjà pratiquées et optimisées pendant la courte période d’ouverture.
Ce mardi soir, le président de la Métropole a réuni dans le musée Lugdunum un parterre de journalistes, munis de caméras et de stylos tous prêts à faire la chronique d’une « résistance » de la culture organisée depuis Lyon son épicentre.
Mais finalement, de réouverture il n’y aura pas. Presque gêné, Bruno Bernard a annoncé qu’une exposition serait ouverte au public dès ce lundi 21 décembre dans le hall de la Métropole de Lyon.
Le fémur préhistorique est l’unique pièce dont a pu parler Hélène Lafond-Couturier, directrice du musée des Confluences, présente (coincée ?) à la conférence de presse de ce mardi soir. Elle devra en effet en faire sortir quelques unes de son fonds, qui ne nécessitent pas un environnement muséal particulier et répondant aux contraintes données en urgence pour être exposées rue du Lac (Lyon 3è).
Finalement, à chaque hall de collectivité son style. Une crèche de Noël pour Laurent Wauquiez à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, un fémur de dinosaure pour Bruno Bernard à la Métropole de Lyon. Dans un premier cas, la cible (électorale) est atteinte, dans le second, il s’agit davantage d’un repli penaud.
Avant Hélène Lafond-Couturier, ce sont d’autres acteurs culturels, issus de différentes disciplines artistiques, qui se sont exprimés ce mardi, sur les situations dramatiques que vit actuellement toute la branche d’activité. Si Bruno Bernard les a assurés d’un soutien total, tous et toutes semblaient avoir été invité.es pour meubler tant bien que mal cet épisode de communication.
Le président de la Métropole n’a pas été quant à lui tellement loquace voire peu prompt à répondre à nos questions. Marmonnant dans son masque, l’élu a indiqué que le risque d’une ouverture aurait été trop grand « pour les directrices des musées ». Hélène Lafond-Couturier a parlé plus précisément d’une éventuelle « fermeture administrative » pouvant tomber comme un couperet punitif, qui bloquerait alors la structure « de trois à six mois ».
Colère des acteurs culturels et recours devant le tribunal
Bruno Bernard avait également invité à sa conférence de presse la Ville de Lyon, représentée par son adjointe déléguée à la Culture, Nathalie Perrin-Gilbert. L’élue a annoncé qu’un référé allait être déposé par la municipalité devant le tribunal administratif, c’est à dire un recours mené en urgence contre les décrets ministériels imposant la fermeture aux structures culturelles -« mais pas aux centres commerciaux ».
Elle avait auparavant ouvert, en septembre dernier, un fonds de soutien de 4 millions d’euros pour la culture, dont plus d’une moitié a été distribuée.
Deux initiatives sur lesquelles Bruno Bernard ne s’est pas prononcé et auxquelles il n’a pas, pour l’heure, associé la Métropole.
C’est par ailleurs ce mardi que se sont tenues des manifestations d’acteurs culturels partout en France. À Lyon, plusieurs centaines d’entre eux se sont retrouvés devant la DRAC (direction régionale des affaires culturelles, représentante du ministère au niveau local).
Nicolas Caroze, musicien à l’Opéra de Lyon et porte-parole de la CGT-spectacle, a ainsi résumé :
« La situation est catastrophique, pour toutes les structures culturelles qui se préparaient depuis des semaines, comme si nous allions pouvoir retravailler pendant les fêtes de Noël. La situation est pire pour les intermittents pour qui l’activité partielle est difficilement accessible. C’est un énorme gâchis, pour les usagers, pour les artistes. »
Une demande de mise à plat des politiques culturelles
C’est aussi depuis Lyon qu’a été lancé dès le premier confinement au printemps dernier un « Appel des indépendants », réunissant 1600 acteurs indépendants de la culture et des médias. Il a donné lieu à une série d’ateliers, de rencontres, suivis d’ « États généraux », qui ont abouti à un manifeste.
Ce pavé dense de propositions et d’analyse du secteur est actuellement présenté à des élus, locaux et parlementaires. Il défend, dans son contenu, un « reset » des fonctionnements politiques obsolètes, où la gestion des fonds dédiés à la culture n’est quasi que patrimoniale.
Cédric Van Styvandael, vice-président de Bruno Bernard délégué à la Culture, également maire PS de Villeurbanne, a noté ce mardi soir qu’il avait reçu ce manifeste et ses instigateurs, profitant de l’occasion pour en féliciter le contenu. Mais pour l’heure, aucune annonce de politique culturelle n’a émané malgré les lectures attentives.
La conférence de presse de ce mardi n’a donc pas permis d’observer mieux les contours de cet élan métropolitain pour la culture, venant juste clore pour Bruno Bernard une séquence politique compliquée.