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[PODCAST] Un horizon d’intelligence artificielle généralisée ?

[PODCAST] Un horizon d’intelligence artificielle généralisée ?

La Chine mise sur l’intelligence artificielle, au point de concurrencer la Silicon Valley. Et l’Europe ? Voulons-nous simplement devenir une usine à produire des données dont les géants américains et chinois tireront toute la valeur ? Quelles questions soulèvent l’IA en particulier en matière d’éthique ? Comment appréhender ce défi à l’œuvre ?

Ces questions seront abordées au cours de la session des Mercredis de l’Anthropocène du 13 octobre. Des débats connectés aux enjeux du changement global en perspective.

Cette deuxième séance de la saison 6 se déroulera de 18h30 à 20h à l’Hôtel71 (Lyon 2è) dans le quartier Confluence, sur les bords du Rhône. La présentation d’un pass sanitaire valide et le port du masque sont obligatoires. À écouter également en podcast. Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la Rentrée Anthropocène #2021.

Retrouvez ci-dessous le texte coécrit par François Candelon, directeur général et associé du Boston Consulting Group et directeur monde de l’Institut BCG Henderson avec Stéphane Grumbach, spécialiste des données, directeur de recherche à l’Inria et enseignant à Sciences Po.

Un horizon d’intelligence artificielle généralisée ?

L’Intelligence Artificielle soulève deux questions fondamentales. La première concerne la définition. Qu’est-ce que l’IA ? C’est une question extrêmement complexe. La seconde concerne l’impact de l’IA. Qu’est-ce que l’IA change à l’organisation du monde ? C’est une question beaucoup plus simple, et dont la réponse ne dépend en fait pas de la première. 

Le sujet de l’intelligence artificielle est passionnant précisément à cause de ces deux questions, qui touchent de manière fondamentale à notre spécificité en tant qu’humain, l’intelligence, le rapport à la machine, la destinée collective de l’humanité.

La première question est profondément philosophique. Elle s’inscrit dans une longue tradition de réflexion métaphysique, la pensée, la dualité corps et âme, la technique, etc. Elle n’admet pas de réponse définitive.

La possibilité d’une IA générale, c’est-à-dire non limitée à un domaine d’application particulier, capable d’adaptation, comme l’intelligence des humains, soulève par contre des discussions techniques. La deuxième question est celle de l’impact, dans quelle mesure l’IA pourrait ou non changer radicalement le fonctionnement des sociétés humaines.

L’IA change la manière de travailler de nombreux secteurs

Après une histoire chaotique depuis les années 1950, l’IA connaît aujourd’hui de grands succès. A cela deux raisons, la puissance des machines et l’apprentissage, l’idée de ne pas dire à la machine ce qu’il faut faire, mais de la laisser traiter la complexité par elle-même. Force est de constater que l’IA est déjà pervasif. Il change la manière de travailler dans de nombreux secteurs. 

Michael Dziedzic pour Unsplash
Une image de Michael Dziedzic pour Unsplash

L’IA présente plusieurs caractéristiques qui ouvrent de nouvelles possibilités pour les entreprises. Au-delà des caractéristiques fonctionnelles (vision, lecture, compréhension, …), on peut distinguer trois aspects parmi ses caractéristiques fondamentales qui rendent l’IA si importante :

    Elle permet de formuler des prévisions ou des scénarios avec un niveau de détail extrêmement fin. Par exemple, le constructeur automobile Porsche utilise l’IA pour prendre des décisions de production complexes pour faire correspondre les stocks à la demande locale dans les villes du monde entier, en adaptant la combinaison précise de configurations de voitures, parmi des millions d’options potentielles.L’IA permet d’obtenir des résultats analytiques de façon quasi instantanée même sur d’immenses jeux de données non structurées. Elle permet donc une prise de décision en temps réel. Par exemple la compagnie aérienne néerlandaise, KLM, utilise un outil d’IA pour réorganiser le planning de sa flotte d’avions en temps réel lorsqu’une panne survient sur l’un des appareils. En quelques minutes ils peuvent trouver une solution optimale qui n’est souvent pas à la portée d’un opérateur humain dans un laps de temps aussi court.Enfin, l’IA permet d’étendre une solution à l’ensemble du périmètre d’une société de façon très rapide et pour un coût marginal quasi nul, ce qui permet d’amortir plus facilement les coûts de développement. Par exemple si la SNCF met au point un algorithme de maintenance prédictive sur ses motrices TGV, après avoir validé les gains sur un centre de maintenance pilote, elle peut étendre la solution à l’ensemble de son parc.

L’utilisation de l’IA nécessite une collaboration forte entre homme et machine

La crise sanitaire accélère cette transformation, car elle ajoute de l’incertitude et fragilise les sociétés, ce qui rend donc d’autant plus pertinent ces caractéristiques. L’année dernière, une étude du BCG avec le MIT a révélé que seulement 10 % des entreprises tirent des retours financiers importants de leurs investissements dans l’IA. Pour y arriver, il ne suffit pas simplement d’automatiser ou de réduire certaines corvées, il s’agit de créer une collaboration forte entre l’homme et la machine, avec un apprentissage mutuel et non à sens unique.

Cette année, notre nouvelle étude s’appuie sur cette recherche et suggère un autre avantage de l’IA. La grande majorité des entreprises qui utilisent l’IA constatent des gains culturels tangibles, mesurés par le moral de l’équipe, la collaboration, l’efficacité, etc.

C’est parce qu’une utilisation efficace de l’IA initie un cercle vertueux. Le déploiement de la technologie améliore l’efficacité et la prise de décision, ce qui inspire la confiance entre les équipes, clarifiant les rôles individuels tout en facilitant l’apprentissage et la collaboration. Cela engendre à son tour une plus grande confiance et une volonté accrue d’utiliser l’IA.

L’intelligence artificielle pose aussi des questions très sérieuses à l’humanité

Il est impossible de parler de l’IA, sans aborder son application première, et pour paraphraser Yves Lacoste, insister que le fait que l’IA, ça sert d’abord à faire la guerre. L’IA change le rapport de force dans le conflit. L’IA est essentielle pour la surveillance et la détection d’anomalies.

La sécurité du cyberespace, sur lequel repose la majeure partie des fonctions de nos sociétés doit donc beaucoup à l’IA. Mais au-delà le développement de machines douées de l’initiative de décision, comme les robots tueurs par exemple, change radicalement le rapport entre les humains et les machines. Rien d’étonnant à ce que les leaders de l’investissement dans l’IA soient les deux pays en concurrence pour la domination du monde, les Etats-Unis et la Chine.

« Un horizon d’intelligence artificielle généralisée ? » une conférence en direct le 13 octobre de 18h30 à 20h puis disponible en podcast.

Avec :

– François Candelon, directeur général et associé du Boston Consulting Group, et directeur monde de l’Institut BCG Henderson, groupe de réflexion dédié à l’exploration et au développement de nouvelles idées au croisement du monde des affaires, de la technologie et de la science.

– Stéphane Grumbach, spécialiste des données, est directeur de recherche à l’Inria et enseignant à Sciences Po. Son activité de recherche se concentre sur la question de l’impact de la généralisation de la collecte de données et leur traitement algorithmique sur la société.

Animation : Jérémy Cheval

Théâtre chaud bouillant, au festival Sens Interdits

Théâtre chaud bouillant, au festival Sens Interdits

Du 13 au 30 octobre, c’est dans pas moins de 27 lieux que se déploie le festival Sens Interdits, célébrant un théâtre politique et sans concession. L’événement a vocation à mettre en lumière des luttes politiques et militantes à travers le monde.

Projecteurs braqués sur le Chili au festival Sens Interdits cette année avec la pièce « Space Invaders » de Marcelo Leonart, qui met en scène quatre femmes qui tentent de reconstituer les puzzles de leurs enfances violentes dans ce pays d’Amérique du Sud.

Feroz - Une photo de la corporacion de Cultura y Turismo de Calama
Feroz – Une photo de la corporacion de Cultura y Turismo de Calama

Pour « Feroz », mis en scène par Danilo Llanos, cinq acteurs de 16, 17 et 18 ans retracent l’horreur du centre de détention du Sename, service national des mineurs chiliens où sont perpétrés abus et maltraitances.

Cap sur l’Argentine : écrit et mis en scène par Marina Otero, « Fuck me » interroge le passage du temps et les marques qu’un corps en garde au travers des chorégraphies de cinq danseurs et d’une danseuse.

Dans « Virus », une pièce interactive écrite et mise en scène par Yan Duyvendak, les spectateurs sont mis dans la peau d’un gouvernement qui doit réagir face à une pandémie mondiale. Une pièce étonnante qui met chacun face à ce qu’il souhaite vraiment comme « monde d’après ».

Parallèlement le festival consacre une exposition à la révolution sociale chilienne à la galerie des Terreaux. On peut y apprécier le travail du photographe Alejandro Gallardo, qui a capturé la violence et la force des manifestations.

Découvrir la programmation dans son intégralité ici.

#Chili#Sens interdits

Bouchons à Lyon : « Il y a toujours un effet plan de mandat »

Bouchons à Lyon : « Il y a toujours un effet plan de mandat »

[Entretien] Pour comprendre au mieux le mécanisme de création des bouchons à Lyon dans le trafic routier, nous avons interrogé Pierre Soulard, responsable du service mobilité urbaine de la Métropole de Lyon, en poste depuis 10 ans. Si les travaux d’aménagement mis en place par l’exécutif écologiste ont un impact sur le trafic, ils ne sont pas les seuls responsables de la situation, selon lui.

A l’heure où des élus de l’opposition au conseil de la Métropole de Lyon crient à l’asphyxie de l’agglomération lyonnaise, nous revenons sur le phénomène des « bouchons » avec Pierre Soulard, responsable du service mobilité urbaine de la Métropole de Lyon. Aux affaires depuis 10 ans, nous l’avions déjà interrogé, notamment en 2015, sur le contrôle des feux rouges. De Gérard Collomb (PS puis LREM) à Bruno Bernard (EELV), il invite à prendre en compte « l’effet mandat » et les conséquences, parfois contre-intuitives, du déconfinement.

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Les femmes dans la musique : « J’aimerais assister à un plateau féminin sans parler de ‘soirée filles’ »

Les femmes dans la musique : « J’aimerais assister à un plateau féminin sans parler de ‘soirée filles’ »

Dans le cadre de l’événement « A corps et à cris » proposé par le réseau de la Bibliothèque municipale de Lyon, L’Influx, magazine de la bibliothèque, a voulu mettre à l’honneur des femmes du milieu de la musique lyonnaise, avec une publication de leurs portraits.

L’Influx souhaite que cette série d’interviews pourra « concourir à la visibilité de leur parcours, de leurs réalisations et donne à voir la multiplicité des métiers qu’elles occupent ».

Première d’entre elles : Sophie Broyer. De ses débuts en tant que bénévole à ses postes de programmatrice (Antipode à Rennes, l’Épicerie Moderne à Feyzin), cette lyonnaise a tissé un parcours riche et varié, qui l’a menée entre autres à des missions de formation au management dans le secteur culturel. Elle est aujourd’hui conseillère artistique musique, responsable des productions des Nuits de Fourvière.

« L’Épicerie moderne est un projet génial avec une liberté artistique et une souplesse incroyable »

L’Influx : Quel est votre parcours, comment vous a-t-il menée jusqu’au métier que vous avez aujourd’hui ?

Sophie Broyer : J’ai débuté dans l’éducation populaire. J’ai travaillé 10 ans dans le socioculturel en tant qu’animatrice, responsable d’équipe et formatrice. Tout en faisant mes études. C’est en faisant mon stage de DEFA (ancien DEPJPS) que j’ai pu créer une mission de médiation dans une SMAC à Rennes qui était aussi une MJC.

En parallèle j’étais déjà bénévole sur les concerts, sur tous les postes, et je passais toutes mes soirées là-bas. Il y avait une programmation très rock avec des publics très différents (punk, ska, métal etc.). Suite au départ du coordinateur, il m’a proposé de postuler sur son poste.

C’était un peu fou comme pari car j’étais jeune et je n’avais jamais fait de programmation. J’ai eu le poste. Je me suis lancée dans cette aventure qui a duré 6 ans. J’ai pu expérimenter beaucoup de choses : le management, la création, l’accompagnement d’artistes, la programmation etc. Les conditions étaient difficiles. Peu de moyens et beaucoup d’heures de travail.

J’ai donc commencé à regarder ailleurs et j’ai postulé à l’Épicerie moderne sur le poste de direction programmation. J’y suis restée 6 ans. C’est un projet génial avec une liberté artistique et une souplesse incroyable. Avec l’équipe nous partagions vraiment les choix artistiques, les envies de défendre des esthétiques moins connues et nous avons eu des magnifiques moments de live.

Mais la direction d’une structure peut être très chronophage et comme j’avais enchaîné les deux postes, au bout de 12 ans cumulés, j’ai décidé de faire autre chose. Je suis donc partie à l’aventure, prendre du temps pour moi, voyager, me former, passer du temps avec ma famille et mes amis. J’ai adoré cette période, même si elle était source d’angoisses financières, j’ai pu expérimenter plein de pistes pour développer ma curiosité et mes compétences.

J’ai donc fait quelques missions pour la Halle Tony Garnier, pour les Inouïs du Printemps de Bourges, j’ai accompagné la fusion des réseaux Musiques Actuelles en région, et j’ai même travaillé à l’Opéra de Lyon pendant une saison en tant que responsable du service de la médiation. Un tout autre monde !

Toujours en parallèle de cette période d’expérimentation, et suite à mon accompagnement sur les réseaux, j’ai créé ma boîte, Trente-trois, afin de proposer des accompagnements aux structures sur l’organisation du travail, la prévention des risques psychosociaux, et le management. Je suis passionnée par notre rapport au travail. Quelle place il a dans nos vies, comment on s’en empare et notamment dans le milieu culturel qui est très spécifique ? Je commençais à avoir pas mal de formations, d’ateliers et d’accompagnement et je faisais même un petit remplacement en programmation dans une super SMAC du Jura, Le moulin de Brainans. J’étais contente de retrouver l’artistique.

Et là, l’équipe des Nuits de Fourvière m’a contactée (j’ai toujours adoré ce lieu, je trouve que le rapport public artiste est particulier). J’ai donc décidé de replonger dans un CDI et me voilà conseillère artistique et responsable des productions sur le festival. Je conserve ma boîte et je continue à faire quelques ateliers et formations dès que le temps me le permet.

Pouvez-vous décrire votre métier ?

Avec Dominique Delorme [le directeur des Nuits de Fourvière, ndlr], nous échangeons sur des idées de programmation. Je suis spécialisée sur la musique et je gère les relations avec les tourneurs. Nous construisons la programmation du festival et nous produisons aussi quelques créations. Mais ayant commencé en mai 2020 avec une édition annulée, j’ai géré des reports et des annulations.

Pendant le festival, je suis en charge du service des productions. J’ai une équipe d’une dizaine de personnes. Nous organisons l’accueil des artistes, les transports, le catering, les hébergements, les petites faims à minuit ou les demandes surprises. C’est un service génial car nous travaillons avec tous les corps de métiers.

« Dans la musique, le harcèlement, les brimades, les humiliations sont souvent envers des femmes (et des hommes) qui n’ont pas le pouvoir de responsabilité »

Dans votre parcours, vous avez très tôt pris des postes à responsabilités dans des salles de concerts : est-ce que le fait d’être une femme dans un milieu très masculin a pu ajouter à la difficulté de ce type de poste ?

Oui. Mais à l’époque (il y a 20 ans) ce n’était pas vraiment vécu comme tel. On ne parlait pas de féminisme dans ce milieu. Je pensais surtout que c’était parce que j’étais jeune qu’il fallait que je fasse mes preuves. Mais avec le recul et surtout avec l’éducation au féminisme que j’ai pu entreprendre depuis plusieurs années, je m’aperçois qu’il y a eu aussi beaucoup d’entraves dues à mon genre. C’était, et c’est encore, un milieu à majorité masculine. Il y a des propos, des actes, foncièrement sexistes et violents.

J’ai pu assister (et réagir) à ce type de comportements régulièrement. Mais pas envers moi. Comme j’étais en situation de responsabilité très tôt, ma condition de femme n’était pas attaquée aussi directement. En effet, le harcèlement, les brimades, les humiliations, les propos sexistes clairs et violents, sont souvent envers des femmes (et des hommes) qui n’ont pas le pouvoir de responsabilité.

Tout est question de domination et d’emprise. Mais la discrimination envers les femmes peut être plus pernicieuse, plus latente. Elle peut même être inconsciente. Elle est aussi dans des petits mots au quotidien, des gestes, des réflexions… Elle vient de vos pairs, de votre entourage, de partout.

C’est cela qui, sur le long terme et inexorablement, griffe votre légitimité et vous fait douter de vos capacités. Il y a encore beaucoup de travail à faire, beaucoup de déconstruction des stéréotypes de genre, et ce, de la part des hommes et des femmes.

Sophie Broyer influx

Quelles sont les figures qui vous ont marquée dans votre parcours ? Auxquelles vous avez pu vous identifier, ou qui ont compté dans votre construction personnelle ? Au contraire, y a-t-il des figures qui vous ont manqué dans cette identification ?

Je suis arrivée dans le monde des concerts parce que j’aimais la musique et le live. Mais surtout, j’ai commencé à voir des artistes comme P.J Harvey (qui, en plus, à l’époque, avait une batteuse avec elle), ces figures de femmes dans le rock ont eu beaucoup d’influence sur moi. Je ne voulais pas être chanteuse mais grâce à elles, qui avait l’air de tout gérer, de maitriser leur image, leur art, j’ai eu l’impression qu’il était possible d’être une femme dans ce milieu. Et que c’était même plutôt classe.

A cette époque (début 2000), rares étaient les figures féminines professionnelles et donc non je n’ai eu aucune identification possible sur mes postes. Je me suis plus identifiée à une façon de faire, un type de programmation, auprès de programmateurs dont j’aimais le travail et la façon de travailler.

J’ai commencé à ressentir le sexisme à partir du moment où les hommes étaient en groupe autour de moi : l’équipe technique, le groupe de programmateurs ou directeurs lors d’un séminaire national, etc. En individuel, je n’ai presque jamais eu de problème de ce type-là au travail. Mais j’étais déjà en position de management donc de « pouvoir », et le harcèlement au travail encore une fois ne se fait pas dans ce sens-là.

« Il ne faut pas condamner les festivals ou salles qui ne programment pas assez de femmes. Il faut les accompagner »

Une étude du CNM sur la visibilité des femmes dans les festivals de musique vient de paraître : le constat global est net, les femmes sont bien moins programmées que les hommes, qu’elles soient artiste solo ou musiciennes dans des groupes (seulement 14% des artistes programmés en 2019). Ce n’est pas la première étude sur le sujet, et on peut dire que c’est un des enjeux dont les salles de concerts et festivals devront s’emparer, ou se sont déjà emparés.

J’imagine que les Nuits de Fourvière travaillent sur cette question, qu’allez-vous proposer pour que les artistes femmes puissent accéder plus facilement à la scène ? Grâce à votre expérience dans le milieu musical quels freins avez-vous pu identifier dans la carrière des artistes femmes ?

Qu’allons-nous proposer ? Surtout pas un plateau annoncé et revendiqué comme 100% féminin ! Je ne supporte plus ça. Il se pourrait qu’il y ait effectivement des plateaux 100% féminin (et encore c’est extrêmement rare si vous comptez toutes les personnes présentes sur scène). Mais je ne veux surtout pas qu’on le remarque. J’aimerais qu’on assiste à un plateau féminin sans se dire : ‘c’était une soirée filles’. Non. C’était une soirée de rock ou de pop ou de hip-hop…

Après, il est vrai que j’ai tendance à compter le nombre de femmes, tout le temps. Et qu’il y a encore trop de plateaux uniquement masculins. Donc nous allons y être vigilants et je sais que les chiffres ne sont pas bons mais il faut avoir de la persévérance et du temps pour aller chercher d’autres groupes que les groupes qui font l’actualité et qui cachent tous les autres et notamment souvent les artistes féminines. C’est un travail de longue haleine mais il est extrêmement important.

Il ne faut pas condamner les festivals ou salles qui ne programment pas assez de femmes. Il faut les accompagner à le faire dans une réalité difficile puisque nous sommes face à un déséquilibre dès le départ.

Les artistes féminines sont encore trop invisibilisées.  Et puis c’est un cercle vertueux qui devrait se mettre en place. Plus on arrive à mettre des femmes sur une scène, ou en écriture, ou en composition, en autrice, et plus les jeunes femmes auront des modèles qui les encourageront à progresser dans leurs arts ou leurs volontés professionnelles sans frein de discrimination de genre. Et donc plus on aura des artistes femmes dans les choix de programmation.

Être une femme artiste est compliqué, surtout en début de carrière. Il y a encore beaucoup de sexisme, il faut travailler tout le temps sa légitimité, son savoir-faire, c’est usant. Il y a beaucoup le syndrome du Boy’s Club, les hommes restent entre eux, font de la musique entre eux et ne parlent pas musique avec des femmes ou bien nous expliquent la musique…

J’exagère un peu évidemment, mais cette tendance est encore là, bien présente. Encore une fois ce n’est pas dans la caricature que cela arrive, mais bel est bien dans de tous petits moments, des petites phrases, des petits gestes, mais qui sont là, tous les jours. Usant. Il faut du courage et il est important de se rendre compte de ça aujourd’hui afin d’accompagner les femmes dans leur projet artistique.

[…] Lire la suite sur le site de L’influx.

Pass sanitaire : un treizième samedi de manifestations à Lyon

Pass sanitaire : un treizième samedi de manifestations à Lyon

Deux manifestations sont prévues sur Lyon contre le pass sanitaire ce samedi 9 octobre. L’une a été déclarée en préfecture, l’autre non.

De moins en moins nombreux, les manifestants contre le pass sanitaire se retrouvent à Lyon pour une treizième semaine d’action ce samedi 9 octobre. L’un des cortèges est déclaré, l’autre non. A la différence des dernières manifestations, les deux devraient se retrouver. Difficile de savoir si cela a été prévu par les organisateurs. Un autre rassemblement de Gilet jaunes plus « classique » est annoncé sur Villeurbanne.

Le cortège contre la Coronafolie de nouveau dans la rue

Le traditionnel cortège contre la « Coronafolie » reprendra le même lieu de départ que les semaines précédentes. Il quittera les Brotteaux à 14 h pour se rendre place Maréchal-Liautey.

Le collectif est connu pour partager sur les réseaux sociaux les positions publiques de Florian Philippot, le leader très à droite du mouvement « Les patriotes ». Néanmoins, il se revendique apartisan. Le rassemblement a été déclaré en préfecture. Ce dernier a été quasiment présent tous les samedis depuis fin juillet et le début des manifestations lyonnaises.

Manifestation à Lyon
Ce samedi 7 août, deux parcours ont été déclarés en préfecture pour des manifestations contre le pass sanitaire, à Lyon. Capture d’écran d’un groupe Facebook de gilets jaunes.

Gilets jaunes : un rassemblement contre le pass et un autre plus classique

Selon la préfecture, un autre rassemblement est prévu place Maréchal-Lyautey, à 14 h. Non déclarée, cette manifestation, comptant quelques Gilets jaunes, selon la préfecture, devrait prendre la forme d’un rassemblement. Dans un post Facebook, cet appel semble viser, globalement, « la politique de Macron », sans plus de précision.

Particularité du choix des parcours : ces derniers pourraient croiser les membres du premier cortège. Une chose qui ne s’est jamais produite (volontairement) jusqu’à présent.

Sur les réseaux sociaux, un appel beaucoup plus « classique » de Gilets jaunes circule pour un rassemblement à Villeurbanne. Entre 11 h et 16 h, ces derniers donnent rendez-vous au rond-point de Salengro-Buers à Villeurbanne pour « rendre visible la lutte », effectuer des tractages, échanger entre manifestants… Un retour aux origines du mouvement en somme. Le pass sanitaire n’est pas mentionné dans le post présentant l’action.

Ces appels restent des appels « citoyens » sans participation syndicales. Ces derniers ont participé à une journée de mobilisation interprofessionnelle le mardi 5 octobre. Entre 2300 (selon la police) et 6 000 personnes (selon la CGT) ont manifesté à Lyon.

Métro de Lyon : on connaît le niveau de pollution de l’air dans les stations

Métro de Lyon : on connaît le niveau de pollution de l’air dans les stations

Fin septembre, Atmo Rhône Alpes a publié un rapport sur la pollution de l’air dans le métro de Lyon. Des mesures ont été menées dans la quasi totalité des stations et permettent d’avoir une idée plus précise des niveaux de pollution atmosphérique aux particules fines. Mais faute de règlementation, comme pour l’air extérieur, impossible ou presque de les apprécier.

C’est la première fois qu’une étude propose des mesures de la pollution de l’air dans autant de stations de métro de Lyon. Des travaux sont en cours depuis plusieurs années mais ils n’avaient jamais porté sur la quasi totalité des stations du métro de Lyon. Alors que dans certaines villes, comme Paris, des mesures étaient disponibles et connues, elles manquaient toujours à Lyon.

Sans grande surprise, le rapport montre que l’air dans les stations du métro de Lyon est bien plus pollué en particules fines qu’en surface. Publié fin septembre, le rapport d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, organisme certifié de contrôle de la qualité de l’air, fait suite à une première étude menée en 2019. Contrairement à la précédente, principalement menée dans la station Saxe-Gambetta, celle-ci concerne toutes les stations de métro de Lyon à l’exception de celles de la ligne C (Hôtel de Ville – Cuire).

Station de métro à Lyon. crédit Romain Chevalier/Rue89Lyon
Station de métro à Lyon. crédit Romain Chevalier/Rue89Lyon

Vieux Lyon, la station de métro où l’air est le plus pollué

Le rapport présente notamment la concentration de particules fines PM10 (parmi les plus grosses) sur les quais des stations de métro. Les mesures ont été effectuées durant 8 jours au mois de septembre 2020, durant les heures de pointe du matin et du soir et hors week-end. Elles permettent d’établir ce que le l’organisme appelle une hiérarchisation des stations par rapport à leur niveau de concentration de PM 10.

(vous pouvez voir le classement toutes lignes confondues ou filtrer par ligne de métro)

Ce « classement » permet de voir que la station Vieux-Lyon, sur la ligne D du métro, est de loin celle où l’air est le plus pollué. La concentration moyenne de PM10 avoisine les 160 micro-grammes par mètre cube d’air en heures de pointe. Presque deux fois plus que sur les quais de la ligne B à Saxe-Gambetta, pourtant troisième station présentant la plus forte concentration.

Un niveau de concentration qui s’explique selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes par la configuration de la station. Très profonde, le renouvellement de l’air y est plus difficile qu’ailleurs. À l’inverse, par exemple, de la station Vaulx-en-Velin-La Soie, peu enterrée et plus largement aérée qui présente le niveau moyen de concentration le plus faible.

La station de métro de Vaulx-en-Velin La soie. Crédits Archipel CDCU
La station de métro de Vaulx-en-Velin La soie. Crédits Archipel CDCU

La ligne B du métro plus polluée que les autres ?

Le détail par lignes de métro montre des niveaux de concentration relativement proches. On note toutefois des niveaux moyens de PM10 plus importants dans les stations de la ligne B.

Atmo indique que :

« Les moyennes «15 min» enregistrées sont donc fortement liées à la fréquentation de la station, à la période de la journée(heures de pointe le matin de 7h à 9h et en fin de journée de 17h à 19h)et au nombre de rames en circulation »

Une situation qui colle plutôt bien à la ligne B. Elle compte moins de stations que les autres lignes du réseau et une bonne moitié sont très fréquentées : Charpennes, Part-Dieu, Saxe-Gambetta, Gare d’Oullins ou encore Place Jean Jaurès aux heures de pointe.

Une pollution de l’air marquée par des particules de fer

Quelles sont les sources de pollution de l’air dans les stations de métro ? Suite à son enquête de hiérarchisation des stations, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, a approfondi les mesures dans trois stations du réseau : Vieux-Lyon, Saxe Gambetta et Foch.

Il ainsi relevé que beaucoup de particules provenaient de métaux lourds. Dans les trois stations investiguées, 70 à 80% des particules de métaux lourds sont des particules de fer puis viennent celles de zinc, cuivre et manganèse.

D’où proviennent ces particules ? Essentiellement du système de freinage des rames engendrant des frictions roues-frein ou avec les rails. Pour les autres particules de métaux lourds retrouvées, l’organisme indique qu’elles pourraient provenir de la pollution de l’air en surface qui s’engouffre dans les stations. Dans la Métropole de Lyon l’air extérieur est fréquemment pollué. En octobre 2019, la Cour de justice de l’Union Européenne avait d’ailleurs condamné la France pour une pollution atmosphérique (au dioxyde d’azote particulièrement) trop fréquente ces dix dernières années dans douze villes du pays dont Lyon.

Ces analyses sur un temps plus long dans ces trois stations ont permis de confirmer les niveaux moyens constatés dans l’étude de « hiérarchisation » des stations. Elles ont également permis de mesure encore plus finement les particules fines. Ainsi, dans ces trois stations les particules PM 2,5 (plus fines encore) représentent 50% du niveau des PM 10.

Les niveaux de pollution de l’air dans le métro de Lyon sont-ils inquiétants ?

C’est pour l’heure la principale et importante limite de l’étude sur la pollution de l’air dans le métro de Lyon. On ne sait pas.

Comme le rappelle Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, il n’existe pas de règlementation en matière de qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines. Alors même que la qualité de l’air extérieur est encadrée par des normes nationales ou européennes. Des normes qui permettent notamment de fixer des seuils d’information ou d’alerte et de mettre en place des mesures de restriction de la circulation automobile notamment lors de pics de pollution.

En matière de qualité de l’air souterrain l’organisme indique que :

« Seules des valeurs de référence pour les particules PM10 et destinées aux usagers des transports, ont été définies par le CSHPF (Conseil Supérieur d’Hygiène Public de France) lors de plusieurs avis sur le sujet entre 2000 et 2001. Ces valeurs sont déterminées pour une année en fonction des durées quotidiennes de séjour dans les EFS et dépendent aussi de la concentration extérieure (sur une année complète). »

Ces valeurs de référence pour la concentration de PM10 en 2020 sont les suivantes :

    pour un temps de trajet de 1 heure : 395 μg/m3pour un temps de trajet de 30 minutes : 755 @g/m3.

Ces valeurs ne sont qu’indicatives et surtout jugées « obsolètes et actuellement en cours de révision » précise Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Autrement dit, on a pris les relevés mais on n’a pas de grille de lecture.

Au regard de ces valeurs de référence, l’air dans les stations de métro de Lyon serait donc plutôt bon. La station où l’air est le plus mauvais, Vieux Lyon (162 μg/m3 en moyenne), se situe loin de ces seuils de référence. Atmo Rhône-Alpes indique toutefois que quatre dépassements du seuil de 395 μg/m3 ont été mesurés en 2020 dans la station Saxe Gambetta.

Des mesures à consolider en 2021

Ces seuils n’ont rien à voir avec ceux en vigueur pour l’air extérieur. En surface, le seuil d’alerte est ainsi fixé à 50 μg/m3 pour les particules fines PM10. Mais ils ne peuvent être pris comme autre point de comparaison. Le temps passé dans le métro ou d’autres transports souterrains n’a rien à voir avec celui passé en surface. Et les environnements sont totalement différents.

Enfin, la dernière limite réside dans l’évolution dans le temps. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes note une amélioration de la qualité de l’air à Saxe-Gambetta (sur la ligne B) avec une baisse des niveaux moyens de PM10 entre 2019 et 20202. Or, comme il le rappelle, les mesures de 2019 n’avaient porté que sur quelques semaines alors que les mesures en 2020 concernent l’année entière. Là aussi, difficile d’obtenir un référentiel et un point de comparaison totalement opérants.

2021 pourrait donc permettre des premières évolutions consolidées dans les mesures de la qualité de l’air du métro de Lyon.

Le festival Agir à Lyon de retour ce dimanche

Le festival Agir à Lyon de retour ce dimanche

Ce dimanche 10 octobre se tient le festival Agir à Lyon, organisé par l’association Anciela, dans la « Maison pour tous, les Rancy » (3e arr). Un moment-clef pour découvrir la vie militante et associative lyonnaise. Petit point sur le programme.

Le festival Agir à Lyon reprend ses marques à la maison pour tous les Rancy (3e arr) ce dimanche 10 octobre. Organisé par l’association Anciela, cet événement propose différentes manières de s’engager dans la ville. Objectif : tenter, à son échelle, d’aller vers une société plus écologique, sociale et solidaire à travers des rencontres d’associations, des conférences, etc.

Au programme : un cycle de conférences dites « inspirantes ». A 11h, la première sera consacrée au « passage à l’action » avec le regard croisé de plusieurs membres d’associations.

Il sera aussi question de voyager autrement (à partir de 12h15), de mettre son argent au service de la transition écologique (13 h 30), d’être un parent écolo (14h45), de lutter contre l’isolement (16 h) ou encore de travailler pour plus de justice alimentaire (17h15).

Agir à Lyon : un speed-dating pour découvrir les associations

En parallèle, différentes activités sont organisées. Des balades découvertes sur les initiatives écologiques dans Lyon auront lieu de 12h15 à 18 h ainsi que des marches consacrées à la biodiversité citadine. De nombreux ateliers sont prévus sur la thématique du compost, de la réduction des déchets, de l’habit responsable, etc.

Anciela renouvelle également son « speed dating » des associations. Celui-ci permet de rencontrer, tous les quarts d’heure, une association lyonnaise engagée dans le zéro-déchet, la solidarité, l’accueil des migrants, etc. En vrac, on peut noter la présence de Terre d’Ancrages, les petites cantines, la Gonette, la FNE, la LPO, Extinction Rebellion (XR)… En tout, plus d’une quarantaine de structures seront représentées.

Pour plus de détails sur le programme, rendez-vous ici. Les portes de la maison de Rancy ouvriront à 10h30 pour se refermer à 18h. L’entrée est gratuite. Un espace enfant est prévu à la salle des cultures de 10h30 à 17h30. Les participants doivent se munir d’un pass sanitaire. Comme l’année dernière, l’organisation recommande de réserver en amont.

Festival agir à Lyon d'anciela
Le festival Agir à Lyon a lieu ce dimanche 10 octobre dans la Maison pour tous – les Rancy.Photo : Anciela
#Anciela

Extrême droite à Lyon : l’impact relatif de la dissolution de Génération identitaire

Extrême droite à Lyon : l’impact relatif de la dissolution de Génération identitaire

A Lyon ce jeudi 7 octobre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a promis des mesures si les militants du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire continuaient leurs actions. Sa dissolution ne semble pas avoir fait reculer l’extrême droite dans les rues de Lyon. Au contraire.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en déplacement à Lyon ce jeudi 7 octobre. Dans une interview accordée au Progrès, il a principalement mis l’accent sur les moyens qu’il comptait mettre pour lutter contre l’insécurité, en particulier contre le trafic de drogue à Rillieux-la-Pape et à Villeurbanne, et contre la radicalisation. Y compris d’extrême droite, a-t-il assuré, en faisant allusion à l’ex-bar des Identitaires, la Traboule, et leur salle de boxe, l’Agogé, toujours ouverts :

« Si des personnes qui appartenaient à Génération identitaire, visées par mes services, se retrouvent regroupées, si le suivi montrait qu’ils sont en relation, qu’ils ont des intérêts communs, il est évident que nous reprendrions des dispositions pour dissoudre et fermer ces lieux. »

Or, il s’avère que les militants d’extrême droite sont toujours bien présents dans les rues de Lyon. Lors de la dissolution de Génération identitaire, Gérald Darmanin avait annoncé que si ses membres tentaient de reformer un groupe similaire sous un autre nom, ils encourraient une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

La Traboule, espace de détente de Génération identitaire à Lyon. Janvier 2017 ©Léo Germain/Rue89Lyon.
La Traboule, espace de détente de Génération identitaire à Lyon. Janvier 2017Photo : Léo Germain/Rue89Lyon.

Les Remparts de Lyon, alter ego de Génération identitaire

On prend les mêmes et on recommence. C’est un peu ce qu’il semble s’être passé à Lyon après la dissolution du groupuscule d’extrême-droite Génération identitaire le 3 mars dernier.

Sur les réseaux sociaux, le compte Twitter « Les Remparts Lyon », qui faisait sporadiquement la communication de l’Agogé, l’ex-salle de boxe des Identitaires, depuis juillet 2019, a repris du service.

Le 8 septembre dernier, « Les Remparts de Lyon » annonçaient dans un communiqué la création d’un « complexe communautaire, culturel et sportif » au cœur du Vieux-Lyon. Une communication largement reprise par de nombreux médias, nationaux ou locaux. Certains annonçant même l’ouverture de nouveaux locaux. Il n’était pourtant question que d’un nouveau nom pour des lieux qui n’ont jamais fermé.

En effet, La Traboule, où Génération identitaire avait fixé son siège national, est gérée par une autre association, du même nom que le bar. Tout comme la salle de boxe de l’Agogé. Ces deux associations satellites n’ont pas été concernées par la mesure de dissolution prise en conseil des ministres en mars 2021.

Un nouveau nom pour des mêmes locaux donc. Depuis, les activités culturelles et sportives ne manquent pas : « soirée serbe » avec la diffusion d’un combat de boxe le 11 septembre dernier, conférence sur « l’Union européenne contre les peuples » le 17 septembre, la reprise des cours de boxe à l’Agogé, le débat Zemmour-Mélenchon retransmis le 23, des soirées étudiantes tous les mercredis, un « apéro enraciné lyonnais » les vendredis… Bref, les anciens locaux de Génération identitaire sont toujours bien fréquentés.

Conférence de presse à l'Agogé, club de boxe de Génération identitaire le 27 janvier 2017 à Lyon ©Léo Germain/Rue89Lyon.
Arnaud Delrieux, un responsable de Génération identitaire lors de la conférence de presse inaugurale de « l’Agogé », leur salle de boxe, 27 janvier 2017Photo : Léo Germain/Rue89Lyon.

L’extrême droite active dans les rues de Lyon depuis la dissolution de Génération identitaire

Force est de constater que cette dissolution n’a pas eu un gros impact sur l’extrême droite lyonnaise. Comme après la dissolution du Bastion Social, qui s’était accompagné de leurs locaux cette fois, certains groupes se montrent particulièrement actifs. En témoignent les faits divers qui émaillent régulièrement la presse locale.

Deux semaines après la dissolution des identitaires, la librairie libertaire de La Plume noire, sur les pentes de la Croix-Rousse, a été attaquée par une quarantaine de personnes scandant des slogans d’extrême droite. Le local avait déjà été attaqué à plusieurs reprises, en décembre 2020 et dès novembre 2016. Forcément, ni feu Génération identitaire ni aucun groupuscule d’extrême droite n’a revendiqué ces attaques.

Fin juin, des affrontements ont eu lieu rue Mercière, dans le 1er arrondissement de Lyon, en marge du match France-Suisse. En cause notamment, deux figures de l’extrême droite radicale lyonnaise : Eliot Bertin, l’un des leaders de Lyon Populaire, et Adrien Lasalle, cadre de feu Génération identitaire…

Plus récemment, le 29 septembre dernier, des militant·es antifascistes de la Jeune garde racontent s’être fait agresser par « une vingtaine de fascistes » à la sortie d’une conférence sur l’extrême droite vers Perrache. Le lendemain, jour du match entre l’OL et le club danois de Brondby, plusieurs rixes entre supporters de foot ont éclaté dans le centre-ville de Lyon. Une trentaine de personnes ont notamment déferlé sur la place Bellecour aux cris de « white power ».

Au festival Lumière, dinosaures et leçon de piano

Au festival Lumière, dinosaures et leçon de piano

Le festival Lumière, rendez-vous international du cinéma de patrimoine, démarre ce week-end et durera jusqu’au 17 octobre, à Lyon. Cette 13è édition consacrera spécialement la cinéaste Jane Campion.

Allo les cinéphiles, plusieurs temps forts sont prévus. Après les frères Dardennes en 2020, c’est la cinéaste Jane Campion qui repartira avec le prix Lumière le vendredi 15 octobre. C’est d’ailleurs le film culte de la réalisatrice, « La leçon de piano » qui clôturera le festival deux jours plus tard.

La programmation de films est une fois encore pléthorique : la nuit du cinéma édition 2021 mettra le cap sur la « Isla Nublar » et offrira un moment 100% dinosaures à ses spectateurs. Quatre des volets de Jurassic Park s’enchaîneront à la halle Tony Garnier (Lyon 7e), de 21 heures jusqu’à l’aube.

Kinuyo Tanaka, à l’affiche du festival Lumière 2022. Une photo par Nikkatsu, sur le tournage de « La lune s’est levée » Photo : 1955

Deux des cinés-concerts de cette édition se tiendront à l’auditorium de Lyon (Lyon 3e). Casanova, par Alexandre Volkoff et accompagné par l’orchestre national de Lyon et La Grève de Sergueï, par M. Eisenstein, accompagné à l’orgue par Samuel Liégeon.

Le festival Lumière met à l’honneur la blaxploitation

Plusieurs rétrospectives célèbreront les 50 ans de la « blaxploitation » -un courant culturel et social né aux Etats-Unis dans les années 1970, visant à revaloriser l’image des Afro-Américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan.

L’Amérique de Sydney Pollack, les 50 ans de la carrière de Clint Eastwood ou encore les 30 ans du Van Gogh de Pialat seront aussi mis à l’honneur ; suivis par des rétrospectives de Bertrand Tavernier, Kinuyo Tanaka, réalisatrice de l’âge d’or du cinéma japonais ou encore Gilles Grangier et son cinéma populaire français.

Richard Roundtree dans Shaft de Gordon Parks (1971)
Richard Roundtree dans Shaft de Gordon Parks (1971) / photo : MGM/CR

De nombreux films cultes tels que ceux de Marcel Pagnol, Michael Powell ou Luis Buñuel seront projetés pour la sélection « Lumière Classics », mettant en avant des classiques toutes catégories confondues, du cinéma français ou international en passant par les films en noir et blanc.

Programme complet et billetterie.

Pédocriminalité dans l’Église : le diocèse de Lyon particulièrement concerné

Pédocriminalité dans l’Église : le diocèse de Lyon particulièrement concerné

D’après le rapport Sauvé de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) rendu mardi 5 octobre, 300 000 personnes ont été victimes d’agressions sexuelles de 1950 à 2020, dont nombre d’entre elles dans le diocèse de Lyon.

300 000. C’est le nombre de personnes victimes d’agressions sexuelles dans le cadre de l’Église catholique, d’après le « rapport Sauvé » rendu mardi 5 octobre par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), du nom de Jean-Marc Sauvé, le président de la commission. Au terme de deux ans et demi d’enquête, d’analyse d’archives et de recueil de témoignages, la CIASE est arrivée à ce nombre glaçant de victimes, agressées sexuellement entre 1950 et 2020. Plus précisément, 216 000 d’entre elles ont été agressées par des prêtres ou des religieux tandis que les 114 000 autres l’ont été par des laïcs en mission ecclésiale (enseignement catholique, scouts…).

A Lyon, les affaires Preynat et Barbarin avaient déjà fait trembler l’Église catholique locale. D’après le rapport final de la CIASE, il s’avère que le diocèse de Lyon est l’un des territoires qui a enregistré le plus fort taux d’actes de pédocriminalité commises dans le cadre de l’Église catholique.

Les « foyers historiques du catholicisme » comme le diocèse de Lyon les plus représentés dans les affaires de pédocriminalité

D’après la CIASE, il semble que la répartition géographique des agressions sexuelles soit liée au « niveau de catholicité » du territoire.

Au fil de son enquête, la CIASE a identifié les territoires qui ont enregistré le plus fort taux d’agressions sexuelles commises dans le cadre de l’Église catholique depuis les années 1950, d’après le pourcentage d’agresseurs recensés dans les 104 diocèses français.

« Les diocèses à l’ouest de la Mayenne, ceux du Nord, l’Alsace, la Moselle, Besançon et le diocèse de Lyon constituent un arc de catholicité d’où sont originaires un nombre conséquent d’auteurs de violences sexuelles, constate le rapport final. […] La géographie des violences sexuelles déclarées dans l’Église catholique apparaît conforme à celle des foyers historiques du catholicisme : les périphéries de l’ouest, de l’est et du nord sont les zones les plus représentées avec les métropoles parisienne et lyonnaise. »

Dès les années 1950, des violences sexuelles commises dans le cadre de l’Église catholique sont déjà enregistrées dans certains diocèses de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le diocèse de Grenoble-Vienne en particulier (Isère), ainsi que ceux du Puy-en-Velay (Haute-Loire), de Viviers et d’Annecy (Haute-Savoie), dans une moindre mesure.

À partir des années 1970 et jusqu’au début des années 1990, on observe une baisse des violences sexuelles enregistrées dans les diocèses. Une diminution à prendre avec des pincettes, prévient la CIASE, et qui serait liée tout simplement à une baisse des effectifs de prêtres à cette époque.

Dans la région, les chiffres ne baissent pas cependant. De 1970 à 1990, en plus des diocèses de Grenoble-Vienne et de Viviers, ce sont ceux de Lyon et de Clermont qui recensent des violences sexuelles commises dans le cadre de l’Église catholique.

Depuis les années 90, l’immense majorité des diocèses de France métropolitaine et d’outre-mer sont concernés.

Dans le diocèse de Lyon, au moins 76 hommes d’Église auteurs d’agressions sexuelles

En réaction à ce rapport final de la CIASE, Olivier de Germay, l’archevêque de Lyon, a reconnu la défaillance de l’Église dans l’accompagnement des victimes et la gestion des auteurs des agressions sexuelles. Il énonce également quelques chiffres qui concernent particulièrement le diocèse de Lyon :

« Dans le diocèse de Lyon, entre 1950 et aujourd’hui, 76 cas de prêtres et religieux auteurs d’abus sexuels ont été recensés, dont 49 sur personnes mineures. Mais le rapport établit que de nombreuses personnes victimes ne se sont pas fait connaître. La publication de ce texte est douloureuse. C’est un choc pour l’Église. Ce choc sera salutaire s’il est l’occasion de regarder la réalité en face et de prendre les mesures nécessaires. »

L’archevêque conclut le communiqué en demandant « pardon » aux victimes avant de se fendre d’une pensée pour les « innombrables prêtres, diacres ou consacrés qui se mettent humblement et quotidiennement au service des autres. »

Mgr Olivier de Germay @Diocèse d'Ajaccio
Mgr Olivier de Germay @Diocèse d’Ajaccio

2900 à 3200 auteurs d’agressions sexuelles dans l’Église catholique

En comparant les chiffres des violences sexuelles commises dans le cadre de l’Église catholique avec ceux des autres types de violences sexuelles, la CIASE a identifié une prévalence des premières dans certains territoires dont la région Auvergne-Rhône-Alpes.

D’après les chiffres de la CIASE, 14,5% des personnes qui ont répondu à l’enquête affirme avoir subi leur première agression dans la région, contre 17,6% en Île-de-France et 19,2% dans le Grand Ouest (Bretagne et Pays-de-la-Loire).

Si les affaires d’agressions sexuelles sont plus nombreuses dans les diocèses dits « de chrétienté » (avec une forte implantation catholique) comme celui de Lyon, les autres ne sont pas épargnés. Au contraire : on y recense certes moins d’affaires, mais plus d’affaires par prêtre.

A partir des archives des diocèses, la CIASE a estimé le nombre d’auteurs d’agressions sexuelles à entre 2900 à 3200. Minimum.

Dans un tiers des cas, les agresseurs sont des prêtres de la paroisse. Il peut aussi s’agir d’enseignants membres du clergé (24,5% des cas) ou d’autres prêtres (22,8%). Dans une moindre mesure, on trouve dans les rangs des agresseurs quelques aumôniers et animateurs de mouvements de jeunesse (14,8%) ainsi que d’autres religieux de manière minoritaire (7%).

93% des victimes d’agressions sexuelles dans le cadre de l’Église catholique étaient mineures

Les victimes de ces agressions sont en très grande majorité des garçons (80%) âgés de 10 à 11 ans. Dans la quasi-totalité des cas (93%), les victimes, garçons ou filles, étaient mineures. Au fil des années, la CIASE note une augmentation de la proportion de filles parmi les victimes, à mettre en relation avec le développement des mouvements de jeunesse et aumôneries mixtes.

Quant aux caractéristiques sociales des victimes, les conclusions de la CIASE sont claires :

« Tous les milieux sont pareillement touchés. »

Ainsi, les victimes sont aussi bien fils et filles d’ouvrier.es que de cadres, d’artisan.es ou d’employé.es.

Trois lieux ont été identifiés comme le cadre habituel des violences sexuelles dans de nombreuses affaires : les établissements et internats scolaires dans un tiers des cas, puis viennent le bureau et le domicile des pédocriminels (21% des cas) ainsi que le catéchisme et les aumôneries (20% des cas).

Au fil du temps, les pédocriminels ont jeté leur dévolu sur d’autres endroits et événements comme les mouvements de jeunesse qui passent de 17% à 30% des cas et les congrégations, communautés et retraites religieuses qui bondissent de 5 à 25% des cas. Le bureau et/ou le domicile de l’agresseur restent le cadre des violences sexuelles dans de nombreux cas.

La CIASE conclut son rapport par une série de recommandations visant à éviter de nouvelles agressions sexuelles. Au total, ce sont 45 préconisations qui portent sur la prise en charge des pédocriminels, la formation des prêtres, leur contrôle, la remise en question de la situation de domination dans laquelle ils peuvent se trouver, les outils de mesure de l’étendue des agressions sexuelles…