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20/03/2024 date de fin
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La charte des principes pour l’islam contestée à Lyon

Kamel Kabtane (président du Conseil des mosquées du Rhône) et Azzedine Gaci (porte-parole du conseil théologique des imams du Rhône) critiquent la façon dont la « Charte des principes pour l’islam de France » a été élaborée et certaines de ses dispositions.

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La Grande Mosquée de Lyon et, en arrière-plan, la grue du chantier de l'IFCM. ©LB/Rue89Lyon

Le lundi 18 janvier, le chef de l’État Emmanuel Macron recevait les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) pour signer la charte des principes pour l’islam de France. Une entreprise pas vraiment appréciée par ces deux représentants de l’islam dans le Rhône.

Ils affichent leur opposition non seulement au contenu de la charte mais aussi à la manière dont elle a été élaborée. Dans un communiqué intitulé « Une charte ne se décrète pas et ne s’impose pas, elle se partage », Kamel Kabtane et Azzedine Gaci déclarent s’être sentis trompés par le contenu de cette charte :

« Alors que nous attendions « une charte déontologique » ayant pour vocation d’être un guide du comportement individuel de l’imam dans l’exercice de son ministère, le CFCM nous a surpris par une « charte des principes pour l’islam de France ».

Pour Kabtane et Gaci, un risque de «climat de suspicion»

Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon et président de l’Institut Français de Civilisation Musulmane (IFCM), a notamment été membre du conseil d’administration de la Fondation pour l’Islam de France, présidé par Jean-Pierre Chevènement. Lui et Azzedine Gaci, par ailleurs recteur de la mosquée de Villeurbanne et ancien président du Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes, reprochent au CFCM de :

« n’avoir pas jugé bon de consulter les imams et les responsables des institutions musulmanes de France – malgré de nombreuses sollicitations – avant la ratification de cette charte qui les concerne directement. »

De plus, la charte contient un rappel à la citoyenneté des musulmans, ainsi qu’un panel de règles qui ne s’imposeraient qu’à leur culte. Cela gêne particulièrement Kamel Kabtane et Azzedine Gaci :

« Les musulmans de France sont des citoyens français. Ils sont tenus de respecter strictement les lois de leur pays et les valeurs de la République. Les imams doivent le rappeler souvent et à chaque fois qu’ils le jugent nécessaire, mais l’inscription de ce point dans la charte ne ferait que créer un climat de suspicion généralisée et de repli sur soi. »

La légitimité du CFCM mise en cause

Les deux hommes condamnent « une instrumentalisation de l’islam à des fins politiques ». Ils invectivent aussi le CFCM :

« Le CFCM sous contrôle des chancelleries étrangères ne peut à la fois être juge et partie dans la même affaire. »

Comme l’a aussi déclaré l’essayiste Hakim El Karoui, auteur de L’islam, une religion française (Gallimard) au journal l’Express, le CFCM est composé de « cinq fédérations financées par des pays étrangers » et de « trois fédérations islamistes ».

Azzedine Gaci et Kamel Kabtane craignent aussi que leur opposition à la charte occasionne une stigmatisation facile :

« On entend dire ici et là que les non signataires de cette charte seraient pointés du doigt, voire même associés au radicalisme et exclus du conseil national des Imams. »

Ils ne sont en effet pas les seuls à n’avoir pas ratifié la charte. Trois fédérations (les associations franco-turques CCMTF et CIMG France ainsi que le mouvement rigoriste Foi et Pratique) ont déclaré qu’elles ne signeraient pas le texte en l’état. En octobre dernier, le chef de l’État avait pourtant déclaré à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty :

« Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences. »

La Grande Mosquée de Lyon et, en arrière-plan, la grue du chantier de l'IFCM. ©LB/Rue89Lyon
La Grande Mosquée de Lyon et, en arrière-plan, la grue du chantier de l’IFCM. ©LB/Rue89Lyon

Ils rappellent alors leur attachement à la séparation des cultes et de l’État :

« C’est justement notre attachement profond à ce précieux principe de laïcité, […] et notre volonté de servir à la fois notre pays et les musulmans de notre département, qui nous a poussé à créer le Conseil Théologique des Imams du Rhône et le Conseil des Mosquées du Rhône. Ces deux instances qui travaillent de concert avec les services de l’État et les collectivités locales, ont montré largement leur efficacité. »

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