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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

« Communautarisme religieux aux Minguettes » : des habitants réagissent et racontent leur quartier

« Communautarisme religieux aux Minguettes » : des habitants réagissent et racontent leur quartier

Selon le ministère de l’Intérieur, « les Minguettes apparaissent comme un bastion du salafisme, de l’islam fondamentaliste et plus largement du repli communautaire musulman. » Plusieurs habitants et acteurs du quartier réagissent à ces formules-chocs contenues dans un récent rapport de la Cour des comptes et popularisées par plusieurs médias. Ils et elles racontent leur réalité.

Dans le rapport que la Cour des comptes consacre à huit quartiers dits « prioritaires », deux des cent pages relatives aux Minguettes ont focalisé l’attention des médias (lire ce que dit le rapport de la Cour des comptes ici).

Sous la forme d’un encadré, les deux pages ont trait à « la manifestation d’un communautarisme religieux relevée par toutes les institutions. »

Outre les services de la préfecture et de la Ville de Vénissieux, les magistrats financiers ont interrogé le ministère de l’Intérieur pour qui « le quartier apparaît comme un bastion de l’islam fondamentaliste, du salafisme et, plus largement, du repli communautaire musulman. »

Début janvier, un mois après la sortie du rapport, Le Progrès a fait sa « une » sur ces deux pages. Emboîtant le pas au quotidien lyonnais, d’autres médias ont opté pour cette même lecture : Lyon Mag, France 3 ou encore Valeurs actuelles.

Nizar Sassi : « Cette vision ne correspond pas à ce que je vis au quotidien »

En 2001, Nizar Sassi, 41 ans, habite à Saint-Fons et travaille dans le quartier de son enfance, Les Minguettes. H.P.
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La politique de la ville joue un « rôle d’amortisseur » aux Minguettes

La politique de la ville joue un « rôle d’amortisseur » aux Minguettes

Dans un récent rapport portant sur la politique de la ville, la Cour des comptes pointe l’efficacité très relative des dispositifs mis en place au bénéfice des quartiers populaires. Les magistrats financiers dressent un bilan en demi-teinte de la situation aux Minguettes, à Vénissieux. Ils estiment toutefois que les actions engagées ont joué un « rôle d’amortisseur face à l’accroissement des difficultés socio-économiques des habitants« .

Au cœur de cet hiver, suite à la publication d’un rapport de la Cour des comptes, les Minguettes ont été, une nouvelle fois, sous les feux des projecteurs. L’essentiel de l’exposition médiatique a concerné deux pages sur le « communautarisme religieux » (voir notre article sur le sujet).

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Métropole de Lyon : budget 2021 et plan de mandat sous Covid

Métropole de Lyon : budget 2021 et plan de mandat sous Covid

Ce lundi 25 janvier, l’exécutif écolo de la Métropole de Lyon a fait adopter son budget pour l’année 2021 et son plan de mandat qui court jusqu’en 2026. Ces projections sont, sans surprise, marquées par la crise du Covid et la dégradation des finances de la collectivité. Malgré tout, une programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de 3,6 milliards d’euros a été votée, en augmentation par rapport à la précédente mandature.

Comment se projeter dans les prochains mois pour une collectivité qui pèse plusieurs milliards de budget ? La question est déjà difficile par temps de Covid alors quand il s’agit de présenter une programmation pluriannuelle des investissements (PPI), autrement dit le plan de mandat jusqu’en 2026, cela relève de la gageure.

Covid-19 = baisse des recettes et augmentation des dépenses

Pour le court terme, les élus de la Métropole de Lyon devaient adopter ce lundi 25 janvier au matin, en visioconférence, le budget 2021 de la collectivité.
Le vice-président en charge des finances, Bertrand Artigny (EELV), a présenté le désormais classique effet ciseaux appliqué aux finances publiques :

    Une baisse des recettes fiscales sous l’effet du ralentissement de l’économie dû aux mesures sanitaires successives. Une augmentation des dépenses, notamment sociales avec la hausse des allocataires de minima sociaux dont le RSA.

En chiffres, on constate une baisse des recettes de 30 millions d’euros en 2021 rapportée au budget primitif de 2020 pour atteindre 2,8 milliards d’euros de budget de fonctionnement (soit -1%).

Parallèlement, les dépenses de fonctionnement augmentent de 3,6% par rapport au budget 2020, dont + 7% de dépenses sociales par rapport à 2020. C’est surtout la hausse du nombre de bénéficiaires du RSA qui est anticipée avec 44,3 millions budgétés auxquels il faut ajouter les 10 millions que devraient coûter le « revenu solidarité jeunes », sorte de revenus pour les moins de 25 ans que la Métropole va expérimenter en l’absence de RSA jeunes. Côté investissement, l’exécutif a présenté une enveloppe de 650 millions d’euros de dépenses.

Conséquence de cette baisse des recettes et de cette augmentation des dépenses : une diminution de l’autofinancement, qui passe de 462,3 à 344,2 millions d’euros.

Un budget basé sur une part d’optimisme

Autre indicateur dégradé : la capacité de désendettement de la Métropole qui était de 3 ans fin 2019. Il est aujourd’hui de 6 ans. Entre-temps a éclaté la pandémie de Covid-19 et sa gestion.

Devant la presse, le vice-président aux finances n’a pas caché que ce budget était basé sur une part d’optimisme :

« On espère que la reprise économique sera satisfaisante avec des impacts sociaux limités ».

Un optimisme mesuré. Bertrand Artigny espère ne pas dépasser la barre des dix ans de capacité de désendettement. Autrement dit, l’exécutif écolo table sur une dégradation continue des finances de la collectivité du fait du contexte sanitaire.

Les oppositions remontées

Gérard Collomb et l’opposition de droite ont fustigé l’augmentation de ces dépenses de fonctionnement et ses conséquences sur les finances de la collectivité.

Alexandre Vincendet, maire (LR) de Rillieux-la-Pape, estime que les écologistes « grignotent toutes les marges de manœuvre ». L’ancien maire de Lyon et président de la Métropole annonce que le nouvel exécutif va « droit dans le mur » :

« Notre institution avait une situation économique saine. C’est un modèle qui a fait ses preuves. Une spirale vertueuse peut être remplacée par une autre spirale ».

Gérard Collomb en appelle à la baisse des dépenses de fonctionnement à l’image du plan « marge de manœuvre » qu’il avait mis en place au début de son dernier mandat.
A cela, Bertrand Artigny a répondu « budget base 0 » :

« On va regarder chaque euro dépensé pour voir comment il sert à la justice sociale et/ou à la transition écologique. »

Sans surprise, les oppositions ont voté contre le budget 2021.

Une programmation pluriannuelle des investissements (PPI) « ambitieuse » ?

Le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, a présenté également ce lundi la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de la Métropole. Autrement dit le plan de mandat qui va orienter les dépenses de la Métropole jusqu’en 2026. Dans ce contexte de finances plombées par la gestion de la pandémie de Covid-19, il juge cette PPI « ambitieuse ».

Le chef de l’exécutif se targue de faire de cette PPI un instrument de « relance » en direction des acteurs économiques, surtout ceux qui vivent de la commande publique. Ce qui explique la rapidité de sa mise en place, six mois à peine après l’arrivée aux manettes des écologistes. Au début de son dernier mandat Gérard Collomb avait mis un an et demi pour l’élaborer.

Le niveau d’investissement est aussi, pour les écolos, un signe d’ambition : 3,6 milliards d’euros contre 3,5 milliards pour celle 2015-2020 de Gérard Collomb. En augmentation dans le contexte sanitaire que l’on connaît.

Mais les deux PPI sont-elles comparables ? Pas vraiment.
En dehors du montant global, la PPI pondue par les écologistes est plutôt un document de « cadrage », comme le reconnaissait le socialiste (et donc membre de la majorité) Jean-Michel Longueval alors que la PPI à la sauce Collomb déclinait « 1175 projets » (dixit l’ancien maire de Lyon).

Plus d’agriculture, de composteurs, de végétalisation ou de pistes cyclables

Pour autant, l’exécutif actuel a tenu à présenter un tableau présentant les grandes enveloppes de leur PPI comparées avec ce qui a été réalisé sous le mandat précédent (voir ci-dessous).

Même si cette comparaison montre des limites (il aurait été plus juste de rapprocher les enveloppes des deux PPI), elle permet de dégager quelques grandes tendances concernant les priorités des écologistes :

    augmentation de la rénovation des bâtiments, augmentation du budget de la végétalisation augmentation du budget du logement et de la culture avec le lancement d’une « Cité du cirque ».

Parmi les plus fortes augmentations mises en avant, on note également :

    Cycle des déchets : 145 millions d’euros, pour étendre la collecte des déchets organiques. Agriculture et alimentation : 10 millions, notamment pour développer les repas bio dans les collèges Métropole cyclable et apaisée : 200 millions pour construire particulièrement le « Réseaux express vélo » ou REV.
Tableau reprenant les 25 axes de la PPI de la Métropole de Lyon 2021/2026. Source : Dossier de presse PPI
Tableau reprenant les 25 axes de la PPI de la Métropole de Lyon 2021/2026. Source : Dossier de presse PPI

Moins de grands projets d’urbanisme

On remarque par ailleurs sur quelles enveloppes l’exécutif veut renier : la gestion des ouvrages d’art et les opérations d’urbanisme.

Concernant les ponts, exit notamment la réhabilitation du pont de Vernaison qui ne peut plus être emprunté par les poids lourds.
Concernant les opérations d’urbanisme, la vice-présidente en charge de la question, Béatrice Vessiller (EELV) a indiqué la ligne : continuer les grands projets lancés mais pas en lancer de nouveaux.

« Il y a beaucoup de projets contractualisés, ZAC ou quartiers politique de la ville avec l’ANRU. On va les continuer et les réorienter en augmentant la part de logements abordables et, en matière d’espace public, en augmentant la végétalisation ».

« Le flou » et l’absence de consensus

Outre les 25 axes regroupés dans le tableau, l’exécutif a également rappelé, comme lors du vote du passage de la gestion de l’eau en régie publique, les principes de son action.

Ici, on compte trois grands principes de conduite de cette PPI :

« – une Métropole garante des biens communs, qui va construire et donner aux habitantes et habitants les moyens d’une transition écologique exemplaire,
– une Métropole du « prendre soin » envers les publics dont elle a la charge
– une Métropole partenaire des collectivités locales qui la composent, des habitantes et habitants et de leurs actions collectives, des acteurs du privé et de leurs innovations, de l’international et du monde de la recherche ».

Ces grands principes n’ont pas beaucoup ému l’opposition qui a instruit le même procès en « amateurisme » et en « verticalité » que lors du vote de la régie.

Ceux et celles qui ont pris la parole se sont engouffrés dans l’absence de projets déclinés dans le document soumis au vote.

« Quels projets, quelle vision ? Je n’ai pas trouvé », a notamment lancé l’ancien vice-président à l’urbanisme Michel Le Faou.

La conseillère de Synergie (regroupant les élus de l’Ouest lyonnais), Florence Asti-Lapperière a évoqué une PPI « floue, incomplète et stratosphérique ».

Les oppositions ont également dénoncé l’absence de consensus et de discussion avec les maires des 59 communes. En 2015, lors du vote de la précédente PPI, Gérard Collomb avait à deux voix près recueilli l’unanimité des suffrages.

En 2021, ça n’a pas été la même. Seuls les élus de la majorité ont voté ce plan de mandat.

Bruno Bernard président de la Métropole de Lyon
Bruno Bernard président de la Métropole de Lyon lors du conseil de la Métropole du 2 juillet 2020. Photo Houcine Haddouche/ Rue89Lyon

Bruno Bernard assume le changement de méthode à la Métropole de Lyon

Bruno Bernard n’en a cure. Il assume un changement de méthode.

« Auparavant, la PPI était en partie composée de l’ensemble des projets que faisaient remonter les communes. Beaucoup n’étaient pas réalisés. Aujourd’hui, notre PPI est probablement plus politique mais elle est aussi plus honnête avec les communes. On est passé d’une addition à une vision métropolitaine. Nous sommes aussi plus transparents : nous affichons ce que nous voulons faire ».

Maintenant que le cadrage est réalisé, Bruno Bernard s’est engagé à « finaliser » ce plan de mandat avec les maires des communes concernées.
Il promet de les « écouter » et de décliner la PPI, « si les demandes sont en accord avec elle ».

Par ailleurs, le Pacte métropolitain liant les maires à la Métropole va comporter une « enveloppe territorialisée » de 200 millions d’euros. Cette somme sera partagée entre les 14 Conférences territoriales des maires (CTM – qui correspondent aux circonscriptions électorales). Ce sera au niveau de ces CTM que les dépenses seront décidées.

Enfin, autre changement, l’exécutif de la Métropole a prévu dans cette PPI une clause de revoyure d’ici 2023, compte tenu du « contexte inédit de crise sanitaire mondiale impactant de manière significative les ressources ». En clair, ces montants d’investissements votés ce lundi pourraient être revus à la baisse si le Covid plombe l’économie et fait s’envoler les dépenses sociales.

Nnimmo Bassey : « L’Anthropocène attribue la débâcle aux humains sans distinction »

Nnimmo Bassey : « L’Anthropocène attribue la débâcle aux humains sans distinction »

Le Nigérian Nnimmo Bassey est directeur de Health of Mother Heart Foundation. Il est l’invité d’honneur du festival « A l’Ecole de l’Anthropocène » qui démarre ce lundi 25 janvier. Nous publions une tribune issue de son ouvrage « L’Anthropocène et le Sud global ».

La crise actuelle majeure est liée au changement climatique, dont on sait qu’il est causé par une augmentation de la quantité d’émissions de carbone dans l’atmosphère. Certains analystes estiment que le changement climatique fait partie d’un vaste changement environnemental et que tous ces éléments constituent des menaces critiques pour la préservation de la vie telle que nous la connaissons sur la planète.

Une partie de ces changements rapides se traduit par la perte de biodiversité, l’acidification des océans et l’augmentation de la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

« La débâcle est attribuée aux humains sans distinction »

L’Anthropocène, comme son nom l’indique, suggère des changements provoqués par les activités humaines, notamment celles qui concernent l’exploitation des ressources naturelles et les méthodes de production d’énergie, le transport, l’agriculture industrielle ainsi que d’autres activités de production.

La débâcle est attribuée aux humains sans distinction. Cela signifie que nous sommes tous coupables de générer les crises complexes qui ravagent le monde, que nous soyons au Nord ou au Sud, que nous soyons riches ou pauvres, que nous soyons l’oppresseur ou l’opprimé.

La division mondiale du travail introduite par l’impérialisme et consolidée par le colonialisme et le néocolonialisme, montrent clairement que le terme « anthropocène » pointant toute l’humanité comme étant coupable d’écocide, n’est peut être pas le plus approprié.

Nnimmo Bassey ©DR
Nnimmo BasseyPhoto : DR

« Des révélateurs des activités capitalistes prédatrices »

Les changements, que ce soit en termes d’environnement dans son ensemble ou de climat, sont tous révélateurs des activités capitalistes prédatrices.

Ce système prédateur d’extraction, de destruction, de dépossession et d’accumulation, est le moteur des changements, et a besoin d’être nommé. Certains pensent que cette époque devrait être appelée « capitalocène », désignant directement l’âge du capital et du capitalisme comme la cause profonde de la crise écologique. D’autres proposent qu’elle soit appelée « plantationocène ».

D’autres pensent que le temps écoulé depuis la Révolution industrielle est trop court pour qu’une époque puisse déjà être identifiée.

Jean-François Boclé, The Tears of Bananaman, 2009-2012, installation, container de marchandise, écrits de l'artiste scarifiés sur les bananes, socle en bois (330x130x25cm), diaporama vidéo, Périféeriques 3, Place Toussaint Louverture, Jacmel, Haïti, 2013 ©Jean-François Boclé /Adagp.
Jean-François Boclé, The Tears of Bananaman, 2009-2012, installation, container de marchandise, écrits de l’artiste scarifiés sur les bananes, socle en bois (330x130x25cm), diaporama vidéo, Périféeriques 3, Place Toussaint Louverture, Jacmel, Haïti, 2013Photo : Jean-François Boclé /Adagp.

« Le colonialisme dans le Sud global a ancré le modèle de la plantation »

Il est intéressant de noter la proposition visant à appeler toute période de temps « plantéocène ». Selon une note de Donna J. Haraway*, issue d’une conversation enregistrée pour Ethnos à l’Université d’Aarhus en octobre 2014, les participants ont collectivement généré le nom « plantationocène » : la transformation dévastatrice de divers types de fermes, pâturages et forêts exploités par l’homme sous forme de plantations extractives et fermées, reposant sur l’esclavage et d’autres formes de travail exploité, aliéné et généralement s’appuyant sur des déplacés. »

En effet, le colonialisme dans le Sud global a ancré le modèle de la plantation qui a exploité et aliéné la main-d’œuvre qui vivait autrefois de ces mêmes terres, forêts et fermes.

La captation de la main-d’œuvre pour une plantation agricole orientée vers l’exportation a fait des ravages dans les économies locales ainsi que dans les systèmes agricoles et alimentaires.

« L’agriculture est valorisée en termes monétaires »

L’agriculture a cessé d’être une activité culturelle dans laquelle l’agriculteur se connectait à la Terre Mère pour devenir une entreprise mécanique dont la validité était liée au rendement à l’hectare ainsi qu’à sa place dans une soi-disante chaîne de valeur.

Cette manière de penser imprègne encore aujourd’hui l’agriculture dans les pays du Sud. L’agriculture est valorisée en termes monétaires et les composantes culturelles et religieuses ne cessent de diminuer.

Ne nous enlisons pas dans le débat sur la terminologie à adopter, mais étudions plutôt le Sud global, sans éviter d’examiner la relation d’exploitation entre les forces des deux sphères géopolitiques.

Le mode d’extraction des ressources minérales dans le Sud peut être décrit comme du pur banditisme, car on ne se soucie guère de l’intégrité écologique ou de la vie et de la dignité des personnes dont le territoire est pillé.

« Les coûts environnementaux sont externalisés »

Les coûts environnementaux sont externalisés, et ils sont supportés par les populations et par l’environnement. Par l’intermédiaire de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), les programmes d’ajustement structurel mis en place dans les années 1990 ont permis d’affaiblir les économies, les systèmes de soutien social et d’autres infrastructures dans le Sud.

Les perturbations qui ont suivi ont créé du chômage, de la pauvreté, des soins de santé médiocres et ont engendré mécontentement, insécurité et instabilité. L’affaiblissement des États et la construction d’une dépendance économique et militaire sont les bases matérielles qui assurent la prospérité du contrôle néocolonial.

* Donna J. Haraway. (2015) Anthropocene, Capitalocene, Plantationocene, Chthulucene: Making Kin., Environmental Humanities, vol. 6, pp. 159-165

> Extrait de L’Anthropocène et le Sud global, écrit par Nnimmo Bassey et publié dans le magazine A°2021 (coédition École urbaine de Lyon & Éditions deux-cent-cinq, collection À partir de l’Anthropocène, 25 janvier 2021, ISBN 978-2-919380-39-8, 132 pages, 15€).

> titres et intertitres par Rue89Lyon

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Covid-19 : augmentation de 20% de la mortalité en Savoie et Haute-Savoie

Covid-19 : augmentation de 20% de la mortalité en Savoie et Haute-Savoie

[En graphiques] C’est en Savoie et en Haute-Savoie que la surmortalité a été la plus importante dans la région en 2020. Conséquence, en partie, de l’épidémie de Covid-19. Les chiffres de la mortalité confirment une « deuxième vague » épidémique particulièrement « meurtrière », notamment en Savoie.

Les deux départements savoyards sont, avec la Haute-Loire, les territoires présentant le plus fort excédent de mortalité d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2020.

Elle y a augmenté de plus de 20 % en 2020 par rapport à 2019 : +20,25 % en Savoie et +20,8 % en Haute-Savoie. C’est presque 5 points de plus que dans le Rhône par exemple, département d’Auvergne-Rhône-Alpes le plus peuplé, et 12 points de plus que l’excédent de mortalité régional (+7,9% par rapport à 2019).

Selon les données de l’INSEE (dont les plus récentes durant la seconde quinzaine de décembre sont encore à consolider), la Savoie a enregistré 4762 décès en 2020 contre 3960 en 2019 ; la Haute-Savoie comptabilise 7200 décès sur son sol en 2020 contre 5960 en 2019.

Quelle part d’excédent de mortalité imputable au Covid-19 ?

Pour combien pèse la mortalité au Covid-19 dans cet excédent de surmortalité ? Difficile à dire et c’est toute la difficulté et les limites de ces chiffres.

Un exemple. Selon les chiffres de l’INSEE il y a eu en Savoie 802 décès supplémentaires en 2020 par rapport à 2019. Or, Santé Publique France comptabilise dans le même temps 843 décès attribués au Covid-19 (hôpital, Ehpad et autres établissements de soin) dans le département en 2020. De même, en Haute-Savoie ce sont 1240 décès supplémentaires enregistrés par l’INSEE par rapport à 2019, un département où Santé Publique France recense 1156 décès (au moins) liés au Covid-19 en 2020 dans le département.

Cette apparente incohérence dans les chiffres montrent la difficulté de mesure la part exacte du Covid-19 dans la mortalité globale. Elle s’explique par les différences entre les indicateurs et les effets indirects de la maladie et des mesures sanitaires (voir ci-contre).

En Savoie et Haute-Savoie, une surmortalité durant les vagues épidémiques de Covid-19

Nous avons collecté et représenté les données de la mortalité quotidienne publiées par l’INSEE en 2020 pour la Savoie et la Haute-Savoie. Comme pour le Rhône, l’Isère et la Loire, nous proposons une comparaison de l’année 2020 (de mars à décembre) avec les 10 dernières années (2010 à 2019). En Savoie et Haute-Savoie, la surmortalité est là aussi nettement visible au printemps et à l’automne au moment des vagues épidémiques.

(précisions : pour la comparaison, visualiser les deux courbes orange et bleue les plus opaques. La courbe orange à faible opacité indique la mortalité brute quotidienne en 2020, celle plus opaque est une moyenne quotidienne sur 7 jours glissants. Les courbes bleu faiblement opaques représentent les données quotidiennes pour chaque année de 2010 à 2019, celle plus opaque représente la moyenne 2010-2019).

>> Survoler le graphique pour voir le détail des données / Cliquer ici pour voir le graphique en plein écran

Plusieurs éléments se détachent. D’une part, la surmortalité est bien plus marquée à l’automne qu’au printemps. Particulièrement en Savoie où elle est très légèrement supérieure à la moyenne des dix dernières années à cette période. D’autre part, la surmortalité est supérieure (en volume) en Haute-Savoie. Le 74 connaît toutefois une surmortalité plus exacerbée que dans le 73 au printemps.

Les pics de surmortalité se rencontrent donc dans les deux départements savoyards durant les deux vagues épidémiques de 2020. Ces graphiques ci-dessous représentent l’évolution des indicateurs hospitaliers de l’épidémie de Covid-19 dont les décès (choisir « Décès » dans le menu déroulant pour isoler la courbe des décès). Ils ne sont qu’une partie des décès attribués au Covid-19 puisqu’il ne s’agit ici que de ceux intervenus à l’hôpital. Pour la Savoie, on constate une mortalité bien plus élevée à l’automne.

On retrouve également en Haute-Savoie cette nette différence entre les deux vagues épidémiques de 2020 concernant la mortalité à l’hôpital. Avec un niveau toutefois plus important qu’en Savoie au printemps.

En Savoie, une surmortalité concentrée à l’automne

En Savoie et Haute-Savoie le niveau d’excédent de mortalité est identique sur l’année 2020. Toutefois, on remarque que la Savoie a connu l’essentiel de sa surmortalité à l’automne, de mi-octobre à mi-décembre environ. Elle apparaît moins déséquilibrée en Haute-Savoie.

On remarque également en Haute-Savoie un léger rebond de la surmortalité en toute fin d’année. Une évolution qui pourrait être corrélée là aussi à l’évolution de la vague épidémique de Covid-19. La Haute-Savoie a longtemps été à cette période le département le plus touché par l’épidémie de Covid-19. Elle avait connu, comme ailleurs un reflux vers la fin du mois de novembre avant de repartir à la hausse. Le département est celui où le premier cluster détecté de la région avait été enregistré au printemps. La Haute-Savoie est aussi le département où le premier cas de contamination par le « variant anglais » du virus a été détecté dans la région.

Une surmortalité très marquée chez les plus âgés

Nous avons isolé les données de la mortalité concernant les catégories d’âge les plus âgées. Ce sont celles les plus fragiles et les plus à risque face au virus et aux formes de la maladie.

On remarque, sans surprise, qu’en Savoie et Haute-Savoie les plus de 65 ans sont les plus touchés par cet excédent de surmortalité. Les deux graphiques de la mortalité (tous âges confondus et plus de 65 ans) se confondent d’ailleurs presque.

>> (Survoler le graphique pour voir le détail des données / Cliquer ici pour voir le graphique en plein écran)

Les données de l’INSEE le montrent bien dans le détail détail.

En Haute-Savoie, la mortalité au printemps (mars-avril) est supérieure de 17 à 22 % par rapport à 2019 et de 31 à 72 % à l’automne (septembre à octobre) dans les tranches d’âge supérieures à 65 ans.

(pour visualiser l’évolution filtrer les graphiquesavec les boutons « 1_mars_avril » « 2_mai_aout » ou « 3_sept_dec » sous les graphiques)

En Haute-Savoie, la mortalité au printemps (mars-avril) est supérieure de 24 à 52 % par rapport à 2019 et de 31 à 63 % à l’automne (septembre à octobre) dans les tranches supérieures à 65 ans.

Dans les deux départements, le premier confinement (période mars-avril) correspond à une chute importante de la mortalité chez les plus jeunes par rapport à 2019.

Une très forte surmortalité à domicile en Savoie et Haute-Savoie

Un autre intérêt de ces chiffres de l’INSEE concerne les lieux des décès. Sans surprise également, on constate en Savoie et Haute-Savoie un fort excédent de surmortalité dans les hôpitaux et les Ehpad.

Toutefois, contrairement à d’autres départements de la région comme la Loire où le Rhône, on remarque à certaines périodes une importante surmortalité dans les décès intervenus à domicile dans ces deux départements.

En Savoie, ils sont en hausse de 86 % par rapport à 2019 au cours de la période de septembre à décembre. Et de 100 % en Haute-Savoie au cours de la même période. Au printemps, ils étaient en augmentation de 46 % en Haute-Savoie alors qu’en Savoie ils se situaient à un niveau équivalent à celui de la même période en 2019.

Est-ce là une possible illustration d’une mortalité « cachée » de l’épidémie de Covid-19 ? La Haute-Savoie a été plus fortement touchée que la Savoie lors de la première vague épidémique du printemps. On retrouve alors logiquement une plus forte surmortalité à l’hôpital qu’en Savoie (+10% contre +5% en mars-avril par rapport à 2019). En revanche la surmortalité à domicile est incomparable : +46 % en Haute-Savoie contre -0,8 % en Savoie par rapport au printemps 2019. À l’automne (septembre-décembre), la surmortalité à domicile est par ailleurs très forte dans les deux départements (+86 % en Savoie et +100 % en Haute-Savoie).

Une situation qui se semble se retrouver dans d’autres départements, notamment plus ruraux, de la région. En Haute-Loire, plus touchée par la deuxième « vague » épidémique de Covid-19, les décès à domicile ont explosé à l’automne 2020 par rapport à 2019 (+186%).

Même chose en Ardèche, département pas épargné par les deux vagues épidémiques. À la même période, les décès à domicile avaient connu une augmentation de 60% par rapport à 2019.

« Roselyne Bachelot, jusque quand maintiendrez-vous le flou ? »

« Roselyne Bachelot, jusque quand maintiendrez-vous le flou ? »

Dans le film de Woody Allen « Destructing Harry », un écrivain en mal d’inspiration devient flou à l’image. Ainsi notre Ministre de la Culture apparaît, elle aussi, de plus en plus floue dans cette saison 2 de Covid War. Peut-être son attitude (beaucoup trop) détendue à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée Nationale de ce mardi 19 janvier achève cette dissolution d’image.

Mais il fallait bien le port du masque pour signaler que nous sommes dans une crise gravissime où des pans entiers de l’activité culturelle et artistique risquent de disparaître des radars.

Ce même jour marquait un acte 2 de la mobilisation des salariés du spectacle vivant en France, dont un rendez-vous très fréquenté à Lyon, ainsi qu’une nouvelle réunion en visio des théâtres privés de région avec Roselyne et, moins courue (mais pas moins intéressante), une rencontre zoom de compagnies AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), mais pas que, présentes au festival d’Avignon, ou envisageant de l’être.

Qui pour mener la protestation ?

Le défilé spectaculaire était organisé par le collectif unitaire 69, réunissant un peu plus de 1000 personnes (ce qui est loin d’être négligeable) et s’est déroulé dans un climat à la fois déterminé et festif : une action de rue était menée sur les marches du Théâtre des Célestins par une Marianne impeccable d’énergie et de culot (l’exercice étant gonflé), munie d’un questionnaire permettant aux troupes de se compter et d’estimer les dégâts de la pandémie sur, cette fois, les contrats et les fiches de paie.

D’ailleurs, la foule ne s’y est pas trompée, votant en majorité en faveur de la réouverture immédiate des salles de spectacle.

Cela étant, une autre sollicitation faisait monter les étudiants (en art ?) sur les marches, ce qui grevait d’un bon tiers les manifestants. Si l’on exclue donc quelques figures du spectacle lyonnais, toujours présentes, qui font plutôt partie de l’équipe des seniors, on constate que le cœur de la profession, le plus installé, ne s’était pas mobilisé. Cette tendance n’est pas isolée, l’action parisienne ayant été particulièrement clairsemée.

Plusieurs explications : le mouvement lyonnais est organisé, entre autres, par le Collectif Unitaire 69 et les militants du Conseil National de la Nouvelle Résistance, ce qui connote très « à gauche » les actions proposées, mobilise de nombreux jeunes mais qui pourrait en effrayer certain(e)s.

Pour autant les revendications dont la prolongation de l’année blanche et la demande d’un plan de relance plus orienté sur « les salaires artistiques » que les loyers des théâtre privés, devraient rassembler les professionnels bien au-delà des clivages politiques.

L’autre aspect problématique est national : le fléchage des crédits du fameux plan de relance qui, dans ses urgences, semble, une fois de plus, laisser de côté les forces vives en énergie mais faibles en contrepoids économico-politique des indépendants, compagnies, salles et initiatives privées.

Plusieurs poids, plusieurs mesures.

L’heure du rassemblement malgré les divergences politiques

Que revendiquer ? Côté syndicats, si tous s’inquiètent de l’impact sur les droits sociaux de la pandémie et fustige le « flou » du plan de relance du gouvernement, Denis Gravouil du SFA CGT n’appelle pas, du moins officiellement, à la réouverture des salles, ne voulant ni accompagner des mesures sanitaires jugées délirantes, ni être traité d’irresponsable dans le cas d’un nouveau confinement.

L’équivalent chez FO, le SNLA, bien qu’exposé dans sa fédération à des considérations plus… conciliantes, exprime une couleur radicale, en faveur d’une réouverture immédiate, considérant que le gouvernement ne fait que manœuvrer pour se débarrasser d’une « faune d’intermittents » que les réformes successives n’ont pas réussi à décourager.

Cette lecture politique qui considère que les fermetures sont avant tout arbitraires et liberticides se retrouve en phase avec les analyses de Samuel Churin, figure des intermittents et précaires d’Île-de-France. Il est par ailleurs, l’un des créateurs du Conseil National de la Nouvelle Résistance (avec Pablo Servigne ou encore Fatima Ouassak).

La boucle est bouclée, montrant qu’au fond, sur le terrain, l’heure est, pragmatiquement et idéologiquement, au rassemblement.

Les relations entre les intermittents et les permanents sous tension ?

La question est qu’une convergence devrait se trouver avec les organisations patronales, comme au moment du « référé liberté », action collective contre la fermeture des salles.

De toute façon, le SYNDEAC semble bien absorbé par les différentes situations des CDN et autres scènes nationales. Leurs directions, selon les bruits qui courent et les positions, craignent tout autant des restrictions financières des collectivités locales que des déficits (hum) « d’image » pour les carrières des nouveaux entrant(e)s dont la dynamique est fatalement rompue.

Évidemment tout cela se teinte de la « force du service public » ou « la relation intime avec le public et les créateurs ». Mais ça ne cache pas bien le désarroi de personnalités immobilisées par la crise et écartelées entre les injonctions des tutelles.

« Des problèmes de riches », entend-on dans les rangs de la manifestation.

Effectivement, à ce rythme, les relations entre les intermittents et les permanents pourraient se tendre !

N’oublions pas la harangue d’un communard de 1871, sur le statut des théâtres et des artistes (mai 1871) : « ce ne sont pas que des voix, ce sont aussi des ventres ! ». Il se pourrait donc que l’on fasse taire les ventres (enfin certains) avec une prolongation de l’année blanche à décembre 2021.

La question des congés payés, de la retraite dans la Culture…

Les salles privées, comme la Comédie Odéon, dont le directeur Julien Poncet est tête de réseau, restent très favorables à une réflexion partagée, en dehors des clivages évoqués. Raison pour laquelle il avait ouvert son théâtre pour une éventuelle assemblée générale, rendue impossible pour cause de nombre trop important de manifestants.

Pour ces théâtres de comédie (mais pas que), le chômage partiel qui permet de maintenir une certaine activité butte, dans la durée, sur des problèmes financiers insolubles : l’employeur paye les congés spectacle de ses salariés, y compris pendant le chômage partiel, ce qui provoque, à la longue, des montants importants, non financés par les plans d’aide.

Que faire ? Comment des établissements sans recettes peuvent continuer à payer des « congés » quand l’activité est à l’arrêt ? Nous parlons là d’un droit aux congés annuels, comme tout salarié. Que va-t-il se passer chez Audiens, (retraite, prévoyance, complémentaire santé) ? Là encore sans réouverture prochaine, l’impact à long terme va être redoutable.

Il ne s’agit donc pas seulement d’un sujet éthique (quoi que) mais très pragmatique.

Quels choix feront les programmateurs ?

Le SNAM CGT (encore une fois) réclame un fonds d’aide à l’emploi direct, ce qui permettrait d’aider à la fiche de salaire.

Bonne idée, de bon sens même, mais répéter quoi et pour jouer où ? Jouer où, combien de fois, devant qui et avec quels programmateurs ? C’est bien la question qui taraude un réseau de compagnies de la région, qui rassemble très largement des équipes habituées du Off d’Avignon et, justement, des théâtres et des membres de l’AFC (organisatrice du Off).

Le tableau n’est pas plus reluisant qu’ailleurs et, là encore, Madame Bachelot et ses services floutent l’avenir du festival 2021.

A ce jour, les structures ont deux scénarios à équidistance sur leur table de travail : réduire le nombre de spectacles par journée, pour respecter des protocoles sanitaires renforcés ou purement et simplement annuler l’édition 2021. Solutions toutes aussi intenables l’une que l’autre.

Selon une chargée de production, les « programmateurs » ont quand même faim de nouveauté, mais ils n’excluent pas de revenir et de dénoncer les contrats et les reports prévus en 2020 !

En effet, pourquoi acheter du poisson passé au frigidaire du Covid, quand on peut se payer des productions toutes fraîches estampillées « spectacle répété pendant le confinement ».

Faut-il même en vouloir à ces gens de la programmation que, très largement, les compagnies viennent courtiser à Avignon bien avant la rencontre du public, le chant des cigales ou les très lointaines trompettes de la gloire Vilardienne (selon une étude de l’AFC).

Le suspense dans lequel Roselyne Bachelot nous maintient

Ainsi, ce qui réunit toute notre société du spectacle, et il y a encore tellement de sujets et d’aspects non évoqués ici, c’est le suspens dans lequel la Ministre nous maintient.

Suspendus aux subventions et à l’année blanche, la profession commence à sentir la laisse qui serre le cou. De son côté, entraînée sur les plateaux télévisés, Roselyne Bachelot enrobe ses interventions d’une compréhension affectée et sirupeuse, qui immobilise les députés censés la questionner.

La sensation encore plus désagréable est cet appui pris sur l’impact des variants du Covid en commission, en réunion, partout. Cela sent son « vous ne vous rendez pas bien compte » ou «  que serais-je si… ». Soit un ton qui, à l’instar d’Emmanuel Macron, nous infantilise.

On se demande si, en définitive, un retour au confinement, assortie d’une vaccination forcément mieux maîtrisée, les gens restant chez eux, n’est pas l’hypothèse orwellienne souhaitée par ce gouvernement pour se donner de l’air et provoquer un effet de « reset » au printemps.

Il suffirait dès lors d’attendre, et de bien repasser au fer, jour après jour, le pli du flou.

 

 

« A l’Ecole de l’Anthropocène » : comment répondre à la crise de l’habitabilité de la planète Terre ?

« A l’Ecole de l’Anthropocène » : comment répondre à la crise de l’habitabilité de la planète Terre ?

Le géographe Michel Lussault est le directeur de l’école urbaine de Lyon. A l’occasion du festival « A l’Ecole de l’Anthropocène », il présente, dans cette tribune, ce qui a guidé la programmation de cette troisième édition.

Un espace ravagé une partie de l’année par des mégafeux, comme cela a lieu en Californie depuis cinq ans, est-il encore habitable ?

Des métropoles qui connaissent des vagues de chaleur de plus en plus rapprochées, longues et intenses, telles que nous les connaissons en Europe depuis maintenant dix ans, sont-elles encore habitables, particulièrement pour les plus vulnérables ?

Des villes où des millions de personnes sont privés de l’accès à l’eau, à l’éducation ou au soin sont-elles encore habitables alors que les conditions environnementales se dégradent chaque jour un peu plus ?

« La vulnérabilité urbaine »

Cette crise de l’habitabilité de la planète Terre n’est pas une interrogation abstraite, qui se pose à l’échéance de la fin du siècle. C’est une question extrêmement concrète, qui interpelle aujourd’hui même.

Alors qu’un monde urbanisé, mobile et connecté s’est imposé, en quelques décennies, comme un nouveau standard, la reconnaissance de sa vulnérabilité s’impose désormais comme une évidence. Peu ou prou, ce sont tous les domaines d’activités qui peuvent être observés sous l’angle de la vulnérabilité urbaine dont ils procèdent et qu’ils expriment et renforcent.

La chose est manifeste en matière environnementale : l’urbanisation mondiale a nécessité une extraction forcenée de ressources biophysiques, a provoqué des émissions massives de gaz à effet de serre et a ainsi entrainé un forçage sans équivalent des systèmes planétaires, nous menant à cette crise majeure de l’habitabilité de la Terre.

Michel Lussault ©Astrid di Crollalanza
Michel LussaultPhoto : Astrid di Crollalanza

« Analyser ces changements environnementaux en cours et encourager l’identification des solutions »

L’Ecole urbaine de Lyon est née de la volonté d’analyser ces changements environnementaux en cours et d’encourager l’identification des solutions aux problèmes qu’ils suscitent.

C’est de cette ambition que découle la création de l’événement annuel A l’Ecole de l’Anthropocène, qui fête cette année sa troisième édition. L’objectif est que chacun puisse y trouver des ressources pour comprendre le monde contemporain, notamment à partir des recherches qui sont menées dans les laboratoires scientifiques du site académique de Lyon/Saint-Etienne mais également ailleurs en France ou à l’étranger.

Dans cette perspective, je me réjouis que Nnimmo Bassey, qui est l’un des principaux défenseurs et militants des droits humains et environnementaux en Afrique, ait accepté d’être l’invité d’honneur de cette édition. Il symbolise notre volonté de décaler le regard pour ne pas penser le changement environnemental seulement à partir de l’Europe ou de l’Occident. Nnimmo Bassey pense depuis l’Afrique, non pas uniquement pour nous parler de ce continent mais pour nous parler du Monde.

« L’ensemble des activités accessibles en ligne »

La semaine A l’Ecole de l’Anthropocène est également l’occasion de lancer la troisième saison des cours publics de l’Ecole urbaine de Lyon, qui se poursuivra ensuite pendant toute l’année 2021. Ces cours sont en accès libre, sans inscription préalable. Cette année, ce sont sept scientifiques qui présenteront leurs recherches dans des domaines aussi variés que le droit de l’environnement, les études rurales, l’esthétique ou la philosophie.

Cette édition d’ »A l’Ecole de l’Anthropocène », qui accueillera plus de 180 participants, s’adapte par ailleurs à la pandémie en proposant l’ensemble de ses activités en ligne à partir du site web. Une grande diversité de formats a été imaginée afin que chacun puisse y trouver son compte en fonction de ses envies et de sa curiosité :

    7 cours publics donc, 8 grands débats, entretiens, tables rondes avec des penseurs, artistes, représentants d’associations… 25 ateliers et séminaires sur des thèmes très variés (la pensée décoloniale, l’extractivisme, l’éducation, la ville, l’édition…) 7 « portraits d’espaces » : des invité·e·s nous parlent de « résiliences habitées » depuis Kaboul, Barcelone ou Canton, en passant par Carúpano, New York ou encore Lyon Une résidence d’écrivain avec Camille de Toledo, en partenariat avec Arty Farty et la Fête du Livre de Bron. Une programmation jeunesse (observation des oiseaux…) Des performances et lectures Des émissions de cuisine : « L’Anthropocène dans ma cuisine » Une Radio Anthropocène en partenariat avec Radio Bellevue Web Un Book Club en partenariat avec la Villa Gillet Une Nuit des Idées sur le thème « Proches », en partenariat avec le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, l’Institut Français de Barcelone, et European Lab. Un manifeste mondial Anthropocène (un événement faisant le tour du monde et du cadrant) : une grande conversation mondiale avec 150 pays participants pour mobiliser un réseau et nourrir les imaginaires, un témoignage pour les générations futures

Autant d’événements qui ont vocation à susciter la discussion, à ouvrir des perspectives et à stimuler l’imagination dans cette période particulièrement difficile !

A Lyon, un millier d’étudiants manifestent pour des « conditions de vie décentes »

A Lyon, un millier d’étudiants manifestent pour des « conditions de vie décentes »

Un millier d’étudiants ont répondu à l’appel à manifester lancé par les organisations de jeunesse dont les syndicats Unef et Solidaires. Le gros des troupes était inscrit à l’université Lyon 3, peu coutumière des mobilisations étudiantes. La marche a débuté peu après midi de la Manufacture des tabacs et s’est achevée vers 15h, devant le rectorat, sans heurts. Récit.

Dans la nuit du 8 au 9 janvier dernier, un étudiant en droit de Lyon 3 s’est jeté par la fenêtre de sa résidence universitaire à Villeurbanne. Une semaine après, une autre tentative de suicide étudiante a été stoppée in extremis. De quoi tirer la sonnette d’alarme.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul triste souvenir qu’ont rappelé les étudiants au cours de la manifestation. En effet, la marche a fait une pause devant le siège du Crous, où Anas Kournif avait tenté de s’immoler il y a un an.

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Manifestation des étudiants pour des « conditions de vie décentes » à Lyon, le 21 janvier 2020.Photo : LS/Rue89Lyon

Des retrouvailles pour les étudiants

Pour beaucoup d’amis, cette manifestation a aussi été l’occasion de se retrouver, de passer quelques heures ensemble, « en vrai ». Des tentatives d’humour ont fusé çà et là :

“T’étais plus beau en visio”
“J’espère qu’elle est pas trop longue la manif, ça fait deux mois que j’ai pas marché plus de 10 mètres”
“Tu crois que le parcours fait combien de fois la distance entre mon lit et mon bureau ?”

Sur les pancartes, les slogans ont fait montre de beaucoup de créativité : “Votre avenir est sous Xanax”, “Génération future est donnée en pâture”, “Ouvrez les facs pas les Primark”, “Titanic en 2021 : la dérive étudiante”. Une petite fanfare improvisée a tenté d’égayer la marche. Elle n’a cependant pas couvert les récits inquiets que les étudiants se sont confié entre eux.

Les étudiants de Lyon 3 mobilisés

Des étudiants de Lyon 1 ainsi que Lyon 2 étaient présents. Mais ce sont surtout de nombreux élèves de Lyon 3 que l’on croisait. Sarah et ses deux amies sont étudiantes en troisième année de droit et sciences politiques à Lyon 3. Elles ne sont pas de grandes habituées des manifestations, mais là, elles étaient décidées à se faire entendre :

“On n’en peut plus, on ne veut pas rabâcher les choses que tout le monde sait mais la jeunesse ne va pas bien du tout. Il est possible de retourner à la fac. Ils ont très bien organisé les examens en respectant les consignes sanitaires, il faut aussi le faire pour les cours.”

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Sarah et ses amies à la manifestation des étudiants pour des « conditions de vie décentes » à Lyon, le 21 janvier 2020.Photo : LS/Rue89Lyon

Qui incriminer ? Comme beaucoup d’étudiants présents à la manifestation, Sarah était mitigée :

“Je pense que la fac essaye de faire du mieux qu’elle peut. Ils sont dépendants des décisions du gouvernement.”

De l’aide et le retour en présentiel

Dans le texte d’appel à manifester, les organisations de jeunesse ont surtout dénoncé la responsabilité du gouvernement. Sont exigé la réouverture des facs, un meilleur accompagnement psychologique et une revalorisation des aides financières pour les étudiants.

Alice est étudiante à Sciences Po Lyon et syndiquée à Solidaires. Pour elle, la crise du covid-19 a agi comme un révélateur :

“Des étudiants qui se suicident parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts, parce qu’ils se sentent seuls et méprisés, il y en avait déjà avant. Anas en est un exemple.”

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Alice, étudiante à Solidaires à la manifestation des étudiants pour des « conditions de vie décentes » à Lyon, le 21 janvier 2020.Photo : LS/Rue89Lyon

Elle ajoute :

“Mais là, le covid-19 agit comme un accélérateur de cette violence, parce qu’il y a la précarité, il y a la solitude, il y a le sentiment d’échec scolaire, parce qu’on ne comprend pas toujours grand-chose aux cours en visio… Ça fait trop.”

Deux cortèges, deux ambiances

A l’avant de la manifestation, un cortège de tête constitué d’étudiants et d’une poignée de Gilets jaunes, scandaient des slogans hostiles à la police et au gouvernement : “Louis XVI, Louis XVI, on l’a décapité ! Macron, Macron, on peut recommencer !”

Derrière eux, deux grandes banderoles avançaient lentement, avec les drapeaux de l’Unef, Solidaires et la France insoumise en fond. Ce groupe marquait régulièrement des pauses pour faire des olas ou pour chanter des slogans.

Sur les banderoles, on pouvait lire “Génération Covid” et “Détresse, isolement, décrochage : des moyens pour l’université, non à la précarité”.

Caméras de télé et photographes ne quittaient pas les jeunes d’une semelle. Les étudiants eux-mêmes étaient étonnés par la couverture médiatique qui leur était donnée. Etienne, étudiant en droit à Lyon 3 a constaté :

“Eh beh, y’a France Info, BFM, France 3 région, France bleu, RTL… ça en fait du monde.”

De leur côté, les policiers encadraient la manifestation en se tenant très éloignés des manifestants.

Des soutiens aux étudiants

Quelques têtes blanches ont battu le pavé. Josette, 85 ans, est venue manifester car c’est important pour elle de montrer sa solidarité avec les jeunes :

“C’est l’avenir ! Qu’est-ce qu’on va faire si nos futurs artistes, avocats, ou profs arrêtent leurs études ? C’est un problème qui concerne tout le monde. Et puis il n’y a rien de plus triste qu’un pays avec une jeunesse malheureuse.”

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Nicole, Gilet jaune, à la manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020.Photo : LS/Rue89Lyon

Nicole, Gilet jaune, elle est aussi venue témoigner son soutien aux étudiants :

“Plus que jamais la précarité atteint toutes les générations. Avec les couvre-feu, les confinements, ça empêche la solidarité. »

Étudiants à l’université Lyon 3 : pourquoi ça va mal

Étudiants à l’université Lyon 3 : pourquoi ça va mal
A la manufacture des tabacs, le campus reste résolument vide, les étudiants sont en distanciel. ©LS/Rue89Lyon
A la Manufacture des tabacs, de rares étudiants font la queue au drive du Macdo.Photo : LS/Rue89Lyon

Depuis fin octobre dernier, l’intégralité des cours des étudiants de Lyon 3 sont passés en distanciel. Les élèves suivent donc les enseignements de chez eux, par Internet. La plupart de leurs cours leurs sont dispensés par visioconférences, ou parfois par des enregistrements vidéo.

« Chez moi, on est cinq dans un trois pièces »

Anouar est en dernière année de licence de management et sciences humaines à Lyon 3. Pour lui, les dispositifs de la fac ne prennent pas en compte tous les soucis que peuvent rencontrer les étudiants avec le distanciel, comme par exemple, la sur-occupation d’un logement :

“D’une certaine manière, la fac a pris en compte la précarité technologique, mais pas le reste. Ils prêtent des ordis par exemple, mais chez moi on est cinq dans un trois pièces. La fac ne va pas me prêter un appartement. »

Cela a des conséquences sur la qualité du travail d’Anouar :

« Je ne suis pas très concentré sur les cours et je ne peux pas me permettre de mettre mon micro. Les profs ne s’en rendent pas forcément compte, ils nous demandent d’allumer notre caméra, notre micro et si on ne le fait pas, il y en a qui pénalisent.”

Clément est en deuxième année de master de recherche en langue à Lyon.  Militant pour les Jeunesses Communistes, il gagne sa vie comme surveillant dans un collège de la périphérie lyonnaise. Comme de nombreux étudiants interrogés, sa mauvaise connexion Internet faisait de son quotidien un calvaire :

“Maintenant ça va mieux parce que j’ai déménagé. Mais au premier confinement… Ma ligne sautait tout le temps, même rendre les devoirs était difficile. C’était assez angoissant et mes notes en ont pâti.”

Certains élèves comme Adel ou Anouar ont passé plus de la moitié de leurs épreuves en présentiel. Cela leur a paradoxalement donné un sentiment d’injustice. Adel explique :

“Avec ma classe, on a trouvé ça culotté de ne pas réussir à organiser des travaux dirigés à 15 en présentiel, mais les exams à 200 dans les amphis, ça va.”

« Des profs sont à l’écoute, d’autres n’en ont rien à faire »

Une expression est revenue plusieurs fois chez les élèves interrogés : “ça dépend des profs”. Pour la plupart des jeunes de Lyon 3, la qualité de l’apprentissage dépend plus que jamais de la bonne volonté des enseignants. Anouar explique :

“Il y en a qui sont à l’écoute, qui s’impliquent et qui se cassent la tête pour qu’aucun élève ne soit lésé. Ils envoient des supports écrits, des exercices, ils font des mini cours de soutien en visioconférences. Et puis il y a ceux qui n’en ont rien à faire. Ils allument leur caméra, même si on n’entend rien, même si c’est mal cadré, ils racontent leur truc à toute vitesse en deux heures top chrono et basta.”

A la manufacture des tabacs, le campus reste résolument vide, les étudiants sont en distanciel. ©LS/Rue89Lyon
A la Manufacture des tabacs, le campus est désert, les étudiants sont en distanciel.Photo : LS/Rue89Lyon

Adel complète :

“Même si la moitié de la classe n’a pas bien entendu ce que le professeur racontait, il n’enverra pas de support en pdf, parce que son cours, c’est sa propriété intellectuelle. »

Cela a des conséquences sur le travail de révision d’Adel :

« Des fois on perd des heures à tenter de comprendre un cours à trou, en essayant de les combler avec ceux des camarades par exemple.”

Pour Quentin, les modalités d’apprentissage en présentiel sont indissociables d’une bonne compréhension du cours :

“Il y a un grand besoin d’interactivité, que ce soit en droit, en langues ou en philo. Il faut qu’un professeur puisse passer dans les rangs et regarder les copies des élèves pour les conseiller. C’est comme ça qu’on apprend, sinon c’est juste ingurgiter sans assimiler. »

Adel donne une illustration des problèmes de communication qu’il a pu rencontrer avec les professeurs :

Avec ma classe on a envoyé de très nombreux mails à une professeur pour connaître ce qui sera évalué aux examens. Elle a fini par nous répondre : “ça, ça ne tombera pas à l’examen”. Au final, c’est tombé.”

Quentin est d’ordinaire très studieux. Il témoigne :

“Je suis presque en décrochage, ça fait trop longtemps que ça dure. D’habitude quand j’ai une question, je fais comme tout le monde, je la pose au professeur à la pause. Là, les enseignants reçoivent des dizaines de mails pour poser des questions à la fin de chaque cours. Et on n’obtient pas toujours une réponse.”

« On a le sentiment d’être perpétuellement sur la sellette »

Comme le confie Emma dans son long témoignage, les manques de communication entre l’université et les étudiants a généré un sentiment latent d’angoisse et de solitude chez les étudiants. Adel témoigne :

“Que ce soit les changements d’emploi du temps, de modalités d’examen ou de validation de l’année, on a le sentiment d’être perpétuellement sur la sellette. »

Quentin ajoute :

“Ça arrive très souvent qu’un cours soit annulé 20 minutes avant, ou parfois même on n’est pas prévenu du tout, parce que certains professeurs ne maîtrisent toujours pas l’outil numérique.”

Parfois, les étudiants tournent en rond une journée entière à courir après un cours décalé, heure après heure.

La chasse à la fraude

Qu’est-ce qui préoccupe le plus la direction de l’université Lyon 3 ? Unanimement, les étudiants répondent : la fraude. Heïdi raconte :

“Au premier confinement, l’université était dépassée, et il y aurait eu des cas de fraude aux examens. Alors là, la fac a tout fait pour que la triche soit rendue impossible… Mais sans forcément réfléchir au bien-être des étudiants.”

Pour Adel qui a dû passer la moitié de ses épreuves en distanciel, les conditions d’examen frôlaient l’absurde.

“C’était n’importe quoi. Je fais du droit. Or une question en droit, c’est souvent long à lire et à comprendre. Là, pour éviter la fraude, on avait un QCM de 20 questions auquel il fallait répondre en 15 minutes. Autant vous dire que personne n’a fini dans les temps.”

Adel et sa classe ont tenté de joindre le professeur en charge de cette matière :

“Il nous a répondu “Il y a toujours le second semestre pour se rattraper”.”

L’étudiant en droit est pourtant perfectionniste :

“Avant, moi je me mettais des objectifs, comme 13 ou 13,5 de moyenne par semestre, parce que je savais que mon travail me permettrait d’aller jusque là. Maintenant, je dois revoir mes objectifs à la baisse. C’est déprimant.”

Pour Heïdi, les examens en distanciel coupent une fois de plus les étudiants des relations humaines et de l’émulation intellectuelle que doit représenter la faculté. Alors qu’elle étudie la philosophie, certaines de ses options ont été évaluées par QCM :

“Tout est corrigé par des ordinateurs. On passait l’examen, on avait la note sous les yeux la seconde d’après, sans comprendre nos erreurs, sans retour. Si c’est ça l’école du futur… ça ne donne pas envie.”

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Covid-19 : Auvergne-Rhône-Alpes sur un «plateau» toujours haut

Covid-19 : Auvergne-Rhône-Alpes sur un «plateau» toujours haut

[En graphiques] En Auvergne-Rhône-Alpes, l’évolution de l’épidémie de Covid-19 reste préoccupante. Les fêtes n’ont pas créé de flambée épidémique mais tous les indicateurs de suivi se maintiennent à un niveau très élevé.

Le virus circule toujours activement en Auvergne-Rhône-Alpes. Après la forte hausse du dépistage brouillant la lecture des chiffres, les indicateurs de suivi de l’épidémie de Covid-19 montrent désormais clairement que la région se situe toujours sur un plateau haut.

Auvergne-Rhône-Alpes, un nombre de cas toujours en hausse

Le taux d’incidence hebdomadaire au 12 janvier en Auvergne-Rhône-Alpes montrait toujours une tendance haussière : 207 cas pour 100 000 habitants contre 188 au 5 janvier 2021. On sait cet indicateur très sensible au niveau de dépistage or durant les deux premières semaines de janvier le nombre de tests effectués dans la région a relativement peu varié : 196 000 tests hebdomadaires au 29 décembre 2020, 203 000 au 5 janvier 2021 et 211 000 au 12 janvier.

La dynamique de l’épidémie semble donc bien progresser dans la région durant ce mois de janvier. Sans pic épidémique à la sortie des fêtes mais elle se maintient à un niveau élevé. Pour rappel, le seuil d’alerte est fixé à 50 cas pour 100 000 habitants. Celui d’alerte renforcée est fixé à 150 cas pour 100 000 habitants tous âges confondus et supérieur à 50 cas pour les tranches d’âge les plus âgées.

Pour ces dernières, au 12 janvier, le taux d’incidence hebdomadaire en Auvergne-Rhône-Alpes s’établissait ainsi :

    60-69 ans : 176 cas pour 100 000 habitants 70-79 ans : 183 cas 80-89 ans : 264 cas Plus de 90 ans : 546 cas

Au 12 janvier, le taux d’incidence s’approchait donc du niveau d’avant les fêtes de fin d’année (240 cas pour 100 000 habitants au 22 décembre) alors que le dépistage a été depuis divisé par trois.

Seul point positif, le taux d’incidence hebdomadaire dans les grandes métropoles d’Auvergne-Rhône-Alpes s’est stabilisé durant la semaine du 5 au 12 janvier. Il a avait connu dans certaines d’entre elles une forte poussée la semaine précédente.

Covid-19 : un taux de positivité en légère hausse et un R supérieur à 1

Autre signe d’une dynamique toujours forte de l’épidémie : l’évolution du taux de positivité et de l’indicateur R (facteur de reproduction du virus).

Le taux de positivité (part des tests positifs dans l’ensemble du dépistage) était en légère hausse au 12 janvier sur une semaine (7,9% contre 7,5% au 5 janvier). Et l’indicateur R est repassé au-dessus de 1 (1,16 au 12 janvier) signifiant que dans la région un porteur du virus contaminait en moyenne plus d’une personne. Il était en-dessous de 1 depuis le 10 novembre, exception faire de la période d’avant les fêtes où le fort dépistage a brouillé les statistiques.

L’évolution à la baisse parmi les tranches d’âge les plus âgées constatée sur une semaine la semaine dernière ne s’est pas confirmée. Chez les plus de 60 ans, l’indicateur reste relativement stable connaissant une légère hausse de 0,5 à 0,8 point.

Covid-19 : hausse récente du nombre de patients à l’hôpital en Auvergne-Rhône-Alpes

Du 20 décembre 2020 au 6 janvier 2021, le nombre de patients Covid-19 hospitalisés en simultané dans les établissements de la région était resté stable. Une très légère baisse est intervenue par la suite jusqu’à ces derniers jours.

Depuis le 15 janvier on constate une augmentation du nombre d’entrées à l’hôpital. Un « solde » de 100 patients supplémentaires entre le 15 et le 19 janvier ressort des statistiques de Santé Publique France. Conséquence en partie de la hausse du taux d’incidence constatée ces deux dernières semaines.

Malgré ces petites variations, le niveau des hospitalisations demeure proche des 4000 hospitalisations en simultané. Un plateau toujours haut donc. Les entrées en réanimation sont aussi reparties à la hausse ces tous derniers jours. Le niveau de tension sur ces services a logiquement suivi à la hausse lui aussi, remontant à près de 74%.

Un dépistage relativement stable depuis trois semaines

Depuis le pic en amont des fêtes de fin d’année, le niveau de dépistage se maintient depuis près d’un mois à un niveau hebdomadaire relativement haut (au regard des statistiques en la matière) et stable, autour des 200 000 tests (PCR et antigéniques) par semaine. Un niveau proche de celui rencontré lors de la deuxième vague épidémique d’octobre-novembre 2020.

La Drôme et le Rhône, les départements où l’épidémie circule le plus ces derniers jours

La situation semble s’améliorer doucement dans l’Allier, fortement touché ces dernières semaines. Une forte poussée a été constatée dans la Drôme.

Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomer ou rechercher la commune par son nom) :

Les chiffres des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en Auvergne-Rhône-Alpes