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A Lyon, le Beaujolais (avec son vin naturel) est de retour sur les tables

A Lyon, le Beaujolais (avec son vin naturel) est de retour sur les tables

Exit la réputation du vin au goût de banane, depuis plusieurs années le beaujolais retrouve une place de choix sur les tables des restaurants de Lyon. Néo-bistrots et tradis se rejoignent dans ces choix, avec, notamment, une tendance à opter pour des vigneron·nes travaillant en méthode naturelle. Les productions vigneronnes du Beaujolais connaissent un regain de notoriété, on est allé voir si tout ça « goûtait ».

C’est indéniablement le retour en grâce d’un vin qui fût à une époque dénigré par les siens. Sur les tables de Lyon (et d’ailleurs), le Beaujolais a plus que le vent en poupe.

« Quand j’ai commencé dans le vin, vendre du beaujolais à Lyon était très difficile, relate Bertrand Perrin, connu dans le milieu de la gastronomie lyonnaise sous le nom de « Beber ». On avait tendance à le mettre dans le verre et à ne pas dire au client ce que c’était. Maintenant, ils en demandent. »

« Dénicheur » de vin, comme il se définit lui-même ce passionné gravite dans le milieu depuis une dizaine d’années. Depuis deux ans, il travaille pour le groupe de restaurants lancé à Lyon par le couple Delhoum et leurs associés, qui possèdent les « Bistrots du Potager » de Lyon (1er et 7e arrondissement), le bouchon lyonnais « La Meunière », également investi à « Food Traboule » dans le 5e. Pour « Beber », il y a eu un vrai « rééquilibrage » impulsées par les envies des clients. Si à une époque le Saint-Joseph ou les Côtes-du-Rhône tenaient la corde, ce n’est plus le cas.

Emmanuel Ferra, à la tête du bouchon lyonnais Le Garet, ne dément pas :

« C’est vrai que certains pouvaient être réticents à l’idée d’en boire il y a cinq ans. Mais bon… Il y avait un côté très lyonnais à ne plus vouloir boire du beaujolais. »

Bertrand Perrin
Le dénicheur de vin naturel de Lyon Bertrand Perrin dit « Beber ».Photo : PL/Rue89Lyon.

Derrière le retour du Beaujolais, une évolution générale de la gastronomie

A la tête de cette institution culinaire lyonnaise depuis 20 ans, Emmanuel Ferra le rappelle, en bon bouchon : « Il y a toujours eu du beaujolais dans nos maisons ! » Selon lui, le cœur du problème a longtemps été l’amalgame entre le beaujolais nouveau et les crus de la région.

« Qu’est-ce qu’on attend d’autre du beaujolais nouveau à part d’être un vin nouveau et donc festif ? C’est un moment éphémère », râle-t-il.

Bouchon depuis 1918, porte-pot depuis 1870, le Garet n’a jamais dérogé à son histoire, ni à son amour de la nourriture traditionnelle lyonnaise, souvent bien grasse. Une chose rare. Dans d’autres restaurants, la gastronomie a beaucoup évolué ces dernières années et cela peut expliquer le retour du « beaujo ».

Manu Ferra au Garret
Manu Ferra, patron du Garret, un bouchon historique où on boit du vin nature.Photo : PL/Rue89Lyon.

Pour « Beber », son retour en grâce est aussi lié cette évolution culinaire. Moins de viande, plus de légumes, moins de sauce… Certains restaurants ont fait évoluer leur carte vers des mets plus légers.

« On ne veut plus des vins dont le goût vient en concurrence avec la nourriture, commente-t-il. Et puis, à partir du moment où on travaille avec des légumes bio, ça peut être difficile de mettre un vin considéré comme « plus industriel » sur la table. Les gens vont en rigoler ! »

De l’autre côté de la Saône, Vincent Dechelette ne peut qu’acquiescer. Caviste à Vaise (9e arrondissement), ce passionné du Beaujolais a baptisé son commerce en référence au précieux nectar : « Le Troisième Fleuve ». Il le constate facilement : moins fort en tanin, assez léger en alcool, le vin issu du gamay se marie bien avec l’apéro. Des vins qui « appellent les tapas », comme il dit.

Sur ce credo, Bertrand Perrin note que le monde des agents évolue. Une nouvelle génération est arrivée avec des attentes différentes, la recherche de vins moins lourds, moins tanniques… Bref, les goûts évolueraient en faveur de plus de légèreté.

« Le terme de « vin populaire » colle à la peau du Beaujolais, et c’est très bien comme ça »

« Notre génération est beaucoup plus apéro dînatoire, on casse un peu les codes des repas de mémère même si, personnellement, j’adore ça, plaisante Vincent Dechelette. On a une vision plus festive du vin et le beaujolais s’y prête bien. » 

Une génération qui, parfois, s’éduque sur le tard au rouge. A 30 ans, certains palais habitués à la bière arrivent au vin sans a priori. Un côté novice qui joue en la faveur des nouveautés proposées par le Beaujolais.

Comme « Manu » Ferra, Vincent Dechelette le rappelle : les bouchons ont toujours eu du beaujolais sur leur table. La différence est peut-être maintenant dans le contenant. Fini le vin uniquement en pichet, des cartes ont commencé à faire leur apparition. 

Même le Garet s’y est mis. Le restaurant traditionnel dispose d’une carte depuis cinq ans. « C’est vrai que ça crée une demande vis-à-vis des clients, admet son patron. Mais, dans 80 % des cas, chez-nous, le vin est servi au pot. »

Plus festif, le beaujolais reste aussi souvent moins cher. 

« Le terme de « vin populaire » colle à la peau du Beaujolais, et c’est très bien comme ça », estime Vincent Dechelette.

Un bon argument même si les nouvelles propositions, en bio ou en biodynamie, en version naturelle, ont permis au beaujolais d’être plus qualitatif. Et ici, légitimement, le patron de restaurant l’admet : « les bouteilles à 5 euros dans ces cas, ça n’existe pas. »

« Ils ne sauvent pas seulement leurs vignobles, ils réfléchissent à sauver la planète »

Le vin naturel joue un vrai rôle dans le retour en force du beaujolais. Depuis les débuts des père du vin naturel, de Jules Chauvet aux travaux de la « bande du Morgon » (Marcel Lapierre, Jean-Paul Thévenet, Yvon Métras, Jean Foillard et Guy Breton), ont fait des enfants (et des petits-enfants). 

« On a quand même une sacrée génération. Des gens pas seulement doués, mais qui ont une vision à long terme, s’enthousiasme Manu Ferra en citant pêle-mêle Yann Bertrand ou encore Raphaël Saint-Cyr. Ils ne sauvent pas seulement leurs vignobles et leur vin, ils réfléchissent à sauver la planète. C’est pas du flanc, c’est vraiment réfléchi. » 

Dans ce travail, Bertrand Perrin évoque l’événement Bien boire en beaujolais. Un moment qui rassemble cinq associations la « Beaujoloise », la « Biojolaise », le « Beaujol’Art »,« Beaujol’All’Wines » et « Les Gamays Chics » qui donnent une autre couleur au territoire.

Raphaël Saint-Cyr, dans ses vignes d'Anse dans le Beaujolais en novembre 2020. ©FD/Rue89Lyon
Raphaël Saint-Cyr, dans ses vignes d’Anse dans le Beaujolais en novembre 2020.Photo : LB/Rue89Lyon

Avec des pratiques nouvelles, du travail sur les procédés mais aussi sur les cultures, c’est toute une nouvelle manière de faire qui se développe dans le Rhône. 

« Ces jeunes sont allés contre l’uniformisation de leur territoire, reprend Bébert. Quand on prend le cas d’un Jules Metras, c’est quelqu’un qui veut faire découvrir son terroir. »

Le vin nature : la carte prestige pour le retour du beaujolais

Et ça marche même si, évidemment, la carte « nature » ne fait pas tout. « Personnellement, moi, les trucs un peu rock’n roll, j’évite », commente Manu Ferra. Le restaurateur se méfie des effets « modes » autour du vin naturel même si, pour le coup, ce côté tendance permet de faire parler des vins de son enfance. Ceci étant, ces nouveautés proposent de nouvelles gammes aux amoureux du bon vin. 

« J’ai aussi une clientèle plus fortunée qui veut se faire surprendre, commente Vincent Dechelette. Dans les dégustations à l’aveugle, on enlève la chaussette et on ne s’attend pas forcément à tomber sur du beaujolais. Il a toujours ce côté outsider. » 

A ceci s’ajoute un retour en force du blanc pour lui, comme pour Bébert. Si sa production est mineure dans le secteur (à peine 3 %), il a tendance à se développer. 

« Ils sont capables de faire du vrai blanc de casse-croute, pour casser le vendange le matin, avec une belle vivacité et une belle tension », se délecte Vincent Dechelette du troisième fleuve. 

Dans cette équation, le développement du manger local a aussi son importance. En vin du coin, le beaujolais bénéficie, finalement, de sa proximité avec Lyon. Alors, quand les procédés utilisés deviennent plus naturel, plus « à l’ancienne », forcément, la question écologique joue en sa faveur. Mais pas seulement. 

« J’ai quand même des clients d’un certain âge. Or, qu’est-ce qu’ils me disent ? Qu’ils retrouvent aujourd’hui le goût du vin d’autant », constate le patron du bouchon le Garret. 

Un retour aux sources, au terroir, et aux procédés ancestraux. Peut-être que c’est ça qui joue en la faveur du Beaujolais. En tout cas, aujourd’hui, il s’il peut passer pour un produit gastronomique « à la mode », il semble avant tout symptomatique d’un changement de mode de consommation.

Manu Ferra au Garret
Manu Ferra, patron du Garret, un bouchon historique où on boit du vin nature.Photo : PL/Rue89Lyon.
#Beaujolais nouveau#Biodynamie#Cru du Beaujolais

Pass sanitaire : un nouveau samedi de manifestation à Lyon

Pass sanitaire : un nouveau samedi de manifestation à Lyon

Dans le 6e arrondissement de Lyon, un cortège s’élancera pour la quatorzième fois pour une manifestation contre le pass sanitaire. Un rassemblement de Gilets jaunes est également prévu. Il s’axe davantage sur des questions liées au pouvoir d’achat, coût de la vie, etc. 

Et bis (et bis) repetita. Pour la quatorzième semaine consécutive, deux manifestations sont prévues à Lyon ce week-end. L’une contre le pass sanitaire (déclarée) et l’autre pour des revendications plus sociales (non-déclarées en préfecture). Voici un petit point. 

Un traditionnel cortège contre le pass sanitaire reprendra le même lieu de départ que les semaines précédentes. Il quittera les Brotteaux à 14 h pour se rendre place Maréchal-Liautey. Mais ce sont deux manifestations qui ont été déclarées en préfecture. Une par le collectif « contre la coronafolie » et l’autre par Thibault Pillet en son nom propre. Ce dernier a partagé l’événement sur les réseaux sociaux sous le nom de « Lyon liberté ».

Deux appels à manifestations contre le pass sanitaire mais un seul cortège

Deux manifestations déclarées séparément mais qui prendront sûrement la forme d’un seul et même cortège. Celle de Thibault Pillet se voulant notamment unitaire. Il tient toutefois à se différencier du collectif contre la « coronafolie ».

Ce dernier collectif est connu pour partager sur les réseaux sociaux les positions publiques de Florian Philippot, le leader très à droite du mouvement « Les patriotes ». Néanmoins, il se revendique apartisan. Selon Dominique Garret, membre du « collectif contre la coronafolie », il est le seul à interdire les signes d’appartenance à un parti politique dans son cortège. Depuis le début des manifestations contre le pass sanitaire, toutes ses manifestations ont été déclarées. Il se dit « opposé à toutes violences ».

Même chose pour le cortège de Thomas Pillet qui se revendique « citoyen et apartisan ». Même s’il a pu s’afficher publiquement à des rassemblements des Patriotes contre le pass sanitaire, nous a indiqués ne pas vouloir être assimilé au cortège « contre la coronafolie ». Il veut éviter des violences comme celles qui ont pu avoir lieu début septembre à la Croix-Rousse entre des membres de l’extrême droite présents dans le cortège et des groupes antifascistes.

Son appel indique vouloir s’opposer au pass sanitaire ou encore à la vaccination des enfants et demande également « la reconnaissance des nombreux effets secondaires / mortels de ces « vaccins » covid. (…) Nous voulons la justice pour toutes les victimes de ces injections (…) ».

Contacté, Dominique Garret, assure du côté de « Coronafolie » qu’il n’y a pas de désaccord de fonds entre les deux rassemblements. Cette division a été faite pour des questions de responsabilité légale, selon lui.

Les Gilets jaunes se rassemblent de nouveau à Villeurbanne

Comme la semaine dernière, un appel beaucoup plus « classique » de Gilets jaunes circule sur les réseaux sociaux pour un rassemblement à Villeurbanne. Le rendez-vous est donné à 13 h au rond-point de Salengro-Buers pour « rendre visible la lutte », effectuer des tractages, échanger entre manifestants… 

 « Organisons-nous, peut-on lire dans leur post Facebook. Alertons les citoyens, consommons autrement, allons chercher l’argent où il y’en a, dans les poches des bourgeois. »

Un retour aux origines du mouvement en somme. Le pass sanitaire n’est pas mentionné dans le post présentant l’action.

En 2020, les transports en commun en recul dans la métropole de Lyon

En 2020, les transports en commun en recul dans la métropole de Lyon

L’utilisation des transports en commun a chuté en 2020 dans la métropole de Lyon et es confinements en sont en grande partie responsables. Une étude montre qu’en 2021 ce n’est pas mieux et que le recours à la voiture connaît un regain.

L’organisme de gestion du trafic et d’informations aux usagers dans la métropole de Lyon a publié son rapport sur le trafic dans l’agglomération en 2020. Un rapport dont Le Progrès en précise quelques chiffres et éclairages dans son édition du jour.

Coraly (Coordination et Régulation de trafic de l’Agglomération Lyonnaise) a noté l’an passé un net recul du trafic général. Pour l’organisme -intermédiaire entre la Métropole de Lyon, l’État et les principaux concessionnaires du réseau routier-, les différentes périodes de confinement en sont logiquement responsables. Durant ces périodes, tous les modes de transports ont alors connu une baisse de fréquentation ou d’utilisation.

Les transports en commun en recul au profit d’autres modes individuels dont la voiture dans certaines zones

Plus intéressant, le journal régional relaye les chiffres du rapport concernant les périodes de reprise d’activité après les confinements. Coraly a ainsi noté une baisse de fréquentation sensible des transports en commun. Là encore, les risques consécutifs situation sanitaire a pu contribuer à détourner certains des transports en commun au bénéfice de transports individuels. Le trafic vélo a ainsi augmenté de 30 à 50% en 2020 par rapport à 2019 selon le rapport cité par Le Progrès.

Surtout, la baisse de fréquentation des transports en commun semble se confirmer. Selon Coraly elle serait de 20 à 30% en 2020. Et ce serait pire encore en 2021 : – 35%. Quelles en sont les explications ? Un report vers le vélo (plus fort en ville), le télétravail et un recours plus important à la voiture dans les zones les plus périphériques et hors métropole de Lyon.

Métropole de Lyon : le pari risqué de la « semaine de l’hospitalité »

Métropole de Lyon : le pari risqué de la « semaine de l’hospitalité »

Jeudi 14 octobre au soir, la Métropole de Lyon avec les Villes de Lyon et Villeurbanne ont lancé en grande pompe leur « semaine de l’hospitalité ». Cette opération politique n’a pas manqué de faire réagir les collectifs et associations de soutien aux squats et aux familles sans-abri. Après un point presse perturbé, retour sur ce pari risqué, en matière de communication.

« Expulser, expulser… C’est ça leur hospitalité ! »

Jeudi fin de journée, des cris se font tout à coup entendre au « Château », à Villeurbanne (lire par ailleurs). A 17 h 30, une vingtaine de militants se sont invités au point presse consacré à la semaine de l’hospitalité. Un événement conjointement organisé par la Métropole et les Villes de Lyon et Villeurbanne.

Alors que les élus présentaient une semaine voulant promouvoir les valeurs de l’accueil et de l’accès à un toit, des militants, soutiens d’habitants de squats, sont venus reprocher à la Métropole de Lyon sa demande d’évacuation d’un de ses bâtiments… la veille, mercredi 13 octobre. Celui-ci devait être occupé par des habitants de l’ex-squat de Feyzin, lui même évacué le 16 septembre dernier.

À ce moment, la scène jouée devant une trentaine d’élus et de représentants d’associations fait tache. Pourtant, elle n’a semblé étonner personne. En annonçant leur « semaine de l’hospitalité », les collectivités ont fait sauter au plafond bon nombre de collectifs.

Renaud Payre lors du début de la semaine de l'hospitalité.
Renaud Payre, vive-président de la Métropole de Lyon en charge du logement (à droite) regarde un manifestant lors du point presse de la semaine de l’hospitalité.Photo : PL/Rue89Lyon.

« Les relations sont meilleures qu’à l’époque de Gérard Collomb, mais la situation est la même qu’en 2019 »

Dès mercredi 13 octobre, un autre réseau, celui des membres du collectif Jamais sans toit, s’était rassemblé devant la mairie de Lyon. Le réseau annonçait un nombre de 80 enfants sans-abri sur l’agglomération lyonnaise et 40 rien que sur la ville de Lyon. Un décalage important avec les promesses de campagne du candidat Grégory Doucet (EELV), aujourd’hui maire de Lyon. Celui-ci avait déclaré à Rue89Lyon « qu’aucun enfant ne devait dormir dehors. »

« Forcément, on est en colère, lâchait Raphaël Vulliez, du réseau avant de rencontrer le maire. Les chiffres gonflent depuis la rentrée, malgré nos avertissements. Au mois de novembre, nous allons encore nous retrouver avec 250 enfants à la rue. Certes, les relations sont bien meilleures avec la ville qu’à l’époque de Gérard Collomb, mais la situation est la même qu’en 2019. »

Face à « l’impatience » des collectifs, pour reprendre le mot du maire de Lyon, Grégory Doucet, les collectivités ont égrené les mesures prises jusqu’à présent. Conventionnement de deux squats, mise en place de Tiny Houses pour accueillir des femmes isolées et leurs enfants…

A Lyon, la ville a annoncé cette semaine la mise en place prochaine d’un plan « zéro enfant à la rue ». A la mi-novembre, il devrait permettre de mobiliser du foncier pour plusieurs familles. Le chiffre n’est pas encore clairement défini. Il pourrait être question d’une vingtaine de logements.

« On tiendra notre promesse [N.D.L.R : de ne laisser aucun enfant à la rue sur Lyon], on y travaille, a assuré à Ru89Lyon, Sandrine Runel (PS), adjointe au maire de Lyon en charge des Solidarités et de l’inclusion sociale. Mais on ne fera pas tout tout seul. Si on revient aux fondamentaux, ce n’est pas de notre compétence. »

Les élus lors du point de presse de la semaine de l'hospitalité
Le maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, donne de la voix pour se faire entendre au dessus des cris des manifestants.Photo : PL/Rue89Lyon.

Semaine de l’hospitalité : « La politique, c’est prendre des risques »

En effet, l’ouverture d’une vingtaine de logements par la Ville de Lyon ne résorberait pas tout. Si le geste est important, il peut paraître dérisoire face à l’ampleur du travail à réaliser.

« Malgré tout, nous sommes encore loin du compte et nous en sommes conscients, a admis Bruno Bernard (EELV). Je ne peux pas promettre que personne ne dorme à la rue d’ici la fin du mandat. Mais, il n’est pas possible qu’autant de personnes dorment dehors. »

Un avertissement d’usage repris par tous :

« Ce n’est pas une semaine d’auto-promotion », nous rappelait Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’habitat, du logement social et de la politique de la ville, en faisant référence à la semaine de l’hospitalité.

En effet, mais à ce stade difficile de faire la publicité du travail des collectivités dans cette situation. Dans ce cadre, lancer une « semaine de l’hospitalité n’était-il pas risqué ? 

« La politique, c’est prendre des risques, répond le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael. On pourrait faire comme si tout cela ne concernait pas les collectivités et remettre cela sur le dos de l’État, comme cela a pu être fait avant nous. Mais non. Nous, nous assumons. »

Au passage, il rappelle avoir préempté un bâtiment pour accueillir les habitants d’un squat sur Villeurbanne. Il y a peu, il avait aussi réagi assez fermement à la coupure d’électricité du bailleur social la Semcoda dans un squat.

« Je suis tranquille sur le travail entrepris jusqu’à présent de ce côté là », assure-t-il.

L’enjeu : réussir à sortir de ses compétences pour travailler ensemble

Un discours volontariste. Reste à voir où il mènera sur le terrain.

« Il serait grand temps de décloisonner les compétences État, Métropole et Ville, note à propos Maud Bigot, directrice du pôle urgence d’Alynea. Il faut partir du terrain pour gérer ça. On a tendance à gérer la situation au coup par coup. Et le résultat ? C’est qu’il y a des enfants à la rue. »

Du côté des élus, on assure que la manière de travailler a déjà changé.

« Ce travail commun a déjà permis l’ouverture de 300 places à Villeurbanne, commente en ce sens le maire de Lyon, Grégory Doucet. Je comprends qu’il y ait de l’impatience. Mais on n’a pas à rougir. On est au début de cette histoire. »

A l’approche de l’hiver, les questions autour de la fin du plan froid

Du côté de l’État, on fait valoir que 1 500 places ont été pérennisées depuis l’année dernière. A présent, pour la préfecture, place au changement de paradigme et au « logement d’abord », annoncé par la circulaire Wargon. Une circulaire qui prévoit notamment pour 2021 la pérennisation de places d’hébergement d’urgence en dehors de la période hivernale. La fin d’une gestion au « thermomètre » des demandes d’hébergement en somme.

Une bonne chose pour les associations qui induit tout de même un point majeur : la fin des plans grand froid. Habituellement, ces derniers permettent de libérer des places d’urgence pour l’hiver. Il n’y en aura pas cette année.

Or, cette semaine, 1187 personnes restaient sans solution d’hébergement après avoir appelé le 115, dont 560 membres de familles. Un chiffre comparable à celui connu par le service d’urgence l’année dernière. Sans les ouvertures habituelles du plan froid, la question du devenir de ces familles se pose. Et ce, à très court-terme.

Les militants se sont invités au point presse
Les militants se sont invités au point presse de la semaine de l’hospitalité.Photo : PL/Rue89Lyon.

Lionel, aveugle à Lyon : « Les trottinettes sont des obstacles de plus dans ma vie »

Lionel, aveugle à Lyon : « Les trottinettes sont des obstacles de plus dans ma vie »

Lionel est une personne aveugle de 36 ans. Nous l’avons rencontré en septembre alors qu’il se cognait contre une trottinette posée au milieu d’un trottoir à Gerland (Lyon 7ème), en face du bureau de Rue89Lyon. Au fil de notre conversation, il a fait le récit de ses déplacements quotidiens, rendus très compliqués par l’arrivée des trottinettes à Lyon. Témoignage.

« Les trottinettes à Lyon, c’est pratique pour beaucoup de gens. Mais pour nous, aveugles, ça ne l’est pas du tout. C’est le moins que l’on puisse dire. Ça nous a plutôt compliqué la vie.

Je vis à Gerland où il n’y a pas de stationnement obligatoire pour les trottinettes (lire encadré). Ça peut être dangereux. Avec notre canne blanche, nous balayons le sol. On est censé taper l’objet ou l’obstacle avant de mettre le pied. Le problème, quand on avance d’un bon pas, comme moi, est que, parfois, entre la canne et le pied, vient se loger un objet. C’est ce qui m’est arrivé.

« La trottinette a basculé et le guidon n’a pas été loin de m’empaler »

Comme souvent, la trottinette était garée en biais sur le trottoir. Je n’ai pas dû balayer aussi loin que d’habitude et ma canne a dû passer juste à côté. J’ai marché sur la base de la trottinette. Elle a basculé et le guidon n’a pas été loin de m’empaler ! J’ai pu me rattraper in extremis.

Les trottinettes m’ont compliqué la vie. Ça m’a fait être plus prudent. Je suis aussi devenu moins respectueux du matériel. Il m’est arrivé d’en faire tomber. Dans ma lancée, j’en ai fait chavirer avec mes épaules.

Ce dispositif de déplacement n’a évidemment pas été réfléchi pour les personnes à mobilité réduite.

Il y avait déjà les poubelles, les panneaux de signalisation, les voitures garées sur les trottoirs et les travaux. Les trottinettes se rajoutent à mon parcours quand je sors de chez moi.

Les trottinettes sont tout simplement des obstacles de plus pour les non-voyants. Elles sont aussi plus nombreuses, plus imprévisibles et plus souvent garées sur les trottoirs. On ne peut jamais prévoir si elles sont là.

Mais je refuse de changer mes habitudes. Je veux continuer à me déplacer tout seul.

Je pourrais être un aveugle riche et puissant et ne jamais sortir de chez moi. Ce n’est pas mon cas.

« Les personnes en fauteuil roulant ne peuvent pas toujours enlever les trottinettes »

Je suis un jeune papa, actuellement en congé parental. Quand je travaille comme kiné, je m’occupe de jeunes paralysés. Avec ces trottinettes garées en diagonale qui prennent la largeur du trottoir, les personnes en fauteuil sont en galère.

Les valides peuvent se déplacer tranquillement. Moi, j’ai mes deux pieds. Je peux donc encore m’en sortir. Les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant, et qui n’ont parfois pas l’usage de leurs bras, ne peuvent ni enlever, ni contourner les trottinettes.

Je pense également aux poussettes.

trottinettes trottoir Lyon Gerland
Lionel sur une trottinette Dott garée au milieu d’un trottoir à Gerland (Lyon 7ème).Photo : LB/Rue89Lyon

« Ces trottinettes sont des arbres rajoutés à la jungle urbaine »

Si j’y voyais, je serais le premier à utiliser des trottinettes. En attendant que les opérateurs et la Ville de Lyon développent de partout le stationnement obligatoire dans des zones réservées, je voudrais lancer un appel aux utilisateurs : posez les trottinettes le long d’un mur et pas en biais. Pour qu’on évite au moins de faire du gymkhana !

Heureusement qu’il y a quand même moins d’opérateurs. Du temps où il y avait cinq opérateurs, on faisait des strikes ! Heureusement je n’ai jamais encore fait de grosse chute.

Avec ces trottinettes, ce sont des arbres qui ont été rajoutés à la jungle urbaine.

Si au moins les gens avaient un brin de pensée pour celles et ceux qui ont des difficultés à se déplacer dans la rue, ce serait une belle victoire pour nous. »

A Villeurbanne, une expulsion de squat pour inaugurer la « semaine de l’hospitalité »

A Villeurbanne, une expulsion de squat pour inaugurer la « semaine de l’hospitalité »

Après leur expulsion, des habitants du squat de Feyzin, près de Lyon, ont trouvé refuge dans un bâtiment inoccupé à Villeurbanne. Il a été à son tour évacué ce mercredi 13 octobre sur demande de la Métropole de Lyon, alors que démarre la « semaine de l’hospitalité » qu’elle organise.

Mauvais timing. Ce mercredi 13 octobre, c’est le premier jour de la « semaine de l’hospitalité » organisée par la Métropole de Lyon : dix jours de conférences-débats sur « faire l’hospitalité au 21e siècle » et d’ateliers pour tester sa « connaissance du sans-abrisme » ou encore découvrir les « métiers de la solidarité ».

Ironie du sort ou du calendrier, ce mercredi 13 octobre, c’est aussi le jour d’une énième expulsion pour les occupant·es de l’ex-squat de Feyzin, au sud de Lyon. Demandée cette fois-ci par la Métropole de Lyon elle-même.

Expulsions de squats en série dans la métropole de Lyon

Depuis février 2020, l’ancienne école Georges-Brassens de Feyzin, devenue propriété de Total Raffinage, accueillait des dizaines de personnes sans logement. Au moment de son expulsion, le 16 septembre dernier, 65 personnes étaient présentes.

Si la préfecture a affirmé avoir hébergé une cinquantaine d’entre elles – dont une vingtaine de mineur·es – le reste des occupant·es a préféré fuir le squat avant l’arrivée des forces de l’ordre. Entre ces personnes-là et celles qui sont restées sur le carreau, plusieurs dizaines de personnes se retrouvent sans solution de logement.

Squat de feyzin
L’évacuation du squat de Feyzin a eu lieu le 16 septembre.Photo : La Calle/Facebook

Pour dénoncer cette situation, le gymnase Béchevelin, dans le 7e arrondissement de Lyon, avait été occupé dans la foulée. Au bout de quelques heures, les services de l’État avaient finalement proposé des hébergements à quelques familles et proposé aux collectifs sur place de leur fournir une liste des occupant·es pour étudier leurs différentes situations et éventuellement leur trouver des solutions d’hébergement. A ce jour, la préfecture affirme n’avoir jamais rien reçu.

Le dernier week-end de septembre, un nouveau squat avait été ouvert rue Dedieu, à Villeurbanne, pour loger les ancien·nes occupant·es du squat de Feyzin sans solution d’hébergement.

Le 30 septembre, ce squat-là aussi avait été expulsé par les forces de l’ordre.

Le dernier squat en date, à Villeurbanne, expulsé ce mercredi sur demande de la Métropole de Lyon

En désespoir de cause, les habitant·es – des jeunes hommes à peine majeurs pour la plupart – et leurs soutiens se sont rabattus sur un nouveau bâtiment situé rue Spréafico, à Villeurbanne. Celui-ci appartient à la Métropole de Lyon, qui confirme avoir demandé son évacuation mercredi 13 octobre.

D’après les informations du Progrès, l’ambiance était électrique entre les forces de l’ordre arrivées en début d’après-midi, les occupant·es et leurs soutiens. Une partie des habitant·es est montée sur le toit du bâtiment. Ils et elles demandaient à échanger avec un élu de la Métropole pour discuter de solutions pérennes de relogement.

« Il n’y a pas eu de tensions particulières, conteste la préfecture. Les négociations ont été très fluides et les personnes qui étaient sur le toit sont descendues quand nous le leur avons demandé, à 19h. »

Contactée par Rue89Lyon, la Métropole de Lyon confirme que des échanges ont eu lieu par téléphone puis de visu à la Métropole, de manière plus informelle.

« On essaie de trouver des solutions, d’inventer des choses comme La Station par exemple, de réfléchir au travail fait par beaucoup d’associations avec qui nous sommes en contact, affirme la Métropole. C’est toujours difficile, on tente de répondre à toutes les urgences mais on n’y arrive pas toujours. »

squat Villeurbanne métropole de Lyon Feyzin logement
Les occupant·es du squat de la rue Spréafico, à Villeurbanne, expulsé ce mercredi 13 octobre, sont monté·es sur le toit pour réclamer des solutions de relogement dignes et pérennes pour tous·tes les ancien·nes habitant·es du squat de Feyzin. DR

Des mobilisations ce mercredi pour la « semaine de l’hospitalité »

Ce mercredi 13 octobre, plusieurs collectifs et associations qui défendent le droit à un logement digne pour toutes et tous ont organisé des mobilisations à l’occasion de cette « semaine de l’hospitalité ».

Le collectif Jamais sans Toit, par exemple, et la FCPE 69 se sont rassemblés devant l’Hôtel de ville de Lyon en fin d’après-midi pour dénoncer la situation d’enfants et de leurs familles qui se trouvent à la rue :

« Au moment où s’ouvre cet événement organisé à l’initiative de la Métropole et des Villes de Lyon et Villeurbanne, le collectif Jamais Sans Toit recense déjà 80 enfants sans abri au sein de l’agglomération. […] Depuis la rentrée, 11 écoles se sont déjà mobilisées à Lyon, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et Vénissieux pour tenter de pallier les insuffisances de l’État et des collectivités. »

Et de prendre l’exemple de l’école du Commandant Arnaud, dans le 4e arrondissement de Lyon, qui entamera ce jeudi sa quatrième semaine d’occupation pour héberger une femme et ses deux enfants sans logement.

Le collectif de soutien aux migrants de la Croix-Rousse a également décidé de se joindre à ce rassemblement pour rappeler la situation plus que précaire dans laquelle se retrouvent une soixantaine de jeunes migrants. Quarante d’entre eux sont logés dans le squat du Chemineur, à la Croix-Rousse, sans chauffage ni électricité, en attendant une réponse du juge des enfants tandis qu’une vingtaine d’autres doivent se serrer dans les tentes distribuées par le collectif, faute de mieux.

squats jeunes migrants Lyon Croix-Rousse
Au Chemineur, 40 jeunes dont la minorité a été contestée par la Métropole de Lyon sont en attente d’une réponse du juge des enfants. A la mi-octobre, il n’y a toujours ni chauffage ni électricité dans le squat.Photo : OM/Rue89Lyon
#Hospitalité

Caméra, filature… Comment des habitants ont tenté de stopper des vols de colis à Lyon

Caméra, filature… Comment des habitants ont tenté de stopper des vols de colis à Lyon

Cela fait plus d’un an que les habitants d’une unique résidence du 7e arrondissement de Lyon subissent des vols de courriers et de colis. Des larcins quotidiens, presque à heure fixe, que ces habitants, devenus amis, ont tenté de comprendre et de stopper. Faux colis, caméra de vidéosurveillance et filature, on les a retrouvés vêtus d’un costume improvisé de l’inspecteur Maigret.

Jeanne, Franck, Antoine, Salomé et Léa (noms d’emprunts) sont voisins. Ils et elles habitent le même complexe de petites maisons et appartements dans près de la rue Garibaldi (Lyon 7ème), dans un esprit très « colonie de vacances » :

« On a quasi tous entre 20 et 30 ans. Dès qu’il y a quelqu’un de nouveau qui arrive, l’un ou l’une d’entre nous va le voir pour lui proposer de nous rencontrer. »

Franck, ingénieur

Salomé, sa voisine, ajoute :

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Dans l’Ouest lyonnais, coup d’arrêt pour une plateforme logistique

Dans l’Ouest lyonnais, coup d’arrêt pour une plateforme logistique

Dans deux décisions datées du 7 octobre, le tribunal administratif de Lyon a annulé un arrêté du préfet du Rhône délivrant une autorisation d’exploitation d’un entrepôt logistique dans l’Ouest lyonnais situé en bordure de l’A89 à Sarcey. Une victoire pour les collectifs qui luttent contre l’artificialisation des terres agricoles.

Deux requêtes contre l’arrêté préfectoral avaient été déposées auprès du tribunal administratif : l’une par Quicury, un collectif regroupant citoyens et associations locales militant contre l’artificialisation des terres agricoles, et l’autre par France Nature Environnement.

Dans sa décision du 7 octobre, le TA a invalidé le projet de construction d’une plateforme logistique de 19 737 m² portée par le promoteur Argan pour le compte de la SMAD, une entreprise spécialisée dans la dialyse. Si le projet avait abouti, l’entreprise aurait pu jouir de l’avantageuse proximité de l’A89 achevée en 2018.

Le tribunal administratif de Lyon a annulé l’autorisation d’exploitation pris par arrêté préfectoral le 3 janvier 2020, en se fondant sur des arguments environnementaux :

Lutter contre « l’artificialisation des terres agricoles », consiste non seulement en la protection des zones où on « fait » de l’agriculture, mais aussi en la protection des interstices entre ces zones, et de certaines terres laissées en friche où la biodiversité s’épanouit. C’est notamment les tritons crêtés, sept espèces protégées de reptiles et d’amphibiens, l’oiseau le petit gravelot et plein d’autres qui ont fait pencher la balance en la défaveur du préfet du Rhône. Ainsi, on peut lire dans la décision rendue par tribunal administratif, faisant suite spécifiquement à la requête de France Nature Environnement Rhône :

« Bien qu’en partie artificialisé durant la construction de l’autoroute A89, [le projet] se trouve dans un corridor écologique identifié dans le schéma de cohérence écologique Rhône-Alpes et présente une sensibilité écologique particulière caractérisée par la présence d’habitats naturels et de nombreuses espèces protégées. »

Futur terrain de la Smad
Une partie du terrain que devrait occuper la Smad, dans l’Ouest lyonnais. Photo PL/Rue89Lyon.

Le tribunal administratif tacle le préfet du Rhône

Le tribunal administratif relativise également l’intérêt économique du projet :

« S’il prévoit la création d’une vingtaine d’emplois dans un secteur où le taux de chômage est légèrement inférieur à la moyenne nationale, rien ne permet de dire que son implantation à Sarcey favoriserait la création de 250 emplois supplémentaires sur le site de production de Savigny. »

Et le juge administratif finit par tacler le préfet, en rappelant qu’une autre zone de 20 hectares, située sur la ZAC Lybertec à Belleville-sur-Saône, à 52 kilomètres de Savigny, le long de l’autoroute A6, est disponible pour bâtir de telles infrastructures. Contrairement à l’emplacement initialement choisi route de Saint-Romain à Sarcey, celle-ci ne méconnaîtrait pas les dispositions de l’article L. 411-2 du code de l’environnement.

Cette double décision du tribunal de Lyon est une victoire pour les agriculteurs et habitants de l’Ouest rhodanien, qui souhaitent préserver les terres agricoles. Comme nous l’expliquait Florence Subrin, vigneronne du domaine le Crêt de Bine en juin dernier :

« Nous, nous revendiquons une vision alternative du développement du territoire basée sur l’agriculture, l’autonomie alimentaire et le tourisme. »

Le 21 juillet 2021 dernier avait déjà, une décision de la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) faisant suite à des recours du collectif Quicury a provisoirement refusé l’élargissement de la départementale 67 qui relie Sarcey à Saint-Romain-de-Popey.

Autoroute A89
L’autoroute A89 à proximité de Saint-Romain à Sarcey, dans l’Ouest lyonnais PL/Rue89Lyon.
#industrialisation

Ligne de train entre Lyon et Bordeaux : Railcoop met en cause la SNCF pour le retard

Ligne de train entre Lyon et Bordeaux : Railcoop met en cause la SNCF pour le retard

La coopérative Railcoop, qui œuvre à réouvrir le TER entre Lyon et Bordeaux, a annoncé reporter l’ouverture de la ligne de six mois. Dans un communiqué, elle attaque SNCF Réseau, lui reprochant de lui mettre des bâtons dans les roues.

C’est sûrement le premier gros caillou dans la chaussure de Railcoop. Ce lundi 11 octobre, la coopérative a annoncé le report de son grand projet de réouverture de la ligne TER Lyon – Bordeaux. Prévue initialement le 26 juin 2022, la ligne devrait être ouverte le 11 décembre 2022. Les TER doivent permettre de relier Lyon à Bordeaux en 6 heures 47 en passant par Libourne, Périgueux, Montluçon, etc.

Pour expliquer la situation, la coopérative attaque de front dans un communiqué le premier responsable de cet échec, selon elle, SNCF Réseau.

« Le gestionnaire d’infrastructure n’est pas en capacité de fournir à la coopérative des sillons [N.D.L.R : horaires] de qualité en dépit des discussions engagées à ce sujet depuis 18 mois, attaque Railcoop. Et ce, en étroite coordination avec les Régions Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. »

Carte Railcoop Lyon Bordeaux
La ligne de train Lyon Bordeaux proposée de Railcoop est retardée.Photo : Railcoop

Le projet remis en cause : « Pas de garantie d’avoir des sillons de qualité »

Ainsi, si la question du matériel roulant est en passe d’être réglée, la coopérative ferroviaire n’aurait pas les créneaux horaires demandés pour circuler. 

Selon elle, seules 55% des demandes de circulation formulées par Railcoop ont été approuvées par SNCF Réseau. De plus, sur ces sillons, la coopérative devra financer des ouvertures de postes pour s’occuper des postes d’aiguillage, etc. Un élément qui n’était pas prévu initialement, toujours selon la coopérative.

Dans un entretien accordé à Sud Ouest,`le directeur général de Railcoop, Nicolas Debaisieux, indique n’avoir obtenu qu’un sillon jusqu’à Roanne, à 70 km de Lyon. Ce même directeur général assure que la SNCF demande à Railcoop d’assurer le recrutement de cheminots, sans lui assurer qu’elle aura des créneaux appropriés.

Dans son communiqué, Railcoop annonce par conséquent retarder de six mois l’ouverture de ligne (pour décembre 2022). Mais, dans son entretien à Sud-Ouest, le directeur général se montre plus vague.

« On n’a pas de garantie non plus que SNCF Réseau sera alors en capacité de nous fournir des sillons de qualité », indiquait-il. 

Autrement dit : aucune garantie que la ligne ouvre si un accord n’est pas trouvé.

La ligne Lyon Bordeaux de Railcoop va être retardée.
Vigie TER trop larges.

Ligne entre Lyon et Bordeaux : un bras de fer à l’heure de l’ouverture du rail à la concurrence

Pour la compagnie ferroviaire qui avait obtenu, le 22 septembre, sa licence d’entreprise ferroviaire, ce report constitue un premier coup d’arrêt. Jusqu’à présent, la société semblait surtout réussir à ne présenter que de bonnes nouvelles. Elle avait notamment annoncé l’ouverture d’une ligne de fret dans le sud-ouest entre la gare de Viviez-Decazeville (Aveyron) et la plateforme multimodale de Saint-Jory, près de Toulouse, le 15 novembre prochain.

Il s’agit aussi de son premier véritable bras de fer, rendu public, avec la SNCF.

« Cette incapacité du gestionnaire d’infrastructure à proposer des sillons à une nouvelle entreprise ferroviaire comme Railcoop pose question alors que l’ouverture du marché est censée être effective depuis décembre 2020, grince la coopérative. Railcoop s’interroge désormais sur la possibilité de saisir formellement l’Autorité de régulation des transports dans le cadre d’une procédure d’infraction. »

La coopérative accuse la société publique de ne pas jouer de la concurrence. Est-ce le cas ? Elle voit en effet arriver de plus en plus de concurrents au sud, comme au nord.

Côté SNCF : « Les circulations demandées par RailCoop nécessitent l’ouverture de plusieurs gares »

Contacté, SNCF Réseau a répondu par mail à nos questions. La structure a semblé s’étonner de la décision de Railcoop « alors que le processus d’attribution des sillons n’est pas terminé ». Selon elle, la coopérative a eu le droit au même traitement que ses autres clients.

« Les circulations demandées par Railcoop nécessitent l’ouverture de plusieurs gares, sur des horaires plus larges qu’actuellement, indique-t-elle. Les conditions économiques de ces adaptations ont été communiquées à Railcoop. »

L’institution assure que le dialogue se poursuit avec la coopérative ferroviaire « pour le démarrage du service le 26 juin 2022 ». Pas certain que cela suffise à une ouverture de la ligne dans les temps.

#Rails

À Rillieux, la mairie finance une navette pour le collège privé mais pas pour le public

À Rillieux, la mairie finance une navette pour le collège privé mais pas pour le public

[Info Rue89Lyon] Les habitants du quartier cossu de Vancia, à Rillieux-la-Pape, ont la chance de bénéficier d’une navette gratuite mise en place par la mairie pour transporter les élèves scolarisés dans le collège privé voisin. Les élèves du collège public, quant à eux, n’en bénéficient pas et paient donc un classique abonnement TCL. Au grand dam des familles qui ont justement fait ce choix de l’école publique.

Tous les lundis, mercredis et vendredis à 7h40, un car de l’entreprise Philibert ramasse des enfants devant l’école primaire de Vancia, un hameau aux confins de Rillieux-la-Pape. Direction : la Cité scolaire Saint-Charles, un établissement privé implanté à Rillieux Village.

C’est la mairie dirigée par Alexandre Vincendet (élu LR) qui a mis en place et qui finance donc cette navette. Elle est totalement gratuite pour les familles concernées. Cette initiative a été plébiscitée par les habitants de Vancia qui scolarisent leurs enfants à « Saint-Charles ». Selon la mairie, le car de 65 places est « plein à 75% », tous les matins et tous les soirs.

Mais du côté des parents qui ont choisi de maintenir leurs enfants dans le public, on s’indigne. Car le car affrété par la municipalité ne dessert pas le collège public de secteur, Maria Casarès. Les parents doivent donc payer un abonnement TCL de 23 euros à leurs enfants. Avantage flagrant donnée au privé ?

Rillieux-la-Pape collège lycée privé Centre Scolaire Saint-Charles
La Cité scolaire Saint-Charles (privée) à Rillieux-la-PapePhoto : LB/Rue89Lyon

« Je défends des valeurs républicaines : que tous les enfants soient logés à la même enseigne »

Père d’un fils scolarisé au collège public Maria Casarès de Rillieux-la-Pape, Guillaume Escutenaire a interpellé à plusieurs reprises le maire Alexandre Vincendet pour « rétablir l’égalité devant le service public ». Et pour que les enfants de l’école publique bénéficient du même service que ceux du privé, à savoir une navette gratuite qui les déposent au pied de leur établissement et les ramène le soir dans leur quartier.

Cet habitant se définit lui-même comme appartenant « à une classe sociale aisée », mais se « souciant de l’avenir de [ses] enfants » :

« Mes enfants vivent dans le confort d’une maison spacieuse, connectée, entouré de leurs parents et amis de quartier. Ils ont de la chance. Pour moi, la mixité sociale leur permet de ne pas vivre exclusivement avec des personnes de la même classe sociale et de se rendre compte que tous les enfants de leur âge ne sont pas aussi chanceux qu’eux ».

Et il ajoute :

« Je n’oppose pas mes convictions à celles des autres. Je ne suis pas contre le privé. Mais s’il n’y a pas de mixité dans ces établissements, qu’il y en ait au moins dans le bus ».

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